Archive pour avril, 2016

DEVENONS DES « FOUS DE DIEU »

5 avril, 2016

http://www.talithakoum.asso.fr/2012/04/16/devenons-des-fous-de-dieu/

DEVENONS DES « FOUS DE DIEU »

Publié le 16 avril 2012 par TK

C’est dans la joie qu’hier soir, nous nous sommes retrouvés autour du nouvel Archevêque de Poitiers afin de célébrer la Vigile pascale. Le cierge pascal fut éclairé à l’extérieur et nous entrâmes dans la cathédrale totalement sombre. Par trois fois, il fut élevé et l’on chanta : « Christ est ressuscité, Alléluia » , montrant ainsi la victoire de la lumière sur les ténèbres, la victoire de la vie sur la mort. C’est donc avec joie que j’ai quitté la cathédrale, l’esprit et le cœur sereins. J’eus alors une fort mauvaise idée d’allumer la télévision sur une de ces chaînes-infos qui, toutes les quinze minutes, nous passent en boucle les mêmes images et les mêmes commentaires. Et là, ma joie, peu à peu, perdit de sa force : 100 morts en Syrie, des réfugiés affluant partout en Turquie, un tueur en série dans l’Essonne et j’en passe… Je m’endormis avec difficulté et mon sommeil fut troublé : dans un premier temps, j’eus l’impression de revivre la Guerre des étoiles, qui fascina mon adolescence. Je me souvins alors du combat de Dark Vador qui représentait les forces sombres par rapport à Luke Skywalker et Obi-Wan Ben Kenobi qui eux, au contraire, se battaient pour la liberté. Mais après cette première partie de nuit « guerre des étoiles », un autre combat se fit jour alors, un combat entre deux folies : la folie de la croix où Dieu se donne par amour pour les hommes et la folie des hommes qui sans cesse devant nous se déploie et dont nous sommes parfois les complices. Folie des hommes qui, dans le domaine de la santé, au nom d’une raison « raisonnante », voient trop souvent, non plus une personne à prendre en charge dans sa totalité, mais des organes à soigner. Folie de la science qui, au nom d’une raison « raisonnante », se prend pour Dieu et veut jouer avec la vie, que ce soit du début du cycle de la vie jusqu’à la fin du cycle de celle-ci. Folie des économistes, qui au nom d’une raison « raisonnante », ont réduit l’homme esclave de l’économie, alors qu’ils auraient du mettre l’économie au service de l’homme. Folie des hommes, qui dans le domaine de l’écologie, couvrent nos aliments de pesticides nocifs pour notre santé, cela aussi au nom d’une raison « raisonnante ». La litanie pourrait être longue car cette « folie raisonnable », cette folie humaine ne cesse de se déployer. Et en face, que voyons-nous ? La folie de Dieu, mort sur la croix, ce que nous avons célébré lors du Vendredi saint. Un Dieu qui aime passionnément l’homme, qui l’aime – je dirais presque – malgré ce qu’il est, et j’aurais tort, car Il l’aime pour ce qu’il est. Tous et toutes dans cette église, nous avons été créés à l’image de Dieu ; tous et toutes sommes appelés à acquérir la ressemblance, à marcher dans la sainteté. Dès lors, ma nuit se fit plus claire, et alors que l’aurore commençait à poindre, la folie de Dieu devint à mes yeux lumineuse et la tristesse, qui m’avait envahie la veille en regardant les informations, disparut peu à peu. Aujourd’hui, devant vous, je fais l’éloge de la folie. Non pas la folie telle que les hommes la conçoivent et qui risque de nous mener à notre propre destruction, mais la folie de Dieu. Dieu, le Dieu tout puissant qui a tout créé qui se fait serviteur, se mettant le Jeudi Saint à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds. Oui, je fais l’éloge de cette folie de Dieu et je vous invite aujourd’hui, en ce jour de Pâques, à devenir des « fous de Dieu », des passionnés de Dieu. Des êtres plein d’audace et d’espérance qui, à contre-courant d’une société dépressive et ténébreuse, vont annoncer la lumière de la Résurrection. Certes, cette lumière est fragile, mais peu importe, un brasier ne commence que par une toute petite flamme, une tornade ne commence que par un tout petit vent, et le soleil qui luit chaque jour ne commence que par le faire timidement au matin. Alors oui, soyons fous, fous de Dieu, car c’est pour nous que Dieu est mort, c’est pour nous qu’Il est ressuscité aujourd’hui et par amour pour Lui, nous sommes appelés, nous aussi, aujourd’hui, dès maintenant, à vivre en ressuscités. Alors oui, soyez fous, laissez tomber cette raison « raisonnante » qui nous rend triste et qui rend notre univers ténébreux. Choisissez la folie de Dieu, la folie de la croix contre ce que les hommes présentent comme une sagesse. Choisissez sans hésiter la Sagesse de Dieu et laissez la lumière qui est en vous croître et grandir. A votre tour vous deviendrez lumière, et autour de vous les gens qui vous verront deviendrons lumière. Dès lors, la nuit cessera son outrage et le jour sera sans cesse levé. Ce jour que nous attendons tous, le retour de Dieu.

HOMELIE DU PERE GOURRIER 8 avril 2012 – Dimanche de Pâques

LA VIE TRINITAIRE DE CHARLES DE FOUCAULD.

5 avril, 2016

http://www.spiritains.org/pub/esprit/archives/art1954.htm

AU COEUR DE LA VIE TRINITAIRE

La vie trinitaire de Charles de Foucauld.

