Archive pour janvier, 2017

TRAVAILLER EN CHERCHANT DIEU SEUL – Bienheureux Luigi Orione

7 janvier, 2017

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010731_luigi-orione_fr.html

TRAVAILLER EN CHERCHANT DIEU SEUL

« Hier, je me trouvais dans la chambre d’un bon prêtre et là, mon regard est tombé sur ces paroles: Dieu seul!
Mon regard à ce moment-là était rempli de fatigues et de douleurs, mon esprit repensait à tant de journées d’anxiété comme celles d’hier, et, sur le tourbillon de tant d’angoisses, sur le ton confus de tant de soupirs, cela me semblait être la bonne voix aimable de mon ange: Dieu seul !, âme desolée, Dieu seul!
Sur une fenêtre, il y avait un cyclamen; plus en avant, un couloir où quelques prêtres méditaient pieusement et, encore au-delà, un crucifix, un cher et vénéré crucifix qui me rappelait de belles années inoubliables, et c’est là que s’arrêta mon regard rempli de larmes, aux pieds du Seigneur. Et il me semblait que l’âme se reprenait, et qu’une voix paisible et confortante descendait de ce coeur transpercé et m’invitait à m’élever, à confier mes douleurs à Dieu et à prier.

Quel doux silence plein de paix…! et dans le silence Dieu Seul! Je continuais à me répéter Dieu seul!

Il me semblait percevoir une atmosphère bénéfique et calme entourant mon âme!… Je vis alors derrière moi la raison de mes peines présentes: au lieu de chercher à plaire à Dieu seul! dans mon travail, cela faisait des années que je mendiais la louange des hommes, et j’étais dans une recherche continuelle, dans l’angoisse de trouver quelqu’un qui puisse me voir, m’apprécier, m’applaudir. Je conclus au-dedans de moi: ici aussi, il faut commencer une vie nouvelle: travailler en cherchant Dieu seul!
Le regard de Dieu est comme une rosée qui fortifie, comme un rayon lumineux qui féconde et dilate: travaillons donc sans vacarme et sans trêve, travaillons sous le regard de Dieu, de Dieu seul!
Le regard humain est comme un rayon brûlant qui fait pâlir les couleurs, même les plus résistantes: ce serait dans notre cas comme un souffle de vent gelé qui plie, courbe, endommage la tige encore tendre de cette pauvre petite plante.
Chaque action faite pour faire du tapage et pour être vu, perd sa fraîcheur aux yeux du Seigneur: elle est comme une fleur passée de main en main et qui est à peine présentable. (…)
Dieu Seul! Oh, comme il est utile et consolant de vouloir Dieu seul pour témoin! Dieu seul est la sainteté au degré le plus élevé! Dieu seul est la certitude la plus fondée d’entrer un jour au ciel.
Dieu seul, mes enfants, Dieu seul! »
De “L’oeuvre de la Divine Providence” du Bienheureux Luigi Orione (1872-1940) (3 septembre 1899).

Prière
Fais, ô mon Dieu, que toute ma pauvre vie soit un unique cantique de divine charité sur la terre, parce que je veux qu’elle soit – par ta grâce, ô Seigneur – un unique cantique de divine charité au ciel!

(du Bienheureux Luigi Orione)

Battesimo del Signore

6 janvier, 2017

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http://iac.cgu.edu/tune/tcopbaptism.html

FÊTE DE L’EPIPHANIE DU SEIGNEUR – MARIE-NOËLLE THABUT, PREMIERE LECTURE – EVANGILE

6 janvier, 2017

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

FÊTE DE L’EPIPHANIE DU SEIGNEUR - MARIE-NOËLLE THABUT, PREMIERE LECTURE – EVANGILE

Isaïe 60, 1 – 6
1 Debout, Jérusalem, resplendis !
Elle est venue, ta lumière,
et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi.
2 Voici que les ténèbres couvrent la terre,
et la nuée obscure couvre les peuples.
Mais sur toi se lève le SEIGNEUR,
Sur toi sa gloire apparaît.
3 Les nations marcheront vers ta lumière,
et les rois, vers la clarté de ton aurore.
4 Lève les yeux alentour, et regarde :
tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ;
tes fils reviennent de loin,
et tes filles sont portées sur la hanche.
5 Alors tu verras, tu seras radieuse,
ton coeur frémira et se dilatera.
Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi,
vers toi viendront les richesses des nations.
6 En grand nombre, des chameaux t’envahiront,
de jeunes chameaux de Madiane et d’Epha.
Tous les gens de Saba viendront,
apportant l’or et l’encens ;
ils annonceront les exploits du SEIGNEUR.

