Archive pour octobre, 2016

Michael archangel by an anonymous Bolivian painter (1708)

6 octobre, 2016

Michael archangel by an anonymous Bolivian painter (1708) dans images sacrée An%C3%B3nimo_-_San_Miguel_Arc%C3%A1ngel%2C_1708

https://en.wikipedia.org/wiki/Michael_(archangel)

PAPE FRANÇOIS – PÈRE, PARDONNE-LEUR : ILS NE SAVENT CE QU’ILS FONT » (LC 23, 34)

6 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20160928_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS -  PÈRE, PARDONNE-LEUR : ILS NE SAVENT CE QU’ILS FONT » (LC 23, 34)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 28 septembre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Les mots que Jésus prononce au cours de sa passion atteignent leur sommet dans le pardon. Jésus pardonne  :  «  Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23, 34). Ce ne sont pas seulement des mots, car ils deviennent un acte concret dans le pardon offert au « bon larron », qui était à côté de Lui. Saint Luc raconte l’histoire de deux malfaiteurs crucifiés avec Jésus, qui s’adressent à Lui avec des attitudes opposées. Le premier l’insulte, comme tous les gens l’insultaient, comme le font les chefs du peuple, mais ce pauvre homme, poussé par le désespoir dit : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi » (Lc 23, 39). Ce cri témoigne de l’angoisse de l’homme face au mystère de la mort et de la conscience tragique que seul Dieu peut être la réponse libératrice : c’est pourquoi il est impensable que le Messie, l’envoyé de Dieu, puisse être sur la croix sans rien faire pour se sauver. Et ils ne comprenaient pas cela. Ils ne comprenaient pas le mystère du sacrifice de Jésus. En revanche, Jésus nous a sauvés en restant sur la croix. Nous savons tous qu’il n’est pas facile de « rester sur la croix », sur nos petites croix de chaque jour. Lui, sur cette grande croix, dans cette grande souffrance, est resté ainsi et là il nous a sauvés; là il nous a montré sa toute-puissance et là il nous a pardonnés. C’est là que s’accomplit son don d’amour et que jaillit pour toujours notre salut. En mourant sur la croix, innocent entre deux criminels, Il atteste que le salut de Dieu peut rejoindre chaque homme dans n’importe quelle condition, même la plus négative et douloureuse. Le salut de Dieu est pour tous, sans exception. Il est offert à tous. C’est pourquoi le jubilé est un temps de miséricorde et de grâce pour tous, bons et méchants, pour ceux qui sont en bonne santé et pour ceux qui souffrent. Rappelez-vous la parabole que raconte Jésus à propos du mariage du fils d’un puissant de la terre : quand les invités n’ont pas voulu venir, il dit à ses serviteurs : « Allez donc aux départs des chemins, et conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver » (Mt 22, 9). Nous sommes tous appelés : bons et méchants. L’Église n’est pas seulement pour les bons ou ceux qui semblent bons; l’Église est pour tous, et même de préférence pour les méchants, car l’Église est miséricorde. Et ce temps de grâce et de miséricorde nous rappelle que rien ne peut séparer de l’amour du Christ! (cf. Rm 8, 39). A celui qui est cloué sur un lit d’hôpital, à celui qui vit enfermé dans une prison, à ceux qui sont pris au piège par les guerres, je dis : regardez le Crucifié; Dieu est avec vous, il reste avec vous sur la croix et il s’offre à tous comme Sauveur, à nous tous. A vous qui souffrez tant, je dis : Jésus est crucifié pour vous, pour nous, pout tous. Laissez la force de l’Évangile pénétrer dans vos cœurs et vous consoler, vous donner l’espérance et l’intime certitude que personne n’est exclu de son pardon. Mais vous pourrez me demander : « Mais dites-moi, père, celui qui a fait les choses les plus horribles pendant sa vie, a-t-il la possibilité d’être pardonné? — « Oui, oui : personne n’est exclu du pardon de Dieu. Il doit seulement s’approcher repenti de Jésus et avec le désir d’être embrassé par Lui ». Il s’agissait du premier malfaiteur. L’autre est celui qu’on appelle le « bon larron ». Ses paroles sont un modèle merveilleux de repentir, une catéchèse concentrée pour apprendre à demander pardon à Jésus. Il s’adresse tout d’abord à son compagnon : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine! » (Lc 23, 40). Il souligne ainsi le point de départ du repentir : la crainte de Dieu. Mais pas la peur de Dieu, non : la crainte filiale de Dieu. Ce n’est pas la peur, mais le respect que l’on doit à Dieu, car Il est Dieu. C’est un respect filial parce qu’Il est Père. Le bon larron rappelle l’attitude fondamentale qui ouvre à la confiance en Dieu : la conscience de sa toute-puissance et de son infinie bonté. C’est ce respect confiant qui aide à faire place à Dieu et à se remettre à sa miséricorde. Ensuite, le bon larron déclare l’innocence de Jésus et confesse ouvertement sa propre faute : « Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes; mais lui n’a rien fait de mal » (Lc 23, 41). Jésus est donc là sur la croix, pour être avec les coupables : à travers cette proximité, Il leur offre le salut. Ce qui est un scandale pour les chefs et pour le premier voleur, pour ceux qui étaient là et qui se moquaient de Jésus, est en revanche le fondement de sa foi. Et ainsi, le bon larron devient le témoin de la grâce : l’impensable s’est produit. Dieu m’a aimé à un tel point qu’il est mort sur la croix pour moi. La foi même de cet homme est le fruit de la grâce du Christ : ses yeux contemplent chez le Crucifié l’amour de Dieu pour lui, pauvre pécheur. C’est vrai, le larron était un voleur, un voleur, il avait volé toute sa vie. Mais à la fin, repenti de ce qu’il avait fait, en regardant Jésus si bon et si miséricordieux, il a réussi à voler le ciel : quel voleur habile! Le bon larron s’adresse enfin directement à Jésus, en invoquant son aide : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume » (Lc 23, 42). Il l’appelle par son nom, « Jésus », avec confiance, et ainsi il confesse ce que ce nom indique : « le Seigneur sauve ». C’est ce que signifie le nom « Jésus ». Cet homme demande à Jésus de se rappeler de lui. Que de tendresse dans cette expression, que d’humanité! C’est le besoin de l’être humain de ne pas être abandonné, que Dieu soit toujours proche de lui. De cette manière, un condamné à mort devient un modèle du chrétien qui se remet à Jésus. Un condamné à mort est un modèle pour nous, un modèle pour un homme, pour un chrétien qui se remet à Jésus; il est aussi un modèle de l’Église, qui très souvent dans la liturgie invoque le Seigneur en disant : « Rappelle-toi… Rappelle-toi de ton amour… ». Alors que le bon larron parle au futur : « Quand tu viendras avec ton royaume », la réponse de Jésus ne se fait pas attendre; il parle au présent : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (v. 43). A l’heure de la croix, le salut du Christ atteint son sommet; et sa promesse au bon larron révèle l’accomplissement de sa mission : c’est-à-dire, sauver les pécheurs. Au début de son ministère, dans la synagogue de Nazareth, Jésus avait proclamé « la libération aux prisonniers » (Lc 4, 18); à Jéricho, dans la maison du pécheur public Zachée, il avait déclaré que « le Fils de l’homme — c’est-à-dire Lui — est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 9). Sur la croix, le dernier acte confirme la réalisation de ce dessein salvifique. Du début à la fin, il s’est révélé Miséricorde, il s’est révélé incarnation définitive et unique de l’amour du Père. Jésus est vraiment le visage de la miséricorde du Père. Et le bon larron l’a appelé par son nom : « Jésus ». C’est une brève invocation, et nous pouvons tous la prononcer de nombreuses fois au cours de la journée : « Jésus ». « Jésus », tout simplement. Faites ainsi pendant toute la journée.

BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LES CHEMINS QUI CONDUISENT À LA CONNAISSANCE DE DIEU

5 octobre, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121114.html

BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LES CHEMINS QUI CONDUISENT À LA CONNAISSANCE DE DIEU

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 14 novembre 2012

Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier, nous avons réfléchi sur le désir de Dieu que l’être humain porte au plus profond de lui-même. Aujourd’hui, je voudrais continuer à approfondir cet aspect en méditant brièvement avec vous sur certaines voies pour arriver à la connaissance de Dieu. Je voudrais rappeler, toutefois, que l’initiative de Dieu précède toujours toute initiative de l’homme, et, même en chemin vers Lui, c’est Lui le premier qui nous éclaire, nous oriente et nous guide, en respectant toujours notre liberté. Et c’est toujours Lui qui nous fait entrer dans son intimité, en se révélant et en nous donnant la grâce pour pouvoir accueillir cette révélation dans la foi. N’oublions jamais l’expérience de saint Augustin : ce n’est pas nous qui possédons la Vérité après l’avoir cherchée, mais c’est la Vérité qui nous cherche et nous possède. Toutefois, il existe des voies qui peuvent ouvrir le cœur de l’homme à la connaissance de Dieu, il existe des signes qui conduisent vers Dieu. Certes, nous risquons souvent d’être aveuglés par les miroitements de la vie du monde, qui nous rendent moins capables de parcourir ces voies ou de lire ces signes. Mais Dieu ne se lasse jamais de nous chercher, il est fidèle à l’homme qu’il a créé et racheté, il reste proche de notre vie parce qu’il nous aime. Voilà une certitude qui doit nous accompagner chaque jour, même si certaines mentalités diffuses rendent plus difficiles à l’Eglise et au chrétien de transmettre la joie de l’Évangile à chaque créature et de conduire chacun à la rencontre avec Jésus, unique Sauveur du monde. Telle est, toutefois, notre mission, c’est la mission de l’Église et tout croyant doit la vivre joyeusement, en la ressentant comme sienne, à travers une existence vraiment animée par la foi, marquée par la charité, par le service à Dieu et aux autres, et capable de faire rayonner l’espérance. Cette mission resplendit surtout dans la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés. Aujourd’hui — nous le savons — les difficultés ne manquent pas ni les épreuves pour la foi, souvent peu comprise, contestée, refusée. Saint Pierre disait à ses chrétiens : «Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » ( 1 Pt 3, 15). Par le passé, en Occident, dans une société considérée comme chrétienne, la foi était le milieu dans lequel elle évoluait; la référence et l’adhésion à Dieu étaient, pour la plupart des personnes, une partie de la vie quotidienne. C’était plutôt celui qui ne croyait pas qui devait justifier son incrédulité. Dans notre monde, la situation a changé et le croyant doit toujours davantage être capable de rendre raison de sa foi. Le bienheureux Jean-Paul II, dans l’encyclique Fides et ratio, soulignait combien la foi est encore mise à l’épreuve à l’époque contemporaine à travers des formes subtiles et captieuses d’athéisme théorique et pratique (cf. nn. 46-47). A partir du siècle des Lumières, la critique contre la religion s’est intensifiée ; l’histoire a été marquée par la présence de systèmes athées dans lesquels Dieu était considéré comme une pure projection de l’esprit humain, une illusion et le produit d’une société déjà faussée par tant d’aliénations. Le siècle dernier a ensuite connu un fort processus de sécularisme à l’enseigne de l’autonomie absolue de l’homme, considéré comme la mesure et l’artisan de la réalité, mais appauvri dans son identité de créature « à l’image et à la ressemblance de Dieu ». De nos jours s’est vérifié un phénomène particulièrement dangereux pour la foi: il y a en effet une forme d’athéisme que nous définissons, justement, « pratique », dans lequel les vérités de la foi ou les rites religieux ne sont pas niés, mais simplement ils sont jugés sans importance pour l’existence quotidienne, détachés de la vie, inutiles. Souvent, alors, on croit en Dieu de manière superficielle, et on vit « comme si Dieu n’existait pas » (etsi Deus non daretur). Mais à la fin, cette manière de vivre se révèle encore plus destructrice, parce qu’elle porte à l’indifférence envers la foi et envers la question de Dieu. En réalité, l’homme, séparé de Dieu, est réduit à une seule dimension, celle horizontale, et ce réductionnisme est précisément l’une des causes fondamentales des totalitarismes qui ont eu des conséquences tragiques au siècle dernier, ainsi que de la crise de valeurs que nous voyons dans la réalité actuelle. En affaiblissant la référence à Dieu, on a également affaibli l’horizon éthique, pour laisser place au relativisme et à une conception ambiguë de la liberté, qui au lieu d’être libératrice, finit par lier l’homme à des idoles. Les tentations que Jésus a affrontées dans le désert avant sa mission publique, représentent bien ces « idoles » qui fascinent l’homme, lorsqu’il ne va pas au-delà de lui-même. Si Dieu perd son caractère central, l’homme perd sa juste place, il ne trouve plus sa place dans la création, dans les relations avec les autres. Ce que la sagesse antique évoque avec le mythe de Promothée n’a pas disparu : l’homme pense pouvoir devenir lui-même « dieu », patron de la vie et de la mort. Face à cette situation, l’Église, fidèle au mandat du Christ, ne cesse d’affirmer la vérité sur l’homme et sur son destin. Le Concile Vatican ii affirme ainsi de façon synthétique : « L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l’homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec Lui commence avec l’existence humaine. Car, si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créé par amour et, par amour, ne cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité que s’il reconnaît librement cet amour et s’abandonne à son Créateur » (Const. Gaudium et spes, n. 19). Quelles réponses la foi est-elle alors appelée à donner, « avec douceur et respect» à l’athéisme, au scepticisme, à l’indifférence envers la dimension verticale, afin que l’homme de notre temps puisse continuer à s’interroger sur l’existence de Dieu et à parcourir les voies qui conduisent à Lui ? Je voudrais évoquer certaines voies, qui dérivent tant de la réflexion naturelle, que de la force même de la foi. Je voudrais les résumer de façon très synthétique en trois mots : le monde, l’homme, la foi. Le premier mot : le monde. Saint Augustin, qui dans sa vie a longuement cherché la Vérité et a été saisi par la Vérité, a écrit une très belle et célèbre page, dans laquelle il affirme ceci : « Interroge la beauté de la terre, la beauté de la mer, la beauté de cette vaste et immense atmosphère, la beauté du ciel… interroge tout cela. Tout ne répond-il pas : Regarde, admire notre beauté ? Leur beauté même est une réponse. Or, qui a fait ces beautés muables, sinon l’immuable Beauté ? » (Sermon, 241, 2 : pl 38, 1134). Je pense que nous devons récupérer et faire récupérer à l’homme d’aujourd’hui la capacité de contempler la création, sa beauté, sa structure. Le monde n’est pas un magma informe, mais plus