Archive pour le 13 juin, 2016
OUVRIR LA PORTE DE LA CHAMBRE…
13 juin, 2016http://www.garriguesetsentiers.org/2015/03/ouvrir-la-porte-de-la-chambre.html
OUVRIR LA PORTE DE LA CHAMBRE…
Publié le 25 mars 2015 par Garrigues et Sentiers
Une réponse à ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre Nous n’en sommes plus aujourd’hui à savoir demeurer en repos dans une chambre. Il est nécessaire d’ouvrir la porte de sa chambre sur le monde qui s’offre à nous non pas sur ce qu’il a de violent mais sur ce qu’il peut nous apporter de plus pour compléter notre paix intérieure. Jésus n’est pas un spécialiste de l’au-delà et c’est encore moins la spécialité de l’Institution ecclésiale. Nous répétons le Credo comme le bon écolier ses tables de multiplication mais à part « a été crucifié, est mort et a été enseveli… le troisième jour est ressuscité » et « je crois à la Vie Éternelle », le reste laisse fort à désirer ! Quand Jésus parle du Royaume de Dieu dans Marc 4,30 il se demande à quoi le comparer : « Comment allons-nous comparer le Royaume de Dieu ? ». Le chapitre 13 de Matthieu ne contient pas moins de 7 paraboles sur les possibilités de comparaison. On pense tout de suite aux 7 jours de la Création du monde, bien sûr, ce qui signifie que ce Royaume de Dieu naît dès cette terre en nous, grandit en nous et arrive à sa maturité en nous. Il n’est pas tenu compte du passage d’état de vie terrestre à celui de vie éternelle. Chacun de nous est invité à le rechercher en soi et à en vivre dès cette vie. Pour l’atteindre, c’est grâce aux Béatitudes et plusieurs autres textes d’Évangile incitant à plus d’humanité envers les plus pauvres que nous savons vers quoi il faut se diriger. Mais cet idéal de vie semble quasi inatteignable car nous pouvons arriver à vivre une des Béatitudes mais jamais toutes et encore la vivons-nous mal, d’où le petit nombre d’élus ; mais il y a beaucoup d’appelés et Dieu est patient. Sa patience va bien au-delà de nos quelques décennies d’existence humaine. Ces appelés continueront à être certainement appelés dans leur après-vie puisqu’il n’est pas tenu compte de la mort biologique et là ils entendront peut-être mieux l’appel que sur la terre avec toutes ses sollicitations matérielles. Il y a une autre parole de Jésus : « Vous aurez toujours des pauvres » qui veut dire qu’aucun gouvernement non plus, même le plus démocratique qui soit, ne pourra jamais atteindre l’idéal Évangélique même en traînant le socle des Droits de l’Homme derrière lui. Tout au plus pouvons-nous, nous tous, approcher au plus près de ces valeurs. Ainsi le disciple du Christ aura toujours à mener une action contre la pauvreté. Jésus termine son discours parabolique par Matthieu 13,49 « À la fin du monde les Anges se présenteront et sépareront les méchants d’entre les justes pour les jeter dans la fournaise ardente ». Jésus déjà se trompe sur la fin du monde qu’il croit devoir arriver dès sa génération. Il est clair aussi qu’il ignore tout de ce qui se passera à la fin de la vie de chacun. S’il y a plusieurs demeures dans le Royaume de Dieu, il y a une vie éternelle différente pour chaque « juste ». Mais qu’est-ce que la fournaise ardente ? De nombreuses fois, après Jean-Baptiste dans un premier temps, Jésus évoque le feu, la fournaise pour les méchants ! Bien sûr il pressent qu’un être humain qui a refusé sciemment l’Amour chaque jour de sa vie et a fait de celle-ci un chemin de haine et de violence ne pourra pas accéder à ce Royaume de Dieu. Mais alors que devient-il ? Jésus n’en sait rien sauf que le traitement sera le même pour tous les méchants Matthieu 13,49 : « là où il y a des pleurs et des grincements de dents ». Il ira dans un endroit qui ressemble fort à la terre où il y sera « jeté » donc il perdra tout ce qui faisait l’essence de son être, toute sa personnalité. Mais si cette personnalité n’était faite que de violence et de haine il vaut mieux pour lui qu’il la perde pour repartir à zéro. Dans la parabole de Lazare et du riche Luc 16,19-30 nous retrouvons cette explication de la séparation du bien et du mal plus détaillée et surtout celle-ci ne se fait plus à la fin des temps mais à la fin de la vie de chacun. Luc a dû vivre après la génération de Jésus pour s’apercevoir qu’il n’y avait pas eu de fin du monde de son temps et il n’en parle pas. Il n’est plus question de fournaise mais de l’Hadès qui est le séjour des morts. Dans Luc 16,26 il est question de cet abîme entre nous (Abraham et Lazare : le Paradis) et vous (le riche et l’Hadès). Cet abîme me semble fort être celui qui existe entre cette vie sur terre et la Vie Éternelle. N’est-ce pas la terre le séjour des morts ? Toutes nos morts, comme la mort, nous ne les connaissons que sur terre. C’est aussi sur terre que commence l’éveil là où le riche commence à évoluer et à penser aux autres, ses frères. N’avons-nous jamais réfléchi à cette parole bizarre de Jésus (toujours Luc 9,60) : « Suis moi, laisse les morts enterrer leurs morts mais toi va annoncer le Royaume de Dieu ». Nous sommes parmi ces morts complices même de ces morts et la seule façon de nous sortir de toutes nos morts et de la mort elle-même c’est de suivre Jésus, c’est-à-dire de tenter de vivre selon son message d’Amour. Jésus est le chemin, le meilleur sans doute pour atteindre le Royaume de Dieu mais un chemin parmi d’autres. Seul l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour peut dire « Je suis la Vérité » car il n’est pas une personne, contrairement à son statut dans la Trinité. On ne sait trop comment le qualifier. Il est semblable à la fois à une atmosphère et à un horizon chargés d’amour, la Parole Evangélique n’étant qu’une composante de cette « Vérité » que personne ne peut détenir et surtout pas l’Institution ecclésiale. Celle-ci, quand elle bute sur un fait « religieux », emploie le mot mystère alors que de sa part ce n’est qu’une ignorance. Cet Esprit-Saint, cet Esprit d’Amour, nous fait généreusement la grâce de nous offrir plusieurs religions dans le monde y compris le Bouddhisme et l’Hindouisme et chacune de ces religions comporte une ou plusieurs vérités. Ces deux dernières religions sont très différentes des religions monothéistes. Pourtant toutes ces religions sont complémentaires. La première complémentarité qui nous saute aux yeux c’est celle existant entre le Judaïsme et le Christianisme car le second testament ne va pas sans le premier et les juifs commencent depuis un certain temps à se pencher sur l’existence de ce Jésus qui était juif comme eux, cependant sans le reconnaître comme Messie. Pour les Musulmans Jésus était un prophète et non le Fils de Dieu mais ils ne nient pas l’existence de Jésus, ils refusent simplement sa mort sur une croix. Et pour nous chrétiens Jésus était Fils de Dieu mais il était aussi prophète et n’a-t-il fait aucune erreur dans ses visions ? Donc il y a pour nous un apport des autres religions. J’en viens à une complémentarité plus délicate Jean 5,29 « Et sortiront ceux qui auront fait le bien pour une résurrection de Vie, ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de jugement ». Qu’est ce qu’une résurrection de jugement ou résurrection de mort pour l’opposer à celle « de Vie » ? Je ne vais pas m’étendre là-dessus car ce n’est pas notre culture. Mais quand le Dalaï-lama dit : « Cette vie est comme une école où les écoliers passent d’une classe à une autre, la deuxième classe étant supérieure à la première. Si l’un de ces écoliers a mal travaillé il devra redoubler. Il en va de même pour les existences sur terre ». Les redoublements étant minoritaires, je ne suis pas loin d’être de son avis. Jésus est bien venu s’incarner sur terre alors qu’il était « auprès du Père ». Pourtant Lui n’avait nul besoin d’un redoublement mais l’Esprit d’Amour fait sans doute à certains élus la grâce de l’offre du choix de revenir sur terre pour accomplir une mission. C’est là que se trouve la complémentarité et non l’opposition avec le Bouddhisme et l’Hindouisme. À nous chrétiens il nous manquera toujours une vérité : la vérité des autres religions car nous ne voulons pas envisager une vérité supplémentaire à la nôtre un peu par orgueil et surtout en pensant détenir la « Vérité » dans sa totalité. Pourtant si Jésus ne savait pas tout, s’il s’est trompé sur la fin du monde et si de plus les récits sur la Résurrection ne sont que symboliques comme il est à prévoir, l’Esprit-Saint veut peut-être nous inviter à regarder plus loin dans l’esprit de notre temps. L’existence de plusieurs religions n’est pas un hasard. Jésus dit à ses apôtres qu’il leur enverra un autre défenseur mais il se trouve que le Christianisme n’a pas le monopole de l’Esprit-Saint. Il a celui de Jésus-Christ. Quant à l’Esprit-Saint celui-ci se répand aussi dans les autres religions et leurs voies de salut. Il faut ouvrir la porte de notre chambre intérieure et regarder un peu dans celle du voisin. L’Esprit-Saint c’est aussi l’infini de l’Amour qui peut venir habiter un seul être humain sur cette terre. Quand aux élus pas forcément chrétiens ou croyants c’est peut-être aussi une mission qui les attend après leur mort au sein même du Royaume de Dieu.
Christiane Guès
BENOÎT XVI – ANTOINE DE PADOUE
13 juin, 2016http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100210.html
BENOÎT XVI – ANTOINE DE PADOUE
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 10 février 2010
Chers frères et sœurs,
Il y a deux semaines, j’ai présenté la figure de saint François d’Assise. Ce matin, je voudrais parler d’un autre saint, appartenant à la première génération des Frères mineurs: Antoine de Padoue ou, comme il est également appelé, de Lisbonne, en référence à sa ville natale. Il s’agit de l’un des saints les plus populaires de toute l’Eglise catholique, vénéré non seulement à Padoue, où s’élève une splendide basilique qui conserve sa dépouille mortelle, mais dans le monde entier. Les images et les statues qui le représentent avec le lys, symbole de sa pureté, ou avec l’Enfant Jésus dans les bras, en souvenir d’une apparition miraculeuse mentionnée par certaines sources littéraires, sont chères aux fidèles. Antoine a contribué de façon significative au développement de la spiritualité franciscaine, avec ses dons marqués d’intelligence, d’équilibre, de zèle apostolique et principalement de ferveur mystique. Il naquit à Lisbonne dans une famille noble, aux alentours de 1195, et fut baptisé sous le nom de Fernando. Il entra chez les chanoines qui suivaient la Règle monastique de saint Augustin, d’abord dans le monastère Saint-Vincent à Lisbonne, et successivement dans celui de la Sainte-Croix à Coïmbra, centre culturel de grande renommée au Portugal. Il se consacra avec intérêt et sollicitude à l’étude de la Bible et des Pères de l’Eglise, acquérant une science théologique qu’il mit à profit dans son activité d’enseignement et de prédication. A Coïmbra eut lieu l’épisode qui marqua un tournant décisif dans sa vie: c’est là qu’en 1220, furent exposés les reliques des cinq premiers missionnaires franciscains, qui s’étaient rendus au Maroc, où ils avaient subi le martyre. Leur vie suscita chez le jeune Fernando le désir de les imiter et d’avancer sur le chemin de la perfection chrétienne: il demanda alors de quitter les chanoines augustins et de devenir Frère mineur. Sa requête fut acceptée et, ayant pris le nom d’Antoine, il partit lui aussi pour le Maroc, mais la Providence divine en décida autrement. A la suite d’une maladie, il fut contraint de rentrer en Italie et, en 1221, participa au célèbre « Chapitre des nattes » à Assise, où il rencontra également saint François. Par la suite, il vécut pendant quelques temps caché de la manière la plus totale dans un couvent près de Forlì, au nord de l’Italie, où le Seigneur l’appela à une autre mission. Invité, dans des conditions fortuites, à prêcher à l’occasion d’une ordination sacerdotale, il se révéla être doté d’une telle science et éloquence que ses supérieurs le destinèrent à la prédication. C’est ainsi que commença en Italie et en France une activité apostolique si intense et efficace qu’elle conduisit de nombreuses personnes qui s’étaient détachées de l’Eglise à revenir sur leurs pas. Antoine fut également parmi les premiers maîtres de théologie des Frères mineurs, sinon le premier. Il commença son enseignement à Bologne, avec la bénédiction de saint François, qui, reconnaissant les vertus d’Antoine, lui envoya une brève lettre qui commençait par ces paroles: « Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères ». Antoine posa les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d’autres éminentes figures de penseurs, devait connaître son apogée avec saint Bonaventure de Bagnoregio et le bienheureux Duns Scot. Devenu supérieur provincial des Frères mineurs du nord de l’Italie, il poursuivit son ministère de la prédication, l’alternant avec des charges de gouvernement. Ayant conclu la charge de provincial, il se retira près de Padoue, où il s’était déjà rendu trois fois. A peine un an après, il mourut aux portes de la Ville, le 13 juin 