Archive pour octobre, 2018

HOMÉLIE POUR LE 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « VIENS, SUIS-MOI »

12 octobre, 2018

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imm diario

« vien, suis-moi »

HOMÉLIE POUR LE 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « VIENS, SUIS-MOI »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P.H. du Séminaire de Québec. Homélie du 14 octobre 2018 Année B. Textes: Sagesse 7, 7-11, Hébreux 4, 12-13 et le jeune homme riche Marc 10, 17-27.

On ne peut commenter cet épisode très connu de l’évangile selon saint Marc sans rappeler la phrase de Jésus qu’on a retenue : « Il le regarda et il l’aima ». Cette petite phrase a traversé les siècles. Ce jeune homme riche est devenu un symbole de l’appel de Jésus à chacun et à chacune d’entre nous. Commençons par écouter cet appel au jeune homme riche avant de nous arrêter au nôtre.
I – L’appel du jeune homme riche
Le contexte de cette rencontre est situé par saint Marc dans le cadre d’un enseignement de Jésus sur la richesse. C’est ce qui rend l’appel du jeune homme riche si percutant.
En effet, après que le jeune homme se soit défilé en entendant le « Si tu veux être parfait », Jésus commente cette attitude d’une façon forte en disant que pour entrer dans le Royaume de Dieu les riches ne l’aurons pas facile. C’est comme passer par le trou d’une aiguille, dit-il.
Il faut donc prendre acte de ce contexte pour comprendre le sens de cet épisode que saint Marc nous raconte pour le bénéfice des premiers chrétiens et pour le nôtre.
Si on y regarde de près, on voit que l’appel du jeune homme riche est un appel qui ne s’adresse pas à lui seulement. Il redit l’appel qui est fait à tous les chrétiens quels qu’ils soient. Il est porteur d’une invitation qui reprend celles des Béatitudes dont la première est « Bienheureux les pauvres car ils verront Dieu ».
D’ailleurs, en d’autres endroits de l’évangile, Jésus met en garde contre les richesses, comme par exemple, dans la parabole où il raconte comment un riche fermier amassait plein de réserves de blé et à qui Dieu dit : « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » À quoi te serviront toutes ces possessions.
Ici l’évangile de saint Marc ne dit pas que le jeune homme riche s’est éloigné et séparé de Dieu en quittant avec un air penaud, mais il veut nous montrer que le jeune homme a comme manqué une occasion qui lui était présentée d’aller au bout de son engagement de croyant, ce qui aurait fait de lui un disciple remarquable de Jésus comme l’ont été les apôtres Pierre, Jacques, Jean et les autres.
Passons maintenant à nous.
III- Notre appel
Le jeune homme riche représente chacun et chacune d’entre nous.
Dans nos vies, il se présente plusieurs situations où comme le jeune homme riche le Seigneur nous lance un appel. Ce peut être à l’occasion d’une perte, d’un séparation, de diminutions physiques, de problèmes de santé, d’amitiés et de joies partagés, d’une étape de vie comme le départ des enfants de la maison ou comme le passage à la retraite etc.
Ces situations nous posent forcément la question « Que me faut-il faire? » Et c’est là que la scène du jeune homme riche nous est précieuse.
Tout d’abord, il faut se souvenir que les appels de Dieu sont une grâce qui nous est donnée. « Jésus le regarda et il l’aima ». Ils sont le regard et l’amour de Jésus qui nous sont manifestés
Nous pouvons répondre comme le jeune homme riche, « Seigneur, j’ai bien vécu et j’ai été un bon chrétien ». « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse ». C’est déjà beaucoup si nous pouvons dire cela. Mais ce que l’évangile d’aujourd’hui illustre c’est que cet appel est toujours à l’œuvre et qu’il n’a pas de limites. Il n’y a pas deux appels un pour les gens parfaits et un pour les autres. L’appel à suivre Jésus est le même pour tous et toutes comme l’évangile est le même pour tous et toutes.
Saint Paul l’avait bien compris quand il écrivait à ses chrétiens d’Éphèse. « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. » (Éphésiens 4, 4-7)
« Selon la mesure du don fait par le Christ ». C’est important de se le redire car on peut sombrer dans une espèce de classification ou de compétition où on se dit : « plus j’en fais, plus je suis proche de Jésus », alors qu’il faut se dire : « plus je réponds à ce qu’il me demande dans ma situation de vie, plus je suis proche de lui ».
III- La sainteté pour toutes et tous
C’est sur cette base que s’est appuyé le pape François dans son Exhortation apostolique sur la sainteté publiée le 9 avril 2018 lorsqu’il écrit : « Ce qui importe c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Corinthiens 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui ». (Numéro 11)
Il n’y pas deux sortes de sainteté. Il y a des hommes et des femmes qui se laissent regarder par Jésus qui les aime et qui répondent selon l’inspiration de leur cœur et selon leurs possibilités. Ils forment une « grande nuée de témoins ». « Et parmi eux, continue le pape, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Timothée 1, 5). Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (Numéro 3) Le pape François les appelle « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté ». (Numéro 7)
Les chemins de la sainteté, pour nous comme pour le jeune homme riche, ne peuvent faire l’économie des appels évangéliques que Jésus a lancés tout au cours de sa vie et qui sont résumés dans les Béatitudes. Le pape François les présente comme le chemin toujours à reprendre et toujours là. « À travers celles-ci, écrit le pape, se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies. Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur ». (Numéros 63 et 64)
Conclusion
« Il le regarda et il l’aima », cette phrase, avec raison, a été retenue parce que Jésus ressuscité continue de regarder et d’aimer ceux et celles qui s’approchent de lui, qui l’abordent comme un Maître de vie et qui désirent le suivre.
Que notre rencontre fraternelle en ce dimanche soit pour nous un soutien sur les chemins de la vie et, comme les premiers chrétiens auxquels s’adresse saint Marc, redisons notre désir de suivre Jésus quels que soient les difficultés et les détachements à faire, car, avec lui, nous entrons déjà dans le Royaume de Dieu qu’il est venu non seulement annoncer mais qui est déjà présent parmi nous.

Amen!

 

LE NOM DE DIEU : « JE SUIS CELUI QUI SUIS ».

11 octobre, 2018

http://www.interbible.org/interBible/cithare/celebrer/2016/c_car_03.html

imm fr Philippe de Champaigne, Moïse présentant les tables de la Loi

Philippe de Champaigne, Moise Presentant les Tables De La Loi.

LE NOM DE DIEU : « JE SUIS CELUI QUI SUIS ».

