Archive pour le 2 mai, 2016
JEAN-PAUL II – («Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais»)
2 mai, 2016
http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2000/documents/hf_jp-ii_aud_20000726.html
JEAN-PAUL II – («Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais»)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 26 juillet 2000
Chers Frères et Sœurs,
1. «Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais». La puissante invocation d’Isaïe (63, 19), qui résume bien l’attente de Dieu présente tout d’abord dans l’histoire de l’Israël biblique, mais également dans le cœur de chaque homme, n’est pas venue du néant. Dieu le Père a franchi le seuil de sa transcendance: à travers son Fils, Jésus-Christ, il s’est mis sur les routes de l’homme et son Esprit de vie et d’amour a pénétré dans le cœur de ses créatures. Il ne nous laisse pas errer loin de ses chemins et il ne laisse pas notre cœur s’endurcir pour toujours (cf. Is 63, 17). Dans le Christ, Dieu devient proche de nous, en particulier lorsque notre «visage est triste»; alors, à la chaleur de sa parole, comme ce fut le cas pour les disciples d’Emmaüs, notre cœur commence à brûler dans notre poitrine (cf. Lc 24, 17.32). Cependant, le passage de Dieu est mystérieux et demande des yeux purs pour être découvert, et des oreilles disponibles à l’écoute. 2. Dans cette perspective, nous voulons aujourd’hui définir deux attitudes fondamentales qu’il faut mettre en relation avec Dieu-Emmanuel qui a décidé de rencontrer l’homme dans l’espace et dans le temps, ainsi que dans le secret de son cœur. La première attitude est celle de l’attente, bien illustrée dans le passage de l’Evangile de Marc que nous avons écouté (cf. Mc 13, 33-37). Dans l’original grec nous trouvons trois impératifs qui scandent cette attente. Le premier est: «Attention», littéralement: «Regardez, faites attention!». «Attention», comme le dit la parole elle-même, signifie tendre, être tendus vers une réalité de toute son âme. Il s’agit du contraire de la distraction qui, malheureusement, est notre condition presque habituelle, en particulier dans une société frénétique et superficielle comme la société contemporaine. Il est difficile de pouvoir se fixer sur un objectif, sur une valeur, et de les poursuivre avec fidélité et cohérence. Nous risquons de faire la même chose également avec Dieu, qui, en s’incarnant, est venu à nous pour devenir l’étoile polaire de notre existence. 3. A l’impératif de l’attention s’ajoute celui de «veiller», qui dans l’original grec de l’Evangile équivaut à «rester éveillé». Il existe une forte tentation de se laisser glisser dans le sommeil, enveloppés par les spirales de la nuit ténébreuse, qui dans la Bible est symbole de faute, d’inertie, de refus de la lumière. On comprend donc l’exhortation de l’Apôtre Paul: «Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres [...] tous vous êtes des fils de la lumière, des fils du jour. Nous ne sommes pas de la nuit, des ténèbres. Alors ne nous endormons pas, comme les autres, mais restons éveillés et sobres» (1 Th 5, 4-6). Ce n’est qu’en nous libérant de l’attraction obscure des ténèbres et du mal que nous réussirons à rencontrer le Père de la lumière, dans lequel «n’existe aucun changement, ni l’ombre d’une variation» (Jc 1, 17). 4. Il existe un troisième impératif répété deux fois par le même verbe grec: «Restez éveillés». C’est le verbe de la sentinelle qui doit être éveillée, alors qu’elle attend patiemment que le temps nocturne s’écoule pour voir surgir à l’horizon la lumière de l’aube. Le prophète Isaïe décrit de façon intense et vivante cette longue attente en introduisant un dialogue entre les deux sentinelles, qui devient un symbole de la juste utilisation du temps: «“Veilleur, où est la nuit? Veilleur, où en est la nuit?” Le veilleur répond: “Le matin vient puis encore la nuit. Si vous voulez interroger, interrogez! Revenez! Venez!”» (Is 21, 11-12). Il faut s’interroger, se convertir et aller à la rencontre du Seigneur. Les trois appels du Christ: «Etre attentifs, veiller, rester éveillés!» résument de façon claire l’attente chrétienne de la rencontre avec le Seigneur. L’attente doit être patiente, nous avertit saint Jacques dans son Epître: «Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’Avènement du Seigneur. Voyez le laboureur: il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu’aux pluies de la première et de l’arrière-saison. Soyez patients, vous aussi; affermissez vos cœurs, car l’Avènement du Seigneur est proche» (Jc 5, 7-8). Pour qu’un épi grandisse ou qu’une fleur éclose, il y a des délais qu’on ne peut pas accélérer; pour la naissance d’une créature humaine, il faut neuf mois; pour composer un livre ou une musique de valeur, il faut souvent employer des années de recherche patiente. C’est également la loi de l’esprit: «Tout ce qui est frénétique / sera bientôt passé», chantait un poète (R.M. Rilke, Les sonnets à Orphée). Pour rencontrer le mystère il faut la patience, la purification intérieure, le silence, l’attente. 