Archive pour le 22 février, 2017

PAPE FRANÇOIS – 11. L’ESPÉRANCE NE DÉÇOIT PAS (CF. RM 5,1-5)

22 février, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2017/documents/papa-francesco_20170215_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 11. L’ESPÉRANCE NE DÉÇOIT PAS (CF. RM 5,1-5)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 15 février 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dès notre enfance, on nous enseigne qu’il n’est pas beau de se vanter. Dans ma terre, on appelle ceux qui se vantent des «paons». Et c’est juste, parce que se vanter de ce que l’on est ou de ce que l’on a, dénote, outre un certain orgueil, également un manque de respect à l’égard des autres, en particulier à l’égard de ceux qui ont moins de chance que nous. Mais dans ce passage de la lettre aux Romains, l’apôtre Paul nous surprend, car il nous invite au moins à deux reprises à nous vanter. De quoi alors est-il juste de se vanter? Parce que si lui exhorte à se vanter, alors c’est qu’il existe quelque chose dont il est juste de se vanter. Et comment peut-on faire cela, sans offenser les autres, sans exclure personne?
Dans le premier cas, nous sommes invités à nous enorgueillir de l’abondance de la grâce dont nous sommes comblés en Jésus Christ, au moyen de la foi. Paul veut nous faire comprendre que, si nous apprenons à lire chaque chose à la lumière de l’Esprit Saint, nous nous apercevons que tout est grâce! Tout est don! Si nous faisons attention, en effet, à agir — dans l’histoire comme dans notre vie — ce n’est pas seulement nous, mais c’est avant tout Dieu. C’est Lui le protagoniste absolu, qui crée toute chose comme un don d’amour, qui tisse la trame de son dessein de salut et qui le porte à son accomplissement pour nous, à travers son Fils Jésus. Il nous est demandé de reconnaître tout cela, de l’accueillir avec gratitude et d’en faire un motif de louange, de bénédiction et de grande joie. Si nous faisons cela, nous sommes en paix avec Dieu et nous faisons l’expérience de la liberté. Et cette paix s’étend ensuite à tous les domaines et à toutes les relations de notre vie: nous sommes en paix avec nous-mêmes, nous sommes en paix en famille, dans notre communauté, au travail et avec les personnes que nous rencontrons chaque jour sur notre chemin.
Paul, toutefois, nous exhorte à nous enorgueillir également dans les épreuves. Cela n’est pas facile à comprendre. Cela nous apparaît plus difficile et il peut sembler que cela n’a rien à voir avec la condition de paix que l’on vient de décrire. Cela en constitue en revanche le présupposé le plus authentique, le plus vrai. En effet, la paix que nous offre et nous garantit le Seigneur ne doit pas être entendue comme l’absence de préoccupations, de déceptions, de manquements, de motifs de souffrance. S’il en était ainsi, dans le cas où nous réussissions à être en paix, ce moment finirait bientôt et nous tomberions inévitablement dans le désespoir. La paix qui jaillit de la foi est au contraire un don: c’est la grâce de faire l’expérience que Dieu nous aime et est toujours proche de nous, ne nous laisse pas seuls ne serait-ce qu’un instant de notre vie. Et cela, comme l’affirme l’apôtre, engendre la patience, parce que nous savons que, même dans les moments les plus difficiles et bouleversants, la miséricorde et la bonté du Seigneur sont plus grandes que toute chose et rien ne nous arrachera de ses mains et de la communion avec Lui.
Voilà donc pourquoi l’espérance chrétienne est solide, voilà pourquoi elle ne déçoit pas. Elle ne déçoit jamais. L’espérance ne déçoit pas! Elle n’est pas fondée sur ce que nous pouvons faire ou être, ni sur ce en quoi nous pouvons croire. Son fondement, c’est-à-dire le fondement de l’espérance chrétienne, est ce qu’il peut y avoir de plus fidèle et de plus sûr, c’est-à-dire l’amour que Dieu lui-même nourrit pour chacun de nous. Il est facile de dire: Dieu nous aime. Nous le disons tous. Mais pensez un peu: chacun de nous est-il capable de dire: je suis sûr que Dieu m’aime? Il n’est pas si facile de le dire. Mais cela est vrai. C’est un bon exercice, que de se dire à soi-même: Dieu m’aime. C’est la racine de notre sécurité, la racine de l’espérance. Et le Seigneur a déversé avec abondance dans nos cœurs l’Esprit — qui est l’amour de Dieu — comme artisan, comme garant, précisément afin de pouvoir alimenter en nous la foi et maintenir vivante cette espérance. Et cette sécurité: Dieu m’aime. «Mais en ce moment difficile?» — Dieu m’aime. «Et moi, qui ai fait cette chose laide et mauvaise?» — Dieu m’aime. Personne ne peut nous ôter cette sécurité. Et nous devons le répéter comme une prière: Dieu m’aime. Je suis sûr que Dieu m’aime. Je suis sûr que Dieu m’aime.
A présent, nous comprenons pourquoi l’apôtre Paul nous exhorte à nous vanter toujours de tout cela. Je me vante de l’amour de Dieu parce qu’il m’aime. L’espérance qui nous a été donnée ne nous sépare pas des autres, et ne nous conduit pas non plus à les discréditer ou à les marginaliser. Il s’agit en revanche d’un don extraordinaire, dont nous sommes appelés à devenir les «canaux», avec humilité et simplicité, pour tous. Et alors, notre gloire la plus grande sera d’avoir comme Père un Dieu qui ne fait pas de préférences, qui n’exclut personne, mais qui ouvre sa maison à tous les êtres humains, à partir des derniers et de ceux qui sont loin, afin que, en tant que ses fils, nous apprenions à nous réconforter et à nous soutenir les uns les autres. Et n’oubliez pas: l’espérance ne déçoit pas.
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes et les paroisses venant de France et de Suisse. Que l’Esprit Saint ouvre nos cœurs à l’amour dont Dieu nous a comblés pour que nous devenions en Jésus-Christ les témoins de l’espérance auprès de tous, en particulier des petits et des pauvres. Que Dieu vous bénisse !