Vous avez remarqué toutes les expressions de lumière, tout au long de ce passage : « Resplendis, elle est venue ta lumière… la gloire (le rayonnement) du SEIGNEUR s’est levée sur toi (comme le soleil se lève)… sur toi se lève le SEIGNEUR, sa gloire brille sur toi…ta lumière, la clarté de ton aurore…tu seras radieuse ».
On peut en déduire tout de suite que l’humeur générale était plutôt sombre ! Je ne dis pas que les prophètes cultivent le paradoxe ! Non ! Ils cultivent l’espérance.
Alors, pourquoi l’humeur générale était-elle sombre, pour commencer. Ensuite, quel argument le prophète avance-t-il pour inviter son peuple à l’espérance ?
Pour ce qui est de l’humeur, je vous rappelle le contexte : ce texte fait partie des derniers chapitres du livre d’Isaïe ; nous sommes dans les années 525-520 av.J.C., c’est-à-dire une quinzaine ou une vingtaine d’années après le retour de l’exil à Babylone. Les déportés sont rentrés au pays, et on a cru que le bonheur allait s’installer. En réalité, ce fameux retour tant espéré n’a pas répondu à toutes les attentes.
D’abord, il y avait ceux qui étaient restés au pays et qui avaient vécu la période de guerre et d’occupation. Ensuite, il y avait ceux qui revenaient d’Exil et qui comptaient retrouver leur place et leurs biens. Or si l’Exil a duré cinquante ans, cela veut dire que ceux qui sont partis sont morts là-bas… et ceux qui revenaient étaient leurs enfants ou leurs petits-enfants … Cela ne devait pas simplifier les retrouvailles. D’autant plus que ceux qui rentraient ne pouvaient certainement pas prétendre récupérer l’héritage de leurs parents : les biens des absents, des exilés ont été occupés, c’est inévitable, puisque, encore une fois, l’Exil a duré cinquante ans !
Enfin, il y avait tous les étrangers qui s’étaient installés dans la ville de Jérusalem et dans tout le pays à la faveur de ce bouleversement et qui y avaient introduit d’autres coutumes, d’autres religions…
Tout ce monde n’était pas fait pour vivre ensemble…
La pomme de discorde, ce fut la reconstruction du Temple : car, dès le retour de l’exil, autorisé en 538 par le roi Cyrus, les premiers rentrés au pays (nous les appellerons la communauté du retour) avaient rétabli l’ancien autel du Temple de Jérusalem, et avaient recommencé à célébrer le culte comme par le passé ; et en même temps, ils entreprirent la reconstruction du Temple lui-même.
Mais voilà que des gens qu’ils considéraient comme hérétiques ont voulu s’en mêler ; c’étaient ceux qui avaient habité Jérusalem pendant l’Exil : mélange de juifs restés au pays et de populations étrangères, donc païennes, installées là par l’occupant ; il y avait eu inévitablement des mélanges entre ces deux types de population, et même des mariages, et tout ce monde avait pris des habitudes jugées hérétiques par les Juifs qui rentraient de l’Exil.
Alors la communauté du retour s’est resserrée et a refusé cette aide dangereuse pour la foi : le Temple du Dieu unique ne peut pas être construit par des gens qui, ensuite, voudront y célébrer d’autres cultes ! Comme on peut s’en douter, ce refus a été très mal pris et désormais ceux qui avaient été éconduits firent obstruction par tous les moyens. Finis les travaux, finis aussi les rêves de rebâtir le Temple !
Les années ont passé et on s’est installés dans le découragement. Mais la morosité, l’abattement ne sont pas dignes du peuple porteur des promesses de Dieu. Alors, Isaïe et un autre prophète, Aggée, décident de réveiller leurs compatriotes : sur le thème : fini de se lamenter, mettons-nous au travail pour reconstruire le Temple de Jérusalem. Et cela nous vaut le texte d’aujourd’hui :
Connaissant le contexte difficile, ce langage presque triomphant nous surprend peut-être ; mais c’est un langage assez habituel chez les prophètes ; et nous savons bien que s’ils promettent tant la lumière, c’est parce qu’elle est encore loin d’être aveuglante… et que, moralement, on est dans la nuit. C’est pendant la nuit qu’on guette les signes du lever du jour ; et justement le rôle du prophète est de redonner courage, de rappeler la venue du jour. Un tel langage ne traduit donc pas l’euphorie du peuple, mais au contraire une grande morosité : c’est pour cela qu’il parle tant de lumière !
Pour relever le moral des troupes, nos deux prophètes n’ont qu’un argument, mais il est de taille : Jérusalem est la Ville Sainte, la ville choisie par Dieu, pour y faire demeurer le signe de sa Présence ; c’est parce que Dieu lui-même s’est engagé envers le roi Salomon en décidant « Ici sera Mon Nom », que le prophète Isaïe, des siècles plus tard, peut oser dire à ses compatriotes « Debout, Jérusalem ! Resplendis… »
Le message d’Isaïe aujourd’hui, c’est donc : « vous avez l’impression d’être dans le tunnel, mais au bout, il y a la lumière. Rappelez-vous la Promesse : le JOUR vient où tout le monde reconnaîtra en Jérusalem la Ville Sainte. » Conclusion : ne vous laissez pas abattre, mettez-vous au travail, consacrez toutes vos forces à reconstruire le Temple comme vous l’avez promis.
J’ajouterai trois remarques pour terminer : premièrement, une fois de plus, le prophète nous donne l’exemple : quand on est croyants, la lucidité ne parvient jamais à étouffer l’espérance.
Deuxièmement, la promesse ne vise pas un triomphe politique… Le triomphe qui est entrevu ici est celui de Dieu et de l’humanité qui sera un jour enfin réunie dans une harmonie parfaite dans la Cité Sainte ; reprenons les premiers versets : si Jérusalem resplendit, c’est de la lumière et de la gloire du SEIGNEUR : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du SEIGNEUR s’est levée sur toi… sur toi se lève le SEIGNEUR, et sa gloire brille sur toi… »
Troisièmement, quand Isaïe parlait de Jérusalem, déjà à son époque, ce nom désignait plus le peuple que la ville elle-même ; et l’on savait déjà que le projet de Dieu déborde toute ville, si grande ou belle soit-elle, et tout peuple, il concerne toute l’humanité.

