LE RETOUR DE JÉSUS-CHRIST, PRÉLUDE À LA RÉSURRECTION DES MORTS ET À LA VIE ÉTERNELLE

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LE RETOUR DE JÉSUS-CHRIST, PRÉLUDE À LA RÉSURRECTION DES MORTS ET À LA VIE ÉTERNELLE

Depuis plus de 2000 ans, les chrétiens du monde entier fondent leur espérance sur trois promesses capitales et étroitement liées : le retour de Jésus (appelé parousie par le Nouveau testament grec), la résurrection des morts et la vie éternelle. Dans cet article, tentons d’aborder – à la lumière de la prophétie biblique – la première partie du triptyque.

Un événement suprême
Plus de 300 passages du Nouveau Testament se rapportent au retour du Christ. En réalité, cette espérance constituait l’élément prédominant de la prédication de l’Eglise primitive. Le théologien allemand August Dorner souligne que « la parousie n’est pas une doctrine périphérique mais la doctrine centrale du salut (1) ». « C’est la clé de voûte de la foi et de l’espérance chrétienne (2) », renchérit l’autre théologien Friedrich Nitzsch.
Dans les années 80, à la vitrine d’une librairie nancéienne, on pouvait lire sur une grande affiche : « Il va venir – Il est venu – Il reviendra » ! En fait, cette formule résume à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament. Si l’on considère la Bible comme l’histoire du salut, le retour du Christ est donc la finalité de cette histoire. « Une foi en Christ sans l’attente de la parousie évoquerait l’image d’un escalier qui ne conduirait nulle part et se terminerait dans le vide (3) » n’hésite pas à écrire le théologien protestant suisse Emil Brunner, auteur d’une Dogmatique faisant référence.

Un événement certain
Jésus a promis solennellement à ses disciples qu’il reviendrait : « Le Fils de l’homme va venir dans la gloire de son Père » (Matthieu 16.27) ; « Lorsque je serai allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi » (Jean 14.3). Devant Caïphe, il déclare : « Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel » (Matthieu 26.64). Aussitôt l’ascension de Jésus, deux anges ont confirmé ce retour : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel » (Actes 1.11).
« L’attente du retour du Christ [remarque Alfred Vaucher] a été pour les premiers chrétiens le principal stimulant à la vigilance, à la prière, à la patience, à l’activité missionnaire (Philippiens 4.5 ; Jacques 5.8-9 ; 1 Pierre 4.7 ; etc.). Le cri maranatha (le Seigneur vient : 1 Corinthiens 16.22) par lequel les chrétiens du siècle apostolique se saluaient, exprimait la vivacité et la joie de leur attente (4). » Dans sa première épître aux Thessaloniciens (4.15-17), l’apôtre Paul a pu écrire : « Voici, en effet, ce que nous vous déclarons, d’après une parole du Seigneur : nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont décédés. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront en premier lieu. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, à la rencontre du Seigneur » tant il avait la certitude que le retour du Christ se ferait de son temps. « Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore » (Osée 6.3) !

Pourtant depuis longtemps, une doctrine mise sous le boisseau !
Si effectivement l’Eglise primitive conserva – jusqu’au IIIe siècle – cette foi inébranlable au retour du Christ, « bientôt [écrit Charles Gerber] l’attente bienheureuse et parfois exaltée de l’avènement du Christ fit place, dans l’Eglise même, à une indifférence qui se développera jusqu’à la fin, ainsi que l’annonce saint Pierre : « Dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, marchant selon leurs propres convoitises, et disant : Où est la promesse de son avènement ? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création. » (2 Pierre 3.3-4) (5) ».
Et Charles Gerber de poursuivre : « On peut envier les chrétiens d’autrefois attendant avec vigilance le retour du Christ sans qu’il se produise, alors qu’aujourd’hui, à l’époque même où ce retour paraît imminent, il y en a si peu qui le désirent et qui vraiment l’attendent. Le cardinal Newman a dit : « S’il est vrai que les chrétiens ont attendu le Christ sans qu’il vienne, il est tout aussi vrai que, quand il viendra réellement, le monde ne l’attendra pas. S’il est vrai que les chrétiens ont imaginé les signes de sa venue, alors qu’il n’y en avait point, il est également vrai que le monde ne verra pas les signes de sa venue quand ils seront présents » (6). »
Après ces trois premiers siècles donc, petit à petit, la vigilance s’émousse et l’espérance du retour s’estompe pour diverses raisons : entrée des païens dans l’Eglise, cessation des persécutions, installation de l’Eglise et surtout le fait qu’on a eu tendance à spiritualiser très tôt le retour du Christ, à minimiser le retour physique et glorieux au profit d’un retour spirituel et symbolique.
Il faut attendre le grand mouvement réformateur du XVIe siècle avec notamment Luther et Calvin pour déceler de nouveau un intérêt particulier porté au message du retour du Christ, prédication qui retrouve finalement sa force au XIXe siècle dans certains milieux chrétiens. Toutefois, comme l’observe René Pache (ancien directeur de l’Institut biblique Emmaüs de Vennes-sur-Lausanne, Suisse) à la fin du deuxième millénaire, dans beaucoup d’Eglises cette doctrine est « laissée dans l’ombre, lorsqu’elle n’est pas considérée comme dangereuse [un constat qui reste encore valable aujourd'hui, NDLR]. Elle a cessé d’être l’espérance vivante des croyants, qui ont toutes sortes de raisons de redouter le jugement dernier, n’ayant trop souvent eux-mêmes pas d’assurance quant à leur salut. [...] Qu’il est triste de voir à quel point le monde religieux a perdu de vue cette unique espérance, pour s’attacher à toutes sortes de perspectives trompeuses qui le mènent à la ruine ! [...] Soulignons-le avec force : tous ceux qui n’attendent pas le retour de Christ sont vraiment sans espérance dans le monde. C’est pourquoi nous devons leur parler de notre attente et, avec l’aide de Dieu, les amener si possible à la partager (7) ».
Ainsi malheureusement, cette croyance est devenue une doctrine ésotérique ne concernant qu’une minorité de chrétiens qui, elle-même, semble s’être lassée d’en parler ! De plus, comme le remarque avec pertinence Dany Hameau qui enseigne à l’Institut biblique de Genève, le peu d’intérêt pour l’eschatologie n’est pas sans conséquences sur la vie et la mission de l’Eglise : « L’histoire de l’Eglise montre que lorsque celle-ci perd de vue la réalité du retour de Jésus-Christ, elle ne remplit plus sa mission. L’expérience prouve que lorsque le chrétien ne s’attend plus au retour du Seigneur, il finit par s’endormir et se laisser gagner par l’esprit du monde. Par contre, l’attente du retour de Jésus-Christ a toujours été de nature à stimuler les croyants dans la poursuite de la sainteté comme dans le souci de l’évangélisation et de l’œuvre missionnaire (8). »
Pourquoi le Christ doit-il revenir ?
« Au jour du Jugement, [peut-on lire dans le dernier catéchisme de l'Eglise catholique] lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l’ivraie, auront grandi ensemble au cours de l’histoire. En venant à la fin des temps juger les vivants et les morts, le Christ glorieux révélera la disposition secrète des cœurs et rendra à chaque homme selon ses œuvres et selon son accueil ou son refus de la grâce (9). »
« Le Christ [écrit encore Charles Gerber] doit revenir parce qu’il est le Sauveur de l’humanité et qu’il ne peut laisser son œuvre inachevée. Il doit revenir pour apporter un dénouement heureux au drame humain qui se déroule depuis la chute et, par ce dénouement, mettre un terme au péché et faire triompher définitivement la Justice et l’Amour de Dieu. [...] Il veut que les siens bénéficient d’un salut complet et soient introduits dans le royaume de la gloire et de la félicité. [...] Mais il veut aussi que le mal soit extirpé et les pécheurs punis (10). »
Ainsi le Christ doit revenir pour mettre un terme à la puissance du mal et offrir à l’homme la paix et la vie éternelle dans un monde où le péché aura disparu à jamais : « Il reviendra, mais sa seconde venue n’aura plus rien à faire avec le péché, il apparaîtra comme le Sauveur glorieux à tous ceux qui l’attendent continuellement, pour leur apporter le salut complet et définitif » (Hébreux 9.28, Parole vivante par Alfred Kuen) ; « Voici, je viens bientôt, et j’apporte avec moi ma récompense pour rendre à chacun selon son œuvre » (Apocalypse 22.12).
La parousie implique donc aussi la résurrection des morts afin que tous ceux qui ont accepté Jésus durant leur vie terrestre puissent finalement bénéficier de la vie éternelle promise. Quant à ceux qui se sont rebellés contre lui, on sait que le Christ lui-même a déclaré qu’ils ressusciteront aussi, mais pour recevoir le jugement de Dieu : « L’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement » (Jean 5.28-29). Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, Paul rappelle cette espérance de la résurrection : « Le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront d’abord » (1 Thessaloniciens 4.16).
« Nous admettons cependant [reconnaît le théologien Hans Heinz] que ni le retour du Christ, ni la résurrection ne peuvent être touchés du doigt, ils sont nôtres sous forme de promesses, sans explication du « comment ». Tout repose sur la fidélité de Dieu, et cela nous suffit. [...] L’immortalité, ce don de la grâce, est accordée à celui qui croit en l’œuvre salvatrice de Jésus ; il en sera revêtu quand le Seigneur reviendra et qu’à sa parole, les tombeaux s’ouvriront. Telle est la promesse de l’Evangile. Telle est aussi l’espérance chrétienne (11). »

Quand reviendra-t-il ?
Autant est certain l’avènement du Christ, autant est incertaine l’époque à laquelle il se réalisera. Jésus, en effet, ne donne aucune précision sur le jour et l’heure de son retour : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît » (Matthieu 24.36).
Ce qui est sûr, c’est que cet avènement sera soudain et inattendu, d’où l’appel solennel à la vigilance lancé par le Christ : « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même au retour du Fils de l’homme. En effet, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Ils ne se doutèrent de rien jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous. Il en sera de même au retour du Fils de l’homme. Alors, deux hommes seront dans un champ : l’un sera pris et l’autre laissé ; deux femmes moudront à la meule : l’une sera prise et l’autre laissée. Veillez donc, puisque vous ignorez à quel moment votre Seigneur viendra. [...] tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas » (Matthieu 24.37-44).
« Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne s’alourdisse par les excès du manger et du boire et par les soucis de la vie, et que ce jour ne fonde sur vous à l’improviste, car il s’abattra comme un filet sur tous les habitants de la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tous ces événements à venir et de vous présenter debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21.34-36).
Remarquons que dans sa première lettre adressée aux Thessaloniciens – comme le Christ à l’égard de ses disciples –, l’apôtre Paul invite les chrétiens de Thessalonique à se tenir toujours prêts en leur rappelant que le Seigneur reviendra de manière inattendue : « En ce qui concerne les temps et les moments, vous n’avez pas besoin, frères, qu’on vous écrive à ce sujet. Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. [...] Mais vous frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. Vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres. Ne dormons donc pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres » (1 Thessaloniciens 5.1-6). Même exhortation de la part de l’évangéliste Marc : « Prenez garde, veillez et priez, car vous ignorez quand ce temps viendra » (Marc 13.33).
D’autre part – cette fois, c’est Pierre qui l’atteste – sachons que « pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à réaliser sa promesse, comme certains le pensent. Mais il use de patience envers vous, car il ne veut pas que qui que ce soit aille à sa perte ; au contraire, il veut que tous aient l’occasion de se détourner du mal. Cependant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur » (2 Pierre 3.8-10, BFC) ; « Rappelez-vous que si le Seigneur est patient (s’il diffère son avènement), c’est en vue de votre salut » (2 Pierre 3.15, Parole vivante par Alfred Kuen). Quant à l’apôtre Jacques, il nous encourage à attendre patiemment le retour du Christ : « Soyez donc patients, frères, jusqu’au retour du Seigneur » (Jacques 5.7).
