Archive pour juin, 2016

The Valley of Dry Bones – Ezekiel 37: 1 – 14

20 juin, 2016

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LÉVITIQUE 24-25 – 8. VIVRE PAR LA FOI

20 juin, 2016

http://www.aepeb.be/liege/Croire/mediter/levitique.htm

LÉVITIQUE 24-25 – 8. VIVRE PAR LA FOI

Dieu nous veut différents à cause de lui. Sa sainteté doit se refléter dans nos vies. Nous devons apprendre à compter avec lui, et sur lui. Vivre pour lui = vivre par la foi = accepter des risques. On doit laisser partir le filet de sécurité que nous tissons autour de lui en nous imaginant que nous sommes ainsi sous protection, et dépendre de lui. Lui seul est notre sécurité. Les catastrophes multiples de ces derniers temps nous montrent l’insécurité dans laquelle nous vivons. Mais en vivant par la foi, nous pouvons dormir en paix.

1. Prendre Dieu au sérieux    24.10-23 Un incident est intercalé dans le texte. Quelqu’un jure lors d’une dispute. Il “blasphéma et maudit le Nom par excellence”. Mais pourquoi s’en faire ? Cela arrive tout le temps. Un langage vulgaire est tellement banal de nos jours. Pourquoi en faire toute une tartine ? Après tout, quand on est énervé ou en colère, il ne faut pas prendre à la lettre tout ce qu’on peut dire. Donc, quand on est énervé, on peut briser tous les tabous. Tabous ? Mais y en a-t-il encore ? Dieu semble avoir un autre avis. Jurer, “prendre le Nom de Dieu en vain” prouve que Dieu est en fait absent dans nos vies, que nous ne sommes que des hypocrites. Et c’est bien pire ici que ce que dit Ja 3.9,10. La sentence reflète l’opinion de Dieu, la seule qui compte vraiment ! Et les accusateurs/témoins sont appelés à exécuter la sentence (ce qui en ferait hésiter plus qu’un avant de » passer à l’accusation !). Au fait, Dieu est-il en sécurité dans ma bouche, Mt 6.9 ? L’homme en question était à moitié étranger. Le passage suivant rappelle que la Loi est la même, et ajoute que Dieu exige une vraie justice, sans vengeance ni vendette, pensez à Gen 4.23,24, et les pratiques moyenâgeuses d’autrefois comme d’aujourd’hui encore. Nous devons prendre Dieu au sérieux dans sa sainteté et sa justice, même quand on se dispute.

2. Le risque de la foi Dieu semble aimer provoquer un comportement à risque (dîme : mais qui peut se permettre de perdre 10% de son revenu ?, sabbat : qui a du temps à perdre ainsi, on a toujours trop à faire) ! Mais en Lév 25, le goût du risque est poussé très loin : une année sabbatique, voir deux années de suite en cas de Jubilé, sans semailles ni moissons ! Une attaque frontale contre le “toujours plus” qui fait de tant de gens des esclaves. Mais est-ce seulement une règle d’agriculture ? A quoi occuper cette année différente ? Cf. Dt 31.10-13 et son accent sur les semailles et moissons d’un autre genre. Pas très réaliste ? Il faut quand même vivre ! Cf. Lév 25.18-22 : C’est la promesse de Dieu qui fait vivre. Quand on fait ce qu’il ordonne on peut faire confiance qu’il pourvoira. Voyez cela dans le don de la manne en Ex 16 et la provision double avant le sabbat. Praticable ? Non, mais la foi ne l’est pas par définition ! Cf. Néh 8.17 et 2Chr 36.21 : On ne l’a pas fait, probablement parce qu’on n’a pas voulu prendre le risque. Mais obéir à Dieu comporte toujours des risques. Et comment vous occupez-vous aux semailles et moissons spirituelles ? Quelles risques acceptons-nous pour notre foi ?

3. Libre ! Tous les 50 ans tous les compteurs remis à zéro dans cette année de la libération que fut l’année du Jubilé. Tout le monde retrouva ses terres. Les esclaves, obligés de se vendre par pauvreté, retrouvèrent la liberté. Il n’t avait donc pas de perte définitive. Cf. :23 : Dieu est le vrai Propriétaire de son pays et de son peuple. Les descendants ne seraient donc pas lésés à tout jamais par la malchance ou la mauvaise gestion de quelq’un. Le rachat par un riche parent  pouvait aussi changer la donne, et changer le sort des pauvres, :23-28, cf. Ruth et Boaz. L’accomplissement de tout cela se trouve en Jésus : Luc 4.17-21. Il est ce proche parent qui nous rachète et il introduit en sa Personne et par son oeuvre l’année de grâce dans laquelle nous vivons encore. Cela nous permet de vivre libre, et de choisir un comportement qui honore Dieu.

Le choix     par Max LucadoIl fait calme. Il est encore tôt. Mon café est bien chaud. Le ciel est encore sombre. Le monde dort encore. Un nouveau jour est sur le point de naître. Il nous enveloppera avec la levée du soleil. Le silence de l’aurore sera noyé dans le bruit de la nouvelle journée. Le calme de la solitude sera remplacé par le pas bruyant de la race humaine. Le refuge de l’aube sera envahi par les décisions à prendre et l’horaire à respecter. Les douze heures qui viennent me présenteront les demandes de ce nouveau jour. C’est donc maintenant que je dois faire mon choix. A cause de Golgotha, je peux choisir. Alors, je le fais. Je choisis l’amour … Aucune occasion ne justifie la haine; aucune injustice n’excuse l’amertume. Je choisis l’amour. Aujourd’hui, j’aimerai Dieu et j’aimerai ce qu’il aime. Je choisis la joie … J’inviterai mon Dieu à être le Dieu de toute circonstance. Je refuserai la tentation d’être cynique, l’instrument de celui qui est trop paresseux pour réfléchir. Je refuserai de voir les gens autrement que comme des êtres humains, créés par Dieu. Je refuserai de voir un problème comme autre chose qu’une occasion pour voir Dieu. Je choisis la paix … Je vivrai une vie pardonnée. Je pardonnerai pour que je puisse vivre. Je choisis la patience … Je ne ferai pas attention aux déconvenues du monde. Au lieu de maudire celui qui prend ma place, je l’inviterai à le faire. Plutôt que de me plaindre qu’il faut toujours attendre trop longtemps, je remercierai Dieu d’avoir un petit moment pour prier. Au lieu de m’énerver devant encore des choses à faire, je leur ferai face avec joie et courage. Je choisis la gentillesse … Je serai gentil avec les pauvres, car ils sont seuls. Je serai gentil avec les riches, car ils ont peur. Et je serai gentil avec ceux qui ne le sont pas, parce que c’est ainsi que Dieu a fait avec moi. Je choisis la bonté … Je préférerai avoir moins d’argent plutôt que d’être malhonnête. J’accepterai d’être oublié plutôt que de me vanter. Je confesserai avant d’accuser. Je choisis la bonté. Je choisis la fidélité … Aujourd’hui, je tiendrai mes promesses. Ceux à qui je dois quelque chose ne regretteront pas qu’ils m’aient fait confiance. Ma femme n’aura pas à douter de mon amour. Et mes enfants ne craindront jamais que leur papa ne rentrera pas. Je choisis la douceur … Rien n’est gagné par la force. Je choisis d’être doux. Si j’élève la voix, que ce soit seulement pour louer. Si je serre mes poings, que ce soit seulement pour prier. Si j’exige quelque chose, que ce soit seulement de moi-même. Je choisis le contrôle de soi … Je suis un être spirituel. Quand mon corps mourra, mon esprit s’envolera. Je refuserai de permettre à ce qui doit pourrir de dominer sur ce qui est éternel. Je serai ivre, mais de joie seulement. Je serai passionné, mais seulement pour ma foi. Je serai sous la seule influence de Dieu. Je me laisserai enseigner seulement par le Christ. Je choisis le contrôle de soi. Amour, joie, paix, patience, gentillesse, bonté, douceur et contrôle de soi. Je dédie cette journée à ces choses. Si je réussis, je rendrai grâces. Si je passe à côté, je chercherai sa grâce. Et ensuite, quand cette journée aura pris fin, je mettrai ma tête sur mon oreiller et je me reposerai.

