Archive pour le 26 mai, 2016

Banquet céleste, Catacombe de Pierre-et-Marcellin [ Rome, Italie ]

26 mai, 2016

 Banquet céleste, Catacombe de Pierre-et-Marcellin [ Rome, Italie ] dans images sacrée 04%20CATACOMBES%20ROME%20BANQUET%20CELESTE

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-26,26_The%20last%20supper_La%20Cene/2nd_15th_Siecle/slides/04%20CATACOMBES%20ROME%20BANQUET%20CELESTE.html

 

MESSE EN LA SOLENNITÉ DU CORPUS DOMINI – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

26 mai, 2016

 

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2011/documents/hf_ben-xvi_hom_20110623_corpus-domini.html

MESSE EN LA SOLENNITÉ DU CORPUS DOMINI

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Saint-Jean-de-Latran

Jeudi 23 juin 2011

Chers frères et sœurs!

La fête du Corpus Domini est inséparable du Jeudi Saint, de la Messe in Cena Domini, au cours de laquelle on célèbre solennellement l’institution de l’Eucharistie. Alors que dans la soirée du Jeudi Saint on revit le mystère du Christ qui s’offre à nous dans le pain rompu et dans le vin versé, aujourd’hui, en la fête du Corpus Domini, ce même mystère est proposé à l’adoration et à la méditation du Peuple de Dieu, et le Très Saint Sacrement est porté en procession dans les rues des villes et des villages, pour montrer que le Christ ressuscité marche parmi nous et nous guide vers le Royaume des cieux. Ce que Jésus nous a donné dans l’intimité du Cénacle, nous le manifestons aujourd’hui ouvertement, car l’amour du Christ n’est pas réservé à certains, mais il est destiné à tous. Dans la Messe in Cena Domini du Jeudi Saint, j’ai souligné que dans l’Eucharistie a lieu la transformation des dons de cette terre — le pain et le vin — ayant pour but de transformer notre vie et d’inaugurer ainsi la transformation du monde. Ce soir, je voudrais reprendre cette perspective. Tout part, pourrait-on dire, du cœur du Christ, qui lors de la Dernière Cène, à la veille de sa passion, a remercié et loué Dieu et, en agissant ainsi, avec la puissance de son amour, a transformé le sens de la mort vers laquelle il allait. Le fait que le Sacrement de l’autel ait assumé le nom d’«Eucharistie» — «action de grâce» — exprime précisément cela: que la transformation de la substance du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ est le fruit du don que le Christ a fait de lui-même, le don d’un Amour plus fort que la mort, un Amour divin qui l’a fait ressusciter d’entre les morts. Voilà pourquoi l’Eucharistie est nourriture de vie éternelle, Pain de la vie. Du cœur du Christ, de sa «prière eucharistique» à la veille de sa passion, naît ce dynamisme qui transforme la réalité dans ses dimensions cosmique, humaine et historique. Tout procède de Dieu, de la toute-puissance de son Amour Un et Trine, incarné en Jésus. Le cœur du Christ est plongé dans cet Amour; c’est pourquoi il sait rendre grâce et louer Dieu également face à la trahison et à la violence, et de cette manière il change les choses, les personnes et le monde. Cette transformation est possible grâce à une communion plus forte que la division, la communion de Dieu lui-même. Le mot «communion», que nous utilisons également pour désigner l’Eucharistie, résume en lui la dimension verticale et la dimension horizontale du don du Christ. L’expression «prendre la communion», qui se réfère à l’acte de manger le Pain eucharistique, est belle et très éloquente. En effet, quand nous accomplissons cet acte, nous entrons en communion avec la vie même de Jésus, dans le dynamisme de cette vie qui se donne à nous et pour nous. De Dieu, à travers Jésus, jusqu’à nous: une unique communion se transmet dans la sainte Eucharistie. Nous l’avons entendu il y a peu, dans la deuxième lecture, dans les paroles de l’apôtre Paul adressées aux chrétiens de Corinthe: «La coupe d’action de grâce que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain» (1 Co 10, 16-17). Saint Augustin nous aide à comprendre la dynamique de la communion eucharistique lorsqu’il fait référence à une sorte de vision qu’il eut, dans laquelle Jésus lui dit: «Je suis la nourriture des forts. Grandis et tu m’auras. Tu ne me transformeras pas en toi, comme la nourriture du corps, mais ce sera toi qui sera transformé en moi» (Conf. VII, 10, 18). Alors que la nourriture corporelle est donc assumée par notre organisme et contribue à son entretien, dans le cas de l’Eucharistie il s’agit d’un Pain différent: ce n’est pas nous qui l’assimilons, mais c’est lui qui nous assimile, de sorte que nous devenons conformes à Jésus Christ, membres de son corps, une seule chose avec Lui. Ce passage est décisif. En effet, c’est précisément parce que c’est le Christ qui, dans la communion eucharistique, nous transforme en