A ce propos, citons une nouvelle fois Dany Hameau : « Si l’Ecriture insiste si massivement sur l’imminence du retour de Jésus-Christ, cela implique qu’au jour où nous sommes, nous n’avons jamais été aussi près du but ! Et que nous pouvons attendre ce jour avec la force tranquille, confiante et sereine de celui qui compte sur la fidélité de celui qui a fait la promesse (1 Pierre 1.3-7) (12). »
Concernant cette question, notons enfin que maintes fois au cours des siècles passés – bien que la Bible ne nous encourage jamais à spéculer sur la date de cet avènement –, des hommes (13) se sont évertués, « ou bien à fixer une date pour le retour du Christ, de sorte que, bientôt déçus, ils ne veuillent plus y croire, ou bien à repousser cet événement dans un avenir si lointain qu’ils finissent par n’y plus penser du tout (14) ».
Et si l’on remonte à un passé plus éloigné – dans l’église primitive –, certains faux docteurs prétendaient même que ce jour était déjà arrivé, idée erronée que Paul tente de corriger en décrivant les faits significatifs devant précéder la venue glorieuse du Christ : « En ce qui concerne le retour de notre Seigneur Jésus-Christ et notre rassemblement auprès de lui, nous vous le demandons, frères, ne vous laissez pas facilement ébranler dans votre bon sens, ni troubler par une révélation, par une parole, ou par une lettre qui semblerait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous trompe d’aucune manière. Car il faut que l’apostasie arrive d’abord » (2 Thessaloniciens 2.1-3).
Comment reviendra-t-il ?
La Bible répond aussi à cette question. Aussitôt l’ascension de Jésus, alors que les apôtres « avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent et dirent : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel » (Actes 1.10-11) ; « Alors on verra le Fils de l’homme venir sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire » (Luc 21.27) ; « Tout oeil le verra » (Apocalypse 1.7).
Contrairement à sa première venue – en tant qu’humble fils de charpentier, serviteur souffrant, rejeté de tous et finalement tué –, sa seconde venue sera donc spectaculaire, triomphale, royale et glorieuse.
Le Christ nous a donné les signes qui précèderont son retour
« Quel sera le signe de ton retour et de la fin du monde ? » (Matthieu 24.3). A cette question des disciples réunis autour de lui sur le mont des Oliviers, Jésus répond par un discours magistral dans lequel il révèle tous les signes qui doivent précéder son retour.
Tout d’abord, celui-ci nous met en garde contre la multiplication des séductions spirituelles qui marqueront les derniers temps : « Prenez garde, que personne ne vous égare. Car beaucoup viendront sous mon nom et diront : « C’est moi qui suis le Christ ». Et ils tromperont beaucoup de gens » (Matthieu 24.4-5).
Comme nous l’avons relevé dans le paragraphe précédent et contrairement à ce que d’aucuns pensent, son retour sera pour tous pleinement manifeste : « Si donc on vous dit : « Le voici, il est dans le désert », n’y allez pas, ou : « Le voilà, il est dans un lieu secret », ne le croyez pas. Car, tout comme l’éclair part de l’est et apparaît jusqu’à l’ouest, ainsi sera le retour du Fils de l’homme » (Matthieu 24.26-27).
Même si les signes prophétiques annoncés par Jésus laissent présager un avenir effrayant pour notre monde, leur accomplissement – s’inscrivant dans le plan divin – est néanmoins une évidence. Ecoutons donc le Christ lui-même nous avertir : « Vous entendrez parler de guerres et de menaces de guerres : gardez-vous d’en être effrayés, car il faut que toutes ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation se dressera contre une nation et un royaume contre un royaume, et il y aura en divers endroits des famines, des pestes et des tremblements de terre. Tout cela sera le commencement des douleurs. Alors on vous livrera à la persécution et l’on vous fera mourir ; vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Alors ce sera aussi pour beaucoup une occasion de chute et ils se trahiront, se haïront les uns les autres. Bien des faux prophètes se lèveront et ils tromperont beaucoup de gens. A cause de la progression du mal, l’amour du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Cette bonne nouvelle du royaume sera proclamée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin » (Matthieu 24.6-14).
« Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Alors le signe du Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire. Il enverra ses anges avec la trompette retentissante et ils rassembleront ses élus des quatre coins du monde, d’une extrémité des cieux à l’autre. Tirez instruction de la parabole du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il est à la porte » (Matthieu 24.29-33).