Tiré de : When God Whispers Your Name, (Thomas Nelson, 1999) Max Lucado

La foi peut prendre des risques parce que la grâce ne fera jamais défaut. Celui qui met en Jésus une pleine confiance, jamais ne chancelle plus, complète est sa délivrance. Par la foi nous marcherons, par la foi nous triomphons par la foi mon Rédempteur nous rendra plus que vainqueurs ! Dans les jours d’adversité, quand tu sens gronder l’orage, regarde en sécurité à Christ et reprends courage ! Quand Satan veut te troubler, enlever ton espérance, ton passé te reprocher, que Christ soit ton assurance ! Par la foi, nous marcherons, en comptant sur ses promesses, par lui nous triompherons en tout temps de nos détresses !                                                                                                                                         

BENOÎT XVI – LE «JOYAU» DU CRI DE EXULTATION

20 juin, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20111207.html

BENOÎT XVI – LE «JOYAU» DU CRI DE EXULTATION

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 7 décembre 2011

Chers frères et sœurs,

Les évangélistes Matthieu et Luc (cf. Mt 11, 25-30 et Lc 10, 21-22) nous ont transmis un «joyau» de la prière de Jésus qui est souvent appelé Hymne de jubilation ou Hymne de jubilation messianique. Il s’agit d’une prière de reconnaissance et de louange, comme nous l’avons entendu. Dans l’original en grec des Evangiles, le verbe par lequel commence cet hymne, et qui exprime l’attitude de Jésus s’adressant au Père, est exomologoumai, souvent traduit par «je proclame ta louange» (Mt 11, 25 et Lc 10, 21). Mais dans les écrits du Nouveau Testament, ce verbe indique principalement deux choses: la première, c’est «reconnaître jusqu’au bout» — par exemple, Jean-Baptiste demandait à qui venait à lui pour se faire baptiser de reconnaître jusqu’au bout ses péchés (cf. Mt 3, 6) —; la seconde, c’est «être d’accord». L’expression par laquelle Jésus commence sa prière contient donc le fait qu’il reconnaît jusqu’au bout, pleinement, l’agir de Dieu le Père, et en même temps, le fait d’être totalement, consciemment et joyeusement d’accord avec cette façon d’agir, avec le projet du Père. L’Hymne de jubilation est le sommet d’un chemin de prière où apparaît clairement la communion profonde et intime de Jésus avec la vie du Père dans l’Esprit Saint et où se manifeste sa filiation divine. Jésus s’adresse à Dieu en l’appelant «Père». Ce terme exprime la conscience et la certitude de Jésus d’être «le Fils», en communion intime et constante avec Lui, et c’est le point central et la source de chaque prière de Jésus. Nous le voyons clairement dans la dernière partie de l’Hymne, qui éclaire tout le texte. Jésus dit: «Tout m’a été confié par mon Père; personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler» (Lc 10, 22). Jésus affirme donc que seul «le Fils» connaît vraiment le Père. Toute connaissance entre des personnes — nous en faisons tous l’expérience dans nos relations humaines —, comporte une implication, un type de lien intérieur entre celui qui connaît et celui qui est connu, à un niveau plus ou moins profond: on ne peut connaître sans une communion de l’être. Dans l’Hymne de jubilation, comme dans toute sa prière, Jésus montre que la vraie connaissance de Dieu présuppose la communion avec lui: c’est seulement en étant en communion avec l’autre que je commence à le connaître; il en est ainsi avec Dieu aussi: c’est seulement si j’ai un vrai contact, si je suis en communion, que je peux aussi le connaître. La véritable connaissance est donc réservée au «Fils», le Fils unique qui est depuis toujours dans le sein du Père (cf. Jn 1, 18), parfaitement uni à lui. Seul le Fils connaît vraiment Dieu, en étant dans une intime communion de l’être; seul le Fils peut révéler vraiment qui est Dieu. Le nom de «Père» est suivi d’un autre titre, «Seigneur du ciel et de la terre». Par cette expression, Jésus récapitule la foi dans la création et fait résonner les premières paroles de l’Ecriture Sainte: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1). En priant, il rappelle le grand récit biblique de l’histoire d’amour de Dieu pour l’homme, qui commence par l’acte de la création. Jésus s’insère dans cette histoire d’amour, il en est le sommet et l’accomplissement. Dans son expérience de prière, l’Ecriture Sainte est éclairée et elle revit dans son ampleur la plus complète: annonce du mystère de Dieu et réponse de l’homme transformé. Mais, à travers l’expression «Seigneur du ciel et de la terre», nous pouvons aussi reconnaître comment en Jésus, le Révélateur du Père, est donnée à nouveau à l’homme la possibilité d’accéder à Dieu. Posons-nous maintenant la question: à qui le Fils veut-il révéler les mystères de Dieu? Au début de l’hymne, Jésus exprime sa joie parce que la volonté du Père est de tenir ces choses cachées aux savants et aux sages, et de les révéler aux petits (cf. Lc 10, 21). Dans cette expression de sa prière, Jésus manifeste sa communion avec la décision du Père qui révèle ses mystères à celui qui a un cœur simple: la volonté du Fils ne fait qu’un avec celle du Père. La révélation divine n’advient pas selon la logique terrestre, selon laquelle ce sont les hommes cultivés et puissants qui possèdent les connaissances importantes, et qui les transmettent aux gens plus simples, aux petits. Dieu a utilisé un tout autre style: les destinataires de sa communication ont été précisément les «petits». Telle est la volonté du Père, et le Fils la partage avec joie. Le Catéchisme de l’Eglise catholique dit: «Son tressaillement “Oui, Père!” exprime le fond de son cœur, son adhésion au “bon plaisir” du Père, en écho au “Fiat” de sa Mère lors de sa conception et en prélude à celui qu’il dira au Père dans son agonie. Toute la prière de Jésus est dans cette adhésion aimante de son cœur d’homme au “mystère de la volonté” du Père (Ep 1, 9)» (n. 2603). D’où l’invocation que nous adressons à Dieu dans le Notre Père: «Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel»: avec le Christ, et dans le Christ, nous aussi nous demandons à entrer en harmonie avec la volonté du Père, en devenant ainsi nous aussi ses enfants. Dans cet Hymne de jubilation, Jésus exprime ainsi sa volonté d’impliquer dans sa connaissance filiale de Dieu tous ceux que le Père veut y faire participer; et ceux qui accueillent ce don, ce sont les «petits». Mais que signifie «être petits», simples? Quelle est la «petitesse» qui ouvre l’homme à l’intimité filiale avec Dieu et à l’accueil de sa volonté? Quelle doit être l’attitude de fond de notre prière? Regardons le «Discours de la Montagne» dans lequel Jésus affirme: «Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu!» (Mt 5, 8). C’est la pureté de cœur qui permet de reconnaître le visage de Dieu en Jésus Christ; c’est avoir un cœur simple comme celui des enfants, sans la présomption de qui s’enferme en lui-même, pensant n’avoir besoin de personne, pas même de Dieu. Il est intéressant aussi de noter en quelle l’occasion Jésus déclame cet Hymne au Père. Dans le récit évangélique de Matthieu, c’est la joie, parce qu’en dépit des oppositions et des refus, il y a des «petits» qui accueillent sa parole et qui s’ouvrent au don de la foi en Lui. L’Hymne de jubilation est en effet précédé par le contraste entre l’éloge de Jean-Baptiste, l’un des «petits» qui ont reconnu l’action de Dieu dans le Christ Jésus (cf. Mt 11, 2-19), et le reproche pour l’incrédulité des villes du lac «où avaient eu lieu la plupart de ses miracles» (cf. Mt 11, 20-24). La jubilation est donc vue par Matthieu en relation avec les paroles par lesquelles Jésus constate l’efficacité de sa parole et de son action: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi!» (Mt 11, 4-6). Saint Luc aussi présente l’Hymne de jubilation en lien avec un moment où se développe l’annonce de l’Evangile. Jésus a envoyé les «soixante-douze disciples» (cf. Lc 10, 1) et ils sont partis avec un sentiment de peur du fait de l’échec possible de leur mission. Luc aussi souligne le refus rencontré dans les villes où le Seigneur a prêché et accompli des signes prodigieux. Mais les soixante-douze disciples rentrent remplis de joie parce que leur mission a été un succès; ils ont constaté que, par la puissance de la parole de Jésus, les maux de l’homme sont vaincus. Et Jésus partage leur satisfaction: «à cette heure même», à ce moment-là, Il exulta de joie. Il y a encore deux éléments que je voudrais souligner. L’évangéliste Luc introduit la prière avec cette remarque: «Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint» (Lc 10, 21). Jésus se réjouit en partant de l’intérieur de lui-même, de ce qu’il a de plus profond: la communion unique de connaissance et d’amour avec le Père, la plénitude de l’Esprit Saint. En nous impliquant dans sa filiation, Jésus nous invite nous aussi à nous ouvrir à la lumière de l’Esprit Saint, parce que, comme l’affirme l’apôtre Paul, «nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.… [selon] ce que Dieu veut» (Rm 8, 26-27) et nous révèle l’amour du Père. Dans l’Evangile de Matthieu, après l’Hymne de jubilation, nous trouvons l’un des appels les plus poignants de Jésus: «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos» (Mt 11, 28). Jésus demande d’aller à Lui, qui est la vraie sagesse, à Lui qui est «doux et humble de cœur»; il propose «son joug», la voie de la sagesse de l’Evangile qui n’est pas une doctrine à apprendre ni une proposition éthique, mais une Personne à suivre: Lui-même, le Fils unique en parfaite communion avec le Père. Chers frères et sœurs, nous avons goûté pendant un moment la richesse de cette prière de Jésus. Nous aussi, par le don de son Esprit, nous pouvons nous adresser à Dieu, dans la prière avec la confiance des enfants, en invoquant le nom du Père, «Abba». Mais nous devons avoir le cœur des petits, des «pauvres de cœur» (Mt 5, 3), pour reconnaître que nous ne sommes pas auto-suffisants, que nous ne pouvons pas construire notre vie tout seuls, mais que nous avons besoin de Dieu, nous avons besoin de le rencontrer, de l’écouter, de lui parler. La prière nous ouvre à la réception du don de Dieu, sa sagesse, qui est Jésus lui-même, pour accomplir la volonté du Père sur notre vie et trouver ainsi le repos dans les peines de notre chemin. Merci.

