Archive pour octobre, 2016

BENOÎT XVI – (La primauté de la prière et de la Parole de Dieu) (Actes 6: 1-7) (titre italien)

24 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120425.html

BENOÎT XVI – (La primauté de la prière et de la Parole de Dieu) (Actes 6: 1-7) (titre italien)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 25 avril 2012

Chers frères et sœurs,

Dans la dernière catéchèse, j’ai montré que l’Église, depuis les débuts de son chemin, s’est trouvée à devoir affronter des situations imprévues, de nouvelles questions et urgences auxquelles elle a tenté d’apporter des réponses à la lumière de la foi, en se laissant guider par l’Esprit Saint. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter pour réfléchir sur une autre de ces situations, sur un problème sérieux que la première communauté chrétienne de Jérusalem a dû affronter et résoudre, comme nous le raconte saint Luc dans le sixième chapitre des Actes des apôtres, à propos de la pastorale de la charité envers les personnes seules et ayant besoin d’aide et d’assistance. La question n’est pas secondaire pour l’Église et risquait à ce moment-là de créer des divisions à l’intérieur de l’Église : le nombre des disciples, en effet, était en constante augmentation, mais les disciples de langue grecque commençaient à se plaindre des disciples de langue hébraïque parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution quotidienne (cf. Ac 6, 1). Face à cette urgence qui concernait un aspect fondamental dans la vie de la communauté, c’est-à-dire la charité envers les plus faibles, pauvres et sans défense, et la justice, les apôtres convoquent tout le groupe des disciples. Dans ce moment d’urgence pastorale, on est frappé par le discernement démontré par les apôtres. Ils se trouvent face à l’exigence primaire d’annoncer la Parole de Dieu selon le mandat du Seigneur, mais — même si c’est là l’exigence primaire de l’Église — ils considèrent avec tout autant de sérieux le devoir de la charité et de la justice, c’est-à-dire le devoir d’assister les veuves, les pauvres, de résoudre avec amour les situations de besoin où se trouvent leurs frères et sœurs, pour répondre au commandement de Jésus : aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés (cf. Jn 15, 12.17). Les deux réalités qui doivent vivre dans l’Église — l’annonce de la Parole, le primat de Dieu, et la charité concrète, la justice —, sont donc en train de créer des difficultés et il faut trouver une solution, pour que toutes deux puissent avoir leur place, leur relation nécessaire. La réflexion des apôtres est très claire, ils disent, comme nous l’avons entendu : « Il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des repas. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche. Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole » (Ac 6, 2-4).
Deux choses apparaissent: d’abord, il existe à partir de ce moment-là dans l’Église un ministère de la charité. L’Église ne doit pas seulement annoncer la Parole, mais aussi réaliser la Parole, qui est charité et vérité. Et, deuxième point, ces hommes non seulement doivent jouir d’une bonne réputation, mais doivent être des hommes remplis d’Esprit Saint et de sagesse, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas seulement être des organisateurs qui savent « faire », mais ils doivent « faire » dans l’esprit de la foi avec la lumière de Dieu, avec la sagesse dans le cœur, et donc leur fonction aussi — bien que surtout pratique — est toutefois une fonction spirituelle. La charité et la justice ne sont pas seulement des actions sociales, mais sont des actions spirituelles réalisées à la lumière de l’Esprit Saint. Nous pouvons donc dire que cette situation est affrontée avec une grande responsabilité par les apôtres, qui prennent cette décision : sept hommes sont choisis ; les apôtres prient pour demander la force de l’Esprit Saint ; puis ils leur imposent les mains afin qu’ils se consacrent de façon particulière à cette diaconie de la charité. Ainsi, dans la vie de l’Église, dans les premiers pas qu’elle accomplit, se reflète, d’une certaine façon, ce qui était advenu au cours de la vie publique de Jésus, dans la maison de Marthe et de Marie à Béthanie. Marthe était prise tout entière par le service de l’hospitalité à offrir à Jésus et à ses disciples ; Marie, en revanche, se consacre à l’écoute de la Parole du Seigneur (cf. Lc 10, 38-42). Dans les deux cas, on n’oppose pas les moments de la prière et de l’écoute de Dieu, et l’activité quotidienne, l’exercice de la charité. Le rappel de Jésus : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part: elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10, 41-42), ainsi que la réflexion des apôtes : « Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole » (Ac 6, 4), montrent la priorité que nous devons accorder à Dieu. Je ne voudrais pas entrer maintenant dans l’interprétation de cette épisode Marthe-Marie. Quoi qu’il en soit, on ne doit pas condamner l’activité à l’égard du prochain, pour l’autre, mais il faut souligner qu’elle doit aussi être imprégnée intérieurement par l’esprit de contemplation. D’autre part, saint Augustin dit que cette réalité de Marie est une vision de notre situation au ciel, sur la terre nous ne pouvons donc jamais y parvenir complètement, mais un peu d’anticipation doit être présente dans toute notre activité. La contemplation de Dieu doit aussi être présente. Nous ne devons pas nous perdre dans l’activisme pur, mais nous laisser toujours aussi pénétrer dans notre activité par la lumière de la Parole de Dieu et ainsi apprendre la véritable charité, le véritable service pour l’autre, qui n’a pas besoin de tant de choses — il a assurément besoin des choses nécessaires — mais il a surtout besoin de l’affection de notre cœur, de la lumière de Dieu.
