Archive pour juin, 2017

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE LA SAINTE TRINITÉ, A

9 juin, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/archive/2008/05/14/homelie-du-dimanche-de-la-sainte-trinite-a.html

fr BandieraRV

Raffaello , Étendard de la Très Sainte Trinité, (Wiki, histoire, intéressant à lire:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Stendardo_della_Santissima_Trinit%C3%A0

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE LA SAINTE TRINITÉ, A

Ex 34, 4b-6, 8-9 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

Chaque fois que nous faisons le signe de la croix, chaque fois que nous proclamons le credo, nous évoquons le Père, le Fils et l’Esprit. Une affirmation de foi et un signe typiquement et uniquement chrétiens. C’est ainsi que, dans toutes les communautés chrétiennes, anglicane, protestante, réformée, orthodoxe, catholique romaine…, le baptême est conféré au nom du Père, du Fils et de l’Esprit, fondement d’une unité déjà réalisée. Une unité de base.
Par ailleurs, on conçoit aisément qu’il ne peut y avoir qu’un seul Dieu, même si on peut aller à lui par des chemins différents. Mais il est vrai aussi que l’image, l’idée ou la conception que l’on peut se faire de lui n’est pas unique (1). Ainsi, on l’a fait marcher avec les armées hitlériennes : « Gott mit uns ». Kamikazes et tueurs de tous genres prétendent que c’est lui qui arme leur bras. Et c’est au nom du Dieu unique que des femmes sont mutilées, humiliées, lapidées… Des chrétiens aussi ont persécuté ou tué au nom du seul vrai Dieu. Nous sommes encore toujours tentés de donner à Dieu un visage en fonction de nos peurs, de nos besoins de sécurité ou de puissance, de nos rêves ou de nos ambitions. Des images de Dieu parfois désastreuses.
Or, nul n’a jamais vu Dieu, dit S. Jean, qui ajoute aussitôt que Jésus, lui, nous l’a fait connaître. C’est grâce à son témoignage que les Evangiles nous parlent du Père, du Fils et de l’Esprit. Et c’est à partir de là que des théologiens grecs, à la fin du IIe siècle, ont parlé de la Sainte Triade. Ce qu’il faudrait traduire, écrivait un théologien français, « Le saint Trio ». C’est également à la fin du IIe siècle, mais du côté latin, que Tertullien de Carthage parlera pour la première fois de « la Trinité d’une seule divinité, Père, Fils et Esprit Saint ». Trinitas étant un mot qui suggère à la fois le pluriel avec « tri » et l’unité, « unitas ».
Je ne vais pas vous entraîner dans une bataille de mots et de formules, ni dans une aventure millénaire de mathématique sacrée et de spéculation intellectuelle. Ce qui n’est pas sans importance, car la notion même de trinité pose problème, puisqu’il s’agit d’un scandale pour les Juifs et d’un blasphème pour les Musulmans. Nous ne devons pas pour autant être tous capables de jongler avec l’ »un » et le « trois », avec personne et nature, essence et substance, personne et hypostase, relation et « procession » (2). Il s’agit là de notions d’origine philosophique, utilisées pour tenter de dire quelque chose de l’intimité de l’être même de Dieu. Ce qui constitue le plus grand des mystères, inaccessible à la seule raison. Cependant, si l’on peut en parler, c’est grâce à la Parole et à l’expérience même de Jésus. Il nous a mis sur la piste. Il nous apporte la lumière d’une révélation. Il n’y a donc pas que l’approche dogmatique, intellectuelle et spéculative de ce mystère. Pour nous aussi, il peut y avoir une approche expérimentale, qui débouche sur une pratique, une manière de vivre au quotidien.
Si nous sommes créés comme à l’image et à la ressemblance de Dieu, le mystère de notre être et de notre vie, nos aspirations les plus profondes, nos besoins spirituels les plus intenses, doivent, en toute logique, être un peu les mêmes qu’en Dieu. Le mystère de la vie intime de Dieu doit correspondre à quelque chose qui est également essentiel et vital pour nous. Le moindre éclairage de ce mystère a donc une incidence sur notre vie quotidienne, aussi bien personnelle que communautaire ou sociale.
Si Dieu est amour, rien qu’amour, et donc l’amour absolu, il n’est pas éternelle solitude. Il est nécessairement échange permanent, dynamisme de communication permanente, relation réussie, communion parfaite, dialogue éternel, respect infini, don perpétuel, liberté suprême… Ce qui faisait dire et répéter au philosophe et scientifique Gaston Bachelard et, après lui, le prêtre mystique Maurice Zundel : « Au commencement est La Relation ». Ce qui veut dire que certaines expériences humaines très fortes et les plus fortes, dont celles de l’amour, de l’amitié, d’une fraternité idéale, peuvent nous faire entrevoir un petit quelque chose de la vie intime de Dieu. Et de l’autre côté, nous pouvons ainsi percevoir un modèle, un éclairage, une perfection, et donc aussi une exigence, pour les relations d’amour et de charité que nous essayons tant bien que mal de vivre, tant au niveau personnel que familial et social, à tous les niveaux. La Trinité pourrait donc se définir « un Art de vivre ».
Nous voici dans le concret quotidien et non plus dans l’abstrait. A l’image de Dieu, nous sommes par nature vie et don, relation et communication, partage et désir de communion. Et donc communion avec d’autres, et avec ce Tout-Autre et ce Tout-Semblable qui se veut si proche. Ce qui veut dire que toutes les relations familiales et conjugales, sociales et autres, qui existent entre les êtres humains, et donc aussi entre nous, traduisent finalement l’image et l’idée que nous nous faisons de Dieu. Ce qui entraîne un témoignage à rendre… Ainsi, celui d’Irina Sendler, cette héroïne polonaise. Elle a sauvé 2.500 enfants juifs du ghetto de Varsovie, car « éduquée dans l’idée qu’il faut sauver quelqu’un qui se noie, sans tenir compte de sa religion ou de sa nationalité… ».
D’où, cette interrogation : Comment les autres, qu’ils soient proches ou lointains, chrétiens, juifs ou musulmans, peuvent-ils entrevoir en nous observant, en nous voyant vivre, le Dieu d’amour et de paix, de pardon et de miséricorde dont parle S. Paul ?
C’est pourquoi, après le périple de l’année liturgique qui s’est clôturé par la Pentecôte, l’Eglise nous demande, en ce dimanche de la Trinité, si nous savons qui est Dieu. Et bien, ce n’est pas croire en quelque chose d’abstrait. C’est découvrir quelqu’un qui nous aime et qui attend que nous soyons des témoins de l’amour infini dont nous pouvons déjà faire l’expérience.
Mais tout peut se dire, en sept mots : « Si tu vois la charité, dit S. Augustin, tu vois la Trinité ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

Cf l’Exposition « Traces du sacré », le retour du divin, à Beaubourg, au centre Pompidou jusqu’au 11 août (LLB 08.05.08, p 20, et « La Vie », 30.04.08, p 20-24)
Le fait de procéder du Père et du Fils

PAPE FRANÇOIS (2014) – (Le don de la crainte de Dieu)

