Archive pour août, 2016
HOMÉLIE DU 19E DIMANCHE ORDINAIRE C
5 août, 2016http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
HOMÉLIE DU 19E DIMANCHE ORDINAIRE C
Sg 18, 6-9 ; He 11, 1-2, 8-19 ; Lc 12, 32-48
Voici donc Jésus qui nous invite à faire de bons placements. A gérer intelligemment nos biens. A protéger nos richesses des voleurs, de la dévaluation et autres mauvaises surprises. Conseil de bonne gérance également… Etre attentif aux échéances, tenir ses comptes en ordre, ne pas puiser dans la caisse ni trop facilement « emprunter » pour satisfaire sa passion du jeu ou autres drogues. Et cependant, il y a des risques à prendre. Vendre à temps, acheter à bon escient, surveiller le mouvement des capitaux, la température de la Bourse, les intuitions et estimations des experts. Il faut aussi du courage, de l’intelligence, de l’esprit d’initiative, de l’audace et pas mal de confiance. De toute manière, l’investissement prioritaire est à faire dans la construction du royaume tel qu’il a été conçu et présenté par le prophète de Nazareth. Une entreprise de grande envergure, royalement assurée contre toute faillite ou destruction. Il ne faut donc pas hésiter à vendre du périssable pour de l’impérissable, du fragile pour du solide, du provisoire pour du définitif. Ces placements miracles ne sont pas pour autant mépris ou suppression des investissements ordinaires « de père de famille ». Le « vendez ce que vous avez… », ce n’est pas uniquement renoncer à tout son avoir pour s’engager dans un « régime de pauvreté » volontaire, pour être davantage riche en son « être »… Vendre, c’est aussi sortir son cœur du coffre-fort, emprisonné qu’il est au milieu des titres et des bijoux, des pièces d’or et des couverts d’argent… Vendre, c’est bien user de la richesse périssable « en intendant et non en jouisseur », comme l’enseignait Jean Chrysostome. C’est « user justement des biens qui sont dans notre main comme des outils. Ils servent à la justice » (selon Clément d’Alexandrie). Vendre, c’est encore se souvenir efficacement et très concrètement que tous les biens dont nous sommes bénéficiaires, richesse de cœur et d’esprit, de foi et de culture, d’héritage et d’économie, sont des dons de Dieu, confiés à notre charité pour qu’ils puissent rendre d’autres heureux. Que l’on aie des bien en abondance ou que l’on soit réduit à la portion congrue par circonstances ou par vocation, il y a toujours quelque chose à gérer, à donner et à partager, pour exprimer la solidarité des fils et filles de Dieu. L’intendant et le serviteur intelligents et fidèles mettent tout en œuvre pour que tous puissent disposer du nécessaire et exister vraiment. Le royaume n’est-il pas la société de la communion fraternelle où l’être humain vaut plus que l’argent ? Il faut être désintoxiqué de la drogue de l’avoir pour acquérir un cœur vraiment fraternel et pouvoir ainsi travailler passionnément et patiemment dans le champ ou la vigne du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne de nuit ou de jour, annoncé ou à l’improviste. Nous voici donc réinvités à retrousser nos manches, à nous dépouiller de tout ce qui alourdit notre marche. Le Maître nous a confié la gérance de biens innombrables et très divers pour qu’ils produisent des fruits en abondance. Nous voici rendus au courage et à l’espérance, arrachés aux nostalgies paralysantes et projetés vers l’avenir. La vie et le paradis sont devant et non derrière nous. Depuis Abraham, les aventuriers de la foi sont « à la recherche d’une autre patrie » (2e lecture) et refusent ainsi de fixer l’ancre en terre passagère. C’est en se libérant constamment des entraves, en se dépossédant de tous les carcans, qu’ils avancent, guidés par « des réalités qu’on ne voit pas », mais qui permettent de « posséder déjà ce qu’on espère ». « Seigneur, ton