Comme le fait remarquer avec justesse René Pache – déjà cité –, « il est exact qu’aux époques troublées, lorsque des guerres ravageaient le monde, que des pestes et des famines sévissaient, que les croyants étaient persécutés, qu’il y avait des tremblements de terre ou des phénomènes dans le ciel, on a cru reconnaître les signes de la fin des temps. [...] Mais ce qui doit constituer l’annonce de la fin, c’est d’une part l’accroissement considérable de chacun de ces signes et d’autre part leur réalisation absolument simultanée. Ces deux éléments avaient manqué jusqu’ici. Les chrétiens ont cru la fin plus proche qu’elle n’était, ne regardant qu’à l’un ou l’autre des signes les plus généraux, sans tenir compte de toutes les indications de l’Ecriture. Mais ce n’est pas une raison pour que nous fassions une erreur plus grave encore en méprisant les signes et les avertissements qui se multiplient de plus en plus (15) ».
A propos de ces signes prophétiques, laissons parler maintenant l’éminent écrivain, historien et ancien professeur, Norbert Hugedé (honoré du titre de « Docteur Européen » pour l’ensemble de son œuvre – une trentaine de livres –, celui-ci a reçu en 1999 du pape Jean-Paul II la bénédiction apostolique pour son action d’unité et de paix) qui a enseigné à la Sorbonne et à l’Université de Genève : « Il faut être aveugle pour nier que nous parvenons à la fin de l’histoire de notre monde. [...] Je lis comme vous les revues religieuses, j’écoute les chroniques radiodiffusées, et je m’aperçois que je ne suis pas le seul à me préoccuper de ce problème. Quiconque s’impose aujourd’hui de réfléchir sur les événements en vient à constater que le monde est arrivé au fond d’une impasse, économiquement, socialement, politiquement, et même religieusement, et que cette impasse est bien plus angoissante qu’on ne le pense. Je ne parlerai pas des crises de la moralité, des cataclysmes de toutes sortes, des séismes où les puissances des cieux sont ébranlées, des famines qui atteignent plus des deux tiers de l’humanité, des épidémies qui font autant de ravages que des conflits internationaux, des guerres et des bruits de guerres, sinon pour dire que je ne suis plus le seul à y voir un accomplissement quotidien des signes de la seconde venue du Christ. Les événements ne parlent plus, ils crient. Le commentaire des prophéties de l’Ecriture, ce n’est plus dans les ouvrages des théologiens qu’il faut le rechercher, mais chez votre marchand de journaux, dans les gros titres des magazines, dans les communiqués de presse, dans les revues d’information. [...] L’humanité se dirige chaque jour vers l’événement final qui doit clore l’histoire universelle, et cet événement capital, ce n’est pas tant une troisième guerre mondiale que le retour en gloire de Jésus-Christ (16). »
Et cet historien de conclure : « Je vais vous dire, sans faire de grande théologie. Le retour du Christ, c’est ce qui donne un sens à ma foi chrétienne. Sans cela, elle ne serait qu’une vague philosophie, une opinion, une de plus. [...] Le retour du Christ, c’est l’espoir de voir enfin établie cette justice vers laquelle je tends de toutes mes forces. Je sais que son royaume n’est pas de ce monde, mais il faut qu’il vienne. L’homme n’a pas été créé pour le malheur, pour la guerre, pour la souffrance, pour le deuil. Il n’a pas été créé pour ce monde. Maintenant que je sais qu’il est proche, à la porte, ma foi revit. [...] Le retour du Christ, c’est le nerf de ma foi (17). »
Que ton règne vienne !
Aujourd’hui, curieusement, il n’est pas toujours de bon ton de parler du retour du Christ… même du haut de la chaire ! Pourtant, hormis la large place que la Bible lui réserve, cette doctrine cardinale fait partie intégrante des professions de foi de la chrétienté. « Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts » peut-on lire dans le Symbole de Nicée-Constantinople. Trop souvent, on omet de le souligner, cette première profession de foi considérée comme œcuménique rassemble toujours l’ensemble des croyants des trois grandes confessions chrétiennes (catholicisme, orthodoxie et protestantisme). Tel un noyau de vérité, il ramène à l’essentiel de la foi chrétienne… et notamment au retour du Christ !