8 juin, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2014/documents/papa-francesco_20140611_udienza-generale.html

it ETHIOPIC ASCENSION

Etiopic Ascension

PAPE FRANÇOIS (2014) – (Le don de la crainte de Dieu)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 11 juin 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Le don de la crainte de Dieu, dont nous parlons aujourd’hui, conclut la série des sept dons de l’Esprit Saint. Cela ne signifie pas avoir peur de Dieu : nous savons bien que Dieu est Père, et qu’il nous aime et veut notre salut, et qu’il pardonne, toujours ; c’est pourquoi il n’y a aucune raison d’avoir peur de Lui ! La crainte de Dieu, au contraire, est le don de l’Esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits face à Dieu et à son amour et que notre bien réside dans l’abandon, avec humilité, avec respect et confiance, entre ses mains. Telle est la crainte de Dieu : l’abandon dans la bonté de notre Père qui nous aime tant.
Lorsque l’Esprit Saint établit sa demeure dans notre cœur, il nous transmet réconfort et paix, et nous conduit à nous sentir tels que nous sommes, c’est-à-dire petits, avec cette attitude — tant recommandée par Jésus dans l’Évangile — de celui qui place toutes ses préoccupations et ses attentes en Dieu et se sent entouré et soutenu par sa chaleur et sa protection, précisément comme un enfant avec son papa ! C’est ce que fait l’Esprit Saint dans nos cœurs: il nous fait sentir comme des enfants dans les bras de notre papa. Dans ce sens, alors, nous comprenons bien que la crainte de Dieu prend en nous la forme de la docilité, de la reconnaissance et de la louange, en emplissant notre cœur d’espérance. En effet, tant de fois, nous ne réussissons pas à saisir le dessein de Dieu, et nous nous apercevons que nous ne sommes pas capables de garantir pour nous-mêmes le bonheur et la vie éternelle. C’est précisément dans l’expérience de nos limites et de notre pauvreté, toutefois, que l’Esprit nous réconforte et nous fait percevoir que la seule chose importante est de nous laisser conduire par Jésus entre les bras de son Père.
Voilà pourquoi nous avons tant besoin de ce don de l’Esprit Saint. La crainte de Dieu nous fait prendre conscience que tout vient de la grâce et que notre véritable force réside uniquement dans le fait de suivre le Seigneur Jésus et de laisser le Père déverser sur nous sa bonté et sa miséricorde. Ouvrir son cœur, afin que la bonté et la miséricorde de Dieu pénètrent en nous. C’est ce que fait l’Esprit Saint avec le don de la crainte de Dieu : il ouvre les cœurs. Un cœur ouvert afin que le pardon, la miséricorde, la bonté, les caresses du Père viennent à nous, car nous sommes ses fils infiniment aimés.
Lorsque nous sommes envahis par la crainte de Dieu, alors nous sommes portés à suivre le Seigneur avec humilité, docilité et obéissance. Mais cela, non pas à travers une attitude résignée et passive, ou même de lamentation, mais avec l’émerveillement et la joie d’un fils qui se reconnaît servi et aimé par le Père. La crainte de Dieu, donc, ne fait pas de nous des chrétiens timides, soumis, mais engendre en nous courage et force ! C’est un don qui fait de nous des chrétiens convaincus, enthousiastes, qui ne sont pas soumis au Seigneur par peur, mais parce qu’ils sont émus et conquis par son amour ! Etre conquis par l’amour de Dieu ! Et cela est une belle chose. Se laisser conquérir par cet amour de papa, qui nous aime tant, qui nous aime de tout son cœur.
Mais soyons attentifs, parce que le don de Dieu, le don de la crainte de Dieu est également une « alarme » face à la ténacité du péché. Lorsqu’une personne vit dans le mal, lorsqu’elle blasphème contre Dieu, lorsqu’elle exploite les autres, lorsqu’elle les tyrannise, lorsqu’elle ne vit que pour l’argent, pour la vanité, ou le pouvoir, ou l’orgueil, alors la sainte crainte de Dieu nous met en garde : attention ! Avec tout ce pouvoir, avec tout cet argent, avec tout ton orgueil, avec toute ta vanité, tu ne seras pas heureux. Personne ne peut apporter avec soi dans l’au-delà ni l’argent, ni le pouvoir, ni la vanité, ni l’orgueil. Rien ! Nous ne pouvons apporter que l’amour que Dieu le Père nous donne, les caresses de Dieu, acceptées et reçues par nous avec amour. Et nous pouvons apporter ce que nous avons fait pour les autres. Attention à ne pas placer l’espérance dans l’argent, dans l’orgueil, dans le pouvoir, dans la vanité, parce que tout cela ne nous promet rien de bon! Je pense, par exemple, aux personnes qui ont une responsabilité sur les autres et qui se laissent corrompre ; vous pensez qu’une personne corrompue sera heureuse dans l’au-delà ? Non, tout le fruit de sa corruption a corrompu son cœur et il sera difficile d’aller vers le Seigneur. Je pense à ceux qui vivent de la traite des personnes et du travail d’esclave ; vous pensez que ces gens qui sont impliqués dans la traite des êtres humains, qui exploitent les personnes à travers le travail d’esclave ont dans leur cœur l’amour de Dieu ? Non, ils n’ont pas la crainte de Dieu et ne sont pas heureux. Ils ne le sont pas. Je pense à ceux qui fabriquent des armes pour fomenter les guerres ; mais pensez un peu au genre de métier que c’est. Je suis certain que si je vous pose à présent la question : combien de vous sont fabricants d’armes ? Personne, personne. Ces fabricants d’armes ne viennent pas écouter la Parole de Dieu ! Ils fabriquent la mort, ils sont marchands de mort et font un commerce de mort. Que la crainte de Dieu leur fasse comprendre qu’un jour, tout finit et qu’ils devront rendre compte à Dieu.
Chers amis, le psaume 34 nous fait élever cette prière : « Un pauvre a crié, Yahvé écoute, et de toutes ses angoisses il le sauve. Il campe, l’ange de Yahvé, autour de ses fidèles, et il les dégage » (vv. 6-7). Demandons au Seigneur la grâce d’unir notre voix à celle des pauvres, pour accueillir le don de la crainte de Dieu et pouvoir nous reconnaître, avec eux, revêtus de la miséricorde et de l’amour de Dieu, qui est notre Père, notre papa. Ainsi soit-il.

