HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « LAISSANT TOUT, ILS LE SUIVIRENT »
pêche miraculeuse
HOMÉLIE POUR LE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE C « LAISSANT TOUT, ILS LE SUIVIRENT »
Les ados d’aujourd’hui comme ceux d’hier se demandent tous un jour ou l’autre ce qu’ils feront daans la vie. C’est une question qu’ils porteront pendant de nombreuses années pour certains et certaines. Pour d’autres la voie est toute tracée. Leur choix ne les préoccupe pas. Ils suivront les traces d’un père ou d’une mère. Ils se lanceront dans un domaine qui les passionne déjà. Pour plusieurs, le chemin sera plus long. Il se fera à travers des hauts et des bas. Des essais et des échecs. C’est la vie dira-t-on… Nous sommes ici sur le terrain du choix d’un travail ou d’une profession.
Il en va ainsi pour la personne croyante qui désire décuvrir son chemin, sa vocation car, comme le dit le Concile Vatican II, chacun et chacune a un appel personnel de Dieu à vivre, une vocation personnelle (Constitution sur l’Église nos 40 et 41), ce que le pape François décrit ainsi : « Ce qui importe, écrit-il, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (Exhortation Gaudete et Exsultate sur la sainteté n. 11)
Nous avons dans les trois textes des lectures d’aujourd’hui trois récits de vocations qui ont été vécues par des personnes comme nous qui ont été l’objet d’un choix particulier de Dieu. À cause de circonstances particulières, le chemin déjà poursuivi a pris pour elles une direction nouvelle et inattendue. C’est ce qui est arrivé à Isaïe, à saint Paul et aux apôtres Pierre, Jacques et Jean.
I – La vocation du prophète Isaïe
Commençons par Isaïe. Quelle description flamboyante que celle de la vocation du prophète Isaïe! On sait qu’il a vécu au temps du roi Ozias (ou Aazrias) vers 760 avant Jésus-Christ. Il était un juif pieux, dévoué pour les autres et sa vie se déroulait paisiblement. C’est alors qu’est survenu ce moment de rencontre avec Dieu où il entend un appel qu’il ne peut refuser.
Le cadre de cet appel le situe au service de son peuple que Dieu veut stimuler pour qu’il vive mieux l’Alliance conclue avec Abraham. Il sera comme le tisonnier qui ranime la flamme. Il devra parler haut et fort au nom de Dieu, une mission qu’il n’avait jamais entrevue, une mission pour laquelle il se sent démuni.
Et pourtant le Seigneur l’a choisi. Comme plusieurs autres avant lui , notamment le prophète Samuel (cf. Samuel 3, 9-10) sa réponse sera « Me voici : envoie-moi ! »
Sa vie aura basculé pour toujours. Il sera un des quatre grands prophètes de l’Ancien Testament qui sont, en plus de lui, Jérémie, Ézéchiel et Daniel.
II – Le cas de saint Paul
La deuxième vocation particulière qui nous est présentée aujourd’hui est celle de saint Paul comme prédicateur de l’Évangile, un ministère qu’il a rempli pendant de nombreuses années autour de la Méditerranée avant d’être amené à Rome comme prisonnier et d’y être mis à mort.
Son histoire que vous connaissez commence avec une implication comme jeune juif pharisien consacré à l’étude de la Loi et des Écritures Saintes. Il semble y avoir pris beaucoup de plaisir. Et c’est pour défendre cette Loi qu’il devient persécuteur des juifs convertis au message de Jésus, les chrétiens, qui apportent le message d’une Loi Nouvelle reçue d’un certain Jésus de Nazareth. Puis c’est la rencontre de ce Jésus sur le chemin de Damas. Il en sera transformé pour le restant de sa vie. Il deviendra l’apôtre des païens et il passera son temps désormais à annoncer la Bonne Nouvelle reçue en Jésus, son Évangile qui devient sa seule raison de vivre cf. I Corinthiens 9, 16, Philippiens 3, 3-8.