1231. Padoue, qui l’avait accueilli avec affection et vénération pendant sa vie, lui rendit pour toujours honneur et dévotion. Le Pape Grégoire IX lui-même, qui, après l’avoir écouté prêcher, l’avait défini « Arche du Testament », le canonisa un an seulement après sa mort, en 1232, notamment à la suite de miracles survenus par son intercession. Au cours de la dernière période de sa vie, Antoine écrivit deux cycles de « Sermons », intitulés respectivement « Sermons du dimanche » et « Sermons sur les saints », destinés aux prêcheurs et aux enseignants des études théologiques de l’Ordre franciscain. Dans ces Sermons, il commente les textes de l’Ecriture présentés par la Liturgie, en utilisant l’interprétation patristique et médiévale des quatre sens, le sens littéral ou historique, le sens allégorique ou christologique, le sens tropologique ou moral, et le sens anagogique, qui conduit vers la vie éternelle. Aujourd’hui, on redécouvre que ces sens sont des dimensions de l’unique sens de l’Ecriture Sainte et qu’il est juste d’interpréter l’Ecriture Sainte en recherchant les quatre dimensions de sa parole. Ces Sermons de saint Antoine sont des textes théologiques et homilétiques, qui rappellent la prédication vivante, dans lesquels Antoine propose un véritable itinéraire de vie chrétienne. La richesse d’enseignements spirituels contenue dans les « Sermons » est telle que le vénérable Pape Pie XII, en 1946, proclama Antoine Docteur de l’Eglise, lui attribuant le titre de « Docteur évangélique », car de ces écrits émanent la fraîcheur et la beauté de l’Evangile; aujourd’hui encore, nous pouvons les lire avec un grand bénéfice spirituel. Dans ces Sermons, saint Antoine parle de la prière comme d’une relation d’amour, qui pousse l’homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l’âme en prière. Antoine nous rappelle que la prière a besoin d’une atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l’âme, en créant le silence dans l’âme elle-même. Selon l’enseignement de cet éminent Docteur franciscain, la prière s’articule autour de quatre attitudes indispensables, qui, dans le latin d’Antoine, sont définies ainsi: obsecratio, oratio, postulatio, gratiarum actio. Nous pourrions les traduire de la façon suivante: ouvrir avec confiance son cœur à Dieu; tel est le premier pas de la prière: pas simplement saisir une parole, mais ouvrir son cœur à la présence de Dieu; puis s’entretenir affectueusement avec Lui, en le voyant présent avec moi; et – chose très naturelle – lui présenter nos besoins; enfin, le louer et lui rendre grâce. Dans cet enseignement de saint Antoine sur la prière, nous saisissons l’un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l’initiateur, c’est-à-dire le rôle assigné à l’amour divin, qui entre dans la sphère affective, de la volonté, du cœur et qui est également la source d’où jaillit une connaissance spirituelle, qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons. Antoine écrit encore: « La charité est l’âme de la foi, elle la rend vivante; sans l’amour, la foi meurt » (Sermones, Dominicales et Festivi, II, Messaggero, Padoue 1979, p. 37). Seule une âme qui prie peut accomplir des progrès dans la vie spirituelle: tel est l’objet privilégié de la prédication de saint Antoine. Il connaît bien les défauts de la nature humaine, notre tendance à tomber dans le péché, c’est pourquoi il exhorte continuellement à combattre la tendance à l’avidité, à l’orgueil, à l’impureté, et à pratiquer au contraire les vertus de la pauvreté et de la générosité, de l’humilité et de l’obéissance, de la chasteté et de la pureté. Aux débuts du XIIIe siècle, dans le cadre de la renaissance des villes et du développement du commerce, le nombre de personnes insensibles aux besoins des pauvres augmentait. Pour cette raison, Antoine invite à plusieurs reprises les fidèles à penser à la véritable richesse, celle du cœur, qui rend bons et