BENOÎT XVI – ROMANOS LE MÉLODE, THÉOLOGIEN, POÈTE ET COMPOSITEUR

7 juin, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080521.html

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Ange musicien

BENOÎT XVI – ROMANOS LE MÉLODE, THÉOLOGIEN, POÈTE ET COMPOSITEUR

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 21 mai 2008

Chers frères et soeurs,

Dans la série des catéchèses sur les Pères de l’Eglise, je voudrais aujourd’hui parler d’une figure peu connue: Romanos le Mélode, né vers 490 à Emesa (aujourd’hui Homs) en Syrie. Théologien, poète et compositeur, il appartient au grand groupe des théologiens qui ont transformé la théologie en poésie. Nous pensons à son compatriote saint Ephrém de Syrie, qui vécut deux cents ans avant lui. Mais nous pensons également à des théologiens de l’Occident, comme saint Ambroise, dont les hymnes font encore aujourd’hui partie de notre liturgie et touchent également notre cœur; ou à un théologien, à un penseur d’une grande vigueur, comme saint Thomas, qui nous a donné les hymnes de la fête du Corpus Domini de demain; nous pensons à saint Jean de la Croix et à tant d’autres. La foi est amour et c’est pourquoi elle crée de la poésie et elle crée de la musique. La foi est joie, c’est pourquoi elle crée de la beauté.
Ainsi, Romanos le Mélode est l’un d’entre eux, un poète et compositeur théologien. Ayant appris les premiers éléments de la culture grecque et syriaque dans sa ville natale, il se transféra à Berito (Beyrouth), où il perfectionna son instruction classique et ses connaissances rhétoriques. Ordonné diacre permanent (v. 515), il y fut prédicateur pendant trois ans. Puis il se transféra à Constantinople vers la fin du règne d’Anasthase I (v. 518), et s’établit dans le monastère près de l’église de la Théotókos, Mère de Dieu. C’est là qu’eut lieu l’épisode-clef de sa vie: le Synaxaire nous informe de l’apparition en rêve de la Mère de Dieu et du don du charisme poétique. En effet, Marie lui intima d’avaler une feuille roulée. Le lendemain matin – c’était la fête de la Nativité du Seigneur – Romanos alla déclamer à l’ambon: « Aujourd’hui la Vierge fait naître le Transcendant » (Hymne « Sur la Nativité » I. Préambule). Il devint ainsi prédicateur et chantre jusqu’à sa mort (après 555).
Romanos demeure dans l’histoire comme l’un des auteurs d’hymnes liturgiques les plus représentatifs. L’homélie était alors, pour les fidèles, l’occasion pratiquement unique d’instruction catéchétique. Romanos apparaît ainsi comme le témoin éminent du sentiment religieux de son époque, mais également d’un style vivace et original de catéchèse. A travers ses compositions, nous pouvons nous rendre compte de la créativité de cette forme de catéchèse, de la créativité de la pensée théologique, de l’esthétique et de l’hymnographie sainte de ce temps. Le lieu où Romanos prêchait était un sanctuaire de la périphérie de Constantinople: il montait à l’ambon placé au centre de l’église et s’adressait à la communauté en ayant recours à une mise en scène demandant de grands moyens: il utilisait des représentations murales ou des icônes disposées sur l’ambon et il avait aussi recours au dialogue. Ses homélies étaient des homélies métriques chantées, appelées « contacio » (kontakia). Le terme « kontákion », « petite verge », paraît renvoyer au bâtonnet autour duquel on enroulait le rouleau d’un manuscrit liturgique ou d’un autre type. Les kontákia qui nous sont parvenus sous le nom de Romanos sont au nombre de quatre-vingt-neuf, mais la tradition lui en attribue mille.
Chez Romanos, chaque kontákion est composé de strophes, généralement de dix-huit à vingt-quatre, avec un nombre de syllabes égales, structurées sur le modèle de la première strophe (irmo); les accents rythmiques des versets de toutes les strophes se modèlent sur ceux de l’irmo. Chaque strophe se conclut par un refrain (efimnio) généralement identique, pour créer l’unité poétique. En outre, les initiales de chaque strophe indiquent le nom de l’auteur (acrostico), souvent précédé par l’adjectif « humble ». Une prière se référant aux faits célébrés ou évoqués conclut l’hymne. Une fois terminée la lecture biblique, Romanos chantait le Préambule, généralement sous forme de prière ou de supplique. Il annonçait ainsi le thème de l’homélie et expliquait le refrain à répéter en chœur à la fin de chaque strophe, qu’il déclamait de manière cadencée à haute voix.
Un exemple significatif nous est offert par le kontakion pour le Vendredi de la Passion: c’est un dialogue dramatique entre Marie et son Fils, qui se déroule sur le chemin de croix: Marie dit: « Où vas-tu, mon fils? Pourquoi accomplis-tu si vite le cours de ta vie? / Jamais je n’aurais cru, mon fils, te voir dans cet état, / et je n’aurais jamais imaginé que les impies seraient arrivés à ce point de fureur / levant les mains sur toi contre toute justice ». Jésus répond: « Pourquoi pleures-tu, ma mère? (…). Je ne devrais pas souffrir? Je ne devrais pas mourir? / Comment pourrais-je donc sauver Adam? ». Le fils de Marie console sa mère, mais il la rappelle à son rôle dans l’histoire du salut: « Dépose, donc, mère, dépose ta douleur: / les gémissements ne te conviennent pas, car tu fus appelée « pleine de grâce »" (Marie au pied de la croix, 1-2; 4-5). Ensuite, dans l’hymne sur le sacrifice d’Abraham, Sara se réserve la décision sur la vie d’Isaac. Abraham dit: « Quand Sara écoutera, mon Seigneur, toutes tes paroles, / ayant connu ta volonté elle me dira: / – Si celui qui nous l’a donné le reprend, pourquoi nous l’a-t-il donné? (…) – Toi, ô vieillard, mon fils, laisse-le moi, / et quand celui qui t’a appelé le voudra, il devra me le dire » (Le sacrifice d’Abraham, 7).
Romanos adopte non pas le grec byzantin solennel de la cour, mais un grec simple proche du langage du peuple. Je voudrais ici citer un exemple de sa manière vivace et très personnelle de parler du Seigneur Jésus: il l’appelle « source qui ne brûle pas et lumière contre les ténèbres » et dit:  » Je brûle de te tenir dans la main comme une lampe; / en effet, celui qui porte une lampe parmi les hommes est illuminé sans brûler. / Illumine-moi donc, Toi qui es la Lampe inextinguible » (La Présentation ou Fête de la rencontre, 8). La force de conviction de ses prédications était fondée sur la grande cohérence entre ses paroles et sa vie. Dans une prière, il dit: « Rends claire ma langue, mon Sauveur, ouvre ma bouche / et, après l’avoir remplie, transperce mon cœur, pour que mon action / soit cohérente avec mes paroles » (Mission des Apôtres, n. 2).
Examinons à présent certains de ses thèmes principaux. Un thème fondamental de sa prédication est l’unité de l’action de Dieu dans l’histoire, l’unité entre création et histoire du salut, l’unité entre Ancien et Nouveau Testament. Un autre thème important est la pneumatologie, c’est-à-dire la doctrine sur l’Esprit Saint. En la fête de la Pentecôte, il souligne la continuité qu’il y a entre le Christ monté au ciel et les apôtres, c’est-à-dire l’Eglise, et il en exalte l’action missionnaire dans le monde: « (…) avec la vertu divine ils ont conquis tous les hommes; / ils ont pris la croix du Christ comme une plume, / ils ont utilisé les paroles comme des filets et avec ceux-ci ils ont pêché le monde, / ils ont eu le Verbe pour hameçon pointu, / un appât est devenu pour eux / la chair du Souverain de l’univers » (La Pentecôte 2; 18).
Un autre thème central est naturellement la christologie. Il n’entre pas dans le problème des concepts difficiles de la théologie, tant débattus à cette époque et qui ont aussi tant déchiré l’unité non seulement entre les théologiens, mais également entre les chrétiens dans l’Eglise. Il prêche une christologie simple mais fondamentale, la christologie des grands Conciles. Mais surtout il est proche de la piété populaire – du reste les concepts des Conciles sont nés de la piété populaire et de la connaissance du cœur chrétien – et ainsi Romanos souligne que le Christ est vrai homme et vrai Dieu, et en étant vrai Homme-Dieu il est une seule personne, la synthèse entre création et Créateur: dans ses paroles humaines nous entendons parler le Verbe de Dieu lui-même. « Il était homme – dit-il – le Christ, / mais il n’est cependant pas divisé en deux: il est Un, fils d’un Père qui est Un seulement » (La Passion 19). Quant à la mariologie, reconnaissant à la Vierge pour le don du charisme poétique, Romanos la rappelle à la fin de presque tous les hymnes et lui consacre ses kontáki les plus beaux: Nativité, Annonciation, Maternité divine, Nouvelle Eve.
Enfin, les enseignements moraux se rapportent au jugement final (Les dix vierges [II]). Il nous conduit vers ce moment de la vérité de notre vie, de la confrontation avec le Juge juste et par conséquent il exhorte à la conversion dans la pénitence et dans le jeûne. De manière concrète, le chrétien doit pratiquer la charité, l’aumône. Il accentue le primat de la charité sur la continence dans deux hymnes, les Noces de Cana et les Dix vierges. La charité est la plus grande des vertus: « (…) dix vierges possédaient la vertu de la virginité intacte, / mais pour cinq d’entre elles le dur exercice fut sans fruit. / Les autres brillèrent par les lampes de l’amour pour l’humanité, / c’est pourquoi l’époux les invita » (Les dix Vierges, 1).
Une humanité palpitante, l’ardeur de foi, une profonde humilité imprègnent les chants de Romanos le Mélode. Ce grand poète et compositeur nous rappelle tout le trésor de la culture chrétienne, née de la foi, née du cœur qui a rencontré le Christ, le Fils de Dieu. De ce contact du cœur avec la Vérité qui est Amour naît la culture, est née toute la grande culture chrétienne. Et si la foi reste vivante, cet héritage culturel aussi ne devient pas chose morte, mais reste vivant et présent. Les icônes parlent encore aujourd’hui au cœur des croyants, ce ne sont pas des choses du passé. Les cathédrales ne sont pas des monuments médiévaux, mais des maisons de vie, où nous nous sentons « à la maison »: nous rencontrons Dieu et nous nous rencontrons les uns les autres. La grande musique non plus – le chant grégorien ou Bach ou Mozart – n’est pas une chose du passé, mais elle vit de la vitalité de la liturgie et de notre foi. Si la foi est vivante, la culture chrétienne ne devient pas du « passé », mais reste vivante et présente. Et si la foi est vivante, aujourd’hui aussi nous pouvons répondre à l’impératif qui se répète toujours à nouveau dans les Psaumes: « Chantez au Seigneur un chant nouveau ». Créativité, innovation, chant nouveau, culture nouvelle et présence de tout l’héritage culturel dans la vitalité de la foi ne s’excluent pas, mais sont une unique réalité; ils sont la présence de la beauté de Dieu et de la joie d’être ses fils.