esprit, feu et tempête de l’amour, nous bouscule, secoue nos léthargies, nous donne un regard vigilant sur notre environnement familial, notre quartier, notre pays et sur le monde entier… », écrit Michel Hubaut en priant cette parabole (1). « Seigneur, arrache-nous à l’assoupissement, à l’habitude, à la médiocrité, à l’éparpillement. Ne nous laisse pas anesthésier par la surabondance, chloroformer par les discours des bateleurs publics, assourdir par le vacarme des slogans à la mode » (…) « Seigneur, rends-nous disponibles au murmure de ton esprit qui sans cesse nous redit : Où l’amour n’est-il pas aimé ? Où la vie est-elle piétinée ? Où l’être humain est-il méprisé ? Où l’espérance est-elle menacée ? Où le règne de Dieu n’est-il pas encore manifesté ? » Qui oserait dire qu’il n’a pas de réponse à donner lui-même à ces questions
(1) « Prier les paraboles : accueillir le Royaume de Dieu », Michel Hubaut, DDB 2008, 269 pp.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
VEILLÉE PASCALE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
4 août, 2016VEILLÉE PASCALE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
(Je choisis cette catéchèse pour le symbolisme de la lumière)
Basilique Vaticane
Samedi Saint, 11 avril 2009
Chers Frères et Sœurs !
Dans son Évangile saint Marc nous raconte que les disciples, en descendant du mont de la Transfiguration, discutaient entre eux, se demandant ce que voulait dire « ressusciter d’entre les morts » (cf. Mc 9,10). Peu avant, le Seigneur leur avait annoncé sa passion et sa résurrection après trois jours. Pierre avait protesté à l’annonce de sa mort. Mais maintenant, ils se demandaient comment pouvait être compris le terme de « résurrection ». Est-ce que cela ne nous arrive pas à nous aussi ? Noël, la naissance de l’Enfant divin, nous est en quelque sorte compréhensible de manière immédiate. Nous pouvons aimer l’Enfant, nous pouvons imaginer la nuit de Bethléem, la joie de Marie, la joie de saint Joseph et des bergers ainsi que la jubilation des anges. Mais la résurrection ? – qu’est-ce que c’est ? Cela n’entre pas dans le cadre de nos expériences, et ainsi le message reste souvent, dans une certaine mesure, incompris, il apparaît comme quelque chose du passé. L’Église essaie de nous introduire à sa compréhension, en traduisant cet événement mystérieux par le langage des symboles dans lesquels nous pouvons en quelque manière contempler ce fait bouleversant. Dans la Veillée pascale, elle nous montre la signification de ce jour essentiellement à travers trois symboles : la lumière, l’eau et le cantique nouveau – l’alléluia.
Il y a tout d’abord la lumière. La création de Dieu – dont nous venons d’entendre le récit biblique – commence par ces paroles : « Que la lumière soit ! » (Gn 1, 3). Là où il y a la lumière, la vie apparaît, le chaos peut se transformer en cosmos. Dans le message biblique, la lumière est l’image la plus immédiate de Dieu : Il est tout entier Clarté, Vie, Vérité, Lumière. Dans la Veillée pascale, l’Église lit le récit de la création comme une prophétie. Dans la résurrection, ce que ce texte décrit comme le début de toutes choses, s’accomplit d’une manière plus sublime. Dieu dit à nouveau : « Que la lumière soit ! ». La résurrection de Jésus est une irruption de lumière. La mort a été vaincue, le sépulcre est grand ouvert. Le Ressuscité est lui-même la Lumière, la Lumière du monde. Avec la résurrection, le jour de Dieu entre dans les nuits de l’histoire. A partir de la résurrection, la lumière de Dieu se répand dans le monde et dans l’histoire. Le jour se lève. Seule cette Lumière – Jésus Christ – est la lumière véritable, bien plus que le phénomène physique de lumière. Il est la Lumière pure : Dieu lui-même, qui fait naître une nouvelle création au cœur de l’ancienne, transforme le chaos en cosmos.
Efforçons-nous de comprendre cela un peu mieux encore. Pourquoi le Christ est-il Lumière ? Dans l’Ancien Testament, la Torah était considérée comme la lumière venant de Dieu pour le monde et pour les hommes. Dans la création elle sépare la lumière des ténèbres, c’est-à-dire le bien du mal. Elle indique à l’homme la voie juste pour qu’il puisse vivre véritablement. Elle lui indique le bien, elle lui montre la vérité et elle le conduit vers l’amour, qui est son contenu le plus profond. Elle est « une lampe» sur nos pas et « une lumière » sur le chemin (cf. Ps 118, 105). Les chrétiens d’ailleurs le savaient : la Torah est présente dans le Christ, la Parole de Dieu est présente en Lui en tant que Personne. La Parole de Dieu est la vraie Lumière dont l’homme a besoin. Cette Parole est présente en Lui, dans le Fils. Le Psaume 18 compare la Torah au soleil qui, à son lever, manifeste la gloire de Dieu de manière visible dans le monde entier. Les chrétiens comprennent : oui, dans la résurrection le Fils de Dieu a surgi comme Lumière sur le monde. Le Christ est la grande Lumière d’où provient toute vie. Il nous fait reconnaître la gloire de Dieu d’un bout du monde à l’autre. Il nous montre la route. Il est le jour de Dieu qui, désormais, à mesure qu’il grandit, se répand sur toute la terre. Maintenant, en vivant avec Lui et par Lui, nous pouvons vivre dans la lumière.
Dans la Veillée pascale, l’Église représente le mystère de lumière du Christ par le signe du cierge pascal, dont la flamme est à la fois lumière et chaleur. Le symbolisme de la lumière est lié à celui du feu : luminosité et chaleur, luminosité et énergie de transformation contenue dans le feu – vérité et amour vont ensemble. Le cierge pascal brûle et ainsi il se consume : la croix et la résurrection sont inséparables. De la croix, de l’autodonation du Fils, naît la lumière, advient la vraie luminosité du monde. C’est au cierge pascal que tous nous allumons notre cierge, surtout celui des nouveaux baptisés, pour lesquels le Sacrement fait descendre dans les profondeurs de leur cœur la lumière du Christ. L’Église antique qualifiait le Baptême de fotismos, sacrement de l’illumination, communication de la lumière, et elle le reliait inséparablement à la résurrection du Christ. Dans le Baptême, Dieu dit à celui qui va recevoir le sacrement : « Que la lumière soit ! ». Celui-ci est alors introduit dans la lumière du Christ. Le Christ sépare alors la lumière des ténèbres. En Lui nous pouvons reconnaître ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est luminosité et ce qui est obscurité. Avec Lui, jaillit en nous la lumière de la vérité et nous commençons à comprendre. Lorsqu’un jour Jésus vit venir à lui les foules qui se rassemblaient pour l’écouter et qui attendaient de lui une orientation, il en eut pitié, car ils étaient comme des brebis sans berger (cf. Mc 6, 34). Au milieu des courants contraires de l’époque, ils ne savaient pas vers qui aller. Combien sa compassion doit être grande aussi pour notre temps devant tous les grands discours derrière lesquels se cache en réalité un profond désarrois ! Où devons-nous aller ? Quelles sont les valeurs sur lesquelles nous pouvons nous régler ? Les valeurs selon lesquelles nous pouvons éduquer les jeunes, sans leur donner des règles qui peut-être ne résisteront pas, ni exiger d’eux des choses qui peut-être ne doivent pas leur être imposées ? Il est la Lumière. Le cierge du baptême est le symbole de l’illumination qui nous est communiquée par le Sacrement. C’est ainsi, qu’en cette heure, saint Paul nous parle d’une manière très directe. Dans la Lettre aux Philippiens, il dit qu’au sein d’une génération dévoyée et pervertie les chrétiens doivent briller comme des astres dans l’univers (cf. Ph 2, 15). Prions le Seigneur pour qu’au milieu de la confusion de ce temps, la petite flamme du cierge qu’Il a allumée en nous, la lumière délicate de sa parole et de son amour, ne s’éteigne pas en nous, mais qu’elle grandisse et devienne toujours plus lumineuse. Afin que nous soyons, avec Lui, des fils du jour, des foyers de lumière pour notre temps.