Invitation à la conversion

Après l’évocation de la vocation d’Abraham (au 2e dimanche), c’est la figure de Moïse, impressionnante et déterminante, et la révélation majeure de Dieu saint proche des humains, qui sont présentées à notre réflexion. Quant au texte évangélique, il relate le récit de deux faits dramatiques, suivis d’une parabole évoquant l’agir patient de Dieu.
Deux malheurs et une interprétation
Quand arrivent les catastrophes, nous réagissons fortement; les malheurs de toutes sortes qui frappent des populations civiles nous heurtent, les souffrances que des enfants innocents, des personnes handicapées, des personnes âgées subissent nous scandalisent. Nous refusons le mal, certains iront jusqu’à se révolter contre Dieu. Pendant des siècles, des gens ont cru que le malheur s’abat sur celui qui est coupable. Les malheurs de Job conduisent sa famille, ses amis, les spécialistes religieux de l’époque, à croire qu’il a offensé Dieu. En Jean, l’histoire de l’aveugle-né reprend cette conception courante à l’époque. En effet, les disciples demandent: Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents? (9, 2-3). Dans le récit de Luc, en ce dimanche, on rencontre le même schéma de pensée. Ce qui arrive à des Galiléens dévots, en pèlerinage à Jérusalem, et aux 18 Judéens, près de la colonne de Siloé, prouverait qu’ils sont de grands coupables. Jésus demande alors à ceux qui rapportent les faits : Pensez-vous que ces Galiléens étaient des plus grands pécheurs que tous les autres… pour avoir subi un tel sort?… qu’ils (les Judéens) étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem (13, 2.4)?
La réponse de Jésus est limpide, il rejette cette mentalité que certains ont de se croire plus exemplaires que ceux sur qui le malheur s’acharne, comme si en étant épargnés, ils étaient rassurés sur leur droiture et leur justice. Les événements tragiques frappent les gens indépendamment de leur valeur morale. Et Jésus passe à un autre registre, Il saisit l’occasion pour renvoyer à eux-mêmes ceux qui l’écoutent. Tous, sans exception, sont également menacés s’ils se livrent au péché: Eh bien… je vous le dis; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière (v. 5).
L’urgence de la conversion
Jésus invite donc ses interlocuteurs à une prise de conscience, à regarder ce qu’ils sont à l’intime d’eux-mêmes, à juger de la nature de leurs actes, en somme à percevoir le sens de leur existence sous le regard aimant de Dieu qui est source de vie, puissance de vie et de bonheur. C’est un appel à la conversion, à se rendre compte de ce qui se passe dans le moment présent, à discerner, à bien juger, selon l’étymologie grecque (12, 56-57). Ces malheurs ont valeur d’avertissement, sont destinés à nous servir d’exemples, comme le mentionne Paul, dans sa Première lettre aux Corinthiens, (10, 6 deuxième lecture). La mort est imprévisible pour qui que ce soit, et les fidèles doivent se tenir prêts à affronter le jugement (Luc 12, 58-59). Lorsque le redressement s’impose, le fidèle doit de toute urgence, se mettre résolument à la tâche, sinon, le mal spirituel qu’est le péché le guette et le conduit à la mort.
La conversion! Cet appel à un changement de mentalité et de direction, il en a déjà été mention en Luc 5, 32 : Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs à la conversion. Jean le Baptiste a proclamé un baptême de conversion en vue du pardon des péchés (3, 3). Une partie du peuple avait reconnu alors la justice de Dieu en se faisant baptiser (3, 12); d’autres, des Pharisiens, des légistes ont refusé (7, 30). Et lorsque Jésus proclame, par le biais des paraboles (8, 8-10) et par ses guérisons, que le Règne de Dieu est arrivé, certains l’accusent de chasser les démons par Béelzébub (11, 15) et ils s’opposent fermement (5, 27- 6, 5; 11, 14 – 12, 59). Cette opposition ira s’accentuant jusqu’à la confrontation finale, à Jérusalem.
Cet épisode s’inscrit dans un contexte portant sur la réalité du jugement (chapitres 12 et 13). Si, face au jugement perverti de l’homme, la conversion est possible, c’est grâce à l’action bienveillante et bienfaisante de Dieu qui donne en surabondance (chapitre 12). Par contre, si le règne de Dieu est refusé, la personne marche vers la mort. Toutefois, et l’histoire du peuple hébreu le prouve, l’amour de Dieu est toujours offert. Mais pour tout humain lié à sa nature mortelle, le temps de la conversion est limité.
Le vigneron imprévisible et patient
Comment ne pas apprécier la sollicitude du travailleur à l’égard du plant improductif pour lequel il intercède auprès du propriétaire de la vigne! Après trois ans, le sort du figuier est réglé. Pourquoi épuiser inutilement la terre? Mais non. Le paysan propose un délai inattendu, une dernière chance : Maître, laissez encore cette année. Peut-être donnera-t-il du fruit, à l’avenir (3, 8). Cette parabole nous situe alors en pleine espérance. Dans notre aujourd’hui, avec la présence de Dieu en nous, nous pouvons vivre l’insatisfaction face à ce que nous ne comprenons pas de la souffrance, de la mort, face à nos fragiles retournements à recommencer sans cesse. Dans ces humbles efforts, toutefois, s’exprime notre espérance en Dieu qui fait passer du côté de la vie.
« Je suis celui qui suis »
La première lecture présente l’un des plus importants personnages de la Bible: Moïse. Élevé à la cour de Pharaon, il fuit l’Égypte, à la suite du meurtre d’un égyptien qui maltraitait des Israélites (Exode 2, 12). Réfugié, il garde le troupeau de son beau-père, prêtre de Madiane, jusqu’au jour où il est appelé par Dieu à libérer son peuple de l’esclavage. C’est par-delà le désert, à l’Horeb, la montagne sainte (3, 1-15) que le Seigneur le rejoint. Moïse est intrigué par un feu qui sortait d’un buisson… qui brûlait sans se consumer (3, 2), un feu qui a valeur de signe, car cet élément accompagne la plupart du temps les manifestations de Dieu (19, 18).
Moïse! Moïse!, dit la voix de l’Ange qui initie la relation. Une interpellation qui dit la proximité. Puis, Dieu s’identifie, il est fidèle aux patriarches: Je suis le Dieu de ton Père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob (3, 4.6), le Dieu qui a protégé son peuple. Il voit, Il entend, Il connaît, Il sait: J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple… et j’ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances… (3, 7). Et Dieu veut agir, Il a besoin d’un collaborateur qui sera son instrument de salut : Je t’envoie chez Pharaon: tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël (I3, 10). Que fera Moïse face à cette « annonciation » inattendue? Au départ, il est intrigué par le feu et fait un détour pour voir cette chose extraordinaire (3, 3). Rapidement, il éprouve, sinon un effroi, du moins une crainte révérencielle, une attirance aussi devant le mystère d’une Présence. Devant la mission confiée, celle d’être porte-parole de Dieu vis-à-vis de son peuple à la nuque raide, et qui se croit abandonner, Moïse reconnaît sa pauvreté: Que suis-je pour aller trouver le Pharaon (3, 11)? Et Yahvé l’encourage, le soutient, le convertit à son projet, avant même de se nommer: Je suis avec toi une présence agissante et pleine de force(3, 12; Juges 6, 16)). Tu diras aux fils d’Israël : Je suis… Yahvé, le Dieu de vos pères… m’a envoyé vers vous (3, 14-15; Jérémie 1, 19). Puis, à la demande explicite de Moïse, Dieu dévoile son nom, tout en le voilant : Je suis celui qui suis (3, 14; Je suis qui je serai… C’est là mon nom à jamais. (3, 15 dans la TOB). Il est celui qui fait exister les Fils d’Israël, qui les fera sortir de leur prison, qui va cheminer avec eux jusqu’à la terre ruisselant de lait et de miel (3, 8). La fidélité, la patience et l’amour miséricordieux de Dieu n’ont pas de limites, sa présence aimante traverse les âges.
Dans cette histoire de figuier, qui es-tu, Seigneur : le propriétaire de la vigne ou le vigneron? Quant à moi, je me sens plutôt figuier… Parce que j’ai expérimenté la patience de tes vignerons et la confiance qu’ils mettent en moi, je voudrais être aussi, pour d’autres, le vigneron qui se refuse à condamner avant un dernier effort, celui qui fait confiance malgré les apparences et les déceptions, celui qui met du sien pour que d’autres donnent du fruit. (Edmond Vandermeersch)

Julienne Côté, CND 

Source : Le Feuillet biblique, no 2479. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Centre biblique de Montréal. 