Saint Ambroise, en commentant l’épisode de Marthe et Marie, exhorte ainsi ses fidèles, et nous aussi : « Cherchons à avoir nous aussi ce qui ne peut pas nous être ôté, en prêtant à la parole du Seigneur une attention diligente, qui ne soit pas distraite : il arrive aussi aux semences de la parole céleste d’être emportées au loin, si elles sont semées le long de la route. Que le désir de savoir te stimule toi aussi, comme Marie : telle est l’œuvre la plus grande, la plus parfaite ». Et il ajoute que même « le soin du ministère ne doit pas distraire de la connaissance de la parole céleste », de la prière (Expositio Evangelii secundum Lucam, VII, 85 : pl 15, 1720). Les saints ont donc expérimenté une profonde unité de vie entre la prière et l’action, entre l’amour total pour Dieu et l’amour pour leurs frères. Saint Bernard, qui est un modèle d’harmonie entre contemplation et activité, dans le livre De consideratione, adressé au Pape Innocent ii pour lui offrir quelques réflexions à propos de son ministère, insiste précisément sur l’importance du recueillement intérieur, de la prière pour se défendre des dangers d’une activité excessive, quelle que soit la condition dans laquelle on se trouve et la tâche que l’on accomplit. Saint Bernard affirme que les occupations trop nombreuses, une vie frénétique, finissent souvent par endurcir le cœur et faire souffrir l’esprit (cf. ii, 3).
C’est un rappel précieux pour nous aujourd’hui, habitués à tout évaluer selon le critère de la productivité et de l’efficacité. Le passage des Actes des apôtres nous rappelle l’importance du travail — un véritable ministère est sans aucun doute créé —, de l’engagement dans les activités quotidiennes qui doivent être accomplies avec responsabilité et dévouement, mais également de notre besoin de Dieu, de sa direction, de sa lumière qui nous donnent force et espérance. Sans la prière quotidienne vécue avec fidélité, notre action devient vide, perd son âme profonde, se réduit à un simple activisme qui, à la fin, nous laisse insatisfaits. Il existe une belle invocation de la tradition chrétienne qu’il faut réciter avant toute activité, qui dit : «Actiones nostras, quæsumus, Domine, aspirando præveni et adiuvando prosequere, ut cuncta nostra oratio et operatio a te semper incipiat, et per te coepta finiatur », c’est-à-dire : « Inspire nos actions, Seigneur, et accompagne-les par ton assistance, pour que chacune de nos paroles et de nos actions possède toujours en toi son début et en toi son accomplissement ». Chaque pas de notre vie, chaque action, également de l’Eglise, doit être faite devant Dieu, à la lumière de sa Parole.
Dans la catéchèse de mercredi dernier, j’avais souligné la prière unanime de la première communauté chrétienne face à l’épreuve et la façon dont, précisément dans la prière, dans la méditation sur l’Écriture Sainte, elle a pu comprendre les événements qui avaient lieu. Lorsque la prière est alimentée par la Parole de Dieu, nous pouvons voir la réalité avec un regard neuf, avec les yeux de la foi et le Seigneur, qui parle à l’esprit et au cœur, donne une nouvelle lumière au chemin à tout moment et dans toutes les situations. Nous croyons dans la force de la Parole de Dieu et de la prière. La difficulté que vivait l’Église face au problème du service aux pauvres, à la question de la charité, est surmontée dans la prière, à la lumière de Dieu, de l’Esprit Saint. Les apôtres ne se limitent pas à ratifier le choix d’Étienne et des autres hommes, mais « après avoir prié, ils leur imposèrent les mains » (Ac 6, 6). L’évangéliste rappellera à nouveau ces gestes à l’occasion de l’élection de Paul et Barnabé, quand nous lisons : « après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission » (Ac 13, 3). Il confirme à nouveau que le service concret de la charité est un service spirituel. Les deux réalités doivent aller de pair.
Avec le geste de l’imposition des mains, les apôtres confèrent un ministère particulier à sept hommes, afin que leur soit donnée la grâce correspondante. L’accent placé sur la prière — « après avoir prié », disent-ils — est important car il souligne précisément la dimension spirituelle du geste ; il ne s’agit pas simplement de conférer une charge comme c’est le cas dans une organisation sociale, mais il s’agit d’un événement ecclésial dans lequel l’Esprit Saint s’approprie sept hommes choisis par l’Église, en les consacrant dans la Vérité qui est Jésus Christ : Il est le protagoniste silencieux, présent dans l’imposition des mains, afin que les élus soient transformés par sa puissance et sanctifiés pour affronter les défis pratiques, les défis pastoraux. L’accent sur la prière nous rappelle en outre que ce n’est que du rapport intime avec Dieu cultivé chaque jour que naît la réponse au choix du Seigneur et qu’est confié chaque ministère dans l’Église.
Chers frères et sœurs, le problème pastoral qui a conduit les apôtres à choisir et à imposer les mains sur sept hommes chargés du service de la charité, pour se consacrer eux-mêmes à la prière et à l’annonce de la Parole, nous indique également le primat de la prière et de la Parole de Dieu qui toutefois, produit ensuite l’action pastorale. Pour les pasteurs, il s’agit de la forme de service première et plus précieuse à l’égard du troupeau qui leur est confié. Si les poumons de la prière et de la Parole de Dieu n’alimentent pas le souffle de notre vie spirituelle, nous risquons de suffoquer au milieu des mille choses de chaque jour: la prière est le souffle de l’âme et de la vie. Et il y a un autre rappel précieux que je voudrais souligner : dans le rapport avec Dieu, dans l’écoute de sa Parole, dans le dialogue avec Dieu, même lorsque nous nous trouvons dans le silence d’une église ou de notre chambre, nous sommes unis au Seigneur et à de nombreux frères et sœurs dans la foi comme un ensemble d’instruments qui, même dans leur individualité, élèvent à Dieu une unique grande symphonie d’intercession, d’action de grâce et de louange. Merci.

