Archive pour le 12 mai, 2016
ABBÉ SYLVAIN (1826-1914) : UN RAYON DU CIEL SUR LE LIT D’UN MALADE
12 mai, 2016http://www.spiritualite-chretienne.com/livres/sylvain.html
LIVRES ANCIENS – BEAUX TEXTES
Sommaire
Abbé Sylvain (1826-1914) : Un rayon du ciel sur le lit d’un malade
Oui, oui, elle est venue du ciel, envoyée par vous, ô mon Dieu, cette clarté qui tout à coup a illuminé la couche où mes membres alanguis restaient sans mouvement, et m’a entouré de paix, de sérénité, de douce confiance. Ma pensée, à demi-flottante, essayait, à chaque instant, de monter vers Vous, s’arrêtant impuissante pour recommencer encore, comme la colombe blessée qui ne peut, qu’après bien des pauses, remonter à son nid. Il n’y avait pas la nuit autour de moi, mais il n’y avait pas la lumière ; j’entrevoyais, je ne voyais pas ! Oh ! la lumière ! la lumière ! mon âme la demandait ! Mon âme avait besoin de vous aspirer, ô mon Dieu, plus avide de Vous que ma poitrine n’était avide de l’air qui la vivifiait ! Et voilà qu’une nuit, l’ange qui me veillait laissa doucement tomber de ses lèvres ces simples paroles : Regardez le Cœur qui vous envoie la souffrance. Regardez 1′Œil qui vous voit souffrir. Regardez la Main qui vous mesure la douleur. Regardez le Modèle qui se montre souffrant plus que vous. Regardez le Résultat pour vous et pour tous de votre soumission complète. – Oh ! dites, dites encore, ma sœur ! Et elle prit un livre, et elle lut ces simples pages :
I – LE COEUR QUI VOUS ENVOIE LA SOUFFRANCE C’est le cœur de Dieu, le cœur de Jésus ! – Oh ! tout ce qui vient de ce cœur aimant, tout, n’est-il pas bon ? n’est-il pas saint, n’est-il pas enviable ? Si tu n’avais pas besoin de cette croix, non, non, Dieu ne te l’enverrait pas. Elle m’est donc bonne cette faiblesse, cette maladie, cette impuissance d’action. Et si je l’aime, et si je l’accepte, et si je l’embrasse comme un présent de l’amour de mon Dieu, oh ! comme elle me fera du bien ! Je te veux, ô maladie, je te veux, ô souffrance, je te veux, ô mort, toi qui me viens de Jésus, et qui doit m’unir à Jésus.
II – L’ŒIL QUI VOUS VOIT SOUFFRIR C’est l’œil de mon Dieu, l’œil de la souveraine intelligence, témoin perpétuel de mon martyre, la nuit comme le jour. L’œil du médecin expérimenté qui suit les progrès du mal, l’envahissement de la faiblesse, l’augmentation de la douleur, et qui, à l’heure voulue, apportera toujours la résignation et la paix. L’œil de la sagesse infinie qui ne me perd pas de vue et arrêtera la tristesse, la crainte, le trouble qui sont là, tourbillonnant autour de ma couche ! Je ne vois rien, je ne sais rien ; autour de moi, on ne voit rien, on ne sait rien ; mais Il voit tout, Lui, Il sait tout ! Courage, ô ma pauvre âme défaillante ! vois, comme il te plaint, ce regard de Jésus ! vois comme il t’aime !
III – LA MAIN QUI VOUS MESURE LA SOUFFRANCE C’est la main de mon Père.. de mon Père qui m’aime et qui souffre de me voir souffrir, et qui pourtant doit me faire souffrir. Oh ! qu’elle vienne s’appesantir sur mon pauvre corps ! qu’elle vienne opérer sur mes membres qu’un mal intérieur allait gangrener peut-être. Elle agira avec tant de délicatesse et tant de précautions, cette main bénie ! Mains de mon Jésus, clouées sur la croix, mains qui avez senti les douleurs les plus déchirantes, je me livre à vous, les yeux fermés ; taillez dans cette pauvre chair ! je sens, allez, à travers mes douleurs des frémissements de votre amour. Je sens qu’il vous tarde de me dire : Assez ! assez ! mon enfant… c’est fini.