nous le connaissons, plus nous en découvrons les merveilleux mécanismes, plus nous voyons un dessein, nous voyons qu’il y a une intelligence créatrice. Albert Einstein disait que dans les lois de la nature « se révèle une raison si supérieure que toutes les pensées ingénieuses des hommes et leur agencement ne sont, en comparaison, qu’un reflet tout à fait futile » (Comment je vois le monde). Une première voie, donc, qui conduit à la découverte de Dieu consiste à contempler la création avec un regard attentif. Le deuxième mot : l’homme. Saint Augustin, toujours lui, est l’auteur ensuite d’une phrase célèbre dans laquelle il dit que Dieu est davantage en moi que je ne le suis moi-même (cf. Confessions III, 6, 11). C’est pourquoi il formule l’invitation : « Ne va pas au dehors, cherche en toi-même ; la vérité réside dans l’homme intérieur » (De vera religione, 39, 72). Cela est un autre aspect que nous risquons de perdre de vue dans le monde bruyant et désordonné dans lequel nous vivons : la capacité de nous arrêter et de regarder en profondeur en nous-mêmes et de lire cette soif d’infini que nous portons à l’intérieur, qui nous pousse à aller au-delà et renvoie à Quelqu’un qui puisse la combler. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme : « Avec son ouverture à la vérité et à la beauté, son sens du bien moral, sa liberté et la voix de sa conscience, son aspiration à l’infini et au bonheur, l’homme s’interroge sur l’existence de Dieu » (n. 33). Le troisième mot: la foi. En particulier dans la réalité de notre temps, nous ne devons pas oublier qu’une voie qui conduit à la connaissance et à la rencontre avec Dieu est la vie de la foi. Celui qui croit est uni à Dieu, il est ouvert à sa grâce, à la force de la charité. Ainsi, son existence devient le témoignage non de lui-même, mais du Ressuscité, et sa foi n’a pas crainte de se montrer dans la vie quotidienne, elle est ouverte au dialogue qui exprime une amitié profonde pour le chemin de chaque homme, et sait allumer des lumières d’espérance au besoin de rachat, de bonheur, d’avenir. En effet, la foi est une rencontre avec Dieu qui parle et œuvre dans l’histoire et qui convertit notre vie quotidienne, en transformant en nous la mentalité, les jugements de valeur, les choix et les actions concrètes. Ce n’est pas une illusion, une fuite de la réalité, un refuge confortable, du sentimentalisme, mais une participation de toute la vie et l’annonce de l’Evangile, Bonne Nouvelle capable de libérer chaque homme. Un chrétien, une communauté qui sont actifs et fidèles au projet de Dieu qui nous a aimés le premier, constituent une voie privilégiée pour ceux qui sont dans l’indifférence ou dans le doute à propos de son existence et de son action. Mais cela demande à chacun de rendre toujours plus transparent son propre témoignage de foi, en purifiant sa vie afin qu’elle soit conforme au Christ. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ont une conception limitée de la foi chrétienne, car ils l’identifient avec un simple système de croyances et de valeurs et pas tant avec la vérité de Dieu qui s’est révélé dans l’histoire, désireux de communiquer avec l’homme de manière personnelle, dans une relation d’amour avec lui. En réalité, comme fondement de chaque doctrine ou valeur, il y a l’événement de la rencontre entre l’homme et Dieu en Jésus Christ. Le christianisme, avant d’être une morale ou une éthique, est l’avènement de l’amour, est l’accueil de la personne de Jésus. C’est pourquoi le chrétien et les communautés chrétiennes doivent tout d’abord regarder et faire voir le Christ, véritable chemin qui conduit à Dieu.

L’ICÔNE DE LA MISÉRICORDE

2 octobre, 2016

http://pjbw.net/fr/actualites/l-icone-de-la-misericorde

L’ICÔNE DE LA MISÉRICORDE

Tout au long de l’année 2015, la communauté de Taizé célèbre les 75 ans de sa fondation et invite à faire mémoire de frère Roger, son fondateur, 100 ans après sa naissance et 10 ans après son départ pour la vie d’éternité. Le thème de réflexion pour cette année étant « Vers une nouvelle solidarité », la communauté a décidé de faire peindre une icône qui raconte l’histoire du bon Samaritain. Ce texte biblique du chapitre 10 de l’Évangile de St Luc donne un exemple concret de ce qu’est la solidarité vécue. L’icône a été réalisée par l’atelier français d’iconographie St. Jean Damascène.

L'ICÔNE DE LA MISÉRICORDE dans ICONOLOGIE icone_taize_1

Description Le personnage principal sur l’icône est le Christ, représenté debout au centre. Il est allongé et habillé d’un vêtement d’une couleur blanche tendant vers le vert. Son beau visage accueillant est la partie la plus significative de son corps. Avec sa main droite, il fait un geste de bénédiction et dans la main gauche il tient l’Évangile ouvert qui montre les lettres grecques alpha et oméga. Le Christ est entouré d’une mandorle faite de strates de couleurs bleu foncé et rouge et de lignes blanches et en or qui animent la surface de la mandorle d’un mouvement ondulatoire. Une épaisse bande blanche forme le bord de la mandorle. Cette bande ne se limite pas à suivre son contour, elle se détache en lacets qui forment six cercles placés régulièrement tout autour de la mandorle. A l’intérieur des cercles, la parabole du bon Samaritain est représentée en six épisodes. De gauche à droite et de haut en bas, les images racontent ainsi des deux côtés du Christ ce passage de l’Évangile. La première image montre les deux brigands qui frappent la victime. Sur la deuxième, on voit celle-ci allongée par terre, et le prêtre et le lévite en train de passer en priant mais en laissant la victime au bord de la route. Ensuite le bon Samaritain arrive avec son âne, se penche vers l’homme et le soulève. Il soigne ses blessures. À l’auberge l’homme blessé est dans un lit et le bon Samaritain à son côté. Surla dernière image finalement, la victime, le bon Samaritain et l’aubergiste sont assis en train de partager un repas autour d’une table.

icone_taize_2 dans image sacré et texte

Au-dessus et en-dessous de la mandorle avec le Christ en son centre, sont représentés quatre anges en train d’adorer Dieu. Trois sont en rouge et le dernier est d’une couleur bleu verdâtre. Tout en haut de l’icône, derrière les anges, se trouve une bande rouge qui suit un mouvement ondulatoire et en bas, derrière les anges, une bande verte. Sur les bandes on peut lire : « Ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

Signification Le Christ en blanc est le Christ céleste, transfiguré tel qu’il viendra à la fin des temps. Par sa présence il nous bénit et il nous raconte l’histoire du bon Samaritain. La mandorle signifie le mystère de Dieu que nous ne pouvons pas comprendre. Mais habillé en blanc comme un nouveau né, le Christ vient chez nous et il nous révèle Dieu. Sur les images qui racontent la parabole, la victime est représentée également avec un vêtement blanc : le Christ est présent dans l’être humain blessé qui a besoin de notre aide. Dans plusieurs des images, la position de la victime rappelle des moments de la passion du Christ (la flagellation, la déposition de la Croix). Le bon Samaritain est habillé en vert, couleur qui symbolise la présence de l’Esprit Saint. Il est vrai qu’il n’est pas facile de venir en aide à ceux qui en ont besoin, mais si nous nous mettons à le faire, l’Esprit saint vient en nous et il agit à travers nous. Sur la première image nous voyons trois personnes : les deux brigands qui frappent la victime. L’image nous montre une trinité défigurée. Rappelant le récit du meurtre d’Abel par Caïn au début de la Bible, l’histoire commence par montrer l’harmonie brisée par le péché. L’homme, pourtant créé à l’image de Dieu, n’est pas à sa ressemblance. Sur la dernière image, nous voyons de nouveau trois personnes. Ils sont assis autour d’une table sur laquelle il y a une coupe – comme sur l’icône de la Sainte Trinité : l’harmonie trinitaire a été rétablie. Tandis qu’une piété qui oublie le prochain, comme celle du lévite et du prêtre qui passent à côté de la victime, n’est qu’une forme d’idolâtrie, c’est l’amour, l’œuvre de charité accomplie par le bon Samaritain, qui restaure l’humanité à la ressemblance de Dieu.

Style artistique L’icône a été réalisée selon la technique traditionnelle de l’iconographie transmise par l’Église orthodoxe : tempera à l’œuf et dorure sur une planche en bois couverte de lefka (enduit blanc à base de craie). Comme pour la plupart des icônes, le style des représentations est principalement celui de l’art byzantin. Mais considérant que l’art de l’icône n’est pas un don réservé uniquement à l’Orient chrétien, différents éléments de la tradition artistique de l’Occident, et spécialement de la région bourguignonne, ont été introduits dans l’expression de la figure du Christ et dans l’ensemble de la composition. Ainsi le Christ rappelle le Christ en gloire de la chapelle des moines à Berzé, ou le Christ tel qu’il est représenté sur les tympans des églises romanes, par exemple à Vézelay. L’ensemble de la composition, avec le jeu de lacets de la mandorle, s’inspire de l’art des enluminures. D’un point de vue artistique, l’intérêt de l’icône se trouve surtout dans le fait qu’il ne s’agit pas d’une copie d’une image traditionnelle mais d’une représentation qui est nouvelle. De la réflexion sur la parabole du bon Samaritain est née une image qui, à travers ses formes et couleurs, nous révèle l’Évangile avec une nouvelle fraîcheur. L’icône s’inscrit donc dans la tradition vivante par laquelle l’Esprit Saint nous fait toujours à nouveau découvrir la foi.