Le deuxième symbole de la Veillée pascale – de la nuit du Baptême – est l’eau. Dans la Sainte Écriture, et donc également dans la structure intérieure du sacrement du Baptême, elle apparaît avec deux sens opposés. Il y a d’une part la mer qui est vue comme la puissance antagoniste de la vie sur la terre, comme une menace permanente, à laquelle toutefois Dieu a imposé une limite. Pour cette raison l’Apocalypse dit en parlant du monde nouveau de Dieu qu’il n’y aura plus de mer (cf. 21, 1). C’est l’élément de la mort. Et il devient ainsi la représentation symbolique de la mort de Jésus en croix : le Christ est descendu dans la mer, dans les eaux de la mort comme Israël dans la Mer Rouge. Relevé de la mort, Il nous donne la vie. Cela signifie que le Baptême n’est pas seulement un bain, mais une nouvelle naissance : avec le Christ nous descendons quasiment dans l’océan de la mort, pour remonter comme des créatures nouvelles.
L’eau nous est présentée aussi d’une autre manière : comme la source fraîche qui donne la vie, ou aussi comme le grand fleuve d’où provient la vie. Selon la règle primitive de l’Église, le Baptême devait être administré avec de l’eau de source vive. Sans eau, il n’y a pas de vie. L’importance que les puits revêtent dans la Sainte Écriture est frappante. Ce sont des lieux où jaillit la vie. Près du puits de Jacob, le Christ annonce à la Samaritaine le puits nouveau, l’eau de la vraie vie. Il se manifeste à elle comme le nouveau Jacob, le Jacob définitif, qui ouvre à l’humanité le puits qu’elle attend : l’eau qui donne la vie qui ne s’épuise jamais (cf. Jn 4, 5-15). Saint Jean nous raconte qu’un soldat avec une lance perça le côté de Jésus et que, de son côté ouvert – de son cœur transpercé –, sortit du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34). L’Église primitive y a vu un symbole du Baptême et de l’Eucharistie qui dérivent du cœur transpercé de Jésus. Dans la mort, Jésus est devenu Lui-même la source. Au cours d’une vision, le prophète Ézéchiel avait vu le nouveau Temple duquel jaillit une source qui devient un grand fleuve qui donne la vie (cf. Ez 47, 1-12) – dans une terre qui souffrait toujours de la soif et du manque d’eau, c’était là une grande vision d’espérance. La chrétienté des débuts a compris : dans le Christ, cette vision s’est réalisée. Il est le vrai et vivant Temple de Dieu. C’est Lui la source d’eau vive. De lui jaillit le grand fleuve qui, dans le Baptême, fait fructifier le monde et le renouvelle, le grand fleuve d’eau vive, son Évangile qui rend la terre féconde. Jésus a cependant prophétisé une chose encore plus grande. Il dit : « celui qui croit en moi… des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur » (Jn 7, 38). Dans le Baptême, le Seigneur fait de nous non seulement des personnes de lumière, mais aussi des sources d’où jaillit l’eau vive. Nous connaissons tous de telles personnes, qui nous laissent en quelque sorte rafraîchis et renouvelés ; des personnes qui sont comme une source vive d’eau pure. Nous ne devons pas nécessairement penser à des personnes remarquables comme Augustin, François d’Assise, Thérèse d’Avila, Mère Teresa de Calcutta, etc., par lesquelles des fleuves d’eau vive sont vraiment entrées dans l’histoire. Dieu merci, ces personnes qui sont une source, nous les trouvons aussi continuellement dans notre vie quotidienne. Certes, nous rencontrons aussi le contraire : des personnes dont émane une atmosphère semblable à celle provenant d’un étang où l’eau stagne ou qui est même empoisonnée. Demandons au Seigneur, qui nous a donné la grâce du Baptême, de pouvoir être toujours des sources d’eau pure, fraîche, jaillissant de la source de sa vérité et de son amour !