 

PAPE BENOÎT XVI – VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE – PARVIS DE NOTRE-DAME, PARIS

6 juin, 2017

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2008/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20080912_parigi-giovani.html

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MARIE VIERGE - NOTRE-DAME, PARIS

VOYAGE APOSTOLIQUE EN FRANCE À L’OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE
DES APPARITIONS DE LOURDES
(12 – 15 SEPTEMBRE 2008)

AUX JEUNES

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

Parvis de Notre-Dame, Paris
Vendredi 12 septembre 2008

Chers jeunes,

Après le recueillement priant des Vêpres à Notre-Dame, c’est avec enthousiasme que vous me saluez ce soir, donnant ainsi un caractère festif et très sympathique à cette rencontre. Elle me rappelle celle inoubliable de juillet dernier à Sydney, à laquelle certains d’entre vous ont participé à l’occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse. Ce soir, je voudrais vous parler de deux points profondément liés l’un à l’autre, qui constituent un véritable trésor où vous pourrez mettre votre cœur (cf. Mt 6, 21).
Le premier se rapporte au thème choisi pour Sydney. Il est aussi celui de votre veillée de prière qui va débuter dans quelques instants. Il s’agit d’un passage tiré des Actes des Apôtres, livre que certains appellent fort justement l’Évangile de l’Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). Le Seigneur le dit maintenant à vous ! Sydney a fait redécouvrir à de nombreux jeunes l’importance de l’Esprit Saint dans la vie du chrétien. L’Esprit nous met intimement en rapport avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine authentique. Tous, vous cherchez à aimer et à être aimés ! C’est vers Dieu que vous devez vous tourner pour apprendre à aimer et pour avoir la force d’aimer. L’Esprit, qui est Amour, peut ouvrir vos cœurs pour recevoir le don de l’amour authentique. Tous, vous cherchez la vérité et vous voulez en vivre ! Cette vérité, c’est le Christ. Il est le seul Chemin, l’unique Vérité et la vraie Vie. Suivre le Christ signifie véritablement « prendre le large », comme le disent à plusieurs reprises les Psaumes. La route de la Vérité est en même temps une et multiple, selon les divers charismes de chacun, tout comme la Vérité est une et à la fois d’une richesse inépuisable. Confiez-vous à l’Esprit Saint pour découvrir le Christ. L’Esprit est le guide nécessaire de la prière, l’âme de notre espérance et la source de la vraie joie.
Pour approfondir ces vérités de foi, je vous encourage à méditer la grandeur du sacrement de la Confirmation que vous avez reçu et qui vous introduit dans une vie de foi adulte. Il est urgent de mieux comprendre ce sacrement pour vérifier la qualité et la profondeur de votre foi et pour l’affermir. L’Esprit Saint vous fait approcher du Mystère de Dieu et vous fait comprendre qui est Dieu. Il vous invite à voir dans votre prochain, le frère que Dieu vous a donné pour vivre avec lui en communion, humainement et spirituellement, pour vivre en Église, donc. En vous révélant qui est le Christ, mort et ressuscité pour nous, Il vous pousse à témoigner. Vous êtes à l’âge de la générosité. Il est urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux d’études, de travail ou de loisirs. N’ayez pas peur ! Ayez « le courage de vivre l’évangile et l’audace de le proclamer » (Message aux jeunes du Monde, 20 juillet 2007). Pour cela, je vous encourage à avoir les mots qu’il faut pour annoncer Dieu autour de vous, appuyant votre témoignage sur la force de l’Esprit demandé dans la prière. Portez la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge et aussi aux autres. Ils connaissent les turbulences des affections, le souci et l’incertitude face au travail et aux études. Ils affrontent des souffrances et ils font l’expérience de joies uniques. Témoignez de Dieu, car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté catholique en vertu de votre baptême et en raison de la commune profession de foi (cf. Eph 4, 5). L’Église vous fait confiance, je tiens à vous le dire !
En cette année dédiée à saint Paul, je voudrais vous confier un second trésor, qui était au centre de la vie de cet Apôtre fascinant. Il s’agit du mystère de la Croix. Dimanche, à Lourdes, je célèbrerai la fête de la Croix Glorieuse en me joignant à d’innombrables pèlerins. Beaucoup d’entre vous portent autour de leur cou une chaîne avec une croix. Moi aussi, j’en porte une, comme tous les Évêques d’ailleurs. Ce n’est pas un ornement, ni un bijou. C’est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel du ralliement au Christ. Saint Paul parle clairement de la croix au début de sa première Lettre aux Corinthiens. A Corinthe, vivait une communauté agitée et turbulente qui était exposée aux dangers de la corruption de la vie ambiante. Ces dangers sont semblables à ceux que nous connaissons aujourd’hui. Je ne citerais que les suivants : les querelles et les luttes au sein de la communauté des croyants, la séduction offerte par de pseudo sagesses religieuses ou philosophiques, la superficialité de la foi et la morale dissolue. Saint Paul débute sa Lettre en écrivant : « Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers le salut, pour nous, il est puissance de Dieu » (1 Cor 1,18). Puis l’Apôtre montre l’opposition singulière qui existe entre la sagesse et la folie, selon Dieu et selon les hommes. Il en parle lorsqu’il évoque la fondation de l’Église à Corinthe et au sujet de sa propre prédication. Il conclut en insistant sur la beauté de la sagesse de Dieu que le Christ et, à sa suite, ses Apôtres sont venus enseigner au monde et aux chrétiens. Cette sagesse, mystérieuse et demeurée cachée (Cf. 1 Cor 2, 7), nous a été révélée par l’Esprit car « l’homme qui n’a que ses forces d’homme ne peut pas saisir ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; pour lui ce n’est que folie, et il ne peut pas comprendre, car c’est par l’Esprit qu’on en juge » (1 Cor 2, 14).
