HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE L’AVENT B

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Saint Jean-Baptiste, sa vie

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE L’AVENT B

Is 61, 1-2a, 10-11 ; Lc 1, 46-50, 53-54 ; 1 Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8, 19-28

Les champions du rire, qui exercent leurs talents au bénéfice des familiers du petit écran, ne sont pas pour autant des semeurs de joie. Il est vrai que l’on peut se dilater la rate sans être pénétré de joie, qui est, selon Descartes, « une agréable émotion de l’âme ».
La liturgie d’aujourd’hui, par contre, proclame sur tous les tons : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie ». Elle en donne aussi la raison générale : « Le Seigneur est proche », et des raisons particulières, telles la guérison des cœurs brisés et la délivrance des prisonniers.
Comme il n’y a pas de fête sans chant, la liturgie nous propose même un véritable tube qui brave les siècles, le cantique « Magnificat », interprété par Marie, la première Dame du royaume nouveau. L’ »incomparable cantatrice » chante la révolution de Dieu au refrain exaltant. Marche de la vraie joie, le Magnificat nous en révèle les racines, les fruits et le rayonnement, et harmonise ce qui nous apparaît trop souvent comme des contraires. Le cantique de Marie, en effet, est à la fois « le cantique de l’intériorité la plus profonde (l’exultation de l’adoration et de l’action de grâce) et celui de l’engagement pour la transformation du monde, à l’appel du Dieu Sauveur et Libérateur » (René Coste).
Plus qu’un simple poème, c’est l’écho radieux d’observations et découvertes quotidiennes. Mieux qu’une hymne, c’est une proclamation prophétique, doublée d’un programme de vie et d’entreprise.
Dégagés des contraintes du « droit d’auteur », nous sommes tous autorisés à le traduire dans l’aujourd’hui du temps. A en faire aussi notre air préféré, pour que s’unissent en une même voix l’alleluia de la reconnaissance et le cri des combats pour la justice et le respect de la personne humaine.
« Il ne s’agit pas, écrit encore René Coste, d’étudier le Magnificat. Il s’agit de l’habiter. Il s’agit de le vivre. Il s’agit de le re-crier à son tour ». Or, nous pouvons observer aujourd’hui encore que le Seigneur fait des merveilles pour l’humanité, pour son peuple qui est l’Eglise et pour chacun de nous.
En ouvrant bien les yeux et les oreilles, nous découvrirons sans peine des signes et des traces de la présence de Dieu et de la croissance de son Royaume, même en dehors des champs cultivés par les Eglises.
Il y a les jeunes pousses très variées, nées d’un vaste mouvement de renouveau et du surgissement de nouveaux prophètes, à intégrer harmonieusement dans les Eglises locales. Certes, ils peuvent étonner, déranger ou même effrayer ou scandaliser. Cependant Paul nous avertit : « N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal ». Ces précieux conseils sont toujours d’actualité. L’Esprit souffle où il veut et quand il veut. Dons et charismes peuvent donc surgir dans les lieux les plus surprenants. Ainsi, tout progrès d’une véritable justice, toute démarche sincère de pardon et d’amour du prochain, sont des signes de la croissance du royaume. Ne le voyez-vous pas ?
On peut certes se tromper de messie et de « grand prophète », ou hésiter sur son authenticité, comme les prêtres et les lévites de Jérusalem en présence du baptiseur. Toutefois, nous disposons d’un critère de discernement infaillible, dont Marie et Jean Baptiste nous donnent l’exemple. Le véritable prophète annonce toujours quelqu’un de plus grand que lui, le désigne et y conduit. Or, il n’y a pas plus grand que le Christ Jésus. Lui seul est important.
Et comment ne pas reprendre ici l’intervention d’Isaïe : « Dites aux esprits abattus : Prenez courage, ne craignez pas ; voici notre Dieu qui vient ; il vient nous sauver ». Ne le voyez-vous pas ?

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

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