miséricordieux, fait accumuler des trésors pour le Ciel. « O riches – telle est son exhortation – prenez pour amis… les pauvres, accueillez-les dans vos maisons: ce seront eux, les pauvres, qui vous accueilleront par la suite dans les tabernacles éternels, où résident la beauté de la paix, la confiance de la sécurité, et le calme opulent de l’éternelle satiété » (ibid., n. 29). N’est-ce pas là, chers amis, un enseignement très important aujourd’hui également, alors que la crise financière et les graves déséquilibres économiques appauvrissent de nombreuses personnes et créent des conditions de pauvreté? Dans mon encyclique Caritas in veritate, je rappelle: « Pour fonctionner correctement, l’économie a besoin de l’éthique; non pas d’une éthique quelconque, mais d’une éthique amie de la personne » (n. 45). Antoine, à l’école de François, place toujours le Christ au centre de la vie et de la pensée, de l’action et de la prédication. Il s’agit d’un autre trait typique de la théologie franciscaine: le christocentrisme. Celle-ci contemple volontiers, et invite à contempler les mystères de l’humanité du Seigneur, l’homme Jésus, de manière particulière le mystère de la Nativité, Dieu qui s’est fait Enfant, qui s’est remis entre nos mains: un mystère qui suscite des sentiments d’amour et de gratitude envers la bonté divine. D’une part la Nativité, un point central de l’amour du Christ pour l’humanité, mais également la vision du Crucifié inspire à Antoine des pensées de reconnaissance envers Dieu et d’estime pour la dignité de la personne humaine, de sorte que tous, croyants et non croyants, peuvent trouver dans le crucifié et dans son image une signification qui enrichit la vie. Saint Antoine écrit: « Le Christ, qui est ta vie, est accroché devant toi, pour que tu regardes dans la croix comme dans un miroir. Là tu pourras voir combien tes blessures furent mortelles, aucune médecine n’aurait pu les guérir, si ce n’est celle du sang du Fils de Dieu. Si tu regardes bien, tu pourras te rendre compte à quel point sont grandes ta dignité humaine et ta valeur… En aucun autre lieu l’homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu’il vaut, qu’en se regardant dans le miroir de la croix » (Sermones Dominicales et Festivi III, pp. 213-214). En méditant ces paroles nous pouvons mieux comprendre l’importance de l’image du Crucifix pour notre culture, pour notre humanisme né de la foi chrétienne. C’est précisément en regardant le Crucifié que nous voyons, comme le dit saint Antoine, à quel point est grande la dignité humaine et la valeur de l’homme. En aucun autre lieu on ne peut comprendre combien vaut l’homme, pourquoi précisément Dieu nous rend aussi importants, nous voit aussi importants, au point d’être, pour Lui, dignes de sa souffrance; ainsi toute la dignité humaine apparaît dans le miroir du Crucifié et le regard vers Lui est toujours une source de reconnaissance de la dignité humaine. Chers amis, puisse Antoine de Padoue, si vénéré par les fidèles, intercéder pour l’Eglise entière, et surtout pour ceux qui se consacrent à la prédication; prions le Seigneur afin qu’il nous aide à apprendre un peu de cet art de saint Antoine. Que les prédicateurs, en tirant leur inspiration de son exemple, aient soin d’unir une solide et saine doctrine, une piété sincère et fervente, une communication incisive. En cette année sacerdotale, prions afin que les prêtres et les diacres exercent avec sollicitude ce ministère d’annonce et d’actualisation de la Parole de Dieu aux fidèles, en particulier à travers les homélies liturgiques. Que celles-ci soient une présentation efficace de l’éternelle beauté du Christ, précisément comme Antoine le recommandait: « Si tu prêches Jésus, il libère les cœurs durs; si tu l’invoques, il adoucit les tentations amères; si tu penses à lui, il illumine ton cœur; si tu le lis, il comble ton esprit » (Sermones Dominicales et Festivi, p. 59).