L’Esprit ouvre l’intelligence humaine à de nouveaux horizons qui la dépassent et lui fait comprendre que l’unique vraie sagesse réside dans la grandeur du Christ. Pour les chrétiens, la Croix symbolise la sagesse de Dieu et son amour infini révélé dans le don salvifique du Christ mort et ressuscité pour la vie du monde, pour la vie de chacun et de chacune d’entre vous en particulier. Puisse cette découverte d’un Dieu qui s’est fait homme par amour, cette découverte bouleversante vous inviter à respecter et à vénérer la Croix ! Elle est non seulement le signe de votre vie en Dieu et de votre salut, mais elle est aussi – vous le comprenez – le témoin muet des douleurs des hommes et, en même temps, l’expression unique et précieuse de toutes leurs espérances. Chers jeunes, je sais que vénérer la Croix attire aussi parfois la raillerie et même la persécution. La Croix compromet en quelque sorte la sécurité humaine, mais elle affermit, aussi et surtout, la grâce de Dieu et confirme notre salut. Ce soir, je vous confie la Croix du Christ. L’Esprit Saint vous en fera comprendre les mystères d’amour et vous crierez alors avec Saint Paul : « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, comme moi pour le monde » (Gal 6, 14). Paul avait compris la parole de Jésus – apparemment paradoxale – selon laquelle c’est seulement en donnant («en perdant ») sa propre vie qu’on peut la trouver (cf. Mc 8,35 ; Jn 12,24) et il en avait conclu que la Croix exprime la loi fondamentale de l’amour et est la formulation parfaite de la vraie vie. Puisse l’approfondissement du mystère de la Croix faire découvrir à certains d’entre vous l’appel à servir le Christ de manière plus totale dans la vie sacerdotale ou religieuse !
Il est temps maintenant de commencer la veillée de prière pour laquelle vous vous êtes rassemblés ce soir. N’oubliez pas les deux trésors que le Pape vous a présentés ce soir : l’Esprit Saint et la Croix ! Je voudrais, pour conclure vous dire encore une fois que je vous fais confiance, chers jeunes, et je voudrais que vous éprouviez aujourd’hui et demain l’estime et l’affection de l’Église ! Maintenant, nous voyons ici : l’Église vivante… Que Dieu vous accompagne chaque jour et qu’Il vous bénisse ainsi que vos familles et vos amis. Bien volontiers, je vous donne la Bénédiction Apostolique ainsi qu’à tous les jeunes de France.

Merci pour votre foi et bonne veillée.

 

LES MIRACLES DE SAINT PAUL – QUATRE IMAGES POUR LA VIE

5 juin, 2017

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LES MIRACLES DE SAINT PAUL – QUATRE IMAGES POUR LA VIE

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Nous n’avons pas une biographie de saint Paul; mais lui-même nous a laissé, dans la deuxième lettre à Timothée, quatre images qui résument les aventures de sa vie. «Quant à moi, mon sang est déjà répandu en libation, et il est temps de déployer les voiles. J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Et maintenant, voici qu’est préparé pour moi la couronne de justice…» (2 Tm 4,6-8). Le sang est versé.
C’est le sang de l’apôtre qui est versé sur le brasier comme en sacrifice. Les païens et les juifs (dans le temple de Jérusalem) offraient des sacrifices en versant sur un brasier de l’huile ou du sang des victimes (brebis, bovidés, etc.). L’huile ou le sang brûlait et la fumée montait vers le ciel pour arriver jusqu’à Dieu. Saint Paul sent que sa vie est arrivée à son terme.
Il sera en effet décapité sur la voie qui mène à Ostie et c’est là que les Chrétiens ont construit la Basilique de Saint-Paul-hors les-Murs à Rome. Déployer les voiles pour les bateaux, c’est le départ. La voie de la navigation était la plus rapide et la plus sûre. Saint Paul a beaucoup navigué. Il est arrivé jusqu’en Espagne, semble-t-il.
Le but de tous ces voyages était pour l’apôtre de visiter les communautés chrétiennes et de les fortifier dans la foi. Il a même fait naufrage (trois fois selon 2 Cor 12, 25). A la fin de sa vie, il se prépare à voyager pour atteindre finalement la paix auprès de Dieu.
Le bon combat. Dans sa vie, saint Paul a toujours lutté. Les adversaires ne manquaient pas. Les juifs, fidèles à la tradition mosaïque, ne le laissaient jamais en paix. C’était comme une écharde, une épée pointue, qui le blessait et qui le faisait saigner.
Selon le livre des Actes, saint Paul a failli être tué à Philippes, après avoir été roué de coups (Actes 16,22-24). A Ephèse aussi (Actes 19,23-40), à cause du tumulte provoqué par les orfèvres, menacés dans leur commerce par la prédication de l’Evangile.
Et encore à Jérusalem, dans le tumulte provoqué par les Juifs originaires d’Asie (Actes 22, 22-29). Et toujours l’apôtre a été sauvé par le pouvoir romain qui intervenait pour faire respecter la loi. J’ai achevé ma course. Saint Paul connaissait le monde du sport et il en utilisait les images.
Le stade grec était long de 180 mètres. Au fond ,il y avait une colonne, autour de laquelle il fallait faire demi-tour quand la course était double. Et le vainqueur recevait une couronne de lauriers comme récompense.
L’apôtre dit d’avoir couru, c’est-à-dire, d’avoir œuvré toute sa vie pour recevoir une couronne, non pas de lauriers qui vont se fâner et être jetés, mais une couronne de justice qui dure pour l’éternité. Blaise Pascal (savant et philosophe français, né en 1623 et mort à Paris en 1662) imagine ce dialogue entre le Seigneur et l’apôtre Paul, à propos du salut (= couronne de justice, selon le langage de l’apôtre).
Le Seigneur dit: «Si tu connaissais tes péchés, tu n’aurais même pas le courage de me parler». Et Paul: «Alors, je n’ai plus le courage de rester devant toi, Seigneur». «Non – lui dit le Seigneur, – parce que tes péchés te seront révélés seulement au moment où ils seront pardonnés!».
Le Seigneur, en effet, est le Seigneur de la justice, qui se manifeste dans la miséricorde (Luc 6,36).