Michelangelo Buonarroti , arrêt, détail de Saint-Pierre , 1535-1541 , Cité du Vatican , la Chapelle Sixtine .

16 juin, 2016

Michelangelo Buonarroti , arrêt, détail de Saint-Pierre , 1535-1541 , Cité du Vatican , la Chapelle Sixtine . dans images sacrée riconoscerlo_03

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« JÉSUS EST NOTRE HUMANISME », EXPLIQUE LE PAPE FRANÇOIS

16 juin, 2016

https://fr.zenit.org/articles/jesus-est-notre-humanisme-explique-le-pape-francois/

« JÉSUS EST NOTRE HUMANISME », EXPLIQUE LE PAPE FRANÇOIS

Ve Congrès de l’Église italienne (texte complet)

Le pape François dessine les contours d’un immense chantier : la promotion d’un nouvel humanisme, chrétien. Voici notre traduction intégrale de l’important et long discours prononcé par le pape François à Florence (Italie), le 10 novembre, lors du Ve Congrès de l’Église italienne, en la cathédrale Santa Maria del Fiore, le 10 novembre. « Nous ne devons pas domestiquer la puissance du visage de Jésus. Son visage est l’image de sa transcendance. C’est le misericordiae vultus (le visage de la miséricorde). Laissons-nous regarder par lui. Jésus est notre humanisme », explique le pape. Il ensuite évoque des caractéristiques de l’humanisme chrétien : « Je ne veux pas dessiner dans l’abstrait un « nouvel humanisme », une certaine idée de l’homme, mais présenter avec simplicité quelques traits de l’humanisme chrétien qui est celui des « sentiments du Christ Jésus » (Ph 2,5). Ce ne sont pas des sensations abstraites et provisoires de l’âme, mais ils représentent la chaude force intérieure qui nous rend capables de vivre et de prendre des décisions. Quels sont ces sentiments ? Je voudrais aujourd’hui vous en présenter au moins trois. » Et de citer l’humilité, le désintéressement et la béatitude.

A.B.

