Archive pour le 10 septembre, 2016

James Tissot – The Return of the Prodigal Son (Le retour de l’enfant prodigue) – Brooklyn Museum

10 septembre, 2016

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https://en.wikipedia.org/wiki/Parable_of_the_Prodigal_Son

HOMÉLIE DU 24E DIMANCHE ORDINAIRE C

10 septembre, 2016

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HOMÉLIE DU 24E DIMANCHE ORDINAIRE C

Ex 32, 7-11, 13-14 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32

 « Qui leur fera miséricorde ? », titrait un journal racontant la triste histoire de 25 femmes qui veulent quitter la prostitution mais ne trouvent pas de travail. Fait divers parmi d’autres, qui nous offre une pressante invitation à relire avec attention les textes bibliques que nous propose notamment la liturgie. « L’équipement du chrétien se résume dans la Bible et le journal », affirmait le grand théologien Karl Barth.  Autre exemple avec les actions musclées de commandos anti-avortement contre des hôpitaux qui pratiquent l’IVG. Une croisade contre l’assassinat (d’une seule catégorie) d’innocents. Certains y voient une « courageuse réponse de chrétiens à l’enseignement du Christ et de l’Eglise ». D’autres considèrent que l’on ne peut continuer « à bafouer ainsi l’ordre divin ». Et bon nombre de ces « croisés » se prennent pour le bras justicier et vengeur du Dieu tout puissant. Mais ce visage de Dieu n’est-il pas plutôt celui de l’une des nombreuses idoles fabriquées de nos mains « et que nous mettons à notre service » ? En effet, comme le signale le missel des dimanches : « Dieu ! Nous le voudrions juge des autres, de ceux à qui nous nous opposons »; Un Dieu à notre image, intolérant, violent, rancunier et vindicatif. Déjà, l’auteur de l’Exode a voulu, par l’épisode du veau d’or et l’extraordinaire prière de Moïse, briser le masque de colère pour révéler le vrai visage de Dieu qui est celui d’une perpétuelle bienveillance, d’une indéracinable fidélité à l’alliance et à ses promesses, d’une patience de tous les instants, d’une miséricorde inépuisable. Le portrait après la caricature. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’est pas celui du « Talion », écrit Stan Rougier, mais celui du Shabbat Hannuka : « Ni par la force ni par la violence, mais par mon Esprit », dit l’Eternel. Mais infinie est la distance entre la noblesse et la sérénité des principes et l’épreuve de leur incarnation dans le concret mouvementé du quotidien. Ainsi, quand Moïse « vit le veau et les danses », il s’enflamma de colère, brisa tout ce qui lui tombait sous la main et ordonna à une élite de fidèles de tuer « qui son frère, qui son ami, qui son prochain… Et il tomba environ trois mille hommes » (Ex 32, 19-28). Mais on n’était qu’au début d’une très longue évolution spirituelle qui culminera dans la révélation et le témoignage de Jésus Christ, visage parfait du Dieu de miséricorde dont la justice et le pardon sont également infinis. Paul de Tarse, croyant sincère, familier des Ecritures et particulièrement compétent dans le domaine religieux, s’est pris longtemps pour le justicier de Dieu et de sa Loi, en s’attaquant par le blasphème, l’insulte et la persécution, à tous ceux qui marchaient dans la foulée du prophète de Nazareth, condamné et crucifié comme prétendu Messie. Et voici qu’un jour tout bascule, Paul découvre le vrai visage de Dieu qui est celui de sa miséricorde. Le savant et pieux pharisien reconnaît son ignorance et son manque de foi. Lui, le pur, se reconnaît pécheur, mais tellement pardonné qu’il en devient disciple et « premier exemple » de ceux qui croiraient en Jésus. Les trois paraboles que nous propose Luc aujourd’hui répondaient, au temps de Jésus, à ces croyants légalistes qui, au nom de leur foi et de la Loi, méprisaient et condamnaient publicains et pécheurs et dénonçaient Jésus comme un homme de mauvaise fréquentation. La parabole du père et des deux fils a tout dit sur la miséricorde de Dieu. Cependant, le disciple d’hier ou celui d’aujourd’hui, enseigné, éclairé, orienté et stimulé par la parole et l’exemple de Jésus, n’est pas pour autant un « pur », protégé de tout péché et vacciné contre l’infidélité, les déviations et les contradictions. C’est bien encore à nous tous que ces paraboles s’adressent, avec d’autant plus de force et d’urgence que nous avons peine à nous reconnaître pécheurs et pécheurs pardonnés.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925- 2008