HONNEUR DU PÈRE ET DE LA MÈRE – Piero Stefani (biblista)

10 octobre, 2018

https://pierostefani.myblog.it/2010/01/30/onora-il-padre-e-la-madre-20-01-2010/

imm la mia

la famille de jésus, parents et grands-parents

HONNEUR DU PÈRE ET DE LA MÈRE – Piero Stefani (biblista)

(Traduction Google de l’italien)

(31/01/2010)

Publié le 30 janvier 2010

La pensée de la semaine n.280
 
Le livre de Gad Lerner (Scintille, Feltrinelli, Milan 2009) commence par une page qui, à première vue, a été écrite en dernier. Ce n’est pas une préface, ni une note de remerciement: c’est une justification pour les nombreuses pages, franchement actuelles, consacrées au père et, au lieu de la mère, présentes dans le livre. La référence au mot ancien est une excuse qui veut indiquer comment le conflit peut se transformer en une forme de respect envers soi-même et ceux qui nous ont donné la vie. Pour ce faire, on fait appel aux dix commandements.
Dans sa version originale, le commandement d’honorer père et mère utilise l’impératif kabbed (Ex 20.12). Lerner, à juste titre, rappelle l’étymologie qui retient l’idée de poids. Dans cette lecture, le but du commandement doit être compris comme la capacité de donner le « juste poids » aux parents. C’est une attitude d’adulte qui ne permet un retour qu’après un détachement; le livre symbolise tout cela par le commandement biblique adressé à Abraham de quitter sa propre terre, ses propres parents et la maison de son père (Gn 12,1). Ce n’est donc pas un acte comparable au retour pénitent du « fils prodigue ». Au contraire, ce n’est que la légitimation d’une distance qui permet une rencontre sans larmes ni calins.
Dans la version originale des « Dix mots », le sens du précepte – comme le sait bien Lerner – ne consiste pas à donner le « juste poids » aux parents, expression dans laquelle l’adjectif est appelé à redéfinir tout le contenu du commandement. Il ne fait aucun doute que l’étymon est lié à la signification de la lourdeur. Cependant, dans la formulation du précepte, cela se produit parce que l’idée de « gloire » (kavod), en hébreu, n’est pas liée à la splendeur, mais à la majestueuse solennité: kavod Adonaï « gloire du Seigneur » est liée à ce même domaine sémantique. Bible. Cela ne veut pas dire que les «Dix mots» sont une sorte de culte idolâtre destiné aux parents. Être souligné avec ce verbe est en fait éminemment le rôle réservé à l’origine.
Dans la forêt d’interdictions introduites par le « non » propre aux Dix Commandements, seuls deux préceptes affirmatifs se dégagent: ce qui concerne le sabbat de Dieu et de l’homme et celui qui concerne le père et la mère. Le premier est introduit par l’impératif « souviens-toi » (zakhor, Ex 20,8, dans Dt 5,12, il y a pour « observer » – shamor), le second pour « honorer ». Comme il est évident que les deux domaines sont bientôt mentionnés: se reconnaître en tant que créature. L’existence d’une personne n’est pas due à soi-même, mais à Dieu et aux parents. La distance entre le Seigneur et ses parents est infinie: père et mère sont à leur tour des enfants, c’est-à-dire qu’ils sont aussi des créatures. Dans le précepte, il n’y a rien de naturaliste. Contrairement à Dieu, les parents vieillissent et meurent. Ce n’est que le mot impératif qui nous dit que dans notre vie, c’est Dieu et que notre présence passe aussi par les parents. Inutile de cacher que dans l’ancienne affirmation la grossesse de cette connexion était beaucoup plus facile qu’aujourd’hui.
Déprimé par une pratique catéchétique qui préconisait aux enfants d’obéir à leurs parents, le commandement d’honorer père et mère reconquiert une épaisseur différente dans une société qui, après des conflits fréquents, voit se briser devant aux enfants la vieillesse prolongée et la décomposition assistée de ceux qui nous ont donné la vie. Giovanni Pascoli a écrit des vers que beaucoup d’entre eux n’ont pas entendu dire: « Je dois vous dire ce que pendant de nombreuses années / fermé à l’intérieur. Et ne pleure pas. / La vie / que tu m’as donnée – ou maman, toi! – Je ne l’aime pas »(Colloque). Le choix de le dire symboliquement devant la mère rend le conflit avec soi-même « dialogue ». De nos jours, plus a été ajouté. Aujourd’hui plus que jamais, l’une des tentations qui rendent la vie difficile à aimer est le «comment se réduire soi-même» dont les parents âgés sont de plus en plus le miroir involontaire. Les honorer, pour le croyant, signifie voir dans cette faiblesse une image de Dieu: pour la foi, la gloire divine n’est plus en poids, mais en humilité. C’est notre destin maintenant que l’impératif adressé à ceux qui nous ont donné la vie est de plus en plus entouré d’un sentiment de culpabilité de « ne pas en faire assez », « se sentir comme un fardeau », celui qui devrait recevoir du poids, pas réussir, ou ne pas pouvoir, être proche de ceux qui se trouvent dans une situation dans laquelle la communication est rendue de plus en plus difficile et enfin résoudre par le travail d’autres personnes qui ne sont pas désirés ou ne peuvent être faits seuls. Les considérations avec lesquelles s’ouvre le livre de Gad Lerner sont un rappel opportun pour nous faire comprendre que le commandement est adressé au adultes et pas aux enfants. Cependant, ses considérations s’arrêtent au seuil de la dernière salle, où le conflit s’arrête bien davantage à cause d’une faiblesse résignée que d’une réconciliation précaire réalisée grâce à une distance acceptée.

