HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS ANNÉE B : « SON RÈGNE N’AURA PAS DE FIN »
HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS ANNÉE B : « SON RÈGNE N’AURA PAS DE FIN »
Ce dimanche est consacré au Christ Roi de l’Univers. C’est le dernier dimanche de l’année liturgique. Dimanche prochain, nous commencerons une nouvelle année liturgique avec le temps de l’Avent.
Les textes proposés à notre méditation vont nous permettre d’entrer plus à fond dans ce mystère de la royauté de Jésus que celui-ci ne récuse pas lorsqu’il répond à Pilate : « C’est toi-même qui dis que je suis roi ». Jésus laisse Pilate à ses perceptions mais il en profite pour donner l’heure juste sur ce qu’est le mystère de sa royauté.
1- Une royauté, un mystère
Je viens de référer à la royauté du Christ comme à un mystère. Ce n’est pas sans raison. En effet, elle nous propulse sur un autre registre que celui des royautés humaines que nous connaissons bien comme celles des maisons royales d’Occident dont la famille royale britannique est un des exemples les plus connus ou encore comme celle des princes orientaux comme les émirs arabes ou les rois du Cambodge.
En effet, Jésus explique sa réponse à Pilate en disant : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
« Ma royauté n’est pas d’ici. » Voilà le mystère.
II – Un arrière-fond biblique impressionnant
En faisant cette déclaration Jésus est bien conscient qu’il est porteur d’une tradition qui plonge ses racines dans l’Alliance de Dieu avec le peuple d’Israël à qui il a donné un roi dans la personne de David, puis de Salomon suivis de nombreux autres.
Le texte de la première lecture souligne cet arrimage et cet enracinement à travers les mots du prophète Daniel qui décrit le vrai Roi d’Israël en l’appelant Fils d’homme à qui est donné « domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servir[ont]. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. »
Il ressort de ce texte que la royauté du Fils d’homme dont hérite Jésus et qu’il revendique est une royauté spirituelle qui a comme but de rassembler toute l’humanité autour de lui.
Nous sortons d’une vision limitée pour nous ouvrir sur toutes les contrées, toutes les époques, tous les êtres inanimés et tous les vivants. C’est dans cet esprit que la fête d’aujourd’hui a été désignée comme celle du Christ « Roi de l’Univers ». Rien de moins. La deuxième lecture reprend la même ligne de réflexion et n’est pas en reste. Avec l’image de l’Alpha et de l’Oméga, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec, l’auteur du livre de l’Apocalypse montre que Dieu règne sur tout sans limites de temps et d’espace.
Retenons que la reconnaissance du mystère de la royauté du Christ a comme but premier d’affirmer que nous sommes entrés à la suite de Jésus dans un monde nouveau, un royaume éternel qui n’est pas de ce monde.
III – Retombées spirituelles
Il y a de nombreuses retombées spirituelles rattachées à ce mystère de la royauté du Christ. En voici trois pour notre méditation de ce matin.
Premièrement, reconnaître et vivre le mystère de la royauté du Christ, c’est affirmer la priorité de ce qui est spirituel et invisible pour les yeux dans la vie de foi du chrétien. Le royaume du Christ n’a pas de gardes ou de militaires pour se défendre ou se protéger. Il est un royaume spirituel qui s’établit dans le cœur des personnes d’abord et avant tout. « Mon royaume n’est pas de ce monde » dit Jésus à Pilate.
Deuxièmement, la fête du Christ Roi de l’Univers invite à garder bien vivante à notre esprit l’attraction qu’il exerce sur toute l’humanité. Il s’agit d’un royaume qui n’a pas de limites. Tous et toutes en font partie. Un royaume où les inégalités sont brisées, où les privilèges n’existent pas, où les dignités sont réglées par les Béatitudes vécues et reconnues comme la charte du Royaume : « Bienheureux les pauvres, les assoiffés de justice, les persécutés etc. »
Troisièmement, la fête du Christ Roi de l’Univers nous invite aussi à proclamer ce mystère sans pusillanimité, avec humilité bien sûr, mais avec fierté. Car il s’agit d’un mystère qui met les choses à leur place, qui affiche la suprématie du Christ sur tous les êtres comme saint Paul l’a répété souvent.
« Il est l’image du Dieu invisible, écrit-il, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. (Colossiens 1, 15-17 cf. aussi Hébreux 2, 8-9). Saint Paul ainsi affirme la puissance, la domination, la gloire du Christ qui mérite d’être célébrées. Nous le faisons à la messe d’ailleurs, en particulier en chantant le dimanche le Gloire à Dieu.
Voilà! Le Royaume du Christ est spirituel, ouvert à tous et à toutes et au-dessus de tous les êtres. On pourrait ajouter encore d’autres caractéristiques de ce mystère de la royauté du Christ, mais celles-ci sont suffisantes, je pense, pour nourrir notre méditation aujourd’hui.
Conclusion
En conclusion, j’aimerais redire notre louange au Christ Roi avec un cantique tiré du livre de l’Apocalypse au chapitre 19 et qui prend place dans la récitation ou la célébration des Vêpres le dimanche. Je vous en lis un extrait.
Célébrez notre Dieu,
serviteurs du Seigneur,
Alléluia !
vous tous qui le craignez,
les petits et les grands.
Alléluia !
Il règne, le Seigneur,
notre Dieu tout-puissant,
Alléluia !
Exultons, crions de joie,
et rendons-lui la gloire !
Alléluia !
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
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