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Nous sommes habitués à lire les écrits de saint Paul, à les étudier, à essayer de les comprendre dans leur difficulté. Saint Pierre aussi reconnaissait que son frère dans le ministère utilisait un langage difficile (2P 3, 15-16). Mais saint Paul était-il vraiment un apôtre à l’enseignement très élevé, volait-il toujours très haut? Descendait-il des fois plus bas, comme en vol rase-mottes, pour s’occuper des affaires ordinaires de la vie de tous les jours? Oui. Il n’oubliait jamais les pauvres, les faibles, les laissés pour compte, les pécheurs, les païens…
Et puis, comme tout le monde, il travaillait de ses mains. Il ne restait jamais dans l’oisiveté. A l’école du célèbre rabbin Gamaliel à Jérusalem, il avait appris non seulement le sens profond des écritures, mais aussi un métier pour gagner son pain quotidien. Il était tisserand.
Il fabriquait des tentes pour l’armée romaine. Et c’était une affaire importante, qu’il avait héritée de son père à Tarse (son village natal, dans l’actuelle Turquie).
En effet, le ravitaillement de l’armée romaine (300.000 soldats en moyenne campés aux frontières de l’Empire) était une entreprise colossale qui donnait du travail à des milliers de personnes. Mais saint Paul avait-il des attentions pour les gens ordinaires aux prises avec les difficultés, les maladies, les problèmes de la vie? Finalement un grand saint, comme l’Apôtre des gentils, a-t-il fait des miracles?
Oui, mais ce n’est pas dans ses lettres que nous en trouverons la description, plutôt dans le livre des Actes, écrit par son disciple et fidèle secrétaire, saint Luc.

Un faiseur de miracles?
Quand on parle de miracles, on pense à Lourdes (France), où la Vierge Marie distribue des grâces à tous les pèlerins. Ou bien à Cascia (Italie), où il y a le célèbre sanctuaire dédié à sainte Rita.
Ou bien à Padoue (Italie), où le tombeau de saint Antoine est visité chaque année par des millions de fidèles. Saint Paul aussi a fait (et peut en faire encore aujourd’hui, à travers sa prière d’intercession) des miracles. En voici la liste détaillée :
- Le magicien Elymas est rendu aveugle à Chypre : Actes 13,6-12. – Guérison d’un estropié à Lystres: Actes 14,8-18. – Guérison d’une servante possédée par un esprit divinateur à Philippes: Actes 16,16-18. – Délivrance miraculeuse des missionnaires de la prison à Philippes: Actes 16,23-28.
- Un jeune, Eutyque, tombé du troisième étage et mort, est ressuscité par Paul à Troas: Actes 20,7-12.
- Paul, mordu par un serpent venimeux, une vipère, ne ressentit aucun mal à Malte: Actes 28,1-6. Saint Paul a fait des miracles, mais pas à la façon de Jésus. Les Evangiles nous disent qu’une force mystérieuse sortait de sa personne et tous les malades qui s’approchaient de lui avec foi, étaient guéris: Marc 6,56; Matthieu 14,34-36; Luc 4,40-41; etc
L’apôtre des gentils voulait simplement que sa parole soit écoutée, que rien n’empêche l’annonce de l’Evangile, que tout le monde ait accès au salut grâce à la foi dans le Christ Crucifié et Ressuscité.

L’Evangile toujours
Lors de sa conversion sur le chemin de Damas, Paul (à ce temps-là, il avait encore le nom juif de Saoul) a été contacté par Ananie, qui venait le voir au nom de Jésus. «Saoul, mon frère – lui dit-il,
- celui qui m’envoie c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint». Ananie, au premier moment, ne voulait pas se rendre auprès de Paul, parce qu’il avait peur de ce persécuteur des disciples du Seigneur.
Mais Jésus lui avait dit dans une vision: «Va, car cet homme m’est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites» (Actes 9,1-15)
. Ananie imposa les mains sur Paul, qui recouvra la vue, fut rempli de l’Esprit Saint et baptisé sur le champ. Aussitôt, il se mit à prêcher Jésus et à proclamer qu’il était le Fils de Dieu. A partir de sa conversion, saint Paul ne s’arrêta plus et la prédication missionnaire devint sa véritable occupation.
Prédication avec tous les moyens de l’époque: voyages par mer et par terre, rencontres, enseignements, prières et écrits. Saint Paul comprit qu’il fallait fortifier la foi des jeunes Communautés chrétiennes, même pendant son absence.
Il envoyait donc des lettres. Nous en avons 13 qui lui sont attribuées. 7 sont sans aucun doute de lui, appelées avec un terme savant, les lettres «protopauliniennes», composées entre les années 50 et 60 après Jésus Christ (donc bien avant les quatre Evangiles): 1 Thessaloniciens, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, Romains et la lettre à Philémon.
Et les six autres? Elles sont le fruit de la tradition paulinienne et appelées de ce fait, «deutéropauliniennes». Saint Paul, envoyé comme « instrument de choix», c’est-à-dire comme missionnaire de l’Evangile de Jésus, est resté fidèle à sa vocation. Surtout parmi les nations païennes, dans le monde grec et romain de l’époque. Monde qu’il connaissait, étant né à Tarse et ayant la citoyenneté romaine.
Le prophète Isaïe n’avait-il pas dit ceci? «Tu suceras le lait des gojîm (=païens)» (Isaïe 60,16). Le Cardinal John Henry Newman (né à Londres en 1801 et mort à Birmingham en 1890) avait donné de ce verset l’explication de la nécessité du dialogue entre la tradition biblique et les différentes cultures du monde.
Ce que saint Paul a fait d’une manière admirable, même si l’apôtre des gentils utilise un langage direct, vrai et sans ambages. Il n’aimait pas les adjectifs ou les vols poétiques. Ses phrases souvent ne respectaient même pas les règles de la grammaire.
A juste titre, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704), un évêque français, célèbre prédicateur et écrivain, a dit du style des écrits pauliniens: «Saint Paul ne chatouille pas les oreilles (au moyen d’un discours mélodieux et plaisant), mais il touche directement l’intelligence et le cœur». De toute façon, saint Paul a été le plus grand de tous les Missionnaires de l’Evangile de Jésus, et un exemple que nous pouvons imiter aujourd’hui encore.