Piero Stefani

HOMÉLIE POUR LE 27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « CE QUE DIEU A UNI, QUE L’HOMME NE LE SÉPARE PAS ! »

5 octobre, 2018

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imm paolo e en

création de l’homme et de la femme

HOMÉLIE POUR LE 27E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B « CE QUE DIEU A UNI, QUE L’HOMME NE LE SÉPARE PAS ! »

En écoutant la première lecture et l’évangile, nous voici ce matin amenés dans un sujet discuté, controversé et palpitant cependant puisqu’il touche toute l’Église et toutes les communautés chrétiennes. Il s’agit du rapport de l’homme et de la femme, de leur union dans le mariage et de leur témoignage dans la société.
I – Des discussions vives autrefois et aujourd’hui
Lorsqu’on s’arrête à l’évangile qui vient d’être lu, on voit que, du temps de Jésus, des questions concrètes se posaient. Il est confronté à celles-ci. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit des réglementations concernant le divorce où un mari pouvait renvoyer sa femme. La loi juive donnait des précisions qui sont rapportées ici.
Le temps a passé et ce ne sont plus seulement les juifs qui ont établi des règles pour le divorce. Nos états modernes l’ont fait. Ils ont prévu aussi une protection pour les couples qui ne veulent pas s’engager dans un mariage même civil. D’un autre côté, la question des divorcés remariés suscite de nombreuses interrogations dans l’Église. Le pape François a convoqué en 2015 les évêques pour une réunion, un Synode sur la famille, où la question a été discutée. On y a rappelé la doctrine traditionnelle en ouvrant toutefois les décisions de fréquenter ou non l’Eucharistie pour les personnes divorcées et remariées à la conscience bien formée des personnes dans cette situation au cours d’un cheminement de discernement.
Nous avons ici dans les paroles de Jésus, sans les précisions que les cas concrets demandent, le rappel de la doctrine traditionnelle de l’Église catholique.
II – Un héritage à conserver et à valoriser
Dans une société comme la nôtre où les situations de couples sont si diversifiées, où existent même des reconnaissances juridiques de couples de même sexe, les paroles de Jésus paraissent à contre-courant. Pourtant, en reprenant ce qu’on trouve dans le récit du livre de la Genèse que nous a rappelé la première lecture, ces paroles de Jésus font état d’un héritage à conserver.
C’est dire la continuité qu’il y a dans la réponse de Jésus. Celui-ci ne se trouve pas autorisé à dire autre chose que ce qui est déjà et il rappelle, avec à-propos, la parole de Genèse : « Ce que Dieu a uni, que homme ne le sépare pas ». Il s’agit ici de ce qu’on a appelé, dans un terme technique, l’indissolubilité du mariage que les premiers chrétiens ont adopté d’emblée. Saint Paul le dit clairement dans sa lettre aux Corinthiens.
Cet héritage est basé sur une vision de l’être humain dans sa nature d’être sexué, d’homme et de femme, et sur la complémentarité de ceux-ci. Toute cette vision conduit à favoriser le développement d’un amour stable dans le couple chrétien et amène en même temps une richesse très intimement liée à celui-ci dans la famille qui, par les enfants, crée une nouvelle église, pourrait-on dire. En effet les époux chrétiens deviennent comme le dit saint Paul une image des relations du Christ et de l’Église, avec leurs enfants ils forment le noyau d’une église domestique où tous sont accueillis et se soutiennent mutuellement.
Voilà l’héritage et le plan de Dieu pour les époux que les paroles de Jésus nous invitent à proposer.
III- Application
Comme on l’a dit en commençant, les réalisations concrètes souffrent bien des variations et des divergences. Le document final du Synode sur la famille en 2015 le constate lorsqu’il écrit : « Dans la formation à la vie conjugale et familiale, l’approche pastorale devra tenir compte de la pluralité des situations concrètes » (Numéro 34). Il n’est pas dans mon propos ici de juger ces situations, mais j’aimerais toutefois rappeler qu’il y a un principe qui doit toujours être mis de l’avant, c’est celui de respecter les personnes sans les juger.
Ainsi, on peut voir les paroles de Jésus, non pas comme des paroles qui enferment les personnes dans des cadres étouffants, mais plutôt comme des paroles qui rappellent l’héritage et le sens profond de l’union de l’homme et de la femme. Dans les cheminements des couples qui ont la foi, il sera parfois difficile de réaliser pleinement les souhaits des paroles de Jésus,mais il faut toujours être attentif aux valeurs qui, elles, doivent être protégées et développées.
Dans le mariage chrétien comme le dit le Synode sur la famille de 2015 les époux cultivent l’amour et l’entraide mutuelle qui est leur premier but. Ils se donnent l’un à l’autre totalement dans une union corps et âmes et ils acceptent que leur amour se prolonge dans des enfants qu’ils reçoivent comme un cadeau du Seigneur. Ils sont ouverts sur la société qui les entoure et sur les autres auxquels ils ne restent jamais étrangers.
Voici un extrait du document final de ce Synode de 2015 qui le dit bien : « L’homme et la femme accueillent ce don [de l'amour] et en prennent soin afin que leur amour puisse durer toujours. Face à la sensibilité de notre temps et aux difficultés effectives à maintenir des engagements définitifs, l’Église est appelée à proposer les exigences et le projet de vie de l’évangile de la famille et du mariage chrétien. » (Numéro 48) Et plus loin, les membres du Synode continuent en disant : « Selon l’ordre de la création, l’amour conjugal entre un homme et une femme et la transmission de la vie sont ordonnés l’un à l’autre (cf. Genèse 1, 27-28). De cette façon, le Créateur a fait participer l’homme et la femme à l’œuvre de sa création et a en même temps fait d’eux des instruments de son amour, leur confiant la responsabilité de l’avenir de l’humanité à travers la transmission de la vie humaine. » (Numéro 63)
Conclusion
Voilà quelques réflexions choisies parmi plusieurs possibilités. Ce qui est le plus important ce ne sont pas mes réflexions, mais la vie des couples chrétiens. Ils sont sur un chemin où ils s’ouvrent aux appels de Dieu. Chaque couple et chaque famille sont appelés à être à leur façon une image de l’amour et de la fidélité de Dieu pour son Peuple.
N’ayons pas peur de les confier au Seigneur dans une prière fréquente. Les difficultés d’aujourd’hui touchent les jeunes en particulier, ils ont besoin de notre soutien et de notre prière.
Que ce repas à la table de la famille de Dieu que forme la communauté chrétienne réunie autour de la Parole de Dieu et du Corps et du Sang du Christ nourrisse tous nos repas familiaux et annonce le repas éternel dans la gloire du ciel auquel nous aspirons toutes et tous et auquel nous sommes toutes et tous appelés.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec

LA PAIX ET L’ESPÉRANCE

4 octobre, 2018

http://nouvl.evangelisation.free.fr/leblanc_paix_et_esperance.htm

imm diario

(image pour La paix de Christ)

LA PAIX ET L’ESPÉRANCE

Paulette Leblanc

(Je ne connais pas du tout l’auteur, cela me semble intéressant)

