2- PAUL, L’APÔTRE INCONNU

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2- PAUL, L’APÔTRE INCONNU

Pour la plupart des chrétiens, Paul est un parfait étranger. Nous ne le connaissons pas ou le connaissons mal.

Il est vrai que souvent ses écrits nous parviennent à travers la deuxième lecture de l’eucharistie dominicale, en pièces détachées et sans lien avec la première lecture et l’évangile. Certains prêtres évitent même cette «deuxième lecture», et c’est très rare que le célébrant fasse une homélie sur le texte de saint Paul.
Statue de saint Paul devant St-Paul-HorslesMursS’il est mal connu, Paul n’en reste pas moins l’un des personnages les plus populaires de l’histoire de la chrétienté. Des centaines d’églises, de nombreuses paroisses, des milliers de volumes lui sont dédiés et, dans l’histoire de l’Art, nous retrouvons son portrait partout à travers les siècles. On nous le présente en peinture, sculpture, mosaïque, fresque, aquarelle, icône, ivoire, vitrail, enluminure, etc. Il est présent dans les catacombes, les cavernes, les palais, les maisons, les églises. Peu de grands personnages ont été représentés aussi souvent que saint Paul.

Personnage d’une rare intensité, il est déconcertant par ses contradictions
Après deux mil ans, il fait encore parler de lui. Son oeuvre missionnaire grandiose ne cesse de nous surprendre et de nous fasciner. Avec si peu de moyens, il a surmonté des obstacles énormes. Malgré une santé fragile, il s’est engagé dans des voyages périlleux, sur terre et sur mer.
Au cours de sa carrière missionnaire, Paul a affronté une opposition farouche de la part des Juifs, des Gentils et des judéo-chrétiens. Il a été victime des calomnies les plus odieuses et continuellement il a dû défendre son apostolat. On l’a attaqué sur tous les fronts. Parfois il a été trahi par ses propres disciples. Il fut arrêté, battu, flagellé, mis en prison, lapidé, expulsé et finalement décapité. Rien ne lui a été épargné jusqu’au jour de son martyre.
Pendant les premières années du christianisme, Paul a été le seul à comprendre que le message du Christ n’avait d’avenir qu’en s’adressant à tous et non seulement aux Juifs. Le christianisme se devait d’être universel ou il ne survivrait pas. Paul avait compris la mission universelle du Christ : «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit… » (Matthieu 28, 18)

Paul a imposé cette vision chrétienne longtemps avant que les quatre évangiles ne soient écrits.
Ce grand missionnaire a été pendant toute sa vie un personnage d’une rare intensité. Il est déconcertant par ses contradictions. Véritable mystique, il est aussi un organisateur hors pair. Doté d’un mauvais caractère, il est continuellement entouré de nombreux ami(e)s. Accusé d’être intolérant, misogyne, anti Juifs, il a travaillé avec plusieurs femmes, ce qui n’était pas acceptable dans la culture de son temps, et est resté véritablement Juif jusqu’à sa mort. Malgré son bouillant caractère, ses communautés lui sont restées fidèles jusqu’à la fin.

Pour connaître S. Paul, nous avons plusieurs sources.
Il y a d’abord ses lettres (13 en tout – j’exclus ici la lettre aux Hébreux). Ces Lettres parlent de ses voyages, de ses luttes constantes, de ses fondations d’églises, de ses nombreux conflits. Elles sont essentielles à la compréhension de la personnalité de Paul, de sa théologie et de son message. Les Épitres de Paul lèvent le voile sur la vie quotidienne des premières communautés chrétiennes.
Ensuite, nous avons les Actes des Apôtres de saint Luc, le grand admirateur et le chroniqueur de saint Paul. Il nous offre un portrait qui a peu d’équivalence dans l’histoire de l’Antiquité. Grâce à Luc, Paul est mieux connu que la plupart des grands personnages de la Rome antique.
Donc deux portraits : celui de Luc et celui de Paul lui-même. Il existe aussi quelques écrits un peu plus tardifs : les Actes de Paul, les Actes de Pierre, l’Épitre des Apôtres, le Didakê qui ajoutent à ces informations.
L’histoire de l’Empire romain et les découvertes archéologiques complètent le portrait de l’homme de Tarse. Elles nous font connaître les institutions, la culture, l’économie et les moyens de transport du premier siècle. Elles enrichissent ainsi notre connaissance de l’Apôtre et des communautés chrétiennes.
Les trois voyages missionnaires de Paul se situent entre les années 46 et 58 de notre ère.
Au commencement de ces voyages, Claude était empereur et à la fin, Néron, dirigeait l’Empire. Durant toutes ces années, le gouvernement impérial s’efforçait de concentrer le pouvoir et la richesse dans la Capitale. Cette politique remontait au siècle antérieur, quand la République avait cédé la place à l’Empire sous Jules César. Les empereurs cherchaient à maintenir la «Paix romaine» (Pax romana), qui favorisait le commerce international et la perception des impôts.

C’est à un monde multi-culturel que Paul adresse la Bonne Nouvelle du Christ
Au temps de Paul, la population de l’empire romain était d’environ 50 millions d’habitants, ayant des statuts très variés : il y avait les citoyens romains et les non citoyens, les gens des villes et ceux des campagnes, les hommes libres et les esclaves, les hommes et les femmes, les civils et les militaires. C’était un monde de disparités et d’injustices. Tout ceci va jouer un rôle important dans le succès du christianisme naissant.
Rome comptait alors environ 1.000.000 d’habitants, Éphèse 650.000, Antioche de Syrie 500.000, Tarse 300.000 et Jérusalem 25.000.
Dans l’Empire, il existait une culture commune. Partout on parlait et on pensait grec, même chez les Romains qui auraient bien voulu imposer le latin comme langue universelle, mais cela ne se produira que beaucoup plus tard.
Tout au long de ses voyages, Paul a profité des nombreuses colonies juives de la Diaspora (la dispersion des Juifs à travers l’empire). Dans presque toutes les villes il y avait des synagogues, ce qui lui permettait d’avoir un premier contact rapide partout où il passait.
Le monde de Paul est celui des grandes villes, ouvert, pluraliste et cosmopolite. C’est à ce monde multi-culturel que Paul adresse la Bonne Nouvelle du Christ.

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