EVANGILE – Matthieu 2, 1 – 12
1 Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
2 et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
3 En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
4 Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
5 « A Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »
7 Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
8 Puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
9 Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
10 Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
11 Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leur coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

On sait à quel point l’attente du Messie était vive au temps de Jésus. Tout le monde en parlait, tout le monde priait Dieu de hâter sa venue. La majorité des Juifs pensait que ce serait un roi : ce serait un descendant de David, il régnerait sur le trône de Jérusalem, il chasserait les Romains, et il établirait définitivement la paix, la justice et la fraternité en Israël ; et les plus optimistes allaient même jusqu’à dire que tout ce bonheur s’installerait dans le monde entier.
Dans ce sens, on citait plusieurs prophéties convergentes de l’Ancien Testament : d’abord celle de Balaam dans le Livre des Nombres. Je vous la rappelle : au moment où les tribus d’Israël s’approchaient de la terre promise sous la conduite de Moïse, et traversaient les plaines de Moab (aujourd’hui en Jordanie), le roi de Moab, Balaq, avait convoqué Balaam pour qu’il maudisse ces importuns ; mais, au lieu de maudire, Balaam, inspiré par Dieu avait prononcé des prophéties de bonheur et de gloire pour Israël ; et, en particulier, il avait osé dire : « Je le vois, je l’observe, de Jacob monte une étoile, d’Israël jaillit un sceptre … » (Nb 24, 17). Le roi de Moab avait été furieux, bien sûr, car, sur l’instant, il y avait entendu l’annonce de sa future défaite face à Israël ; mais en Israël, dans les siècles suivants, on se répétait soigneusement cette belle promesse ; et peu à peu on en était venu à penser que le règne du Messie serait signalé par l’apparition d’une étoile. C’est pour cela que le roi Hérode, consulté par les mages au sujet d’une étoile, prend l’affaire très au sérieux.
Autre prophétie concernant le Messie : celle de Michée : « Toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Prophétie tout à fait dans la ligne de la promesse faite par Dieu à David : que sa dynastie ne s’éteindrait pas et qu’elle apporterait au pays le bonheur attendu.
Les mages n’en savent peut-être pas tant : ce sont des astrologues ; ils se sont mis en marche tout simplement parce qu’une nouvelle étoile s’est levée ; et, spontanément, en arrivant à Jérusalem, ils vont se renseigner auprès des autorités. Et c’est là, peut-être, la première surprise de ce récit de Matthieu : il y a d’un côté, les mages qui n’ont pas d’idées préconçues ; ils sont à la recherche du Messie et ils finiront par le trouver. De l’autre, il y a ceux qui savent, qui peuvent citer les Ecritures sans faute, mais qui ne bougeront pas le petit doigt ; ils ne feront même pas le déplacement de Jérusalem à Bethléem. Evidemment, ils ne rencontreront pas l’enfant de la crèche.
Quant à Hérode, c’est une autre histoire. Mettons-nous à sa place : il est le roi des Juifs, reconnu comme roi par le pouvoir romain, et lui seul… Il est assez fier de son titre et férocement jaloux de tout ce qui peut lui faire de l’ombre … Il a fait assassiner plusieurs membres de sa famille, y compris ses propres fils, il ne faut pas l’oublier. Car dès que quelqu’un devient un petit peu populaire… Hérode le fait tuer par jalousie. Et voilà qu’on lui rapporte une rumeur qui court dans la ville : des astrologues étrangers ont fait un long voyage jusqu’ici et il paraît qu’ils disent : « Nous avons vu se lever une étoile tout à fait exceptionnelle, nous savons qu’elle annonce la naissance d’un enfant-roi… tout aussi exceptionnel… Le vrai roi des juifs vient sûrement de naître » ! … On imagine un peu la fureur, l’extrême angoisse d’Hérode !
Donc, quand Saint Matthieu nous dit : « Hérode fut bouleversé et tout Jérusalem avec lui », c’est certainement une manière bien douce de dire les choses ! Evidemment, Hérode ne va pas montrer sa rage, il faut savoir manoeuvrer : il a tout avantage à extorquer quelques renseignements sur cet enfant, ce rival potentiel… Alors il se renseigne :
D’abord sur le lieu : Matthieu nous dit qu’il a convoqué les chefs des prêtres et les scribes et qu’il leur a demandé où devait naître le Messie ; et c’est là qu’intervient la prophétie de Michée : le Messie naîtra à Bethléem.
Ensuite, Hérode se renseigne sur l’âge de l’enfant car il a déjà son idée derrière la tête pour s’en débarrasser ; il convoque les mages pour leur demander à quelle date au juste l’étoile est apparue. On ne connaît pas la réponse mais la suite nous la fait deviner : puisque, en prenant une grande marge, Hérode fera supprimer tous les enfants de moins de deux ans.
Très probablement, dans le récit de la venue des mages, Matthieu nous donne déjà un résumé de toute la vie de Jésus : dès le début, à Bethléem, il a rencontré l’hostilité et la colère des autorités politiques et religieuses. Jamais, ils ne l’ont reconnu comme le Messie, ils l’ont traité d’imposteur… Ils l’ont même supprimé, éliminé. Et pourtant, il était bien le Messie : tous ceux qui le cherchent peuvent, comme les mages, entrer dans le salut de Dieu.
——————————
Compléments
– Au passage, on notera que c’est l’un des rares indices que nous ayons de la date de naissance exacte de Jésus ! On connaît avec certitude la date de la mort d’Hérode le Grand : 4 av JC (il a vécu de 73 à 4 av JC)… or il a fait tuer tous les enfants de moins de 2 ans : c’est-à-dire des enfants nés entre 6 et 4 (av JC) ; donc Jésus est probablement né entre 6 et 4 ! Probablement en 6 ou 5… C’est quand au sixième siècle on a voulu – à juste titre – compter les années à partir de la naissance de Jésus, (et non plus à partir de la fondation de Rome) qu’il y a eu tout simplement une erreur de comptage.
– A propos de « l’Election d’Israël » : les mages païens ont vu l’étoile visible par tout un chacun
Mais ce sont les scribes d’Israël qui peuvent en révéler le sens… Encore faut-il qu’eux-mêmes se laissent guider par les Ecritures.

The Epiphany of the Lord

4 janvier, 2017

The Epiphany of the Lord dans images sacrée HP_Epiphany_08

http://www.mhr.org/bulletin/2012/Jan082012.htm

HOMÉLIE DE L’EPIPHANIE DU SEIGNEUR

4 janvier, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DE L’EPIPHANIE DU SEIGNEUR

Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a, 5-6 ; Mt 2, 1-12

Un film comique, « Les roi mages » présente Gaspard, Melchior et Balthasar en balade dans le Paris du 21e siècle. L’idée est intéressante, mais de nombreux critiques le qualifient de navet. Ce n’est donc pas là que nous pourrons comprendre ce qu’a voulu enseigner Matthieu à des juifs de son temps devenus chrétiens, ni quelles leçons nous pouvons en tirer nous-mêmes pour notre vie chrétienne aujourd’hui.
Rappelons d’abord que les auteurs bibliques décrivent souvent les choses et exposent leur enseignement sous forme imagée et symbolique.
Et vous constaterez, par exemple, que Matthieu ne parle pas de roi, et s’il évoque des mages, il ne dit nulle part qu’ils étaient trois. Pour la liturgie, ce n’est pas la fête des rois, mais bien l’Epiphanie. Un mot grec qui signifie « manifestation ». Jésus est la manifestation visible de Dieu. C’est d’ailleurs la première fête de Noël avant qu’on l’ait fixée au 25 décembre. Et aujourd’hui, en Orient, on fête la naissance de Jésus le jour de l’Epiphanie.
Mais pourquoi Matthieu fait-il intervenir des étrangers païens ?
Pour montrer que le message de Jésus n’était pas réservé au seul peuple d’Israël. Il s’adresse tout autant aux étrangers, à ces païens que les bons croyants ne pouvaient fréquenter. Or, prétendre que les adorateurs d’idoles pouvaient aussi être des héritiers du Royaume de Dieu, était une nouvelle tout à fait révolutionnaire. Matthieu voudra donc leur montrer et leur prouver que cette nouveauté correspondait parfaitement aux annonces faites par les prophètes d’Israël. Comme l’a d’ailleurs rappelé la première lecture, Isaïe avait annoncé que des païens découvriraient la vraie lumière au Temple de Jérusalem et qu’un jour ils viendraient à dos de chameau apporter de l’or et de l’encens pour louer le Seigneur.
Matthieu devait aussi expliquer pourquoi les plus pieux et les plus pratiquants des juifs, même les mieux informés, y compris le grand prêtre et son conseil sacerdotal, qui tous attendaient un messie, non seulement ne l’avaient pas reconnu, mais combattu, et même dénoncé comme blasphémateur.
L’Epiphanie est souvent appelée la fête des signes. Et c’est bien vrai. Pourquoi parler des mages, par exemple ? Parce que, dans la tradition de Babylone, la naissance des grands personnages était généralement annoncée par l’apparition d’un astre. Ce qui, d’une certaine manière, renvoie à la Bible, car elle évoque le messie comme un astre, une étoile : « De Jacob se lèvera un astre. D’Israël surgira un chef ». Voilà en très bref les ingrédients de la composition catéchétique de Matthieu.
Mais venons-en aux leçons pour aujourd’hui. C’est le principal. Nous ne sommes pas propriétaires de la vérité. On ne possède pas la foi à la manière d’un compte en banque. La foi est un chemin d’amour et non pas « un point de vue arrêté, complet, établi une fois pour toutes ». Elle est une vie, et donc une croissance.
Les chrétiens ne constituent pas un peuple de privilégiés, détenteurs de grâces divines, tandis que les autres en seraient privés. Or, nous risquons parfois, comme les gens de Jérusalem, de camper fermement sur nos certitudes définitives, au point de ne pas voir une lumière qui vient d’ailleurs.
Par contre, il peut y avoir des étrangers à notre foi, qui désirent la lumière, qui la cherchent, et qui, dans une autre religion ou même dans des rites païens, peuvent trouver un message authentique de Dieu. De même, il peut nous arriver à nous chrétiens de ne pas reconnaître le Messie, alors qu’il est tout proche. On peut également être pape, évêque, chef des prêtres, brillant théologien, chrétien engagé, et avoir une frousse bleue d’être dérangé dans ses traditions et ses habitudes religieuses. Rappelez-vous l’époque des grandes réformes conciliaires dans les années 60.
D’autres, au contraire, restent constamment en quête de vérité, sont avides de connaître, restent disponibles à la nouveauté et toujours à l’affût d’un signe du ciel, c’est-à-dire d’une lumière évangélique.
Les mages cherchaient un roi. Ils ne trouvent qu’un enfant pauvre encore incapable de parler. Dieu se laisse donc reconnaître sous des traits inattendus. Et encore aujourd’hui.
Les mages sont des étrangers pour le peuple d’Israël ou d’ailleurs la magie est interdite. Ce sont surtout des chercheurs en quête de vérité et de lumière. Ils se laissent interpeller par les évènements ordinaires de leur vie quotidienne. Ils acceptent de sortir de leur train-train journalier, et même de prendre la route de l’aventure, au risque de dangers et de grosses surprises.
A Jérusalem, tout au contraire, les croyants n’ont pas bougé. Ils n’ont pas pris au sérieux les Ecritures. Ils ont eu peur d’être bousculés dans le ronron et l’assurance de leurs certitudes. Les croyants de Jérusalem, comme cela nous arrive parfois, sont restés assis, sûrs d’eux-mêmes. Ils ont raté leur rendez-vous avec le Messie.
Et dans l’évangile, la conclusion est toujours la même : Si vous ne voulez pas m’écouter et mettre en pratique ma Parole, je me tournerai vers les étrangers. Ils passeront devant vous dans mon royaume.
Ce qui me fait penser à un sketch télévisé de Michel Boujenah. Il se présentait comme l’interprète de Dieu et il arpentait la scène sous le coup d’une colère qui ressemblait à un douloureux dépit amoureux. Il martelait une petite phrase : « J’ai fabriqué des sourds. Je me suis fait avoir. J’aurais mieux fait ce jour-là de faire la sieste ». Le pire, c’est que « ces sourds lui reprochent, à lui, de ne rien entendre ».

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

GRECCIO ET LA TRADITION DES CRÈCHES

3 janvier, 2017

http://www.bethleem.custodia.org/default.asp?id=382

GRECCIO ET LA TRADITION DES CRÈCHES dans NOËL 2016 Spot+St+F+built+1st+Xmas+creche,+Greccio,+Italy

(Greccio, Crèche)

GRECCIO ET LA TRADITION DES CRÈCHES

La mémoire de la naissance de Jésus s’accompagne aujourd’hui de la tradition des crèches. C’est à St François qu’on attribue la conception de la première crèche vivante de l’Histoire. La tradition hagiographique rappelle, mais sans véritable certitude historique, que François, s’étant rendu en Terre Sainte, visita Bethléem, s’en retourna avec le souvenir de la ville où le Seigneur était né, et aurait reproduit l’image de la Nativité en cette fameuse Nuit de Noël à Greccio (1 Celano 84-86).
C’est en tous cas, ce que rapportent les biographes du Saint, Thomas de Celano, ou Bonaventure de Bagnoregio : François, soucieux de rendre cette expérience du Fils de Dieu, humilié et incarné, plus concrète pour les fidèles, mit en place cette représentation. On dit qu’à cette occasion il prépara une mangeoire avec du foin, fit amener un bœuf et un âne, et c’est là qu’il fit célébrer la Sainte Messe, en présence d’une foule de personnes venues de toute la région. Son amour pour la solennité de Noël et sa dévotion pour ce que l’image de la Nativité représente, trouva sa plus grande inspiration dans le mystère de l’Incarnation, où le Saint reconnut l’humilité et la pauvreté dans la naissance du Messie.
Ce mystère se renouvelle dans le sacrement de l’Eucharistie, où Jésus se rend présent chaque jour, au travers des mains du prêtre. Le récit dépeint une scène d’une grande simplicité et tendresse, lorsque François, en cette nuit de Noël du 25 décembre 1223, préparant l’Eucharistie, demanda à son ami Giovanni Velita de rassembler les choses nécessaires pour reproduire le cadre de la naissance de l’Enfant-Jésus à Bethléem, et, comme il le dit lui-même : « voir, avec les yeux du corps, les difficultés où il s’est trouvé par le manque des choses nécessaires à un nouveau-né » (1 Celano).
Arriva la Sainte Nuit, et François, accompagné de ses frères et de quelques fidèles, se rendit dans le lieu prêt avec la mangeoire, le foin, l’âne et le bœuf. Après avoir prêché avec des « mots très doux », voici que l’on voit apparaître l’Enfant dans la crèche. Cette vision prodigieuse bouleverse l’âme et le cœur des personnes présentes, profondément touchées par l’expérience vécue. François voulut rendre plus facile aux fidèles la compréhension du mystère de l’Incarnation. La dévotion, typique de la spiritualité franciscaine, a certainement contribué à développer la représentation de la crèche, pratique encore largement répandue aujourd’hui. En guise de préparation aux solennités, le soir de la veillée de Noël, à l’intérieur de la Grotte de la Nativité, les frères franciscains évoquent l’épisode de la Crèche de Greccio, soit l’épisode de St François d’Assise en contemplation du mystère de l’Incarnation.

LE 1ER JANVIER, PÈRE BASILE LE GRAND et LIEN POUR SAINT GREGOIRE

2 janvier, 2017

http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsjanvier/janv25.html

LE 1ER JANVIER, PÈRE BASILE LE GRAND et LIEN POUR SAINT GREGOIRE

http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsjanvier/janv25.html

Archevêque de Césarée en Cappadoce

LE 1ER JANVIER, PÈRE BASILE LE GRAND et LIEN POUR SAINT GREGOIRE dans Père d'église et Docteur Basilio-e-Gregorio

Notre Saint Père Basile le Grand vit le jouren 329, à Césarée de Cappadoce, au sein d’une famille riche et distinguée, dont le plus grand titre de gloire est d’avoir orné la robe de l’Eglise d’une série de Saints, comme d’autant de joyaux. Un de ses aïeux maternels avait gagné la palme du Martyre, ses grands-parents paternels avaient confessé le Christ pendant la persécution de Maximin (305) et s’étaient réfugiés dans les montagnes du Pont, où ils vécurent pendant sept ans, nourris miraculeusement par les bêtes sauvages1. Ses parents, Saint Basile l’Ancien et Sainte Emmélie2 se rendirent célèbres par leurs vertus, leur sollicitude envers les pauvres et pour avoir guidé leurs dix enfants sur le chemin de la Sainteté. Sa soeur, Sainte Macrine la Philosophe (mémoire le 19 juillet), véritable chef spirituel de la famille, encouragea vers la vie monastique sa mère et ses frères: Saint Naucrace, Saint Grégoire, futur Evêque de Nysse (mémoire le 10 janvier), et Saint Pierre, futur Evêque de Sébaste3.

aaaSaint Basile passa son enfance à Néocésarée dans le Pont, recevant les semences de la Foi Orthodoxe de sa mère et de sa grand-mère, Sainte Macrine l’Ancienne, disciple de Saint Grégoire le Thaumaturge (mémoire le 17 novembre). Sous la direction de son père, célèbre maître de rhétorique, il progressa rapidement dans la connaissance des lettres profanes, qu’il avait soin d’associer à l’avancement dans la vertu. Après la mort de celui-ci, il poursuivit ses études, en quête des meilleurs maîtres, dans les plus grands centres de la culture d’alors: Césarée de Palestine, Constantinople et finalement Athènes, l’antique capitale de la science et de l’éloquence, où sa réputation l’avait précédé, par l’entremise de Grégoire (le Théologien), avec lequel il avait fait connaissance en Cappadoce. Leur amitié, d’abord commune et humaine, devint toute sainte et spirituelle quand ils découvrirent qu’ils n’avaient tous deux pour but unique que Dieu et l’acquisition des biens célestes. Etroitement unis par le lien de la charité, toutes choses leurs étaient communes: le logis, la table frugale, la répugnance pour les dissipations des jeunes gens de leur âge, la soif insatiable de science et de sagesse, l’audace dans les hautes spéculations de l’intelligence, l’amour de l’éloquence et, surtout, une sainte émulation dans la course vers la perfection de la vertu; si bien qu’on eût cru qu’ils n’avaient qu’une âme en deux corps, malgré leurs caractères très différents. Basile, le coeur ferme, l’intelligence vigoureuse et décidée, s’intéressait à toutes les sciences, excellait en toutes: aussi bien dans la philosophie, la grammaire, la logique, la rhétorique, que dans les mathématiques, l’astronomie, et même dans les arts pratiques comme la médecine. Là où la prédication de Saint Paul avait été dédaigneusement rejetée par les sophistes orgueilleux, Basile et Grégoire faisaient triompher la folie de la Croix, en employant les armes mêmes de la sagesse profane. Basile acquit ainsi un tel prestige qu’une fois ses études achevées, ses condisciples voulurent le garder comme maître; mais, avide de voler vers de nouveaux horizons, il quitta la ville et avec elle la culture hellénique, en leur laissant pour quelque temps Grégoire, comme un otage.
aaaDe retour dans sa patrie (356), il découvrit que sa mère Emmélie et sa soeur Macrine avaient transformé leur demeure familiale d’Annésis en couvent et que ses frères menaient eux aussi la vie monastique à proximité avec des hommes. Les exhortations enflammées de Macrine, l’exemple des ascètes installés depuis peu en Cappadoce sous l’influence d’Eustathe de Sébaste et surtout une méditation approfondie de l’Evangile lui firent réaliser combien vaine avait été jusque là sa course après la sagesse de ce monde. Il abandonna sa carrière prometteuse de rhéteur, se fit baptiser 4 et décida de chercher un père spirituel pour le conduire sur la voie de l’ascétisme. N’en ayant pas trouvé dans son pays, il entreprit un grand voyage vers les centres prestigieux de la vraie philosophie: l’Egypte, la Palestine, la Syrie et jusqu’à la Mésopotamie, où il put admirer les exploits ascétiques et les vertus divines des citoyens du ciel qui s’y illustraient. Semblable à une abeille industrieuse, il récoltait chez les uns et les autres le meilleur de ce qu’il pouvait trouver et acquit ainsi en peu de temps une connaissance approfondie dans l’art de l’ascèse. Il lui restait cependant à la mettre en application dans un endroit propice, suffisamment retiré du monde et silencieux pour y vaquer à l’oeuvre de Dieu sans distraction. Ce lieu, il le trouva dans une vallée désertique, séparée du monastère familial d’Annsis par le cours de l’Iris, véritable paradis terrestre, selon son jugement, où il put attirer Grégoire et mener pendant quelque temps en sa compagnie la vie d’ascèse, de travail manuel, de méditation de l’Ecriture Sainte et de prière, dont ils rêvaient depuis Athènes. S’étant dépouillé de tous ses biens pour se faire pauvre, comme notre Seigneur s’est dépouillé de Sa gloire pour nous enrichir de Sa divinité, Basile ne gardait que le strict nécessaire pour couvrir son corps et survivre jusqu’au lendemain; son seul trésor était la Croix qu’il embrassait dans toute sa conduite: par l’ascèse, en vivant comme déchargé de la chair, et par la patience dans la maladie qu’il aura comme compagne jusqu’à sa mort. Resté seul au bout d’une année, Basile n’en rayonnait pas moins dans toute la région par sa science et sa vertu, et nombreux étaient ceux qui venaient lui rendre visite: moines, laïcs, et même les enfants, envers lesquels il montra toujours une tendre affection5. Comme un nombre croissant de ses visiteurs décidaient d’embrasser eux aussi cette vie semblable aux Anges, il commença pour eux la rédaction de ses fameuses Règles, considérées comme la véritable charte de fondation du monachisme, tant en Orient qu’en Occident6. Malgré son jeune âge, il légiférait avec l’autorité d’un vieillard blanchi par de longues années de travaux ascétiques, et montrait la connaissance approfondie de l’âme humaine que Dieu lui avait accordée au cours des jours et des nuits qu’il consacrait à la contemplation. Corrigeant les excentricités ascétiques des disciples d’Eustathe de Sébaste, il insiste sur la vie communautaire menée sous la direction d’un seul père, image vivante du Christ, sur l’exigence du dépouillement complet de tous biens et de toute volonté propre, sur la charité et le respect des uns envers les autres, sur l’application des commandements de l’Evangile avec crainte de Dieu et Foi Orthodoxe.
aaaRappelé à Césarée en 360, il est ordonné Diacre par son Evêque, Dianos, et assiste au concile de Constantinople, au cours duquel il put mesurer avec douleur combien l’Eglise du Christ était déchirée par les luttes interminables entre ariens, semi-ariens (omoioussiens) et Orthodoxes. Le faible Dianos s’étant laissé entraîner à signer le formulaire favorable aux hérétiques, Basile rompit quelque temps la communion avec lui et regagna sa solitude, rejoint par Saint Grégoire en fuite après son ordination forcée. En 363, il est ordonné Prêtre par le nouvel Evêque de Césarée, Eusèbe, mais, un différend ayant bientôt été suscité entre eux par des envieux, Basile gagna derechef son ermitage afin de préserver la paix. Pendant ce séjour, il poursuivit l’organisation des moines de Cappadoce en communautés cénobitiques, régla leur mode de vie, leurs Offices Liturgiques, leurs relations mutuelles et avec le monde. Partisan résolu de la vie communautaire, Saint Basile n’en abandonnait pas pour autant son amour pour la vie solitaire. Non loin de chaque monastère, il avait soin de fonder des cellules pour des ermites, de sorte que les solitaires ne fussent pas privés de la sécurité que donne la compagnie des hommes et que ceux qui étaient consacrés à la vie pratique reçoivent exemple et émulation de ceux qui persévèrent dans le silence et la prière sans distraction.
aaaDevant la menace provoquée par l’avènement du farouche empereur arien Valens (365), Basile se résolut à quitter de nouveau sa famille monastique pour prendre cette fois une part active au combat pour la Vérité. Après s’être réconcilié avec Eusèbe, il fut chargé de l’instruction du peuple de Césarée. Avec une admirable éloquence il leur enseignait à admirer la sagesse de Dieu dans la création (homélies sur l’Hexaéméron) et leur inspirait l’amour de la véritable beauté que l’âme obtient par la pratique des vertus et la méditation de la Sainte Ecriture (homélies sur les Psaumes). Pendant la terrible famine qui accabla la ville en 367, il fit preuve d’une admirable charité: distribuant les derniers biens qui lui restaient, faisant ouvrir les greniers des riches et des accapareurs par la force irrésistible de son éloquence (homélies sur les richesses), se dépensant sans compter pour organiser les distributions de vivres et mettant ses connaissances médicales au service des malades. Des milliers de personnes furent ainsi sauvées de la mort et lui gardèrent une si grande reconnaissance que son élection sur le siège de Césarée, difficilement acquise à cause des intrigants et des hérétiques, fut saluée avec enthousiasme par les fidèles (370).
aaaDès son installation, le nouveau Métropolite se prépara au combat en affermissant la foi et en réglant la discipline de son Clergé et de ses Evêques suffragants. Voyant que la Métropole de Césarée s’élevait, seule avec celle d’Alexandrie, comme une tour fortifiée contre ses entreprises, Valens décida de s’y rendre en personne et envoya devant lui le préfet Modeste pour soumettre l’intrépide Evêque. Après avoir vainement essayé d’attirer Basile par des promesses et des paroles flatteuses, le préfet le menaça de confiscation de ses biens, d’exil, de tortures de toutes sortes et de la mort. «Cherche d’autres menaces à me faire, répondit le Saint d’un ton assuré, car il n’y a rien là qui m’atteigne. En vérité, un homme qui n’a rien ne craint point la confiscation, à moins que tu ne tiennes à ces méchants haillons que voilà et à quelques livres: ce sont là tous les biens que je possède. Quant à l’exil, je n’en connais point, puisque je ne suis attaché à aucun lieu; celui que j’habite n’est pas à moi et je me regarde comme chez moi dans quelque lieu qu’on me relègue; ou plutôt, je regarde toute la terre comme étant à Dieu et je me considère comme étranger quelque part que je sois. Pour les supplices, où les appliqueras-tu? je n’ai pas un corps capable d’en supporter ( … ) Quant à la mort, je la recevrai comme une faveur, car elle me conduira plus tôt vers Dieu pour qui je vis, pour qui j’agis, pour qui je suis plus qu’à demi-mort et vers qui je soupire depuis longtemps». Stupéfait et désarmé, le préfet confessa qu’il n’avait jamais entendu de telles paroles; -«c’est que tu n’as jamais eu affaire à un EVEQUE», reprit Basile. Guéri ensuite d’une maladie par la prière du Saint, Modeste devint son ami et son admirateur empressé. -
aaaUne autre fois, comme les ariens menaçaient de s’emparer de l’Eglise de Nicée, Saint Basile, tel un nouvel Elie (voir I Rois 18:20-40), suggéra que l’un et l’autre parti élèvent successivement leurs prières devant les portes fermées de l’église. Les supplications des hérétiques restèrent sans effet, mais dès que le Saint éleva les mains pour s’adresser à Dieu, toute l’église trembla sur ses bases et les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes aux cris d’allégresse des fidèles (ce miracle est commémoré le 19 janvier). De tels signes de Dieu se produisirent directement envers la famille du souverain, sa fille ayant été frappée de mort subite après qu’il eût signé une déclaration hérétique, et même sur sa personne. Entrant un jour dans l’église de Césarée, lors de la célébration de la Théophanie, Valens fut tellement impressionné ,par la beauté des chants, le bon ordre de la foule et surtout par l’allure majestueuse de Saint Basile, debout devant l’Autel, tel le Grand-Prêtre de notre Salut, Jésus, quil vint malgré lui porter son offrande avec les fidèles. Un peu après, comme on lui présentait l’ordre de banissement de l’Evêque, sa plume se brisa à trois reprises. Effrayé par tous ses signes de la faveur de Dieu, il cessa d’inquiéter le Saint, mais n’en renonçant pas, néanmoins, à sa politique, fi fit diviser la Cappadoce en deux Métropoles ecclésiastiques, pensant ainsi réduire l’influence de l’Evêque de Césarée. Basile réagit aussitôt en créant de nouveaux Evêchés, sur les sièges desquels il plaça des hommes sûrs (son frère Grégoire à Nysse, Grégoire le Théologien à Sasimes … ). Il fit aussi des appels répétés à la charité des Evêques d’Occident, alors solidement établis dans la paix et la Foi Orthodoxe, en leur demandant d’envoyer une délégation en Orient en vue d’un grand Concile Orthodoxe, mais il ne trouva chez eux qu’un froid soutien. Les Occidentaux soutenaient en effet Paulin, rival de Saint Mélèce (voir 12 février) sur le siège d’Antioche, occasionnant ainsi de nouveaux déchirements à l’intérieur de l’Eglise, déjà assaillie de toutes parts à l’extérieur par les hérétiques.
aaaSur le plan doctrinal, ayant déjà réfuté les ariens extrémistes (Traité contre Eunome, en 364), Saint Basile s’attaqua alors aux semi-ariens (omoioussiens) qui, malgré leur apparente proximité avec les Orthodoxes, n’en troublaient que davantage la situation par d’inextricables querelles de personnes. Contre les adversaires de la divinité du Saint-Esprit (pneumatomaques ou macédoniens), il fut le premier des Pères Orthodoxes à oser dèclarer clairement que le Saint-Esprit est pleinement Dieu, de même nature que le Père et le Fils. Inspiré lui-même par ]’Esprit de Dieu, communiant par la Grâce au Mystère de l’Union ineffable des trois Personnes de la Sainte Trinité, Saint Basile savait discerner le moment favorable et la manière d’exposer avec une clarté et une précision incomparables les notions fondamentales de la Théologie Orthodoxe (essence, hypostase), sans jamais les isoler du Mystère de notre Salut et de la déification de l’homme. Critère de vérité, il exerçait son autorité bien au-delà des limites de son diocèse. Tel un aigle qui s’élève vers les hauteurs, il surveillait tout, protègeait toutes les églises en détresse en les couvrant de ses ailes. Il fit pour cela de nombreux voyages et, quand il en était empêché par ses fréquentes maladies, il indiquait la voie à suivre dans une importante correspondance, qui reste un des trésors de la littérature patristique. Ce prestige sans cesse grandissant lui valut, à la mort de Saint Athanase d’Alexandrie (373), ce défenseur infatigable de la Foi de Nicée, d’être considéré comme le phare de l’Orthodoxie et le porte-parole le plus autorisé de la Vérité.
aaaEn dépit de cette activité, Saint Basile n’en restait pas moins le pasteur attentif de son troupeau spirituel et le père compatissant pour chacun de ses fidèles. Sa sollicitude à l’égard des pauvres ne connaissait pas de bornes et, poursuivant l’oeuvre entreprise quand il était Prêtre, il fit construire un peu en dehors de Césarée un immense établissement de bienfaisance, la «cité de la charité», appelée par la suite Basiliade, qui regroupait autour d’une église: hospices, hôpitaux, léproserie, école etc.. Chaque fois qu’il le pouvait, le Saint s’y rendait, n’hésitant pas à soigner lui-même les malades les plus repoussants ou à embrasser les lépreux. D’après le témoignage de Saint Ephrem (voir au 28 janvier), quand Saint Basile prêchait, une colombe blanche et lumineuse lui murmurait à l’oreille ses sublimes paroles, et quand il offrait le Saint Sacrifice, il devenait semblable à une colonne de feu montant de la terre au ciel. L’Eglise Orthodoxe continue jusqu’à nos jours de célébrer la Liturgie qu’il rédigea7 et d’utiliser ses prières à la haute inspiration théologique. Il encouragea également le développement des fêtes des Martyrs et le Culte des Saintes Reliques.
aaaDocteur universel, lumière de la Foi Orthodoxe, père des moines, nourricier des pauvres, providence de tous ceux qui espèrent en Dieu, Saint Basile fut le modèle parfait de l’Evêque, l’image vivante du Christ qui, par lui, se faisait tout pour tous, parlant par ses paroles et répandant par ses actions les trésors de Son amour pour les hommes. Pourtant, en tant qu’homme, il ne connaissait qu’échecs, calomnies et afflictions de toutes sortes; malgré ses efforts, les divisions persistaient à tel point que tout autre que lui aurait pu désespérer de voir se rétablir un jour la paix. Ce n’est qu’une année avant sa mort que, Valens ayant succombé lors d’une campagne contre les Goths (378), le pieux Théodose lui succéda sur le trône et commença sans retard à chasser les ariens et à rétablir les Evêques Orthodoxes sur leurs sièges. Mais, le corps épuisé par la maladie et les austérités, le Saint remit son âme à Dieu avant de voir le couronnement de ses travaux, lors du Second Concile OEcuménique à Constantinople (38 1). Sesfunérailles, célébrées le ler janvier 379 au milieu d’un extraordinaire cc cours de peuple, furent son triomphe. On eut dit qu’on s’y rassemblait pour le Second Avènement du Christ, et plusieurs miracles s’y accomplirent. Conformément au nom qu’il avait reçu, Saint Basile occupe maintenant une place «royale» dans la cour des Saints Pères, toute proche du Trône du Roi céleste.

1. Non mentionnés dans les synaxaires byzantins, ils sont célébrés en Occident le 14 janvier (Martyrologe Romain).
2. De même, ils sont célébrés en Occident le 30 mai.
3. Commémoré en Occident le 6 mars, selon l’ancien Martyrologe Hiéronymien, ou le 9 janvier, selon le Martyrologe Romain, date qui a été adoptée par les synaxaires slaves.
4. L’usage était alors répandu d’attendre l’âge de trente ans au moins pour recevoir le Saint Baptême. Saint Basile fut néanmoins un ardent partisan de ne pas différer ainsi inutilement l’entrée dans l’Eglise.
5. Saint Basile est vénéré comme le protecteur des enfants.
6. Dans le prologue de sa Règle, Saint Benoît de Nursie (voir 14 mars) reconnaît s’être grandement inspiré de «notre père» Basile.
7. La Liturgie de Saint-Basile est célébrée dix fois par an. Son noyau, la prière de l’anaphore, est certainement le plus dense et le plus parfait exposé théologique de l’Histoire de notre Salut.

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