HOMÉLIE POUR LE 30E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « FILS DE DAVID, JÉSUS, PRENDS PITIÉ DE MOI ! »
26 octobre, 2018fils de David, Jésus, prends pitié de moi !
HOMÉLIE POUR LE 30E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « FILS DE DAVID, JÉSUS, PRENDS PITIÉ DE MOI ! »
Textes: Jérémie 31, 7-9, Hébreux 5, 1-6 et Marc 10, 46b-52 .
Dans l’évangile de ce jour, on voit Jésus à l’œuvre et que fait-il? Il fait voir un aveugle, il fait resplendir pour lui la lumière du jour. Dieu agit de même avec l’Église et avec chaque personne. Ce sera le thème de notre méditation aujourd’hui : « Le Seigneur fait resplendir la lumière ».
I – Un soutien tenace qui ne se dément pas
Regardons pour commencer le texte de Jérémie qui annonce une éclaircie lumineuse pour le peuple d’Israël qui vient de connaître 70 ans de ténèbres dans l’exil à Babylone. Le texte lu se termine ainsi : « Je suis un père pour Israël, Éphraïm est mon fils aîné ». Le retour des Juifs exilés à Babylone est un moment d’allégresse et de joie. C’est la lumière d’un jour nouveau qui se lève.
Par les prophètes de l’Ancien Testament, Dieu annonce qu’il fait une alliance nouvelle, une alliance dans les cœurs. « Je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair » dit-il par l’intermédiaire du prophète Ézéchiel (Ézéchiel 36, 26).
C’est pourquoi, le psalmiste chante dans le psaume 125 qui a été choisi comme psaume responsorial : « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie. »
Vous voyez combien l’action du Seigneur dans la vie des siens fait resplendir en eux une lumière qui les pénètre, les remplit de joie et de confiance. Ainsi le Seigneur en se montrant proche d’eux les invite à aller de l’avant sur un chemin d’amour qui rassemble « l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée » comme le dit le prophète Jérémie et on pourrait continuer « le jeune et le vieux, l’homme et la femme, les parents et les enfants, les riches et les pauvres etc. » Rassemblés, ils ne formeront désormais qu’une seule famille dont Dieu est le Père.
Ce beau texte de la première lecture tirée du prophète Jérémie permet de relire celui de l’évangile « avec des yeux nouveaux ».
II – Un aveugle qui voit
En effet, l’aveugle de Jéricho, le fils de Timée, Bartimée, que Jésus rencontre sur son chemin vers Jérusalem c’est chacun et chacune de nous, c’est aussi la communauté des fidèles, l’Église.
Regardons la scène de plus près. L’aveugle au bord de la route saisit que le brouhaha qui l’entoure est dû à quelque chose de spécial. On lui dit que c’est Jésus qui passe. Il en a entendu parler et que fait-il? Il se met à crier sa foi en lui. Il l’interpelle dans sa détresse en lui demandant de le soutenir. « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Le brouhaha devient plus grand. On tente de le faire taire et Jésus dit « Appelez-le ». L’aveugle court vers Jésus et lorsque celui-ci lui demande « Que veux-tu que je fasse pour toi? », il s’écrie : « Rabbouni c’est-à-dire Maître, que je vois ». Jésus lui répond « Va, ta foi t’a sauvé » et, guéri, l’homme suit Jésus.
La réponse de Jésus éclaire toute cette scène qui n’est pas une guérison banale car elle nous transporte sur le registre de l’Alliance avec Dieu qui se réalise en Jésus. Cette alliance qui guérit les corps comme ici, est premièrement une alliance qui guérit les cœurs et le chemin pour y entrer est celui de la foi.
III – Une foi qui éclaire
Comme les yeux de l’aveugle se sont ouverts sur la lumière, la foi ouvre en nous un espace de lumière qui resplendit. Cette lumière de la foi n’est pas comme la lumière naturelle. Elle dépend de nos choix et de notre liberté. C’est à nous de crier vers Dieu comme Bartimée « Seigneur, aie pitié de moi », de Lui présenter nos limites, nos pauvretés, nos péchés, Sans cette implication de notre part, il manque un partenaire à l’alliance que Dieu propose.
La lumière de la foi aussi est porteuse de liens non seulement avec Dieu et avec Jésus son Envoyé, mais entre nous, croyants et non-croyants, « gens du centre et gens de périphéries », comme le dit le pape François, car aucune personne n’est mise de côté par le Père.
Enfin, elle construit la communauté des croyants. En effet, un chrétien n’est jamais seul dans sa foi. Il la reçoit comme une bénédiction et la partage avec ses frères et sœurs comme nous le faisons en ce moment. Sans la communauté, impossible de durer dans sa foi car celle-ci est toujours celle de l’Église que je partage avec mes frères et sœurs et avec les pasteurs que sont le pape, les évêques et les prêtres.
C’est ainsi que le Seigneur fait resplendir sa lumière, une lumière dont notre monde a tant besoin. Dans les tracas et les questionnements, face aux dérives possibles et réelles, devant les guerres et les conflits, le chrétien et sa communauté peuvent regarder avec confiance vers leur Dieu qui, comme il l’a fait autrefois, peut faire revenir et rassembler ceux et celles qui sont éloignés.
Pour vivre la communauté, la communion fraternelle, nous pouvons compter, comme le dit la Lettre aux Hébreux dans la seconde lecture, sur un grand prêtre, le Christ Jésus, qui est « en mesure de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement », qui est lui aussi rempli de faiblesse, mais qui a reçu de Dieu la mission d’intercéder toujours pour nous auprès du Père. Nous avons ainsi l’assurance que nous ne sommes jamais abandonnés quoiqu’il arrive.
Conclusion
Notre célébration eucharistique dominicale nous fait entrer dans ce mouvement d’offrande du Christ à son Père. C’est en nous unissant à lui par le Pain et le Vin devenus son Corps et son Sang que nous pouvons nous aussi offrir nos vies à la gloire de Dieu et ainsi permettre que la lumière de Dieu resplendisse autour de nous.
Que cette messe soit pour nous un moment de remise à Dieu avec une confiance comme celle de l’aveugle de Jéricho. Et je suis sûr que nous entendrons alors le Seigneur nous dire « Va ta foi t’a sauvé ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec