HOMÉLIE POUR L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR OU FÊTE DES ROIS « LUMIÈRE DES NATIONS »
HOMÉLIE POUR L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR OU FÊTE DES ROIS « LUMIÈRE DES NATIONS »
Solennité de l’Épiphanie du Seigneur le 6 janvier 2019 Textes: Isaïe 60-1-6, Éphésiens 3, 2-3a.5-6 et Mathieu 2, 1-12.
La fête d’aujourd’hui prolonge celle de Noël. Elle nous parle encore de la manifestation de Dieu dans le monde par la venue parmi nous de son Fils bien-aimé sous les traits d’un enfant. Trois personnages partis de loin sont venus l’adorer et lui offrir des présents. Ce sont les mages que la tradition a appelé les « Rois mages » dont saint Mathieu nous raconte la visite dans le texte de l’évangile qui vient d’être lu.
Plusieurs éléments de ce récit peuvent retenir notre attention avec profit, J’ai choisi l’étoile, le but du voyage des mages et les présents. Nous sommes nous aussi comme ces mages. Ils nous représentent bien. Commençons par l’étoile.
I – L’étoile
J’ai lu que des scientifiques ont cherché à découvrir ce qui s’était passé avec cette étoile que les mages ont vue. Il se peut disent certains que c’était le passage d’une comète qui laissait une trace visible dans le ciel. Peut-être! Toutefois, saint Mathieu donne à cette étoile un rôle bien particulier qui n’est pas une explication astronomique.
Premièrement, l’étoile des mages apparaît de façon subite et elle sort ceux qui l’observent de leur vie ordinaire. Elle est un signal qui les appelle à quelque chose de nouveau. Deuxièmement cette étoile des mages pour saint Mathieu indique le chemin à suivre pour entrer dans cette nouveauté qui apparaît sans savoir exactement où cela conduira. Et enfin, l’étoile des mages échappe à leurs regards à certains moments et elle disparaît totalement une fois qu’il sont arrivés à leur but.
Ces trois fonctions de l’étoile des mages : signal, chemin et guide s’appliquent très bien à nous aujourd’hui qui, comme les mages, cherchons à reconnaître l’action et la présence de Dieu dans nos vies.
Comme l’étoile des mages, Dieu apparait souvent de façon impromptue et subite dans nos vies. Il nous donne un signal. Et il nous mène hors des sentiers battus. Il nous provoque à sortir de nos habitudes pour aller vers des nouveautés où il nous attend. Soyons des personnes attentives aux signes de sa présence. En deuxième lieu, dans notre chemin de vie, comme les mages, nous avancerons avec confiance car notre route est remplie de la lumière de Dieu, de son amour et ainsi nous sommes conduits à la bonne destination. Troisièmement, pour nous aussi, comme il est arrivé aux mages, l’étoile de la présence de Dieu disparaîtra, se cachera parfois. Après avoir reçu des lumières, nous passerons à travers des moments de questionnement, de purification de notre foi. La présence de Dieu nous semblera disparue, puis tout à coup elle reviendra nous éclairer de nouveau. Comme les mages continuons notre chemin et soyons persévérants.
II – Le but du voyage des mages
Ce beau récit de la visite des mages, par ses détails nombreux et ses rebondissements, peut nous faire oublier que le personnage principal de ce récit ce ne sont pas les mages, mais Jésus lui-même dans sa mission pour le monde.
En effet, c’est la découverte de l’Enfant-Jésus qui qui est le but de leur voyage. Resplendit dans l’enfant qu’ils vénèrent le Sauveur du monde. Cet enfant est la lumière des nations. Tout petit à Bethléem dans les bras de sa maman il porte le poids du monde qu’il vient sauver et ramener à Dieu. Son nom Jésus veut dire « Sauveur ».
Les trois mages venus de loin symbolisent les nations qui recevront le message de Jésus qui n’est pas venu seulement pour les brebis d’Israël mais pour toutes les nations. Le salut est offert à toute personne qui croit en Jésus car, comme dit saint Paul dans la deuxième lecture tirée de sa Lettre aux Éphésiens « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile ».
Cette universalité du salut offert à toutes les nations est ce qui est célébré lorsque nous désignons cette fête d’aujourd’hui comme une « épiphanie ». Ce terme « épiphanie » vient du grec et il veut dire briller (phainein) sur (épi). La fête de l’Épiphanie est une apparition, une révélation, une manifestation de Dieu. La Jérusalem de la première lecture est l’image de cette manifestation de Dieu qui se continue : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore » proclame le prophète. On comprend que cette manifestation rende ceux et celles qui la vivent remplis de joie comme dans le cas des mages qui manifestent celle-ci par leurs présents.
III – Les présents
Venons-en maintenant aux présents des mages que la tradition a retenu comme des dons précieux et qui sont d’un symbolisme très riche pour nous.
L’or. C’est ce qui, en nous, a été reçu de Dieu, c’est notre vie, nos capacités personnelles, nos talents et nos ressources. C’est tout notre être, car comme Dieu le dit à chacun et chacune d’entre nous : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». (cf. Isaïe 43, 4) Nous sommes pour Dieu des personnes remplies de richesses de toutes sortes qu’il a déposées en nous de toute éternité. Voilà notre or.
L’encens. Cette image de l’encens qui parfume les lieux où il est employé et qui monte vers le ciel représente notre cœur, nos sentiments, notre amour, notre foi, notre espérance qui rayonnent autour de nous. Ceux et celles qui nous voient et nous rencontrent peuvent les percevoir et en rendre gloire à Dieu.
La myrrhe qui est une préparation qui sert à l’embaumement des corps nous rappelle que nos corps sont une demeure de Dieu, un temple de l’Esprit Saint et qu’après notre mort, ils revivront un jour dans la résurrection finale avec le Christ. Cette préparation qu’est la myrrhe est aussi un symbole de la mort de Jésus par laquelle nous sommes sauvés.
Conclusion
Comment vivre cette épiphanie que les mages ont vécue si ce n’est en faisant comme eux et… en retournant chez nous ? En effet, nos eucharisties nous invitent, après la rencontre avec le Christ à la messe, à sortir et à reprendre notre vie de tous les jours en y cherchant la présence de Jésus. Il se manifestera comme c’est arrivé pour les mages, soyons-en sûrs.
Ses manifestations ne seront pas des manifestations de gloire. Elles seront désarçonnantes. Elles se feront dans la faiblesse comme celle de l’enfant que les mages adorent. « Je suis venu, dira Jésus plus tard, pour servir. Je ne suis pas un Sauveur qui affiche sa puissance, mais je suis un Sauveur humble venant vers vous avec humilité pour tous et toutes et spécialement pour les pauvres et les petits qui m’accueillent » (cf. Mathieu 20, 28).
Que ces pensées mûrissenet en nous en ce jour de l’Épiphanie, une fête merveilleuse qui nous permet de retourner vers nos occupations remplis de la joie d’avoir rencontré le Sauveur de nos vies dans l’enfant que nous avons vénéré à Noël et que nous vénérons de nouveau avec les mages en ce jour.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
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