Le troisième grand symbole de la Veillée pascale est de nature toute particulière ; il implique l’homme lui-même. C’est entonner le chant nouveau – l’alléluia. Quand un homme fait l’expérience d’une grande joie, il ne peut pas la garder pour lui. Il doit l’exprimer, la communiquer. Mais qu’arrive-t-il lorsqu’une personne est touchée par la lumière de la Résurrection et entre ainsi en contact avec la Vie même, avec la Vérité et avec l’Amour ? Elle ne peut pas se contenter simplement d’en parler. Parler ne suffit plus. Elle doit chanter. L’acte de chanter est mentionné pour la première fois dans la Bible après le passage de la Mer Rouge. Israël s’est libéré de l’esclavage. Il est sorti des profondeurs menaçantes de la mer. Il est comme né de nouveau. Il vit et il est libre. La Bible décrit la réaction du peuple face à ce grand événement du salut par la phrase : « Le peuple mit sa foi dans le Seigneur et dans son serviteur Moïse » (Ex 14, 31). Il s’ensuit la deuxième réaction qui, par une sorte de nécessité intérieure, surgit de la première : « Alors Moïse et les fils d’Israël chantèrent ce cantique au Seigneur… ». Durant la veillée pascale, chaque année, nous qui sommes chrétiens, nous entonnons après la troisième lecture ce chant, nous le chantons comme notre chant, parce que nous aussi, à travers la puissance de Dieu, nous avons été tirés hors de l’eau, libérés et rendus à la vraie vie.
En ce qui concerne l’histoire du chant de Moïse après la libération d’Israël de l’Égypte et après la remontée de la Mer Rouge, on trouve un parallélisme surprenant dans l’Apocalypse de saint Jean. Avant le début des sept derniers fléaux imposés à la terre, au voyant apparaît quelque chose « comme une mer transparente, et pleine de flammes ; et, debout au bord de cette mer transparente, il y avait tous ceux qui ont remporté la victoire sur la Bête, sur son image et le chiffre contenu dans les lettres de son nom. Ils tiennent en main les harpes de Dieu, et ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, le cantique de l’Agneau… » (Ap 15, 2s). Cette image décrit la situation des disciples de Jésus Christ à toutes les époques, la situation de l’Église dans l’histoire de ce monde. Considérée humainement, elle est en elle-même contradictoire. D’un côté, la communauté se trouve dans l’Exode, au milieu de la Mer Rouge. Dans une mer qui, paradoxalement, est à la fois de glace et de feu. Et l’Église ne doit-elle pas toujours marcher, pour ainsi dire, sur la mer, à travers le froid et le feu ? Humainement parlant, elle devrait sombrer. Mais tandis qu’elle marche encore au milieu de la Mer Rouge, elle chante – elle entonne le chant de louange des justes : le chant de Moïse et de l’Agneau, dans lequel s’accordent l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Alors qu’au fond elle devrait sombrer, l’Église chante le chant d’action de grâce de ceux qui sont sauvés. Elle marche sur les eaux de mort de l’histoire et toutefois elle est déjà ressuscitée. En chantant, elle s’agrippe à la main du Seigneur, qui la tient au-dessus des eaux. Et elle sait qu’ainsi elle est hissée hors de la force de gravité de la mort et du mal – force à de laquelle il serait impossible autrement d’échapper – qu’elle est élevée et attirée au sein de la force de gravité de Dieu, de la vérité et de l’amour. Pour l’instant, l’Église et nous tous nous nous trouvons encore entre les deux champs de gravité. Mais depuis que le Christ est ressuscité, la gravitation de l’amour est plus forte que celle de la haine ; la force de gravité de la vie est plus forte que celle de la mort. N’est-ce pas là réellement la situation de l’Église de tout temps, notre situation ? On a toujours l’impression qu’elle doit sombrer et, toujours, elle est déjà sauvée. Saint Paul a décrit cette situation par ces mots : « On nous croit mourants, et nous sommes bien vivants » ( 2 Co 6, 9). La main salvatrice du Seigneur nous soutient, et ainsi nous pouvons chanter dès à présent le chant de ceux qui sont sauvés, le chant nouveau de ceux qui sont ressuscités : alléluia ! Amen.