De plus en plus de français réfléchissent sur la paix, et beaucoup ne savent plus quoi penser.… Pourtant le constat des événements actuels est inévitable. On ne peut pas nier l’évidence et la question qui se pose inévitablement est : Comment peut-on espérer encore et en faisant quoi ? De plus en plus de jeunes cherchent à manifester leur indignation, mais il me semble que c’est très insuffisant : il faut aller au fond des choses et ne pas craindre de dire la vérité. J’étais une scientifique, mais depuis 20 ans que je suis en retraite, il y a bien des choses que je ne peux suivre que très vaguement. Il en est ainsi pour ce qui concerne la mécanique quantique et la théorie des cordes. Or parfois, le Seigneur nous envoie des intuitions, des éclairages inattendus qui nous conduisent à la véritable espérance et à l’amour.
Les lignes qui suivent ont besoin d’être précisées, mais mon émerveillement est tel que je dois vous le partager ; certes, il est encore mal exprimé, mais nos amis lecteurs auront une suite… Je ne vous donne aujourd’hui que quelques aperçus d’une réflexion qui m’étonne encore et dont je dois vous faire bénéficier :
L’Ancien Testament prépare le Nouveau. Et le Nouveau Testament révèle la paix, le pardon, la justice, la volonté d’amour de Dieu qui n’est que bonheur et que les apôtres, rappelant les paroles de Jésus appellent les Béatitudes. Avec Jésus, tout est amour ; avec les vrais chrétiens aussi. Partout, dans le monde, et depuis Jésus, ce sont les chrétiens qui, par amour et pour répondre à son appel : « Allez dans le monde enseignez, enseignez, faites des disciples… » ont créé et continuent à créer, des écoles, des dispensaires, des hôpitaux… Pourtant, ce sont toujours les chrétiens que l’on persécute… Pourquoi ?
Les persécutions, Jésus les a expérimentées le premier. Et Il nous a avertis : « Comme ils M’ont persécutés, ils vous persécuteront. » Pourquoi persécute-t-on seulement ceux qui font le bien ? Et pourquoi certains persécutés abjurent-ils leur foi pour aller vers les persécuteurs ? Par peur ? Par désespoir ? Par crainte d’être tués ce qui est toujours très courant ? Probablement. Alors, presque insensiblement, de nombreux chrétiens s’éloignent de leur foi et se mettent à vivre et à penser comme les païens. C’est ce qui arriva au début du christianisme, et l’apôtre Jacques ne craignit pas de dénoncer ces fautes en des termes durs mais pleins de vérité, car jamais on ne doit renoncer à l’amour et à la paix du cœur.
La paix du cœur, c’est la paix de Jésus, la paix qu’Il nous donne, sa paix qu’Il nous a laissée. Aimez-vous les uns les autres répète sans cesse Jésus. Mais pourquoi tant de personnes ne connaissent-elles pas la paix du cœur ? Réfléchissons un peu.

