HOMÉLIE POUR LE 14E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « D’OÙ CELA LUI VIENT-IL ? »
Jesus lisant Isaie
HOMÉLIE POUR LE 14E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNÉE B « D’OÙ CELA LUI VIENT-IL ? »
Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P.H. du Séminaire de Québec. Homélie du 8 juillet 2018 Année B. Homélie à la Chapelle du Lac Poulin et de la Chapelle du Lac Raquette par Mgr Hermann Giguère P.H., du Séminaire de Québec, recteur de ces dessertes.
Textes: Ézékiel 2, 2-5, 2 Corinthiens 12, 7-10 et Marc 6, 1-6.
Excursus : Un petit mot sur les frères et sœurs de Jésus. La tradition très ancienne de l’Église a toujours tenu que Jésus n’a pas eu de frères ou de sœurs au sens strict de ces termes. Le mot grec ici employé « adelphoi » sert à désigner des parents plus ou moins éloignés. Il s’agirait donc dans les évangiles d’un usage semblable à celui des vietnamiens ou des africains qui appellent volontiers leurs cousins et cousines, frères et sœurs. Voilà! Revenons maintenant à la scène racontée par saint Marc.
I – Une visite dans son patelin
L’évangile commence en disant que Jésus se rend dans son lieu d’origine avec ses disciples. On peut s’imaginer cette visite à Nazareth comme celles que nous faisons dans nos familles en venant ici au lac. C’est toujours agréable de retrouver des lieux qu’on aime et des gens connus. Jésus, peut-on penser, en profite pour faire connaitre aussi ses nouveaux amis, ses disciples, Pierre, Jacques, Jean, André etc.
Ce qui est différent de nos visites à la maison paternelle ou au chalet, c’est que Jésus ne se contente pas de faire des salutations d’usage et de prendre du temps pour se rappeler des souvenirs avec un tel ou une telle, de vivre de bons moments, ce qu’il a fait j’en suis sûr, mais, il fait passer sa visite à une vitesse supérieure, pourrait-on dire, car, après les papotages de circonstance : la température, les nouveautés du village, les décès etc. il prend la parole pour exprimer ce qu’il l’habite maintenant qu’il est parti pour réaliser une mission qu’il avait en lui, mais qu’il n’avait pas fait connaitre quand il était le charpentier que tous fréquentaient vivant près de sa famille et de sa parenté.
Ne voilà-t-il pas que maintenant il se permet de parler en clair de cette mission qui lui a été confirmée par son cousin Jean-Baptiste qui l’a appelé l’Agneau de Dieu et par la parole de Dieu qui s’est faite entendre lors de son baptême : « Voici mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».?
Jésus depuis lors s’est mis à révéler ce qui l’habite : sa proximité avec Dieu et son Alliance qui veut rejoindre tout le monde et manifester l’amour de Dieu pour chacun et chacune, un amour qui n’écrase pas, mais qui libère, qui n’est pas fait uniquement de rites et d’observances, un amour gratuit que les disciples reçoivent et qu’ils vivent en faisant la même chose que leur Père, en s’aimant les uns les autres.
II – Des paroles qui dérangent
Quel message! C’est ce message qui sidère les auditeurs et les auditrices de Nazareth qui se demandent d’où lui viennent ces pensées, d’où lui vient cette assurance? Il parle avec autorité. On ne le reconnait pas. Il n’est plus seulement ce jeune homme pieux et fidèle à la prière chaque semaine à la synagogue, serviable et aimable pour tous et toutes. Il parle avec son cœur et il parle au nom de Dieu.
Certains s’en offusquent. Ils sont choqués.
Jésus loin de les envoyer paître se contente de noter leur manque de foi. Il ne se laisse pas arrêter par ce contretemps. Il laisse son village. Sa visite se termine là et il part pour aller dans d’autres villages. Il se situe ainsi dans la lignée des prophètes comme Ezékiel, dont il est question dans la première lecture. Celui-ci ne se décourage pas. Il reste fidèle à annoncer le salut de Dieu même à des gens au « visage dur » et au « cœur obstiné » qui s’en désintéresse. Jésus se chauffera du même bois et cela le mènera jusqu’à la croix, mais, pour l’instant, il n’insiste pas. Chaque chose en son temps.
II – Application
Dans cette visite de Jésus à Nazareth, on a ce matin une belle scène vivante et très près de nous. On peut s’identifier à Jésus qui revient chez lui et comprendre que le contact avec les proches à qui on se confie dans ce qui nous fait vivre comme le fait Jésus n’est pas toujours facile.
Des amis chrétiens qui sont très impliqués dans leur foi, qui exercent diverses professions et métiers et qui se rencontrent une fois par semaine pour se ressourcer m’ont raconté leur façon de faire au travail et ou dans des rencontres sociales. Pour dire leur foi, par exemple, ils soulignent un lundi matin qu’ils ont été à la messe en fin de semaine ou encore qu’ils vont faire suivre la catéchèse à leur fils ou à leur fille, par exemple etc.
La réaction de leurs amis leur permettra de doser leur annonce de l’évangile. Ils ont trois façons qui correspondent à la lumière rouge ou jaune ou verte, disent-ils, dépendant des réactions des personnes avec qui elles parlent. Dans certains cas, on en restera au neutre – c’est la lumière rouge – en attendant une autre occasion pour parler de la foi. Dans d’autres cas, on verra une avance possible mais sans trop d’intérêt, on se contentera alors de continuer un peu sur le sujet – c’est la lumière jaune – mais sans aller plus loin. Enfin dans d’autres cas, ce sera l’occasion de parler plus à fond de ce qui les fait vivre – c’est la lumière verte – et ainsi de témoigner de l’Évangile et de devenir des disciples-missionnaires comme le souhaite le pape François.
Conclusion
Cet épisode de la visite de Jésus dans son village de Nazareth est pour nous l’occasion de reconnaitre que son enseignement vient de Dieu. Il est l’Envoyé de Dieu parmi nous. C’est pourquoi, nous pouvons le suivre avec confiance malgré les questionnements, les doutes parfois qui nous envahissent, car il n’est pas facile aujourd’hui d’affirmer qu’on est croyants et disciples de Jésus.
Que cette Messe nous aide à être de plus en plus convaincus de ce que nous avons reçu en étant baptisés dans la foi en Jésus-Christ vivant et ressuscité. On voit Jésus ici ce matin parcourant les chemins des villages de Galilée. Il parcourt encore nos chemins et il nous dit le même message à savoir que Dieu a tellement aimé le monde qu’Il nous a donné son Fils unique pour que nous ayons la vie éternelle (cf. Jean 6, 12).
C’est ce que je vous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
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