5. Nous parlions auparavant de deux attitudes spirituelles pour découvrir le Dieu qui vient vers nous. La deuxième — après l’attente patiente et en éveil — est celle de l’étonnement, de l’émerveillement. Il est nécessaire d’ouvrir les yeux pour admirer Dieu qui se cache et dans le même temps se montre dans les choses, et nous introduit dans les lieux du mystère. La culture technologique, et encore davantage l’immersion excessive dans les réalités matérielles, nous empêchent souvent de saisir le visage caché des choses. En réalité, chaque chose, chaque événement, pour celui qui sait les lire en profondeur, contient un message qui, en dernière analyse, conduit à Dieu. Les signes révélateurs de la présence de Dieu sont donc multiples. Mais pour ne pas qu’ils nous échappent, nous devons être purs et simples commes des enfants (cf. Mt 18, 3-4), capables d’admirer, de nous étonner, de nous émerveiller, d’être enchantés par les gestes divins d’amour et de proximité à notre égard. Dans un certain sens, on peut appliquer à la vie quotidienne ce que le Concile Vatican II affirme à propos de la réalisation du grand dessein de Dieu à travers la révélation de sa Parole: «Dieu invisible, dans son amour surabondant, s’adresse aux hommes comme à des amis et est en relation avec eux, pour les inviter à la vie en communion avec lui et les recevoir en cette communion» (Dei Verbum, n. 2).
RETENIR CE QUI EST BON
2 mai, 2016http://www.centre-biblique.ch/echanges/1996/1996-3-a.htm
RETENIR CE QUI EST BON
Dieu suscite continuellement de nouveaux serviteurs pour évangéliser le monde, pour enseigner et exhorter les croyants dans l’église. Beaucoup de livres sont écrits par des chrétiens. Des voix discordantes se font aussi entendre, mais comme croyants, que devons-nous retenir de ce que nous lisons et entendons ? Comment séparer l’utile du futile, le vrai du faux dans le domaine spirituel ? Faut-il tout accepter sans exercer de sens critique sous prétexte de la liberté d’expression ? Faut-il se réserver un jugement exclusivement personnel, ou bien tout rejeter en bloc, comme le font certains ? Ces diverses attitudes ont un point commun : l’homme se pose en seul juge. La parole de Dieu enseigne une approche très différente, mais précise, qui évite les écueils et apporte la richesse spirituelle au corps de Christ. L’apôtre Paul résume les diverses étapes de cette démarche en ces termes (1 Thes. 5. 16-22) :
« Réjouissez-vous toujours ». « Priez sans cesse ». « En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard ». « N’éteignez pas l’Esprit » ; « Ne méprisez pas les prophéties », « mais éprouvez toutes choses » ; « retenez ce qui est bon ». « Abstenez-vous de toute forme de mal ». 1. Réjouissez-vous toujours.
Pour être capables de retenir ce qui est bon dans les choses qui concernent la foi, les croyants doivent être dans un bon état spirituel. L’apôtre Paul nous invite à nous réjouir. Plus qu’une exhortation, c’est un véritable commandement, car la joie dépend de l’obéissance. Mais pour être véritablement joyeux, non seulement nous devons obéir au Seigneur, mais encore l’aimer et le croire (1 Pi. 1. 8). La joie chrétienne sans amour et sans foi n’existe pas. La joie est une émotion profonde de l’âme. Elle n’est pas l’apanage de quelques chrétiens spirituellement avancés. Non, elle est une nécessité pour chaque croyant, car elle s’oppose aux murmures et à la propre volonté. De plus, nous avons tous besoin de joie pour accomplir nos tâches, sinon la force nous manque : « La joie de l’Eternel sera votre force » (Néh. 8. 10). Il est évident que nous ne pouvons nous réjouir dans toutes les circonstances de la vie. Les épreuves existent. Mais même au milieu des difficultés, on peut toujours trouver des sujets de joie, si on les cherche dans le Seigneur (Phil. 4. 4) et dans sa Parole (Jér. 15. 16).
