HOMÉLIE DU 33E DIMANCHE ORDINAIRE C

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HOMÉLIE DU 33E DIMANCHE ORDINAIRE C

Mal 3, 19-20a ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19

Luc, 21, 12-19

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Au thermomètre de la peur et de l’angoisse, le mercure n’arrête pas de monter. Les raisons ne manquent pas. Les informations et les images quotidiennes nous les servent chaque jour à domicile. Et ce n’est pas du cinéma. Nos lointains ancêtres, eux, avaient peur des déchaînements de la nature. Ils les voyaient comme des manifestations de la colère des dieux. Aujourd’hui, « les hommes ont surtout peur des hommes » (René Girard) : attentats suicides, guerre chimique, guerre bactériologique, tout est possible. Il y en a même, comme à toutes les époques, qui utilisent la violence « croyant rendre gloire à Dieu ».
Or, dès l’ouverture de notre rassemblement eucharistique qui fait EGLISE, nous pourrions lire dans nos missels Jérémie prophétiser : « Mes pensées, dit le Seigneur, sont des pensées de paix et non pas de malheur ». Il y a un instant, vous avez entendu une sorte de Jean Baptiste du Ve siècle avant Jésus Christ, appelé Malachie. Il s’est lui aussi trouvé confronté à des croyants découragés, tant sur le plan religieux que sur le plan économique et politique. Quoi qu’il arrive, prêchait Malachie, ne vous laissez pas aller au découragement ni au doute. Le jour du Seigneur viendra. Un jour de véritable libération.
Dans les premières communautés chrétiennes, nous a rappelé saint Paul, on prêchait l’espérance de la proximité du jour du Seigneur, que beaucoup traduisaient : ce sera dans quelques mois, tout au plus quelques années. Certains en avaient conclu qu’il n’y avait plus qu’à attendre la fin, sans plus rien faire : ni travailler, ni épargner, ni même se marier. Cela ne vaut plus la peine. Il va revenir, il revient, il est à nos portes.
Et que nous disent les évangélistes ? Ils ont repris les images traditionnelles de la vieille littérature apocalyptique, encore très populaire à l’époque. Son objectif a toujours été de rendre l’espérance aux croyants persécutés pour leur foi, aux victimes des guerres et des occupations étrangères. D’où l’image symbolique d’une intervention divine miraculeuse, inattendue, dans un décor d’images terrifiantes.
Luc prêche et compose précisément son évangile dans un temps de persécution, marqué par la destruction du Temple de Jérusalem, qui est LE Sanctuaire de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Un seul Dieu, un seul Temple. Imaginez qu’on nous annonce tout à l’heure la destruction de la basilique Saint-Pierre à Rome et le bombardement du Vatican. C’est la fin du monde, dirions-nous aussi comme les disciples.
Aujourd’hui aussi, le monde est rempli de menaces, de guerres, de massacres, de pollutions, de famines. Les scientifiques nous expliquent qu’un jour ou l’autre les humains pourraient mourir « broyés et grillés », noyés ou asphyxiés. Déstabilisés par des sectes, des gens ont la hantise de la « date », l’obsession des apparitions, des révélations, des messages.
Jésus, LUI, répète depuis deux mille ans : Beaucoup viendront sous mon nom en disant : « Le moment est proche, est tout proche ». Et bien, de grâce, ne les écoutez pas, ne marchez pas derrière eux. Il a même précisé : « Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés ». Il est donc inutile et vain de spéculer sur le jour et sur l’heure, d’autant plus que notre mort, qui est aussi relativement imminente, sera déjà pour chacun de nous une sorte de fin du monde. Même si pour la foi, il s’agit plutôt d’un passage, d’une mutation, d’un achèvement. C’est l’épreuve d’un accouchement, qui, lui, ne se fait pas sans douleur.
C’est Jésus qui a inauguré les « derniers temps ». Le temps où le Christ ressuscité vient nous donner sa Parole et son Esprit, pour nous libérer déjà des forces de la mort et nous faire passer de l’égoïsme à la charité et à la solidarité, de l’avarice à la générosité, de la rancune au pardon. C’est ainsi que le Royaume nouveau, d’amour, de justice et de paix, est déjà en germe parmi nous. Il nous appartient de le bâtir, de le faire croître pour qu’il porte des fruits.
L’évangile de ce jour n’est pas destiné à nous faire peur. Mais bien à nous rendre vigilants et responsables de ce monde, dont nous sommes les gérants. Nous sommes donc aussi responsables du Royaume de Dieu, de justice et de paix. Nous sommes appelés à en être les témoins.
Ainsi, chaque jour est toujours « SON » jour. Son jour, c’est tous les jours.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

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