VÓS MESMOS, DAI-LHES DE COMER! (Mt 14,13-21)
3 août, 2016OFFICE DES LECTURES 3 AOÛT 2016 – MERCREDI, 18ÈME SEMAINE DU T.O.
3 août, 2016http://aelf.org/office-lectures
LITURGIE DES HEURES – OFFICE DES LECTURES
3 AOÛT 2016 – MERCREDI, 18ÈME SEMAINE DU TEMPS ORDINAIRE
Hymne : Dieu que nul œil de créature
Dieu que nul oeil de créature N’a jamais vu, Nulle pensée jamais conçu, Nulle parole ne peut dire, C’est notre nuit qui t’a reçu : Fais que son voile se déchire.
Fais que tressaille son silence Sous ton Esprit ; Dieu, fais en nous ce que tu dis, Et les aveugles de naissance Verront enfin le jour promis Depuis la mort de ta semence.
Tu n’as pas dit que l’homme croisse Vers son néant, Mais tu as fait, en descendant, Qu’il ne se heurte à son impasse : Tu as frayé le beau tournant, Où tout au monde n’est que grâce.
Dans le secret, tu nous prépares, Ce qui pourra Tenir ton jour quand tu viendras ; C’est là, dans l’ombre de ta gloire. Que ta clarté filtre déjà, Et nous entrons dans ton histoire.
Sème les mots qui donnent vie, Nous te dirons ; Regarde-nous. et nous verrons ; Entends Jésus qui te supplie. Au dernier pas de création, Viens faire l’homme eucharistie! Haut de page Antienne
Nous aussi, nous souffrons, attendant la rédemption de notre corps.
Psaume 38 – I
2J’ai dit : « Je garderai mon chemin sans laisser ma langue s’égarer ; je garderai un bâillon sur ma bouche, tant que l’impie se tiendra devant moi. »
3Je suis resté muet, silencieux ; je me taisais, mais sans profit. * Mon tourment s’exaspérait, 4mon coeur brûlait en moi. Quand j’y pensais, je m’enflammais, et j’ai laissé parler ma langue.
5Seigneur, fais-moi connaître ma fin, quel est le nombre de mes jours : je connaîtrai combien je suis fragile. 6Vois le peu de jours que tu m’accordes : ma durée n’est rien devant toi.
L’homme ici-bas n’est qu’un souffle ; 7il va, il vient, il n’est qu’une image. Rien qu’un souffle, tous ses tracas ; il amasse, mais qui recueillera ? Haut de page Antienne
Écoute ma prière, Seigneur !
Psaume 38 – II
8Maintenant, que puis-je attendre, Seigneur ? Elle est en toi, mon espérance. 9Délivre-moi de tous mes péchés, épargne-moi les injures des fous.
10Je me suis tu, je n’ouvre pas la bouche, car c’est toi qui es à l’oeuvre. 11Éloigne de moi tes coups : je succombe sous ta main qui me frappe.
12Tu redresses l’homme en corrigeant sa faute, + tu ronges comme un ver son désir ; * l’homme n’est qu’un souffle.
13Entends ma prière, Seigneur, écoute mon cri ; ne reste pas sourd à mes pleurs. Je ne suis qu’un hôte chez toi, un passant, comme tous mes pères.
14Détourne de moi tes yeux, que je respire avant que je m’en aille et ne sois plus. Haut de page Antienne
Pour l’éternité, j’espère en ta miséricorde.
Psaume 51
3Pourquoi te glorifier du mal, toi, l’homme fort ? * Chaque jour, Dieu est fidèle.
4De ta langue affilée comme un rasoir, tu prépares le crime, * fourbe que tu es !