*****
La paix du cœur est toujours difficile à obtenir à cause de nos péchés. Le monde est dur, et spontanément nous nous révoltons, nous nous fâchons, nous essayons de raisonner, mais nos constats nous déconcertent. Et nous jugeons, sévèrement. Et comme rien ne change, surtout dans un monde sans Dieu, c’est la révolte, la haine, la jalousie, et la guerre. Pourtant notre cœur souffre, car Dieu n’est pas aimé.
Dieu n’est pas aimé! C’est cela qui brise mon cœur. À cela il faut ajouter les nombreuses erreurs que des responsables de notre Église ont commises. Et cela tout au long des siècles. Mais pourquoi ? Il me semble que la raison principale de ces erreurs, c’est que l’on a oublié que Dieu doit être le Premier servi.
Les hommes sont les œuvres de Dieu, précieuses à son cœur, mais fragiles vue leur complexité. Cela Dieu le sait, mais l’homme ne le sait pas tant qu’il n’a pas pris conscience de cette fragilité. Aussi Dieu donne-t-Il à Adam une première consigne : ne pas manger le fruit d’un arbre. La faiblesse d’Adam et d’Ève va bientôt se révéler à eux-mêmes : trompés par Satan ils vont manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Désormais ils mourront ; et les anges vont les chasser du paradis terrestre ; mais Dieu ne les abandonnera pas malgré les apparences : les hommes, en effet, doivent absolument connaître leur faiblesse humaine liée à leur condition d’êtres de chair et d’esprit.
Les différentes mythologies se rejoignent toutes : loi de Dieu d’abord ; puis le péché par excès de désir : on veut toujours plus. Et toujours sous-jacents : la jalousie et le rejet de la Loi. Les hommes rejettent la Loi et tombent dans le malheur et dans la mort. C’est alors que l’on détecte l’importance vitale de la Loi de Dieu et de la pureté du cœur. Au fond, Jésus fin psychologue et grand philosophe, a compris tout cela et l’a exprimé dans les béatitudes qui sont en fait les résultats de l’application de la Loi de Dieu. Jésus parle deux fois du bonheur de ceux que l’on persécute et insiste en disant “Heureux les miséricordieux !” Or, les miséricordieux, ce sont ceux qui ont souffert à cause des autres, mais qui pardonnent comme Dieu pardonne, car Dieu aime.
Résumons-nous :
Dieu seul EST. Dieu seul sait ce qu’Il a fait. Dieu seul connaît et pour éduquer les hommes libres très fragiles car matière et esprit, Il donne sa Loi, son mode d’emploi de la création. Il y a entre Dieu et les hommes une unité incroyable. Dieu est et Il fait ; et les hommes sont en Dieu, dans sa Pensée divine qui est Amour. Dieu veut que les hommes L’aiment et pour cela Il les fait libres. Les hommes libres et capables d’aimer, libres et en Dieu venant de Dieu. Cela nous ne pouvons même pas l’imaginer et encore moins le comprendre. Dieu est trop grand et éternel.
Aujourd’hui, il n’est pas facile, lorsqu’on est trop clairvoyant de garder son espérance intacte. Et sans le vouloir, j’écris un mot sur un papier : l’union à Dieu d’abord. S’unir à Dieu, c’est écouter Dieu, L’entendre, Le trouver, Le rencontrer, L’adorer, L’aimer, vivre avec Lui. Mais qui est Dieu ? Il nous est absolument impossible de “dire” Dieu, car nous ne Le “voyons”, nous ne Le “pensons” qu’avec notre humanité qui n’a rien à voir avec la divinité.
Dieu est au-delà du présent humain. Dieu EST Présent et Éternel, et ce qui est passé ou est aujourd’hui ou sera demain pour nous, est constamment présent pour Dieu, car il n’y a pas de temps pour Dieu, le temps étant aussi une créature. Dieu ! Qui est Dieu ? Je tremble, et mon esprit défaille ; je ne sais pas. Je suis en Dieu, je baigne en Dieu et pourtant je ne Le connais pas, mais je Le cherche… Dieu seul me guide. Et curieusement j’ai comme peur, et pourtant je désire Dieu, j’aime Dieu car il y a Jésus qui est à ma portée. Bien que Dieu, Jésus est “à ma taille”, et dans mon temps, car Incarné, il est dans le temps tout en étant hors du temps. Ce mystère nous ne pourrons jamais le comprendre car nous sommes dedans.
Ainsi, chaque homme, créature de Dieu, en Dieu, impuissant et totalement dépendant de Lui, chaque homme n’a qu’un seul moyen de rencontrer et d’aimer Dieu : observer ses commandements d’amour. Je dois écouter Dieu, tendre l’oreille de mon cœur et entendre Jésus nous dire : “Aimez-vous les uns les autres.” Jésus ne cesse de nous parler pour nous ramener à la paix, sa paix, celle qu’Il nous donne.
Quand on n’aime pas, c’est Babel. Toute l’histoire des hommes tourne autour de Babel qu’ils ne cessent de reconstruire. Car l’histoire de tous les peuples anciens nous montre les hommes se combattre, et quand ils ne combattent plus, c’est pour reconstruire Babel. Et nous, nous qui vivons au XXIème siècle, nous agissons de la même façon. Prenons quelques exemples : au XIXème siècle, voici la franc-maçonnerie gouvernant “les lumières” et conduisant à la Révolution qui met en évidence deux catégories d’hommes : d’une part les riches, cultivés, instruits, travailleurs généralement, mais, ayant perdu Dieu, et devenus les exploiteurs des autres. Ces autres, les exploités sont les pauvres, délaissés, livrés à eux-mêmes et à leurs instincts : paresse, vices, abandon, et manipulables à souhait. Il était facile alors à la classe riche d’utiliser ces pauvres gens pour accomplir les tâches ignobles que les études sur la Révolution française nous révèlent de plus en plus. Raison principale : tous avaient abandonné Dieu.
Ensuite on assiste à la même chose avec la révolution industrielle. Nouveaux enrichissements et nouvelles exploitations. Et de nos jours nous avons assisté aux désastres du communisme et du nazisme : horribles tours de Babel qui se sont effondrées elles aussi. Aujourd’hui nous vivons les crises du socialisme et du libéralisme: Babel s’effondre encore. Et la cause est toujours la même : Dieu a été chassé, et les chrétiens sont toujours persécutés. Et quand il n’y a plus Dieu, il n’y a plus d’amour, et le péché règne. C’est comme si l’on assistait à la permanence du péché originel.
Pourquoi tout cela ? Pourquoi Dieu laisse-t-il faire ? Pourtant Il savait, de toute éternité, ce qui allait arriver ; alors ? C’est que Dieu veut être aimé et Il nous laisse libres de répondre à son amour, seule condition de notre bonheur. Il laisse notre liberté Le choisir, Lui et sa sainte Volonté, donc le bonheur, ou le refus de sa Loi qui conduit au malheur. Mais Dieu ne peut pas détruire sa création, car l’Amour est aussi pardon et miséricorde. Dieu pardonnera, mais en attendant, que de souffrances pour tous les hommes…
Et voici l’essentiel :
Feuilletant une revue, je lis, dans un article concernant les particules constituant la matière, quelques lignes sur la théorie des cordes, théorie qui vise à unifier la description du monde de l’infiniment petit : celui des particules élémentaires, et le monde de l’infiniment grand : celui des galaxies ou des amas de galaxies. Ces lignes m’ont bouleversée car elles rejoignent plus ou moins mon intuition profonde concernant la constitution de la matière et sa place en Dieu. Voici : “Selon cette théorie, il n’y aurait pas mille et une sorte de particules élémentaires dans l’univers : il n’y en aurait qu’une. Cette particule fondamentale serait une corde vibrante, analogue à celle d’un violon, dont les harmoniques – ses différents modes de vibration – constitueraient toutes les particules que nous connaissons, ainsi que d’autres qui n’ont pas encore été détectées. Autrement dit : toute la matière pourrait être décrite par une corde unique présentant une infinité de modes de vibration.”
Ainsi, il existerait une unité complète entre Dieu et sa création, entre la substance de Dieu et ce qui constitue notre matière. Dieu Est et Il est UN. Et la base de ce qui nous constitue est également un. La création baigne en Dieu. De sa propre substance Dieu crée la matière par conséquent nous aussi. Et Il veut que nous L’aimions ; donc, ayant pris ce qui vient de Lui pour nous fabriquer, Dieu nous fait libres pour que nous puissions L’aimer. C’est très clair. Mais alors le péché ? Dieu le permet car nous sommes libres. Mais ceux qui pêchent sont toujours de Dieu, et forcément ils reviendront à Dieu grâce à sa miséricorde et à la capacité qu’Il nous a donnée, de demander pardon. D’où la naissance de notre espérance. Reste notre esprit qui “meut” notre matière. Et là il faut encore revenir à la science moderne qui détecte constamment des forces nouvelles dans ce que nous appelions autrefois “le vide”, le vide physique qui n’existerait donc pas. Ces forces que nos savants ne savent pas encore préciser, sont-elles, en réalité l’Esprit de Dieu ?
Incontestablement la science moderne nous rapproche de plus en plus de Dieu. Elle nous fait comprendre la réalité fondamentale de la Présence de Jésus dans son Eucharistie. La nature de la matière est toujours la même quelles que soient ses apparences. Ainsi Jésus peut changer de formes, mais c’est toujours Lui qui est présent. Ses “cordes” invisibles vibrent toujours pour nous, même si nous, nous ne voyons qu’une hostie consacrée. Ces choses, encore très nouvelles, sont difficiles à exprimer. Mais ce qui est certain, c’est que la science moderne fortifie notre foi et fait naître notre espérance. Et elle nous fait comprendre mieux nos liens avec notre Créateur. Oui, dans notre monde, nous sommes obligés de constater les immenses dégâts commis par le péché des hommes. Ce redoutable constat est obligatoire, on ne peut pas le nier, mais voici que la science moderne nous conduit à l’espérance, tant que nous sommes sur la terre.

Paulette Leblanc

BENOÎT XVI – SAINT FRANÇOIS D’ASSISE (2010)

3 octobre, 2018

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100127.html

imm fr

BENOÎT XVI – SAINT FRANÇOIS D’ASSISE (2010)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 janvier 2010

