LES ANGES ET LES DÉMONS EXISTENT PEUT-ÊTRE DEPUIS LA NAISSANCE DE LA BIBLE.
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Les anges dans la Bible
LES ANGES ET LES DÉMONS EXISTENT PEUT-ÊTRE DEPUIS LA NAISSANCE DE LA BIBLE.
Les anges et les démons existent peut-être depuis la naissance de la Bible, mais les auteurs juifs ne les ont pas toujours pratiqués avec la même constance. L’historien, en effet, signale leur vogue dans le monde juif des trois derniers siècles qui précèdent la naissance de Jésus.
Les anges tiennent peu de place dans les livres bibliques écrits avant l’exil. On y remarque tout au plus la présence épisodique de l’Ange du Seigneur. Après le retour d’exil quelque chose change dans l’usage que les Juifs font des anges. La sobriété de la période prophétique n’a plus cours; finie aussi la prépondérance incontestée de l’Ange de Yahvé. Le regard des juifs change; leur univers mental se peuple d’anges et de démons.
Auparavant, les auteurs bibliques avaient déjà recours à des anges pour dire l’intervention de Dieu dans la vie du peuple, mais dans une proportion limitée. Les grandes figures qui apportaient au peuple la parole de Dieu, c’étaient les prophètes. Pas besoin d’anges, quand la parole de Dieu est prise en charge par des hommes animés par l’esprit, courageux et conscients de tout ce que leur condition d’hommes leur permettait de faire. Ces hommes-là disaient le message de Dieu par leurs actes. Mais, selon le mot de la Bible, après l’exil, les prophètes se sont tus, comme un feu que rien n’attise plus…
Entre anges et démons, un combat cosmique
Vers les 4è-3è siècles avant Jésus-Christ, les anges viennent en Israël dans les bagages des revenants de Babylone. L’univers religieux babylonien, en effet, est riche en figures angéliques. Les sept Anges de la face du Livre de Tobie, (Tb 12, 15) qui seront repris par le Livre de l’Apocalypse (8, 2), ont leur équivalent dans le monde religieux perse.
Ces anges ne se trouvent pas seulement dans les livres bibliques. Il sont même plus nombreux dans la littérature non canonique, non reconnue par les rabbins, celle que l’on appelle aussi apocryphe. Là, surtout dans l’une de ses branches, le courant apocalyptique, les anges et les démons font partie d’un système céleste très hiérarchisé, aux fonctions déterminées (ainsi dans le Livre d’Hénoch ), et ils s’affrontent souvent dans des combats cosmiques. À l’image de ce qu’ils sont dans la culture perse où se sont développés des courants manichéens binaires, bien d’un côté, mal de l’autre, ils sont alors au service d’une représentation binaire du monde, partagés en forces du bien et en forces du mal.
Ainsi, on en trouve le souvenir de cette lutte dans le Livre de Zacharie, où anges du bien et du mal se font face : « Il (Yahvé) me fit voir Josué le grand prêtre, qui se tenait devant l’ange de Yahvé, tandis que le Satan était debout, à sa droite pour l’accuser » ( Za 3, 1).
Le Dieu unique n’est pas l’auteur du mal
Mais, si avec les malheurs de l’exil et les difficultés de la reconstruction, les Juifs ont davantage pris conscience de la violence et de la permanence du mal, ils ont spontanément adopté un parti différent de celui des Perses.
Israël, la patrie du Dieu unique ne pouvait admettre que le monde se déchire entre des dieux du mal et des dieux du bien, qui auraient chacun leurs troupes angéliques ou sataniques. C’était au sens propre du mot, inconcevable. Israël a donc buté sur une impasse : Comment admettre la réalité du mal sans en accuser le Dieu unique ? C’est cette question, lentement mûrie dans les consciences juives, qui a préparé la révélation du Christ, prêt à prendre le mal sur lui pour que Dieu ne puisse en être tenu pour responsable. C’est pour cela que dans la Bible, les anges du mal n’occupent qu’une place minime.
Une identité fissurée
Pour mieux comprendre cette prolifération d’anges, un regard sur la société juive de cette période est très éclairant. Les temps sont difficiles… Toutes les images de l’identité juive se fissurent.
Au retour d’exil, il a fallu constater la dispersion qui affectait tous les enfants d’Israël. L’incompréhension s’était installée entre ceux qui étaient restés au pays et ceux qui revenaient, volontiers moralisateurs, fiers, malgré les épreuves, d’avoir vu du pays, d’avoir vécu dans une grande ville… Certaines familles étaient restés en Babylonie, d’autres encore étaient parties en Égypte. La diaspora juive était devenue une réalité et elle mettait en péril l’identité juive : Qui sommes-nous si une seule terre ne nous contient plus ?
Par ailleurs, le territoire d’Israël s’est trouvé aux mains des Grecs, successeurs d’Alexandre, de 333 à 142 av. J.C. Ils apportaient avec eux une culture déroutante pour les Juifs. Cela a provoqué des divisions dans la société juive : Fallait-il suivre ou refuser les pratiques des Grecs?
Toutes ces divisions amènent un climat de grande insécurité qui se traduit aussi dans les comportements religieux.
Un appel au secours
Ainsi, quand le cours des choses se fait tortueux, la Parole de Dieu semble difficile à comprendre au plus grand nombre. Des forces complexes, difficiles à identifier investissent les consciences; elles paralysent la parole et l’action. Les hommes se taisent, les anges arrivent… Faut-il en conclure à l’inutilité des anges ?
La réponse n’est pas aussi simple, mais deux remarques ouvrent le débat.
Les Evangiles nous donnent la clé du bon usage. Les anges n’y occupent qu’une place relative, dans les Évangiles de l’enfance, puis auprès du tombeau vide. Ils entourent la personne de Jésus, parce que les mots des évangélistes sont faibles pour dire l’irruption de Dieu dans le monde et son éternelle présence de Ressuscité.
En second lieu, si les hommes des siècles postérieurs à l’exil ont eu recours aux anges et aux démons, ce n’est pas par un choix délibéré. C’était peut-être la seule image disponible pour dire leur affolement devant un monde qu’ils ne comprenaient plus. Alors, risquons cette remarque en forme de question : le recours excessif aux anges et aux démons n’est-il pas un appel au secours ? En somme, plus il y a d’anges, plus il serait urgent de secourir les hommes….
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