LA PUISSANCE DU NOM DIVIN (ÉTUDE DU PSAUME 8)

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LA PUISSANCE DU NOM DIVIN (ÉTUDE DU PSAUME 8)

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Ce psaume 8 est bref, mais il contient l’univers entier…
Le psaume 8 est court et pourtant il évoque l’univers, l’homme et Dieu. Plus particulièrement, la grandeur du Nom de Dieu. Comment cela ?

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Première remarque qui est utile dans l’étude de bien des textes bibliques : le psaume 8 commence et se termine par une « inclusion ». Procédé littéraire assez courant, l’inclusion est la répétition volontaire d’un mot, d’une expression ou d’une phrase, que l’auteur veut mettre en valeur et qu’il utilise comme un indice de la construction de son texte (pour borner le passage, marquer ses parties ou le relier au contexte). L’inclusion est ici une doxologie, c’est-à-dire une formulation de la Gloire de Dieu :
« SEIGNEUR notre Seigneur,
que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (v. 2 et v. 10).
Deuxième remarque : quel est le vocabulaire dominant dans ce psaume ? Il parait simple de remarquer celui-ci :
v. 2 : terre, cieux
v. 4 : cieux, lune, étoiles
v. 7 : œuvres de tes mains
v. 8 : bétail, gros ou petit, bêtes sauvages
v. 9 : oiseau du ciel, poissons, mer.

Tous ces éléments sont ceux de la création, de l’univers. Mais un autre champ sémantique fait contrepoint :
v. 3 : tout petits, nourrissons
v. 5 : l’homme, l’être humain
v. 6 : presque un dieu

C’est l’homme, dans sa fragilité et sa dépendance, qui trouve une place dans la création.
Ces données rapprochées mettent en évidence que, dans ce psaume, c’est le Seigneur de la création, du cosmos, qui est loué ainsi que la puissance qu’il déploie au profit des mortels et qui réside dans son Nom.

Commentaire : Qu’est-ce donc que le « Nom » ?
Identité.
Le « Nom » a une grande importance dans le Premier Testament. Car, dans la Bible, le nom d’un être résume son rôle dans l’univers ; il exprime la totalité de la personne qu’il désigne et enferme en ses lettres la puissance de cet être. C’est pourquoi l’étymologie d’un nom donne en général un sens approprié à la nature et à la mission de celui qui le porte. « Adam », par exemple, vient de la racine « sol » dont il fut tiré (Gn 2,7). Autre exemple, « Noé » signifie « qui réconforte » parce que son père Lamech avait dit : « il nous réconfortera de nos labeurs et de la peine de nos mains » (Gn 5,29). « Isaac » vient de la racine « rire » car Abraham et Sarah avaient ri à l’annonce de la venue d’un fils sur leurs vieux jours (Gn 18,12). « Moïse » signifie « tiré » des eaux (Ex 2,10) parce qu’il avait été sauvé des eaux du Nil. Les lieux aussi reçoivent des noms significatifs. Le puits de « Lahaï-Roï » est le « puits du Vivant qui me voit » (Ex 16,14) ; « Mara », racine de l’amertume, est le lieu du désert où les fils d’Israël ne purent boire car l’eau était « amère » (Ex 15, 22-27) etc…