Monique Chavanne

Monique Chavanne du Comité de rédaction illustre comment une spiritualité forte, comme celle de Charles de Foucauld, est toujours marquée d’une dimension trnitaire : avec Jésus, regarder le Père dans l’Esprit.  » Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen ». Telle est la louange clamée par des milliers de chrétiens adorant ainsi les Trois Personnes de la Trinité. Ce mystère fondamental du christianisme, insondable pour l’intelligence humaine et cependant affirmé par l’Eglise, révèle la nature unique de trois Personnes bien distinctes. De leur union indissoluble jaillit un flot ininterrompu d’amour sur l’univers entier. Que les communautés humaines répondent ou non à cet amour, celui-ci s’offre inlassablement, par l’Esprit qui inspire et fortifie, par Jésus dans l’Eucharistie, par le Père qui attend ses fils prodigues. La communion des Personnes éclate dans le message de l’évangile: « Qui m’a vu a vu le Père…Je suis dans le Père et le Père est en moi (Jn 14, 10)…et moi je prierai le Père, Il vous donnera un autre Paraclet… l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas (Jn 14, 16-17). Ce Paraclet exprime l’amour du Père et du Fils qui les unit dans l’identité absolue de Dieu. Jésus, personne qui fut aussi de chair et de sang sans cesser d’être Dieu dans l’unité du Saint-Esprit, est le chemin de l’homme pour entrer dans la communion trinitaire. Cette voie, proposée à tous, choisie par les saints, fut ardemment suivie par Charles de Foucauld. Cet amoureux passionné de Jésus, – ne dira-t-il pas « J’ai perdu mon coeur », à propos du Christ ? – au-delà de l’image de ce coeur bien rouge, cousu sur une pauvre tunique, usera toutes ses forces à imiter son divin modèle. « Ce coeur écrit sur ma robe, il est là pour que je me souvienne de Dieu et des hommes. » Les  » trois vies » de Jésus, vie de Nazareth, vie du désert et vie publique inspireront ce disciple qui aurait voulu ajuster son âme à l’horizon divin. Il s’enfoncera peu à peu dans le mystère trinitaire, jusqu’à la mort infligée, jusqu’à l’échec apparent du témoignage. La vie de Nazareth : avec Jésus, regarder le Père, dans l’Esprit Dès le début de sa nouvelle vie de pécheur repentant, Charles de Foucauld pénètre dans la vie du Nazaréen : « … Regarder Jésus et lui tenir compagnie à son foyer de Nazareth. Avec lui regarder et adorer son Père. Mes actes sont des actes de Jésus dans la mesure où je vis de l’Esprit Saint. Mes actes sont des actes de Jésus dans la mesure où je vis de l’amour divin puisque l’Esprit Saint est l’Esprit d’Amour… » Nazareth! Cet obscur village de Galilée, aux ruelles malpropres, où Jésus vécut et grandit dans l’anonymat…Dès son retour à Dieu, ce jour d’octobre dans le confessionnal de l’abbé Huvelin en l’église St-Augustin, à Paris, Charles brûle du désir de la Terre Sainte. Il y effectue un pèlerinage en 1888-1889. La pauvreté des habitants renforce son ambition de la dernière place. Jésus, Fils de Dieu, a vécu cette vie anonyme et humble. Il veut s’y enfouir. Après sept années passées à la Trappe où il ne réalise pas entièrement ce désir d’extrême pauvreté, il obtient l’autorisation de quitter l’Ordre et frappe à la porte des Clarisses de Nazareth. Il y est engagé comme domestique : « …J’obtins du Général de l’Ordre la permission de me rendre seul à Nazareth et d’y vivre inconnu, en ouvrier, de mon travail quotidien « . Là, bien qu’il juge son existence beaucoup trop douce, il peut, selon sa vocation originale, développer sa contemplation: « … puisque j’ai l’infini bonheur, la grâce incomparable de vivre dans ce Nazareth chéri. Merci! merci! merci! Votre vie était celle du modèle des fils, vivant entre un père et une mère pauvres ouvriers… C’était la moitié de votre vie… C’était la partie visible… La partie invisible, c’était la vie en Dieu, la contemplation de tout instant… Dieu, vous viviez en Dieu  » La simplicité de la vie contemplative découverte et vécue à Nazareth séduit Charles de Foucauld. Il découvre en Jésus l’infini de Dieu. Sa méditation scrute les mystères de la vie du Christ, vrai Dieu et vrai homme dans l’unité du Saint-Esprit: « L’Incarnation, mystère d’amour et mystère d’humilité… Mon Dieu que vous êtes bon! Vous êtes incarné!… Vous avez pris pour sauver vos créatures, entre des millions et des millions de moyens, celui qui vous coûtait le plus…Vous agissez par un amour divin et avec un amour divin, produisant des actes. La Visitation. Que vous êtes bon, mon Dieu!… Vous êtes à peine dans ce monde que vous commencez à le sanctifier. Par l’Incarnation vous avez sanctifié Marie, par la Visitation vous allez sanctifier St Jean et sa famille, à Noël vous sanctifierez les bergers et les mages; à la Présentation vous sanctifierez Siméon et Anne, parmi les docteurs vous sanctifierez ceux d’entre eux qui ne repoussent pas la grâce qui sort de vous… Commençons les actes importants de notre vie par un acte d’humilité. Notre-Seigneur nous en donne l’exemple par son baptême…  » Charles met les paroles qu’il ressent dans la bouche de Jésus: « j’ai été humble en me faisant baptiser par Jean; humble en me disant partout inférieur à mon Père, ce qui était vrai selon mon humanité, moi qui pouvais aussi bien et mieux dire que j’étais son égal comme Personne divine et comme Dieu; humble en proclamant toujours que j’obéissais à mon Père, ce qui était vrai pour mon âme humaine, mais n’était pas vrai pour ma Personne qui était divine, ni pour ma nature divine  » Et Charles de noter les résolutions inspirées par sa réflexion: prière, pénitence, recueillement intérieur: « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Ma vocation est de mener, et s’il se peut, de mener à Nazareth une vie qui soit l’image aussi fidèle que possible de la vie cachée de Notre-Seigneur. Acquérir, par la grâce divine, le détachement complet de ce qui n’est pas Dieu, la pauvreté d’esprit qui ne laisse subsister ni petites pensées, ni petits soucis, ni petites inquiétudes, ni pensées d’intérêt personnel soit matériel soit spirituel, ni petites considérations, rien de terrestre, de petit, de vain: vider entièrement l’âme et n’y laisser subsister que la seule pensée et le seul amour de Dieu… Et il ajoute cette phrase aux accents de Gethsémani:  » Me corriger de la peur que j’ai de la croix…  » A l’abbé Huvelin, le père spirituel qui a guidé son retour à Dieu, il écrit: « Ma vie intérieure est très simple: ce n’est qu’une suite de courtes communions spirituelles très répétées… cela est doux… Devant le Saint-Sacrement je ne puis guère faire longtemps oraison: mon état est étrange: tout me paraît vide, vide, creux, nul, sans mesure, excepté de me tenir aux pieds de Notre-Seigneur, et de le regarder,…et puis lorsque je suis à ses pieds, je suis sec, aride, sans un mot ni une pensée, et souvent, hélas, je finis par m’endormir « . Charles est domestique mais les religieuses lui font « la vie trop douce ». Il rêve de fonder une petite communauté, les « Ermites du Sacré-Coeur » pour laquelle il rédige une première règle dont l’austérité effraie l’abbé Huvelin:  » Votre règle est absolument impraticable ». Car cet amoureux veut brûler les étapes pour s’unir au Bien-Aimé. Bientôt il comprend dans sa prière que la vie « à » Nazareth peut se transformer, selon sa vocation particulière, et devenir la vie  » de  » Nazareth:  » Ta vie de Nazareth peut se mener partout, mène-la au lieu le plus utile pour le prochain. » Il veut, comme Jésus enfant au Temple, être aux affaires du Père qui chérit les brebis délaissées. Les Clarisses de Jérusalem, au service desquelles Frère Charles est maintenant entré, lui suggèrent alors de solliciter une ordination sacerdotale. L’abbé Huvelin encourage Charles en ce sens. Celui-ci s’y refusait par humilité. Mais l’obéissance le rassure dans cette voie royale. En outre, Charles comprend que, prêtre, il pourra amener Jésus au milieu des peuples qui ne le connaissent pas. Quelle merveilleuse mission!  » Je pourrai infiniment plus pour le prochain, par la seule offrande au Saint Sacrifice… par la seule présence du Saint-Sacrement « . Par les paroles mêmes de la messe:  » Que l’esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire…Père très saint, nous proclamons que tu es grand et que tu as créé toutes choses avec sagesse et par amour… tu nous as envoyé ton propre Fils… lui qui est mort et ressuscité pour nous, il a envoyé d’auprès de toi…l’Esprit qui poursuit son œuvre « .  » Jamais un homme n’imite plus parfaitement Notre-Seigneur que quand il offre le Saint Sacrifice ou administre les sacrements: une recherche de l’humilité qui écarterait du sacerdoce ne serait donc pas bonne car elle écarterait de l’imitation de Notre-Seigneur qui est  » la seule voie  » … rien ne glorifiant tant Dieu ici-bas que la présence et l’offrande de la Sainte Eucharistie, par le seul fait que je célébrerai la Sainte Messe … je rendrai à Dieu la plus grande gloire et ferai aux hommes le plus grand bien « . Charles est donc convaincu. Il quitte les Clarisses chez qui il était, selon ses propres termes, « comme un coq en pâte ». Il arrive, en l’été 1900, à la Trappe de Notre-Dame des Neiges où il avait été reçu dix ans plus tôt. Il y effectue la préparation au sacerdoce, est ordonné prêtre en 1901. Il entre dans le mystère d’amour qui est le secret de son âme : « Et voici que je Le tiens en mes misérables mains! Lui, se mettre entre mes mains !… » Il obtient la permission de s’établir à Béni-Abbès en 1901. Cette oasis au bord de la Saoura, dans l’Erg occidental, près de la frontière marocaine, est peuplée de gens très pauvres, souvent dépouillés par les nomades. Des soldats français y vivent en garnison, loin de tout secours religieux. Ce sont bien les brebis délaissées auxquelles Charles veut amener son Dieu. Après une accueil chaleureux, on lui construit une chapelle de briques sèches et troncs de palmiers. Il y célèbre une première messe le 1er décembre 1901, quinze ans, jour pour jour, avant sa mort : « Je suis bien ému de faire descendre Jésus en ces lieux où, probablement, il n’a jamais été corporellement. …Mes retraites du diaconat et du sacerdoce m’ont montré que cette vie de Nazareth … il fallait la mener … parmi les âmes les plus malades, les brebis les plus délaissées … là où c’est le plus parfait d’après les paroles de Jésus … le plus conforme à l’inspiration de l’Esprit Saint ». Un ermitage est construit pour fonder une Fraternité. Charles rêve d’une vie érémitique… avec des Frères autour de lui, vivant de la même vie. Etroitement uni à Dieu, il va connaître le désert, dans son coeur et sous ses pas.