2. Priez sans cesse Rien ne produit la joie comme la communion avec Dieu dans la prière. Quelqu’un a dit : « On se réjouit davantage quand on prie plus ». Comme la joie, la prière est une nécessité : elle permet de connaître la volonté de Dieu et nous prévient des tentations (Mat. 26. 41). L’apôtre demande de prier sans cesse. Cela ne veut pas dire que nous devons être sur nos genoux toute la journée. Prier sans cesse signifie que nous devons être continuellement dans un esprit de prière. Pas seulement en temps de nécessité, mais en toute circonstance. Cela est possible, puisque le ciel reste toujours ouvert. 3. En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard La joie conduit à la prière et la prière mène à la reconnaissance, une denrée rare aujourd’hui. Les hommes appellent à la contestation pour revendiquer ce qu’ils estiment leurs droits, en oubliant leurs devoirs envers Dieu. L’apôtre demande de rendre grâce « en toutes choses ». En effet, il est possible de trouver un sujet de reconnaissance en toute circonstance, ne serait-ce que de pouvoir jouir de notre relation avec Dieu, notre Père. Remarquez que la joie, la prière et la reconnaissance sont trois caractères chrétiens inséparables. Ils sont accompagnés d’une autre triade : « toujours », « sans cesse », « en toutes choses », une plénitude vers laquelle nous devons tendre, car, comme le dit l’apôtre, telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à notre égard.
4. N’éteignez pas l’Esprit L’apôtre en vient maintenant à mettre en garde les croyants contre un comportement négatif dans l’assemblée. Paul leur enjoint de ne pas éteindre l’Esprit, c’est-à-dire de ne pas empêcher l’Esprit d’agir. On peut entraver l’action de l’Esprit de mille manières. Comme un souffle éteint une bougie, une critique ou une remarque mal placées, peuvent entraver l’action de l’Esprit. On peut aussi éteindre l’Esprit en confiant à un croyant des responsabilités qui sont au-delà de ses capacités spirituelles. Trop de bois sur un foyer naissant l’éteint, car l’air nécessaire à la combustion ne pénètre pas. On ne peut exiger d’un jeune enfant le même comportement et les mêmes tâches que d’un croyant plus mature. Enfin, la plus grande entrave à l’action de l’Esprit est l’indifférence envers un service accompli pour le Seigneur. Comme croyants, nous devons tous encourager la pleine expression des dons spirituels pour le profit du corps de Christ.
5. Ne méprisez pas les prophéties « Mépriser les prophéties » signifie qu’on les compte pour rien, qu’elles sont négligeables. Aujourd’hui, le ministère des prophètes consiste à appliquer la parole de Dieu aux besoins que l’Esprit de Dieu leur fait discerner dans l’Eglise. Le prophète peut prédire l’avenir (comme par exemple en Act. 11. 27-28), mais il est avant tout et surtout un homme qui « parle aux hommes pour l’édification, et l’exhortation, et la consolation » (1 Cor. 14. 3). L’enseignement de l’apôtre avait fortement marqué les Thessaloniciens auxquels il s’adresse par sa première épître. On peut penser que certains croyants de Thessalonique ne s’attachaient qu’aux paroles de Paul et méprisaient celles des prophètes que Dieu avaient suscité au milieu d’eux. Quand une voix prophétique et authentique se fait entendre dans l’assemblée, prenons garde, surtout quand elle nous dérange. A cela, trois réactions : la critique ou l’indifférence pour faire taire la conscience, ou, au contraire, l’obéissance à Dieu qui parle. La critique, comme l’indifférence, entrave l’action de l’Esprit au travers d’un serviteur. Découragé, il peut en venir à agir avec ses propres forces et sa propre intelligence, ce qui n’est jamais à la gloire de Dieu.