IV – LE MODÈLE QUI SE MONTRE SOUFFRANT PLUS QUE TOI Ce modèle, c’est vous, ô mon Jésus crucifié ! Et c’est Marie votre mère et la mienne, Marie qui me le montre ! Laissez, laissez-moi mon crucifix, là, bien devant moi ! Que je ne puisse pas ouvrir les yeux sans me rencontrer face à face avec lui ; mon regard s’unissant à son regard, ma plainte s’unissant à sa plainte et cherchant à chacune de mes douleurs la place du corps de Jésus dans laquelle il a souffert la douleur que je souffre ! Laissez-moi l’entendre me dire : Moi aussi je l’ai eu ce déchirement cruel ! Courage, enfant ! Encore quelques minutes ; je suis là !
V – LE RÉSULTAT, POUR VOUS ET POUR TOUS, DE VOTRE SOUMISSION COMPLÈTE Ce résultat, c’est pour toi un accroissement d’amour, un accroissement de mérites, un accroissement de gloire ! Oh ! comme unie aux souffrances de Jésus, la souffrance expie, purifie, glorifie ! Doux purgatoire qu’un lit de douleur ! douce croix plantée près de la croix de Jésus d’où viennent tomber sur ton âme ces si émouvantes paroles : Aujourd’hui tu seras avec moi au Paradis ! Ce résultat c’est, pour ces êtres aimés qui te soignent, et qui près de toi pleurent et prie, une source comme intarissable des grâces les plus précieuses. Du lit d’un malade soumis, résigné, uni à Jésus-Christ, rayonnent comme de la croix du Calvaire, le salut, la conversion, la paix ! Mgr Sylvain, extrait de « Paillettes d’Or », Cueillettes de petits conseils pour la sanctification et le bonheur de la vie. Recueil des années 1892-1893-1894, Pages 17, 18, 19. Aubanel père, éditeur, Avignon.
GETHSÉMANI
12 mai, 2016http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2005/arc_050916.htm
GETHSÉMANI
Figure 2 : La grotte de Gethsémani
La tradition chrétienne, à Jérusalem, s’est surtout attachée au tombeau tout neuf que s’était fait tailler Joseph d’Arimathie; c’est là qu’il y déposa le corps de Jésus et, le matin de Pâques, que la Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ prit son envol. Toutefois les tristes événements de l’agonie de Jésus et de la trahison de Judas n’ont pas été effacés, pour autant, de la mémoire des premiers chrétiens. La veille de sa mort, entre la Pâque célébrée à Jérusalem avec ses disciples et son arrestation, Jésus s’était retiré, avec Pierre, Jacques et Jean, dans un lieu sans doute assez désert, appelé Gethsémani, ou « Pressoir à huile »; cette appellation seule pourrait orienter notre attention du côté du mont des Oliviers (Mt 26,36-46; Mc 14,32-42; Lc 22,40-46). Comme Jean parle d’un « jardin » (Jn 18,1), la tradition parle aussi d’un lieu dit Gansémani (« Jardin de l’huile »). Les témoins archéologiques que nous présentons dans la présente chronique, connus depuis assez longtemps déjà, sont bien situés sur les bords de la route romaine qui reliait le mont des Oliviers à Jérusalem; des traces de cette route sont visibles dans le jardin du monastère russe juste un peu plus haut sur la pente. C’est Eusèbe, évêque de Césarée, qui mentionne pour la première fois, vers 330, Gethsémani comme un lieu « contre le mont des Oliviers »; peu de temps après, en 333, le Pèlerin de Bordeaux parle d’un « rocher », dans le ravin (le Cédron), où on se rassemble pour prier, ce que Cyrille, évêque de Jérusalem, confirme en 347. Ces témoignages sont donc sérieux, car ils sont contemporains de ceux que Constantin a honorés au tombeau de Joseph d’Arimathie, en y construisant l’église de la Résurrection (Anastasis), en 325.