LA FOI COMME RÉPONSE À UN APPEL

22 février, 2017

http://www.interbible.org/interBible/source/rencontres/2013/ren_130120.html

LA FOI COMME RÉPONSE À UN APPEL

Le cycle des origines ou des récits fondateurs étant clos (Genèse 1-11), commence alors la grande fresque de l’histoire du salut. Dieu entre dans l’histoire et s’adresse à Abraham : Yahvé dit à Abram : Va et quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, vers le pays que je te ferai voir, de sorte que je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je rendrai grand ton nom pour être une bénédiction, je bénirai ceux qui te béniront et réprouverai qui te maudira de sorte que se béniront par toi tous les clans de la terre. Abram s’en alla comme le lui avait dit Yahvé et Lot s’en alla avec lui (Gn 12, 1-4a).
La tradition interprétera cette intervention divine dans la vie d’Abraham comme un récit de vocation. Mais si on le compare à d’autres récits de vocation (Moïse, Jérémie), on n’y trouve pas d’énoncé de mission ni d’objection de la part de l’appelé. Abraham sera une bénédiction (ce qui peut être associé à une mission), mais celle-ci contient en elle-même son efficacité à la mesure de l’accueil qu’on réservera à Abraham.
Abraham est placé devant la promesse d’un pays et d’une descendance. C’est en fait le rêve de tout semi-nomade : s’établir dans l’espace et établir la pérennité de son nom. Son obéissance ne s’exprime pas en parole mais par une mise en route. L’auteur de la Lettre aux Hébreux saisit bien la nature du rapport d’Abraham avec Dieu : Par la foi, Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait (He 11,8). Abraham est appelé à la foi : telle est sa vocation. On peut en énumérer quatre caractéristiques.
Abraham est appelé comme individu, mais il est mis en relation avec une multitude d’autres personnes: avec son peuple, mais aussi avec le monde en­tier. Toutes les familles de la terre seront bénies en lui. Dans chaque vocation, il y donc un rapport entre le personnel et l’universel. Abraham est appelé pour tous et non en parallèle avec d’autres appelés. Les autres, par contre, seront ap­pelés par Dieu en solidarité avec Abraham, le premier appelé.
La vocation d’Abraham a un caractère générique, du fait qu’elle est une vocation de départ. C’est un début, et comme pour tout début, on ne peut sa­voir d’avance le parcours qui conduira à la réalisation du projet, ni quelle forme il prendra. Il est demandé à Abraham d’avoir confiance et de prendre la route, de cheminer dans la foi sans trop savoir où sa foi le conduira. Il marche sur la seule base de sa confiance en Dieu. Il ne lui est pas demandé de rassembler un peuple, comme Yahvé le demandera à Moïse. Il lui est juste dit qu’un peuple naîtra de sa foi. Abraham ne verra pas cependant le fruit de sa foi.
L’expérience de l’appel d’Abraham est une invitation. Il était libre de partir. S’il n’était pas parti, Abraham aurait probablement poursuivi son petit train-train quotidien. Du point de vue de l’histoire du salut, il n’y aurait pas eu la création d’un peuple croyant, car la situation préalable du monde, décrite par l’auteur yahviste, est plutôt lamentable. Le fossé n’avait cessé de s’élargir entre les hommes et Dieu. Dieu ne menace Abraham d’aucun châtiment, s’il ne part pas. Il lui montre un avenir, mais Abraham est libre de le saisir. Plus tard, avec la conclusion de l’alliance avec Moïse, le caractère obligatoire de l’alliance sera plus apparent, car il y aura un enjeu important: accepter l’alliance, c’est vivre; la refuser, c’est mourir. Il faut choisir et en accepter les conséquences. L’appel que Dieu lance à Abraham, « tend à le rendre responsable au sujet de son avenir et de celui de son peuple », comme l’écrit le cardinal Martini (Bible et vocation, Médiaspaul, p. 41). Abraham est lié au destin d’autres personnes.
L’appel d’Abraham provoque une rupture avec le passé. L’idée d’un re­tour en arrière est exclue de l’expérience d’Abraham. Cette vocation de départ est un aller simple; c’est une marche vers l’avenir avec un détachement de la précédente manière de vivre. Les pérégrinations d’Abraham le conduiront toujours de l’avant. Il ne retournera jamais en Mésopotamie quand la famine se fera sentir en Canaan. Au niveau de son pèlerinage de foi, Abraham ne répétera jamais le passé; sa route est toujours neuve.

Yves Guillemette, ptre