Sunday of the Publican and the Pharisee

21 octobre, 2016

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http://orthodox.net/redeemingthetime/2010/01/24/sunday-of-the-publican-and-the-pharisee/

HOMÉLIE DU 30E DIMANCHE ORDINAIRE C

21 octobre, 2016

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU 30E DIMANCHE ORDINAIRE C

Si 35,12-14.16-18 ; 2 Tm 4, 6-8.16-18 ; Lc 18, 9-14

Voilà bien une parabole qui nous concerne directement. puisque tous, nous nous sommes déplacés pour monter à l’église et nous rassembler, notamment, pour prier. Luc nous a présenté deux portraits-robots pour s’adresser à certains croyants, convaincus d’être des justes, mais qui méprisent les autres. Maintenant, ne mettons pas immédiatement des étiquettes sur les visages de nos voisins… En réalité, nous sommes tous et chacun concernés, d’autant plus que les deux types de personnages peuvent cohabiter et s’affronter en chacun d’entre nous.

Luc nous présente deux caricatures de croyants. L’un est scrupuleusement fidèle à tous les rites et règlements religieux. Il se sent parfaitement en paix. Ce qui ne l’empêche pas de juger allègrement son prochain, et même quelquefois de le mépriser. Son erreur, c’est de confondre les moyens et le but. Nous dirions aujourd’hui : Il se croit un bon chrétien, un pratiquant fidèle, mais l’est-il réellement, en esprit et en vérité ?
L’autre se soucie davantage de la qualité de ses relations avec Dieu et avec son prochain. Le but à atteindre le préoccupe beaucoup plus que les moyens à utiliser. Il est conscient de l’amour de Dieu, mais également de son propre manque d’amour, et vis-à-vis du Seigneur, et vis-à-vis de ses frères et sœurs humains.
Le premier est comme rempli de lui-même. Il est encombré par des « moi je… ». Il n’y a plus beaucoup de place ni pour Dieu ni pour le prochain. Le second, le collecteur d’impôts, est un exploiteur, un  » collabo  » de l’occupant romain. Il est, par contre, rempli de Dieu et vide de lui-même. Voilà donc pour la caricature.
Nous autres, nous sommes montés au Temple, si je puis dire, pour célébrer, c’est-à-dire nous rassembler, faire corps, faire Eglise. Nous mettre à l’écoute de la Parole du Maître, partager le Pain et le Vin, rendre grâce à Dieu et nous laisser envoyer en mission dans notre vie quotidienne. Et cela, en communion de pensée et de cœur avec toutes les communautés de par le monde, appelées elles aussi à célébrer.
Nous sommes ici non pas comme des justes qui viennent se féliciter mutuellement ni faire devant Dieu étalage de nos vertus. Mais bien comme des filles et des fils imparfaits, pécheurs, qui viennent puiser force et courage, se laisser convertir et transformer pour être capables de témoigner, et donc d’annoncer en paroles et en actes la Bonne Nouvelle de l’Evangile. C’est-à-dire un message de miséricorde, de justice et de paix. C’est ainsi que chaque communauté d’Eglise, si grande ou petite soit-elle, est toujours en état de mission. Et donc chacun et chacune d’entre nous, ne fût-ce que dans son immeuble ou dans son quartier. C’est ce que doit nous rappeler cette journée consacrée à la mission universelle. Encore faut-il ne pas confondre mission et pays lointains, et colonisation. La mission n’est pas non plus simplement le synonyme de développement. Ainsi, l’important est de ne pas séparer religion et vie, la pratique liturgique et la pratique du comportement quotidien dans la vie sociale. Fidèles aux sacrements, nous pouvons être, en fait, de mauvais pratiquants de la pratique de l’Evangile.
Je suis…, nous sommes peut-être des habitués de l’Evangile, au risque d’en être assoupis ou endormis. L’Evangile n’est plus assez une Bonne Nouvelle qui enthousiasme et qui transforme sans cesse notre existence. Sans doute, avons-nous une Bible, qui est Parole de Vie. Mais il ne faut pas la laisser enfermée dans le cercueil de nos bibliothèques. L’Evangile pourrait être plus souvent un livre de chevet, de référence et de consultation. A condition de ne pas le réduire à une croix à porter, alors qu’il est essentiellement libération et résurrection.
Peut-être ne sommes-nous pas assez contagieux. Pourtant, ceux et celles qui aiment vraiment sont heureux et fiers de l’être. Et quand on est heureux, on a envie de l’exprimer, de partager. Par exemple son bonheur de croire et sa chance de suivre un maître de vie. La parole n’est même pas toujours nécessaire. On devrait pouvoir le lire sur notre visage et le comprendre par notre comportement. L’Evangile ne doit pas nous donner des complexes, mais bien faire de nous les joyeux porteurs d’une Bonne Nouvelle pour tous. Ce qui veut dire aussi que l’observance des rites et des pratiques prend trop souvent peut-être plus d’importance que la qualité de nos relations avec Dieu et avec le prochain. Or, ce qui est toujours prioritaire, en tout lieu et toute circonstance, c’est un comportement de vraie charité, de miséricorde, de justice et de paix. C’est le vrai culte agréable à Dieu.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

« The Garden of Eden » by Thomas Cole

20 octobre, 2016

https://en.wikipedia.org/wiki/Garden_of_Eden

2- PAUL, L’APÔTRE INCONNU

20 octobre, 2016

http://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul02-inconnu.htm

2- PAUL, L’APÔTRE INCONNU

Pour la plupart des chrétiens, Paul est un parfait étranger. Nous ne le connaissons pas ou le connaissons mal.

Il est vrai que souvent ses écrits nous parviennent à travers la deuxième lecture de l’eucharistie dominicale, en pièces détachées et sans lien avec la première lecture et l’évangile. Certains prêtres évitent même cette «deuxième lecture», et c’est très rare que le célébrant fasse une homélie sur le texte de saint Paul.
Statue de saint Paul devant St-Paul-HorslesMursS’il est mal connu, Paul n’en reste pas moins l’un des personnages les plus populaires de l’histoire de la chrétienté. Des centaines d’églises, de nombreuses paroisses, des milliers de volumes lui sont dédiés et, dans l’histoire de l’Art, nous retrouvons son portrait partout à travers les siècles. On nous le présente en peinture, sculpture, mosaïque, fresque, aquarelle, icône, ivoire, vitrail, enluminure, etc. Il est présent dans les catacombes, les cavernes, les palais, les maisons, les églises. Peu de grands personnages ont été représentés aussi souvent que saint Paul.

Personnage d’une rare intensité, il est déconcertant par ses contradictions
Après deux mil ans, il fait encore parler de lui. Son oeuvre missionnaire grandiose ne cesse de nous surprendre et de nous fasciner. Avec si peu de moyens, il a surmonté des obstacles énormes. Malgré une santé fragile, il s’est engagé dans des voyages périlleux, sur terre et sur mer.
Au cours de sa carrière missionnaire, Paul a affronté une opposition farouche de la part des Juifs, des Gentils et des judéo-chrétiens. Il a été victime des calomnies les plus odieuses et continuellement il a dû défendre son apostolat. On l’a attaqué sur tous les fronts. Parfois il a été trahi par ses propres disciples. Il fut arrêté, battu, flagellé, mis en prison, lapidé, expulsé et finalement décapité. Rien ne lui a été épargné jusqu’au jour de son martyre.
Pendant les premières années du christianisme, Paul a été le seul à comprendre que le message du Christ n’avait d’avenir qu’en s’adressant à tous et non seulement aux Juifs. Le christianisme se devait d’être universel ou il ne survivrait pas. Paul avait compris la mission universelle du Christ : «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit… » (Matthieu 28, 18)

Paul a imposé cette vision chrétienne longtemps avant que les quatre évangiles ne soient écrits.
Ce grand missionnaire a été pendant toute sa vie un personnage d’une rare intensité. Il est déconcertant par ses contradictions. Véritable mystique, il est aussi un organisateur hors pair. Doté d’un mauvais caractère, il est continuellement entouré de nombreux ami(e)s. Accusé d’être intolérant, misogyne, anti Juifs, il a travaillé avec plusieurs femmes, ce qui n’était pas acceptable dans la culture de son temps, et est resté véritablement Juif jusqu’à sa mort. Malgré son bouillant caractère, ses communautés lui sont restées fidèles jusqu’à la fin.

