SAINTS PIERRE ET PAUL
28 juin, 2017
Eglise de Saint-Pierre et Paul, Prague
SAINTS PIERRE ET PAUL
Saint Pierre et saint Paul sont fêtés ensemble le 29 juin parce qu’ils sont reconnus par la Tradition chrétienne comme les deux piliers de l’Église. L’Église romaine, c’est l’Église de Pierre et de Paul. Un article de Alain Marchadour, bibliste.
Fresque de Thomas von Villach (XVe siècle) dans l’église de l’Abbaye St-Paul, en Carinthie (Autriche). © D. R.
Pierre, l’homme aux clés et Paul, l’homme à l’épée, si souvent associés, aussi bien dans l’histoire de la mission que dans la liturgie, et dans les représentations artistiques. Pierre était galiléen, un pêcheur installé à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade. Paul était un juif de la diaspora, de Tarse en Asie Mineure,pharisien et citoyen romain. Tous deux verront leur vie bouleversée par l’irruption d’un homme qui leur dit: « Suis-moi ». Pierre et Paul seront réunis dans leur confession de foi jusqu’au sang à Rome, puisqu’ils y ont été martyrisés pour leur foi en Jésus.
Trois ans après sa conversion (en 37), Paul a souhaité se rendre à Jérusalem pour voir Pierre (Galates 1,18-19). Ce sont deux géants de la foi qui se retrouvent. Pour Paul, soupçonné de faire bande à part, il est essentiel de faire comprendre aux Galates que, depuis le commencement, ce ne fut jamais le cas. C’est vrai qu’il a attendu trois ans, ce qui souligne sa liberté et sa vocation propre, née sur la route de Damas. Mais, pour contrer l’accusation d’être isolé et à part, il tient à faire savoir aux Galates qu’il a voulu rencontrer le chef de l’Église.
Le premier concile
La seconde rencontre entre Paul et Pierre se déroule beaucoup plus tard, après le second voyage de Paul, sans doute en 51. Paul a acquis de l’expérience, il a beaucoup reçu de la communauté d’Antioche où il a passé douze années. Il a appris à travailler avec Barnabé, puis seul, comme responsable d’Église, tout en étant secondé par des collaborateurs bien choisis.
Dans sa longue période missionnaire, des conflits ont surgi entre les divers courants, qui portaient surtout sur l’ouverture vers le monde païen : faut-il imposer aux païens les institutions et les rites juifs (circoncision, fêtes, sabbat, règles alimentaires), comme le pense Jacques, frère du Seigneur ? Ou faut-il, selon la pratique de Paul, se dégager de ces rites pour offrir le message de Jésus dans sa radicalité et sa pureté, aux nations païennes ? Le conflit est sérieux. C’est pour tenter de faire un bon discernement qu’une rencontre officielle entre les grandes figures de l’Église est alors organisée à Jérusalem.
Deux décisions sont prises
Nous en avons deux versions, une dans les Actes (Actes 15,1-29), l’autre dans la lettre aux Galates (Galates 2,1-10). Avec des nuances, elles se rejoignent pour l’essentiel. Deux décisions sont prises : d’abord les missions respectives de Pierre vers les Juifs et de Paul vers les païens sont reconnues l’une et l’autre comme légitimes : « Jacques, Cephas et Jean, considérés comme des colonnes de l’Église, nous donnèrent la main à moi et à Barnabé en signe de communion afin que nous allions, nous vers les païens, eux vers les circoncis ». (Galates 2,9). C’est un pas important, qui devrait faire taire les opposants judaïsants à Paul, et lui accorder une plus grande liberté d’esprit pour poursuivre le travail auprès des païens.
Ensuite une seconde décision, porte sur des rites alimentaires particuliers que les païens seraient invités à respecter (Actes 15,29). Mais il semble que Paul ne l’a jamais imposée à ses Églises.
La place de Jacques
On note que l’énumération des autorités par Paul suit un ordre particulier « Jacques, Céphas et Jean » (Galates 2,9). On peut en déduire que Jacques a pris la première place dans l’Église-mère de Jérusalem. Il est vraisemblable que la famille terrestre de Jésus, qui avait résisté à son enseignement de son vivant, a changé de comportement après la Résurrection. Elle a même revendiqué une place dominante dans l’Église-mère de Jérusalem après la Résurrection, se donnant comme mission de ne laisser personne gauchir le message originel de Jésus.
Père Alain Marchadour bibliste – Prions en Église ; décembre 2008