5Tu aimes le mal plus que le bien, et plus que la vérité, le mensonge ; * 6tu aimes les paroles qui tuent, langue perverse.
7Mais Dieu va te ruiner pour toujours, t’écraser, t’arracher de ta demeure, * t’extirper de la terre des vivants.
8Les justes verront, ils craindront, ils riront de toi : + 9« Le voilà donc cet homme qui n’a pas mis sa force en Dieu ! * Il comptait sur ses grandes richesses, il se faisait fort de son crime ! »
10Pour moi, comme un bel olivier dans la maison de Dieu, * je compte sur la fidélité de mon Dieu, sans fin, à jamais !
11Sans fin, je veux te rendre grâce, car tu as agi. * J’espère en ton nom devant ceux qui t’aiment : oui, il est bon !
DE LA LETTRE ATTRIBUÉE A BARNABÉ
Le chemin de la lumière
Voici quel est le chemin de la lumière. Si quelqu’un veut le suivre jusqu’au but qu’il s’est fixé, il doit s’appliquer avec zèle à ses œuvres. Voici donc la connaissance qui nous a été donnée pour marcher sur cette route : Tu aimeras celui qui t’a créé, tu craindras celui qui t’a formé ; tu glorifieras celui qui t’a racheté de la mort; tu seras simple de cœur et riche du Saint-Esprit ; tu ne t’attacheras pas à ceux qui suivent le chemin de la mort ; tu haïras tout ce qui n’est pas agréable à Dieu ; tu haïras toute hypocrisie ; tu ne t’élèveras pas toi-même, mais tu seras humble en toute chose ; tu ne t’attribueras pas la gloire ; tu n’auras pas de mauvais vouloir contre ton prochain ; tu ne t’abandonneras pas à l’arrogance. ~
Tu aimeras ton prochain plus que toi-même ; tu ne supprimeras pas l’enfant par avortement et tu ne le feras pas périr après sa naissance. Tu n’abandonneras pas ton autorité sur ton fils ou ta fille, mais, dès leur enfance, tu leur enseigneras la crainte du Seigneur. Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain ; tu ne seras pas cupide ; tu n’attacheras pas ton cœur aux orgueilleux, mais tu fréquenteras les justes et les humbles.
Tu accueilleras tout ce qui t’arrive comme un bienfait, sachant que rien ne se produit sans la volonté de Dieu. Tu ne seras pas double, ni en pensée ni en parole, car la duplicité dans le langage est un piège mortel. ~
Tu partageras tous tes biens avec ton prochain et tu ne diras pas que quelque chose t’appartient en propre, car, si vous possédez en commun les biens impérissables, combien plus les biens périssables ! Tu ne seras pas bavard, car la langue est un piège mortel. Autant qu’il sera possible, pour le bien de ton âme, tu seras chaste. N’aie pas la main tendue pour prendre et fermée pour donner. Tu aimeras comme la prunelle de ton œil tous ceux qui t’annonceront la parole du Seigneur.
Nuit et jour, tu te rappelleras le jour du jugement ; tu rechercheras la compagnie des saints ; chaque jour, tu chercheras à travailler par la parole, à aller porter l’exhortation en te préoccupant de sauver ton âme par le ministère de la parole, ou bien à travailler de tes mains pour racheter tes péchés.
Tu n’hésiteras pas à donner, tu donneras sans murmurer et tu connaîtras quel est celui qui récompense largement. Tu garderas ce qu’on t’a confié, sans ajouter ni retrancher. Jusqu’au bout tu haïras le mal. Tu jugeras avec justice. Tu ne provoqueras pas de divisions, mais tu rétabliras la paix en rapprochant les adversaires. Tu confesseras tes péchés. Tu ne viendras pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de la lumière.
R/blancTa parole, Seigneur, est lumière dans la nuit.
blancVers qui pouvons-nous aller, Seigneur ? blanctoi seul nous conduis au Royaume.
blancHeureux qui suit jusqu’au bout blancle chemin que tu lui traces.
blancHeureux qui médite en son cœur blancles voies mystérieuses de l’amour.