Tonino Falaguasta Nyabenda

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE PENTECÔTE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

4 juin, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2017/documents/papa-francesco_20170604_omelia-pentecoste.html

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Le pape à la veille de la Pentecôte, Rome Circus Maximus

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE PENTECÔTE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Dimanche 4 juin 2017

Se conclut aujourd’hui le temps de Pâques, cinquante jours qui, de la Résurrection de Jésus à la Pentecôte, sont marqués de manière spéciale par la présence de l’Esprit Saint. C’est lui, en effet, le Don pascal par excellence. C’est l’Esprit créateur, qui réalise toujours des choses nouvelles. Deux nouveautés nous sont montrées dans les Lectures d’aujourd’hui : dans la première, l’Esprit fait des disciples un peuple nouveau ; dans l’Évangile, il crée dans les disciples un cœur nouveau.
Un peuple nouveau. Le jour de Pentecôte, l’Esprit est descendu du ciel, sous forme de « langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa sur chacun […]. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 3-4). La Parole de Dieu décrit ainsi l’action de l’Esprit, qui se pose d’abord sur chacun et ensuite met tous en communication. Il fait à chacun un don et réunit tous dans l’unité. En d’autres termes, le même Esprit crée la diversité et l’unité et, ainsi, façonne un peuple nouveau, diversifié et uni : l’Église universelle. D’abord, avec imagination et de manière imprévisible, il crée la diversité ; à chaque époque, en effet, il fait fleurir des charismes nouveaux et variés. Ensuite, le même Esprit réalise l’unité : il relie, réunit, recompose l’harmonie : « Par sa présence et son action, il réunit dans l’unité les esprits qui sont distincts les uns des autres et séparés » (Cyrille d’Alexandrie, Commentaire sur l’évangile de Jean, XI, 11). En sorte qu’il y ait l’unité vraie, celle selon Dieu, qui n’est pas uniformité, mais unité dans la différence.
Pour réaliser cela, il convient de nous aider à éviter deux tentations récurrentes. La première, c’est celle de chercher la diversité sans l’unité. Cela arrive quand on veut se distinguer, quand on crée des coalitions et des partis, quand on se raidit sur des positions qui excluent, quand on s’enferme dans des particularismes propres, jugeant peut-être qu’on est meilleur ou qu’on a toujours raison. Ce sont les soi-disant ‘‘gardiens de la vérité’’. Alors, on choisit la partie, non le tout, l’appartenance à ceci ou à cela avant l’appartenance à l’Église ; on devient des ‘‘supporters’’ qui prennent parti plutôt que des frères et sœurs dans le même Esprit ; des chrétiens ‘‘de droite ou de gauche’’ avant d’être de Jésus ; des gardiens inflexibles du passé ou des avant-gardistes de l’avenir avant d’être des enfants humbles et reconnaissants de l’Église. Ainsi, il y a la diversité sans l’unité. La tentation opposée est en revanche celle de chercher l’unité sans la diversité. Cependant, ainsi, l’unité devient uniformité, obligation de faire tout ensemble et tout pareil, de penser tous toujours de la même manière. De cette façon, l’unité finit par être homologation et il n’y a plus de liberté. Mais, dit saint Paul, « là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté » (2 Co 3, 17).
Notre prière à l’Esprit Saint, c’est alors de demander la grâce d’accueillir son unité, un regard qui embrasse et aime, au-delà des préférences personnelles, son Église, notre Église ; de prendre en charge l’unité de tous, de mettre fin aux bavardages qui sèment la division et aux envies qui empoisonnent, car être des hommes et des femmes d’Église signifie être des hommes et des femmes de communion ; c’est de demander également un cœur qui sente l’Église notre mère et notre maison : la maison accueillante et ouverte, où on partage la joie multiforme de l’Esprit Saint.
Et venons-en à la seconde nouveauté : un cœur nouveau. Jésus Ressuscité, en apparaissant pour la première fois aux siens, dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (Jn 20, 22-23). Jésus ne condamne pas les siens, qui l’avaient abandonné et renié durant la passion, mais il leur donne l’Esprit du pardon. L’Esprit est le premier don du Ressuscité et il est donné avant tout pour pardonner les péchés. Voilà le commencement de l’Église, voilà la colle qui nous maintient ensemble, le ciment qui unit les briques de la maison : le pardon. Car, le pardon est le don à la puissance n, c’est le plus grand amour, celui qui garde uni malgré tout, qui empêche de s’effondrer, qui renforce et consolide. Le pardon libère le cœur et permet de recommencer : le pardon donne l’espérance ; sans pardon l’Église ne s’édifie pas.
L’Esprit du pardon, qui résout tout dans la concorde, nous pousse à refuser d’autres voies : celles hâtives de celui qui juge, celles sans issue de celui qui ferme toutes les portes, celles à sens unique de celui qui critique les autres. L’Esprit nous exhorte, au contraire, à parcourir la voie à double sens du pardon reçu et du pardon donné, de la miséricorde divine qui se fait amour du prochain, de la charité comme « unique critère selon lequel tout doit être fait ou ne pas être fait, changé ou pas changé » (Isaac de l’Étoile, Discours 31). Demandons la grâce de rendre toujours plus beau le visage de notre Mère l’Église en nous renouvelant par le pardon et en nous corrigeant nous-mêmes : ce n’est qu’alors que nous pourrons corriger les autres dans la charité.
Demandons-le à l’Esprit Saint, feu d’amour qui brûle dans l’Église et en nous, même si souvent nous le couvrons de la cendre de nos péchés : ‘‘Esprit de Dieu, Seigneur qui te trouves dans mon cœur et dans le cœur de l’Église, toi qui conduis l’Église, façonne-la dans la diversité, viens ! Pour vivre, nous avons besoin de Toi comme de l’eau : descends encore sur nous et enseigne-nous l’unité, renouvelle nos cœurs et enseigne-nous à aimer comme tu nous aimes, à pardonner comme tu nous pardonnes ! Amen’’.

 