Discours du pape François Dans la coupole de cette splendide cathédrale, est représenté le Jugement dernier. Au centre, se trouve Jésus, notre lumière. L’inscription qu’on lit au sommet de la fresque est : « Ecce Homo ». En regardant cette coupole, nous sommes attirés vers le haut, tandis que nous contemplons la transformation du Christ jugé par Pilate, dans le Christ assis sur le trône de justice. Un ange lui apporte l’épée, mais Jésus n’assume pas les symboles du jugement ; au contraire, il lève la main droite pour montrer les signes de sa passion, parce qu’il « s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Tm 2,6). « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17). Dans la lumière de ce Juge de miséricorde, nous plions les genoux en adoration et nos mains et nos pieds se fortifient. Nous ne pouvons parler d’humanisme qu’à partir de la place centrale de Jésus, en découvrant en lui les traits du visage authentique de l’homme. C’est la contemplation du visage de Jésus mort et ressuscité qui recompose notre humanité, même celle qui est fragmentée par les vicissitudes de la vie ou marquée par le péché. Nous ne devons pas domestiquer la puissance du visage de Jésus. Son visage est l’image de sa transcendance. C’est le misericordiae vultus (le visage de la miséricorde). Laissons-nous regarder par lui. Jésus est notre humanisme. Laissons-nous toujours inquiéter par sa question : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (<em>Mt 16,15). Si nous regardons son visage, que voyons-nous ? Avant tout, le visage d’un Dieu « anéanti », d’un Dieu qui a pris la condition de serviteur, humilié et obéissant jusqu’à la mort (cf. Ph 2,7). Le visage de Jésus est semblable à celui de tant de nos frères humiliés, faits esclaves, anéantis. Dieu a pris leur visage. Et ce visage nous regarde. Dieu, qui est « l’être qui surpasse tout ce que la pensée peut concevoir de plus grand », comme disait saint Anselme, le Deus semper maior (le Dieu toujours plus grand) de saint Ignace de Loyola, devient toujours plus grand que lui-même en s’abaissant. Si nous ne nous abaissons pas, nous ne pourrons pas voir son visage. Nous ne verrons rien de sa plénitude si nous n’acceptons pas que Dieu se soit anéanti. Et par conséquent, nous ne comprendrons rien de l’humanisme chrétien et nos paroles seront belles, cultivées, raffinées, mais elles ne seront pas des paroles de foi. Elles seront des paroles qui résonnent dans le vide. Je ne veux pas dessiner dans l’abstrait un « nouvel humanisme », une certaine idée de l’homme, mais présenter avec simplicité quelques traits de l’humanisme chrétien qui est celui des « sentiments du Christ Jésus » (Ph 2,5). Ce ne sont pas des sensations abstraites et provisoires de l’âme, mais ils représentent la chaude force intérieure qui nous rend capables de vivre et de prendre des décisions. Quels sont ces sentiments ? Je voudrais aujourd’hui vous en présenter au moins trois. Le premier sentiment est l’humilité. « Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes » (Ph 2,3), dit saint Paul aux Philippiens. Plus loin, l’apôtre parle du fait que Jésus ne considère pas comme un privilège « le rang qui l’égalait à Dieu » (Ph 2,6). Il y a ici un message précis. L’obsession de préserver sa propre gloire, sa propre « dignité », sa propre influence ne doit pas faire partie de nos sentiments. Nous devons rechercher la gloire de Dieu et elle ne coïncide pas avec la nôtre. La gloire de Dieu qui éclate dans l’humilité de la grotte de Bethléem ou dans le déshonneur de la croix du Christ nous surprend toujours. Un autre sentiment de Jésus qui donne forme à l’humanisme chrétien est le désintéressement « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres » (Ph 2,4), demande encore saint Paul. Donc, plus que le désintéressement, nous devons rechercher le bonheur de celui qui est à côté de nous. L’humanité chrétienne est toujours en train de sortir. Elle n’est pas narcissique, autoréférentielle. Quand notre cœur est riche et très satisfait de lui-même, il n’a alors plus de place pour Dieu. Évitons, s’il vous plaît, de « nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles » (Exhort. ap. La joie de l’Évangile). Notre devoir est de travailler pour faire de ce monde un endroit meilleur et pour lutter. Notre foi est révolutionnaire par l’impulsion qui vient de l’Esprit-Saint. Nous devons suivre cette impulsion pour sortir de nous-mêmes, pour être des hommes selon l’Évangile de Jésus. Toute vie se décide sur sa capacité à se donner. C’est là qu’elle se transcende, qu’elle parvient à être féconde. Un autre sentiment du Christ Jésus est la béatitude. Le chrétien est un bienheureux, il a en lui la joie de l’Évangile. Dans les Béatitudes, le Seigneur nous indique le chemin. En le parcourant, nous, les êtres humains, nous pouvons arriver au bonheur plus authentiquement humain et divin. Jésus parle du bonheur dont nous faisons l’expérience lorsque nous sommes pauvres en esprit. Pour les grands saints, la béatitude est liée à l’humiliation et la pauvreté. Mais même chez les plus humbles de notre peuple, il y a beaucoup de cette béatitude : celle de celui qui connaît la richesse de la solidarité et du partage du peu que l’on possède ; la richesse du sacrifice quotidien d’un travail, parfois dur et mal payé, mais fait par amour envers les proches ; et aussi celle de nos misères personnelles qui, vécues avec confiance dans la Providence et dans la miséricorde de Dieu le Père, alimentent pourtant une humble grandeur. Les Béatitudes que nous lisons dans l’Évangile commencent par une bénédiction et se terminent par une promesse de consolation. Elles nous introduisent sur un sentier de grandeur possible, celui de l’esprit, et quand l’esprit est prêt, tout le reste vient naturellement. Certes, si nous n’avons pas le cœur ouvert à l’Esprit-Saint, elles nous paraîtront absurdes parce qu’elles ne nous conduisent pas au « succès ». Pour être « bienheureux », pour goûter la consolation de l’amitié avec Jésus-Christ, il est nécessaire d’avoir le cœur ouvert. La béatitude est un pari laborieux, fait de renonciations, d’écoute et d’apprentissage, dont les fruits se cueillent dans le temps, nous offrant une paix incomparable : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 34,9). Humilité, désintéressement, béatitude : ces trois aspects que je veux aujourd’hui présenter à votre méditation sur l’humanisme chrétien qui naît de l’humanité du Fils de Dieu. Et ces traits disent aussi quelque chose à l’Église italienne qui est réunie aujourd’hui pour cheminer ensemble. Ces traits nous disent que nous ne devons pas être obsédés par le « pouvoir », même lorsque celui-ci prend le visage d’un pouvoir fonctionnel et utile à l’image sociale de l’Église. Si l’Église n’assume pas les sentiments de Jésus, elle est désorientée, elle perd son sens. Si elle les assume en revanche, elle sait être à la hauteur de sa mission. Les sentiments de Jésus nous disent qu’une Église qui penserait à elle-même et à ses propres intérêts serait triste. Les Béatitudes, enfin, sont le miroir dans lequel nous regarder, celui qui nous permet de savoir si nous marchons sur le bon chemin : c’est un miroir qui ne ment pas. Une Église qui présente ces trois traits – humilité, désintéressement et béatitude – est une Église qui sait reconnaître l’action du Seigneur dans le monde, dans la culture, dans la vie quotidienne des personnes. Je l’ai dit plusieurs fois et je vous le redis aujourd’hui : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures » (La joie de l’Évangile, 49). Mais les tentations à affronter sont nombreuses. Je vous en présente au moins deux. La première est la tentation pélagienne. Elle pousse l’Église à ne pas être humble, désintéressée et bienheureuse. Et elle le fait sous l’apparence d’un bien. Le pélagianisme nous pousse à avoir confiance dans les structures, dans les organisations, dans les planifications parfaites parce que abstraites. Cela nous entraîne souvent même à assumer un style de contrôle, de dureté, de normativité. La norme donne au pélagien la sécurité de se sentir supérieur, d’avoir une orientation précise. C’est là qu’il trouve sa force, et non dans la légèreté du souffle de l’Esprit. Face aux maux ou aux problèmes de l’Église, il est inutile de chercher des solutions dans des conservatismes et des fondamentalismes, dans la restauration de conduites et de formes dépassées qui n’ont même pas la capacité d’être significatives culturellement. La doctrine chrétienne n’est pas un système fermé incapable de générer des questions, des doutes, des interrogations, mais elle est vivante, elle sait inquiéter, animer. Elle a un visage qui n’est pas rigide, elle a un corps qui se meut et se développe, elle a une chair tendre : elle s’appelle Jésus-Christ. La réforme de l’Église – et l’Église est semper reformanda (elle doit toujours être réformée, ndt) – est étrangère au pélagianisme. Elle ne s’épuise pas dans un énième plan pour changer les structures. Elle signifie en revanche se greffer et s’enraciner dans le Christ en se laissant conduire par l’Esprit. Alors, tout devient possible, avec génie et créativité. Que l’Église italienne se laisse porter par son souffle puissant et, pour cette raison même, parfois inquiétant. Qu’elle fasse toujours sien l’esprit de ces grands explorateurs qui, sur les bateaux, ont été passionnés de navigation en haute mer sans se laisser effrayer par les frontières et les tempêtes. Qu’elle soit une Église libre et ouverte aux défis du présent, jamais sur la défensive de crainte de perdre quelque chose. Et en rencontrant les gens sur leurs chemins, qu’elle reprenne à son compte les propos de saint Paul : « Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns » (1 Cor 9,22). La seconde tentation à vaincre est celle du gnosticisme. Elle pousse à faire confiance au raisonnement logique et clair, qui perd cependant la tendresse de la chair du frère. L’attrait du gnosticisme réside dans « une foi renfermée dans le subjectivisme, où seule compte une expérience déterminée ou une série de raisonnements et de connaissances que l’on considère comme pouvant réconforter et éclairer, mais où le sujet reste en définitive fermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments » (La joie de l’Évangile, 94). La différence entre la transcendance chrétienne et n’importe quelle forme de spiritualisme gnostique se trouve dans le mystère de l’Incarnation. Ne pas mettre en pratique, ne pas rapporter la Parole à la réalité, signifie construire sur le sable, rester dans l’idée pure et dégénérer dans un intimisme qui ne porte pas de fruit, qui rend stérile son dynamisme. L’Église italienne a de grands saints dont l’exemple peut l’aider à vivre la foi avec humilité, désintéressement et joie, de François d’Assise à Philippe Neri. Mais pensons aussi à la simplicité de personnages inventés comme don Camillo qui fait équipe avec Peppone. Je suis frappé, dans les histoires de Guareschi, de voir combien la prière d’un bon curé est liée à sa proximité évidente avec les gens. Don Camillo disait de lui : « Je suis un pauvre prêtre de campagne qui connaît ses paroissiens un par un, qui les aime, qui sait quelles sont leurs douleurs et leurs joies, qui souffre et sait rire avec eux. » La proximité avec les gens et la prière sont la clé pour vivre un humanisme chrétien populaire, humble, généreux, joyeux. Si nous perdons ce contact avec le peuple