Pour connaître S. Paul, nous avons plusieurs sources.
Il y a d’abord ses lettres (13 en tout – j’exclus ici la lettre aux Hébreux). Ces Lettres parlent de ses voyages, de ses luttes constantes, de ses fondations d’églises, de ses nombreux conflits. Elles sont essentielles à la compréhension de la personnalité de Paul, de sa théologie et de son message. Les Épitres de Paul lèvent le voile sur la vie quotidienne des premières communautés chrétiennes.
Ensuite, nous avons les Actes des Apôtres de saint Luc, le grand admirateur et le chroniqueur de saint Paul. Il nous offre un portrait qui a peu d’équivalence dans l’histoire de l’Antiquité. Grâce à Luc, Paul est mieux connu que la plupart des grands personnages de la Rome antique.
Donc deux portraits : celui de Luc et celui de Paul lui-même. Il existe aussi quelques écrits un peu plus tardifs : les Actes de Paul, les Actes de Pierre, l’Épitre des Apôtres, le Didakê qui ajoutent à ces informations.
L’histoire de l’Empire romain et les découvertes archéologiques complètent le portrait de l’homme de Tarse. Elles nous font connaître les institutions, la culture, l’économie et les moyens de transport du premier siècle. Elles enrichissent ainsi notre connaissance de l’Apôtre et des communautés chrétiennes.
Les trois voyages missionnaires de Paul se situent entre les années 46 et 58 de notre ère.
Au commencement de ces voyages, Claude était empereur et à la fin, Néron, dirigeait l’Empire. Durant toutes ces années, le gouvernement impérial s’efforçait de concentrer le pouvoir et la richesse dans la Capitale. Cette politique remontait au siècle antérieur, quand la République avait cédé la place à l’Empire sous Jules César. Les empereurs cherchaient à maintenir la «Paix romaine» (Pax romana), qui favorisait le commerce international et la perception des impôts.

C’est à un monde multi-culturel que Paul adresse la Bonne Nouvelle du Christ
Au temps de Paul, la population de l’empire romain était d’environ 50 millions d’habitants, ayant des statuts très variés : il y avait les citoyens romains et les non citoyens, les gens des villes et ceux des campagnes, les hommes libres et les esclaves, les hommes et les femmes, les civils et les militaires. C’était un monde de disparités et d’injustices. Tout ceci va jouer un rôle important dans le succès du christianisme naissant.
Rome comptait alors environ 1.000.000 d’habitants, Éphèse 650.000, Antioche de Syrie 500.000, Tarse 300.000 et Jérusalem 25.000.
Dans l’Empire, il existait une culture commune. Partout on parlait et on pensait grec, même chez les Romains qui auraient bien voulu imposer le latin comme langue universelle, mais cela ne se produira que beaucoup plus tard.
Tout au long de ses voyages, Paul a profité des nombreuses colonies juives de la Diaspora (la dispersion des Juifs à travers l’empire). Dans presque toutes les villes il y avait des synagogues, ce qui lui permettait d’avoir un premier contact rapide partout où il passait.
Le monde de Paul est celui des grandes villes, ouvert, pluraliste et cosmopolite. C’est à ce monde multi-culturel que Paul adresse la Bonne Nouvelle du Christ.

Luke and the ox at the top is the symbol of St. Luke

19 octobre, 2016

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http://www.christianiconography.info/Edited%20in%202013/Italy/sanVitPreSancLeft.luke.html

BENOÎT XVI – (SUR L’ÉVANGILE DE LUC)

19 octobre, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20120215.html

BENOÎT XVI – (SUR L’ÉVANGILE DE LUC)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 15 février 2012