Lui, que notre caractère individuel, dans cette rencontre, est ouvert, libéré de son égocentrisme et inséré dans la Personne de Jésus, qui à son tour est plongée dans la communion trinitaire. Ainsi l’Eucharistie, alors qu’elle nous unit au Christ, nous ouvre également aux autres, nous rend membres les uns des autres: nous ne sommes plus divisés, mais une seule chose en Lui. La communion eucharistique m’unit à la personne qui est à mes côtés, et avec laquelle je n’ai peut-être même pas un bon rapport, mais également aux frères éloignés, dans toutes les parties du monde. D’ici, de l’Eucharistie, dérive donc le sens profond de la présence sociale de l’Eglise, comme en témoignent les grands saints sociaux, qui ont toujours été de grandes âmes eucharistiques. Qui reconnaît Jésus dans la sainte Hostie, le reconnaît dans son frère qui souffre, qui a faim et soif, qui est étranger, nu, malade, emprisonné; et il est attentif à chaque personne, il s’engage, de manière concrète, pour tous ceux qui sont dans le besoin. Du don d’amour du Christ provient donc notre responsabilité particulière de chrétiens dans la construction d’une société solidaire, juste, fraternelle. A notre époque en particulier, où la mondialisation nous rend toujours plus dépendants les uns des autres, le christianisme peut et doit faire en sorte que cette unité ne se construise pas sans Dieu, c’est-à-dire sans le véritable Amour, ce qui laisserait place à la confusion, à l’individualisme, à la domination de tous contre tous. L’Evangile vise depuis toujours à l’unité de la famille humaine, une unité qui n’est pas imposée de l’extérieur, ni par des intérêts idéologiques ou économiques, mais bien à partir du sens de responsabilité des uns envers les autres, car nous nous reconnaissons membres d’un même corps, du corps du Christ, car nous avons appris et nous apprenons constamment du Sacrement de l’Autel que le partage, l’amour sont la voie de la véritable justice. Revenons à présent à l’acte de Jésus lors de la Dernière Cène. Que s’est-il passé à ce moment? Lorsqu’Il dit: Ceci est mon corps qui est donné pour vous, ceci est mon sang versé pour vous et pour une multitude, que se passe-t-il? Dans ce geste, Jésus anticipe l’événement du Calvaire. Il accepte par amour toute la passion, avec son tourment et sa violence, jusqu’à la mort en croix; en l’acceptant de cette manière, il la transforme en un acte de donation. Telle est la transformation dont le monde a le plus besoin, car elle le rachète de l’intérieur, elle l’ouvre aux dimensions du Royaume des cieux. Mais ce renouvellement du monde, Dieu veut toujours le réaliser à travers la même voie suivie par le Christ, cette voie qui, d’ailleurs, est Lui-même. Il n’y a rien de magique dans le christianisme. Il n’y a pas de raccourcis, mais tout passe à travers la logique humble et patiente du grain de blé qui meurt pour donner la vie, la logique de la foi qui déplace les montagnes avec la force douce de Dieu. C’est pourquoi Dieu veut continuer à renouveler l’humanité, l’histoire et l’univers à travers cette chaîne de transformations dont l’Eucharistie est le sacrement. A travers le pain et le vin consacrés, dans lesquels sont réellement présents son Corps et son Sang, le Christ nous transforme, en nous assimilant à Lui: il nous fait participer à son opération de rédemption, en nous rendant capables, par la grâce de l’Esprit Saint, de vivre selon sa logique même de donation, comme des grains de blés unis à Lui et en Lui. C’est ainsi qu’on les sème et que mûrissent dans les sillons de l’histoire l’unité et la paix, qui sont l’objectif auquel nous tendons, selon le dessein de Dieu. Sans illusions, sans utopies idéologiques, nous marchons sur les routes du monde, en portant en nous le Corps du Seigneur, comme la Vierge Marie dans le mystère de la Visitation. Avec l’humilité de savoir que nous sommes de simples grains de blé, nous conservons la ferme certitude que l’amour de Dieu, incarné dans le Christ, est plus fort que le mal, que la violence et que la mort. Nous savons que Dieu prépare pour tous les hommes des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où règnent la paix et la justice — et dans la foi nous entrevoyons le monde nouveau, qui est notre véritable patrie. Ce soir aussi, alors que le soleil se couche sur notre bien-aimée ville de Rome, nous nous mettons en marche: avec nous il y a Jésus Eucharistie, le Ressuscité, qui a dit: «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28, 20). Merci, Seigneur Jésus! Merci de ta fidélité, qui soutient notre espérance. Reste avec nous, car le soir vient. «Bon Pasteur, Pain véritable, ô Jésus, aies pitié de nous, défends-nous, conduis-nous vers les biens éternels, dans la terre des vivants!» Amen.