La vie du désert : il ne prêche pas, il aime Voilà Charles vivant matériellement au désert. Ce désir n’est pas une volonté personnelle de confort spirituel, seul avec son Dieu. Il choisit la vie d’ermite pour y mener librement la vie d’ascèse à laquelle il se sent appelé. Un ermite d’un genre particulier, entouré de pauvres gens, d’esclaves, de malades et d’estropiés. Il va mener une vie apparemment libre mais soumise à une ascèse des plus rudes. Depuis Paris, l’abbé Huvelin, respectueux de l’Esprit, s’efforce de diriger son extraordinaire disciple sans entraver son exceptionnelle vocation. En effet, Charles entre en oraison des heures entières, veille une grande partie de la nuit, mange quelquefois, dort sur le sol, travaille des heures durant… et souhaite que d’autres viennent partager son existence. Il sera cruellement déçu de ne recevoir, de son vivant, aucun compagnon de vie. Cet ermite d’un genre particulier accueille jour et nuit ceux qui ont besoin d’aide, de médicaments, de tissus, d’aiguilles à coudre, toutes choses qu’il fait venir de France. Il ne prêche pas. Il aime. D’abord méfiants, les Touaregs reconnaîtront bientôt dans le  » marabout chrétien « , le Frère universel, brûlant d’amour, qui a entendu Jésus :  » Allez donc, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt. 28, 19-20). Il cherche pour le compte du Berger les brebis perdues ou isolées. Il se consacre au service du plus pauvre. Il rachète en effet plusieurs esclaves, dont un petit garçon qu’il élève et soigne comme son fils. « Il n’y a pas, je crois, de parole de l’Evangile qui ait fait sur moi une plus profonde impression et transformé davantage ma vie que celle-ci: Tout ce que vous faites à un de ces petits, c’est à Moi que vous le faites. Si on songe que ces paroles sont celles de la bouche qui a dit: ceci est mon corps, ceci est mon sang, avec quelle force on est porté à chercher et à aimer Jésus dans ces petits, ces pécheurs, ces pauvres. » Il est scandalisé de ce que la France, qui a rejeté officiellement l’esclavage, le tolère encore trop souvent par le truchement de ses officiers. Si Charles a pu pénétrer au désert grâce à la présence de l’armée française, il y a longtemps qu’il a démissionné. Il n’est pas colonisateur mais serviteur. Travailleur infatigable, il vit dans une contemplation ininterrompue :  » Réservons à la solitude, à la prière secrète, au tête-à-tête avec Dieu, les heures de la nuit, mais elles seules: tout le reste du jour, passons-le entouré de nos frères, à l’exemple de Notre-Seigneur pour l’inviter, pour obéir à son conseil, pour jouir de l’infini bonheur de sa présence invisible mais absolument certaine au milieu de nous ». Après des tournées dans le Hoggar depuis Béni-Abbès, Charles décide de s’établir définitivement à Tamanrasset en l’été 1905. Dans ce désert de pierre près du village de vingt habitations, dans une petite maison de deux mètres de haut, partie en brique pour l’église et partie hutte de paille pour dormir, manger, cuisiner et …recevoir des hôtes, il sert infatigablement son Epoux. Il vit près de l’Hostie consacrée. Il se laisse, avec quelle ardeur, configurer au Coeur de Jésus: « Cette intimité qui est l’adoration, la contemplation, l’admiration muette qui est la plus éloquente des louanges … qui renferme la plus passionnée des déclarations d’amour… action de grâces de la gloire de Dieu, de ce que Dieu est Dieu … que Dieu soit glorifié par toutes ses créatures ». Cette vie n’est pas une vie béate dans l’abandon à Dieu. Comme Jésus conduit au désert par l’Esprit et tenté par le démon, ( Mt 4, 1) Charles vit aussi des épreuves qui rappellent ces tentations. Le manque de sommeil, les marches harassantes, les longues séances de traductions, les visites aux malades, la faim, provoquent une lassitude extrême. Il manque du nécessaire, d’aliments frais, en particulier, au point de contracter un scorbut très grave. Il s’accuse de gourmandise, lui que la privation de nourriture conduit à de fréquents évanouissements. « Quand on mange peu on a besoin de peu pour vivre; ayant besoin de moins d’argent, de moins de travail, on peut donner plus de temps à la prière, à la lecture de la parole de Dieu; et en outre il reste plus d’argent pour donner aux pauvres ». Charles connaît aussi le découragement devant la tâche énorme qu’il s’est imposée:  » Je n’ai pas fait une conversion sérieuse depuis sept ans que je suis là ». Il voudrait, un peu naïvement, baptiser comme Pierre et ses compagnons au jour de Pentecôte. Mais il n’envisage pas un seul instant d’abandonner cette vie consacrée à Jésus, Fils de Dieu, ainsi qu’aux pauvres qui sont à son image. Il se donnera jusqu’au bout. Si le grain de blé ne meurt, il ne produit pas de récolte.

