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HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE PÂQUES, B

13 avril, 2018

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Emmaus

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE PÂQUES, B

Ac 3, 13-15, 17-19 ; 1 Jn 2, 1-5 ; Lc 24, 35-48

La culture biblique crie famine. C’est ce que révèle un sondage fait auprès de 1250 jeunes italiens de 13 à 19 ans. Quels sont les noms des quatre évangélistes ? 64 % de mauvaises réponses. Que signifie « évangile » ? 31 % des étudiants l’ignoraient. Tout comme 52 % ignoraient qui étaient Abraham et Noé. Vous avez sans doute entendu parler de la Genèse (« Genesi » en italien) ? Tous ont répondu « oui », mais pour 36 % il s’agissait du groupe rock anglais « Genesis ».
Pourquoi vous raconter ces petits faits ? Parce que deux mots m’ont particulièrement frappé dans la méditation des textes liturgiques de ce dimanche : « ignorance » et « connaissance ». Un véritable péché d’ignorance qui va jusqu’au crime (1e lecture) et une connaissance dans laquelle il n’y a pas une once de vérité (2e lecture).
D’où cette prière d’accueil à la proclamation de l’évangile : Seigneur Jésus, fais-nous comprendre les Ecritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Et la réponse donnée par Jésus en saint Luc : « Alors, il ouvrit l’esprit de ses disciples à l’intelligence des Ecritures », eux qui, cependant, croyaient bien les connaître. Ce qui n’est pas notre cas puisque, en général, nous les connaissons peu et très mal.
Ce que Luc veut nous faire comprendre entre autres choses, c’est que les Ecritures (c’est-à-dire, à l’époque, l’Ancien Testament) ne peuvent bien se comprendre qu’à partir de la résurrection de Jésus. D’une certaine manière, la Bible se lit à l’envers, en commençant par la dernière partie, c’est-à-dire le Nouveau Testament. Pour nous, Jésus est l’interprète parfait de toutes les Ecritures, non seulement par son enseignement et ses commentaires, mais parce qu’il les a réalisées par sa vie, le don de sa vie et sa résurrection. En Jésus, la Loi, les Prophètes, les Psaumes, le vrai culte, ont été parfaitement accomplis.
Les apôtres savaient ce qui avait été écrit sur le Messie dans la Loi, les Prophètes et les Psaumes, mais ils n’avaient pas réussi à mettre un lien entre le Messie décrit et annoncé, et Jésus de Nazareth. Ils n’avaient pas compris. C’est lorsqu’ils auront fait l’expérience du Christ ressuscité que ces « lents à croire » vont non seulement comprendre et connaître, mais vivre autrement.
Ils ne se contenteront pas d’une connaissance de tête, d’intelligence et de mémoire, mais, par leur vie, ils deviendront des témoins du Messie mort et ressuscité.. D’où, l’importance de la lettre de Jean, qui nous explique que la vraie connaissance n’est pas d’ordre cérébral, elle est incarnation dans la vie quotidienne, une réalité visible, palpable.
Qui prétend connaître le Christ uniquement en brandissant un examen sans faute est un menteur. Seuls peuvent dire « Je le connais » ceux et celles qui gardent fidèlement sa Parole. Alors, ils rendent visible et rayonnante la vérité, c’est-à-dire l’amour de Dieu. La connaissance est expérience. Elle met en œuvre l’intelligence, le cœur, la volonté, et même le corps. Expérience de Dieu par la Parole écoutée et appliquée, les signes perçus dans le culte, dans les sacrements, dans le jardin de la nature, le témoignage et les événements, signes des temps.
Connaître quelqu’un, c’est créer des liens et des liens qui engagent. C’est s’aventurer sur le chemin de la communion, de l’harmonie des cœurs et des esprits, mais aussi de l’action commune.
Connaître le Seigneur, c’est l’aimer, reconnaître ses plans, ses projets, ses volontés, s’y soumettre et les vouloir. C’est se mettre en état permanent d’accueil et de conversion.
C’est pourquoi la Parole de Dieu ne doit pas seulement être écoutée, mais méditée et priée, pour qu’elle puisse être traduite en comportements de vie ou imitation du modèle. « En n’oubliant jamais, écrivait en substance un spirituel du Xe siècle, que le Christ, qui est la paix céleste, a été traité comme un révolté et un brigand. Il a exposé l’évangile, et on en a fait un blasphémateur de la Loi. Il a accompli les Prophètes et fut jugé comme un transgresseur des Ecritures ».
Vous avez écouté l’évangile. Cela se passait il y a plus de deux mille ans. Cela se passe aujourd’hui ici, chez nous. Le Christ est présent dans nos assemblées d’hommes et de femmes de peu de foi. C’est pour nos esprits lents à croire qu’il proclame d’abord la Parole et nous ouvre l’esprit à l’intelligence des Ecritures. C’est lui encore qui, tout à l’heure, nous dira ‘La Paix soit avec vous », avant de partager le Pain qui fait l’unité de son Corps-Eglise. Puis, il nous dispersera dans le monde en mission de service et de témoignage. Aujourd’hui encore, comme à Jérusalem à ses disciples, il nous dit : « C’est vous qui êtes mes témoins ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008