Saint Jérôme, en 388, nous assure qu’une église a aussi été construite à Gethsémani; elle doit être l’œuvre de Théodose (379-395), qui imita Constantin en consacrant des souvenirs évangéliques par des monuments. Les fouilles archéologiques appuient fortement cet événement. Sous 1’église actuelle, construite en 1924 (partie hachurée de la fig. 1), se cachent les vestiges de cette église de Théodose; de fait, l’architecte moderne a voulu respecter le plan de cette première église (en noir uni sur la fig. 1). On remarque facilement que le rocher où s’était retiré Jésus, pour prier, occupe presque toute l’abside. Ce plan précis de l’édifice nous montre bien que ce rocher était l’objet de vénération à l’époque : on tailla le banc rocheux pour y fonder les murs du bâtiment, en respectant le cabochon au milieu de l’abside. La basilique est assez modeste : elle mesure 20,15 x 16,35 m. Un atrium (cour ouverte) était aménagé devant elle; et, de chaque côté de cet atrium, on a retrouvé le tracé de deux petits enclos : servaient-ils à protéger de vieux oliviers témoins de la prière de Jésus? Cette église primitive fut assez endommagée par les Perses, en 614, puis totalement détruite par un tremblement de terre en 745; elle fut alors abandonnée. Vers 1170, les Croisés décident de redresser cette église, qui ne présente plus que de tristes ruines. Toutefois, pour des raisons que nous ignorons, ils la construisent selon un axe différent (partie en blanc sur la fig. 1); ils y aménagent trois petites absides, présentant chacun un éperon rocheux, en souvenir de la triple prière de Jésus que les synoptiques mentionnent de façon claire. C’était une église encore plus modeste que celle du IVe siècle. Elle fut détruite par les Arabes, et laissée en ruine depuis le XIIIe siècle; on gardait toutefois le souvenir de l’agonie de Jésus sur ces ruines transformées en un jardin planté d’oliviers. Une étude récente des très vieux oliviers qui poussent toujours dans un jardin adjacent à l’église actuelle montre bien que les racines de ces oliviers courent sur le pavement de l’église médiévale : ils sont donc presque millénaires! À un jet de pierre (Lc 22,41) du rocher inséré dans l’église, il se trouve une grotte naturelle qui fut aussi l’objet de vénération des chrétiens de Jérusalem. Une inondation récente l’a beaucoup endommagée; on profite donc de l’occasion pour l’étudier attentivement (fig. 2). Elle est assez vaste, mesurant, en gros, 13,50 x 8,50 m. On sait maintenant qu’elle fut aménagée en lieu de culte chrétien avant la fin du IVe siècle, mais en étant agrandie (17,50 x 12 m); cet aménagement est donc contemporain de la première église. C’est là que le souvenir du lieu où reposaient les disciples y était attaché; comme ce lieu était connu de Judas, il faut penser que c’est aussi là qu’il y conduisit la troupe qui exécuta l’arrestation de Jésus. Encore faut-il ajouter que certaines particularités du sol de la grotte pourraient être interprétées comme des ouvrages de pressoir à huile, justifiant donc le nom de Gethsémani attaché à ce lieu. Il restera toujours très difficile de prouver, par l’archéologie, que nous sommes en présence du lieu vrai et précis de l’agonie de Jésus et de son arrestation, mais il reste tout aussi vrai que c’est bien là la région où ces événements se déroulèrent, le fait bien établi que les chrétiens, dès le début du IVe siècle, en ont fixé là le souvenir ne devrait pas manquer de susciter pour nous un vif intérêt.
Guy Couturier, CSC Professeur émérite, Université de Montréal