La Vie publique :  » Père, j’accepte tout  » Ces quinze années passées au désert constitueront sa vie missionnaire, mais également sa vie publique. Charles, que nul disciple ne s’apprête à suivre, que nulle réussite missionnaire ne cautionne, à l’image du Christ, dans une crucifiante solitude d’âme, avait, depuis longtemps, envisagé une mort violente. Il savait, comme Jésus, que la fidélité à sa mission comportait de terribles risques. Il meurt seul, assassiné, le 1er décembre 1916. Jean-Baptiste disait, parlant de Jésus:  » il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu « . Charles, purifié par ces années d’identification, est amené, dans l’effusion de l’Esprit et du sang, à partager cette gloire trinitaire qu’il rendait à Dieu depuis de longues années. Jésus apportait la Paix de Dieu, celle qui engendre le glaive pour décapiter le péché. Le péché fut bien décapité, mais à quel prix! Charles, par sa compréhension active du sort des habitants du Sahara, « dérangeait » les partisans de la discorde. Dans l’un et l’autre cas il fut facile de corrompre le coeur de ceux qui auraient pu l’aimer. Après sa mort solitaire dix-huit familles spirituelles actives dans le monde entier, personnes consacrées ou laïcs engagés dans sa spiritualité, témoigneront de l’extraordinaire fécondité de l’échec vécu en Dieu Trinité.

Prière de Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, J’accepte tout, pourvu que ta volonté se fasse en moi et en toutes tes créatures. Je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre tes mains. Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains sans mesure, avec une infinie confiance, car tu es mon Père ».