Chers frères et sœurs,

A notre école de prière, mercredi dernier, j’ai parlé de la prière de Jésus sur la Croix tirée du psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Je voudrais à présent continuer de méditer sur la prière de Jésus sur la croix, à l’approche de sa mort, je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur le récit que nous rencontrons dans l’Evangile de saint Luc. L’évangéliste nous a transmis trois paroles de Jésus sur la croix, dont deux — la première et la troisième — sont des prières adressées de façon explicite au Père. La deuxième, en revanche, est constituée par la promesse faite à celui appelé le bon larron, crucifié avec Lui; en effet, répondant à la prière du larron, Jésus le rassure : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23, 43). Dans le récit de Luc, se mêlent ainsi de façon suggestive les deux prières que Jésus mourant adresse au Père et la supplique qui lui est adressée par le pécheur repenti. Jésus invoque le Père et écoute la prière de cet homme qui est souvent appelé latro poenitens, « le larron repenti ».
Arrêtons-nous sur ces trois prières de Jésus. Il prononce la première immédiatement après avoir été cloué sur la croix, tandis que les soldats se partagent ses vêtements comme triste récompense de leur service. Dans un certain sens, c’est par ce geste que se conclut l’épisode de la crucifixion. Saint Luc écrit : « Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : “Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font”. Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort » (23, 33-34). La première prière que Jésus adresse au Père est d’intercession: il demande le pardon pour ses bourreaux. Par cela, Jésus accomplit en première personne ce qu’il avait enseigné dans le discours de la montagne, lorsqu’il avait dit : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Lc 6, 27) et qu’il avait également promis à ceux qui savent pardonner : « Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut » (v. 35). A présent, sur la croix, non seulement il pardonne ses bourreaux, mais il s’adresse directement au Père en intercédant en leur faveur.
Cette attitude de Jésus trouve une «imitation» émouvante dans le récit de la lapidation de saint Etienne, premier martyr. En effet, Etienne, désormais proche de la fin, « se mit à genoux et s’écria d’une voix forte : “Seigneur, ne leur compte pas ce péché”. Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort » (Ac 7, 60) : tels ont été ses derniers mots. La comparaison entre la prière de pardon de Jésus et celle du protomartyr est significative. Saint Etienne s’adresse au Seigneur ressuscité et demande que sa mise à mort — un geste clairement défini à travers l’expression « ce péché » — ne soit pas imputée à ses lapidateurs. Jésus s’adresse au Père sur la croix et demande non seulement le pardon pour ceux qui l’ont crucifié, mais il offre également une lecture de ce qui s’est passé. En effet, selon ses paroles, les hommes qui le crucifient « ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 24). Il invoque donc l’ignorance, le fait de « ne pas savoir » comme motif de la demande de pardon au Père, car cette ignorance laisse ouvert le chemin de la conversion, comme il advient d’ailleurs dans les paroles que prononcera le centurion à la mort de Jésus : « Sûrement, cet homme, c’était un juste » (v. 47), c’était le Fils de Dieu. « Il est une consolation pour tous les temps et pour tous les hommes que, aussi bien à ceux qui ignorent — les bourreaux —, qu’à ceux qui savent — ceux qui l’avaient condamné —, le Seigneur fasse de leur ignorance la base de la demande de pardon. il la voit comme une porte qui peut nous ouvrir à la conversion » (Jésus de Nazareth, ii).
La deuxième parole de Jésus sur la croix rapportée par saint Luc est une parole d’espérance, c’est la réponse à la prière d’un des deux hommes crucifiés avec Lui. Le bon larron en présence de Jésus rentre en lui-même et se repent, il se rend compte qu’il se trouve devant le Fils de Dieu, qui rend visible le Visage même de Dieu, et il le prie : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne » (v. 42). La réponse du Seigneur à cette prière va bien au-delà de sa requête ; en effet il lui dit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (v. 43). Jésus est conscient d’entrer directement dans la communion avec le Père et de rouvrir à l’homme la voie pour le Paradis de Dieu. Ainsi, à travers cette réponse il donne la ferme espérance que la bonté de Dieu peut nous toucher même au dernier instant de la vie et la prière sincère, même après une vie d’erreur, trouve les bras ouverts du Père bon qui attend le retour du fils.
Mais arrêtons-nous sur les derniers mots de Jésus mourant. L’Evangéliste raconte : « Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché. Le rideau du Temple se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : “Père, entre tes mains je remets mon esprit”. Et après avoir dit cela, il expira » (vv. 44-46). Certains aspects de cette narration sont différents par rapport au cadre offert par Marc et par Matthieu. Les trois heures d’obscurité chez Marc ne sont pas décrites, tandis que chez Matthieu, elles sont reliées à une série d’événements apocalyptiques, comme le tremblement de terre, l’ouverture des sépulcres, les morts qui ressuscitent (cf. Mt 27, 51-53). Chez Luc, les heures d’obscurité ont pour cause l’éclipse du soleil mais, à ce moment-là, il advient aussi que le rideau du temple se déchire. Ainsi, le récit de Luc présente deux signes, d’une certaine manière parallèles, dans le ciel et dans le temple. Le ciel perd sa lumière, la terre s’effondre, tandis que dans le temple, lieu de la présence de Dieu, se déchire le voile qui protège le sanctuaire. La mort de Jésus est caractérisée explicitement comme un événement cosmique et liturgique; en particulier, elle marque le début d’un nouveau culte, dans un temple qui n’est pas construit par les hommes, parce qu’il est le Corps lui-même de Jésus mort et ressuscité, qui réunit les peuples et les unit au sacrement de son Corps et de son Sang.
La prière de Jésus, en ce moment de souffrance — « Père, entre tes mains je remets mon esprit » — est un cri puissant de confiance extrême et totale à Dieu. Cette prière exprime la pleine conscience de ne pas être abandonné. L’invocation initiale — « Père » — rappelle sa première déclaration d’enfant à douze ans. Lorsque que pendant trois jours il était resté dans le temple de Jérusalem, dont le voile s’est à présent déchiré. Et lorsque ses parents lui avaient exprimé leur inquiétude, il avait répondu : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être » (Lc 2, 49). Du début jusqu’à la fin, ce qui détermine complètement la sensibilité de Jésus, sa parole, son action, c’est la relation unique avec le Père. Sur la croix, il vit pleinement, dans l’amour, cette relation filiale avec Dieu, qui anime sa prière.
Les paroles prononcées par Jésus, après l’invocation « Père », reprennent une expression du Psaume 31 : « En tes mains je remets mon esprit » (Ps 31, 6). Mais ces paroles ne sont pas une simple citation, elles manifestent plutôt une ferme décision : Jésus « se remet » au Père dans un acte d’abandon total. Ces paroles sont une prière d’« offrande », pleine de confiance dans l’amour de Dieu. La prière de Jésus face à la mort est dramatique comme elle l’est pour chaque homme, mais, dans le même temps, elle est parcourue par ce calme profond qui naît de la confiance dans le Père et de la volonté de se remettre totalement à Lui. A Gethsémani, alors qu’il était entré dans la lutte finale et dans la prière plus intense et qu’il allait être « livré aux mains des hommes » (Lc 9, 44), sa sueur était devenue « comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre » (Lc 22, 44). Mais son cœur était pleinement obéissant à la volonté du Père, et c’est pourquoi « un ange du ciel » était venu le réconforter (cf. Lc 22, 42-43). A présent, pendant les derniers instants, Jésus s’adresse au Père en disant quelles sont réellement les mains auxquelles Il remet toute son existence. Avant son départ pour le voyage vers Jérusalem, Jésus avait insisté avec ses disciples : « Mettez-vous bien en tête ce que je vous dis là : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes » (Lc 9, 44). Alors que la vie va le quitter, Il scelle dans la prière sa dernière décision : Jésus s’est laissé livrer « aux mains des hommes », mais c’est dans les mains du Père qu’Il remet son esprit ; ainsi — comme l’affirme l’évangéliste Jean — tout est accompli, l’acte suprême d’amour est accompli jusqu’au bout, jusqu’à la limite et au-delà de la limite.
Chers frères et sœurs, les paroles de Jésus sur la croix lors des derniers instants de sa vie terrestre offrent des indications exigeantes pour notre prière, mais elles l’ouvrent également à une confiance sereine et à une ferme espérance. Jésus qui demande au Père de pardonner ceux qui le crucifient, nous invite au geste difficile de prier également pour ceux qui nous font du tort, qui nous ont porté atteinte, en sachant toujours pardonner, afin que la lumière de Dieu puisse illuminer leur cœur ; et il nous invite à vivre, dans notre prière, la même attitude de miséricorde et d’amour dont Dieu fait preuve à notre égard : « Pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés », disons-nous chaque jour dans le « Notre Père ». Dans le même temps, Jésus, qui au moment extrême de la mort se remet totalement entre les mains de Dieu le Père, nous communique la certitude que, pour autant que les épreuves soient dures, les problèmes difficiles, la souffrance lourde, nous ne tomberons jamais en-dehors des mains de Dieu, ces mains qui nous ont créés, qui nous soutiennent et qui nous accompagnent sur le chemin de l’existence, car elles sont guidées par un amour infini et fidèle. Merci

