HOMÉLIE POUR L’ASCENSION DU SEIGNEUR (ANNÉE B) « ENLEVÉ AU CIEL ET ASSIS À LA DROITE DE DIEU »
11 mai, 2018(désolé pour le retard, pour moi l’Ascension est dimanche prochain)
HOMÉLIE POUR L’ASCENSION DU SEIGNEUR (ANNÉE B) « ENLEVÉ AU CIEL ET ASSIS À LA DROITE DE DIEU »
Homélie pour l’Ascension du Seigneur Année B le 10 mai 2018 (ou le dimanche 13 mai 2018 dans certains pays, comme le Canada) par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Textes : Actes des Apôtres 1, 1-11, Éphésiens 4, 1-13 et Marc 16, 15-20.
Aujourd’hui nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Cette solennité liturgique s’inscrit dans la suite de la fête de Pâques. Elle marque le départ de Jésus qui dorénavant ne sera plus avec ses disciples comme il l’a été auparavant. Relisons ensemble ce qui nous est présenté ce matin concernant ce mystère de l’Ascension dans l’évangile et dans la première lecture.
I – Le récit de l’Ascension
Le récit de l’évangile de saint Marc est très bref. Il résume le tout en quelques lignes que je vous relis : « Le Seigneur Jésus, est-il écrit, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. » C’est tout.
Quant à saint Luc, dans la première lecture, il est plus loquace. Son récit situe l’épisode quarante jours après Pâques. C’est ce qui explique que la fête de l’Ascension est placée le jeudi de la 6e semaine après Pâques. En certains endroits, cependant, comme au Canada, la fête est reportée de quelques jours pour être célébrée le dimanche suivant.
Saint Luc dans son récit nous montre les disciples réunis autour de Jésus dans un repas où celui-ci leur explique que son départ leur ouvrira un espace nouveau où ils seront les protagonistes de l’annonce du Royaume : « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Il s’efface et leur promet l’assistance de l’Esprit Saint pour cette mission.
C’est une des plus belles leçons qu’on peut retenir du mystère de l’Ascension, à savoir que le départ et l’absence de Jésus ouvrent la porte à une nouvelle présence qui se continuera tout au long des siècles. Ce sont désormais les disciples qui sont les hérauts, les messagers de la Bonne Nouvelle.
II – L’envoi des disciples
C’est ce que l’évangile de saint Marc s’emploie à développer en s’adressant aux chrétiens des débuts. Après avoir dit que Jésus a été enlevé et s’est assis à la droite de Dieu, il rappelle comment les disciples ont répondu à l’appel du Maître : « Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile c’est-à-dire la Bonne Nouvelle ». L’évangile de saint Marc se termine ainsi car il avait comme fil conducteur la Bonne Nouvelle qu’est Jésus et son message. En effet, dès les premiers versets saint Marc présente son récit comme l’annonce de la Bonne Nouvelle. Il débute par ces mots : « Commencement de l’Évangile – la Bonne Nouvelle – de Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Le départ de Jésus ne change rien à cette annonce de l’Évangile, la Bonne Nouvelle. Ce qui est différent c’est que Jésus disparaît des yeux des disciples, mais il sera toujours avec eux.
Ils pourront le constater par les signes qui sont énumérés ici. « En mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Cette liste apparaît plutôt insolite à nos oreilles. Mais elle ne peut être mise de côté. Car c’est par les signes que se révèle la présence du Ressuscité. Les signes sont une forme d’enseignement sur lui, sur ce qu’il est, sur sa mission et sur son message. Ceux qui sont énumérés ici visent avant tout à manifester qu’en Jésus éclate la puissance de Dieu. Ils sortent de l’ordinaire par leur caractère miraculeux pour nous faire comprendre qu’en Jésus, Dieu agit au-delà de nos attentes et nos vues purement humaines.
Si on regardait avec foi autour de nous aujourd’hui, on reconnaîtrait des signes semblables adaptés à nos conditions de vie présentes. Ces signes d’aujourd’hui se concentreraient alors autour de la miséricorde et de la compassion. C’est du moins l’essentiel de l’enseignement du pape François qui ne cesse de le répéter. Sans mettre de côté les signes plus extraordinaires, très prisés chez nos frères et sœurs évangéliques, force nous est de constater que nos contemporains sont plus rejoints par les gestes de miséricorde, de compassion, d’entraide, de luttes pour la justice que par les guérisons de maladies de toutes sortes dont la médecine peut prendre soin. Voilà où regarder pour voir les nouveaux signes qui disent la présence toujours vivante de Jésus monté au ciel et assis à la droite de Dieu.
III – Application
Ces considérations que la fête de l’Ascension m’a inspirées me paraissent stimulantes pour notre vie chrétienne. Le départ de Jésus lors de l’Ascension marque le début d’une absence qui ouvre une porte toute grande à la démarche de ceux et celles qui le suivent. C’est à eux et à elles que revient la tâche de le rendre présent. Par leurs rassemblements, par leur écoute de sa Parole, par le partage de son Corps, ils deviennent eux-mêmes des signes de sa présence. On chante avec raison en s’inspirant de saint Paul « Vous êtes le Corps du Christ, vous êtes le Sang du Christ, alors, qu’avez-vous fait de lui? » ( Couplet du chant Je cherche le visage de John Littleton ).
Plutôt que d’imaginer l’Ascension comme la fin d’une belle histoire, nous sommes invités à voir ce mystère comme le début d’une grande histoire, d’un long périple dont nous sommes les participants et les participantes. C’est l’histoire de l’Église qui commence, une histoire aux multiples renversements, remplie de beautés, mais aussi de laideurs, une histoire de saintetés mais aussi de méchancetés. Et pourtant, Jésus prend le risque de quitter les siens définitivement en leur laissant le soin de le rendre présent autour d’eux et dans l’histoire.
Quelle belle mission pour nous aujourd’hui ! Nous nous demandons souvent, devant la situation de la foi chrétienne dans les sociétés industrialisées comme les nôtres, s’il est encore possible de rencontrer Jésus. La réponse est oui. Il est là par toi ou par moi qui rend témoignage par sa vie et ses engagements qu’il est toujours vivant
Conclusion
La célébration de l’Eucharistie est pour nous le lieu indispensable de la rencontre de Jésus enlevé au ciel et assis à la droite tu Père. Lorsque nous célébrons ensemble, il est là avec nous toujours vivant intercédant et nous unissant à lui dans la liturgie céleste autour de Dieu à laquelle nous sommes tous et toutes conviés pour l’éternité (cf. Hébreux 7, 25).
Faisons maintenant notre profession de foi et disons avec cœur aujourd’hui : « Je crois en Jésus-Christ… qui est monté aux cieux et qui est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant d’où il viendra juger les vivants et les morts ! »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec