Archive pour octobre, 2016

L’eau jaillissant du rocher . Victoire sur les Amalécites

14 octobre, 2016

L'eau jaillissant du rocher . Victoire sur les Amalécites  dans images sacrée 17%20GIORDANO%20MOISE%20A%20LE%20BRAS%20SOUTENU%20PITHIVIERS%20MAH

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HOMÉLIE DU 29E DIMANCHE ORDINAIRE C

14 octobre, 2016

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HOMÉLIE DU 29E DIMANCHE ORDINAIRE C

Ex 17, 8-13 ; 2 Tm 3, 14 – 4, 2 ; Lc 18, 1-8

« Il faut toujours prier, sans se décourager ». Voilà bien une formule évangélique fort connue. Un cantique moderne nous l’a même fait chanter : « Crier vers Dieu sans perdre cœur ». Bien connue aussi l’expression : « Demandez et vous recevrez » (Jn 16, 24). Mais la précision donnée par l’apôtre Jacques nous est moins familière : « Vous n’obtenez pas parce que vous ne demandez pas » (4, 2). Et, ajoute-t-il, « Si vous demandez sans recevoir, c’est parce que vous demandez mal » (4, 3). Il est vrai que nous sommes bien souvent tentés d’appeler Dieu à la rescousse, parfois même pour des motifs futiles, et de lui dicter les réponses que nous souhaitons.
Quoi qu’il en soit, la prière de demande est la pratique religieuse la plus connue, la plus familière et la plus généralisée. Même la publicité s’en mêle, jusqu’à nous inviter parfois à prier, mais d’une manière irrespectueuse et grotesque. Comme celle qui annonçait : « Le vendredi 13, la St Veinard, c’est aujourd’hui ! Amateurs de jeux et de loteries, ne laissez pas la chance aux autres ! ». Voilà pour la petite histoire.
Mais pour la grande histoire, rappelons-nous que les armées allemandes, en 14 et en 40, confiantes dans leur « Gott mit uns », sont parties à la conquête de terres convoitées, tandis que leurs victimes françaises consacraient leur patrie au Sacré-Cœur et que, des deux côtés du Rhin, on priait dans toutes les églises et les temples : « Seigneur, Seigneur, donne-nous la victoire ! ».
On pourrait donc se poser la question : Mais pour qui Dieu prendra-t-il parti ? Qui va-t-il exaucer ? Au temps de l’auteur du livre de l’Exode, le raisonnement était simple : Dieu nous a arraché à l’esclavage égyptien, nous sommes le peuple préféré, le peuple élu, malheur à qui s’opposera à notre marche vers une terre de liberté. Dieu exercera sa justice, il sera notre pointe de lance et notre bouclier. Et s’il le faut, il viendra venger les siens. S. Augustin a d’ailleurs utilisé ce texte pour asseoir sa théorie de la « guerre juste ».
Les auditeurs de Luc, eux, avaient baissé les bras devant l’échec de leur prière. Ils avaient adhéré au Christ, ils faisaient partie du nouveau peuple élu et ils se trouvaient, eux les fidèles, incompris, exclus et persécutés. Où est donc la justice de Dieu ? Réponse de Luc par la parabole : Dieu fera justice à ses élus qui persévèrent dans la prière et crient vers lui jour et nuit.
Mais, mais… Dieu n’est pas un distributeur automatique de santé, de paix, de travail ou de beau temps. Et il ne suffit pas de lever les bras, car on peut prier « en se trompant de religion ». La prière, en effet, peut être aussi inspirée par l’orgueil, la jalousie, l’égoïsme…
Le dernier verset de l’évangile nous en avertit : la prière suppose la foi. Et la foi, rappelle Paul à Timothée, se nourrit, non pas de bons sentiments ni d’émotions romantiques, mais de la Parole de Dieu. C’est elle qui communique la sagesse, c’est elle qui conduit au salut par la foi, c’est elle qui éduque nos justices et qui nous fournit les vraies armes pour participer à la victoire du Christ. C’est elle qui purifie nos désirs pour nous faire entrer dans les vues de Dieu et qu’ainsi nous puissions les accomplir.
Dans cette source inépuisable de prière qu’est le Livre des Psaumes, vous trouverez en tête du premier psaume cette merveilleuse invocation : « Heureux qui prend son plaisir dans la loi de Yahvé et murmure sa Tora jour et nuit ». Tout comme nous pourrions dire aujourd’hui : Heureux qui rumine l’Evangile jour et nuit. Il est en effet le fondement de l’état de prière. Car la prière plonge ses racines dans l’Ecriture. Elle se nourrit de sa sève pour porter des fruits « dans l’aujourd’hui du monde et dans les engagements humains ».
ans nos prières de demande, nous sommes aisément gourmands et impatients, à l’affût de résultats immédiats. Mais la plus belle des prières de demande est celle qu’a pratiquée Jésus : « Père, que ta volonté soit faite et non pas la mienne ». Et que nous a-t-il appris dans le Notre Père ? … « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». C’est-à-dire que la prière efficace n’est pas une récitation ni une incantation. Il ne suffit pas de la mettre sur disque et d’attendre les bras croisés sans rien faire.
Accueillants et généreux, nous communions par exemple chaque dimanche aux intentions de la prière universelle, notamment pour que le monde soit évangélisé, pour que les affamés puissent être nourris, les malades guéris, et que les belligérants retrouvent la paix. Nous invoquons le Seigneur pour que les chômeurs trouvent du travail, les sans-abris un toit. Mais la prière n’est pas un vœu pieux, même très sincère. Elle est un combat. La prière engage. Car Dieu compte sur nos initiatives personnelles et communautaires pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée, mais aussi pour que les affamés soient nourris, les nus vêtus, et que ceux qui n’ont pas de travail puissent en trouver. La foi doit partir à l’assaut de la misère et de l’exclusion qui est, dit-on aujourd’hui sur tous les tons, le péché le plus grave de notre temps. Prier et agir sans attendre béatement, naïvement et paresseusement des miracles.
Oui, sans aucun doute, il faut toujours prier avec une grande patience, sans se décourager, sans perdre cœur, avec foi, même si elle n’atteint pas le volume d’une graine de moutarde. L’essentiel étant de cultiver le souci de nous conformer à la Parole de Dieu, pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Rappelez-vous Jésus au jardin des oliviers, trahi par les siens, menacé d’arrestation. Et il supplie son Père de l’exaucer : « Père, que ce calice s’éloigne de moi »… Et il a dû le boire jusqu’à la lie.
Des enfants peuvent aussi nous donner une leçon sur la prière. Ainsi, dans un reportage télévisé, un capitaine de l’Armée du Salut racontait l’histoire d’une classe qui préparait un pique-nique pour le lendemain. Une gamine délurée annonça qu’elle allait prier pour qu’il fasse beau demain. Mais, le lendemain, ce fut le déluge. D’où les remarques désobligeantes de quelques-unes de ses copines : Le Seigneur n’a même pas entendu ta prière ! Et de répondre énergiquement : Si, il m’a entendue. Il a dit non ! … C’est d’ailleurs la réponse d’amour que les parents donnent à leurs enfants quand c’est vraiment pour leur bien.
Nous avons tous à apprendre à déchiffrer, à décrypter les réponses et les silences de Dieu. En définitive, c’est la fidélité dans l’amour qui nous fait persévérer dans la prière. Car la prière n’est pas un monologue, elle est une conversation avec Dieu et nous aimons vraiment quand nous lui faisons part de nos soucis et de nos joies.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

The Seven trumpets

13 octobre, 2016

The Seven trumpets dans images sacrée

https://en.wikipedia.org/wiki/Apocalypse

LE SECRET DE LA PRIÈRE – DU CARDINAL NEWMAN

13 octobre, 2016

http://www.foi-et-contemplation.net/prier/cardinal-newman/sermon-01.php

LE SECRET DE LA PRIÈRE – DU CARDINAL NEWMAN

I – L’intercession

 » Faites toujours par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications, et, pour cela, veillez en toute persévérance et priez tous les saints « 

(Eph. . VI, 18) – Parochial sermons, III, pp. 350 – 366)

Quiconque a de l’Évangile quelque connaissance sait que la prière y est spécialement recommandée. Mais peut-être n’a-t-on pas fait attention au genre de prière que réclament très exactement les auteurs inspirés. La prière pour nous-mêmes est le plus évident des devoirs, dans la mesure où liberté nous est donnée de nous y livrer, liberté concédée distinctement et miséricordieusement par le Christ quand il est venu. Voilà qui découle clairement de la situation même ; mais il nous commande aussi expressément, avec cette promesse nous concernant, de  » demander, et il nous sera donné « . Quoique la prière soit en elle-même le premier et le plus élémentaire des devoirs du chrétien, les apôtres, il y a lieu de l’observer, insistent spécialement sur une autre de ses formes : la prière pour autrui, pour nous-mêmes en communion avec les autres, pour l’Église et pour le monde, afin qu’il puisse s’y incorporer. L’intercession est la caractéristique du culte, le privilège de la céleste adoption, l’intelligence spirituelle parfaite. Tel est le sujet sur lequel je veux maintenant attirer votre attention.
1. Voyons tout d’abord les injonctions expresses de l’Écriture. Prenons à titre d’exemple ce texte :  » Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications, jusqu’à en perdre le sommeil, veillant avec une persévérance continuelle et priant pour tous les saints (Eph, VI, 18). Observez l’ardeur de l’intercession ici préconisée :  » en tout temps « , toute supplication  » et  » jusqu’à en perdre le sommeil « . De même dans l’Epitre aux Colossiens :  » Persévérez dans la prière, apportez-y de la vigilance, avec action de grâces, tout en priant aussi pour nous…  » (Col., IV, 2-3). Encore :  » Frères, priez pour nous  » (I Thess., V, 25). et, entrant dans le détail :  » Je vous exhorte en premier lieu à supplier, à prier, à intercéder, à rendre grâces, pour tous les hommes ; pour les rois et ceux qui ont l’autorité… Je veux donc que tous les hommes prient en tout lieu  » (I Tim., II, 1-2,8).
Qu’on parcoure les épîtres, et que l’on compte le nombre des exhortations qui s’y rencontrent à prier simplement pour soi-même. L’on en trouvera peu ou pas du tout, celles qui paraissent telles au premier abord n’ayant réellement trait qu’au bien de l’Église. Ainsi, pour en venir aux mots qui font suite au texte, saint Paul, en réclamant de ses frères des prières, semble plaider pour lui-même, mais il continue en expliquant pourquoi : c’est  » afin qu’il puisse faire connaître l’Évangile, ou, c’est  » afin que la parole du Seigneur puisse se donner libre cours et être glorifiée  » ou, encore, comme il le dit en un passage :  » Que celui qui parle une langue inconnue prie pour qu’il puisse interpréter « , ce qui est aussi une demande en faveur de l’édification de l’Église (II Thess., III, 1 ; I Cor., XIV, 2-5).
Considérons au surplus le propre exemple de saint Paul tout à fait en accord avec ses exhortations :  » Je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de Gloire, puisse vous donner l’esprit de sagesse et la révélation de sa connaissance (Eph., I, 16.)  » Je remercie mon Dieu chaque fois que je me souviens de vous, toujours, chaque fois que je prie pour vous tous, adressant ma requête avec joie  » (Philipp., I, 3-4)  » Nous remercions Dieu, le père de notre Seigneur Jésus-Christ, faisant mention de vous dans nos prières  » (Col.,I 3 ; I Thess., I, 2). Les exemples de prières signalées dans le livre des Actes sont de même nature, c’est-à-dire presque entièrement des intercessions, comme celles dont on se sert dans les ordinations, les confirmations, les guérisons, les missions et autres. Par exemple :  » Comme ils intercédaient devant le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit :  » Mettez à part Barnabé et Saul pour l’œvre à laquelle je les ai destinés « , et, quand ils eurent prié et jeûné, ils imposèrent sur eux les mains et les envoyèrent « . Et encore, à propos de la guérison d’une femme du nom de Tabitha, à Joppé :  » Pierre fit sortir tout le monde, s’agenouilla et pria. Puis, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha ! Lève-toi  » (Actes, XIII, 2-3 ; IX, 40)
2. Telle est la leçon qui se dégage des paroles et des actes des apôtres et de leurs frères. Il n’en pouvait être autrement, étant donné que le christianisme est une religion sociale et qu’il l’est avant tout. Si les chrétiens sont faits pour vivre ensemble, ils doivent prier ensemble, et la réunion de leurs prières doit nécessairement avoir un caractère d’intercession, étant donné qu’ils les offrent les uns pour les autres, pour l’ensemble et pour eux-mêmes, en tant que faisant partie de cet ensemble. Dans la mesure où l’unité est un devoir proprement évangélique, la prière évangélique prend un caractère social, et l’intercession devient une preuve de l’existence d’une Église catholique.
Conséquemment, les exemples d’intercession qui précèdent sont fournis par les chrétiens. Que l’on compare d’autre part les prières venant de personnes non chrétiennes, qui nous ont été conservées, et l’on trouvera qu’elles n’ont pas le caractère d’intercession. Nous savons, par exemple, qu’il fut répondu à la prière de saint Pierre, dans la chambre haute de la maison de Simon, par la révélation de la vocation des gentils. Vue à la lumière des textes déjà cités, nous pouvons conclure que, si telle était la réponse, telle avait été la prière, c’est-à-dire se rapportant aux autres. D’un autre côté, Corneille, n’étant pas encore chrétien, fut aussi gratifié d’une réponse à sa prière :  » Ta prière est entendue ; fais venir Simon dont le surnom est Pierre ; il te dira ce que tu dois faire.  » Pouvons-nous douter, partant de ces paroles de l’ange, que ses prières aient été offertes pour lui spécialement ? De même, lors de la conversion de saint Paul, il est dit :  » Voici qu’il prie.  » Il est évident qu’il priait pour lui, mais observons que c’était avant qu’il ne fût chrétien. Ainsi, si nous devons juger de l’importance relative des devoirs religieux par les exemples qui nous restent de la manière dont on les doit accomplir, nous pouvons dire que l’intercession est la prière qui distingue un chrétien de ceux qui ne le sont pas.
3. Mais l’exemple de saint Paul nous découvre une seconde raison d’une telle distinction. L’intercession est l’observance propre du chrétien, parce que, seul, il est en mesure de l’offrir. Elle est la fonction de ceux qui sont justifiés et obéissants, des fils de Dieu qui  » ne marchent pas selon la chair, mais selon l’esprit « , non des gens charnels et non régénérés. Cela est évident pour la raison naturelle. L’aveugle qui fut guéri dit du Christ :  » Nous savons que Dieu n’écoute pas les pêcheurs, mais, si quelqu’un adore Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il écoute  » (Jean, IX, 31). Saul, le persécuteur, ne pouvait manifestement pas intercéder comme Paul l’Apôtre. Il avait d’abord à être baptisé et pardonné. Ce serait présomption et extravagance chez un pêcheur, avant sa régénération, de faire autre chose que de confesser ses péchés et de détourner de lui sa colère. À ce moment, il n’est pas encore sorti de lui-même, n’ayant pu s’y essayer ; il a assez à régler en son dedans. Sa conscience lui pèse lourdement, et il n’a pas  » les ailes d’une colombe pour voler et se reposer « .
Pas n’est besoin, dis-je, d’aller jusqu’à l’Écriture pour établir un point si évident. Nos premières prières doivent toujours être pour nous-mêmes. Notre propre salut est notre affaire personnelle ; tant que nous n’avons pas fait effort pour nous le procurer, tant que nous n’essayons pas de vivre religieusement et que nous ne prions pas pour en être rendus capables, et même jusqu’à ce que nous y ayons progressé, se serait hypocrisie, ou tout au moins outrecuidance, que de s’occuper des autres. Je ne veux pas dire par là que la prière pour soi vient toujours en premier lieu dans l’ordre du temps et l’intercession en second. Grâces à Dieu, nous avons commencé par une vie de pureté et d’innocence. L’intercession n’est jamais plus indiquée que lorsque a été complètement aboli le péché et que le cœur est le plus affectionné et le moins égoïste.
Je ne nie pas qu’un souci de l’âme des autres ne puisse être le premier signe qu’un homme commence à penser à la sienne propre, où que les personnes qui ressentent de la culpabilité en elles-mêmes prient souvent pour ceux qu’elles révèrent et aiment, lorsqu’elles sont sous l’influence de la crainte ou d’une angoisse morale, en proie à quelque autre forte émotion, ou, peut-être, à d’autres moments. Il n’ y a pas moins quelque chose d’incongru et d’inconsistant, de la part de quelqu’un, à se permettre d’intercéder tout en étant habituellement en état de péché.
Il reste vrai aussi que la plupart des hommes, plus ou moins, s’éloignent de Dieu, souillent leur robe baptismale, ont besoin de la grâce du repentir et d’être rappelés à la nécessité de la prière pour eux-mêmes comme première étape, avant d’en venir à toute autre.  » Dieu n’écoute pas les pêcheurs « , la nature nous le dit, mais nul, sauf Dieu lui-même, ne pourrait dire s’il écoutera ceux qui ne le sont pas et les entendra, car,  » nous avons beau avoir fait ce qu’il faut, nous n’en sommes pas moins des serviteurs inutiles et ne pouvons demander de récompense pour nos services « . Mais il nous a promis cette grâce dans l’Écriture, ainsi que le montreront les textes qui vont suivre.
 » La prière fervente d’un juste a beaucoup d’utilité  » (Jacques, V, 16), nous dit par exemple saint Jacques, et saint Jean : « Tout ce que nous demandons, nous le recevons de Lui, parce que nous gardons Ses commandements et faisons ce qui est agréable en Sa présence  » (I Jean, III, 22.). Pesons au surplus avec soin les recommandations solennelles de notre Seigneur un peu avant sa crucifixion et qui, bien que s’adressant en premier lieu à ses apôtres, concernent à leur manière tous ceux qui  » croient en Lui grâce à leur parole « . Nous verrons que l’obéissance ferme, mûrie, habituelle, la sainteté à longueur de vie est considérée par Lui comme la condition de ses faveurs intimes et du pouvoir d’intercession.  » Si vous demeurez en moi, dit-il, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. La gloire de mon Père est que vous portiez beaucoup de fruit ; ainsi serez-vous mes disciples. Comme le Père m’a aimé, ainsi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. Vous serez mes amis si vous faites ce que je vous commande. Désormais, je ne vous appelle plus mes serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, mais je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître  » (Jean XV, 7-15). Partant de cette grâce concernant le privilège particulier à l’Évangile qui nous vaut d’être les amis du Christ, il est certain que, de même que la prière du repentir nous obtient à nous, pêcheurs, le baptême et la justification, de même le don supérieur qui nous vaut d’être reçus en faveur et exaucés dépend du fait d’  » ajouter à notre foi la vertu « .
Venons-en aux exemples qui nous sont donnés de saintes gens de la première alliance, dont l’obéissance et le privilège furent des anticipations de l’Évangile. Saint Jacques, à la suite du passage de son épître déjà cité, parle ainsi d’Élie :  » Élie fut un homme sujet aux mêmes passions que nous ; il pria de tout son pouvoir pour qu’il ne plût pas, et il ne plut pas sur terre l’espace de trois ans et six mois  » (Jacques V., 17. 8). Le saint homme Job fut désigné par le Dieu Tout-Puissant pour se faire l’intercesseur de ses frères égarés. Moïse,  » l’homme fidèle dans toute la maison  » de Dieu, nous est un autre exemple remarquable du pouvoir d’intercession, tant sur la montagne qu’en d’autres occasions, quand il plaida pour son peuple rebelle, ou dans la bataille avec Amalech, quand Israël continuait à étendre ses conquêtes aussi longtemps que restaient jointes ses mains en prière. Nous avons là un emblème frappant de cette prière continue, instante, inlassable, de personnes  » élevant leurs mains saintes  » qui, sous l’Évangile, prévaut près du Dieu Tout-Puissant.
De même, dans le livre de Jérémie, Moïse et Samuel nous sont présentés comme des médiateurs si puissants que seuls les péchés des Juifs étaient trop grands pour le succès de leurs prières. De même, il résulte du livre d’Ézéchiel que trois hommes comme Noé, Daniel et Job suffirent en quelques cas à sauver du jugement les nations infidèles. Dix personnes auraient pu sauver Sodome, Abraham, bien qu’il ne pût sauver cette cité réprouvée de Dieu, n’en fut pas moins capable de sauver Lot de la ruine, de même qu’à un autre moment il intercéda avec succès pour Abimelech. Le fait que le Seigneur lui avait confié ses intentions concernant Sodome était naturellement un honneur spécial et le désignait comme un ami de Dieu.  » Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire, voyant qu’Abraham deviendra sûrement une grande et puissante nation et qu’en lui seront bénies toutes les nations du monde ?  » Suit la raison  »  » Car je l’ai choisi pour qu’il ordonne à ses fils et à sa famille après lui de garder la voie du Seigneur en pratiquant la justice et la droiture et qu’ainsi le Seigneur accomplisse les promesses qu’il lui a faites (Gen., XVIII, 17-19).
4. L’histoire des relations de Dieu avec Abraham nous apporte une leçon supplémentaire qui doit toujours venir à l’esprit, quand on parle du privilège des saints sur terre comme intercesseurs entre Dieu et l’homme. Il est possible d’imaginer une personne qui, craignant que la croyance en cette intercession ne s’oppose à la vraie acceptation de la doctrine de la croix, se sente déconcertée en la voyant dans les textes cités plus haut, si nettement liée à l’obéissance. Je dis bien déconcertée, car je n’envisagerai pas le cas de ceux, et il en est, qui, lorsque le texte de l’Écriture semble en contradiction avec lui-même, et qu’une partie paraît différer de l’autre, ne croient pas qu’il leur soit permis d’être déconcertés, se refusent à suspendre leur jugement et n’attendent pas la lumière, n’admettant pas que le plan divin est plus étendu et plus profond que leur propre capacité, mais faussent par de fallacieux arguments ce qui, dans les conseils divins, est déjà harmonieux, quoique ne l’étant pas pour eux. Je m’adresse aux personnes déconcertées ; elles devraient observer que le Dieu Tout-Puissant a, dans l’exemple même d’Abraham, notre père spirituel, prévu cet autre aspect sous lequel les plus spirituellement élevées des créatures de chair doivent se tenir sans cesse en sa présence. Il est dit ailleurs de lui :  » Abraham crut dans le Seigneur, et cela lui fut imputé à justice (Gen. XV, 6.), ainsi que le fait remarquer saint Paul quand il discourt sur le caractère libre de la grâce de Dieu dans notre rédemption.
C’est par la foi qu’Abraham lui-même, bien que parfait en œvres, fut justifié. Cela nous étant rapporté dans le livre de la Genèse, semble suggérer en quelque sorte à qui cherche avec inquiétude, que sa difficulté ne peut être qu’apparente, que Dieu, tandis qu’il révèle une doctrine, n’a pas moins de souci de l’autre, ne récompensant pas ses serviteurs, quoiqu’il les récompense, en raison des œvres dues à leurs propres efforts. D’autre part, c’est un avertissement pour nous, qui insistons à juste titre sur les prérogatives qui nous sont conférées par sa grâce, de toujours nous souvenir que c’est la grâce seule qui nous ennoblit et nous relève à ses yeux. Abraham est notre père spirituel et, tel il est, tels sont ses enfants.
En nous, comme en lui, la foi doit être le fondement de tout ce qui est agréable à Dieu. C’est  » par la foi que nous nous maintenons « , par la foi que nous sommes justifiés, ( » Radix justificationis : la racine de la justification « , nous dit-d’elle le concile de Trente). par la foi que nous obéissons, par la foi que nos œvres sont sanctifiées. La foi nous applique toujours davantage la grâce de notre baptême ; elle nous découvre la vertu de toutes les autres prescriptions de l’Évangile, de la sainte communion en particulier, qui est la plus haute. C’est par la foi que nous l’emportons  » à l’heure de la mort et au jour du jugement « .
La manière distincte et la force avec laquelle cela nous est dit dans les épîtres, et son caractère évident, même pour la raison naturelle, est peut-être le motif pour lequel il y est moins souvent question du devoir de la prière. L’instinct même de la foi y conduit sans obligation explicite, et les sacrements garantissent son observance. En voilà assez de dit, par manière de précaution, concernant l’influence de la foi sur notre salut : elle favorise celui-ci, sans pourtant faire tort au rôle distinct des œvres, en donnant de la force à notre intercession.
Laissez-moi observer ici une particularité de l’Écriture, qui est de parler comme s’il y avait des récompenses distinctes attachées aux grâces distinctes, selon les paroles de notre Seigneur :  » À celui qui a, il sera donné davantage  » (Matt., XIII, 12). De sorte que ce qui a été dit pour mettre en contraste foi et œvres n’est qu’un exemple d’une règle générale. Ainsi, dans le sermon sur la montagne, les béatitudes sont appelées sur des vertus distinctes respectivement :  » Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre  » ;  » Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu « , (Matt. XIII, 12) et le reste de même.
Je n’essaierai pas de préciser ce que sont ces grâces particulières, ce que sont ces récompenses, comment l’une rend apte à l’autre, quel lien réel il y a entre la récompense et la grâce, ou dans quelle mesure une grâce peut être distinguée d’une autre réalité. Nous savons que tout dépend de la racine qui est la foi et qu’il n’y a, dans les différentes personnes, qu’une différence de développement. Au surplus, nous voyons dans l’Écriture que la même récompense n’est pas invariablement assignée à la même grâce, comme si, en raison de l’union intime entre toutes les grâces, les récompenses qui s’y attachent pourraient, ce qui a lieu en fait, se prêter et s’échanger l’une et l’autre. Il nous y est dit assez cependant pour diriger nos esprits vers l’existence du principe lui-même, bien que nous soyons incapables d’en pénétrer la justification et les conséquences. C’est un peu d’après ce principe que nos Articles (Allusion aux XXXIX Articles qui peuvent être considérés comme la charte et, si l’on peut dire, le Credo de l’Église anglicane.) attribuent la justification à la foi seule, comme un symbole du caractère libre de la grâce de notre rédemption, (On reconnaît ici le point de vue cher à Newman qui consiste à enlever aux articles en questions leur caractère calviniste et à montrer qu’ils sont susceptibles d’une interprétation catholique) exactement comme, dans la parabole du pharisien et du publicain, notre Seigneur semble imputer celle-ci à l’humilité et, dans ses paroles à la  » femme pécheresse « , à l’amour autant qu’à la foi, tandis que saint Jacques, lui, la rend solidaire des actes. En d’autres cas, la récompense suit son cours naturel. Ainsi le don de la sagesse est le résultat ordinaire de l’épreuve religieusement supportée ; le courage, de l’endurance. C’est de cette manière que saint Paul déduit une série de dons spirituels l’un de l’autre, l’épreuve de la patience, l’espérance de l’épreuve, le courage et la confiance de l’espérance.
Je n’ajouterai que deux exemples tirés de l’Ancien Testament. Le commandement dit :  » Honore ton père et ta mère, afin que tu aies de longs jours « , promesse qui s’exécute d’une manière signalée dans le cas même des réchabites, qui n’étaient pourtant pas d’Israël. Nous apprenons encore par l’histoire de Daniel que l’illumination ou autre pouvoir miraculeux est la récompense du jeûne et de la prière. :  » En ces jours, moi, Daniel, je m’affligeai trois semaines pleines. Je ne mangeai pas de bon pain ni ne goûtai de viande et de vin, ni ne fis la moindre onction jusqu’à ce que trois semaines fussent révolues, après quoi le Seigneur me dit :  » Ne crains pas Daniel, car, depuis le premier jour où tu as disposé ton cœur à comprendre et à te mortifier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et c’est pourquoi je viens…Je viens pour te faire comprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours (Ex. ; XX 12 ; Jér XXXV,18,19 ; Dan., X, 2-14). Comparez à ce passage la vision de saint Pierre concernant les gentils, alors qu’il priait et jeûnait, ainsi que les paroles de notre Seigneur concernant la manière de chasser l’  » esprit sourd et muet  » :  » Cette sorte de démon ne peut être chassé que par le jeûne et par la prière  » (Marc, IX, 28). C’est au prix de telles conditions que l’intercession est le don de ceux qui obéissent ainsi que des saints.
5. Pourquoi ne pas vouloir admettre ce qu’il y a une si grande consolation à connaître ? Pourquoi refuser de croire au pouvoir transformant et à l’efficacité du sacrifice de notre Seigneur ? S’il est mort, ce n’est pas pour une fin banale, mais pour élever l’homme, qui était semblable à la poussière des champs, jusque dans  » les lieux célestes « . Il n’est pas mort pour le laisser comme il était, pêcheur, ignorant et misérable ; il n’est pas mort pour voir la possession qu’il s’était acquise aussi faible en bonnes œvres, aussi corrompue, aussi misérable spirituellement, aussi découragée qu’avant sa venue. Il est mort plutôt pour renouveler l’homme à sa propre image, pour faire de lui un être en qui il puisse prendre ses délices et sa joie, pour le rendre  » participant de la nature divine « , pour le remplir au-dedans et au-dehors d’un flot de grâces et de gloire , pour verser sur lui don sur don, vertu sur vertu, puissance sur puissance, l’un agissant sur l’autre et travaillant tous de concert jusqu’à ce qu’il devienne un ange sur terre, au lieu d’être un rebelle et un exilé. Il est mort pour lui obtenir ce privilège qui implique ou comprend tous les autres et lui donne la plus étroite ressemblance avec lui-même, le privilège d’intercession. Telle est, dis-je, la prérogative spéciale du chrétien, et, s’il ne l’exerce pas, c’est que certainement il ne s’est pas élevé jusqu’à la conception de sa place réelle parmi les être crées.
Qu’on ne dise pas qu’il est un fils d’Adam et a plus tard à subir un jugement. Je le sais, mais il est quelque chose de plus. À quel point il peut être avancé dans cette condition plus haute, à quel point il languit encore dans sa condition première, c’est là, pour ce qui est des individus, le secret de Dieu. Chaque chrétien est en réalité, en un certain sens, à la fois dans l’une et dans l’autre : vu en lui-même, il ne cesse de prier pour son pardon, et de confesser son péché ; vu dans le Christ par contre,  » il a accès à cette grâce en laquelle nous nous tenons fermes et se réjouit dans l’espérance de la gloire de Dieu  » (Rom., V, 2). Considéré à sa place dans  » l’Église du premier-né enrôlé dans les Cieux « , ayant sa dette originelle annulée par le baptême et toutes les pénalités subséquentes par l’absolution, se tenant en présence de Dieu intègre et sans reproche, admis parmi ses bien-aimés, portant des vêtements de justice, oint avec l’huile et une couronne sur la tête, en habit royal et sacerdotal, comme un héritier d’éternité, plein de grâce et de bonnes œvres et marchant dans tous les commandements du Seigneur sans blâme, quelqu’un de tel, je le répète, est en bonne situation pour intercéder. Il est fait sur le modèle et dans la plénitude du Christ ; Il est ce qu’est le Christ. Le Christ intercède là-haut, et lui ici-bas.
Pourquoi s’attarderait-il sur le seuil, priant pour son pardon, lui a qui il a été permis de partager la grâce de la passion du Seigneur, de mourir avec lui et de ressusciter ? Il est désormais capable de plus grandes choses. Sa prière prend, dès lors, une porte plus élevée ; il ne se considère plus simplement lui-même, mais les autres aussi. Il est admis dans la confidence de son maître et sauveur. Il lit dans l’Écriture ce que beaucoup n’y peuvent voir, le cour de sa providence et les règles de son gouvernement en ce monde. Il voit les événements de l’histoire avec un regard divinement illuminé. Il voit qu’existe, parmi nous, un grand conflit entre le bien et le mal. Il reconnaît, dans les chefs d’États, les guerriers, les rois et le peuple, dans les révolutions et les changements, l’affliction et la prospérité, non pas simplement les effets du hasard, mais des instruments et des témoins du Ciel et de l’enfer. De sorte qu’il est en un sens un prophète, non un serviteur obéissant sans connaître les plans et les desseins de son maître, voire un  » ami intime  » et un confident du fils unique de Dieu, calme, recueilli, résolu et serein, au milieu de ce monde agité et infortuné.
O mystère de bénédiction, trop grand pour qu’on puisse s’y arrêter sans être pris de vertige ! Mieux vaut, pour ceux qui sont ainsi favorisés, ne pas connaître de façon certaine leur privilège ; mieux vaut pour eux qu’ils ne puissent le deviner que timidement ou plutôt, dirai-je, comme si leurs yeux étaient retenus, qu’ils soient habitués tout autant qu’obligés à le contempler comme extérieur à eux, déposé qu’il est dans une Église dont ils ne sont que les membres, et privilège de tous les saints en tous temps et en tous lieux, sans se demander avec curiosité si, plus qu’à d’autres, il leur est particulier, ou faire plus que d’en jouir comme d’un dépôt dont ils useront avec des succès divers. Mieux vaut cela pour eux, car quel cœur mortel pourrait supporter de savoir qu’il approche du Dieu incarné au point d’être un de ceux qui vont jusqu’à la perfection de la sainteté et se tiennent sur les marches mêmes du trône du Christ ?
Quelqu’un, pour conclure, demande-t-il comment savoir s’il est assez avancé en sainteté pour intercéder ? C’est qu’il se méprend complètement sur la doctrine que nous venons de considérer. Le privilège de l’intercession est un don confié à tous les chrétiens qui ont une conscience claire et sont en pleine communion avec l’Église. À Dieu le secret des choses, c’est-à-dire le fait de savoir jusqu’à quel point chacun de nous est réellement avancé dans la sainteté et quel est son pouvoir réel sur le monde invisible. Deux choses nous regardent simplement : c’est d’exercer notre privilège et de nous en rendre de plus en plus dignes. Le serviteur paresseux et inutile cacha le talent de son maître dans un mouchoir. Que ce péché ne soit pas le nôtre pour ce qui est du plus grand de tous les privilèges.
Alors que, par les paroles et les œvres, nous pouvons seulement instruire et influencer le petit nombre, par nos prières, nous pouvons apporter un bénéfice au monde entier et chaque individu en faisant partie, haut ou bas de condition, ami, étranger et ennemi. N’est-il pas redoutable dès lors de faire un retour sur notre passé, même à ce point de vue ? Ne pouvons-nous pas dire que notre roi, notre pays, notre Église, nos institutions et nos milieux sociaux respectifs se seraient trouvés en bien meilleure situation, si nous avions prié habituellement pour eux d’une manière plus fervente et plus grave ? Comment est-il juste de nous plaindre de difficultés nationales ou personnelles ; dans quelle mesure blâmer et dénoncer les gens mal intentionnés et puissants, si nous n’avons usé que faiblement de l’intercession qui nous était offerte dans la litanie, les psaumes et la sainte communion ? Comment nous justifier à nos yeux pour les âmes qui, à notre époque, ont vécu dans le péché et y sont mortes, les âmes qui se sont perdues et attendent maintenant le jugement, les infidèles, les blasphémateurs, les libertins, les avares, les concussionnaires ou encore ceux qui nous ont quittés avec des signes de foi douteuse, pénitents du lit de mort, mondains, trompeurs, ambitieux, déréglés, badins, entêtés, en voyant, pour ce que nous en savons, que nous avions pour mission d’influencer ou de retourner leur destinée présente et que nous ne l’avons pas fait ?
Secondement et finalement, si tant de choses dépendent de nous,  » quelle manière de personnes ne devons-nous pas en être en toute sainte conversation et piété ? ». Oh ! que désormais nous puissions être plus diligents que nous n’avons été, en gardant sans souillure et éclatant le miroir de nos cœurs de manière à refléter l’image du Fils de Dieu en présence du Père, exemple de la poussière et des souillures de ce monde, de l’envie et de la jalousie, de la contestation et de la discussion, de l’amertume et de la dureté, de l’indolence et de l’impureté, des soucis et des mécontentements, des fourberies et des bassesses, de l’arrogance et des fanfaronnades. Oh ! puissions nous travailler, non par nos propres forces, mais avec la puissance de Dieu, le Saint Esprit, à être sobres, chastes, tempérants, doux, affectueux, fidèles, humbles, résignés en toute circonstance, en tout temps, au milieu de toutes sortes de gens, parmi les épreuves et les tristesses de cette vie mortelle. Puisse Dieu nous accorder cette possibilité selon Sa promesse, par Son fils, notre Sauveur Jésus-Christ !

Deathstalkers, known colloquially as the Palestine yellow scorpion

11 octobre, 2016

Deathstalkers,  known colloquially as the Palestine yellow scorpion dans images yellow-isreali-scorpion

http://www.factzoo.com/invertebrates/deathstalker-yellow-poison-stinger-desert.html

BENOÎT XVI – (GA 4, 6-7; ROMAINS 8: 14-17)

11 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120523.html

BENOÎT XVI – (GA 4, 6-7; ROMAINS 8: 14-17)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 23 mai 2012

Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier, j’ai montré que saint Paul dit que l’Esprit Saint est le grand maître de la prière et nous enseigne à nous adresser à Dieu à travers les termes affectueux des enfants, en l’appelant « Abbà, Père ». C’est ce qu’a fait Jésus ; même dans les moments les plus dramatiques de sa vie terrestre, Il n’a jamais perdu la confiance dans le Père et l’a toujours invoqué à travers l’intimité du Fils bien-aimé. Au Gethsémani, lorsqu’il sent l’angoisse de la mort, sa prière est : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Eloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36).
Dès les premiers pas de son chemin, l’Eglise a accueilli cette invocation et l’a faite sienne, en particulier dans la prière du Notre Père, dans laquelle nous disons chaque jour : « Notre Père, qui es aux cieux… que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 9-10). Dans les lettres de saint Paul, nous la retrouvons par deux fois. L’apôtre, nous venons de l’entendre, s’adresse aux Galates à travers ces paroles : « Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l’appelant “Abba !” » (Ga 4, 6). Et au centre de ce chant à l’Esprit Saint qui est le chapitre huit de la Lettre aux Romains, saint Paul affirme : « L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c’est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : “Abba !” » (Rm 8, 15). Le christianisme n’est pas une religion de la peur, mais de la confiance et de l’amour au Père qui nous aime. Ces deux affirmations denses nous parlent de l’envoi et de l’accueil du Saint Esprit, le don du Ressuscité, qui fait de nous des fils dans le Christ, le Fils unique, et nous place dans une relation filiale avec Dieu, une relation de profonde confiance, comme celle des enfants ; une relation filiale semblable à celle de Jésus, même si son origine et son importance sont différentes : Jésus est le Fils éternel de Dieu qui s’est fait chair, en revanche, nous devenons fils en Lui, dans le temps, à travers la foi et les sacrements du baptême et de la confirmation ; grâce à ces deux sacrements, nous sommes plongés dans le Mystère pascal du Christ. L’Esprit Saint est le don précieux et nécessaire qui fait de nous des fils de Dieu, qui réalise cette adoption filiale à laquelle sont appelés tous les êtres humains car, comme le précise la bénédiction divine de la Lettre aux Ephésiens, Dieu, dans le Christ, « nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ » (Ep 1, 4).
L’homme d’aujourd’hui ne perçoit sans doute pas la beauté, la grandeur et le réconfort profond contenus dans le mot « père », par lequel nous pouvons nous adresser à Dieu dans la prière, parce qu’aujourd’hui, la figure paternelle n’est souvent pas suffisamment présente et souvent, elle n’est pas assez positive dans la vie quotidienne. L’absence du père, le problème d’un père non présent dans la vie de l’enfant est un grand problème de notre temps, parce qu’il devient difficile de comprendre dans sa profondeur ce que veut dire que Dieu est Père pour nous. De Jésus lui-même, de sa relation filiale avec Dieu, nous pouvons apprendre ce que signifie véritablement « père », quelle est la véritable nature du Père qui est dans les cieux. Des critiques de la religion ont dit que parler du « Père », de Dieu, serait une projection de nos pères au ciel. Mais c’est le contraire qui est vrai : dans l’Évangile, le Christ nous montre qui est le père et comment doit être un véritable père, afin que nous puissions comprendre la véritable paternité, apprendre également la véritable paternité. Pensons aux paroles de Jésus dans le sermon sur la montagne, où il dit : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 44-45). C’est précisément l’amour de Jésus, le Fils unique — qui parvient au don de soi sur la croix — qui nous révèle la véritable nature du Père : Il est l’Amour, et nous aussi, dans notre prière de fils, nous entrons dans ce circuit d’amour, amour de Dieu qui purifie nos désirs, nos comportements marqués par la fermeture, la suffisance, l’égoïsme typique de l’homme ancien. Nous pourrions donc dire qu’en Dieu, la nature de Père possède deux dimensions. Tout d’abord, Dieu est notre Père, parce qu’il est notre Créateur. Chacun de nous, chaque homme et chaque femme est un miracle de Dieu, il est voulu par Lui et Dieu le connaît personnellement. Lorsque dans le Livre de la Genèse, on dit que l’être humain est créé à l’image de Dieu (cf. 1, 27), on veut exprimer précisément cette réalité : Dieu est notre père, pour Lui, nous ne sommes pas des êtres anonymes, impersonnels, mais nous avons un nom. Il y a une phrase dans les Psaumes qui me touche toujours, lorsque je la prie : « Tes mains m’ont fait » dit le psalmiste (Ps 119, 73). Chacun de nous peut dire, dans cette belle image, la relation personnelle avec Dieu : « Tes mains m’ont fait, tu m’a pensé et créé et voulu ». Mais cela ne suffit pas encore. L’Esprit du Christ nous ouvre à une deuxième dimension de la paternité de Dieu, au-delà de la création, car Jésus est le « Fils » au sens plénier, « de la même substance que le Père », comme nous professons dans le Credo. En devenant un être humain comme nous, à travers l’Incarnation, la Mort et la Résurrection, Jésus nous accueille à son tour dans son humanité et dans sa condition même de Fils; ainsi, nous pouvons entrer nous aussi dans son appartenance spécifique à Dieu. Assurément, notre condition de fils de Dieu ne possède pas la même plénitude que Jésus ; nous devons le devenir toujours davantage, le long du chemin de toute notre existence chrétienne, en grandissant à la suite de Jésus, dans la communion avec Lui pour entrer toujours plus intimement dans la relation d’amour avec Dieu le Père, qui soutient la nôtre et donne son sens véritable à la vie. C’est cette réalité fondamentale qui nous est révélée quand nous nous ouvrons à l’Esprit Saint et Il nous fait nous adresser à Dieu en lui disant : « Abbà ! , Père ! ». Nous sommes réellement allés au-delà de la création dans l’adoption avec Jésus; unis, nous sommes réellement en Dieu et fils d’une manière nouvelle, dans une dimension nouvelle.
Mais je voudrais à présent revenir aux deux passages de saint Paul que nous sommes en train d’analyser en ce qui concerne cette action de l’Esprit Saint dans notre prière ; ici aussi, il y a deux passages qui se correspondent, mais qui contiennent une nuance différente. En effet, dans la Lettre aux Galates l’apôtre affirme que l’Esprit crie en nous « Abbà ! Père ! » ; dans la Lettre aux Romains, il dit que c’est nous qui nous écrions « Abbà ! Père ! ». Et saint Paul veut nous faire comprendre que la prière chrétienne n’est jamais, n’a jamais lieu en sens unique allant de nous à Dieu, ce n’est pas seulement une «action à nous», mais elle est l’expression d’une relation réciproque dans laquelle Dieu agit le premier : c’est l’Esprit Saint qui crie en nous, et nous pouvons crier car l’impulsion vient de l’Esprit Saint. Nous ne pourrions pas prier si n’était pas inscrit dans la profondeur de notre cœur le désir de Dieu, notre condition de fils de Dieu. Depuis qu’il existe, l’homo sapiens est toujours à la recherche de Dieu, il cherche à parler avec Dieu, car Dieu s’est inscrit lui-même dans nos cœurs. La première initiative vient donc de Dieu et, avec le baptême, Dieu agit à nouveau en nous, l’Esprit Saint agit en nous; il est le premier initiateur de la prière pour que nous puissions réellement parler avec Dieu et dire « Abbà » à Dieu. Sa présence ouvre donc notre prière et notre vie, elle ouvre aux horizons de la Trinité et de l’Église.
En outre, nous comprenons, cela est le deuxième point, que la prière de l’Esprit du Christ en nous et la nôtre en Lui, n’est pas seulement un acte individuel, mais un acte de l’Église tout entière. En priant, notre cœur s’ouvre, nous entrons en communion non seulement avec Dieu, mais précisément avec tous les fils de Dieu, car nous sommes une seule chose. Quand nous nous adressons au Père dans notre intimité, dans le silence et le recueillement, nous ne sommes jamais seuls. Celui qui parle avec Dieu n’est pas seul. Nous sommes dans la grande prière de l’Église, nous sommes une partie d’une grande symphonie que la communauté chrétienne qui est présente dans toutes les parties de la terre à chaque époque élève à Dieu ; certes, les musiciens et les instruments sont différents — et cela est un élément de richesse —, mais la mélodie de louange est unique et en harmonie. Alors, chaque fois que nous disons : « Abbà ! Père ! » c’est l’Église, toute la communion des hommes en prière qui soutient notre invocation et notre invocation est l’invocation de l’Église. Cela se reflète également dans la richesse des charismes, des ministères, des tâches, que nous accomplissons dans la communauté. Saint Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous » (1 Co 12, 4-6). La prière guidée par l’Esprit Saint, qui nous fait dire « Abbà ! Père ! » avec le Christ et en Christ, nous insère dans l’unique grande mosaïque de la famille de Dieu, dans laquelle chacun a une place et un rôle important, en profonde unité avec le tout.
Une dernière remarque : nous apprenons à crier « Abbà ! Père ! » également avec Marie, la Mère du Fils de Dieu. L’accomplissement de la plénitude du temps, dont parle saint Paul dans la Lettre aux Galates (cf. 4, 4), a lieu au moment du « oui » de Marie, de sa pleine adhésion à la volonté de Dieu : « Me voici, je suis la servante du Seigneur » (Lc 1, 38).
Chers frères et sœurs, apprenons à goûter dans notre prière la beauté d’être des amis, ou plutôt des fils de Dieu, de pouvoir l’invoquer avec la familiarité et la confiance qu’un enfant éprouve envers ses parents qui l’aiment. Ouvrons notre prière à l’action de l’Esprit Saint pour qu’en nous, il s’écrie à Dieu « Abba ! Père ! » et pour que notre prière change, convertisse constamment notre manière de penser, notre action, pour la rendre toujours plus conforme à celle du Fils unique, Jésus Christ. Merci.

L’AGNEAU (SYMBOLISME)

10 octobre, 2016

http://hautsgrades.over-blog.com/article-l-agneau-105396398.html

L’AGNEAU (SYMBOLISME)

18 Mai 2012 , Rédigé par A M Publié dans symbolisme

Le monde végétal est bien représenté dans notre rituel ou nous retrouvons tour à tour : la rose lors de notre initiation, puis l’acacia, le laurier et l’olivier contrairement au monde animal relativement discret.
Au grade de maitre secret nous retrouvons une clef d’ivoire, puis un chien nous accompagne au grade de maitre élu des neuf jusqu’a l’entrée d’une caverne.
Des chameaux accompagnés de mages font leur apparition au grade de chevalier du royal arche dans leur périple vers Babylone. Puis nous trouvons l’agneau qui nous escorte tout le long de notre réception au17ème Degré. Agneau vers lequel nous devons tendre.
Nous le retrouvons également des le premier jour de notre parcours Ecossais sous la forme d’un tablier blanc qui nous est remis avec déjà et nous y reviendrons une notion de sacrifice.
Ce même agneau nous le retrouvons une fois l’an comme met principal le jeudi précédent pâques lors de notre agape pascale. Nous le consommons lors de l’exécution d’un rituel bien précis après l’avoir sacrifié.
Les écrits ainsi que l’iconographie sur la symbolique de l’agneau sont abondants et nous permettent de mieux comprendre et d’appréhender les voies de la transformation que nous propose nôtre rituel de chevalier d’orient et d’occident.
A tous les étages de la civilisation méditerranéenne l’agneau premier-né, celui que l’on appelle l’agneau de la saint jean apparait dans sa blancheur immaculée et glorieuse comme une cratophanie printanière.
Il incarne le triomphe du renouveau, la victoire de la vie sur la mort, l’innocence. C’est cette même fonction qui fait de lui par excellence une victime propiatoire qu’il faut sacrifier pour assurer son propre salut. Dans certains rituels il symbolise l’espérance
Ce que l’on peut constater c’est que l’agneau de lait des juifs aux chrétiens puis de ceux-ci aux musulmans est la victime sacrificielle en toutes occasion et surtout du renouveau ou se succède pâques juives, pâques chrétienne (mort et résurrection du christ agneau de dieu) et sacrifice du ramadan.
L’étude détaillée de ces trois rituels nous dit le dictionnaire des symboles fait apparaître la continuité de leur signification symbolique jusque dans les moindres détails. Ainsi l’effusion du sang rédempteur du Christ sur la croix n’est pas sans rapport avec ce sang salvateur dont les juifs enduisent les montants et les linteaux de leurs portes pour écarter les forces du mal.
Cet agneau nous le retrouvons dans l’apocalypse de Jean support de notre rituel du 17éme degré. Il est sur la montagne de Sion au milieu de la Jérusalem céleste.
-René Guénon nous propose un rapprochement :
Se fondant sur une description presque identique du Brahmâ-pura et de laJérusalem céleste il suggère un rapprochement phonétique entre l’agneau et l’agnivédique.Il nous dit ceci :
« Nous ne prétendons pas qu’il y ait entre les mots agni et ignis (équivalent du latin d’Agni) autre chose qu’une de ses similitudes phonétiques qui ne sont pas pour autant accidentelles. »
La similitude ne saurait être fortuite car outre le caractère sacrificiel d’Agni l’un et l’autre apparaissent comme la lumière au centre de l’être que l’on atteint dans la quête de la connaissance suprême.
Ce rapprochement avec le Dieu védique du feu manifeste l’aspect solaire, viril et lumineux de l’agneau. C’est la face léonine de l’agneau que l’on trouve également signalés dans l’apocalypse de Jean qui emploie vingt-huit fois le mot agneau pour désigner le Christ.
Ignis signifie feu en latin. Un certain symbolisme du feu qui dans diverses formes se lient assez étroitement avec l’amour. L’agneau se trouve associé à la fois aux représentations du paradis terrestre et de la Jérusalem céleste.
L’Agni parmi la divinité védique est le dieu du feu et de la liaison entre le monde terrestre et le monde divin. L’Agni védique est le symbole de l’agneau.
L’iconographie de l’agneau est elle aussi abondante. On peut citer « l’agneau mystique » des frères Van Eych qui est un polyptique de l’adoration visible à la cathédrale de Gand.
De tous les êtres vivants, Nous dit Louis Charbonneau-lassay dans son bestiaire du Christ, qui on eu l’honneur de représenter le Christ l’agneau est celui qui a connu la plus grande vague.
Et celle-ci repose sur des bases bien établies par les écritures sacrées et par ce que les liturgies chrétiennes on de plus auguste et de plus immuables. Dans tous les cultes à sacrifice l’agneau fut par excellence la victime virginale, sa blancheur, sa grâce, son âge le désignant a ce rôle. Victime expiatoire et propiatoire substitué à l’humanité coupable, il a pris à ce titre le premier rang parmi les symboles et les emblèmes du christ.
Son iconographie présente une progression. Les plus anciennes images le représentent
En victime et il est en position couchée, plus tard nous le retrouverons en position debout comme la victime triomphante du ciel.
A travers ce survol restrictif de la symbolique et de l’iconographie de l’agneau découle entre autres deux notions celle de sacrifice et de bouc-émissaire.
Le sacrifice est présent dans toutes les traditions du monde et y aurait-il une humanité sans sacrifices ? Il existe toujours des rites de passage, des sacrifices souvent expiatoires c’est à dire des sacrifices de victimes qui protègent l’homme de sa violence.
Dans le premier livre de l’ancien testament on lit comment l’offrande d’Abel (les premiers-nés de son troupeau) fut acceptée et celle de Caïn qui avait offert les fruits de son travail fut refusée. Plus loin c’est Abraham prêt à sacrifier son fils. Dieu retint son bras scarificateur.
Selon R.Girard dans le processus culturel les sacrifices d’animaux permettent de détourner la violence individuelle vers des objets de substitution je cite « on choisit les animaux les plus précieux pour leur utilité, les plus doux, les plus innocents, les plus en rapport avec l’homme par leur instinct, par leur habitudes. On choisissait dans l’espace animale les victimes les plus humaines si l’on peut s’exprimer ainsi.
Selon R. Girard si Abel ne tue pas son semblable c’est parce qu’il tue lui-même des animaux qui les lui rappelle et il décharge ainsi sa violence sur les animaux sacrifiés. Alors que Caïn ne bénéficiant pas de tels expédients sacrifie son frère.
La violence du sacrifice permet de canaliser notre propre violence, d’exorciser le mal en lui donnant une forme propre dont on peu se débarrasser à l’occasion du sacrifice et permettre à la société de survivre de façon satisfaisante. L’objet du sacrifice répond ainsi à la fonction de bouc-émissaire .Mais ajoute t-il « c’est quelque chose qui nous gène on ne veut pas savoir que l’humanité entière est fondée sur l’escamotage mythique de sa propre violence projetée vers de nouvelles victimes. ».
Il s’oppose à la vision sacrificielle des évangiles et nous en propose une lecture non-sacrificielle. Selon lui jésus apporte un message d’amour et de non-violence. Il serait victime de ce mécanisme et aurait été pris comme bouc-émissaire. En le sacrifiant le peuple juif s’est bien sauvé car il a préservé le secret du mécanisme sacrificiel. Globalement on peu retenir que le sacrifice d’un point de vue religieux permet grâce a une substitution le sauvetage des âmes et sociologiquement le sauvetage d’une société.
Le grade de chevalier d’orient et d’occident peut-être considérer comme une introduction au chapitre rose-croix pour certains même la première partie du temple noir.
L’expérience du 17éme degré nous introduit dans une démarche sacrificielle, le plus humble de tous étant le modèle vers lequel nous devons tendre. Cette démarche n’est pas qu’un abandon de la personnalité égotique elle est aussi une relativisation de notre existence.
Ce degré marque une rupture avec le précédent. Nous avons quitté l’exil de Babylone, passé le pont de Gandhara en laissant nos biens matériels derrière nous et nous avons entrepris de reconstruire l’épée dans une main et la truelle dans l’autre. Et voila que comme d’habitude au REAA le décor change.
Nous sommes maintenant en référence à l’apocalypse de Jean et à la Jérusalem céleste. Ce degré marque le lien entre l’ancienne et la nouvelle loi. C’est à ce degré de chevalier d’orient et d’occident (synthèse de deux mondes en opposition et de toute forme de dualité) que s’opère nous dit I. Mainguy, le passage entre la tradition judaïque développé par l’ancien testament à la tradition chrétienne néotestamentaire qui va se référer à l’apocalypse.
L’apocalypse qui nous occupe au 17éme degré en est une vision partielle. Le support en est l’évangile de jean. Vison partielle car ce sont des extraits de textes qui nous sont lus et ces extraits ne concernent que les onze premiers chants de l’ouvrage. Les extraits choisis proposent un sens qui va soutenir l’aspect alchimique dans le déroulement de la cérémonie.

Les messages sont simples mais codés ils s’achèvent par deux phrases :
- La loi est unique. La dualité repose dans la loi.
- Le nombre sept règles le ballet des mondes infinis.
Ces deux phrases vont guider l’impétrant pour être admis parmi les chevaliers d’orient et d’occident. C’est le trait d’union entre l’ancienne et la nouvelle alliance.

Au début de sa réception le récipiendaire est revêtu d’une haire blanche en signe d’humilité et de simplicité. Les épreuves qu’il va subir consiste en des rites de purification progressive. Ces épreuves sont comme une dissolution successives, progressive d’écorces nous dit I. Mainguy.
Ces écorces correspondent au sept sceaux, qui scellent le livre de la vie et que seul pourras briser celui qui seras à l’image de l’agneau prêt à s’offrir totalement en sacrifice pour les autres.
On demande clairement au récipiendaire de se substituer au christ-agneau libérateur dont l’action permet d’accéder à de nouveaux dévoilements par là même à de nouveaux états de construire. Pour être digne de porter cette haire la cérémonie se termine par l’effusion de sang.
Pourquoi par le sang ? Tout bon maçon ne doit pas craindre de répandre son sang pour la maçonnerie et la défense de ses frères apparaît à nouveau la notion de sacrifice. L’eau et l’effusion de sang rappelle le passage du pont de Gandhara du chevalier de l’orient et de l’épée. Ce que l’on demande ici au récipiendaire c’est de mourir à lui-même et de donner la dernière goutte de son sang pour pouvoir ouvrir le livre des sept sceaux.
Au moment où il doit être sacrifié on lui dit que la maçonnerie n’a nul besoin de son sacrifice et que le courage dont il a fait preuve le rend digne d’ouvrir les sceaux car il est devenu semblable à l’agneau immolé.
Nous devenons des soldats œuvrant dans une fraternité. .Après ces purifications le récipiendaire devenu innocent comme l’agneau ouvre les sceaux, il devient ce mystérieux agneau qui va prendre possession du dessein divin. L’agneau évoque la figure du serviteur souffrant conduit comme un agneau à l’abattoir ainsi que le décrit Isaïe. Dans l’apocalypse de Jean c’est le Christ exécuté sur la croix. L’agneau c’est le verbe triomphant et il va pouvoir transmettre au monde ce message. Quand on représente le livre des sept sceaux surmonté de l’agneau tenant l’étendard on signifie que le Johanisme (dont l’agneau à l’étendard est le sceau) conduit à la connaissance représenté par ce livre. Le fait que ce livre soit scellé représente la connaissance secrète. Voilà à mon sens une des possibilités d’interprétation de l’agneau a ce grade.
Nous nous sommes réunis il ya quelque temps le jeudi précédent Pâques pour procéder à l’agape pascale rituelle. Les fêtes pascales sont liées dans l’ancien testament à l’histoire du passage des Hébreux qui cherchent à quitter l’Egypte à travers les barrières édifiées par pharaon leur oppresseur.

Notre agape pascale se déroule autour de trois éléments clés :
- L’extinction des lumières.
- La réanimation des lumières.
- Le sacrifice de l’agneau.