Murillo, Annunciazione del Signore

4 avril, 2016

Murillo, Annunciazione del Signore dans images sacrée bartolom-esteban-murillo-annunciazione

 

http://www.finestresullarte.info/operadelgiorno/2014/313-bartolom-esteban-murillo-annunciazione.php#cookie-ok

JEAN DE VALAAM « BÉATITUDES, LETTRES D’UN MOINE AUX ENFANTS DE CE MONDE »

4 avril, 2016

http://oodegr.co/francais/psyxotherapeftika/lettres_d_un_moine.htm

SUR LA VIE SPIRITUELLE

JEAN DE VALAAM « BÉATITUDES, LETTRES D’UN MOINE AUX ENFANTS DE CE MONDE »

Editions du « Sel de la Terre »

Lettre 7 du 14 août 1945 Christ est parmi nous ! J’ai bien reçu ta bonne lettre et je l’ai lue avec amour. Il est bon que tu aspires à la vie spirituelle, mais efforce-toi de ne pas éteindre l’Esprit. S’il vous est plus difficile, à vous qui êtes dans le monde, de développer une vie spirituelle, le Seigneur aide ceux qui font des efforts. Saint Jean Climaque s’étonne de notre étrange condition : « Comment se fait-il qu’ayant le Dieu tout puissant, les anges et les saints comme auxiliaires pour pratiquer les vertus, et le seul Malin pour nous inciter au péché, nous soyons néanmoins plus facilement portés aux passions et aux vices qu’aux vertus?  » La question est restée ouverte. Le saint n’a pas voulu nous l’expliquer. On peut cependant supposer deux choses. D’une part, notre nature corrompue par la désobéissance et le monde, avec ses séductions multiples et étourdissantes, font le jeu du diable. D’autre part, le Seigneur ne viole pas notre liberté souveraine. Nous devons tendre aux vertus jusqu’à la limite de nos forces ; toutefois, il ne dépend pas de nous de persévérer dans les vertus, mais du Seigneur- C’est en fonction de notre humilité, et non de notre ascèse, que le Seigneur nous garde dans la vertu. Saint jean Climaque dit : « Là où une chute est survenue, c’est que l’orgueil a précédé. » Cependant, à nous qui sommes faibles, le Seigneur, dans sa miséricorde, a donné le repentir, car notre nature est profondément encline au péché. Les saints Pères ont, par leur propre expérience, étudié à fond les subtilités de notre nature ; ils nous consolent en nous exposant en détail, dans leurs écrits, les moyens de lutter contre le péché. Maintenant que tu as le combat invisible , consulte-le plus souvent. Quant à ta règle de prière, à toi de juger; simplement, que la prière ne soit pas dite en l’air, juste pour accomplir une règle. Efforce-toi de prier avec attention ! N’est-il pas préférable d’écourter la règle plutôt que de l’accomplir avec agitation et d’en être esclave ? Ce n’est pas ma pensée, mais celle de saint Isaac le Syrien. C’est aussi mentionné dans le Combat invisible, mais je ne me rappelle plus dans quel chapitre. Ton indigne compagnon de prière.

Lettre 10 du 10 juillet 1946 Christ est parmi nous ! Je te souhaite de mener une vie spirituelle et d’essayer, par amour de Dieu et pour le salut de ton âme, d’exprimer tout ce que tu as sur la conscience. « Prenez garde de ne pas tomber », dit l’Apôtre (1 Co 10,12). Sans la grâce de Dieu, toutes nos précautions s’émiettent car, comme je te l’ai déjà dit, il n’est pas en notre pouvoir de persévérer dans les vertus. Nous devons tendre aux vertus et nous faire violence, en cela consiste notre liberté. Tu as maintenant des notions sur la vie intérieure ainsi qu’une certaine expérience. Selon les forces et le temps dont tu disposes, contrains-toi à prier plus souvent intérieurement. Exerce-toi aussi au souvenir de la mort et prie Dieu de t’accorder cette grâce. Vois notre vie passagère : inconstante, changeante et très éphémère ; elle pousse à la distraction ceux qui ne sont pas attentifs. Pour acquérir la paix intérieure, il n’est qu’un moyen: la prière continuelle. L’ennui et la tristesse passeront ; prends patience et ne te décourage pas ! Que le Seigneur t’aide et te garde ! Il n’est pas bon de croire les paroles de ceux qui sont étrangers à notre façon de penser. Les gens sont ce qu’ils sont : ils font parfois d’un rien une montagne et ne voient que les faiblesses. Ils ne peuvent pas connaître les larmes secrètes versées en cellule ni pénétrer la vie intérieure d’un moine solitaire. Les degrés d’avancement spirituel sont variés, et seul le spirituel peut comprendre le spirituel. Rien n’est plus profitable que de considérer tous les autres comme bons et soi-même comme pire que tous. Ainsi que je te l’ai déjà dit personnellement, ne fais attention qu’à toi-même, et tu te verras alors pire que tous. Je me souviens toujours de vous dans mes indignes prières. Que la miséricorde de Dieu soit avec vous, selon votre foi !

