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ÉCOLE DE PRIÈRE (33): PRIER DURANT L’ÉTÉ

8 août, 2016

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ÉCOLE DE PRIÈRE (33): PRIER DURANT L’ÉTÉ

 jeudi 16 juillet 2015   Jacques Gauthier   Le blogue de Jacques Gauthier  

La période estivale peut être un temps privilégié pour approfondir notre vie de prière, notre relation avec le Seigneur. Que nous soyons en vacances ou non, il faut souvent nous adapter à une spiritualité du grand air où règnent l’inconnu et l’imprévu. Mais la vie de foi et de prière n’est-elle pas cela aussi : ouverture à l’inconnu, rupture avec le train-train quotidien, attente de ce qui n’est pas encore, disponibilité à ce qui advient, abandon à l’inattendu de l’Esprit qui souffle où il veut dans l’instant présent.

Désirer prier « Dieu donne la prière à celui qui prie », écrivait saint Jean Climaque. La question à se poser est celle-ci : la prière est-elle importante dans ma vie? Sinon, comment voulez-vous qu’elle le soit durant les vacances? Si vous ne priez pas durant l’année, il est fort probable qu’il en sera ainsi durant l’été. Et si vous ne donnez pas à la prière personnelle un espace quotidien, comment allez-vous trouver la foi et l’audace pour prier en couple et en famille? La prière est personnelle avant d’être communautaire. Elle ne marche pas à côté de votre vie.  Elle vous suit là où vous êtes, mieux que votre téléphone mobile, dans le sanctuaire de votre cœur. Avec elle, on peut être en vacances toute l’année. Il s’agit de prier comme vous êtes, avec votre corps et vos désirs, en silence ou avec des mots, sur la plage ou au chalet, en parlant simplement à Dieu comme si vous parliez à un ami. Voici quelques exemples de prière qu’on peut vivre seul, en couple et en famille : réciter ensemble un Notre Père ou quelques dizaines de chapelet, en marchant; lire un extrait des lectures de la messe du jour, un psaume de la Bible avant de vous coucher; choisir un extrait de la prière des heures de l’Église contenue dans Prière du temps présent ou un livre de prières; prier spontanément, en demandant telle faveur à Dieu, en lui rendant grâce; suivre une retraite sprituelle dans un monastère ou dans un centre de prière…

Se reposer en Dieu La prière est un choix libre, une décision de la volonté. Nous sommes là pour Dieu, même si nous ne savons pas prier. Mais qui le sait vraiment? La prière durant les vacances d’été est surtout louange et repos. Louange sur les chemins de randonnée et sur les plages ensoleillées; louange parmi les arbres des forêts et les musées des villes; louange à vélo, en auto, en canot; louange près des feux de camp et dans la brise tiède du soir; louange d’une prière de silence, dans laquelle Jésus vous refait de l’intérieur en donnant son repos qui est paix et joie. Ce repos que Jésus promet vient surtout de l’écoute de sa Parole et du partage de son Corps. Ces deux tables sont au centre de toute célébration eucharistique. À vous de trouver le lieu où participer à la messe. Ça peut être un monastère, un lieu de pèlerinage, une communauté nouvelle… Cela vous changera de votre paroisse. Et vous verrez que l’Église est bonne, elle qui nourrit ses enfants en tout temps, où ils se trouvent.

Prier avec la nature Il y a autant de chemins qui mènent à Dieu qu’il y a d’êtres humains; autant de prières et de rencontres de Dieu qui sont propres à chacun. La nature est l’un de ces chemins. Elle s’étale sous nos yeux comme une écriture à déchiffrer. Jean-Paul II, grand ami de la nature, avait évoqué ce livre de la création en commentant le psaume 18 : « La création constitue comme une première révélation qui a un langage éloquent: elle est comme un livre sacré dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers ». (30 janvier 2002) Le pape François va dans le même sens dans son encyclique sur l’écologie intégrale Loué sois-tu: « Dieu a écrit un beau livre « dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers ». Les Évêques du Canada ont souligné à juste titre qu’aucune créature ne reste en dehors de cette manifestation de Dieu : « Des vues panoramiques les plus larges à la forme de vie la plus infime, la nature est une source constante d’émerveillement et de crainte. Elle est, en outre, une révélation continue du divin ». Les Évêques du Japon, pour leur part, ont rappelé une chose très suggestive : «Entendre chaque créature chanter l’hymne de son existence, c’est vivre joyeusement dans l’amour de Dieu et dans l’espérance». Cette contemplation de la création nous permet de découvrir à travers chaque chose un enseignement que Dieu veut nous transmettre, parce que « pour le croyant contempler la création c’est aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse » (no 85) La nature peut devenir notre coin de prière. Dieu nous la donne pour nous refaire, nous reposer, nous guérir. Elle nous stimule à revenir à notre cœur et nous apprend à y séjourner comme dans une maison amie. Dieu y a laissé les traces de sa beauté pour nous attirer en lui. « Pour celui qui prie sans cesse, le monde entier devient église », disait le moine orthodoxe Silouane. Je vous suggère cet exercice de présence dans la nature où vous priez avec tous vos sens. D’abord, marchez lentement et regardez. Dieu éclate tellement dans toute sa création, note Péguy, que pour ne pas le voir et le louer, il faut être bien aveugle. Il resplendit dans les fleurs et les oiseaux, les astres et les eaux, les arbres et les montagnes. Il se déploie dans l’infiniment grand et l’infiniment petit, surabonde en formes, en couleurs et en rythmes. Ensuite, assoyez-vous sur un tronc d’arbre, une chaise… Vous êtes seul avec la nature qui vous entoure : la végétation, les animaux, le ciel… Respirez les différents parfums. Écoutez. Fermez les yeux. Discernez les sons : « Le vent qui siffle, le chant mélodieux des oiseaux, le bruit cadencé d’une eau, la course invisible d’animaux… » (Sagesse 17, 18-19.) Concentrez-vous sur un son. Priez avec ce son. Descendez avec lui dans le lieu secret du cœur. Répétez intérieurement un mot que vous aimez et qui vous aide à vous recueillir au fond de votre coeur. Ce mot peut être : Jésus, amour, Abba, Maranatha… Ou une formule : Je t’aime, viens Seigneur, libère-moi, loué sois-tu pour ta nature… Les distractions sont au rendez-vous, c’est normal, priez avec elles. Concentrez-vous de nouveau sur un son de la nature. Respirez doucement. Un vide s’installe progressivement pour laisser place au silence de l’oraison. Vous vous laissez aimer par ce Dieu présent dans la nature et dans votre cœur. Vous pouvez lui parler et le louer. En priant ainsi dans la nature, en prenant un bain de silence, vous rencontrez Dieu dans sa double demeure : la nature et vous-même. Vous êtes son enfant bien-aimé, il vous regarde et il veut que vous vous émerveilliez de ce que vous êtes et de ses œuvres : « Je te rends grâce pour tant de prodiges : / Merveille que je suis, merveille que tes œuvres. (Psaume 138, 14.)