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE LA PENTECÔTE, A

2 juin, 2017

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Dimanche de la Pentecôte,

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE LA PENTECÔTE, A

Ac 2, 1-11 ; 1 Co 12, 3b-7, 12-13 ; Jn 20, 19-23

Il y a des paroles ou des événements qui nous coupent bras et jambes et nous laissent même parfois le cœur déchiré. Et cependant, nous n’en continuons pas moins à vivre, à marcher, à nous servir de nos mains… Nous utilisons, en effet, très souvent un langage symbolique. Ainsi, si je vous dis que j’ai le cœur déchiré, personne ne va se précipiter pour m’offrir un pansement de secours, appeler un médecin ou une ambulance. Tout le monde, en effet, aura compris, même si l’on ne peut découvrir la nature exacte du choc ou la cause de la blessure. Et si le langage est symbolique, l’épreuve n’en est pas moins réelle et la souffrance aussi. Ce qui veut dire que le langage symbolique nous révèle des vérités profondes qui vont bien au-delà des réalités matérielles perceptibles. Il conduit au cœur des choses et il n’est pas meilleur langage pour exprimer quelque peu le mystère de Dieu. Le symbole est, pour la Bible, « la chair même de son langage ». Un ancien commentaire juif de l’Exode soutenait qu’au Sinaï, quand Dieu a donné la Loi à Moïse, la voix de Yahwé s’était divisée en 70 langues, pour que toutes les nations puissent comprendre la Loi. Et pourquoi 70 ? Parce que, après le déluge, les descendants de Noé sont à l’origine de la répartition de 70 nations sur la terre, semble dire la Genèse, chapitre 10. Encore faut-il savoir que 7 est le chiffre de la série parfaite. Et un autre commentateur juif ajoute que la voix de Dieu se serait transformée en feu, sous forme de flamme, correspondant aux dialectes des auditeurs. En clair, la Parole de Dieu, exprimée dans la Loi, s’adresse à tous les humains, de toutes les races, langues et nations. Et ils la reçoivent, exprimée, incarnée dans la diversité des cultures. Or, la fête anniversaire du don de la Loi au Sinaï, c’est la Pentecôte. On ne s’étonnera donc pas de voir, dans les Actes, Luc reprenant les mêmes symboles. Par contre, Jean, dans son évangile, pas du tout. Il n’y a chez lui ni vent impétueux, ni feu qui se partage en langues. Et cela se passe un autre jour. Le message est cependant le même : Jésus fait participer les siens à l’Esprit qui l’anime lui-même. Il fait de ses apôtres, femmes et hommes, des envoyés chargés de poursuivre sa mission et d’annoncer la Bonne Nouvelle. « Faites comme moi et dans le même Esprit ». Non pas dans une langue unique, mais avec un message que chaque race, langue et nation, puisse accueillir, comprendre et exprimer dans sa propre culture. Ce que nous appelons aujourd’hui l’inculturation. La Pentecôte est ainsi la fête de l’unité dans la diversité. Comme nous l’indique également Paul, l’Esprit fait respecter la diversité des cultures, des fonctions et des dons. Il en fait les matériaux et les instruments de l’unité d’un corps et non pas des facteurs d’opposition et de division. Mais comment reconnaître les manifestations et expériences de l’Esprit ? Dans l’Ecriture, il est présenté comme souffle et comme vie, comme souffle de Dieu. Esprit de vie, feu de l’amour. L’Esprit transforme, transfigure, procure des énergies et des dons. Il choque, il pénètre, il inspire, il enivre, il donne la vie et procure la chaleur de l’amour. L’évêque Jean, un mystique orthodoxe, mort en 1970, estimait que la meilleure image du Saint Esprit était celle de la fission atomique. Il faut, pour cela, qu’un noyau d’atome lourd subisse un bombardement de neutrons. D’où un choc, une pénétration, la fission du noyau qui libère des neutrons, mais surtout une énorme quantité d’énergie. Telle est, pourrait-on dire, l’action de l’Esprit. L’expérience spirituelle de Jérémie le confirme : « La Parole de Dieu était dans mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m’épuisais à le contenir. Mais je ne l’ai pas pu. » Dès lors, il s’est mis à prêcher, à oser, à dénoncer, à prendre des risques. Il ne s’agit donc pas de sentir un courant d’air, ni d’entendre des roulements de tonnerre, ou de voir des langues de feu tomber du ciel ou du plafond. Et cependant, l’Esprit vient comme un souffle, un vent violent. Il ne renverse pas des tables, des chaises ou des corps, mais les barrières de l’égoïsme, de l’individualisme et des nationalismes, le carcan des étroitesses, les chaînes de l’uniformité, les aveuglements de la lettre. Il est un dynamisme, une inspiration qui donne, entre autres choses, le goût de l’engagement et des responsabilités, de la solidarité et du partage. De chrétiens habitués, anémiques, peureux ou essoufflés, il fait des chrétiens « gonflés ». C’est ce que disait un jour un ministre de la Confirmation à chaque confirmand : « Sois un chrétien plein de punch, un chrétien gonflé du souffle créateur de l’Esprit Saint ». D’où, cette réponse d’un jeune : ‘L’Esprit Saint sera le turbo de ma foi. Je veux être confirmé pour que l’Eglise reste jeune ». Il s’agit donc d’une expérience spirituelle et intérieure, dont on voit les effets dans le comportement de ceux et celles qui la vivent. Ils deviennent alors des témoins de l’amour de Dieu très concret pour tout être humain, spécialement les plus faibles. Ces témoins sont légions. Ils sont souvent de petites flammes « qui brillent dans la désespérance des banlieues, au milieu de la souffrance des chambres d’hôpitaux, ou dans les bas-fonds des villes », dans la solitude et la misère des taudis. Aux baptisés et confirmés que nous sommes, Dieu nous dit aujourd’hui : Qu’as-tu fait de mon Esprit ? N’es-tu pas un chrétien essoufflé ? Nous voici invités à reprendre souffle, à raviver le don de l’Esprit Saint. Mais comment ? En faisant de notre cœur et de notre esprit une coupe en attente de recevoir Dieu, disait l’évêque Jean. Et quant on l’attend vraiment, il vient comme un souffle. Alors, des vies sont transformées, l’appétit vient pour la Parole de Dieu, on voit éclore un nouvel amour de la prière, une nouvelle générosité au service des autres, une redécouverte de la communauté chrétienne et de l’évangélisation. Se lève aussi un souci d’incarner la foi dans la vie quotidienne, de passer des connaissances et des doctrines aux initiatives et aux risques de l’amour et de la justice, du pardon et de la paix au quotidien.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)    1925 – 2008

PENTECÔTE : PRIÈRE DE PENTECÔTE (RITE ORTHODOXE)

1 juin, 2017

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PENTECÔTE : PRIÈRE DE PENTECÔTE (RITE ORTHODOXE)

Auteur : Mgr Stephanos, métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie

Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité,
fais-nous comprendre que notre prière à Dieu ne Lui est pas adressée pour uniquement nous éloigner de nos préoccupations et de nos besoins matériels mais pour que nous restions avant tout fidèles au rôle libérateur de son Eglise ; à celui de son Amour fou pour l’homme, emprisonné dans les exigences torturantes de sa nature mortelle ;
Toi qui es partout présent et qui remplis tout, Trésor de grâces et Donateur de vie,
fais que notre prière devienne une contestation dynamique et réelle du système de la consommation qui réduit en esclavage une grande part de l’humanité, la privant de Tes bienfaits par l’aveuglement qu’il engendre ;

Viens et demeure en nous,
fais que notre prière ne se limite pas à la seule vision myope d’une simple amélioration des mœurs mais que plus encore elle manifeste avec force notre discernement radical entre la vie et la mort : la vie comme liberté de l’amour et la mort comme emprisonnement dans l’individualité naturelle ;

Purifie-nous de toute souillure,
fais que par notre prière nous reconnaissions la faiblesse de notre nature humaine, nos divisions, nos scandales, l’indignité des représentants et des membres de ton Eglise et que cette reconnaissance soit pareillement humble à celle du Christ, qui a accepté la mort de l’humanité jusque sur la croix et jusqu’au plus profond des enfers ;

Et sauve nos âmes, Toi qui es bonté,
fais que notre prière en ce temps de la Pentecôte nous identifie avec les faiblesses de tous les hommes afin que, pleinement renouvelés par la paisible beauté du Visage du Ressuscité qui crée toute communion, nous puissions nous aussi réellement remplir notre vocation propre comme signe et sacrement du Royaume. 0, divin Paraclet, que brille en nous la Lumière véritable afin qu’en Elle nous puissions contempler Celui que nous osons appeler Père, grâce à Toi. Amen.

 

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