Le Nom divin.
Mais, en ce qui concerne Dieu, c’est lui-même qui dévoila son « Nom » aux hommes. S’il fut d’abord pour Moïse le Dieu des ancêtres, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Ex 3,6), en Ex 3,14, Dieu se nomme « Je suis qui je serai » et précise « c’est mon nom pour toujours, c’est ainsi que l’on m’invoquera de génération en génération ». Le Seigneur a livré à Moïse son Nom et son Mystère. Si l’ambiguïté de la formule « Je suis qui je serai » révèle le refus de se laisser enfermer dans les catégories des hommes, dans le même temps, son « être » semble orienté vers l’homme. En effet, en Ex 3,12, Le Seigneur affirme « Je suis avec toi », promettant ainsi que sa présence aux hommes sera constante et efficace. Et derrière ces deux aspects, ce Nom laisse entendre que Dieu est aussi Celui qui fait exister, qui décide de l’être.
Comme le montre le Ps 8, le Nom fera l’objet d’un culte. Nom redoutable, éternel, tout-puissant, saint et terrible, il sera la manière de s’adresser au Dieu transcendant qui, pourtant, est activement présent au sein de l’univers.
Par toute la terre, le Nom de Dieu est la signature de ses œuvres. Ce Nom dit, au cœur du monde, la majesté inatteignable du Créateur, il atteste que le ciel est « son » ciel, piqueté de la terre et des étoiles par son art, il atteste sa puissance qui maintient l’harmonie de l’être et de la vie.
Un Nom pour une alliance.
Toutefois, l’émerveillement né de la puissance du Nom ne s’arrête pas aux contemplations extérieures, il fait aussi naître l’interrogation sur la vie humaine : « Qu’est donc l’homme, pour que tu penses à lui, l’être humain, pour que tu t’en soucies ? » v. 5. Comment le Dieu Créateur peut-il se souvenir de l’homme, fragile, fini, simple mortel, fils d’Adam, poussière qui retournera à la poussière ? Comment le Dieu Créateur peut-il vouloir le visiter, en prendre souci, le rencontrer pour le sauver ? Beaucoup plus encore, comment Le Seigneur Créateur peut-il associer l’homme à sa permanente Gloire créatrice ?
C’est ce que le psaume nous révèle. Si l’homme est créature, elle est juste moins qu’un dieu et le Seigneur la couronne « de gloire et de beauté pour qu’il domine son œuvre ». Il a mis la création sous ses pieds. Or, ces multiples facettes du rôle privilégié de l’homme sont des dons de Dieu. Si vous étudiez le psaume en vous posant la question : « Qui agit ? », vous remarquerez que seul Le Seigneur agit. Lui seul crée, maintient l’être et l’harmonie, Lui seul attribue les rôles. Voilà bien la raison profonde de la louange ! Et si l’être humain est hautement valorisé, sa royauté sur la création ne vient ni de sa nature, ni de ses performances ou mérites, elle est un don gratuit de Dieu. C’est pourquoi ce don implique une responsabilité d’administration qui ne soit ni malhonnête, ni injuste, ni gaspilleuse. C’est pourquoi tous les hommes sont co-responsables du cosmos et co-protecteurs de la vie. C’est en cela aussi que l’homme est à l’image et à la ressemblance de Dieu, qu’il correspond au dessein créateur. Et sa louange est alors comme celle de « la bouche des enfants, des tout petits ». Se sachant faibles mais confiants, les enfants attendent les bienfaits de plus grand qu’eux. Ils agissent à l’ombre de leur Père et s’appuient sur son Nom.
Jésus et l’homme un peu moindre qu’un dieu…
Avec le Christ, nous pouvons aller plus loin dans l’interprétation du psaume, nous pouvons le comprendre selon une lecture chrétienne.
Jésus a mis en valeur la grandeur des petits : « Qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas » Lc 18,17. Cette posture d’accueil du don dans la simplicité et la confiance fait non seulement vivre le monde, mais encore elle le fait vivre, littéralement, dans l’être de Dieu, elle le fait vivre en « Royaume de Dieu ».
Or, c’est bien ce que le Christ a réalisé en plénitude.
Par son incarnation, par le fait qu’il s’est fait réellement homme, il est venu visiter les hommes pour les sauver comme le dit le v. 5 du psaume.
Mais il est aussi venu pour élever la nature humaine à une dignité inconcevable – et inconcevable à coup sûr pour le psalmiste qui ne bénéficiait pas de la Révélation de Dieu par le Fils de Dieu lui-même, Jésus-Christ – puisque lui, l’homme Jésus, fut ressuscité et élevé à la droite du Père où il partage à tout jamais la Gloire de Dieu. Il fut « couronné de gloire et de beauté » comme dit le v. 6 du psaume.
Nous rendons-nous compte de ce que cela signifie ? Nous rendons-nous compte que c’est l’avenir que Dieu nous promet ? Nous rendons-nous compte que l’expression « fils de Dieu par adoption » – qui est notre nom, à nous, chrétiens – est lestée du poids de cette dignité et de cette gloire ? Jésus-Christ est l’archétype de l’homme que nous pouvons devenir !
La Résurrection de Jésus a déjà réalisé, maintenant, sur notre vieille terre, en plénitude, la royauté de l’homme sur la création puisqu’elle a vraiment mis toute chose aux pieds de Jésus-Christ … la mort comprise !
Hommes, nous sommes investis d’une dignité royale pour faire de la création le Royaume de Dieu ; pour faire vivre la création de la vie même de Dieu, celle qui, par-delà la mort, mène à la vie en Dieu !

Autres psaumes à lire…
Souhaitez-vous voir comment le Nom du Seigneur est le refuge des hommes qui prient les Psaumes ? Reportez-vous aux versets suivants et à leurs contextes : Ps 54,3; 124,8; 52,11; 33,21. Puis relisez le chapitre 17 de l’évangile de Jean en vous arrêtant plus particulièrement sur les versets 17,6.11.12.26.
La révélation que nous sommes des « fils adoptifs » de Dieu n’est pas simple à cerner. Pour méditer cette notion qui porte en elle l’avenir de l’homme, reprenez, dans les lettres pauliniennes, Rm 8,15; Ga 4,4-7; Ep 1,5, que vous pouvez compléter par Rm 8,28-30 et 2 Co 6,16-18.
Enfin, quelle est la prière qui manifeste à l’évidence que nous sommes enfants de Dieu ? Et, à partir de Mt 6,9-13, vous pouvez rechercher tout ce que recouvre le Nom de « Père » au long du Nouveau Testament.

Catherine Bizot
Service biblique catholique Évangile et Vie

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