 

MÈRE TERESA, SI CONNUE, SI MÉCONNUE

1 octobre, 2016

https://combonianum.org/2016/09/02/mere-teresa-si-connue-si-meconnue/

MÈRE TERESA, SI CONNUE, SI MÉCONNUE

Par sa bonté ardente et son courage infatigable, Mère Teresa (1910-1997) a lutté contre l’effroyable misère de Calcutta et contre le désespoir du monde.

« Elle était une sainte », affirment ceux qui l’ont connue, à Calcutta et ailleurs. Canonisée de son vivant par le peuple, Mère Teresa continue d’attirer des milliers de chrétiens, d’hindous et de musulmans qui viennent sur sa tombe à la Mother House, la maison-mère des Missionnaires de la Charité à Calcutta.
Pourtant, si elle est une icône universelle de l’amour et de la compassion, sa vie reste mal connue. Et bon nombre de fidèles ont été décontenancés en apprenant, par la publication posthume de son journal (1), qu’elle avait connu une longue nuit spirituelle. Ce pan ignoré de sa vie a créé un doute?: mais qui était donc « la sainte de Calcutta »??
Agnès Gonxha Bojaxhiu – son nom civil – est née en 1910 à Skopje (alors dans l’Albanie de l’Empire ottoman, aujourd’hui capitale de la République de Macédoine). Son père, un entrepreneur prospère, décède lorsqu’elle a 9 ans. Sa mère élève ses trois enfants dans une foi catholique aimante et fervente. À 18 ans, la jeune fille entre chez les Sœurs de Notre-Dame-de-Lorette, à ­Rathfarnham, en Irlande. Elle ne reviendra en Albanie que près de soixante ans plus tard, en 1989.

Un nom choisi par admiration pour Thérèse de Lisieux
Après six semaines d’apprentissage de l’anglais, la postulante est envoyée en Inde pour son noviciat. Puis, pendant presque vingt ans, Sœur Mary Teresa – comme elle a choisi de s’appeler, par admiration pour Thérèse de Lisieux – enseigne la géographie à Loreto Entally, une école pour filles de castes supérieures.
Avec ses centaines de milliers d’habitants qui naissent, vivent et meurent sur les trottoirs, ses inondations fréquentes et dévastatrices, sa saleté endémique, Calcutta est l’un des lieux les plus misérables au monde. Mais derrière les hauts murs de son collège, Sœur Mary Teresa reste à l’abri. Elle n’a rien vu, semble-t-il, de l’effroyable famine du Bengale, en 1943, au cours de laquelle près de 2 millions de personnes décèdent.
Tout bascule le 10 septembre 1946?: date fondatrice qu’elle nomme son « appel dans l’appel ». Dans le train vers Darjeeling, elle entend le Christ. « Je devais sortir du couvent et aider les plus pauvres d’entre les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude », écrira-t-elle en 1993. Et elle ajoutera?: « Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui. »
Mère Teresa, suivie par une dizaine de ses anciennes élèves
Sœur Mary Teresa demande à l’archevêque Mgr Ferdinand ­Périer la permission de quitter sa congrégation. Il lui obtient de Rome une autorisation d’exclaustration… qui arrivera le 8 août 1948. Huit jours plus tard, celle que l’on appellera désormais Mère Teresa quitte les Sœurs de Lorette. Elle a cinq roupies en poche et un sari qu’elle s’est confectionné pour marquer son inculturation. Un sari blanc à liseré bleu qui n’est pas sans évoquer les traditionnelles représentations de la Vierge.

