HOMÉLIES SUR LES BÉATITUDES (EXTRAITS) – DE ST GRÉGOIRE DE NYSSE (V. 335-395)

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HOMÉLIES SUR LES BÉATITUDES (EXTRAITS) – DE ST GRÉGOIRE DE NYSSE (V. 335-395)

Celui qui purifie son coeur voit en lui-même l’image de Dieu

« La santé du corps est un bien pour la vie humaine. Or, on est heureux non seulement de connaître la définition de la santé, mais de vivre en bonne santé. Car si un homme fait l’éloge de la santé et prend une nourriture malsaine qui lui gâte le sang, quel profit trouvera-t-il à ces éloges tandis qu’il est tourmenté par la maladie ? Comprenons de la même manière l’affirmation que nous avons discutée. Le Seigneur Jésus ne dit pas qu’on est heureux de savoir quelque chose au sujet de Dieu, mais qu’on est heureux de le posséder en soi-même. En effet, heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu. Il ne pense pas que Dieu se laisse voir face à face par celui qui aura purifié le regard de son âme. Mais peut-être la noblesse de cette parole nous suggère-t-elle ce qu’une autre parole exprime plus clairement : Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. Voici ce qu’elle nous enseigne : celui qui a purifié son coeur de toute créature et de tout attachement déréglé voit l’image de la nature divine dans sa propre beauté.
Il me semble que dans cette brève formule le Verbe fait tenir l’exhortation suivante : « Hommes qui avez quelque désir de contempler le vrai Bien, vous avez entendu dire que la majesté divine est élevée au-dessus des cieux, que sa gloire est incompréhensible, sa beauté inexprimable et sa nature infinie. Mais ne désespérez pas de parvenir à contempler l’objet de votre désir. »

[...]
Si tu purifies par un effort de vie parfaite, les souillures attachées à ton coeur, la beauté divine brillera de nouveau en toi. C’est ce qui arrive avec un morceau de fer, lorsque la meule le débarrasse de sa rouille. Auparavant il était noirci, et maintenant il brille et rayonne au soleil.
De même l’homme intérieur, que le Seigneur appelle « le coeur », lorsqu’il aura enlevé les taches de rouille qui altéraient et détérioraient sa beauté, retrouvera la ressemblance de son modèle, et il sera bon. Car ce qui ressemble à la Bonté est nécessairement bon.
Donc celui qui se voit lui-même découvre en soi l’objet de son désir(1). Et ainsi celui qui a le coeur pur devient heureux parce que en découvrant sa propre pureté, il découvre, à travers cette image, son modèle. Ceux qui voient le soleil dans un miroir, même s’ils ne fixent pas le ciel, voient le soleil dans la lumière du miroir aussi bien que s’ils regardaient directement le disque solaire. De même vous, qui êtes trop faibles pour saisir la lumière, si vous vous retournez vers la grâce de l’image établie en vous dès le commencement, vous possédez en vous-même ce que vous recherchez.
La pureté, en effet, la paix de l’âme, l’éloignement de tout mal, voilà la divinité, Si tu possèdes tout cela, tu possèdes certainement Dieu. Si ton coeur est exempt de tout vice, libre de toute passion, pur de toute souillure, tu es heureux, car ton regard est clair. Purifié, tu contemples ce que les yeux non purifiés ne peuvent pas voir. L’obscurité qui vient de la matière a disparu de tes regards et, dans l’atmosphère très pure de ton coeur, tu distingues clairement la bienheureuse vision. Voici en quoi elle consiste : pureté, sainteté, simplicité, tous les rayons lumineux jaillis de la nature divine, qui nous font voir Dieu. »

(Grégoire de Nysse, Homélie sur les Béatitudes, 6).
(1) De façon très semblable Augustin dit dans Les Confessions :
« Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais. » (Conf. X, , xxvii, 38).
- phrase qui devrait être méditée par les élèves de prépas scientifiques qui en 2008-09 travaillent sur le chapitre X des Confessions en relation avec le thème « les énigmes du moi » ! L’homélie de Grégoire de Nysse peut les y aider.

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