Il sera le plus grand des évangélisateurs, des missionnaires de la religion chrétienne qui nous inspire encore aujourd’hui par ses lettres que nous lisons à chaque dimanche. Humblement mais fièrement, il revendique le nom d’Apôtre au même titre que les Douze choisis par Jésus. La deuxième lecture que nous venons d’entendre en témoigne : « Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi ».
III – Les apôtres Pierre, Jacques et Jean
Venons maintenant à l’évangile qui nous raconte un appel particulier pour les trois apôtres dont il est question dans ce récit de la pêche miraculeuse que nous venons d’entendre. Ce sont Pierre qui s’appelait Simon avant que Jésus le nomme Pierre pour signifier qu’il est le roc sur lequel les autres pourront s’appuyer et les deux frères, Jacques et Jean, remplis d’énergie dont le surnom était « Boanergès » (Marc 3, 17) qui veut dire « fils du tonnerre ».
Ces trois pêcheurs se connaissent depuis longtemps. Ils œuvrent ensemble et se donnent la main pour leur métier. Ils ont déjà rencontré Jésus auparavant en fréquentant Jean-Baptiste. Ils ont décidé de suivre Jésus tout en continuant leur métier. La belle-mère de Pierre a été guérie par Jésus qui fréquentait la maison de Pierre à Capharnaüm. Ce ne sont donc pas des étrangers pour Jésus. Ils sont déjà des gens qui ont choisi de le suivre. Ils ont une totale confiance en lui et sur sa parole ils relancent leurs filets : « Maître, dit Pierre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Tout surpris, Ils ramènent plein de poissons. Pour Jésus cette pêche miraculeuse est le signe de ce qu’il attend d’eux. Il dit alors à Pierre « « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » », Jésus renvoie ainsi Pierre, Jacques et Jean à l’image de leur métier, mais il en change la teneur. Ils parcourrons la mer du monde pour y rencontrer les gens de toutes nations, de toutes cultures et de tous pays et leur annoncer la Bonne Nouvelle.
Ce qui se passe dans cet épisode de la pêche miraculeuse est un virage majeur que prend leur vie qui ne sera plus jamais la même : leur vocation désormais sera celle d’être apôtres, protagonistes et diffuseurs du message de Jésus. « Et, laissant tout, ils le suivirent ».
Ce qu’ils ont fait avec cœur puisqu’après la Pentecôte ils sont partis chacun de son côté et ils ont jeté les bases de l’Église que nous connaissons aujourd’hui. Ils sont vénérés par tous les chrétiens comme les piliers de l’Église. C’est leur témoignage de la Résurrection de Jésus qu’ils avaient suivi sur les routes de Galilée qui allumera la foi de leurs compatriotes puis des générations subséquentes. L’Évangile grâce à eux et à leurs successeurs se répandra dans le monde entier selon le souhait de leur Maître « « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création ». (Marc 16, 15)
Conclusion
Ces trois récits présentent des vocations spéciales, qui peuvent nous inspirer nous aussi dans la découverte de notre vocation personnelle. Comme Isaïe, Paul, Pierre, Jacques et Jean nous pouvons être ou devenir des personnes qui répondent avec empressement à des appels clairs de Dieu dans nos vies. Ces appels ne sont peut-être pas aussi éclatants que ceux d’Isaïe, de Paul ou de Pierre, Jacques et Jean, mais ils sont bien là. Si on prend le temps d’écouter la voix de l’Esprit en nous, nous découvrirons comment vivre aujourd’hui dans l’amour de Dieu avec confiance et avec conviction. Point n’est besoin de quitter son emploi ou de laisser son foyer. Il suffit de vivre l’instant présent sous le regard de Dieu.
Pour ce faire, je vous conseille, une pratique qui consiste à répéter une ou des phrases qui nous inspirent comme « À toi Seigneur, la gloire, l’honneur et la louange » ou encore la prière dite la prière de Jésus « Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur » ou encore « Je te rends grâce, Seigneur, pour telle personne que je viens de rencontrer, pour le soleil qui brille aujourd’hui, pour… etc. »
Que notre messe soit pour nous une action de grâces pour ce que Dieu fait en nous et un moment où nous lui redisons notre disponibilité pour le servir de la façon qu’il a prévue pour nous. « Seigneur me voici! »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
5 février 2019
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