> Lire aussi?: Mère Teresa sera canonisée le 4 septembre
Après quatre mois de formation d’infirmière à Patna, elle ouvre, en décembre 1948, sa première école dans un espace public de Calcutta, pour des dizaines d’enfants abandonnés à qui elle enseigne l’alphabet et distribue des savons. Une de ses anciennes élèves de Loreto demande à la suivre. Puis deux. Puis une dizaine. Si bien qu’au printemps 1950 Mère Teresa rédige, en une nuit, la règle d’une nouvelle congrégation, les Missionnaires de la Charité, dont la vocation est de « répandre l’amour qui vient de Dieu ».

Chaque vie est sacrée
Aux trois vœux – pauvreté, chasteté, obéissance –, elle en ajoute un quatrième?: consacrer toute sa vie aux pauvres de manière exclusive, et sans jamais accepter aucune récompense matérielle.
Pour elle, chaque vie est sacrée?: moribonds, orphelins, lépreux, handicapés… Aucun drame humain ne lui est étranger. « Même l’enfant non encore né a la vie de Dieu en lui. Nous n’avons pas le droit de détruire cette vie pour quelque raison que ce soit », répète-t-elle à propos de l’avortement, ce qui lui vaudra bien des critiques en Occident.
Mère Teresa n’en a cure?: sans relâche, elle fonde, recrute, secoue les indifférences, frappe aux portes et aux cœurs des puissants. Devenue célèbre à partir de 1970 en dépit de son humilité, elle se sert de sa renommée pour élargir ses réseaux de donateurs et rappeler que « les pauvres n’ont pas besoin de pitié, mais de respect ».

Les dates clés
1910. Naissance d’Agnès Gonxha Bojaxhiu le 26 août à Skopje, en Macédoine.
1928. Rejoint les Sœurs de Notre-Dame-de-Lorette, près de Dublin (Irlande).
1929.?Arrivée à Calcutta.
1946. « Appel dans l’appel », dans un train vers Darjeeling.
1948. Autorisation du pape Pie XII de vivre hors de sa communauté religieuse?; formation d’infirmière à Patna.
1950. Fondation des Missionnaires de la Charité.
1960. Fondation des coopérateurs (laïcs) des Missionnaires de la Charité.
1979. Prix Nobel de la paix.
1997. Décès le 5 septembre.
1999. Ouverture du procès de canonisation.
2002. Reconnaissance d’un premier miracle, la guérison (en 1998) d’une Indienne de 30 ans, atteinte d’une tumeur à l’estomac.
2003. Béatification le 19 octobre par Jean-Paul II.
2015. Reconnaissance d’un second miracle, la guérison (en 2008) d’un Brésilien de 35 ans, atteint de multiples tumeurs au cerveau.
2016. Canonisation le 4 septembre par le pape François.
En fraternité spirituelle avec Jean-Paul II
Mère Teresa et Jean-Paul II.
Ces deux géants de la foi se sont porté une profonde estime. Cette photographie a été prise le 3 février 1986 en Inde. C’est alors, au mouroir de Kalighat à Calcutta, que le pape Jean-Paul II rend grâce pour Mère Teresa au « Dieu de tendresse et de compassion ». La religieuse l’interpelle?: « Très Saint-Père, vous savez ce qui serait gentil?? Ce serait de donner aux pauvres, à mon peuple, la moitié seulement des richesses du Vatican?! »
« Mère Teresa a incarné la dimension féminine du pontificat de Jean-Paul II », estime Mgr Francesco Follo, observateur du Saint-Siège auprès de l’Unesco (2). Il est « significatif », selon lui, que la fondatrice des Missionnaires de la Charité soit canonisée un peu plus d’un an après le pape polonais.

Claire Lesegretain<!––>, le 02/09/2016

(1) « Viens, sois ma lumière », présenté par le P. Brian Kolodiejchuk
(2) Auteur de Prier quinze jours avec Mère Teresa, Éd. Nouvelle Cité, 2003, 122 p

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