LA FOI COMME RÉPONSE À UN APPEL
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LA FOI COMME RÉPONSE À UN APPEL
Le cycle des origines ou des récits fondateurs étant clos (Genèse 1-11), commence alors la grande fresque de l’histoire du salut. Dieu entre dans l’histoire et s’adresse à Abraham : Yahvé dit à Abram : Va et quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, vers le pays que je te ferai voir, de sorte que je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je rendrai grand ton nom pour être une bénédiction, je bénirai ceux qui te béniront et réprouverai qui te maudira de sorte que se béniront par toi tous les clans de la terre. Abram s’en alla comme le lui avait dit Yahvé et Lot s’en alla avec lui (Gn 12, 1-4a).
La tradition interprétera cette intervention divine dans la vie d’Abraham comme un récit de vocation. Mais si on le compare à d’autres récits de vocation (Moïse, Jérémie), on n’y trouve pas d’énoncé de mission ni d’objection de la part de l’appelé. Abraham sera une bénédiction (ce qui peut être associé à une mission), mais celle-ci contient en elle-même son efficacité à la mesure de l’accueil qu’on réservera à Abraham.
Abraham est placé devant la promesse d’un pays et d’une descendance. C’est en fait le rêve de tout semi-nomade : s’établir dans l’espace et établir la pérennité de son nom. Son obéissance ne s’exprime pas en parole mais par une mise en route. L’auteur de la Lettre aux Hébreux saisit bien la nature du rapport d’Abraham avec Dieu : Par la foi, Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait (He 11,8). Abraham est appelé à la foi : telle est sa vocation. On peut en énumérer quatre caractéristiques.
Abraham est appelé comme individu, mais il est mis en relation avec une multitude d’autres personnes: avec son peuple, mais aussi avec le monde entier. Toutes les familles de la terre seront bénies en lui. Dans chaque vocation, il y donc un rapport entre le personnel et l’universel. Abraham est appelé pour tous et non en parallèle avec d’autres appelés. Les autres, par contre, seront appelés par Dieu en solidarité avec Abraham, le premier appelé.
La vocation d’Abraham a un caractère générique, du fait qu’elle est une vocation de départ. C’est un début, et comme pour tout début, on ne peut savoir d’avance le parcours qui conduira à la réalisation du projet, ni quelle forme il prendra. Il est demandé à Abraham d’avoir confiance et de prendre la route, de cheminer dans la foi sans trop savoir où sa foi le conduira. Il marche sur la seule base de sa confiance en Dieu. Il ne lui est pas demandé de rassembler un peuple, comme Yahvé le demandera à Moïse. Il lui est juste dit qu’un peuple naîtra de sa foi. Abraham ne verra pas cependant le fruit de sa foi.
L’expérience de l’appel d’Abraham est une invitation. Il était libre de partir. S’il n’était pas parti, Abraham aurait probablement poursuivi son petit train-train quotidien. Du point de vue de l’histoire du salut, il n’y aurait pas eu la création d’un peuple croyant, car la situation préalable du monde, décrite par l’auteur yahviste, est plutôt lamentable. Le fossé n’avait cessé de s’élargir entre les hommes et Dieu. Dieu ne menace Abraham d’aucun châtiment, s’il ne part pas. Il lui montre un avenir, mais Abraham est libre de le saisir. Plus tard, avec la conclusion de l’alliance avec Moïse, le caractère obligatoire de l’alliance sera plus apparent, car il y aura un enjeu important: accepter l’alliance, c’est vivre; la refuser, c’est mourir. Il faut choisir et en accepter les conséquences. L’appel que Dieu lance à Abraham, « tend à le rendre responsable au sujet de son avenir et de celui de son peuple », comme l’écrit le cardinal Martini (Bible et vocation, Médiaspaul, p. 41). Abraham est lié au destin d’autres personnes.
L’appel d’Abraham provoque une rupture avec le passé. L’idée d’un retour en arrière est exclue de l’expérience d’Abraham. Cette vocation de départ est un aller simple; c’est une marche vers l’avenir avec un détachement de la précédente manière de vivre. Les pérégrinations d’Abraham le conduiront toujours de l’avant. Il ne retournera jamais en Mésopotamie quand la famine se fera sentir en Canaan. Au niveau de son pèlerinage de foi, Abraham ne répétera jamais le passé; sa route est toujours neuve.
Yves Guillemette, ptre
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