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HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE C « FAIRE ROUTE »

8 décembre, 2018

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HOMÉLIE POUR LE 2E DIMANCHE DE L’AVENT ANNÉE C « FAIRE ROUTE »

Les lectures de l’évangile dominical au cours de cette année liturgique – l’année C – qui est commencée dimanche dernier seront tirées de l’évangile selon saint Luc. Elles reprendront, bien entendu, des évènements et des paroles que rapportent les évangiles selon saint Mattieu ou selon saint Marc ou selon saint Jean, mais celui de saint Luc y mettra une touche particulière. Ce matin, en ce 2e dimanche de de l’Avent, avec les textes de la Parole de Dieu qui nous sont proposés nous entrons de plein pied dans cette tonalité particulière de l’évangile de saint Luc.
I – L’arrière-fond biblique
Pour désigner cette tonalité particulière de l’évangile selon saint Luc un exégète bien connu à Québec, l’abbé Alain Faucher, appelle l’évangile de saint Luc « l’évangile de l’histoire du salut ». Il écrit : « Luc est souvent considéré comme l’évangile de l’histoire du salut. Jésus y fait route vers le Père au milieu des humains. L’évangile utilise 50 fois le verbe ‘faire route’. Les temps arrivent à maturité dans l’Évangile selon Luc…la grâce de Dieu qui libère, guérit et sauve s’est manifestée dans la personne et l’action de Jésus » (revue Pastorale Québec vol. 130 n. 8 novembre 2018 p. 23).
Avec une telle perspective, saint Luc ne nous renvoie pas dans un monde éthéré ou perdu dans les nuages. Cette histoire du salut qui s’accomplit en plénitude en Jésus a des repères clairs et concrets. Elle s’inscrit dans le temps et l’espace. Elle a connu un long parcours.
L’Écriture Sainte la fait commencer au tout début de l’humanité dans le jardin d’Éden où Adam et Ève voulant se faire les égaux de Dieu entrent en conflit avec celui-ci. C’est ce qu’on a appelé le « péché originel ». L’histoire du salut est marquée par la miséricorde et l’amour de Dieu qui ne se dément pas et qui n’abandonne pas ses enfants. C’est pourquoi Dieu se manifeste à Abraham, puis à Moïse. Il se choisit un peuple, le peuple d’Israël, les fils et les filles d’Abraham pour le servir. Il le libère de l’esclavage d’Égypte. Pour le guider et l’instruire, il envoie les prophètes dont le dernier est Jean-Baptiste que l’évangile d’aujourd’hui nous présente.
II – Jean-Baptiste en marche dans la région du Jourdain
Ce Jean-Baptiste est présenté en marche sur les routes, en action pour annoncer la richesse et la beauté de l’Alliance de Dieu avec son peuple, de l’histoire du salut à l’oeuvre. Il prend le relais de tous les prophètes qui l’ont précédé. On l’a appelé, à juste titre, « le Précurseur » car il prépare le chemin pour le Sauveur que Dieu a promis depuis longtemps, Jésus, dont nous célébrerons la naissance à Noël. Avec raison, le Prions en Église canadien retient pour le 2e dimanche de l’Avent le mot « Préparer » qui s’insère bien dans la thématique générale proposée pour le temps de l’Avent en 2018 « Que devons-nous faire ? ».
Jean-Baptiste prépare la venue du Sauveur dans laquelle culminera l’histoire du salut. Les précisions historiques que saint Luc donne : « l’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée » etc. servent non seulement à situer le dernier des prophètes « fils de Zacharie », mais aussi et surtout à incarner le mystère du salut qui s’accomplit dans la venue du Sauveur promis qui naîtra à Bethléhem et que Jean-Baptiste baptisera plus tard.
Cette Bonne Nouvelle de la venue du Sauveur nous remplit de joie. Nous pouvons reprendre à notre compte les exclamations du livre de Baruc dans la première lecture en nous mettant à la place de Jérusalem : « Quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel ».
Le Sauveur promis est venu, il est mort et il est ressuscité. Il continue de venir. Dans nos années du 21e siècle, les temps sont accomplis. Nous sommes les nouveaux auditeurs et les nouvelles auditrices de Jean-Baptiste. Préparons le chemin du Sauveur. C’est à nous que Jean-Baptiste parle. C’est nous qui avons à accueillir la Bonne Nouvelle qu’il proclame et à nous convertir en revivant le baptême que nous avons reçu. Le rappel de la prédication de Jean-Baptiste parcourant toute la région du Jourdain est une invitation à nous mettre en marche nous aussi sans tarder et sans hésitation dans cette nouvelle année que le Seigneur nous donne de vivre à l’école de saint Luc.

III – Des disciples en marche
Pour nous accompagner dans notre marche, nous avons des modèles dont la deuxième lecture fait état: les Philippiens que saint Paul loue pour leur accueil du message qu’ils ont reçu de lui.
Voilà des gens simples et ordinaires qui se situent dans une réponse empressée et concrète à l’appel qui leur a été fait de recevoir la Bonne Nouvelle de l’Évangile, c’est-à-dire Jésus lui-même Ressuscité et toujours vivant. « J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus » écrit saint Paul dans cette belle lettre aux chrétiens et chrétiennes de la ville de Philippes en Grèce.
Retenons que Dieu a commencé aussi en nous, comme chez les Philippiens, son beau travail et qu’il désire le poursuivre. Nous faisons route. Nous sommes le Peuple de Dieu en marche. Point n’est besoin de longue démonstration pour le comprendre, car si, au Québec, la stabilité des institutions semblait la priorité parfois, la débandade actuelle de ce que fut l’Église québécoise, nous oblige à réaliser dans les faits que l’Église est toujours en route, en marche.
Elle n’est pas uns institution figée, mais bien le Peuple de Dieu à l’écoute des signes des temps comme le souhaite le Concile Vatican II : « L’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques» (Constitution L’Église dans le monde de ce temps article 4).
Comment le faire me demanderez-vous? Plusieurs voies sont possibles, celle que je nous conseille pour cette année c’est de nous décentrer de nos problèmes et de laisser l’Esprit de Dieu nous conduire et nous guider. Il n’y a pas de recette autre pour le Peuple de Dieu en route que de se laisser guider par celui qui en est l’âme et l’inspiration. L’Église n’est-elle pas, comme le répète souvent saint Paul, le Corps du Christ ?

Conclusion
Voilà quelques considérations que m’ont inspirées les textes de la Parole de Dieu aujourd’hui. Elles peuvent, je l’espère, nous permettre d’entrer dans ce chemin de l’histoire du salut qui s’accomplit en Jésus et que nous suivrons avec l’évangile selon saint Luc tout au cours des dimanches de la nouvelle année liturgique.
Notre route, notre marche n’est pas finie. À nous de la reprendre une autre fois, non pas pour nous diminuer, nous culpabiliser, mais pour aller plus loin en gardant les yeux fixés sur Jésus qui nous donne l’assurance de sa présence dans le Pain et le Vin consacrés que nous partageons et auxquels nous communions.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval