Archive pour janvier, 2017

MÈRE TERESA ET SAINT PAUL

24 janvier, 2017

http://www.motherteresa.org/st_paul/fr/MT_paulfr.html

MÈRE TERESA ET SAINT PAUL

« En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ, pour son Corps, qui est l’Église. »
« En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ, pour son Corps, qui est l’Église.» (Cf. Colossiens 1, 24. )

Mère Teresa avait atteint le point où elle pouvait se réjouir de sa souffrance et reprendre les paroles de saint Paul : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ, pour son Corps, qui est l’Église. » ( Cf. Colossiens 1, 24.) Sa compréhension toute neuve de son épreuve cachée comme participation à la mission rédemptrice de Jésus et partie intégrante de sa propre mission au service des pauvres s’exprime clairement dans le conseil qu’elle donna à ses sœurs dans la lettre générale de juillet 1961 :

Essayez [...] d’accroître votre connaissance de ce Mystère de la Rédemption. – Cette connaissance vous conduira à l’amour – et par vos sacrifices l’amour vous fera prendre part à la Passion du Christ.
Mes chères enfants – sans notre souffrance, notre œuvre ne serait qu’une action sociale, très bonne et très utile, mais elle ne serait pas l’œuvre de Jésus-Christ, ni part de la rédemption. – Jésus a voulu nous aider en partageant notre vie, notre solitude, notre agonie et notre mort. Tout cela, Il l’a pris sur Lui, et Il l’a porté dans la nuit la plus noire. Ce n’est qu’en étant un avec nous qu’Il nous a rachetés. Nous avons la possibilité de faire de même : toute la désolation des pauvres, non seulement leur pauvreté matérielle, mais leur misère spirituelle doit être rachetée, et nous devons y prendre notre part. – Priez ainsi quand vous trouvez cela difficile – « Je souhaite vivre dans ce monde qui est si éloigné de Dieu, qui s’est tant détourné de la lumière de Jésus, pour les aider – pour prendre sur moi quelque chose de leur souffrance. » – Oui, mes chères enfants – partageons les souffrances – de nos pauvres – car ce n’est qu’en étant unes avec eux – que nous pouvons les racheter, c’est-à-dire, amener Dieu dans leur vie et les amener à Dieu. (pris du livre « Viens sois ma lumière »)
Le jour où je vous ai écrit – j’avais l’impression de ne plus pouvoir souffrir davantage. – Mais saint Paul m’a donné la réponse dans son épître du dim. de la Sexagésime (*)et votre lettre aussi – donc je suis heureuse de souffrir encore plus et aussi avec un grand sourire. – Si jamais je deviens sainte – je serai certainement une sainte des « ténèbres ». Je serai continuellement absente du Ciel – pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur terre. –
Lors d’une journée particulièrement difficile, Mère Teresa avait été éclairée par la lecture extraite de la deuxième épître aux Corinthiens 11, 19-23, et 12, 1-9. Elle aurait aimé que ses ténèbres – l’écharde en sa vie – lui soient enlevées, mais comme saint Paul, elle comprit qu’elle pouvait les accepter en s’appuyant sur la promesse du Seigneur : « Ma grâce te suffit. (Cf. 2 Corinthiens 12, 9.) . (pris du livre « Viens sois ma lumière ») 2 Corinthiens 12, 1 Il faut se glorifier? (cela ne vaut rien pourtant) eh bien! j’en viendrai aux visions et révélations du Seigneur.

Dans l’ancien calendrier liturgique de l’Église catholique, antérieur à Vatican II, le deuxième dimanche avant le Carême, ou huitième dimanche avant Pâques, était appelé dimanche de la Sexagésime.

2 CORINTHIENS 11, 19-23 ; 12, 2-9
Vous supportez si volontiers les insensés, vous qui êtes sensés! Oui, vous supportez qu’on vous asservisse, qu’on vous dévore, qu’on vous pille, qu’on vous traite avec arrogance, qu’on vous frappe au visage. Je le dis à votre honte; c’est à croire que nous nous sommes montré faible… Mais ce dont on se prévaut – c’est en insensé que je parle –, je puis m’en prévaloir, moi aussi. Ils sont Hébreux? Moi aussi. Ils sont Israélites? Moi aussi. Ils sont postérité d’Abraham? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ? (Je vais dire une folie!) Moi, plus qu’eux. Bien plus par les travaux, bien plus par les emprisonnements, infiniment plus par les coups. Souvent j’ai été à la mort.
Je connais un homme dans le Christ qui, voici quatorze ans – était-ce en son corps? Je ne sais; était-ce hors de son corps? Je ne sais; Dieu le sait – cet homme-là fut ravi jusqu’au troisième ciel. Et cet homme-là – était-ce en son corps? Était-ce sans son corps? Je ne sais, Dieu le sait –, je sais qu’il fut ravi jusqu’au paradis et qu’il entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de redire. Pour cet homme-là je me glorifierai; mais pour moi, je ne me glorifierai que de mes faiblesses Oh! si je voulais me glorifier, je ne serais pas insensé; je dirais la vérité. Mais je m’abstiens, de peur qu’on ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu’on voit en moi ou ce
«Ce n’est pas moi qui vis mais le Christ qui vit en moi»
¤ Merci pour votre amour compréhensif. – Je pense que c’est votre visite qui m’a fait ce don. Merci de m’avoir rendue vivante la pauvreté de Jésus – le mystère de l’amour de Dieu. Oui, je veux être pauvre comme Jésus – qui étant riche S’est fait pauvre par amour pour nous (Cf. 2 Corinthiens 8, 9.). Merci de l’avoir expliqué si simplement – Ce n’est pas moi qui vis mais le Christ qui vit en moi.(Cf. Galates 2, 20.)
Merci d’avoir prié pour moi. – J’ai besoin de prier – je veux prier – j’essaie de prier. L’amour de Dieu pour la Congrégation a été si merveilleux. – Cette année nous avons fait 11 nouvelles fondations. – Comme elle est grande Son humilité pour qu’Il Se laisse utiliser ainsi. Tant de nouveaux tabernacles – tant d’heures d’Adoration quotidiennes.
« Je suis crucifié avec le Christ ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Cf. Galates 2, 20.), expliquait saint Paul. Ces mots décrivent bien la réalité de l’union de Mère Teresa avec Dieu : Le Christ vivait et agissait véritablement à travers elle, propageant Son amour dans le monde. Elle déclarait souvent : « Dieu aime toujours le monde à travers vous et à travers moi aujourd’hui » ; et elle Le laissait faire.

PAPE FRANÇOIS – L’AUBERGISTE ÉTONNÉ

23 janvier, 2017

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2017/documents/papa-francesco-cotidie_20170110_l-aubergiste-etonne.html

PAPE FRANÇOIS – L’AUBERGISTE ÉTONNÉ

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi, 10 janvier 2017

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°003 du 19 janvier 2017)

Pourquoi Jésus enseignait-il avec une autorité qui « étonnait » et conquérait, alors qu’en revanche, les scribes et les docteurs de la loi pouvaient seulement imposer les lois, mais « ils n’entraient pas dans le cœur du peuple »? La méditation du Pape François a été entièrement axée sur les différences entre l’« autorité réelle » de l’un, par rapport à l’ « autorité formelle » des autres. Une confrontation significative et éloquente, qui conduit à réfléchir sur le façon dont celui qui est appelé à « enseigner la vérité » peut tomber dans la tentation du « cléricalisme », au lieu de suivre la route de la « proximité aux personnes ». Le Pape s’est inspiré d’une parole tirée de l’Évangile du jour (Marc 1, 21-28), dans lequel « il est dit que les gens étaient étonnés ». Pourquoi cet « étonnement »? « A cause de la manière dont Jésus enseignait. En effet, il leur enseignait comme quelqu’un qui fait autorité et non comme les scribes, c’est-à-dire les docteurs de la loi ». Tous ces gens, en effet, enseignaient, « mais ils n’entraient pas dans le cœur du peuple » et donc ne faisait pas « autorité ». Le thème de l’autorité est récurrent dans l’Évangile. Celle de Jésus, en particulier, se retrouve « très souvent remise en question » précisément par les docteurs de la loi, par les pharisiens, par les prêtres et les scribes : « Mais avec quelle autorité fais-tu cela ? ». Au fond de la question, il y a « le problème de l’autorité formelle et de l’autorité réelle ». Alors que les scribes et les pharisiens « avaient une autorité formelle », Jésus « avait une autorité réelle ». Mais « non parce qu’il était un séducteur ». En effet, s’il est vrai que Jésus apportait un « enseignement nouveau », il est également vrai que « Jésus lui-même dit qu’il enseignait la loi jusqu’à son dernier point ». La nouveauté par rapport aux docteurs de la loi était que « Jésus enseignait la Vérité, mais avec autorité ». Il est alors important de comprendre « où est la différence de cette autorité ». Le Pape a cherché à l’éclaircir en expliquant ses caractéristiques. « Tout d’abord, l’autorité de Jésus était une autorité humble : Jésus enseignait avec humilité ». Il avait une dimension de « service ». Donc, Jésus « servait les gens, expliquait les choses pour que les gens comprennent bien : il était au service des gens. Il avait une attitude de serviteur, et cela lui donnait de l’autorité ». Au contraire, les docteurs de la loi « avaient une psychologie de princes », et ils pensaient : « Nous sommes les maîtres, les princes et nous vous enseignons. Ce n’est pas un service : nous commandons, vous obéissez ». Une deuxième « attitude de l’autorité de Jésus » « était la proximité ». Il « n’était pas allergique aux gens : toucher les lépreux, les malades ne le dégoûtait pas ». Et « cette façon d’être proches des gens donne de l’autorité ». La comparaison avec les docteurs, les scribes et les prêtres est évidente : eux « s’éloignaient des gens, dans leur cœur ils méprisaient les gens, ils aimaient se distinguer, en se promenant sur les places bien habillés ». Ces docteurs « avaient une psychologie cléricaliste : ils enseignaient avec une autorité cléricaliste ». Jésus en revanche « était très proche des gens » et cela lui donnait de l’autorité. En reprenant le fil du discours, François a résumé les caractéristiques de l’autorité de Jésus et a rappelé qu’en premier lieu « le chef est celui qui sert ». En deuxième lieu, il y a la « proximité ». Et enfin, il y a une « troisième différence » par rapport aux docteurs de la loi : la « cohérence ». Jésus « était cohérent, il vivait ce qu’il prêchait ». Et c’est celle-ci, a ajouté le Pape en se référant également à notre époque, « l’autorité que ressent le peuple de Dieu ». Une autorité qui étonne et qui conquiert. Pour bien faire comprendre ce concept, le Pape, en conclusion de son homélie, a également rappelé la parabole du bon samaritain. Dans celle-ci, « il y a un quatrième personnage : l’aubergiste », qui — tel est le lien avec toute la méditation du Pape — a été étonné ; pas tellement étonné devant les blessures de ce pauvre homme, car il savait que sur ce chemin, sur cette route il y avait des brigands », ni par l’attitude du prêtre et du lévite, « parce qu’il les connaissait. Et ils savait quelle était leur façon de faire ». L’aubergiste est « étonné par ce samaritain » dont il ne comprenait pas le choix. Il pensait peut-être : « Mais il est fou! Mais c’est aussi un étranger, il n’est pas juif, c’est un pécheur… Mais il est fou, je ne comprends pas! ». Cela « est l’étonnement », le même « étonnement que les gens » devant Jésus, « parce que son autorité était une autorité humble, de service, c’était une autorité proche des gens et c’était une autorité cohérente ».

 

Conversion de Saint Paul

23 janvier, 2017

Conversion de Saint Paul dans images sacrée 1f9cb86d10f12bd207a22b0dc4d5da85

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BENOÎT XVI – (2Cor 1,3-14.19-20)

23 janvier, 2017

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25 JANVIER CONVERSION DE SAINT PAUL

BENOÎT XVI – (2Cor 1,3-14.19-20)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 30 mai 2012

Chers frères et sœurs,

au cours de ces catéchèses, nous méditons sur la prière dans les lettres de saint Paul et nous essayons de percevoir la prière chrétienne comme une véritable rencontre personnelle avec Dieu le Père, dans le Christ, par l’intermédiaire de l’Esprit Saint. Aujourd’hui, au cours de cette rencontre, entrent en dialogue le «oui» fidèle de Dieu et l’«amen» confiant des chrétiens. Je voudrais souligner cette dynamique, en m’arrêtant sur la deuxième lettre aux Corinthiens. Saint Paul envoie cette lettre passionnée à une Eglise qui a mis plusieurs fois en doute son apostolat, et il ouvre son cœur afin que les destinataires soient rassurés sur sa fidélité au Christ et à l’Evangile. Cette deuxième Lettre aux Corinthiens commence par l’une des prières de bénédiction les plus profondes du Nouveau Testament. Elle récite: «Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu» (2 Co 1, 3-4).
Paul vit donc une grande épreuve, il a dû traverser de nombreuses difficultés et douleurs, mais il n’a jamais cédé au découragement, soutenu par la grâce et par la proximité du Seigneur Jésus Christ, pour lequel il était devenu apôtre et témoin en remettant entre ses mains son existence. Précisément pour cela, Paul commence cette Lettre par une prière de bénédiction et d’action de grâce à l’égard de Dieu, car à aucun moment de sa vie d’apôtre du Christ, le soutien du Père miséricordieux, du Dieu de toute consolation ne lui a fait défaut. Il a souffert terriblement, il le dit précisément dans cette Lettre, mais dans toutes ces situations, où aucune autre voie ne semblait s’offrir, il a reçu la consolation et le réconfort de Dieu. Pour annoncer le Christ, il a subi également des persécutions, jusqu’à être enfermé en prison, mais il s’est toujours senti intérieurement libre, animé par la présence du Christ et désireux d’annoncer la parole d’espérance de l’Evangile. Ainsi, de prison, il écrit à Timothée, son fidèle collaborateur. Enchaîné, il écrit: «Mais on n’enchaîne pas la Parole de Dieu! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent eux aussi le salut par Jésus Christ, avec la gloire éternelle» (2 Tm 2, 9b-10). Dans ses souffrances pour le Christ, il fait l’expérience du réconfort de Dieu. Il écrit: «De même que nous avons largement part aux souffrances du Christ, de même, par le Christ, nous sommes largement réconfortés» (2 Co 1, 5).
Dans la prière de bénédiction qui introduit la deuxième Lettre aux Corinthiens domine ainsi, à côté du thème de la douleur, le thème de la consolation, qu’il ne faut pas comprendre comme un simple réconfort, mais surtout comme un encouragement et une exhortation à ne pas se laisser vaincre par l’épreuve et par les difficultés. C’est une invitation à vivre toute situation en union avec le Christ, qui assume sur lui toute la souffrance et le péché du monde pour apporter lumière, espérance, rédemption. Et ainsi, Jésus nous rend capables de réconforter à notre tour ceux qui traversent toutes sortes d’épreuves. La profonde union avec le Christ dans la prière, la confiance en sa personne, conduisent à la disponibilité de partager les souffrances et les épreuves des frères. Paul écrit: «Si quelqu’un faiblit, je partage sa faiblesse; si quelqu’un vient à tomber, cela me brûle» (2 Co 11, 29). Ce partage ne naît pas d’une simple bienveillance, ni uniquement de la générosité humaine ou de l’esprit d’altruisme, mais jaillit de la consolation du Seigneur, du soutien inébranlable de «cette puissance extraordinaire [qui] ne vient pas de nous, mais de Dieu» (2 Co 4, 7).
Chers frères et sœurs, notre vie et notre chemin sont souvent marqués par des difficultés, des incompréhensions, des souffrances. Nous le savons tous. Dans la relation fidèle avec le Seigneur, dans la prière constante, quotidienne, nous pouvons nous aussi, concrètement, sentir la consolation qui vient de Dieu. Et cela renforce notre foi, parce que cela nous fait faire l’expérience de manière concrète du «oui» de Dieu à l’homme, à nous, à moi, dans le Christ; cela fait sentir la fidélité de son amour, qui va jusqu’au don de son Fils sur la Croix. Saint Paul affirme: «Le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons annoncé parmi vous, Silvain, Timothée et moi, n’a pas été à la fois “oui” et “non”; il n’a jamais été que “oui”. Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur “oui” dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons “amen”, notre “oui”, pour la gloire de Dieu» (2 Co 1, 19-20). Le «oui» de Dieu n’est pas tronqué, il n’est pas entre «oui» et «non», mais il est un simple et très sûr «oui». Et à ce «oui», nous répondons avec notre «oui», avec notre «amen» et ainsi sommes-nous assurés dans le «oui» de Dieu.
La foi n’est pas prioritairement une action humaine, mais un don gratuit de Dieu, qui s’enracine dans sa fidélité, dans son «oui», qui nous fait comprendre comment vivre notre existence en l’aimant Lui et nos frères. Toute l’histoire du salut est une révélation progressive de cette fidélité de Dieu, malgré nos infidélités et nos reniements, dans la certitude que «les dons de Dieu et son appel sont irrévocables», comme le déclare l’Apôtre dans la Lettre aux Romains (11, 29).
Chers frères et sœurs, la façon d’agir de Dieu — bien différente de la nôtre — nous apporte consolation, force et espérance parce que Dieu ne retire pas son «oui». Face aux différends dans les relations humaines, souvent aussi familiaux, nous sommes portés à ne pas persévérer dans l’amour gratuit, qui coûte engagement et sacrifice. En revanche, Dieu ne se lasse pas de nous, il ne se lasse jamais d’être patient avec nous et avec son immense miséricorde il nous précède toujours, il vient le premier à notre rencontre, ce «oui» qui est le sien est absolument fiable. Dans l’événement de la Croix, il nous offre la mesure de son amour, qui ne calcule pas et qui n’a pas de mesure. Saint Paul dans sa Lettre à Tite écrit: «Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes» (Tt 3, 4). Et pour que ce «oui» se renouvelle chaque jour «il nous a consacrés, il a mis sa marque sur nous, et il nous a fait une première avance sur ses dons» (2 Co 1, 21b-22).
C’est en effet l’Esprit Saint qui rend continuellement présent et vivant le «oui» de Dieu en Jésus Christ et crée dans notre cœur le désir de le suivre pour entrer totalement, un jour, dans son amour, lorsque nous recevrons une demeure non construite par des mains humaines dans les cieux. Il n’y a personne qui ne soit touché et interpellé par cet amour fidèle, capable d’attendre aussi ceux qui continuent à répondre avec le «non» du refus ou du durcissement du cœur. Dieu nous attend, il nous cherche toujours, il veut nous accueillir dans la communion avec Lui-même pour donner à chacun de nous la vie, l’espérance et la paix en plénitude.
Sur le «oui» fidèle de Dieu se greffe l’«amen» de l’Eglise qui retentit dans chaque action de la liturgie: «amen» est la réponse de la foi qui termine toujours notre prière personnelle et communautaire, et qui exprime notre «oui» à l’initiative de Dieu. Dans la prière, nous répondons souvent par habitude avec notre «amen», sans en saisir la signification profonde. Ce terme dérive de ‘aman qui, en hébreu et en araméen, signifie «rendre stable», «consolider» et, en conséquence, «être certain», «dire la vérité». Si nous regardons l’Ecriture Sainte, nous voyons que cet «amen» est prononcé à la fin des psaumes de bénédiction et de louange, comme, par exemple, dans le Psaume 41: «Dans mon innocence tu m’as soutenu et rétabli pour toujours devant ta face. Béni sois le Seigneur, Dieu d’Israël, depuis toujours et pour toujours! Amen! Amen!» (vv. 13-14). Ou bien il exprime l’adhésion à Dieu au moment où le peuple d’Israël revient plein de joie de l’exil babylonien et prononce son «oui», son «amen» à Dieu et à sa Loi. Dans le Livre de Néhémie on raconte que, après ce retour «Esdras ouvrit le livre; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit: “Amen! Amen!”» (Ne 8, 5-6).
Dès le début, l’«amen» de la liturgie juive est donc devenu l’«amen» des premières communautés chrétiennes. Et le livre de la liturgie chrétienne par excellence, l’Apocalypse de saint Jean, commence par l’«amen» de l’Eglise: «A lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous le royaume et les prêtres de Dieu son Père, à lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen» (Ap 1, 5b-6). Il en est de même dans le premier chapitre de l’Apocalypse. Et ce même livre se termine par l’invocation «Amen, viens, Seigneur Jésus» (Ap 22, 21).
Chers amis, la prière est la rencontre avec une Personne vivante à écouter et avec qui dialoguer; c’est la rencontre avec Dieu qui renouvelle sa fidélité inébranlable, son «oui» à l’homme, à chacun de nous, pour nous apporter son réconfort au milieu des tempêtes de la vie et nous faire vivre, unis à Lui, une existence pleine de joie et de bien, qui trouvera son accomplissement dans la vie éternelle.
Dans notre prière nous sommes appelés à dire «oui» à Dieu, à répondre par cet «amen» de l’adhésion, de la fidélité de toute notre vie à Lui. Cette fidélité nous ne pouvons jamais la conquérir avec nos propres forces, elle n’est pas seulement le fruit de notre engagement quotidien; celle-ci vient de Dieu et est fondée sur le «oui» du Christ, qui affirme: ma nourriture est de faire la volonté du Père (cf. Jn 4, 34). C’est dans ce «oui» que nous devons entrer, entrer dans ce «oui» du Christ, dans l’adhésion à la volonté de Dieu, pour parvenir avec saint Paul à affirmer que ce n’est pas nous qui vivons, mais que c’est le Christ lui-même qui vit en nous. Alors, l’«amen» de notre prière personnelle et communautaire enveloppera et transformera toute notre vie, une vie de consolation en Dieu, une vie plongée dans l’Amour éternel et inébranlable. Merci.

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE ORDINAIRE A

21 janvier, 2017

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE ORDINAIRE A

Is 8, 23b -9, 3 ; 1 Co 1, 10-13 ; 17 ; Mt 4, 12-23

Dans son numéro du 12 décembre 2007, l’hebdomadaire  » La Vie  » publiait l’interview exclusive du Dominicain Henri Burin des Roziers, curé des sans-terre, en Amazonie :  » Ils veulent me tuer !  »  » Ils « , ce sont les hommes de main de gros propriétaires terriens, qui appliquent sans vergogne  » le travail esclave contemporain « . Avocat au sein de la Commission Pastorale de la Terre, le frère dominicain participe activement à la défense des petits paysans. On ne s’étonnera pas de le savoir menacé de mort. Il est l’un des  » témoins de la présence de Jésus auprès de ceux et celles qui souffrent de ces conflits de la terre « . Le missionnaire français est bien de ces hommes qui dérangent l’ordre établi. La preuve ? Ils prennent la défense des pauvres et des opprimés.
Au temps de Jésus aussi, dans une région  » soumise aux tyrannies politiques et religieuses « , le précurseur avait pris bien des risques en invitant les  » purs  » à se convertir et Hérode à changer de conduite. Le messager du Seigneur, qui était, comme l’a défini Jésus,  » plus qu’un prophète « , sera arrêté, emprisonné, décapité.
La bonne terre des croyants, celle des cœurs qui attendaient dans l’espérance la lumière du Messie, était devenue terre brûlante, inhospitalière et enfermée dans les ténèbres… Il ne restait plus à Jésus qu’à fuir pour échapper au même sort que son précurseur.  » Il se retira en Galilée… « . Et voici que le Messie s’éloigne de son peuple pour se réfugier dans la contrée des païens. C’est dans le pays de l’ombre que va resplendir la lumière. C’est dans ce monde pluraliste, où se mêlent et s’affrontent croyants et incirconcis que Jésus va se présenter comme La Parole du Père et proclamer :  » Convertissez-vous car le Royaume des Cieux est là « .
Même exigence de conversion que Jean Baptiste, mais un pas de plus dans la promesse, car le règne des cieux ne s’est pas seulement approché. Avec Jésus, il est là… Cependant, il ne s’impose pas, comme le ferait un nouveau régime politique ou militaire. Ni chantage, ni pression, ni violence. Jésus ne lève pas une croisade pour libérer son peuple. L’appel à la conversion n’est pas accompagné de menaces, ni de mesures de rétorsion. L’annonce est invitation, initiative de Dieu. Elle attend réponse, réponse libre et changement de vie. Le moi orgueilleux doit céder son trône, sa puissance et sa gloire à  » Dieu premier servi « , à la manière de celui qui est venu pour servir et non pour être servi. Un changement dans tous les azimuts.
La grande opération  » Bonne Nouvelle  » ne débutera pas en fanfare, ni par une action d’éclat… Le soleil n’arrêtera pas sa course pour se figer au garde-à-vous. Il n’y aura ni apparition, ni miracle… Mais tout simplement une promenade au bord du lac et un appel à des pêcheurs en plein travail…  » Ils le suivirent « , gardant leurs compétences pour d’autres pêches.
Modeste début pour un royaume nouveau et sans frontières, premier pas d’une mission d’enseignement, d’annonce et de guérison. La semence de la Parole doit être semée jusqu’à la fin des temps pour donner la véritable vie, guérir et sauver l’être humain malade d’orgueil et de vanité, rongé par le démon de la division, le culte du ghetto et la rage d’exclure, jusqu’à utiliser la variété des charismes pour déchirer et re-crucifier le corps du Christ. Le scandale de Corinthe est encore d’aujourd’hui (2e lecture).

Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008

LE DISCERNEMENT DES ESPRITS

17 janvier, 2017

http://www.spiritains.org/pub/esprit/archives/art2032.htm

LE DISCERNEMENT DES ESPRITS

P. Michel Picard, Spiritain

Le discernement des esprits est une réalité de la vie spirituelle qui appartient à la tradition de l’église. Comment en serait-il autrement depuis ce que l’écriture, par la plume ne pas de Saint-Paul, par celle de l’auteur de l’épître osons aux hébreux, nous dit : « soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » (Rom. 12,2) ; « sachez discerner le meilleur » (Ph. 1,10-11 ») ; « les parfaits savent discerner le bien et le mal » (He 5,14) ; « éprouvez tout, retenez ce qui est bon » (I Th. 5,19-20).
Discerner peu à peu le plan de vie personnel que Dieu a pour moi, tel est le but du discernement des esprits. Nous nous réglons ainsi sur la même attitude que le Christ adopta vis-à-vis de son Père : « que ta volonté soit faite »…
Par le discernement des esprits, il s’agit donc de découvrir la volonté du Père. Tâche difficile, si d’avance nous voulons imposer les limites de notre propre vouloir.
C’est pourquoi Saint-Paul insiste auprès des communautés chrétiennes de Rome, de Philippe et de Thessalonique pour qu’elles pratiquent cette consigne du discernement. Le disciple de Jésus doit savoir et vouloir « discerner la volonté de Dieu ». Mais il ne peut pas le faire de lui-même, avec ses seules forces rationnelles : pour discerner la volonté de Dieu, il faut que son intelligence soit transformée, renouvelée. Et celui qui opère ce renouvellement, c’est l’Esprit Saint, Esprit de lumière et de vérité. L’Ecriture attribue donc au Saint Esprit cette mission de faire discerner par le baptisé ce qui est de Dieu et ce qui est de ses facultés humaines.
Une première remarque s’impose : souvent nous ne pensons pas à demander au Saint esprit de nous faire distinguer ce qui vient de lui et ce qui a son origine dans le fonctionnement de notre seule raison. Nous avons donc à accomplir un devoir de prière au Saint Esprit pour recevoir la grâce d’être une réponse à l’Esprit Saint. Dieu veut toujours respecter notre volonté humaine il nous veut libre dans le don de nous-mêmes, il ne veut pas « enjamber notre liberté » humaine. C’est pourquoi il attend notre réponse à son désir de nous aider à discerner la volonté du Père. Le premier pas de notre réponse, c’est donc un cri lancé à l’Esprit Saint pour qu’il nous donne la grâce du discernement de sa volonté…
Car, il appartient à l’Esprit de nous donner la grâce de rompre d’abord tout attachement à notre volonté propre : nous détacher de tout ce que nous voulons nous-mêmes, de sorte que nous devenions libres pour vouloir avec le Père, ce qu’il veut. Ainsi nous pourrons dire avec le Christ : « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Mc 14,36). On pourrait dire que c’est là le but discernement des esprits.

Le lieu du discernement des esprits

A quel niveau de la personne le discernement doit il se faire ? Le lieu du discernement spirituel n’est pas la tête comme on serait tenté de le penser spontanément, mais le coeur. La tête est la zone de mes pensées, de mes jugements rationnels, de mes analyses ; le coeur est la zone de l’affectivité profonde où je juge, évalue et décide…
Le discernement spirituel consiste, en conséquence, à reconnaître, aux milieux d’autres influences, d’autres poussées, l’action de Dieu qui m’habite, afin de m’y livrer sans réserve. Cette action de Dieu, je la voie en moi, je la ressens combattue par l’action de l’Adversaire. Et cette clarté en moi me permet de distinguer l’esprit du mal, de m’en dégager et de prendre nettement position contre lui.
Ce que l’on pourrait appeler un « combat » au fond de nous-mêmes, entre l’Esprit Saint et l’esprit du mal, créé un « climat affectif» marqué par des attirances contraires qui mettent l’âme en mouvement dans un sens ou dans l’autre. Il nous faut donc d’abord identifier l’origine de ces motions contraires : viennent-elles de l’Esprit Saint, de notre propre nature ou de l’adversaire, de Satan ? Cette identification est d’autant plus facile à faire que nous connaissons la pensée du Christ que nous rapporte l’Evangile et que nous avons, d’une façon habituelle la volonté de nous conduire selon cette pensée du Seigneur. Mais il est des cas où une passion naturelle nous submerge, sans même que nous en ayons conscience, fausse notre jugement moral et spirituel et tente de s’imposer. Que faire alors ?

Comment se disposer au discernement spirituel
On pourra dire que le discernement est en accord avec l’Esprit de Dieu, s’il est doté d’un certain nombre de qualité qu’il nous faut avoir à présentes à la conscience pour juger de la conformité à la pensée de Dieu.
– il faut d’abord vouloir rechercher ce qui est bien, le bien, et ce qui est bon pour l’homme, car le Verbe fait chair est venu nous révéler le chemin que, dans son amour, le Père a déterminé pour le bonheur de l’homme.
– il est parfois délicat de discerner l’Esprit de Dieu dans les remous divers de notre psychologie. Cependant certains critères nous sont offerts ; j’en citerai cinq : le désir, la disponibilité, l’ouverture, l’accueil, la durée.
– il faut d’abord désirer reconnaître les signes que l’Esprit Saint nous donne. Par le désir, nous manifestons à l’Esprit qui nous sollicite que nous aspirons à distinguer sa volonté sur nous, afin d’y répondre de notre mieux.
– il faut ensuite établir dans notre personne, âme et corps, la disponibilité, c’est-à-dire la volonté de faire disparaître tout ce qui s’opposerait à l’action du Saint Esprit.
– la disponibilité à entraîne logiquement l’ouverture du coeur et de la volonté pour accueillir volontiers les impulsions de l’Esprit.
– surtout s’il y avait une évolution à faire dans notre psychologie pour accueillir l’action de l’Esprit de Dieu, il faut compter avec le temps. Les évolutions psychologiques sont souvent lentes. Aussi la durée est une donnée que nous devons considérer comme nécessaire. Elle variera d’une personne à l’autre, selon le caractère de chacun, mais il convient d’accepter avec patience l’évolution de notre volonté.

Comment évaluer le discernement spirituel
« On juge l’arbre à ses fruits », dit le proverbe. En ce domaine spirituel, il est également valable. Saint-Paul, encore lui, nous invite à vérifier les fruits des esprits qui nous interpelle et nous poussent. Reportons-nous à la fin du chapitre 5 de l’Epitre aux Galates : « on les connaît, les oeuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, haines, discordes, jalousies, emportements, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables ; leurs auteurs n’hériterons pas du royaume de Dieu ». (Gal. 5,19-21)
« Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi… si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit » (Gal. 5,22-25)
La note de la traduction oecuménique de la bible (TOB) nous aide à préciser quels esprits nous sollicitent : « aux oeuvres de la chair, Paul oppose le fruit l’Esprit, qui est unique : c’est l’amour. Ce qu’il énumère ensuite, ce sont les signes du règne de l’amour ».
Le discernement spirituel est aussi en accord avec l’Esprit de Dieu, s’il ouvre la personne sur les autres, s’il favorise l’oblativité, le don de soi, la volonté de participation.
Ce serait une erreur de discernement de penser que l’Esprit cherche à fermer la personne sur elle-même, à l’isoler comme dans un perpétuel duo avec Dieu. Le silence intérieur n’est pas pour un repli sur soi, mais, au contraire, pour une ouverture sur « Dieu-Amour ». Or Dieu, parce que Amour, est don et service. Établir les conditions d’une rencontre de Dieu (ici nous pensons au silence intérieur), c’est favoriser en nous le mouvement d’ouverture au Royaume qui nous projette dans la plénitude du Corps Mystique de Dieu.
Tous ces critères et toutes ces conditions de discernement de l’Esprit Saint ne sont pas « mathématiquement » définitifs. Il n’est pas facile non plus de les soumettre à un contrôle rigoureux. Il faut toujours laisser des espaces à l’intuition et au « risque » de la foi. Il faut aussi tenir compte de la présence inévitable de nos défauts, de nos limites, de nos péché (n’oublions pas la parabole du bon grain et de l’ivraie). Mais la convergence de ces critères et conditions, leur présence simultanée, nous indiquent le chemin vers le discernement vrai et elles nous servent à juger de la valeur des décisions prises.
Le problème du discernement des esprit est donc bien un problème de vie spirituelle personnelle. Car il s’agit de prendre conscience peu à peu de la volonté de Dieu sur nous.

L’accompagnement spirituel
L’histoire de l’Eglise nous montre que le discernement spirituel a toujours été pratiqué dans la communauté chrétienne des origines jusqu’à nos jours. Elle nous montre aussi que, depuis toujours, on trouve près de la personne qui essaie de distinguer la volonté de Dieu sur elle, une autre personne qui l’accompagnait dans sa recherche.
Jusqu’à récemment cet accompagnateur (ou accompagnatrice) étaient appelés « directeur de conscience ». Ce mot de « directeur » semblant indiquer l’exercice d’une autorité donnant des ordres, a été remplacé par le titre « d’accompagnateur » qui n’évoque pas une quelconque autorité, mais une présence amicale qui se veut une aide bienveillante. Ce changement de vocabulaire veut souligner la liberté de la personne qui cherche un chemin de croissance dans la vie chrétienne.
Les Actes des Apôtres nous montre que Jésus agit ainsi avec Paul, lors de sa conversion. Il l’a mis à terre, ce qui est un acte d’autorité d’une certaine violence, mais ils ne lui révèle pas lui-même ses desseins ; il l’envoie à Ananie pour apprendre de sa bouche ce qu’il doit faire. C’est en s’appuyant sur ce fait, que la tradition de l’accompagnateur spirituel s’est fondée avec Cassien, Saint-Jean Climaque, Jérôme, Augustin… puis Saint-Bernard, au Moyen Age. Et les siècles suivants marcheurs ont à leur suite.
L’utilité d’un accompagnateur spirituel est facile à comprendre. Il est difficile d’être objectif avec soi-même… il est si facile, en effet, de se faire illusion sur son propre état ! Nous ne pouvons être parfaitement clairvoyants sur nous-mêmes, dit saint François de Sales.
Ceux qui commencent leur parcours spirituel, sans aucune expérience, par définition, ont besoin près d’eux d’une personne qui connaît les sentiers et leurs difficultés, qui sait que l’on peut être naïvement présomptueux ou découragé à la moindre difficulté.
L’accompagnateur spirituel est également nécessaire pour aider celui qu’il accompagne à identifier les appels du Saint Esprit au fond de lui-même à les distinguer des appels à un dépassement dans l’ordre de la perfection naturelle.
Il y a également besoin ordinairement d’un accompagnateur pour être aidé quand on subit les premières épreuves passives, quand tout goût au monde de Dieu a disparu, quand les sécheresses, les ennuis, les craintes de la justice divine ont envahi toute la psychologie… A ces heures-là, une voix qui apaise et redonne courage est nécessaire.
Si l’on veut résumer le rôle de l’accompagnateur, on devra donc dire qu’il est celui qui aide à identifier l’Esprit Saint et ces appels, celui qui aide à la stabilité, au calme, à la sérénité. Il a un rôle de pacificateur. Il est parfois aussi celui qui stimule à la générosité et à l’amour.
Faut-il le dire ? Toute cette action de l’accompagnateur près de celui qu’il accompagne doit être conduite avec tact et discrétion, tant pour ne pas « gêner » l’Esprit Saint, que pour ne pas se substituer à la volonté de celui qu’il accompagne.
C’est un rôle délicat que celui de l’accompagnateur, l’art d’être témoin, mais de plus en plus effacé. Seul, l’Esprit, peut former à ce service spirituel. Et c’est pourquoi une instante prière à l’Esprit est nécessaire, comme l’abandon de ce à son action.

Turbinicarpus schmiedickeanus

16 janvier, 2017

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PAPE FRANÇOIS (…Rachel, la femme de Jacob et la mère de Joseph et Benjamin)

16 janvier, 2017

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PAPE FRANÇOIS (…Rachel, la femme de Jacob et la mère de Joseph et Benjamin)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi, 4 janvier 2017

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans la catéchèse d’aujourd’hui je voudrais contempler avec vous une figure de femme qui nous parle de l’espérance vécue dans les pleurs. L’espérance vécue dans les pleurs. Il s’agit de Rachel, la femme de Jacob et la mère de Joseph et Benjamin, celle qui, comme nous raconte le livre de la Genèse, meurt en donnant le jour à son deuxième enfant, c’est-à-dire Benjamin
Le prophète Jérémie fait référence à Rachel en s’adressant aux Israélites en exil pour les consoler, avec des paroles pleines d’émotion et de poésie ; c’est-à-dire qu’il évoque les pleurs de Rachel mais qu’il donne de l’espérance :

Le Seigneur dit ainsi :
« A Rama,
une voix se fait entendre,
une plainte amère ;
c’est Rachel qui pleure ses fils.
Elle ne veut pas
être consolée pour ses fils,
car ils ne sont plus » (Jr 31, 15).

Dans ces versets, Jérémie présente cette femme de son peuple, la grande matriarche de sa tribu, dans une réalité de douleur et de pleurs, mais en même temps qu’une perspective de vie impensable. Rachel, qui dans le récit de la Génèse était morte en accouchant et avait assumé cette mort pour que son fils puisse vivre, maintenant présentée, en revanche, par le prophète comme vivante à Rama, là où se rassemblaient les déportés, pleure pour ses enfants qui d’une certaine façon sont morts en partant en exil ; des enfants qui, comme elle le dit elle-même, « ne sont plus », ils ont disparu pour toujours.
Et Rachel ne veut pas être consolée pour cela. Son refus exprime la profondeur de sa douleur et l’amertume de ses pleurs. Devant la tragédie de la perte de ses enfants, une mère ne peut pas accepter de paroles ou de gestes de consolation, qui sont toujours inadaptés, jamais en mesure d’adoucir la douleur d’une blessure qui ne peut pas et ne veut pas être cicatrisée. Une douleur proportionnelle à l’amour.
Chaque mère sait tout cela ; et elles sont nombreuses, aujourd’hui aussi, les mères qui pleurent, qui ne se résignent pas à la perte d’un enfant, inconsolables devant une mort impossible à accepter. Rachel porte en elle la douleur de toutes les mères du monde, de chaque époque, et les larmes de chaque être humain qui pleure des pertes irréparables.
Ce refus de Rachel qui ne veut pas être consolée, nous enseigne également la grande délicatesse qui nous est demandée devant la douleur d’autrui. Pour parler d’espérance à celui qui est désespéré, il faut partager son désespoir ; pour essuyer une larme sur le visage de celui qui souffre, il faut unir nos pleurs aux siens. Ce n’est qu’ainsi que nos paroles peuvent être réellement capables de donner un peu d’espérance. Et si je ne peux pas donner une telle parole, avec les pleurs, avec la douleur, mieux vaut le silence ; la caresse, le geste, sans aucune parole.
Et Dieu, avec sa délicatesse et son amour, répond aux pleurs de Rachel par des paroles véritables, pas fausses ; en effet, le texte de Jérémie se poursuit ainsi :

Le Seigneur dit — il répond à ces pleurs :
« Cesse ta plainte,
sèche tes yeux!
Car il est une compensation
pour ta peine
oracle de Yahvé
ils vont revenir du pays ennemi.
Il y a donc espoir pour ton avenir
oracle de Yahvé ils vont revenir, tes fils, sur leur territoire » (Jr 31, 16-17).

Précisément à cause des pleurs de la mère, il y a encore de l’espérance pour ses enfants, qui recommenceront à vivre. Cette femme, qui avait accepté de mourir au moment de son accouchement, pour que son fils puisse vivre, grâce à ses pleurs est à présent début d’une vie nouvelle pour ses enfants exilés, prisonniers, loin de leur patrie. A la douleur et aux pleurs amers de Rachel, le Seigneur répond par une promesse qui, à présent, peut être pour elle un motif de véritable consolation : le peuple pourra revenir d’exil et vivre dans la foi, librement, sa relation avec Dieu. Les larmes ont engendré l’espérance. Et cela n’est pas facile à comprendre, mais c’est vrai. Très souvent, dans notre vie, les larmes sèment l’espérance, ce sont des semences d’espérance.
Comme nous le savons, ce texte de Jérémie est ensuite repris par l’évangéliste Matthieu et appliqué au massacre des innocents (cf. 2, 16-18). Un texte qui nous met face à la tragédie du massacre d’êtres humains sans défense, à l’horreur du pouvoir qui méprise et supprime la vie. Les enfants de Bethléem moururent à cause de Jésus. Et Lui, Agneau innocent, devait ensuite mourir, à son tour, pour nous tous. Le Fils de Dieu est entré dans la douleur de hommes. Il ne faut pas oublier cela. Quand quelqu’un s’adresse à moi et me pose des questions difficiles, par exemple : « Dites-moi, père : pourquoi les enfants souffrent-ils? », vraiment, je ne sais pas quoi répondre. Je dis seulement : « Regarde le Crucifié : Dieu nous a donné son Fils, Il a souffert, et peut-être trouveras-tu là une réponse ». Mais des réponses d’ici [le Pape indique sa tête] il n’y en a pas. Uniquement regarder l’amour de Dieu qui donne son Fils qui offre sa vie pour nous, peut nous indiquer un certain chemin de consolation. Et c’est pour cela que nous disons que le Fils de l’homme est entré dans la douleur des hommes ; il a partagé et a accueilli la mort ; sa Parole est définitivement une parole de consolation, parce qu’elle naît des pleurs.
Et sur la croix ce sera Lui, le Fils mourant, qui donnera une nouvelle fécondité à sa mère, en lui confiant le disciple Jean et en faisant d’elle la mère du peuple des croyants. La mort est vaincue, et c’est ainsi que s’accomplit la prophétie de Jérémie. Les larmes de Marie elles aussi, comme celles de Rachel, ont engendré l’espérance et une vie nouvelle. Merci.
Hier sont parvenues du Brésil les nouvelles dramatiques du massacre qui a eu lieu dans la prison de Manaus, où un affrontement très violent entre bandes rivales a causé des dizaines de morts. J’exprime ma douleur et ma préoccupation pour ce qui est arrivé. J’invite à prier pour les défunts, pour leurs familles, pour tous les détenus de cette prison et pour ceux qui y travaillent. Et je renouvelle l’appel afin que les instituts pénitentiaires soient des lieux de rééducation et de réinsertion sociale, et que les conditions de vie des détenus soient dignes de personnes humaines. Je vous invite à prier pour ces détenus morts et vivants, et également pour tous les détenus du monde, afin que les prisons servent à réinsérer et ne soient pas surpeuplées ; qu’elles soient des lieux de réinsertion. Prions la Vierge, Mère des détenus : Je vous salue Marie…
Frères et sœurs, le prophète Jérémie nous présente Rachel, l’ancêtre du peuple de Dieu, comme un modèle d’espérance dans les larmes. Rachel a perdu pour toujours ses enfants, ils « ne sont plus ». Elle représente la souffrance de toutes les mères du monde et de tous les temps, les larmes de tous ceux qui vivent une perte irréparable. Rachel refuse d’être consolée, refus qui exprime l’amertume de ses larmes et la profondeur de sa souffrance. De fait, pour parler d’espérance à une personne désespérée il faut d’abord partager sa souffrance et s’unir à ses larmes. Le Seigneur répond à celles de Rachel par une promesse qui, maintenant, peut être la cause d’une vraie consolation : le peuple reviendra d’exil et vivra, libre dans la foi. Saint Matthieu applique ce texte de Jérémie à la persécution des innocents, tués à cause de Jésus. Le Fils de Dieu est entré dans la douleur des hommes, il l’a portée jusqu’au bout. Née dans les larmes, sa parole est pour toujours parole de consolation. Les pleurs de Marie également, comme ceux de Rachel, ont suscité l’espérance et la vie nouvelle.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française. La lumière de Noël éclaire désormais toute notre existence. Même si la vie est parfois difficile et les difficultés et les inquiétudes ne manquent pas, je forme le vœu que le Seigneur Jésus vous garde tout au long de cette année dans l’espérance de la foi et qu’il vous accorde la vraie joie des enfants de Dieu. Que Dieu vous bénisse.

 

Ecce Agnus Dei

14 janvier, 2017

Ecce Agnus Dei dans images sacrée agnello%2B7

https://antoniobortoloso.blogspot.it/2017_01_01_archive.html

HOMÉLIE DU 2E DIMANCHE ORDINAIRE A

14 janvier, 2017

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HOMÉLIE DU 2E DIMANCHE ORDINAIRE A

Is 49, 3. 5-6 ; 1 Co 1, 1-3 ; Jn 1, 29-34

Je n’ai pas pris mon petit déjeuner avec Angelo Mozilo, le PDG et cofondateur de la banque de crédit immobilier Countrywide Financial. Dommage ! car il va partir avec un « parachute doré » de 115 millions de dollars. De plus, il bénéficiera de l’avion de la compagnie et aura ses cotisations à son club de golf payées jusqu’en 2011 (1). A l’échelle mondiale, il n’est certes pas le plus lourd des poids lourds.
Mais il n’y a pas de quoi se laisser impressionner. Chacun de nous a aussi du poids ou du prix aux yeux du Seigneur. Comme le disait le prophète en prenant conscience que sa plus grande force et sa richesse la plus sûre était plutôt sa confiance en Dieu et sa vocation de serviteur.
Quand S. Paul écrira aux chrétiens de Corinthe, il évoquera leur petite communauté blessée par des divisions et des discordes, des procès entre frères et des cas d’inconduite. Il n’en dira pas moins : « Vous êtes comblés de toutes les richesses et il ne vous manque aucun don, puisque vous avez été sanctifiés dans le Christ Jésus par le baptême et appelés à être saints ». Pas nécessairement des saints canonisés, ni des produits de grande marque, mais au moins des produits blancs, de vrais saints quand même, que l’on peut reconnaître, non pas à leur étiquette, mais à leur comportement de serviteur du Royaume de Dieu, à leur témoignage de vie selon le Christ, qui en font des artisans de réconciliation, de solidarité et de paix. En effet, nous sommes saints dans la mesure même où nous restons unis au Christ et où nous nous efforçons progressivement et de plus en plus d’imprégner notre vie quotidienne de son esprit.
C’est notre portrait idéal que décrit le livre d’Isaïe. C’est notre mission qu’il précise. Puiser sa force dans le Seigneur, accepter d’être un instrument, un serviteur de son projet d’unité, rayonner la lumière du Christ et annoncer sa Bonne Nouvelle au-delà de toute frontière, qu’elle soit familiale, religieuse ou politique. Ce portrait du serviteur est repris par le psaume, sous forme de prière : Mettre son espoir dans le Seigneur, se tenir à sa disposition : « Voici que je viens, Seigneur, faire ta volonté ». Mais comment ? En cherchant les instructions et les directives dans le Livre où « est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse ». Ensuite, prendre plaisir à faire la volonté de Dieu, mettre sa loi au fond du cœur. Reste encore à ne pas garder ses lèvres closes, car la Bonne Nouvelle du Christ et sa justice doivent être annoncées et proclamées en public.
Ce portrait est primitivement un autoportrait, celui que le prophète a fait de lui-même. Mais en le poussant à sa perfection totale, on a le portrait et la mission du Christ. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle « l’Eglise primitive a retrouvé les traits du Christ dans le portrait de ce prophète ». Et c’est en relisant cette page du second Isaïe aujourd’hui que les chrétiens peuvent y découvrir leur propre idéal. Par le baptême dans l’eau et dans l’Esprit, ils sont aussi des fils ou des filles bien-aimés de Dieu. Ils ont du poids aux yeux du Seigneur.
Les trois textes de ce jour nous renvoient à notre baptême. Etre chrétien n’est rien si ce n’est pas aussi une tâche à accomplir, une mission à remplir. C’est-à-dire coopérer à l’accomplissement de la mission du Christ. En même temps, nous sommes appelés à développer constamment nos richesses spirituelles pour qu’elles pénètrent toute notre vie ou, en d’autres mots, la sanctifient.
On n’est donc pas chrétien une fois pour toutes, mais on a constamment à le devenir. Et on le devient au fur et à mesure que l’on connaît mieux le Christ et que l’on vit davantage selon son Evangile. Ce qui veut dire que nous ne pouvons jamais nous contenter d’un acquis définitif dans la connaissance de Jésus Christ. Prétendre le contraire serait nous dispenser de continuer notre recherche et d’approfondir notre foi. Cette foi qui n’est jamais un acquis définitif. Elle implique que nous restions constamment à l’école du Maître, pour mieux le comprendre, l’approfondir, nous imprégner de son esprit et en témoigner dans tous les secteurs de la vie quotidienne.
Aujourd’hui encore, je me souviens du drame des affrontements fratricides en ex-Yougoslavie. A l’époque, un chrétien de ces régions, évêque de surcroît, déclarait : « Même si mon adversaire détruit ma maison ou mon église, je dois défendre la sienne ». Un témoignage évangélique exemplaire, et plus précisément héroïque. Mais, dans ces mêmes régions, un autre évêque, apôtre du Christ, et donc artisan de réconciliation et de paix, n’hésitait pas à proclamer « la fin de l’œcuménisme » et en appelait à « revenir à l’Ancien Testament, où il est écrit : « Œil pour œil, dent pour dent, et un jeune homme pour un jeune homme… ». Qu’avait-il donc fait de son baptême ? Une question que nous devons aussi nous poser régulièrement à nous-mêmes.

Frère Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

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