fidèle de Dieu, nous perdons en humanité et nous n’allons nulle part. Mais alors, que devons-nous faire ? direz-vous. Que nous demande le pape ? C’est à vous de décider : le peuple et les pasteurs ensemble. Aujourd’hui, je vous invite simplement à lever la tête et à contempler la scène. Retournons au Jésus qui est représenté ici comme Juge universel. Que se passera-t-il quand « le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui » et qu’« il siégera sur son trône de gloire » (Mt 25,31) ? Que nous dit Jésus ? Nous pouvons imaginer ce Jésus, qui se tient au-dessus de nos têtes, dire quelques mots à chacun de nous et à l’Église italienne. Il pourrait dire : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25,34-36). Mais il pourrait aussi dire : « Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité » (Mt 25,41-43). Les Béatitudes et les paroles que nous venons de lire sur le Jugement universel nous aident à vivre la vie chrétienne au niveau de la sainteté. Les paroles sont peu nombreuses, simples mais pratiques. Que le Seigneur nous donne la grâce de comprendre son message ! Et regardons encore une fois les traits du visage de Jésus et ses gestes. Voyons Jésus qui mange et boit avec les pécheurs (cf. Mc 2,16 ; Mt 11,19) ; contemplons-le tandis qu’il converse avec la Samaritaine (cf. Jn 4,7-26) ; épions-le lorsqu’il rencontre de nuit Nicodème (Jn 3,1-21) ; goûtons avec affection la scène où il se fait oindre les pieds par une prostituée (cf. Lc 7,36-50) ; sentons sa salive sur la pointe de notre langue qui se délie ainsi (Mc 7,33). Admirons la « sympathie de tout le peuple » qui entoure les disciples, c’est-à-dire nous-mêmes, et faisons l’expérience de leur « allégresse et simplicité de cœur » (Ac 2,46-47). Aux évêques, je demande d’être des pasteurs : que ce soit votre joie. Ce sont les gens, votre troupeau, qui vous soutiendront. Récemment, j’ai lu l’histoire d’un évêque qui racontait qu’il était dans le métro à une heure de pointe et qu’il y avait tellement de personnes qu’il ne savait plus où poser la main pour se tenir. Poussé à droite et à gauche, il s’appuyait sur les personnes pour ne pas tomber. Et c’est comme cela qu’il a pensé que, outre la prière, ce qui fait tenir debout un évêque, c’est son peuple. Que rien ni personne ne vous enlève la joie d’être soutenus par votre peuple. Comme pasteurs, soyez non pas des prédicateurs de doctrines complexes, mais des annonciateurs du Christ, mort et ressuscité pour nous. Allez à l’essentiel, au kérygme. Il n’y a rien de plus solide, profond et sûr que cette annonce. Mais que ce soit tout le peuple de Dieu qui annonce l’Évangile, je veux dire le peuple et les pasteurs. J’ai exprimé ma préoccupation pastorale dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium (cf. 111-134). À toute l’Église italienne, je recommande ce que j’ai indiqué dans cette exhortation : l’inclusion sociale des pauvres, qui ont une place privilégiée dans le peuple de Dieu, et la capacité de rencontre et de dialogue pour favoriser l’amitié sociale dans votre pays, en recherchant le bien commun. L’option pour les pauvres est « une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Église » (Jean-Paul II, Enc. Sollicitudo rei socialis, 42). Cette option « est implicite dans la foi christologique en ce Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, pour nous enrichir de sa pauvreté » (Benoît XVI, Discours à la session inaugurale de la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes). Les pauvres connaissent bien les sentiments de Jésus-Christ parce que, par expérience, ils connaissent le Christ souffrant. « Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux » (Evangelii gaudium, 198). Que Dieu protège l’Église italienne de tout succédané de pouvoir, d’image ou d’argent. La pauvreté évangélique est créative, elle accueille, soutient et elle est riche d’espérance. Nous sommes ici à Florence, la ville de la beauté. Que de beauté dans cette ville a été mise au service de la charité ! Je pense à l’Hôpital des Innocents, par exemple. Une des premières constructions de la Renaissance a été créée pour le service des petits enfants abandonnés et des mères désespérées. Souvent, ces mamans laissaient avec leur nouveau-né, des médailles coupées en deux, grâce auxquelles elles espéraient qu’en présentant la seconde moitié, elles pourraient reconnaître leurs enfants lorsque les temps seraient meilleurs. Voilà, nous devons imaginer que nos pauvres ont une médaille coupée en deux. Nous, nous avons l’autre moitié. L’Église, mère, a l’autre moitié de la médaille de chacun d’eux, et elle reconnaît tous ses enfants abandonnés, opprimés, fatigués. Le Seigneur a versé son sang, non pas pour quelques-uns, ni pour un petit nombre ni pour un grand nombre, mais pour tous. Je vous recommande aussi, tout particulièrement, la capacité de dialogue et de rencontre. Dialoguer n’est pas négocier. Négocier, c’est chercher à obtenir sa « part » du gâteau commun. Ce n’est pas cela que je veux dire. Mais c’est chercher le bien commun pour tous. Discuter ensemble, penser aux meilleures solutions pour tous. Très souvent, la rencontre se trouve impliquée dans un conflit. Dans le dialogue, il y a un conflit : il est logique et prévisible qu’il en soit ainsi. Et nous ne devons pas en avoir peur ni l’ignorer, mais l’accepter. « Accepter de supporter le conflit, de le résoudre et de le transformer en un maillon d’un nouveau processus » (idem., 227). Mais nous devons toujours nous rappeler qu’il n’existe pas d’humanisme authentique qui ne contemple l’amour comme le lien entre les êtres humains, qu’il soit de nature interpersonnelle, intime, sociale, politique ou intellectuelle. C’est sur lui que se fonde la nécessité du dialogue et de la rencontre pour construire avec les autres la société civile. Nous savons que la meilleure réponse au caractère conflictuel de l’être humain du fameux « homo homini lupus » (« l’homme est un loup pour l’homme ») de Thomas Hobbes est l’ « Ecce homo » de Jésus qui ne récrimine pas, mais qui accueille et qui sauve en payant de sa personne. La société italienne se construit quand ses différentes richesses culturelles peuvent dialoguer de façon constructive : richesse populaire, académique, des jeunes, artistique technologique, économique, politique, des médias… Que l’Église soit un ferment de dialogue, de rencontre, d’unité. D’ailleurs, mêmes nos formulations de la foi sont le fruit d’un dialogue et d’une rencontre entre cultures, communautés et institutions différentes. Nous ne devons pas avoir peur du dialogue : au contraire, ce sont justement la confrontation et la critique qui nous aident à empêcher la théologie de se transformer en idéologie. Souvenez-vous en outre que la meilleure façon de dialoguer n’est pas de parler et de discuter mais de faire quelque chose ensemble, de construire ensemble, de faire des projets : pas tout seuls, entre catholiques, mais avec tous ceux qui ont de la bonne volonté. Et sans crainte d’accomplir l’exode nécessaire à tout dialogue authentique. Sinon, il n’est pas possible de comprendre les raisons de l’autre, ni de comprendre en profondeur que notre frère compte plus que les positions que nous jugeons loin de nos certitudes pourtant authentiques. Mais que l’Église sache aussi donner une réponse claire face aux menaces qui émergent au sein du débat public : c’est l’une des formes de la contribution spécifique des croyants à la construction de la société commune. Les croyants sont des citoyens. Et je le dis ici, à Florence, où l’art, la foi et la citoyenneté ont toujours été en contact dans un équilibre dynamique entre dénonciation et proposition. La nation n’est pas un musée, mais c’est une œuvre collective en construction permanente et où l’on doit justement mettre en commun ce qui différencie, y compris les appartenances politiques ou religieuses Je fais surtout appel à vous « jeunes gens : vous êtes forts », comme l’écrivait l’apôtre Jean (1 Jn 2,14). Surmontez l’apathie. Que personne ne méprise votre jeunesse, mais apprenez à être des modèles par votre parole et votre conduite (cf. 1 Tm 4,12). Je vous demande d’être des constructeurs de l’Italie, de vous mettre au travail pour une Italie meilleure. Ne regardez pas votre vie du balcon, mais engagez-vous, plongez-vous dans le vaste dialogue social et politique. Que les mains de votre foi s’élèvent vers le ciel, mais qu’elles le fassent tout en édifiant une ville construite sur des relations dont l’amour de Dieu est le fondement. Et ainsi, vous serez libres pour accepter les défis d’aujourd’hui, pour vivre les changements et les transformations. On peut dire qu’aujourd’hui, nous ne vivons pas une époque de changements, mais plutôt un changement d’époque. Les situations que nous vivons aujourd’hui lancent donc de nouveaux défis qui sont même parfois difficiles à comprendre pour nous. Notre temps demande de vivre les problèmes comme des défis et non comme des obstacles : le Seigneur est actif et à l’œuvre dans le monde. Sortez donc dans les rues et allez aux carrefours : tous ceux que vous trouverez, appelez-les, sans exclure personne (cf. Mt 22,9). Surtout, accompagnez ceux qui sont restés au bord de la route, « les boiteux, les estropiés, les aveugles, les sourds » (cf. Mt 15,30) Où que vous soyez, ne construisez jamais de murs ni de frontières, mais des places et des hôpitaux de campagne. Ce que j’aime, c’est une Église italienne inquiète, toujours plus proche des personnes abandonnées, oubliées, imparfaites. Je désire une Église joyeuse, avec le visage d’une maman qui comprend, accompagne, caresse. Rêvez, vous aussi, cette Église, croyez en elle, innovez librement. L’humanisme chrétien que vous êtes appelés à vivre affirme radicalement la dignité de toute personne comme Enfant de Dieu, il établit entre tous les êtres humains une fraternité fondamentale, il enseigne à comprendre le travail, à habiter la création comme notre maison commune, il donne des raisons d’être joyeux et d’avoir de l’humour, même au cœur d’une vie très dure. Bien qu’il ne me revienne pas de dire comment réaliser ce rêve aujourd’hui, permettez-moi seulement de vous laisser une indication pour les prochaines années : dans toutes les communautés, dans toutes les paroisses et institutions, dans tous les diocèses et circonscriptions, cherchez à lancer, sur le mode synodal, un approfondissement de l’exhortation Evangelii gaudium, pour en tirer des critères pratiques et pour en mettre en œuvre les dispositions. Je suis certain de votre capacité à vous mettre en mouvement, de façon créative, pour concrétiser cette étude. J’en suis certain parce que vous êtes une Église adulte, très ancienne dans la foi, solidement enracinée et qui a porté beaucoup de fruit. C’est pourquoi, soyez créatifs dans l’expression de ce génie que vos grands prédécesseurs, de Dante à Michel-Ange, ont manifesté d’une manière inégalable. Croyez au génie du christianisme italien, qui n’est le patrimoine ni d’individus ni d’une élite, mais de la communauté, du peuple de ce pays extraordinaire. Je vous confie à Marie que l’on vénère ici, à Florence, comme la Santissima Annunziata. Sur la fresque qui se trouve dans la basilique du même nom – où je me rendrai sous peu – l’ange se tait et Marie parle et dit : « Ecce ancilla Domini » (Voici la servante du Seigneur). Dans ces paroles, nous sommes tous présents. Que toute l’Église italienne les prononce avec Marie.

