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HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR ANNÉE C « IL S’EST ABAISSÉ, DEVENANT OBÉISSANT JUSQU’À LA MORT »

12 avril, 2019

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HOMÉLIE POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR ANNÉE C « IL S’EST ABAISSÉ, DEVENANT OBÉISSANT JUSQU’À LA MORT »

Textes: Luc 19, 28-40, Isaïe 50, 4-7, Philippiens 2 6-11 et Luc 22, 14 – 23, 56.

La jonction du récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem avec le récit détaillé de sa Passion est une introduction bien choisie pour la Semaine Sainte, la Grand Semaine, que nous nous apprêtons à vivre. Il nous sera donné non seulement de méditer sur les derniers jours de Jésus, mais surtout de le suivre pas à pas notamment le Jeudi-Saint qui nous rappellera son dernier repas, la Cène, et le lavement des pieds, puis le Vendredi-Saint qui commémorera sa mort et enfin sa Résurrection qui sera célébrée dans la Vigile pascale et pendant tout le temps de Pâques.
I – Les mystères de la vie du Christ
Les actions, les gestes du Christ sont communément appelés les mystères de la vie du Christ non parce qu’il sont incompréhensibles, mais parce qu’ils sont remplis d’une puissance et d’une énergie qui dépassent les limites du temps et de l’espace à cause de la nature divine qui est en Jésus.
Les mystères de la vie du Christ que le cardinal de Bérulle appelait les « états intérieurs du Verbe Incarné » ( pour lire un résumé de la spiritualité bérullienne cliquez ici ) sont les actes, les gestes et les attitudes de celui qui est parfaitement homme, et, en même temps, parfaitement Dieu. Ce qui fait que les actions, les gestes de Jésus échappent ainsi par la puissance de Dieu à nos limites humaines. Par la grâce de Dieu, ce qu’il vit continue de vivre éternellement. C’est pourquoi, le souvenir de ce que Jésus a vécu, même dans le détail, est si important pour les personnes qui croient au Christ. Nous ne méditerons jamais assez le déroulement de sa vie et de ses enseignements. Ils sont toujours actuels.
Ses derniers jours revêtent une importance particulière non seulement parce qu’ils sont les derniers, mais surtout parce qu’ils marquent que son Heure, comme le dit saint Jean, est arrivée. Son histoire de vie prendra un tour inattendu pour ses disciples. Lui s’y sentira à l’aise car c’est ainsi qu’il manifestera son obéissance à Dieu qui l’a choisi comme celui qui porte les péchés du monde. Cette obéissance totale remplie d’amour en fait le Sauveur qui réconcilie le monde avec Dieu, qui rétablit les relations avec Dieu et les uns avec les autres.
II – Le salut en Jésus
C’est une richesse propre au christianisme que cette assurance d’un salut « au-delà de ma petite personne qui tend à réconcilier l’aventure humaine avec elle-même et avec Dieu » (Frère Dominique Motte o.p. du Couvent de Lille en France dans Carême dans la ville 2019 le 3 avril 2019). Ce salut nous est donné en Jésus-Christ qui l’obtient par sa mort sur la Croix et son Sang répandu. Sa résurrection, le troisième jour, l’établit fermement et pour toujours comme Seigneur à la gloire de Dieu le Père et Seigneur de nos vies.
C’est ce que proclame saint Paul dans ce bel hymne de la Lettre aux Philippiens que nous avons comme deuxième lecture : « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers ».
C’est avec cet arrière-fond que nous entrons dans cette nouvelle Semaine Sainte, car les mystères de la vie du Christ sont toujours actifs et remplis de grâces pour ceux et celles qui s’y unissent avec cœur et avec foi.

III – Les Rameaux
L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem est célébrée dans la liturgie d’aujourd’hui par une procession qui rappelle cet évènement et par la bénédiction des rameaux ou palmes portées par les participants et les participantes. Ces rameaux sont conservés par plusieurs personnes tout au long de l’année. Ils en disposent en les mettant au mur, par exemple, et en les tressant parfois.
Ces signes sont des rappels que l’abaissement de Jésus dans sa Passion n’est pas une défaite, mais un triomphe sur les forces du mal. Ce triomphe de Jésus ne se réalise pas à la façon des triomphes humains comme ceux des Oscars ou des Molières. Il réside dans l’abandon à la volonté de Dieu qui fait de lui le Serviteur de ses frères et sœurs pour les amener avec lui près du Père.
Il s’agit d’un renversement des perspectives habituelles comme dans les Béatitudes. Ce qui est petit est ce qui est grand, ce qui est rejeté est ce qui est aimé de Dieu, ce qui est pauvre est ce qui est la véritable richesse. Message dur à entendre parfois, mais message au cœur des mystères de la vie du Christ. La dynamique du salut de Dieu n’est pas du même genre que celle des humains. Le Royaume de Dieu n’est pas comme les royaumes de la terre. Jésus le dira devant Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». (Jean 18, 36)

Conclusion
Demandons à Dieu au début de cette Semaine Sainte 2019 de laisser nos esprits et nos cœurs s’imprégner des mystères qui nous revivrons. Nous en avons continuellement besoin car, à mesure que nous avançons à la suite de Jésus, de nouveaux espaces et de nouvelles perspectives nous attendent.
Acceptons cette année de nous laisser surprendre par Jésus.

Bonne Semaine Sainte!

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec