HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE C « ILS PARLAIENT DE SON DÉPART QUI ALLAIT S’ACCOMPLIR À JÉRUSALEM »

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HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE C « ILS PARLAIENT DE SON DÉPART QUI ALLAIT S’ACCOMPLIR À JÉRUSALEM »

Textes: Genèse 15, 5-12.17-18, Philippiens 3, 17 – 4, 1 et Luc 9, 28b-36.

La transfiguration de Jésus sur le mont Thabor représentée dans cette reproduction d’un tableau de Raphaël qui se trouve au Séminaire de Québec est le dernier tableau peint par Raphaël, commencé en 1518, inachevé de sa main en 1520, date de sa mort. (Crédits photo : H. Giguère)
La transfiguration de Jésus sur le mont Thabor représentée dans cette reproduction d’un tableau de Raphaël qui se trouve au Séminaire de Québec est le dernier tableau peint par Raphaël, commencé en 1518, inachevé de sa main en 1520, date de sa mort. (Crédits photo : H. Giguère)
Le récit de l’événement de la Transfiguration de Jésus revient à chaque année lors du 2e dimanche du Carême. Ce n’est pas sans raison. Après avoir rappelé le combat de Jésus au désert, la liturgie nous le présente glorieux et lumineux, rempli de la présence de Dieu. Ce choix est important car il met devant nos yeux Jésus qui se révèle comme le Fils bien-aimé de Dieu, son Envoyé, car Jésus accompli les promesses de Dieu et il réalise la Nouvelle Alliance avec lui. Sa place est au coeur de l’histoire du salut.
C’est pourquoi, la liturgie va nous rappeler dans les dimanches qui viennent quatre grands moments de l’histoire du salut tirés de l’Ancien Testament qui éclairent la mission de Jésus. Ce sont l’Alliance de Dieu avec Abraham, la révélation du nom de Dieu, la Pâque de l’entrée dans la Terre promise et le retour des exilés de Babylone. L’événement de la Transfiguration que nous raconte saint Luc les intègre de façon imagée par la présence de Moïse et d’Élie à côté de Jésus.
I – La scène de la Transfiguration
Saint Luc situe la scène de la Transfiguration sur une montagne qui n’est pas nommée, mais qu’on identifie aujourd’hui au Mont Thabor en Palestine. Ce n’est pas sans raison, car dans les Écritures la montagne est un symbole très présent pour marquer la proximité de Dieu. Elle est souvent le lieu où il se révèle comme lors de la remise des dix commandements à Moïse sur le mont Sinaï. Le décor choisi ici n’échappe pas à cette règle.
En montant avec Jésus sur la montagne les disciples Pierre, Jacques et Jean sont prêts intérieurement à une rencontre. Celle-ci sera au-delà de toutes leurs attentes. On le voit par leur réactions : émerveillées, éblouis, comblés de paix ils veulent seulement que ce moment s’éternise ; « Faisons trois tentes ». Ils réalisent aussi que celui qu’ils suivent depuis quelque temps n’est pas un jeune juif de Nazareth comme les autres. Non seulement, il est imprégné de l’histoire du peuple d’Israël comme ils le sont eux-mêmes, mais il se situe à un autre niveau où il prend le relais des grands prophètes qu’Élie représente.
L’éclat qu’ils perçoivent chez lui n’est pas seulement extérieur. La lumière qui les éblouit est celle d’une source intérieure. Ils ne peuvent en dire plus pour l’instant, mais ils resteront marqués à jamais par ce moment. Dans la seconde lettre attribuée à saint Pierre, on rappelle cet événement ainsi : « En effet, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur. Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte ». (2 Pi 1, 16-18)
Les témoins de l’événement de la Transfiguration ont retenu l’essentiel : Jésus est le Fils-bien aimé du Père qui le donne à ses enfants pour leur salut ce que proclame la voix qui se fait entendre « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ». La Transfiguration annonce, écrit saint Luc, le départ de Jésus « qui allait s’accomplir à Jérusalem ». Son départ, c’est le moment de la remise de sa vie à son Père que fera Jésus sur le Calvaire à Jérusalem. La vie tout entière de Jésus est une marche vers ce moment majeur où il offre tout ce qu’il est pour le salut de toute l’humanité. Ce faisant, Jésus accomplit en plénitude l’Alliance que Dieu a commencée depuis les jours d’Abraham.
II – Une alliance inédite
Cette Alliance de Dieu avec Abraham nous est relatée dans la première lecture qui nous raconte le moment où Abraham prend conscience que son Dieu s’est lié à lui par pure gratuité et qu’il ne l’abandonnera jamais lui et sa descendance. La Nouvelle Alliance en Jésus viendra compléter et accomplir totalement l’Alliance déjà en oeuvre en lui donnant sa forme définitive dans l’offrande que Jésus fera de sa vie.
La description de l’Alliance de Dieu avec Abraham est faite en utilisant les usages d’une culture qui n’est plus la nôtre, mais elle est parlante. Dans la culture ancienne, le feu symbolise la présence de Dieu, et les offrandes sont le signe de ce que les personnes sont prêtes à apporter dans le geste d’alliance. Elles y mettent le plus beau et le meilleur de ce qu’elles ont et de ce qu’elles sont sans exiger de retour. Et alors la merveille se produit, le feu de l’amour de leur Dieu prend ce qui a été apporté et le transforme en un feu divin qui les habitera tous les jours de leurs vies. Le sommeil d’Abraham est une image de l’abandon et de l’accueil total de l’action de Dieu sans poser de questions. Abraham reçoit la présence de Dieu comme un don gratuit.
III- Application
Avec ces images du feu et de la lumière, les textes des lectures d’aujourd’hui veulent ouvrir nos cœurs à ce qui nous dépasse. Le chemin du Carême ne fait pas que rappeler le souvenir des évènements de la vie de Jésus, il nous fait entrer dans un monde au-delà de nos espoirs humains et toucher du doigt le mystère d‘un Dieu qui se fait proche de nous comme il l’a fait pour Abraham et pour Jésus. Ce n’est pas un Dieu inaccessible que révèle la lumière éblouissante de la Transfiguration. Au contraire, elle le montre bien incarné dans son Fils qui s’est fait l’un de nous, vrai Dieu et vrai homme. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Que cette Eucharistie fasse de nous des personnes de plus en plus attentives à la parole et à la présence du Fils bien-aimé qui veut nous entraîner à sa suite dans ce temps du Carême qui nous est donné pour nous renouveler et nous préparer aux Jours Saints et à Pâques.
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
12 mars 2019

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