 Traduction de Zenit, Constance Roques

HOMÉLIE DU 12E DIMANCHE ORDINAIRE C

16 juin, 2016

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HOMÉLIE DU 12E DIMANCHE ORDINAIRE C

Za 12, 10-11 ; 13,1 ; Ga 3, 26-29 ; Lc 9, 18-24

Jésus de Nazareth n’a certainement pas inventé la technique du sondage, mais il l’a modestement utilisée dans ce qui pourrait être qualifié de mini-sondage. Les réponses données par la foule ne doivent pas nous surprendre. Aujourd’hui aussi, elles seraient très variées, souvent théoriques et rarement tout à fait satisfaisantes. En Israël, depuis des siècles, des prophètes annonçaient régulièrement la venue d’un messie, d’un libérateur. Mais sa personnalité et sa mission variaient selon les époques, les écoles théologiques, les tendances ou les circonstances. Quand on parcourt les livres du premier testament, on découvre d’ailleurs beaucoup de messies. Messie signifie en hébreu « celui qui a été marqué par l’onction avec de l’huile de l’olivier ». Une huile considérée comme un don de Dieu et qui a symbolisé le don de Dieu par excellence qui est son Esprit. Est donc messie celui que Dieu, avec (ou même sans) onction d’huile, imprègne de son Esprit pour lui faire accomplir son œuvre. Et messie en grec se dit « christ ». Donc, Messie et Christ, c’est la même chose. Ainsi, dans l’histoire d’Israël, tous ceux qui reçoivent l’onction royale, l’onction prophétique ou l’onction sacerdotale sont des christs ou des messies. Or, Jésus de Nazareth n’a pas reçu d’onction d’huile matérielle. Mais quand il reçoit le livre d’Isaïe dans la synagogue de Capharnaüm, il proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. » Une onction spirituelle, qui est la présence et l’action de l’Esprit. La réponse que donne Pierre à la question de Jésus est donc correcte, mais ce n’est, dirions-nous, qu’une réponse toute faite, sortie du catéchisme des premières communautés chrétiennes auxquelles appartenait Luc. Elle ne dit pas de quel genre de messie il s’agit. Et il existait plusieurs conceptions différentes, et même opposées. Nationaliste, politique et même raciste, tel ce texte pharisien du siècle précédant la naissance de Jésus, qui décrit le messie « chassant l’immigré et l’étranger de la terre sainte pour en bannir toute souillure et gouvernant toutes les nations de la terre depuis Jérusalem ». Une conception très répandue, qui était fort probablement celle des disciples. De toute manière, Jésus interdit à Pierre d’en parler. Et il lui apporte aussitôt un correctif de taille en annonçant qu’il devra souffrir. Jésus ne sera donc pas, contrairement à certaines espérances, un homme de pouvoir, ni un vainqueur politique ou militaire, ni un chef religieux tout-puissant et applaudi, mais bien un « Fils de l’Homme ». Ce qui est le symbole biblique des « justes » ou des « saints » persécutés, mais finalement triomphants. Un Christ qui va, comme la suite le montrera, être incompris et rejeté par les sages de son peuple, par les chefs des prêtres, l’élite religieuse et la société bien pensante, jusqu’à être condamné à mort. Ce n’est pas un messie très séduisant et le suivre comportait et comporte toujours d’énormes risques. La réponse de Pierre, littéralement bonne, n’engageait cependant à rien. Il ne suffit pas que nos énoncés théologiques soient théoriquement irréprochables et donc orthodoxes. Il leur manque souvent l’essentiel, qui est d’être concrétisés, incarnés par une conversion effective de mentalité et de vie. La seule vraie réponse valable pour ces candidats disciples était d’oser s’impliquer personnellement et collectivement dans l’aventure du Christ, marcher à sa suite, entrer dans l’esprit des béatitudes, au risque de subir son sort. Ce qui est vrai pour tous les temps. Si l’on interroge les foules, mais aussi les chrétiens, tout au long des 2000 ans de christianisme, on constate qu’ils refont constamment Jésus Christ à leur image. Un Jésus sur mesure. Même un Jésus athée. C’est un « sondage » de ce genre qu’a réalisé le Père Sesboué dans l’ouvrage « Jésus Christ à l’image des hommes » (DDB). Il y a certes des images déformées, des interprétations déséquilibrées, des caricatures… Mais elles sont révélatrices des questions que tous, à chaque époque, se posent à propos de Jésus… Imaginons maintenant que Jésus, présent incognito dans notre assemblée, se lève, interrompe l’homélie et nous dise : « Pour vous, personnellement et collectivement, pour vous tous réunis ici en mon nom, qui suis-je ? » Qui suis-je pour toi ? Qui suis-je pour toi ? … Quelle réponse personnelle pourrions-nous donner ? (1). Non pas une réponse d’examen, c’est-à-dire conforme à une définition du catéchisme, mais une réponse exprimant la qualité de la relation que nous entretenons avec lui. Nous aurions peut-être peur de constater combien il y a de Jésus différents dans les têtes et les cœurs des uns et des autres. Et peut-être aurions-nous peur de nous trouver face à nous-mêmes. La tentations est de se faire du Christ une image qui nous arrange, qui nous évite d’être dérangés et de devoir changer quelque chose à nos idées, nos habitudes, à nos « certitudes ». Ce qui est en jeu, ce n’est pas de donner une réponse et de proclamer que Jésus est Messie. La question nous est posée pour que nous puissions vérifier notre position vis-à-vis du Seigneur, pour que nous nous mettions ou remettions en route. Prendre son chemin, porter sa croix chaque jour, apprendre à donner sa vie goutte à goutte, tous les jours, modestement, en aimant les autres, en construisant la paix, en combattant pour la justice et la dignité de toute personne humaine. En méditant l’enseignement de Paul dans la première lecture, nous constaterons que, personnellement et en Eglise, nous sommes encore bien loin d’avoir revêtu le Christ. Ou plutôt d’en avoir compris toutes les conséquences pratiques. « Pour vous, qui suis-je ? » Voici une invitation pressante à vérifier constamment nos idées sur Jésus et à comparer nos comportements avec les siens.