Dans le 18éme degré après Abel et Abraham nous sacrifions l’agneau. C’est également la victime du seder (repas rituélique des pâques juive, des rituel chrétiens du jeudi saint (avec le fait que c’est le christ agneau de dieu qui s’offre lui-même en sacrifice.) et musulman de l’Aïd el Kabîr.
- Nous partageons lors de l’agape pascale les espèces et l’esprit qui nous fondent chevalier rose-croix. Dans l’agape pascale nous manifestons cette offrande de soi, cet amour de l’humanité de Dieu, des chevaliers entre eux, selon la tradition inaugurée par le Christ mais fondement actuel du lien universel de tout les chevaliers Rose croix du monde. Au 3éme degré avec le drame hiramique nous avons perdu la parole. Nous l’avons vainement recherché à partir du 4éme degré, ou nous étions « les serviteurs d’un Dieu caché ». Cette quête nous a conduit au 18éme degré ou nous sommes devenu « les amis d’un Dieu révélé. » tenant à la fois du clerc et du laïque, ou chevalier Rose –croix, lorsqu’on nous à dévoilé I.N.R.I., le feu transmutatoire.
- On sait que le langage des « cours d’amour » n’était accessible qu’aux seuls initiés pour qui l’âme est la seule réalité qui puisse permettre d’atteindre le Divin. Dans ces condition cette désignation « d’agape Pascale » se justifie doublement. Agapè en grec c’est l’amour partagé, l’amour altruiste, la caritas des latins, dévoyée en charité. Ce n’est pas l’éros passionnel, possessif et foncièrement égoïste. C’est le repas pris en commun par « les Amis de Dieu ». Il illustre l’Amour universel que nous nous portons les uns aux autres, et surtout cet amour qui est un dépassement de soi, au service de tous les hommes à travers le sacrifice de Jésus dans sa dimension symbolique.
La qualification de cette agape dite « Pascale », signifie le début d’un processus alchimique qui commence au début du printemps en mars, sous le signe du bélier et lorsque la lune est à son plein.
Nous allons partager le Pain, le Vin et sacrifier l’agneau sous le signe de la croix.
Cette croix c’est la table autour de laquelle nous avons pris place. C’est celle qui indique celui qui est l’objet et le sujet de l’œuvre, lorsque nous nous mettons au signe d’ordre du « bon pasteur », la croix de Saint André, ou lorsque nous exécutons des libations avec notre calice.
C’est celle sous la forme de laquelle l’agneau est rôti lorsque nous passons la branche montante de cette croix de la tète à l’extrémité postérieure et la branche transversale à la hauteur des épaules pour y attacher les pattes postérieures. Cette croix c’est le hiéroglyphe alchimique du creuset. Elle est dans la tète ou se trouve le cerveau, la pierre encéphale dont nous devons extraire la « pierre non-pierre », par le vitriolum.C’est pourquoi il est dit que le Christ à vécu sa passion sur le Golgotha qui veut dire lieu du crane. Le contenu de la boite crânienne étant la demeure de la partie divine de l’homme. Michel-Ange qui le savait inscrivit une coupe sagittale du cerveau dans la fresque du plafond de la Chapelle Sixtine.
- Le vin est lié à la faculté créatrice et représente le premier acte fondateur d’une nouvelle terre et d’un nouveau ciel. C’est l’incarnation de l’âme universelle dans la totalité des êtres vivants. Le symbole de la vigne et du vin est synonyme de l’esprit. « Que ce vin symbole de l’esprit élève notre intelligence. » Le pain est le reflet du vin dans le monde manifesté et il en devient la nourriture essentielle. Les 12 pains de proposition exposés dans le temple en sont la meilleure représentation.
- Nous sacrifions l’agneau. L’agneau de Dieu, par lui nous absorbons une nourriture organique en même temps que spirituelle. L’agneau puise sa lointaine origine culturelle dans le temps ou Yahvé frappait les premiers-nés des Egyptiens. La tradition chrétienne verra dans l’agneau pascal l’image du christ immolé et dont le sang est répandu sur la croix pour le salut des hommes dans la nouvelle alliance. Le chevalier Rose-croix en mangeant l’agneau incorpore cette tradition est devient signe lui-même. La loi prescrivant de faire rôtir cet agneau de façon à le figurer sur la croix latine nous pouvons dire qu’il est soumis à l’action du feu dans le creuset transmutatoire.
Placé sous le patronage de Saint jean l’évangéliste, il faut savoir que la clé de l’art réside dans l’utilisation du Feu, celui d’I.N.R.I., appelé Mercure, unique agent dont on ait besoin et que les auteurs ont décrit sous de nombreux noms. Ce feu n’est « ni celui des charbons ardents, ni celui du bois enflammé ». Ce feu doit être applique trois fois, pour obtenir un SOLVE et COAGULA c’est-à-dire une mort et une résurrection, l ‘Oeuvre au noir et l’œuvre au blanc comme l’indique les trois clous qui fixèrent le crucifié.
En répétant sept fois ce Solve et Coagula , on obtient la pierre philosophale, de même nature que celle du Vitriolum, mais dont la puissance et la rapidité d’action ont décuplé : l’œuvre au rouge. Ceci nous amène à l’extinction et à la réanimation des lumières : Mort et résurection.
L’extinction des sept lumières , l’une après l’autre conduit au « tout est consommé » pour dire tout est « consumé » calcifié, mortifié. Le corps est comme mort , ce n’est pas « un dernier sommeil » car il reste un Feu divin inextinguible parole de vie. L’âme réalise une ascension au travers du monde imaginal, comparé par Nicolas Flamel à une procession, à un cortège coloré chaque couleur représentant une étape, sept en tout, l’une conditionne l’apparition de l’autre
La réanimation des sept lumières consiste à les allumer une à une, pour passer de l’Un au multiple grâce au feu inextinguible, parole de vie, reflet de la lumière, qui éclaire l’intelligence de la matière en même temps que celle de l’opérateur, et les maintient dans un état d’éveil sans lequel aucune transmutation n’est possible.
Cette réanimation des lumières est une résurrection, « la Parole à vaincu la mort » Lumière et influence spirituelle (la première est porteuse de la seconde) sont créatrices, transformatrices et évolutives dans cette optique rien n’est impossible, nous sommes dans l’axe alchimique de la transmutation du plomb en or. Nous comprenons l’importance du, 18éme degré dans la hiérarchie des autres degrés initiatiques. Il est le degré de la transmission, de la transformation et du don d’amour.
La transmission : Le chevalier rose-croix est un intercesseur entre le ciel et la terre et en vertu de la loi d’hermès il reçoit l’influence céleste et la dirige vers le monde terrestre ou elle se répand sous la forme des trois vertus théologales.
La transformation : la puissance des trois vertus transforme l’âme de l’homme, l’obscurité devient lumière, le plomb devient Or, par le degré de chevalier rose-croix, nous passons des petits mystères aux grands mystères, la parole enseigne l’âme, sur le sens de la vie, de la création, sur la réalité de l’âme, sur l’immortalité. Le vieil homme rend son âme mortelle et l’homme libéré de ses chaines arrive au pied de l’échelle de Jacob.
Don d’amour : l’homme de cet état devient le don, il reçoit et donne en permanence, il reçoit et donne le pain de vie et le vin de l’esprit. L’Amour est la clef qui ouvre le Don. L’Amour est l’éclair qui ouvre la voie du cœur.
Pour cet homme l’espérance, la foi et la charité s’effacent il ne reste que le feu de l’amour et la lumière de la connaissance.

J’ai dit T.S.A.

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT – SAINT LUC 17, 11-19

8 octobre, 2016

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 9 OCTOBRE 2016

EVANGILE – SELON SAINT LUC 17, 11-19

11 Jésus, marchant vers Jérusalem,
traversait la Samarie et la Galilée.
12 Comme il entrait dans un village,
dix lépreux vinrent à sa rencontre.
Ils s’arrêtèrent à distance
13 et lui crièrent :
« Jésus, maître,
prends pitié de nous. »
14 En les voyant, Jésus leur dit :
« Allez vous montrer aux prêtres. »
En cours de route, ils furent purifiés.
15 L’un d’eux, voyant qu’il était guéri,
revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix.
16 Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus
en lui rendant grâce.
Or, c’était un Samaritain.
17 Alors Jésus demanda :
« Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ?
Et les neuf autres, où sont-ils ?
18 On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ;
il n’y a que cet étranger ! »
19 Jésus lui dit :
« Relève-toi et va :
ta foi t’a sauvé. »

