Archive pour le 7 octobre, 2016

Christ healing the lepers

7 octobre, 2016

Christ healing the lepers dans images sacrée Christ_Healing_the_Leper

http://dialogues.stjohndfw.info/category/christ-in-the-bible/

HOMÉLIES DU 28E DIMANCHE ORDINAIRE C

7 octobre, 2016

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIES DU 28E DIMANCHE ORDINAIRE C

2 R 5, 14-17 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19

Les deux récits que nous propose la liturgie de ce dimanche sur la guérison de lépreux datent respectivement de 28 et de près de 20 siècles. Nous ne sommes vraiment pas dans l’actualité. Nous vivons d’ailleurs dans des conditions très différentes. Ce qui ne facilite pas la perception que nous pouvons avoir du message émis par cet événement symbolique et de la leçon universelle concernant le devoir de reconnaissance : « Il faut apprendre à dire merci », ce qui n’est pas inutile à rappeler. D’autant plus que l’eucharistie est précisément, par définition, un merci, une action de grâce, une démarche de reconnaissance pour les purifiés que nous sommes. Les textes bibliques vont beaucoup plus loin. Mais que pouvaient-ils bien signifier pour les auditeurs de l’époque ? La lèpre faisait partir d’un fléau ordinaire, mais elle est également auréolée d’un symbole religieux. La lèpre du corps était, sinon la preuve, au moins le reflet, d’un cœur pourri par le péché. De par la loi, le lépreux est exclu de la communauté et même, ajoute-t-on pieusement, exclu du royaume de Dieu. Ces pauvres parmi les plus pauvres sont donc interdits de Temple, interdits de culte, interdits de séjour dans les lieux habités, obligés d’avoir les cheveux dénoués et de crier « impur ! » quand ils rencontrent quelqu’un. C’est la loi. Les lépreux sont totalement exclus de tout. Et que dire d’un lépreux samaritain ? Pour les pieux croyants d’Israël, ces gens, un ramassis de fils d’exclus, sont considérés comme des hérétiques, des schismatiques, totalement infréquentables. Tous impurs. Imaginez un Samaritain, citoyen d’une région maudite, qui de surcroît est un véritable lépreux ! Le marginal par excellence. C’est celui-là, le seul sur dix, dont Jésus va faire l’éloge, le seul homme de cœur, le seul qui a compris Jésus. Le seul qui accèdera à la véritable foi. Pour les croyants juifs de l’époque, il y avait de quoi être vexés, jaloux, irrités, scandalisés. Première leçon, tant pour hier que pour aujourd’hui : manifestement, Jésus n’entre pas dans les vues racistes de ses contemporains. Ces exclusions, même légalisées, lui sont insupportables. Alors, que fait-il ? Il viole un tabou en s’approchant d’un lépreux. Il enfreint un règlement, il rompt avec des habitudes sociales et religieuses traditionnelles. Par contre, il respecte la loi en envoyant les lépreux chez les prêtres, pour un rite de purification qui leur permettra positivement d’être réintégrés légalement dans la communauté d’Israël. Les neuf pratiquants juifs font la démarche, ils la connaissent. Ils font totale confiance aux rites, sans se préoccuper de celui qui purifie et sauve. Ils empochent le gros lot, sans se retourner vers le bienfaiteur. Ils vont pointer chez les prêtres et recevront un certificat de bonne santé, ce qui leur suffit. Le Samaritain, lui, ne connaît pas ces rites. Il fait d’ailleurs demi-tour. Mais il a ressenti sa guérison comme un signe, comme un appel. C’est la personne de Jésus qu’il voit au cœur même de l’événement. Quelqu’un s’est révélé à lui, il s’agit de lui répondre pour aller plus loin. Le seul des dix à faire une démarche de foi. Or, c’est la foi qui sauve et purifie, même quand elle ne guérit pas les malades. Une fois de plus, ce récit symbolique illustre ce que Jésus n’a cessé de constater et de dénoncer de son vivant. Les Juifs, jusqu’aux plus pratiquants et les plus pieux, sont sûrs de leurs droits et satisfaits d’un légalisme et d’un ritualisme qui leur donnent bonne conscience. Or, montre Jésus, ce sont bien souvent les exclus, les marginaux de la société ou du Temple, qui se montrent le plus souvent disponibles à la Parole de Dieu et à la grâce. Qui a le beau rôle dans le récit biblique de la première lecture ? Naaman, général d’une armée ennemie, fera confiance à la parole du prophète après avoir beaucoup rouspété. Il sera purifié de cœur et d’âme, jusqu’à faire un acte de foi au Dieu unique. Un purifié de la lèpre spirituelle, qui sépare les êtres humains les uns des autres. Mais les histoires racontées par les deux Testaments disent une autre histoire possible, en d’autres lieux et en d’autres temps, c’est-à-dire les nôtres. Or, c’est l’aujourd’hui de l’incarnation qui importe. Son actualisation. Et non pas une admiration romantique pour des merveilles du passé, qui risquent de ne rien changer à notre vie, alors que nous sommes sans cesse appelés à nous convertir. On pourrait certes évoquer la scène émouvante de François d’Assise embrassant un lépreux . Aujourd’hui, vous n’en croiserez pas au sortir de l’église. Mais ce qu’il faut bien retenir de la vie de François, c’est qu’avant sa conversion, la seule vue d’un lépreux le faisait fuir, tant sa répugnance à leur égard était grande. Ils le dégoûtaient, comme il le reconnaît lui-même dans son testament. « Ce fut le Seigneur qui me poussa à aller vers eux. Je le fis et tout fut dès lors changé ». Il venait de voir dans le lépreux toute la pauvreté du monde. Il découvrait l’importance de ce qui est petit, faible et souffrant. Pour nous, la vraie et importante question est de savoir qui sont les lépreux d’aujourd’hui. Où se trouvent les Samarie modernes ? Quels sont les excommuniés et les exclus de notre société, de notre Eglise, de nos communautés, de nos pays ? Quels sont les exclus de notre développement, les marginaux de l’Eglise ? Ne les trouve-t-on pas parmi les sans-patrie, les sans-logis, les sans papiers ? Et d’autres encore qui nous font peut-être changer de trottoir. Que ferions-nous, par exemple, si un groupe de réfugiés, déguenillés, affamés, sans papiers, repoussants pour la vue et l’odorat, venait, en plein hiver glacial, chercher refuge dans notre oratoire ou dans l’église ? Quelle serait notre réaction ? Quelle serait, en définitive, notre réponse évangélique ? La question nous donne l’occasion de nous demander, en conscience, quels sont les lépreux et les Samaritains d’aujourd’hui, pour que nous soyons prêts à actualiser et réactiver l’évangile.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008