Lettre 13 du 6 décembre 1946 J’aimerais bien répondre de vive voix à tes questions, car on ne peut pas tout dire par écrit. Il doit bien en être ainsi : si nous faisons attention à nous mêmes, les autres nous paraissent bons ; l’œil sain, en effet, regarde tous les hommes avec droiture, tandis que l’œil torve regarde tous les hommes de travers. Tu as donc maintenant le livre de saint Cassien ; lis-le de temps à autre ; bien qu’il soit écrit pour les moines, il s’adresse aussi aux Iaïcs. Des extraits bien choisis de ce livre figurent dans le tome Il de la Philocalie. Puisque tu aimes les « Vies des saints », lis-les ! Nous les lisons ici chaque jour au réfectoire et j’ai remarqué que certains en ont les larmes aux yeux. Tu as donc constaté toi-même que les visites et les conversations te laissent dans la tristesse ; aussi, dans la mesure du possible, évite-les sans hésiter. Même si cela fait quelques mécontents, cela n’a pas d’importance. Ne t’en préoccupe pas ! Tu as peur de l’obscurité ? Moi aussi. Cela nous montre combien nous sommes faibles et avons peu de foi dans la Providence divine. Lorsque je suis revenu à pied de chez les moniales, il m’a fallu traverser la forêt sur une distance de cinq kilomètres; à un endroit, une telle frayeur m’a saisi que j’en ai eu la chair de poule et que mes oreilles se sont mises à bouger: j’avais l’impression que quelqu’un me suivait. Je me suis retourné, j’ai fait le signe de croix et j’ai poursuivi mon chemin. L’Ecriture sainte dit : « La peur n’est rien d’autre qu’absence de réflexion » (Sg 17,12). Quant à ton trouble, les saints Pères ont dit : « Ce qui s’effectue avec trouble vient toujours des démons. » Prosterne-toi devant la croix et l’icône de la Mère de Dieu, cela suffit. Sois en paix ! Lis dans saint Barsanuphe la question 430 ainsi que la réponse et fais de même avec la question 433 ; tu pourras alors clarifier toi-même un peu les choses. Ne te trouble pas lorsque tu ne peux accomplir toute ta règle de prière et ne sois pas esclave d’une règle ! Garde la prière du publicain – « O Dieu, sois miséricordieux envers moi, pécheur ! » – et garde le souvenir de Dieu. Cela remplace toutes les règles. Lis ce qui est écrit à la page 136 du livre de saint Isaac, ainsi que le chapitre 20 de la deuxième partie du Combat invisible. Si des larmes apparaissent, arrête-toi jusqu’à ce qu’elles tarissent. Les larmes sont toujours utiles, mais ne t’en inquiète pas. Sache aussi que prier sans attention n’amènera jamais les larmes. Quand tu te couches, que la pensée de Dieu, tes souvenirs de l’Ecriture, surtout de l’Evangile, occupent ton esprit. Laisse les larmes venir librement. En confession, il ne faut pas essayer d’avoir des larmes; dis ce que tu as sur la conscience et rien de plus. Il est évident que X. traverse une période difficile ; aussi, il faut prier pour elle et ne pas t’irriter contre elle. Tu fais bien de ne pas lui accorder trop attention et de ne pas intervenir. Que le Seigneur vous accorde la sagesse et la réconciliation.

 

HOMÉLIE DE JEAN PAUL II – SOLENNITÉ DE L’ANNONCIATION (2000)

4 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/homilies/2000/documents/hf_jp-ii_hom_20000325_nazareth.html  

HOMÉLIE DE JEAN PAUL II  – SOLENNITÉ DE L’ANNONCIATION

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE DANS LA BASILIQUE DE L’ANNONCIATION À NAZARETH EN LA SOLENNITÉ DE L’ANNONCIATION

Samedi, 25 mars 2000

« Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole » (Angelus).

Monsieur le Patriarche, Vénérés frères dans l’épiscopat, Révérend Père Custode, Très chers frères et soeurs,

