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HOMÉLIE DU 16E DIMANCHE ORDINAIRE B

20 juillet, 2018

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HOMÉLIE DU 16E DIMANCHE ORDINAIRE B

Jr 23, 1-6 ; Ps 22, 1-6 ; Ep 2, 13-18 ; Mc 6, 30-34

Point n’est besoin d’être né dans une ferme, ni même d’avoir vu un pâtre, son chien et ses moutons, pour comprendre le style bucolique de l’enseignement biblique, qui évoque constamment le pasteur et son troupeau, le berger et ses brebis. Aujourd’hui aussi, les peuples ont leurs pasteurs, leaders ou autres grands timoniers, qu’ils soient religieux ou politiques.
Le livre de Jérémie fait allusion à de misérables bergers, à des autorités royales et religieuses qui ont trahi leur mission et trompé le peuple, qui se trouve maintenant plongé dans l’inquiétude et l’insécurité. C’est alors que le prophète confie à ses auditeurs l’espérance que Dieu les prendra lui-même en charge et leur accordera comme pasteur un nouveau David. Un pasteur selon le cœur de Dieu. Il en révèle le nom et le programme : « Le Seigneur est notre justice ».
Le psaume 22 reprend ce thème du Dieu-berger, qui mène son peuple au repos pour y refaire son âme, pour lui apprêter une table. Comme dans les livres de la Sagesse, où il est aussi souvent question de repos et de nourriture.
Nous le retrouvons dans l’épisode raconté par Marc. Jésus, LE vrai pasteur, manifeste une infinie sollicitude pour les foules, mais aussi pour ses premiers collaborateurs, les apôtres. Ici, nous ne sommes plus dans la prière ou dans la poésie, mais dans la vie concrète. Envoyés par Jésus, les apôtres ont enseigné, prêché la conversion, chassé les esprits mauvais, expérimenté la force de la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, et aussi toutes les résistances qu’on lui oppose… Ils ont connu la fatigue, l’enthousiasme, le découragement… Leur vie, en effet, n’est pas de tout repos, ni leur mission tâche aisée… Ne les voit-on pas accablés de fatigue et empêchés de se nourrir ?
Et Jésus les entraîne dans un endroit désert, là où ils seront en tête-à-tête avec lui et loin de la foule. Le repos, la détente, ce n’est pas seulement arrêter le travail, dormir et se distraire. C’est surtout le fait d’être avec lui, de vivre dans son intimité, de partager ses préoccupations, ses sentiments de pasteur et notamment sa sollicitude pour les brebis sans berger. Une sorte de week-end spirituel, des vacances qui non seulement brisent le rythme agité du quotidien, mais qui permettent de boire à la source, refaire ses forces, recharger les accus, surmonter les découragements, mieux saisir, grâce à Jésus, la générosité et l’exigence de cet amour avec lequel, d’une part, il accueille ceux qui le cherchent, et, d’autre part, qui lui permet d’échapper à leur curiosité, leur gourmandise ou leurs projets trop humains, pour les amener toujours plus loin. Et communier à son souci affectueux pour les foules, comme à son enseignement et son œuvre de libération.
Le repos des disciples, c’est d’habiter en quelque sorte la tendresse de Dieu pour son peuple. C’est ainsi que se fait l’apprentissage de l’apôtre. Un recyclage… Un exemple pour nos vacances.
Jésus leur donne d’ailleurs aussitôt un premier exemple de responsabilité pastorale, puisqu’il commence par enseigner et instruire longuement les gens qui le recherchent, ému jusqu’aux entrailles par leur famine spirituelle.
Paul, s’adressant aux Ephésiens, présente une autre caractéristique du pasteur parfait qu’est Jésus Christ… Un homme de paix, qui veut rassembler dans l’unité, réunis en un même corps, ceux-là mêmes qui sont séparés non seulement par la différence mais par la haine. Non pas la paix pour quelques privilégiés, mais comme bonne et grande nouvelle pour ceux et celles qui sont loin ou proches. Une mission toujours à reprendre, une unité toujours à refaire, pour que tombent les murs qui souvent séparent les êtres humains.
L’épisode évangélique n’est pas seulement du passé. Nous avons la chance de pouvoir être rassemblés par l’Eucharistie, pour nous reposer un peu, c’est-à-dire nous laisser instruire par celui qui nous invite à mieux le connaître et à pénétrer davantage dans son intimité. Nous sommes rassemblés comme les disciples pour lui présenter notre rapport, nous laisser nourrir et envoyer. L’Eucharistie est bien autre chose qu’une simple cérémonie.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925-2008