(1) « Eclats d’Evangile », G. Bessière et H. Vulliez, DDB 1998.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008

12:10 Publié dans temps ordinaire C | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sondage, messie, onction, esprit, fils de l’homme, juste, saint, image, comportement, christ

12 Apostles of Jesus Christ

14 juin, 2016

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DES COLLABORATEURS POUR LA MISSION

14 juin, 2016

http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Saint-Paul/Des-collaborateurs-pour-la-mission

DES COLLABORATEURS POUR LA MISSION

Paul est-il aussi isolé que certains le prétendent ? Il est vrai que sa personnalité et son parcours le placent sur une autre trajectoire que celle des compagnons historiques de Jésus, Pierre, Jacques et les autres. Les conflits qu’il a connus avec eux, l’ont amené à prendre ses distances avec Antioche et même partiellement avec Jérusalem. Avec ses frères juifs aussi les relations sont douloureuses (cf. Romains 9,1-5). Paul a compris qu’il est fait pour défricher des terrains vierges. Il n’entend pas «se glorifier des travaux des autres» (2 Corinthiens 10,16), ni «construire sur les fondations d’un autre» (Romains 15,20). C’est une personnalité puissante qui a vocation à être un leader. Mais il ne faut pas en conclure qu’il est isolé. Le courant helléniste d’Antioche, ouvert sur le monde non-Juif, est venu le chercher parce qu’il reconnaissait dans le jeune converti l’un d’entre eux (Actes 11,19-20). Rappelons-nous que Paul a passé une douzaine d’années dans la communauté d’Antioche. C’est dire qu’il a participé à un vaste mouvement d’évangélisation dans lequel il a beaucoup reçu, et aussi beaucoup apporté.

Barnabé, Silas, Timothée Les Actes racontent sa collaboration avec Barnabé dans la première campagne missionnaire. Celui-ci a été son mentor, l’introduisant parmi les disciples de Jérusalem (Actes 9,26-27), allant le chercher à Tarse (Actes 11,24), et choisi avec lui pour la première campagne missionnaire (Actes 13,2-3). Dans les Actes, on repère la transition entre  Barnabé/Paul et Paul/Barnabé». Paul s’impose alors comme le chef de file, prédicateur efficace, dont la parole touche Juifs et païens. Pourtant Paul laisse à Barnabé la responsabilité des Églises nées dans cette première mission, préférant aller sans lui vers des terres vierges dont il se sentira vraiment responsable. À partir du second voyage, Paul s’attache les service de Silas et surtout de Timothée qu’il choisit à Derbé (Actes 16,1-3). Celui-ci devient un collaborateur étroit. Dans ses relations difficiles avec la communauté de Corinthe, Paul utilise Timothée, son «fils chéri et fidèle» comme intermédiaire (1 Corinthiens 4,17). Il veille sur lui au point de prévenir les Corinthiens turbulents : «Si Timothée vient chez vous, soyez attentifs à ce qu’il soit libéré de toute peur parmi vous, car c’est à l’œuvre du Seigneur qu’il travaille tout comme toi.» (1 Corinthiens 16,10).

Paul dit sa reconnaissance Paul utilise quelquefois l’expression : «ceux qui se sont fatigués» pour dire sa reconnaissance aux hommes et aux femmes qui l’ont aidé dans sa mission : «qui ont peiné dans le Seigneur» (Romains 16,12). Plus souvent il parle de collaborateurs «en Christ» (Romains 16,3) «dont les noms sont inscrits dans le livre de vie» (Philippiens 4,3). La formule laisse place assez vite dans la communauté chrétienne à des termes plus techniques : «Par la suite, l’emploi du mot « collaborateur » semble comme disparaître du vocabulaire néotestamentaire. Ce titre ministériel, à l’extension devenue trop large, tomba en désuétude.» (Charles Perrot). Signalons enfin que dans l’adresse de ses lettres pourtant si personnelles, Paul garde le souci de s’associer ceux qui ont travaillé avec lui : Silvain et Timothée (1 Thessaloniciens 1,1), Sosthène (1 Corinthiens 1,1), Timothée (2 Corinthiens 1,1), tous les frères qui sont avec moi (Galates 1,2), Timothée (Phimippiens 1,1). Paul a connu des épreuves, il a souvent travaillé dans une certaine solitude. Il a rencontré des résistances, il a souffert au point d’écrire une lettre aux Corinthiens dans les larmes (2 Corinthiens, 2,4). Il a parfois dû se battre contre «de faux frères» (2 Corinthiens 11,26) qui cherchaient à démolir ce qu’il avait construit. Mais, par sa passion pour l’Évangile, il a construit autour de lui des communautés fidèles au service de l’Évangile.