Paul’s Theology and Art

17 octobre, 2016

Paul's Theology and Art dans images sacrée 18%20MAULBERTSCH%20FRANZ%20ANTON%20ST%20PAUL
http://www.artbible.net/2NT/PAUL%20S%20THEOLOGY%20AND%20ART%20…THEOLOGIE%20DE%20PAUL%20DANS%20L%20ART/slides/18%20MAULBERTSCH%20FRANZ%20ANTON%20ST%20PAUL.html

BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LE CARACTÈRE RAISONNABLE DE LA FOI EN DIEU

17 octobre, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2012/documents/hf_ben-xvi_aud_20121121.html

BENOÎT XVI – L’ANNÉE DE LA FOI. LE CARACTÈRE RAISONNABLE DE LA FOI EN DIEU

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 21 novembre 2012

Chers frères et sœurs,

Nous avançons dans cette Année de la foi, en portant dans notre cœur l’espérance de redécouvrir quelle joie il y a à croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer à tous les vérités de la foi. Ces vérités ne sont pas un simple message sur Dieu, une information particulière sur Lui. Elles expriment en revanche l’événement de la rencontre de Dieu avec les hommes, une rencontre salvifique et libératrice, qui réalise les aspirations les plus profondes de l’homme, son désir de paix, de fraternité, d’amour. La foi conduit à découvrir que la rencontre avec Dieu valorise, perfectionne et élève ce qu’il y a de vrai, de bon et de beau en l’homme. Il arrive ainsi que, tandis que Dieu se révèle et se laisse connaître, l’homme vient à savoir qui est Dieu et, le connaissant, il se découvre lui-même, sa propre origine, son destin, la grandeur et la dignité de la vie humaine.
La foi permet un savoir authentique sur Dieu qui implique toute la personne humaine : c’est un sàpere, c’est-à-dire un savoir qui donne une saveur à la vie, un goût nouveau d’exister, une manière joyeuse d’être au monde. La foi s’exprime dans le don de soi pour les autres, dans la fraternité qui rend solidaires, capables d’aimer, en vainquant la solitude qui rend tristes. Cette connaissance de Dieu à travers la foi n’est donc pas seulement intellectuelle, mais vitale. C’est la connaissance de Dieu-Amour, grâce à son amour même. L’amour de Dieu, ensuite, fait voir, ouvre les yeux, permet de connaître toute la réalité, au-delà des perspectives étroites de l’individualisme et du subjectivisme qui désorientent les consciences. La connaissance de Dieu est donc une expérience de foi et implique, dans le même temps, un chemin intellectuel et moral : touché au plus profond par l’Esprit de Jésus en nous, nous dépassons les horizons de nos égoïsmes et nous nous ouvrons aux vraies valeurs de l’existence.
Aujourd’hui, dans cette catéchèse, je voudrais m’arrêter sur le caractère raisonnable de la foi en Dieu. La tradition catholique depuis le début a rejeté ce que l’on appelle le fidéisme, qui est la volonté de croire contre la raison. Credo quia absurdum (je crois parce que c’est absurde) n’est pas une formule qui interprète la foi catholique. Dieu, en effet, n’est pas absurde, tout au plus est-il mystère. Le mystère, à son tour, n’est pas irrationnel, mais est surabondance de sens, de signification, de vérité. Si, en regardant le mystère, la raison est dans l’obscurité, ce n’est pas parce que le mystère n’est pas lumière, mais plutôt parce qu’il y en a trop. Il en est ainsi lorsque les yeux de l’homme se tournent directement vers le soleil pour le regarder, ils ne voient que ténèbres ; mais qui dirait que le soleil n’est pas lumineux, il est même la source de la lumière ? La foi permet de regarder le « soleil », Dieu, parce qu’elle est accueil de sa révélation dans l’histoire et, pour ainsi dire, elle reçoit vraiment toute sa luminosité du mystère de Dieu, en reconnaissant le grand miracle : Dieu s’est approché de l’homme, il s’est offert à sa connaissance, en s’abaissant à la limite créaturale de sa raison (cf. Conc. œc. Vat. ii, Const. dogm. Dei Verbum, n. 13). Dans le même temps, Dieu, par sa grâce, éclaire la raison, lui ouvre des horizons nouveaux, incommensurables et infinis. C’est pourquoi la foi constitue un encouragement à chercher toujours, à ne jamais s’arrêter et à ne jamais trouver le repos dans la découverte inépuisable de la vérité et de la réalité. Le préjugé de certains penseurs modernes, selon lesquels la raison humaine serait bloquée par les dogmes de la foi, est faux. C’est exactement le contraire qui est vrai, comme les grands maîtres de la tradition catholique l’ont démontré. Saint Augustin, avant sa conversion, cherche avec tant d’inquiétude la vérité, à travers toutes les philosophies disponibles, en les trouvant toutes insatisfaisantes. Sa recherche rationnelle épuisante est pour lui une pédagogie significative en vue de la rencontre avec la Vérité du Christ. Lorsqu’il dit : « Comprends pour croire et crois pour comprendre » (Discours 43, 9 : PL 38, 258), c’est comme s’il racontait sa propre expérience de vie. L’intellect et la foi, face à la Révélation divine, ne sont pas étrangers ou antagonistes, mais ils sont tous deux des conditions pour en comprendre le sens, pour en recevoir le message authentique, en s’approchant du seuil du mystère. Saint Augustin, avec beaucoup d’autres penseurs chrétiens, est témoin d’une foi qui s’exerce avec la raison, qui pense et invite à penser. Dans ce sillage, saint Anselme dira dans son Proslogion que la foi catholique est fides quaerens intellectum, où la recherche de l’intelligence est un acte antérieur à croire. Ce sera surtout saint Thomas d’Aquin — fort de cette tradition — qui se confrontera avec les raisons des philosophes, en montrant quelle fécondité rationnelle nouvelle dérive dans la pensée humaine de la greffe des principes et des vérités de la foi chrétienne.
La foi catholique est donc raisonnable et nourrit notre confiance également dans la raison humaine. Le Concile Vatican i, dans la constitution dogmatique Dei Filius, a affirmé que la raison est en mesure de connaître avec certitude l’existence de Dieu à travers la voie de la création, tandis que ce n’est qu’à la foi qu’appartient la possibilité de connaître « facilement, avec une certitude absolue et sans erreur » (ds 3005) les vérités qui concernent Dieu, à la lumière de la grâce. La connaissance de la foi, en outre, n’est pas contre la raison droite. Le bienheureux Pape Jean-Paul II, en effet, dans l’encyclique Fides et ratio, résume ainsi : « La raison de l’homme n’est ni anéantie, ni humiliée lorsqu’elle donne son assentiment au contenu de la foi; celui-ci est toujours atteint par un choix libre et conscient » (n. 43). Dans l’irrésistible désir de vérité, seul un rapport harmonieux entre foi et raison est le chemin juste qui conduit à Dieu et à la pleine réalisation de soi.
Cette doctrine est facilement reconnaissable dans tout le Nouveau Testament. En écrivant aux chrétiens de Corinthe, saint Paul soutient, comme nous l’avons entendu : « Alors que les juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les peuples païens » (1 Co 1, 22-23). En effet, Dieu a sauvé le monde non pas par un acte de puissance, mais à travers l’humiliation de son Fils unique : selon les paramètres humains, la modalité insolite utilisée par Dieu détonne avec les exigences de la sagesse grecque. Pourtant, la Croix du Christ possède sa raison, que saint Paul appelle : ho lògos tou staurou, « le langage de la croix » (1 Co 1, 18). Ici, le terme lògos indique tant le langage que la raison et, si il fait allusion au langage, c’est parce qu’il exprime verbalement ce que la raison élabore. Paul voit donc dans la Croix non pas un événement irrationnel, mais un fait salvifique qui possède un bon sens propre, reconnaissable à la lumière de la foi. Dans le même temps, il a tellement confiance dans la raison humaine qu’il s’étonne du fait que de nombreuses personnes, bien que voyant les œuvres accomplies par Dieu, s’obstinent à ne pas croire en Lui. Il dit dans la Lettre aux Romains : « Depuis la création du monde, les hommes, avec leur intelligence, peuvent voir, à travers les œuvres de Dieu, ce qui est invisible: sa puissance éternelle et sa divinité » (1, 20). Ainsi, saint Pierre exhorte lui aussi les chrétiens de la diaspora à adorer « dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15). Dans un climat de persécution et de profonde exigence de témoigner de la foi, il est demandé aux croyants de justifier par des motivations fondées leur adhésion à la parole de l’Évangile, de donner raison de notre espérance.
Sur ces prémisses à propos du lien fécond entre comprendre et croire, se fonde également le rapport vertueux entre science et foi. La recherche scientifique, nous le voyons, conduit à la connaissance de vérités toujours nouvelles sur l’homme et sur l’univers. Le bien véritable de l’humanité, accessible dans la foi, ouvre l’horizon dans lequel doit se dérouler son chemin de découverte. Il faut donc encourager, par exemple, les recherches placées au service de la vie et visant à vaincre les maladies. Les recherches en vue de découvrir les secrets de notre planète et de l’univers sont également importantes, dans la conscience que l’homme est au sommet de la création non pour l’exploiter de manière insensée, mais pour la protéger et la rendre habitable. Ainsi la foi, réellement vécue, n’entre pas en conflit avec la science, mais coopère plutôt avec elle, en offrant des critères de base pour qu’elle promeuve le bien de tous, en lui demandant de ne renoncer qu’aux tentatives qui — en s’opposant au projet originel de Dieu — peuvent produire des effets qui se retournent contre l’homme lui-même. C’est également pour cela qu’il est raisonnable de croire : si la science est une alliée précieuse de la foi pour la compréhension du dessein de Dieu dans l’univers, la foi permet au progrès scientifique de se réaliser toujours pour le bien et pour la vérité de l’homme, en restant fidèle à ce même dessein.
Voilà pourquoi il est décisif pour l’homme de s’ouvrir à la foi et de connaître Dieu et son projet de salut en Jésus Christ. Dans l’Evangile est inauguré un nouvel humanisme, une authentique « grammaire » de l’homme et de toute la réalité. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme : « La vérité de Dieu est sa sagesse qui commande tout l’ordre de la création et du gouvernement du monde. Dieu qui, seul, “a créé le ciel et la terre” (cf. Ps 115, 15), peut seul donner la connaissance véritable de toute chose créée dans sa relation à Lui » (n. 216).
Espérons alors que notre engagement dans l’évangélisation aide à redonner son caractère central à l’Évangile dans la vie de tant d’hommes et femmes de notre temps. Et prions afin que tous retrouvent dans le Christ le sens de l’existence et le fondement de la liberté véritable: en effet, sans Dieu, l’homme s’égare. Les témoignages de ceux qui nous ont précédés et ont consacré leur vie à l’Évangile le confirment pour toujours. Il est raisonnable de croire, c’est notre existence qui est en jeu. Cela vaut la peine de se prodiguer pour le Christ, Lui seul satisfait les désirs de vérité et de bien enracinés dans l’âme de chaque homme: à présent, dans le temps qui passe, et le jour sans fin de l’Éternité bienheureuse.

 

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, LIVRE DU LIVRE DE L’EXODE 17, 8-13

15 octobre, 2016

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, LIVRE DU LIVRE DE L’EXODE 17, 8-13

dimanche 16 octobre 2016

PREMIERE LECTURE – Livre du livre de l’Exode 17, 8-13

En ces jours-là,
le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
8 Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim.
9 Moïse dit alors à Josué :
« Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites.
Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline,
le bâton de Dieu à la main. »
10 Josué fit ce que Moïse avait dit :
il mena le combat contre les Amalécites.
Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline.
11 Quand Moïse tenait la main levée,
Israël était le plus fort.
Quand il la laissait retomber,
Amalec était le plus fort.
12 Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ;
on prit une pierre, on la plaça derrière lui,
et il s’assit dessus.
Aaron et Hour lui soutenaient les mains,
l’un d’un côté, l’autre de l’autre.
Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes
jusqu’au coucher du soleil.
13 Et Josué triompha des Amalécites au fil de l’épée.