1. 25 mars 2000, solennité de l’Annonciation en l’année du grand Jubilé:  aujourd’hui les yeux de toute l’Eglise sont tournés vers Nazareth. J’ai désiré revenir dans la ville de Jésus, pour ressentir encore une fois, en contact avec ce lieu, la présence de la femme au sujet de laquelle saint Augustin a écrit:  « Il choisit la mère qu’il avait créée; il créa la mère qu’il avait choisie » (cf. Sermo 69, 3, 4). Il est particulièrement facile de comprendre ici pourquoi toutes les générations appellent Marie bienheureuse (cf. Lc 1, 48). Je salue cordialement Sa Béatitude le Patriarche Michel Sabbah, et je le remercie de ses aimables paroles d’introduction.  Avec  l’Archevêque  Boutros Mouallem et vous tous, évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, je me réjouis de la grâce de cette solennelle célébration. Je suis heureux d’avoir l’opportunité de saluer le Ministre général franciscain, le Père Giacomo Bini, qui m’a accueilli à mon arrivée, et d’exprimer au Custode, le Père Giovanni Battistelli, ainsi qu’aux Frères de la Custodie, l’admiration de toute l’Eglise pour la dévotion avec laquelle vous accomplissez votre vocation unique. Avec gratitude, je rends hommage à la fidélité à la tâche qui vous a été confiée par saint François et qui a été confirmée par les Pontifes au cours des siècles. 2. Nous sommes réunis pour célébrer le grand mystère qui s’est accompli ici il y a deux mille ans. L’évangéliste Luc situe clairement l’événement dans  le  temps  et  dans l’espace:  « Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David; et le nom de la vierge était Marie » (Lc 1, 26-27). Cependant, pour comprendre ce qui se passa à Nazareth il y a deux mille ans, nous devons revenir à la lecture tirée de la Lettre aux Hébreux. Ce texte nous permet d’écouter une conversation entre le Père et le Fils sur le dessein de Dieu de toute éternité. « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit:  Voici, je viens [...] pour faire, ô Dieu, ta volonté » (He 10, 5-7). La Lettre aux Hébreux nous dit que, obéissant à la volonté du Père, le Verbe éternel vient parmi nous pour offrir le sacrifice qui dépasse tous les sacrifices offerts lors de la précédente Alliance. Son sacrifice est le sacrifice éternel et parfait qui rachète le monde. Le dessein divin est révélé graduellement dans l’Ancien Testament, en particulier dans les paroles du prophète Isaïe, que nous venons d’entendre:  « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe:  Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (7, 14). Emmanuel:  Dieu avec nous. A travers ces paroles, l’événement unique qui devait s’acccomplir à Nazareth dans la plénitude des temps est préannoncé, et c’est cet événement que nous célébrons aujourd’hui avec joie et un bonheur intense. 3. Notre pèlerinage jubilaire a été un voyage dans l’esprit, commencé sur les traces d’Abraham « notre Père dans la foi » (Canon Romain; cf. Rm 11, 12). Ce voyage nous a conduits aujourd’hui à Nazareth, où nous rencontrons Marie la  plus  authentique   des   filles d’Abraham. C’est Marie, plus que quiconque, qui peut nous enseigner ce que signifie vivre la foi de « Notre Père ». Marie est de nombreuses façons, vraiment différente d’Abraham; mais, d’une manière plus profonde, « l’ami de Dieu » (cf. Is 41, 8) et la jeune femme de Nazareth sont très semblables. Tous deux, Abraham et Marie, reçoivent une promesse merveilleuse de Dieu. Abraham devait devenir le père d’un fils, duquel devait naître une grande nation. Marie devait devenir la Mère d’un Fils qui aurait été le Messie, l’Oint du Seigneur. Gabriel dit:  « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils [...] Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père [...] et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 31-33). Tant pour Abraham que pour Marie la promesse arrive de façon totalement inattendue.  Dieu  change  le  cours quotidien de leur vie, bouleversant les rythmes établis et les attentes normales. La promesse apparaît impossible tant à Abraham qu’à Marie. La femme d’Abraham, Sara, était stérile et Marie n’est pas encore mariée:  « Comment sera-t-il, – demande-t-elle à l’ange – puisque je ne connais pas d’homme? » (Lc 1, 34). 4. Comme à Abraham, il est également demandé à Marie de répondre « oui » à quelque chose qui n’est jamais arrivé auparavant. Sara est la première des femmes stériles de la Bible à concevoir grâce à la puissance de Dieu, précisément comme Elisabeth sera la dernière. Gabriel parle d’Elisabeth pour rassurer Marie:  « Et voici qu’Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse » (Lc 1, 36). Comme Abraham, Marie aussi doit avancer dans l’obscurité, en ayant confiance en Celui qui l’a appelée. Toutefois, sa question « comment sera-t-il? » suggère que Marie est prête à répondre « oui » malgré les peurs et les incertitudes. Marie ne demande pas si la promesse est réalisable, mais seulement comment elle se réalisera. Il n’est donc pas suprenant qu’à la fin elle prononce son fiat:  « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). A travers ces paroles, Marie se révèle une vraie fille d’Abraham et devient la Mère du Christ et la Mère de tous les croyants. 5. Pour pénétrer encore plus profondément ce mystère, revenons au moment du voyage d’Abraham lorsqu’il reçut la promesse. Ce fut lorsqu’il accueillit dans sa maison trois hôtes mystérieux (cf. Gn 18, 1-5) en leur offrant l’adoration due à Dieu:  tres vidit et unum adoravit. Cette rencontre mystérieuse préfigure l’Annonciation, lorsque Marie est puissamment entraînée dans la communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint. A travers le fiat prononcé par Marie à Nazareth, l’Incarnation est devenue le merveilleux accomplissement de la rencontre d’Abraham avec Dieu. En suivant les traces d’Abraham, nous  sommes  donc  parvenus  à  Nazareth, pour chanter les louanges de la femme « qui apporte la lumière dans le monde » (Hymne Ave Regina Caelorum). 6. Nous sommes cependant venus ici également pour la supplier. Que demandons-nous, nous pèlerins en voyage dans le troisième millénaire chrétien, à la Mère de Dieu? Ici, dans la ville que le  Pape  Paul VI,  lorsqu’il  visita   Nazareth, définit « L’école de l’Evangile. Ici on apprend à observer, à écouter, à méditer, à pénétrer le sens, si profond et mystérieux, de cette très simple, très humble, très belle apparition » (Allocution à Nazareth, 5 janvier 1964), je prie tout d’abord pour un grand renouveau de la foi de tous les fils de l’Eglise. Un profond renouveau de foi:  non seulement une attitude générale de vie, mais une profession consciente et courageuse du Credo:  « Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine, et homo factus est » A Nazareth, où Jésus « croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2, 52), je demande à la Sainte Famille d’inspirer tous les chrétiens à défendre la famille, à défendre la famille contre les nombreuses menaces qui pèsent actuellement sur sa nature, sa stabilité et sa mission. Je confie à la Sainte Famille les efforts des chrétiens et de toutes les personnes de bonne volonté pour défendre la vie et promouvoir le respect pour la dignité de chaque être humain. A Marie, la Theotókos, la grande Mère de Dieu, je consacre les familles de Terre Sainte, les familles du monde. A Nazareth, où Jésus a commencé son ministère public, je demande à Marie d’aider l’Eglise à prêcher partout la « Bonne nouvelle » aux pauvres, précisément comme Il l’a fait (cf. Lc 4, 18). En cette « année de grâce du Seigneur », je Lui demande de nous enseigner la voie de l’humble et joyeuse obéissance à l’Evangile dans le service à nos frères et à nos soeurs, sans préférences et sans préjudices.

« O Mère du Verbe Incarné, ne rejette pas ma prière, mais écoute-moi de façon

Caravaggio – The Incredulity of Saint Thomas.

1 avril, 2016

Caravaggio - The Incredulity of Saint Thomas. dans images sacrée Caravaggio_-_The_Incredulity_of_Saint_Thomas

https://en.wikipedia.org/wiki/File:Caravaggio_-_The_Incredulity_of_Saint_Thomas.jpg

BENOÎT XVI – THOMAS APÔTRE

1 avril, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060927.html

BENOÎT XVI – THOMAS APÔTRE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 septembre 2006