Saint François d’Assise

Chers frères et sœurs,
Dans une récente catéchèse, j’ai déjà illustré le rôle providentiel que l’Ordre des frères mineurs et l’Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d’Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l’Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.
« Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l’insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l’époque. A l’âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu’il avait mené jusqu’alors. C’est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l’église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l’état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l’Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l’amour; une destruction intérieure de l’Eglise qui comporte également une décomposition de l’unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l’appel plus profond à renouveler l’Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l’enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l’église mère de toutes les églises, s’écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu’elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d’une part, que ce n’est pas le Pape qui apporte son aide afin que l’église ne s’écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d’une grande culture théologique, et d’un grand pouvoir politique, toutefois, ce n’est pas lui qui renouvelle l’église, mais le religieux petit et insignifiant: c’est saint François, appelé par Dieu. Mais d’autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l’Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l’Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l’Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l’Eglise. C’est ensemble que se développe le véritable renouveau.
Retournons à la vie de saint François. Etant donné que son père Bernardone lui reprochait sa générosité exagérée envers les pauvres, François, devant l’évêque d’Assise, à travers un geste symbolique, se dépouille de ses vêtements, montrant ainsi son intention de renoncer à l’héritage paternel: comme au moment de la création, François n’a rien, mais uniquement la vie que lui a donnée Dieu, entre les mains duquel il se remet. Puis il vécut comme un ermite, jusqu’à ce que, en 1208, eut lieu un autre événement fondamental dans l’itinéraire de sa conversion. En écoutant un passage de l’Evangile de Matthieu – le discours de Jésus aux apôtres envoyés en mission –, François se sentit appelé à vivre dans la pauvreté et à se consacrer à la prédication. D’autres compagnons s’associèrent à lui, et en 1209, il se rendit à Rome, pour soumettre au Pape Innocent III le projet d’une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de la part de ce grand Souverain Pontife, qui, illuminé par le Seigneur, perçut l’origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d’Assise avait compris que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être placé au service du Corps du Christ, qui est l’Eglise; c’est pourquoi, il agit toujours en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique. Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et si apparaissent des tensions, ils savent attendre avec patience les temps de l’Esprit Saint.
En réalité, certains historiens du XIXe siècle et même du siècle dernier ont essayé de créer derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, de même que l’on essaie de créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique. Ce François historique n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme lié immédiatement uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu réellement une relation très directe avec Jésus et avec la Parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. Et il est aussi vrai qu’initialement, il n’avait pas l’intention de créer un Ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, le convoquer de nouveau à l’écoute de la parole et de l’obéissance verbale avec le Christ. En outre, il savait que le Christ n’est jamais « mien », mais qu’il est toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux pas l’avoir « moi » et reconstruire « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais uniquement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres qui se renouvelle également dans l’obéissance à la parole de Dieu.
Et il est également vrai qu’il n’avait pas l’intention de créer un nouvel ordre, mais uniquement de renouveler le peuple de Dieu pour le Seigneur qui vient. Mais il comprit avec souffrance et avec douleur que tout doit avoir son ordre, que le droit de l’Eglise lui aussi est nécessaire pour donner forme au renouveau et ainsi réellement il s’inscrivit de manière totale, avec le cœur, dans la communion de l’Eglise, avec le Pape et avec les évêques. Il savait toujours que le centre de l’Eglise est l’Eucharistie, où le Corps du Christ et son Sang deviennent présents. A travers le Sacerdoce, l’Eucharistie est l’Eglise. Là où le Sacerdoce, le Christ et la communion de l’Eglise vont de pair, là seul habite aussi la parole de Dieu. Le vrai François historique est le François de l’Eglise et précisément de cette manière, il parle aussi aux non-croyants, aux croyants d’autres confessions et religions.
François et ses frères, toujours plus nombreux, s’établirent à la Portioncule, ou église Sainte-Marie des Anges, lieu sacré par excellence de la spiritualité franciscaine. Claire aussi, une jeune femme d’Assise, de famille noble, se mit à l’école de François. Ainsi vit le jour le deuxième ordre franciscain, celui des Clarisses, une autre expérience destinée à produire d’insignes fruits de sainteté dans l’Eglise.
Le successeur d’Innocent III lui aussi, le Pape Honorius III, avec sa bulle Cum dilecti de 1218 soutint le développement singulier des premiers Frères mineurs, qui partaient ouvrir leurs missions dans différents pays d’Europe, et jusqu’au Maroc. En 1219, François obtint le permis d’aller s’entretenir, en Egypte, avec le sultan musulman, Melek-el-Kâmel, pour prêcher là aussi l’Evangile de Jésus. Je souhaite souligner cet épisode de la vie de saint François, qui est d’une grande actualité. A une époque où était en cours un conflit entre le christianisme et l’islam, François, qui n’était volontairement armé que de sa foi et de sa douceur personnelle, parcourut concrètement la voie du dialogue. Les chroniques nous parlent d’un accueil bienveillant et cordial reçu de la part du sultan musulman. C’est un modèle dont devraient s’inspirer aujourd’hui encore les relations entre chrétiens et musulmans: promouvoir un dialogue dans la vérité, dans le respect réciproque et dans la compréhension mutuelle (cf. Nostra Aetate, n. 3). Il semble ensuite que François ait visité la Terre Sainte, jetant ainsi une semence qui porterait beaucoup de fruits: ses fils spirituels en effet firent des Lieux où vécut Jésus un contexte privilégié de leur mission. Je pense aujourd’hui avec gratitude aux grands mérites de la Custodie franciscaine de Terre Sainte.
De retour en Italie, François remit le gouvernement de l’ordre à son vicaire, le frère Pietro Cattani, tandis que le Pape confia à la protection du cardinal Ugolino, le futur Souverain Pontife Grégoire IX, l’Ordre, qui recueillait de plus en plus d’adhésions. Pour sa part, son Fondateur, se consacrant tout entier à la prédication qu’il menait avec un grand succès, rédigea la Règle, ensuite approuvée par le Pape.
En 1224, dans l’ermitage de la Verna, François vit le Crucifié sous la forme d’un séraphin et de cette rencontre avec le séraphin crucifié, il reçut les stigmates; il devint ainsi un avec le Christ crucifié: un don qui exprime donc son intime identification avec le Seigneur.
La mort de François – son transitus – advint le soir du 3 octobre 1226, à la Portioncule. Après avoir béni ses fils spirituels, il mourut, étendu sur la terre nue. Deux années plus tard, le Pape Grégoire IX l’inscrivit dans l’album des saints. Peu de temps après, une grande basilique fut élevée en son honneur, à Assise, destination encore aujourd’hui de nombreux pèlerins, qui peuvent vénérer la tombe du saint et jouir de la vision des fresques de Giotto, le peintre qui a illustré de manière magnifique la vie de François.
Il a été dit que François représente un alter Christus, qu’il était vraiment une icône vivante du Christ. Il fut également appelé « le frère de Jésus ». En effet, tel était son idéal: être comme Jésus; contempler le Christ de l’Evangile, l’aimer intensément, en imiter les vertus. Il a en particulier voulu accorder une valeur fondamentale à la pauvreté intérieure et extérieure, en l’enseignant également à ses fils spirituels. La première béatitude du Discours de la Montagne – Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient (Mt 5, 3) a trouvé une réalisation lumineuse dans la vie et dans les paroles de saint François. Chers amis, les saints sont vraiment les meilleurs interprètes de la Bible; ils incarnent dans leur vie la Parole de Dieu, ils la rendent plus que jamais attirante, si bien qu’elle nous parle concrètement. Le témoignage de François, qui a aimé la pauvreté pour suivre le Christ avec un dévouement et une liberté totale, continue à être également pour nous une invitation à cultiver la pauvreté intérieure afin de croître dans la confiance en Dieu, en unissant également un style de vie sobre et un détachement des biens matériels.
Chez François, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
En cette année sacerdotale, j’ai également plaisir à rappeler une recommandation adressée par François aux prêtres: « Lorsqu’ils voudront célébrer la Messe, purs de manière pure, qu’ils présentent avec respect le véritable sacrifice du Très Saint Corps et Sang de notre Seigneur Jésus Christ » (François d’Assise, Ecrits, 399). François faisait toujours preuve d’un grand respect envers les prêtres et il recommandait de toujours les respecter, même dans le cas où ils en étaient personnellement peu dignes. Il donnait comme motivation de ce profond respect le fait qu’ils avaient reçu le don de consacrer l’Eucharistie. Chers frères dans le sacerdoce, n’oublions jamais cet enseignement: la sainteté de l’Eucharistie nous demande d’être purs, de vivre de manière cohérente avec le Mystère que nous célébrons.
De l’amour pour le Christ naît l’amour envers les personnes et également envers toutes les créatures de Dieu. Voilà un autre trait caractéristique de la spiritualité de François: le sens de la fraternité universelle et l’amour pour la création, qui lui inspira le célèbre Cantique des créatures. C’est un message très actuel. Comme je l’ai rappelé dans ma récente encyclique Caritas in veritate, seul un développement qui respecte la création et qui n’endommage pas l’environnement pourra être durable (cf. nn. 48-52), et dans le Message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, j’ai souligné que l’édification d’une paix solide est également liée au respect de la création. François nous rappelle que dans la création se déploient la sagesse et la bienveillance du Créateur. Il comprend la nature précisément comme un langage dans lequel Dieu parle avec nous, dans lequel la réalité devient transparente et où nous pouvons parler de Dieu et avec Dieu.
Chers amis, François a été un grand saint et un homme joyeux. Sa simplicité, son humilité, sa foi, son amour pour le Christ, sa bonté envers chaque homme et chaque femme l’ont rendu heureux en toute situation. En effet, entre la sainteté et la joie existe un rapport intime et indissoluble. Un écrivain français a dit qu’il n’existe qu’une tristesse au monde: celle de ne pas être saints, c’est-à-dire de ne pas être proches de Dieu. En considérant le témoignage de saint François, nous comprenons que tel est le secret du vrai bonheur: devenir saints, proches de Dieu!
Que la Vierge, tendrement aimée de François, nous obtienne ce don. Nous nous confions à Elle avec les paroles mêmes du Poverello d’Assise: « Sainte Vierge Marie, il n’existe aucune femme semblable à toi née dans le monde, fille et servante du très haut Roi et Père céleste, Mère de notre très Saint Seigneur Jésus Christ, épouse de l’Esprit Saint: prie pour nous… auprès de ton bien-aimé Fils, Seigneur et Maître » (François d’Assise, Ecrits, 163).