Les Amalécites étaient des tribus qui vivaient dans le désert du Négev : la Bible les cite de nombreuses fois, tout au long de l’histoire de l’installation du peuple élu en Palestine, et toujours comme des opposants à la pénétration des tribus israélites ; et leurs descendants seront encore de farouches ennemis au temps des rois Saül et David. Si bien que le nom même d’Amaleq est devenu le type de l’ennemi héréditaire.
Rien d’étonnant quand on sait que Amaleq lui-même, le père de la tribu, serait le petit-fils d’Esaü, le frère jumeau et rival de Jacob. La rivalité entre Jacob et Esaü1 (qu’on appelle aussi Edom) s’est reportée sur leurs descendants et, de génération en génération, en Israël, on se transmet la haine des Edomites, et surtout de ceux qui sont considérés comme les pires de tous, les Amalécites.
Voici donc, dès le livre de l’Exode, les Amalécites qui se présentent comme les premiers adversaires du peuple élu dans le désert. L’auteur ne donne pas beaucoup de détails sur cette première bataille : il dit simplement « Le peuple d’Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et l’attaquèrent à Rephidim. » Mais le livre du Deutéronome apporte quelques indications complémentaires : « Souviens-toi de ce qu’Amaleq t’a fait sur votre route, à la sortie d’Egypte, lui qui est venu à ta rencontre sur la route et a détruit à l’arrière de ta colonne, tous ceux qui traînaient, alors que tu étais épuisé et fourbu. » (Dt 25, 17-19) traduisez : les Amalécites sont arrivés par surprise et se sont attaqués à ceux qui avaient le plus de mal à suivre. Alors Moïse dit à Josué : « Choisis des hommes et va combattre les Amalécites ». C’est donc une histoire de légitime défense. Nous n’aurons pas d’autres détails sur le déroulement du combat ou les mouvements de troupes ; en revanche, le récit se concentre sur la relation entre le peuple et son Dieu à l’occasion de cette première bataille : c’est l’épreuve du feu, mais c’est surtout l’épreuve de la foi d’Israël. Il va combattre pour survivre, mais son Dieu sera avec lui.
Nous sommes à Rephidim : au fait, ce nom, nous le connaissons déjà, car dans les versets qui précèdent ce passage, c’est le fameux épisode de Massa et Meriba ; nous en avons reparlé tout récemment à l’occasion du psaume 94/95. Massa et Meriba, cela se passait justement à Rephidim et le surnom Massa et Meriba (qui veut dire contestation et querelle) signifie que, là, le peuple a gravement douté de Dieu. Et, désormais, quand on sera tenté de douter de la protection de Dieu, on se souviendra de Massa et Meriba : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre coeur comme à Meriba, comme au jour de Massa, dans le désert, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit ». (Ps 94/95, 7-8).
Massa et Meriba, c’était l’épreuve de la soif, une épreuve si dure que le peuple a été jusqu’à penser que Dieu l’avait abandonné… mais non, et l’eau a coulé du rocher, et le peuple a retrouvé confiance en son Dieu. Cette fois, et toujours à Rephidim, le voici affronté à l’attaque des Amalécites. Il va falloir lutter pour sa survie. Et aussitôt Moïse ne doute pas que Dieu viendra à son secours pour le délivrer.
Il dit à Josué : « Moi, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main ». Et c’est ce bâton, en quelque sorte, qui tient le premier rôle dans ce récit. Ce bâton n’est pas magique par lui-même, mais il rend visible l’oeuvre de Dieu. C’est par lui que Moïse a accompli des quantités de prodiges aux yeux du Pharaon et de la cour d’Egypte, qu’il a écarté les eaux de la Mer des Joncs, qu’il a fait couler l’eau du rocher, à Massa et Meriba, justement. Encore une fois, ce bâton n’est pas magique par lui-même, la preuve, c’est que Moïse se met en prière, mais ce bâton levé est devenu un symbole : il rappelle à tous que c’est Dieu qui agit. Si la bataille est à peine décrite, si le bâton est au centre du récit, c’est précisément pour bien montrer où est l’essentiel.
L’essentiel, c’est la présence de Dieu qui accompagne son peuple, comme il l’avait promis dès le début en révélant son nom à Moïse, ce fameux nom qui dit la présence de Dieu. Le texte est très sobre et en même temps très suggestif. Moïse, Aaron et Hour sont au sommet de la colline, pendant que le peuple se bat sous la direction de Josué dans la plaine. Josué se bat de toute son âme, et Moïse prie de toute son âme. Le combattant et le priant se complètent. Si Moïse abandonne son poste de prière, Josué perd ses moyens. On ne peut pas dire plus clairement que c’est Dieu qui agit, mais qu’il y faut notre participation. Les mains levées de Moïse sont le symbole de toute la prière humaine. Elles disent la confiance, la certitude du croyant que son Dieu ne l’abandonne jamais. Récemment, nous l’avons lu dans la lettre à Timothée, Paul disait : « Je recommande que partout les hommes prient les mains levées vers le ciel… » C’est Dieu qui agit : ces mains levées le disent bien puisqu’elles restent immobiles et qu’elles semblent renvoyer la responsabilité vers le ciel ; mais en même temps, elles sont levées : le croyant ne baisse pas les bras ; les mains du combattant, les mains levées du priant sont notre petite participation à l’oeuvre de Dieu.
Mais il arrive que le priant, exténué, physiquement ou moralement, n’ait plus la force de « lever les mains » vers le ciel : alors il est bon de trouver des frères pour soutenir nos mains défaillantes ; normalement, c’est le rôle de nos communautés.
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Note
1 – On se souvient des deux fils d’Isaac, les frères jumeaux et en même temps rivaux Esaü et Jacob ; Esaü aurait dû être l’héritier des promesses divines, mais Jacob avait réussi à tromper son père aveugle en se faisant passer pour son frère et avait usurpé la place.
Complément
– De tout temps, de hommes et des femmes ont consacré leur vie à la prière ; ce texte vient nous révéler que la prière n’est pas passivité ou inaction ; bien au contraire, mystérieusement, la prière de quelques-uns est source de force pour tous. Elle est un rappel vivant de la Présence de Dieu sans cesse agissant au milieu de nous.

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