HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE C – LES TENTATIONS DE JÉSUS : COMBAT ET VICTOIRE

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gesù tentato nel desertro - Copia

Jésus dans le désert

HOMÉLIE POUR LE 1ER DIMANCHE DU CARÊME ANNÉE C – LES TENTATIONS DE JÉSUS : COMBAT ET VICTOIRE

extes: Deutéronome 26, 4-10, Romains 10, 8-13 et Luc 4, 1-13.

Ce carême commencé le Mercredi des Cendres est cette année un chemin de conversion et de pénitence qui nous est proposé. Après avoir entendu aujourd’hui le récit des tentations de Jésus, puis celui de sa Transfiguration dimanche prochain, les autres dimanches du Carême, nous écouterons et vivrons les récits de l’enfant prodigue ou mieux du père miséricordieux et celui de la femme adultère que Jésus accueille sans poser de questions.
Ce Carême 2019 nous est donné pour raviver notre foi et notre imitation de Jésus qui sera tout au long de cette période notre guide et notre inspiration. Nous le retrouvons ce matin dans un affrontement qui n’est pas banal. C’est la porte d’entrée d’un combat dans lequel nous sommes nous aussi partie prenante.

I – Un combat victorieux
Saint Luc décrit avec beaucoup de détails cet affrontement de Jésus avec le « diable », qu’on nomme aussi Satan, le Malin ou l’Adversaire. Il sort de l’ombre pour provoquer Jésus qui est sur le point de se lancer dans la prédication du Royaume de Dieu.
Cette scène relatée par saint Luc se déroule en trois temps et à chaque fois, c’est par une Parole de Dieu que Jésus terrasse l’Adversaire. Sa victoire répond à la chute d’Adam et Ève qui est racontée dans le livre de la Genèse dans le récit de la création. Dans ce récit de la Genèse, comme vous le savez, l’Adversaire, présenté sous la forme d’un serpent, fait tomber Adam et Ève qui ainsi sont touchés dans leur être même par ce qu’on a appelé le péché originel. Il s’agit d’une lourdeur, d’une pesanteur, d’une tendance à aller vers le bas et à se complaire dans son petit monde limité. Le péché originel représente ce que le Catéchisme de l’Église catholique appelle les conséquences dramatiques de cette première désobéissance où l’harmonie avec la création est rompue (nos 399 et 400).
Jésus apparait aujourd’hui dans le récit de saint Luc comme celui qui prend le contre-pied de cette situation de rupture qui écrase notre nature humaine. Il a assumé en lui cette nature. Par lui elle pourra se renouveler totalement et redevenir toute belle comme Dieu l’a créée aux origines, de nouveau unie à Dieu, l’harmonie avec la création sera rétablie.

II – Les tentations décrites par saint Luc
Chacune des tentations que saint Luc décrit touche un aspect de notre nature humaine qui a été touché plus profondément depuis le péché des origines.
La première faiblesse qui nous guette est celle de l’appropriation, des possessions qui nous rendent esclaves, représentée ici par la nourriture. Jésus refuse d’entrer dans cette voie et il oppose une fin de non-recevoir au tentateur. En refusant la proposition du diable, Jésus affirme que Dieu est son seul soutien. Jésus ne s’approprie en rien ce qu’il a reçu de Dieu mais il le fait grandir en se nourrissant de toute parole qui vient de Lui. « Il est écrit, répond-il à Satan, L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Dans la deuxième partie de l’offensive de Satan, ce qui est touché c’est le pouvoir et la gloire sous toutes leurs formes. Il est bien difficile de savoir bien les utiliser. Les limites et les faiblesses ouvrent la porte à tous les excès. On n’a qu’à penser aux dérives d’Hitler dans la Shoah, l’extermination des juifs, ou encore de l’emprise des narcotrafiquants comme Pablo Escobar ou le mexicain El Chapo qui vient d’être condamné par une tribunal de New York lesquels, pour le progrès et le succès de leurs entreprises de drogue, ne reculaient devant aucun crime, assassinats en série et même des explosions dans des endroits où se trouvaient des enfants. Leur orgueil et leur appétit de pouvoir n’avaient aucune limite. Jésus ici condamne cet appétit déréglé et remet les choses à leur place en reprenant une autre parole de l’Écriture « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte ». Comme dans la première réponse, Jésus renverse son adversaire par la Parole de Dieu, une parole efficace et vivante.
Enfin, pour terminer son attaque le « diable » se fait sournois. Il ne propose plus à Jésus des choses extérieures comme la gloire ou les richesses, mais il mise sur la personne même de Jésus. Il lui propose de se hisser à un niveau où ce sera lui qui décidera de tout. C’est de bonne guerre avec tous les êtres humains car, comme Adam et Ève, ils veulent souvent prendre la place de Dieu. Et pourtant, toutes les créatures viennent de Dieu. Sans lui elles ne sont rien. Jésus le sait bien. Il désire être obéissant et entrer dans le plan de Dieu, non pas soumettre Dieu à sa volonté. C’est pourquoi il répond à Satan avec une autre phrase des Saintes Écritures « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

III – Application
Ce bref commentaire des tentations de Jésus décrites par saint Luc, nous invite à mettre de l’avant dans notre combat contre le mal notre foi en la victoire de Jésus sur les forces du mal et sur les ténèbres. Adam et Ève ont succombé à la tentation. Jésus, lui, triomphe de Satan. Le triomphe raconté ici n’est pas cependant totalement consommé. « Le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé ».
Toute la suite de la vie de Jésus jusqu’au Calvaire sera un combat continuel contre Satan. Sur son chemin, il rencontrera à tout bout de champ cet Adversaire qui prend diverses formes dont la plus fréquente sera incarnée par des adversaires humains : les fameux pharisiens et les scribes. Ils seront les porteurs d’une opposition continue qui se soldera finalement par la mise à mort de Jésus.
Cependant cette mise à mort, loin de marquer le triomphe du mal et des ténèbres, sera plutôt une victoire offerte à toute l’humanité. Les combats de Jésus ont été et sont nos combats. Nous sommes nous aussi menacés par les possessions, le pouvoir, la gloire, l’orgueil qui prennent de multiples formes. C’est en demandant à Dieu de nous entraîner derrière Jésus que nous participerons à sa victoire, que nous serons sauvés.
Saint Paul l’avait bien compris, c’est pourquoi il écrit aux fidèles de l’Église de Rome dans l’extrait de sa Lettre aux Romains que nous avons entendue dans la deuxième lecture : « En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé ».

Conclusion
Un autre Carême est commencé. Demandons au Seigneur de nous accompagner sur le chemin de conversion et de pénitence qui nous est offert cette année. Comme les anciens dont la première lecture rappelle le souvenir nous marchons dans la foi. Mais nous savons que Jésus a ouvert le chemin et qu’il nous attend près du Père dans la gloire du ciel.
Que notre Carême, selon le souhait du pape François dans son message de Carême 2019, aide à restaurer l’harmonie avec la création qui existait avant le péché et porte l’espérance du Christ à la création afin qu’« elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, puisse connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (cf. Romains 8,21).
Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.javascript:void(0)
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

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