L’HOSPITALITÉ D’ABRAHAM – CHAGALL – LECTURE DU TABLEAU

1 octobre, 2018

http://interparole-catholique-yvelines.cef.fr/Trinite/TriniteImages/TriniteChagall.htm

L’HOSPITALITÉ D’ABRAHAM – CHAGALL – LECTURE DU TABLEAU

L'HOSPITALITÉ D'ABRAHAM - CHAGALL - LECTURE DU TABLEAU dans Bible Chagall-Abraham-3Visiteurs-p

pour adultes (voir 1ère rencontre et Célébration)

Chagall, Juif hassidique russe, bercé par la Bible depuis l’enfance par son grand-père chantre à la synagogue, veut nous faire partager l’émotion, l’élan, le bonheur qu’il a connus à l’écoute de ce célèbre récit, relu dans la tradition chrétienne comme une annonce trinitaire.
Familiers de l’icône de Roubliev, nous sommes étonnés et un peu déroutés en face de ce tableau peint par Chagall, lui-même grand connaisseur et amateur d’icônes.
Pourquoi donc Chagall a-t-il situé la table du repas sur ce fond rouge incandescent ?
Pourquoi les 3 hommes, les 3 visiteurs d’Abraham sont-ils représentés comme des anges, dont les ailes d’un blanc duveteux, pour deux d’entre eux, attirent irrésistiblement notre regard ?
Pourquoi nous tournent-ils le dos ?
Pourquoi, contrairement à l’icône de Roublev, Chagall a-t-il tenu à nous montrer Abraham et Sara ?
Pourquoi une main et un voyageur chevauchant une monture se découpent-ils au ciel du tableau ?
Et enfin, que représente la bulle du haut à droite du tableau
Suivant la Tradition chrétienne Chagall fait, des trois voyageurs, des Anges qui évoquent la Trinité ; en effet Abraham, bien que voyant trois hommes qui se tiennent debout devant lui, s’adresse à eux au singulier : « Seigneur, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. » Et nous savons grâce aux versets 1, 13 et 14, que c’est Dieu lui-même qui se fait voir mystérieusement à travers la présence de ces trois hommes. On peut dire aussi que la promesse d’un fils, promesse de vie est une promesse divine.
Si ces trois anges, images de Dieu-Trinité pour les Chrétiens, nous tournent le dos, c’est vraisemblablement pour rappeler que Dieu, qui aime tant dialoguer avec ses amis, ne se laisse pas voir de face par eux (Ex 33,20-23), en tous cas pas sur notre terre.
Ces trois anges, assis sur un même banc, sont attablés autour du repas que leur ont préparé Abraham, Sara, et un serviteur absent du tableau. Leurs ailes traduisent leur fonction de Porte-Parole entre ciel et terre. Leurs regards se croisent, ils sont à l’unisson. Devant eux s’ouvre un espace rouge vibrant de cette lumière de midi qui ne fait pas d’ombre, espace de liberté, de résonance…
A notre gauche, Abraham semble regarder au-delà. Pense-t-il à la promesse qui lui a été faite d’avoir une descendance plus nombreuse que les étoiles du ciel et le sable de la mer ? Sara, alerte, apporte un plat à ses hôtes.
C’est le moment de donner vie à la promesse faite il y a si longtemps : Dieu, trine et Un, va dire à Abraham : «N’y a-t-il rien de trop merveilleux pour Dieu ! Quand je reviendrai chez toi, au temps de la vie, Sara aura un fils. »
Le fond rouge vibrant fait résonner visuellement cette promesse de Dieu de revenir « au temps de la vie » (traduction au plus proche de l’hébreu). C’est le temps de la vie quand Dieu vient chez Abraham et Sara comme chez tous ceux qui le reçoivent…
Ce temps de la vie a débuté pour Abraham (représenté en haut, chevauchant une monture sur une crête) avec la demande pressante de Dieu, dont la main signifie la présence, l’accompagnement : « Pars pour le pays que je te montrerai » (Ex 12,1).
Ce temps se poursuit avec la suite de l’histoire qu’évoque la bulle en haut à droite. Abraham reconduit les trois anges. Soutenu par deux d’entre eux, il discute, pied à pied, avec Dieu pour trouver au moins « dix justes » capables de sauver Sodome et Gomorrhe !

Chagall-Abraham-3Visit-extr dans CHAGALL

Ce temps de la vie continue chaque fois que nous vivons du dynamisme trinitaire.
Ce tableau, loin de nous présenter une « Trinité » abstraite, conceptuelle, nous la présente dans son essence même qui est : vie, convivialité, invitation, communication, dialogue, relation, circulation d’amour, communion, ouverture au monde. C’est l’un des messages de ce tableau qui fait partie du magnifique ensemble de 12 tableaux (présentés à Nice) et intitulé par Chagall lui-même « Message biblique ».

 

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