HOMÉLIE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST – LE SAINT SACREMENT

26 mai, 2016

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

HOMÉLIE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST – LE SAINT SACREMENT

Gn 14, 18-20 ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17

Pour être bien compris, l’extrait d’un livre ou d’une lettre doit être replacé dans son contexte. C’est le cas pour les dix lignes où Paul rappelle aux Corinthiens les paroles et les gestes de ce que nous appelons l’institution de l’eucharistie. Pourquoi ce rappel de l’événement fondateur ? parce que le comportement concret, égoïste et individualiste des chrétiens de Corinthe était en contradiction flagrante avec la célébration de l’eucharistie appelée la « fraction du pain ». Vingt ans seulement après la mort de Jésus, il y avait déjà une opposition entre la pratique sacramentelle et la pratique concrète de la vie ecclésiale. La fraction du pain est devenue un contre témoignage. « Quand vous vous réunissez en commun, leur écrit-il quelques lignes plus haut, ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez ». (1) Si Paul secoue vertement les chrétiens de Corinthe, ce n’est pas pour des questions de doctrine et de dogme. C’est parce qu’ils ont perdu de vue le sens de leur participation à l’eucharistie. Ils s’imaginent pouvoir être un avec le Christ, faire corps avec lui, sans se soucier d’être un avec leurs frères et sœurs invités au même repas. Or, la communion au Corps et au Sang du Christ n’est pas seulement d’ordre spirituel et sacramentel. Elle est aussi le signe, le désir et la volonté de réaliser cette unité avec lui, en nous et avec les autres, pour faire de la communauté le Corps du Christ. Cette unité suppose aussi la solidarité et le partage. Non pas seulement le partage du pain eucharistique, mais aussi et tout autant le partage du pain quotidien. Un partage fraternel essentiel au sacrement, comme l’annonçait déjà la multiplication des pains. « Quand vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez que le Seigneur est mort », leur rappelle Paul. Autrement dit : vous confessez que le Seigneur est allé jusqu’à la mort pour vous. Comment donc pourriez-vous être ses disciples, alors que, dans le repas très copieux qui précède le repas du Seigneur, vos excès de table et votre refus de partager avec des plus pauvres constituent un geste de mépris vis-à-vis de l’Eglise et un affront à ceux qui n’ont rien ? On ne peut pas dissocier artificiellement le spirituel des exigences concrètes de la vie quotidienne sous peine de désincarnation. C’est ce que nous dit aussi l’évangile de la multiplication des pains, que les communautés chrétiennes primitives ont orienté dans un sens eucharistique. On y voit les apôtres, qui sont au service du spirituel, conseiller à Jésus de renvoyer ses auditeurs. Ils n’ont qu’à se débrouiller pour trouver un abri et de quoi manger. Ce n’est pas notre problème ! Jésus prend le contre-pied : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Bien sûr, ils cherchaient une nourriture spirituelle. C’est pourquoi ils nous ont suivis et écoutés toute la journée sans même se soucier de l’intendance. Ils nous ont fait confiance. Maintenant, c’est à nous de leur procurer de quoi manger. Ainsi, au lieu de se disperser, ils vont se retrouver convives du même repas pour partager le même pain. Un pain de communion qui signifie et invite à une vie fraternelle et solidaire. C’est pourquoi l’eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise se définit comme un « peuple », et plus précisément comme une « communion » qui doit refléter sur terre les relations d’égalité, de réciprocité, de charité, qui existent précisément entre le Père et le Fils dans l’Esprit Saint. Ces vérités fondamentales et constitutives de l’eucharistie sont périodiquement minimisées, délaissées, jusqu’à être oubliées. Au profit de dévotions sans doute respectables mais secondaires et particulières. Il suffit de parcourir l’histoire de la messe pour s’en convaincre. Vers le XIe siècle, par exemple, dans nos pays, les chrétiens ont perdu de vue la relation entre le Corps sacramentel du Christ (le pain consacré) et le Corps ecclésial du Christ, l’Assemblée, l’Eglise. La communion devient un acte purement individuel. Progressivement, ils ont même abandonné la communion. Il est vrai que la discipline pénitentielle et celle du jeûne eucharistique exigeaient de gros efforts. Alors, en compensation, on a cherché une sorte de remplacement de la communion : montrer et voir l’hostie consacrée. Le Saint Sacrement de l’Eucharistie va se réduire au saint sacrement de l’hostie exposée. A tel point que l’adoration va remplacer la participation active à l’eucharistie. Un catéchisme de 1734 va jusqu’à enseigner que la messe n’est qu’une des cinq manières d’honorer Jésus dans son Saint Sacrement. Mais elle ne vient qu’en cinquième position. Le plus important, ce sont les processions, puis les saluts, l’adoration des 40 heures, la communion, et enfin la messe. Nous n’en sommes plus là, heureusement, mais nous devons rester attentifs et prudents. Les textes liturgiques de ce jour nous précisent à nouveau que l’eucharistie c’est faire le Corps du Christ, c’est rassembler pour unir. Et la loi de l’incarnation : on ne peut se soucier des « âmes » sans se préoccuper des corps. « Le pain eucharistique ne rassasie le cœur de l’homme qu’en lui donnant de mieux aimer ses frères et de leur procurer le pain qu’ils n’ont pas » (2). Quant à « faire mémoire » de la mort et de la résurrection du Christ par l’eucharistie, c’est aussi affirmer et incarner notre décision d’entrer à sa suite, avec lui et grâce à lui, « dans la même voie d’obéissance et d’amour dont il nous a donné l’exemple ».

En réalité, « ne passe de l’Evangile que ce qui passe par l’humain ».   (1) 1 Co 11, 17-23 (2) « Guide de l’Assemblée chrétienne », T IV, Th. Maertens, J. Frisque, Casterman 1970, p 395.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T) 1925 – 2008