HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « AU-DELÀ DES PRATIQUES… »
HOMÉLIE POUR LE 22E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « AU-DELÀ DES PRATIQUES… »
Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P.H. du Séminaire de Québec. Homélie du 2 septembre 2018 Année B. Homélie à la Chapelle du Lac Poulin par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec, recteur de cette desserte. Textes: Deutéronome 4, 1-2.6-8, Jacques 1, 17-18.21b-22.27 et Marc 7, 1-8.14-15.21-23.
Dans la deuxième lecture, nous avons entendu cette phrase de la lettre de saint Jacques : « Les dons les meilleurs, les présents merveilleux viennent d’en haut, ils descendent tous d’auprès du Père de toutes les lumières… ». Je pense que cette belle phrase peut éclairer les discussions de Jésus avec les pharisiens dont fait état l’Évangile. En effet, le message de l’évangile d’aujourd’hui nous invite à mettre les choses à la bonne place, à laisser de côté ce qui est accessoire et non-essentiel, à dépasser les pratiques de toutes sortes pour aller au fond de l’âme, au fond du cœur des personnes, pour accueillir les « dons les meilleurs » qui viennent d’en haut. Regardons plus en détail la scène de l’Évangile rapportée par saint Marc.
I- Une discussion
Jésus ici discute avec les autorités du temps (pharisiens et scribes) du lavage des mains avant les repas. C’est banal. Les parents invitent les enfants à se laver les mains avant les repas. De nos jours, à cause des dangers de contagion, on utilise même parfois des crèmes ou des produits pour se protéger.
Pour les Juifs du temps de Jésus, il s’agit d’une prescription de la Loi à laquelle on ne peut en aucun cas se soustraire. Ils en font une obligation absolue. Ce que Jésus conteste, en laissant ses disciples passer par-dessus cette prescription.
Jésus ici ne dit pas de ne pas se laver les mains, mais il profite de cette discussion pour donner un message; Le voici en deux mots : ce qui est caractéristique de ses disciples – et donc de nous chrétiens d’aujourd’hui – c’est que la religion et la morale vont ensemble. Il n’y a pas de séparation : les rites extérieurs, les comportements extérieurs pour bien faire, cela doit aller avec le cœur, avec l’intérieur
Pourquoi? Parce que Jésus veut qu’on ajuste ses comportements selon ce qu’on croit, ou encore dit autrement, que ce que l’on croit se manifeste dans notre agir. Il invite à aller au-delà des pratiques et des rites. Comme le dira saint Jacques plus tard dans cette merveilleuse lettre dont on vient de lire un extrait : « Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde ».
II – Un message ouvert
Ceci étant dit, il ne faudrait pas, en parlant de ce message de Jésus, juger le monde autour de nous, car parfois les actions extérieures posées peuvent s’expliquer de diverses façou sonde les reins et les cœurs comme on dit.
Je pense entre autres à tous nos grands-parents qui ont peut-être paru faire des gestes extérieurs, des pratiques religieuses extérieures etc. avant le concile Vatican II, mais je me garderais de les juger, car je suis sûr que le cœur y était pour la plupart. Comme on dit c’est l’intention qui compte, ce qu’il y a dans le cœur. Dieu voit dans le secret.
Jésus dénonce, en passant, les personnes qui laissent leur intérieur s’enténébrer et qui ainsi produisent toutes sortes de comportements malsains. C’est pourquoi on peut dire en terme d’aujourd’hui que Jésus nous invite à réveiller notre conscience et à développer une conscience droite. Trop souvent, on la laisse s’endormir. On agit sans trop se poser de questions. On prône une tolérance excessive, une liberté sans retenue, une spontanéité sans questionnements « Moi je suis comme cela » entend-on…et un point c’est tout.
Or ici Jésus nous montre que toute morale vraiment chrétienne et évangélique c‘est la conscience qui se laisse éclairer et guider par sa foi et par l’évangile.
III- Application
Autrefois il y avait, vous vous en souvenez, les examens de conscience qu’on nous invitait à faire le soir avant de se coucher. Aujourd’hui, il faudrait peut-être penser à restaurer une forme d’examen de conscience. Le pape François y invitait les gens dans une homélie (11 octobre 2014) en disant : « Avoir un cœur recueilli, un cœur dans lequel nous savons ce qui se passe et ici et là, nous pouvons exercer une pratique ancienne mais efficace de l’Église : l’examen de conscience. Qui d’entre nous, le soir, avant de finir sa journée, reste tout seul ou toute seule et se pose la question : qu’est-ce qui s’est passé aujourd’hui dans mon cœur ? Qu’est-il arrivé ? Quelles émotions ont traversé mon cœur ? Si nous ne faisons pas cela, nous ne réussissons pas ni à bien veiller ni à bien protéger notre cœur”. Si on ne s’arrête pas de temps à autre, on s’endort. On évite de se remettre en question. On prend des habitudes qui nous emprisonnent. Ou encore on remet sans cesse à plus tard.
La Parole de Dieu aujourd’hui nous invite par Jésus à nous arrêter, à nous interroger sur nos motivations pour faire la lumière sur ce qui est à l’intérieur de nous. Ce que Jésus veut c’est qu’on agisse avec une liberté intérieure, par nous-mêmes, en prenant nos responsabilités au sérieux.
Bien sûr, nous n’arriverons pas toujours à agir parfaitement. Il y a tout un cheminement à faire, il a des fautes, des erreurs, des manquements, des « coches mal taillées », mais ce qui compte c’est d’y aller avec sa conscience éclairée pas la Parole de Dieu, d’y mette son cœur.
Conclusion
Que cette messe nous aide à nous ouvrir de plus en plus à la lumière de Celui qui est pour nous est le Chemin, la Vérité et la Vie. Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
28 août 2018
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