C’est vrai, un curieux paradoxe subsiste dans la prédication des Eglises traditionnelles : alors qu’ils sont censés adhérer à tous les articles fondamentaux de la foi chrétienne exprimés dans le Credo – particulièrement explicite au sujet de la parousie, comme nous venons de le voir –, on constate que la plupart des prédicateurs chrétiens osent rarement parler à leur auditoire du retour du Christ ! S’inscrivant plutôt dans la perspective d’une eschatologie déjà réalisée (cf. Ephésiens 2.4-7, Romains 6.1-11, Colossiens 2.12), tout juste, exhortent-ils leurs fidèles à devenir participants à la vie du Christ ressuscité et à ouvrir leur cœur à l’espérance !
Pour ce qui est des passages bibliques mentionnés précédemment pouvant laisser croire à une évolution de la pensée de Paul concernant la résurrection, notons en passant avec Michel Gourgues que l’apôtre « a seulement été amené à préciser […] un aspect particulier, à savoir le sort qui attend les croyants entre leur mort individuelle et la résurrection, que Paul n’a jamais cessé de situer à la fin des temps. Là où il faut reconnaître une évolution, c’est sur le moment de la parousie et donc de la résurrection. Non que Paul ait cessé d’attendre la venue du Seigneur. Mais il a dû envisager la possibilité qu’elle pourrait survenir plus tard qu’il ne l’avait d’abord pensé. Ce changement de perspective l’a conduit à valoriser ”l’aujourd’hui”, à souligner davantage l’aspect ”déjà réalisé” du salut et de l’union au Christ (18) ».
C’est ce qu’explique aussi Paul Wells, professeur de théologie à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence : « Les premiers chrétiens pensaient à un retour presque immédiat du ressuscité. […] De nombreux interprètes donnent l’impression qu’il y avait, dans le christianisme primitif, une erreur au sujet de l’attente de l’accomplissement final. Ce n’est qu’avec le temps et la frustration éprouvée que la doctrine chrétienne s’est installée dans la durée. L’attente d’une parousie proche a été remplacée par une eschatologie de la durée, le royaume de Dieu par l’Eglise et l’événement fondateur par une institution (19). »
Par ailleurs, on peut être étonné de voir tant de chrétiens proclamer chaque jour – conformément au fondement de leur espérance et selon le modèle de prière donné par Jésus (Matthieu 6.9-13) – leur foi en la venue du Seigneur et en l’instauration de son royaume en priant « que ton règne vienne »… mais tout en reportant cette seconde venue du Christ dans un futur très lointain (ou bien en interprétant cette promesse dans un sens allégorique) ! Combien finalement aspirent de tout cœur à l’exaucement de leur demande en vivant intensément cette attente ? Il s’agit là sans doute d’un autre grand paradoxe du christianisme contemporain !
Pour autant – c’est en tout cas le sentiment d’Hans Heinz, déjà cité plus haut –, « il faut que le message du retour imminent de Jésus retentisse dans le monde entier afin que ceux qui l’entendront puissent avoir l’occasion de se décider pour le salut offert en Christ. Les signes des temps n’ont pas été donnés pour effrayer les hommes face à la fin du monde. Ils l’ont été, bien plus, pour leur montrer que le mal sur terre touche à sa fin, parce que le Christ vient pour rétablir toutes choses (20). »
En tant que chrétiens, nous n’avons pas à redouter le retour du Christ. Au contraire, faisons-lui confiance et vivons dans cette perspective… comme les premiers chrétiens qui se plaisaient à répéter la formule araméenne maranatha et pour qui la parousie constituait un des ressorts fondamentaux de leur foi.
Rappelons-le, Jésus nous a dit lui-même à ce sujet : « Ne soyez pas inquiets ; que votre cœur ne soit pas troublé. Vous avez foi en Dieu : ayez aussi foi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de place ; si ce n’était pas vrai, est-ce que je vous aurais dit : je m’en vais pour vous y préparer une demeure ? Lorsque je vous aurai préparé cette demeure, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que vous serez, vous aussi, là où je serai » (Jean 14.1-3, Parole vivante par Alfred Kuen) ; « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche » (Luc 21.28). Et dans les dernières lignes de la Bible – à trois reprises – le Christ nous répète : « Je viens bientôt » (Apocalypse 22.7, 12, 20).

Claude Bouchot

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