Jésus est en route vers Jérusalem ; il sait que ce voyage le conduit à sa Passion, sa mort et sa Résurrection ; on peut penser que si Luc tient à nous parler de son itinéraire, c’est parce que ce qu’il va nous raconter maintenant a un lien direct avec le mystère du salut que le Christ apporte à l’humanité.
Donc Jésus traverse la Samarie et la Galilée ; dix lépreux viennent à sa rencontre, mais ils restent à distance : la Loi leur interdit de s’approcher de quiconque ; ils sont contagieux à tous points de vue ; la lèpre est une maladie très contagieuse et d’autre part, elle était, à l’époque, considérée comme le signe de la malédiction divine, car on croyait qu’elle était le signe du péché. Nos dix lépreux s’arrêtent donc à distance de Jésus et, de loin, ils crient vers lui. Ce cri et le titre « Maître » qu’ils décernent à Jésus sont à la fois l’aveu de leur faiblesse et de la confiance qu’ils mettent en lui. Jésus ne bouge pas, ne se rapproche pas d’eux. Déjà une fois Luc (chap. 5, 12) avait raconté la guérison d’un lépreux par Jésus : l’homme était près de lui, Jésus avait tendu la main et l’avait touché pour le guérir ; cette fois, dans l’épisode des dix lépreux, c’est de loin que Jésus dit aux malades : « Allez vous montrer aux prêtres » ; se montrer aux prêtres, c’était la démarche que les lépreux devaient faire pour que leur guérison soit officiellement reconnue. Cet ordre de Jésus est donc en soi une promesse de guérison.
On peut rapprocher l’attitude de Jésus dans l’épisode des dix lépreux de celle du prophète Elisée envers Naaman dans la première lecture ; Elisée non plus n’avait pas fait un geste, il avait simplement fait dire par son serviteur : « Va te baigner sept fois dans l’eau du Jourdain et tu seras purifié. » Dans les deux cas, effectivement, l’obéissance à l’ordre reçu apporte aux lépreux la guérison. Dans l’épisode qui nous occupe, les lépreux se mettent en marche pour aller rencontrer le prêtre ; et c’est en marchant qu’ils voient leur lèpre disparaître ; réellement, leur confiance les a sauvés. La maladie avait rapproché ces dix hommes ; dans la guérison, ils vont révéler le fond de leur coeur : ils ne sont plus dix lépreux, dix exclus ; ils sont neuf bons Juifs et un Samaritain, c’est-à-dire plus ou moins un hérétique. Tout hérétique qu’il est, le Samaritain sait que la vie, la guérison viennent de Dieu ; alors il rebrousse chemin, il fait demi-tour et cette fois, purifié, il peut s’approcher de Jésus : Luc dit « il glorifie Dieu à pleine voix » et aussi « il se jette la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce » ce qui est une attitude réservée à Dieu. Ce Samaritain vient de rencontrer le Messie et il le reconnaît. Implicitement, il vient également de reconnaître que pour rendre véritablement gloire à Dieu, ce n’est plus vers le Temple de Jérusalem qu’il faut se tourner, mais vers Jésus lui-même. Faire demi-tour, c’est précisément le sens du mot « conversion ». Et Jésus reconnaît publiquement cette conversion du Samaritain : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ».
« Et les neuf autres ? » demande Jésus. Eux n’ont pas fait demi-tour ; ils ont pourtant rencontré le Messie, eux aussi… mais ils ne l’ont pas reconnu… Ou, en tout cas, ils ont considéré comme plus urgent de se mettre en règle avec la Loi en continuant leur chemin vers le Temple et les prêtres. Jésus leur avait dit d’aller se montrer aux prêtres, ils y vont sans même prendre le temps de l’action de grâce !!!
C’est un thème fréquent des Evangiles : le salut est pour tous les hommes et, bien souvent, ce ne sont pas ceux qui s’en croient les plus proches qui l’accueillent le mieux ! « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reconnu » dit Saint Jean. L’Ancien Testament insistait déjà très fort sur ce qu’on appelle l’universalité du salut ; nous l’avons d’ailleurs entendu dans le psaume 97/98 de ce dimanche. Et la première lecture rapportait la conversion du général Syrien Naaman, lui aussi un étranger. Plus haut, dans le même évangile de Luc, Jésus a d’ailleurs commenté cet événement pour reprocher à ses compatriotes leur aveuglement à son sujet : il a commencé par constater « nul n’est prophète en son pays » puis il a ajouté : « Il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Elisée ; pourtant aucun d’entre eux ne fut purifié, mais bien Naaman le Syrien ». Et à ces mots toute la synagogue s’était mise en colère (Luc 4, 27). Et plus tard, dans les Actes des Apôtres, Luc insistera sur le refus opposé à l’évangile par toute une partie du peuple d’Israël en contraste avec le succès de la prédication chez les païens.
C’est une question qui troublait les premières générations chrétiennes ; quand Luc écrit son Evangile, par exemple, la jeune communauté chrétienne se divise sur un problème de fond : faut-il nécessairement être Juif pour être baptisé ? Ou bien peut-on admettre des non-Juifs, des païens, au Baptême ? Le récit de la guérison d’un Samaritain, d’un hérétique, et plus encore le récit de sa conversion profonde venaient à point nommé pour rappeler trois vérités à ne pas oublier : premièrement, le salut inauguré par Jésus-Christ dans sa passion, sa mort et sa Résurrection est offert à tous les hommes sans exception. Deuxièmement, rendre grâce à Dieu, c’est la vocation du peuple élu, mais parfois ce sont des étrangers considérés comme hérétiques qui le font le mieux. Troisièmement, ce sont bien souvent les pauvres qui ont le coeur le plus ouvert à la rencontre de Dieu. Pour le dire autrement : sur le chemin de Jérusalem, c’est-à-dire du salut, Jésus entraîne tous les hommes qui le veulent bien. Quelle que soit leur race, leur religion, il suffit qu’ils soient prêts à faire demi-tour.

Christ healing the lepers

7 octobre, 2016

Christ healing the lepers dans images sacrée Christ_Healing_the_Leper

http://dialogues.stjohndfw.info/category/christ-in-the-bible/

HOMÉLIES DU 28E DIMANCHE ORDINAIRE C

7 octobre, 2016

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIES DU 28E DIMANCHE ORDINAIRE C

2 R 5, 14-17 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19

Les deux récits que nous propose la liturgie de ce dimanche sur la guérison de lépreux datent respectivement de 28 et de près de 20 siècles. Nous ne sommes vraiment pas dans l’actualité. Nous vivons d’ailleurs dans des conditions très différentes. Ce qui ne facilite pas la perception que nous pouvons avoir du message émis par cet événement symbolique et de la leçon universelle concernant le devoir de reconnaissance : « Il faut apprendre à dire merci », ce qui n’est pas inutile à rappeler. D’autant plus que l’eucharistie est précisément, par définition, un merci, une action de grâce, une démarche de reconnaissance pour les purifiés que nous sommes. Les textes bibliques vont beaucoup plus loin. Mais que pouvaient-ils bien signifier pour les auditeurs de l’époque ? La lèpre faisait partir d’un fléau ordinaire, mais elle est également auréolée d’un symbole religieux. La lèpre du corps était, sinon la preuve, au moins le reflet, d’un cœur pourri par le péché. De par la loi, le lépreux est exclu de la communauté et même, ajoute-t-on pieusement, exclu du royaume de Dieu. Ces pauvres parmi les plus pauvres sont donc interdits de Temple, interdits de culte, interdits de séjour dans les lieux habités, obligés d’avoir les cheveux dénoués et de crier « impur ! » quand ils rencontrent quelqu’un. C’est la loi. Les lépreux sont totalement exclus de tout. Et que dire d’un lépreux samaritain ? Pour les pieux croyants d’Israël, ces gens, un ramassis de fils d’exclus, sont considérés comme des hérétiques, des schismatiques, totalement infréquentables. Tous impurs. Imaginez un Samaritain, citoyen d’une région maudite, qui de surcroît est un véritable lépreux ! Le marginal par excellence. C’est celui-là, le seul sur dix, dont Jésus va faire l’éloge, le seul homme de cœur, le seul qui a compris Jésus. Le seul qui accèdera à la véritable foi. Pour les croyants juifs de l’époque, il y avait de quoi être vexés, jaloux, irrités, scandalisés. Première leçon, tant pour hier que pour aujourd’hui : manifestement, Jésus n’entre pas dans les vues racistes de ses contemporains. Ces exclusions, même légalisées, lui sont insupportables. Alors, que fait-il ? Il viole un tabou en s’approchant d’un lépreux. Il enfreint un règlement, il rompt avec des habitudes sociales et religieuses traditionnelles. Par contre, il respecte la loi en envoyant les lépreux chez les prêtres, pour un rite de purification qui leur permettra positivement d’être réintégrés légalement dans la communauté d’Israël. Les neuf pratiquants juifs font la démarche, ils la connaissent. Ils font totale confiance aux rites, sans se préoccuper de celui qui purifie et sauve. Ils empochent le gros lot, sans se retourner vers le bienfaiteur. Ils vont pointer chez les prêtres et recevront un certificat de bonne santé, ce qui leur suffit. Le Samaritain, lui, ne connaît pas ces rites. Il fait d’ailleurs demi-tour. Mais il a ressenti sa guérison comme un signe, comme un appel. C’est la personne de Jésus qu’il voit au cœur même de l’événement. Quelqu’un s’est révélé à lui, il s’agit de lui répondre pour aller plus loin. Le seul des dix à faire une démarche de foi. Or, c’est la foi qui sauve et purifie, même quand elle ne guérit pas les malades. Une fois de plus, ce récit symbolique illustre ce que Jésus n’a cessé de constater et de dénoncer de son vivant. Les Juifs, jusqu’aux plus pratiquants et les plus pieux, sont sûrs de leurs droits et satisfaits d’un légalisme et d’un ritualisme qui leur donnent bonne conscience. Or, montre Jésus, ce sont bien souvent les exclus, les marginaux de la société ou du Temple, qui se montrent le plus souvent disponibles à la Parole de Dieu et à la grâce. Qui a le beau rôle dans le récit biblique de la première lecture ? Naaman, général d’une armée ennemie, fera confiance à la parole du prophète après avoir beaucoup rouspété. Il sera purifié de cœur et d’âme, jusqu’à faire un acte de foi au Dieu unique. Un purifié de la lèpre spirituelle, qui sépare les êtres humains les uns des autres. Mais les histoires racontées par les deux Testaments disent une autre histoire possible, en d’autres lieux et en d’autres temps, c’est-à-dire les nôtres. Or, c’est l’aujourd’hui de l’incarnation qui importe. Son actualisation. Et non pas une admiration romantique pour des merveilles du passé, qui risquent de ne rien changer à notre vie, alors que nous sommes sans cesse appelés à nous convertir. On pourrait certes évoquer la scène émouvante de François d’Assise embrassant un lépreux . Aujourd’hui, vous n’en croiserez pas au sortir de l’église. Mais ce qu’il faut bien retenir de la vie de François, c’est qu’avant sa conversion, la seule vue d’un lépreux le faisait fuir, tant sa répugnance à leur égard était grande. Ils le dégoûtaient, comme il le reconnaît lui-même dans son testament. « Ce fut le Seigneur qui me poussa à aller vers eux. Je le fis et tout fut dès lors changé ». Il venait de voir dans le lépreux toute la pauvreté du monde. Il découvrait l’importance de ce qui est petit, faible et souffrant. Pour nous, la vraie et importante question est de savoir qui sont les lépreux d’aujourd’hui. Où se trouvent les Samarie modernes ? Quels sont les excommuniés et les exclus de notre société, de notre Eglise, de nos communautés, de nos pays ? Quels sont les exclus de notre développement, les marginaux de l’Eglise ? Ne les trouve-t-on pas parmi les sans-patrie, les sans-logis, les sans papiers ? Et d’autres encore qui nous font peut-être changer de trottoir. Que ferions-nous, par exemple, si un groupe de réfugiés, déguenillés, affamés, sans papiers, repoussants pour la vue et l’odorat, venait, en plein hiver glacial, chercher refuge dans notre oratoire ou dans l’église ? Quelle serait notre réaction ? Quelle serait, en définitive, notre réponse évangélique ? La question nous donne l’occasion de nous demander, en conscience, quels sont les lépreux et les Samaritains d’aujourd’hui, pour que nous soyons prêts à actualiser et réactiver l’évangile.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008 

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