Père Alain Marchadour, bibliste -Février 2009

PAROLE DE DIEU ET PRIÈRE CHRÉTIENNE – JÉSUS-CHRIST PLÉNITUDE DE LA RÉVÉLATION

14 juin, 2016

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/parole.pri.htm

PAROLE DE DIEU ET PRIÈRE CHRÉTIENNE  – JÉSUS-CHRIST PLÉNITUDE DE LA RÉVÉLATION  

Seule la foi en Dieu qui s’intéresse à l’homme nous permet de saisir les Écritures comme sa parole vivante pour aujourd’hui. Seule l’adhésion à Jésus envoyé de Dieu, mis à mort et maintenant dans la gloire, nous ouvre au sens ultime et définitif des paroles que Dieu a prononcées dans l’histoire et qu’il a voulu transmettre au monde entier. Dieu, qui ne cesse d’agir (Jn 5, 17), a longuement commenté son œuvre par ceux qui la racontaient sous forme de récits imagés ou de fresques catéchétiques, par les psalmistes qui la chantaient, par les sages qui la méditaient, ou par les prophètes qui la dévoilaient aux croyants ou qui l’annonçaient pour l’avenir. Puis le Fils unique, de sa voix d’homme, a « raconté » Dieu que personne n’a jamais vu (Jn 1,15). Et désormais ce que le croyant écoute et interroge comme parole de Dieu, c’est à la fois ce récit du Fils et toute la gangue de prophéties, de souvenirs et de témoignages qui fait corps, en amont et en aval, avec l’événement « Jésus-Christ ».   La Parole de Dieu, incarnée dans une culture, déborde toute limite et s’adresse aujourd’hui à toute personne humaine Chaque fois que nous ouvrons les Ecritures, notre foi, même hésitante, même balbutiante, est déjà impliquée et requise. Nous lisons pour mieux croire, et déjà il nous faut croire pour lire. Pour nous, disciples du Christ, toute écoute de la Parole est compromettante, et toute fréquentation de l’Écriture nous replace devant les multiples paradoxes de la Révélation. La parole de Dieu est à la fois d’hier et d’aujourd’hui, non seulement parce qu’aujourd’hui je m’y réfère, mais surtout parce qu’aujourd’hui encore Dieu continue de parler par ces textes qui sont porteurs de l’Esprit et de la vie (Jn 6, 63). Je dois rejoindre cette parole en son lieu et en son temps, en traversant toute une distance culturelle, mais en même temps cette parole, de par une pertinence qui est le secret de Dieu, me rejoint en mon temps et en mes lieux, pour affranchir ma pensée et éclairer mon agir. L’Écriture est parole de Dieu en langage d’hommes, car c’est toujours un homme qui dit ce que Dieu a dit. Dieu, pour se dire à nous, utilise les richesses d’une ou deux langues humaines, mais il en assume aussi les contraintes et les limites. L’Écriture est parole pour tous les peuples dans les mots d’un seul peuple. Le message, de soi universel, s’incarne dans une culture particulière, et pour que chaque peuple de la terre «entende annoncer dans sa langue les merveilles de Dieu (Ac 2,11), un labeur herméneutique sera nécessaire, qui est de nos jours à peine commencé. Autre paradoxe, qui n’est pas moindre: Dieu, qui parle toujours à partir de lui-même, a confié sa parole à une communauté vivante et confessante. Le même Dieu, qui a voulu que sa parole fût écrite, a voulu, dans un même dessein, la communauté missionnaire qui la porte depuis la première heure. Il n’y a jamais eu d’Ecriture sans Église, et en ce qui concerne la nouvelle Alliance, c’est la même communauté qui a commencé à vivre du message de Jésus, en a témoigné, puis a mis par écrit ses témoignages, et ultérieurement a fixé les frontières des Ecritures où elle reconnaissait sa foi. C’est elle encore qui recueille en sa mémoire le trésor des interprétations que les peuples proposent en tout temps et en tout lieu de cette parole advenue une fois pour toutes. Enfin le disciple du Christ, appelé à vivre personnellement de sa parole, l’accueille toujours au sein du peuple des croyants, dont il reçoit à la fois la lumière pour sa compréhension du message et l’impulsion pour sa fidélité. Le lieu privilégié pour cette écoute croyante est la liturgie de la parole, liée par Jésus lui-même à l’Eucharistie de sa dernière cène.   la Parole de Dieu, forme de sa présence, source de lumière, de force et de liberté Accueillie dans la foi en dépit de ces paradoxes parfois déroutants, la Parole accomplit progressivement en nous son œuvre d’engendrement des fils et des filles de Dieu (Jc 1,18; 1 P 1, 23). L’écoute de la Parole nous apporte la certitude, sensible ou non, de la présence de Dieu. Dans sa condition terrestre, nul homme ne peut voir Dieu; mais par le fait même qu’il s’adresse à nous, Dieu atteste sa présence et son désir de réciprocité. En faisant place à sa parole à l’intime de nous-mêmes, nous nous rendons à notre tour présents à lui; et plus sa parole nous devient familière, plus notre relation à lui tend à la permanence. Comme Jésus le dit lui-même en Jn 15, 7 : lorsque ses paroles demeurent en nous, nous demeurons en lui.  La Parole, qui nous rejoint dans notre quotidien, projette sa lumière sur le dessein de Dieu, sur Dieu lui-même, et sur les chemins qu’il aime prendre pour se révéler et se donner à nous. Elle illumine notre propre cheminement vers Dieu (Ps 119,130; Ep 1, 18 ; 2 P 1, 19), sans que nous puissions retenir à volonté cette lumière, pas plus que les Hébreux au désert ne pouvaient garder la manne (Ex 16, 17-21), et souvent seule est éclairée la route d’aujourd’hui. « Ta parole est une lanterne (nër) pour mes pas », dit le Psalmiste (Ps 119, 105), et l’image prend ici tout son sens: la lanterne ne projette qu’une lueur assez pauvre; mais la merveille, avec une lanterne, c’est que la lumière avance avec celui qui la porte. De même, à l’ordinaire, la Parole n’éclaire pas loin devant; mais le croyant verra toujours assez clair pour faire dans la foi les deux pas que Dieu lui demande. Souvent aussi la lumière de la Parole laisse dans l’ombre notre route et se fixe comme obstinément sur Dieu, son Christ, et leur mystère. Nous sommes alors invités à rejoindre notre projet de croyants par le détour de l’adoration.  À la mesure même de la lumière qu’elle diffuse en nous, la Parole est source de force. Elle dit, pour aujourd’hui et pour l’eschaton, le sens de ce que nous vivons, personnellement et communautairement; elle enclôt d’avance notre survie dans la vie de Dieu et du Ressuscité; elle rappelle de mille manières l’alliance que Dieu a passée pour toujours avec les hommes, et confronte chaque jour le disciple du Christ au oui décisif de son baptême. En toute joie et toute épreuve, le croyant se découvre ainsi précédé et attendu, compris et pardonné, et il acquiert progressivement «la sagesse pour le salut» (2 Tm 3,15). Saint Paul parle, en ce sens, de la «constance» et du «réconfort» qu’apportent les Ecritures (Rm 15,4) et qui permettent d’avancer dans l’espérance. Enfin la Parole, en nous faisant entrer dans les vues de Dieu, nous établit peu à peu dans la liberté. « Si vous demeurez dans ma parole, dit Jésus, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 31s). Plus profonde encore que toute liberté politique et toute autonomie intérieure, la liberté à laquelle le Maître nous fait accéder est sa propre liberté de Fils, à l’aise pour toujours dans la maison du Père (Jn 8, 35), et le chemin pour y parvenir est l’écoute du disciple qui se laisse remodeler par la parole du Christ. Celui-ci est à lui seul toute la vérité de Dieu, tout ce que Dieu dévoile de lui-même, et le lien est direct entre l’accueil de la parole, l’accueil du Fils qui est vérité, et la nouvelle liberté du chrétien: « Si le Fils vous libère, vous serez vraiment libres » (Jn 8,36).    s’imprégner patiemment et humblement de cette Parole  Dans le concret de notre vie de croyants, l’écoute de la Parole ne connaît pas d’autre loi que la foi de l’Eglise, ni d’autre contrainte que notre respect de Dieu qui parle. Chacun entend avec son cœur et scrute avec son intelligence; chacun se libère pour l’écoute selon son désir de lumière, et le temps que nous accordons chaque jour à l’accueil de la Parole mesure souvent la gratuité de notre amour de Dieu. Le disciple chrétien se fait un devoir et une joie d’aborder la Parole avec toutes ses ressources intellectuelles et d’amener peu à peu sa culture biblique au niveau de sa culture générale. Mais de toute façon, quel que soit le travail consenti pour une meilleure connaissance de la Parole, la prière se situe à un autre niveau. Non pas que recherche et prière soient le moins du monde antagonistes; mais après le travail qui fait parler le texte, la prière, toujours humblement, se propose de laisser Dieu parler par ce texte, ou de ressaisir pour parler à Dieu les mots que lui-même nous a donnés. «Unifie mon cœur pour qu’il révère ton Nom », demandait le Psalmiste (Ps 86, 11). Cette grâce d’intégration, Dieu l’accorde dans l’acte de la prière. L’homme, peu à peu, sans préjudice de l’intellect, laisse vivre en lui-même le cœur et le désir. Un instant son attention adhère encore au texte, pour laisser s’imprimer une image, pour recadrer une scène, suivre des yeux un personnage ou les phases de l’action. Mais souvent il n’y a rien à voir, ou le regard lui-même se recueille, et la Parole, alors, pénètre par lente imprégnation. Dans la paix que Dieu donne, la prière se fait pauvre: seuls rebondissent, de loin en loin au fond du cœur, quelques mots qui nous disent Dieu ou qui nous disent à Dieu.  À vrai dire la pauvreté requise est bien plus radicale encore, car seul l’Esprit de Dieu nous introduit dans sa parole. Jésus le souligne dans son discours d’adieux : «Le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. Lorsque viendra l’Esprit de la vérité, il vous guidera dans la vérité tout entière» (Jn 14, 26; 16, 13). Seul l’Esprit du Ressuscité peut rendre vivantes en nous ses paroles. Il enseigne en remémorant, et la vérité qu’il déploie pour nous au long du temps de la mission est toujours déjà dans ce que Jésus nous a dit. La prière de l’Église et notre propre prière sont portées constamment par cette anamnèse actualisante qui est l’œuvre du Paraclet : «Il me glorifiera, disait Jésus, parce qu’il recevra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera» (Jn 16,14). Ainsi, partout dans l’Eglise où la Parole est annoncée, commentée, partagée, et dans chaque cœur où elle est accueillie, l’Esprit est à l’œuvre, glorifiant le Fils, révélant son unité indicible avec le Père. Cela passe par nous; cela se passe en nous. C’est, pour tout baptisé, le quotidien de sa vie trinitaire.  

El Greco’s painting, 1580, shows the book with an image of the Christ child on the page.

13 juin, 2016

El Greco's painting, 1580, shows the book with an image of the Christ child on the page. dans images sacrée AntoniusGreco17

https://en.wikipedia.org/wiki/Anthony_of_Padua

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