6. Eprouvez toutes choses Le terme « éprouver » signifie discerner, mettre à l’épreuve, scruter, examiner, dans le but d’approuver. Certes, il faut vérifier si tout ce qui est dit ou écrit est exact, mais on ne peut jamais le faire d’une manière objective si on adopte une attitude négative. Dans la recherche scientifique, un fait n’est établi que si différents expérimentateurs reproduisent le même effet et aboutissent aux mêmes conclusions. Il en va de même dans le domaine spirituel, à la différence que seule la foi donne des certitudes (Héb. 11. 1). Il ne suffit pas de se forger une conviction personnelle sur telle ou telle déclaration. Il faut que d’autres croyants fidèles arrivent aux mêmes conclusions sur la base de la parole de Dieu. « Que les prophètes parlent, deux ou trois, et que les autres jugent » (1 Cor. 14. 29). Pour examiner ce qui est dit (ou écrit) par des chrétiens, il est nécessaire de trouver un point de référence. Il n’en existe qu’un : la Bible, seule norme de vérité (Prov. 22. 21). On ne peut donc y faire appel qu’en la comparant avec elle-même (2 Pi. 1.20). Tout vérifier à la lumière des Ecritures est le devoir de chaque croyant. Les Béréens l’avaient bien compris. Ils examinaient chaque jour les Ecritures pour voir si ce que Paul et ses compagnons enseignaient était conforme à ce qui est écrit (Act. 17. 11). Cet examen n’est pas réservé aux docteurs. Il est à la portée de chacun, même des petits enfants dans la foi (1 Jean 2. 18, 20). Aujourd’hui, trop de croyants sont enclins à accepter ce qu’on leur enseigne, sans prendre le temps d’en rechercher la confirmation dans les Ecritures. Prenons garde ! Certains faux docteurs sont subtils et peuvent être très persuasifs (Actes 20. 30). Il n’est alors pas question de scruter les enseignements des faux docteurs ou les paroles des faux prophètes qui détruisent la foi. Il est donc important de tester toutes choses à la lumière de la parole de Dieu, non pour chercher le mal comme une fin en soi, mais pour en dégager le bien. C’est la démarche constructive enseignée dans le Nouveau Testament : « Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde » (1 Jean 4. 1) ; « éprouvant ce qui est agréable au Seigneur » (Eph. 5. 27). L’apôtre Paul utilise d’une manière remarquable cette approche dans sa seconde lettre aux Thessaloniciens pour corriger certains enseignements de faux docteurs concernant du jour du Seigneur et pour redresser le comportement néfaste de paresseux. Paul commence sa lettre en relevant tout le bien qui se trouve chez les croyants de Thessalonique avant d’aborder les problèmes dans les chapitres 2 et 3.
7. Retenez ce qui est bon Quand on parle dans l’assemblée, il n’est pas possible, même aux serviteurs les plus doués par l’Esprit, d’exposer la parole de Dieu dans toute sa beauté, sa grandeur, sa précision. Des expressions maladroites, des pensées qu’on regrette ensuite, peuvent échapper, surtout si l’on parle trop. Comme auditeurs, mais aussi comme lecteurs, notre devoir est de retenir ce qui bon. Cela ne signifie pas que toutes les choses que nous devons laisser de côté sont nécessairement mauvaises ; elles sont souvent futiles ou inutiles. Il est donc important d’examiner avec un esprit constructif ce qui est dit ou écrit, sous peine de tout critiquer et finalement d’être incapables de retenir ce qui est bon. Les oreilles naturelles n’entendent que les mauvaises choses et les yeux naturels ne voient que les défauts.
8. Abstenez-vous de toute forme de mal L’apôtre ne peut pas terminer ce sujet sans faire mention du mal dont nous devons nous abstenir. S’il faut tenir ferme au bien, nous devons avoir le mal en horreur (Rom. 12. 9). Sous toutes ses formes, le mal doit être rejeté. Il peut se présenter sous les aspects les plus grossiers, comme les plus attractifs. Pour être gardés du mal, nous devons éviter tout ce qui en a même l’apparence. Celui qui accepte un compromis dans l’enseignement de fausses doctrines n’est pas loin de tomber dans les mêmes erreurs.
Conclusion Nous avons considéré la voie à suivre pour l’examen de ce qui est dit dans l’assemblée chrétienne. Rien n’est laissé au jugement personnel. Le point de référence est en dehors de l’homme. C’est la parole de Dieu. Et n’oublions jamais qu’un état spirituel caractérisé par la joie, la prière et la reconnaissance, est une condition essentielle pour ne pas errer dans notre appréciation, mais pour aboutir à des certitudes. « Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée, – s’il y a quelque vertu et quelque louange, – que ces choses occupent vos pensées » (Phil 4. 8).
M. Horisberger