Chers frères et soeurs,

Poursuivant nos rencontres avec les douze Apôtres choisis directement par Jésus, nous consacrons aujourd’hui notre attention à Thomas. Toujours présent dans les quatre listes établies par le Nouveau Testament, il est placé dans les trois premiers Evangiles, à côté de Matthieu (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15), alors que dans les Actes, il se trouve près de Philippe (cf. Ac 1, 13). Son nom dérive d’une racine juive, ta’am, qui signifie « apparié, jumeau ». En effet, l’Evangile de Jean l’appelle plusieurs fois par le surnom de « Didyme » (cf. Jn 11, 16; 20, 24; 21, 2), qui, en grec, signifie précisément « jumeau ». La raison de cette dénomination n’est pas claire. Le Quatrième Evangile, en particulier, nous offre plusieurs informations qui décrivent certains traits significatifs de sa personnalité. La première concerne l’exhortation qu’il fit aux autres Apôtres lorsque Jésus, à un moment critique de sa vie, décida de se rendre à Béthanie pour ressusciter Lazare, s’approchant ainsi dangereusement de Jérusalem (cf. Mc 10, 32). A cette occasion, Thomas dit à ses condisciples:  « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui! » (Jn 11, 16). Sa détermination à suivre le Maître est véritablement exemplaire et nous offre un précieux enseignement:  elle révèle la totale disponibilité à suivre Jésus, jusqu’à identifier son propre destin avec le sien et à vouloir partager avec Lui l’épreuve suprême de la mort. En effet, le plus important est de ne jamais se détacher de Jésus. D’ailleurs, lorsque les Evangiles utilisent le verbe « suivre » c’est pour signifier que là où Il se dirige, son disciple doit également se rendre. De cette manière, la vie chrétienne est définie comme une vie avec Jésus Christ, une vie à passer avec Lui. Saint Paul écrit quelque chose de semblable, lorsqu’il rassure les chrétiens de Corinthe de la façon suivante:  « Vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort » (2 Co 7, 3). Ce qui a lieu entre l’Apôtre et ses chrétiens doit, bien sûr, valoir tout d’abord pour la relation entre les chrétiens et Jésus lui-même:  mourir ensemble, vivre ensemble, être dans son coeur comme Il est dans le nôtre. Une deuxième intervention de Thomas apparaît lors de la Dernière Cène. A cette occasion, Jésus, prédisant son départ imminent, annonce qu’il va préparer une place à ses disciples pour qu’ils aillent eux aussi là où il se trouve; et il leur précise:  « Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin » (Jn 14, 4). C’est alors que Thomas intervient en disant:  « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le chemin? » (Jn 14, 5). En réalité, avec cette phrase, il révèle un niveau de compréhension plutôt bas; mais ses paroles fournissent à Jésus l’occasion de prononcer la célèbre définition:  « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). C’est donc tout d’abord à Thomas que cette révélation est faite, mais elle vaut pour nous tous et pour tous les temps. Chaque fois que nous entendons ou que nous lisons ces mots, nous pouvons nous placer en pensée aux côtés de Thomas et imaginer que le Seigneur nous parle à nous aussi, comme Il lui parla. Dans le même temps, sa question nous confère à nous aussi le droit, pour ainsi dire, de demander des explications à Jésus. Souvent, nous ne le comprenons pas. Ayons le courage de dire:  je ne te comprends pas, Seigneur, écoute-moi, aide-moi à comprendre. De cette façon, avec cette franchise qui est la véritable façon de prier, de parler avec Jésus, nous exprimons la petitesse de notre capacité à comprendre et, dans le même temps, nous nous plaçons dans l’attitude confiante de celui qui attend la lumière et la force de celui qui est en mesure de les donner. Très célèbre et même proverbiale est ensuite la scène de Thomas incrédule, qui eut lieu huit jours après Pâques. Dans un premier temps, il n’avait pas cru à l’apparition de Jésus en son absence et il avait dit:  « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté; non, je ne croirai pas! » (Jn 20, 25). Au fond, ces paroles laissent apparaître la conviction que Jésus est désormais reconnaissable non pas tant par son visage que par ses plaies. Thomas considère que les signes caractéristiques de l’identité de Jésus sont à présent surtout les plaies, dans lesquelles se révèle jusqu’à quel point Il nous a aimés. En cela, l’Apôtre ne se trompe pas. Comme nous le savons, huit jours après, Jésus réapparaît parmi ses disciples, et cette fois, Thomas est présent. Jésus l’interpelle:  « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté:  cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jn 20, 27). Thomas réagit avec la plus splendide profession de foi de tout le Nouveau Testament:  « Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jn 20, 28). A ce propos, saint Augustin commente:  Thomas « voyait et touchait l’homme, mais il confessait sa foi en Dieu, qu’il ne voyait ni ne touchait. Mais ce qu’il voyait et touchait le poussait à croire en ce que, jusqu’alors, il avait douté » (In Iohann. 121, 5). L’évangéliste poursuit par une dernière parole de Jésus à Thomas:  « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jn 20, 29). Cette phrase peut également être mise au présent:  « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Quoi qu’il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour nous tous. Il est intéressant d’observer qu’un autre Thomas, le grand théologien médiéval d’Aquin, rapproche de cette formule de béatitude celle apparemment opposée qui est rapportée par Luc:  « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez » (Lc 10, 23). Mais saint Thomas d’Aquin commente:  « Celui qui croit sans voir mérite bien davantage  que  ceux  qui  croient en voyant » (In Johann. XX lectio VI  2566). En effet, la Lettre aux Hébreux, rappelant toute la série des anciens Patriarches bibliques, qui crurent en Dieu sans voir l’accomplissement de ses promesses, définit la foi comme « le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (11, 1). Le cas de l’Apôtre Thomas est important pour nous au moins pour trois raisons:  la première, parce qu’il nous réconforte dans nos incertitudes; la deuxième, parce qu’il nous démontre que chaque doute peut déboucher sur une issue lumineuse au-delà de toute incertitude; et, enfin, parce que les paroles qu’il adresse à Jésus nous rappellent le sens véritable de la foi mûre et nous encouragent à poursuivre, malgré les difficultés, sur notre chemin d’adhésion à sa personne. Une dernière annotation sur Thomas est conservée dans le Quatrième Evangile, qui le présente comme le témoin du Ressuscité lors du moment qui suit la pêche miraculeuse sur le Lac de Tibériade (cf. Jn 21, 2). En cette occasion, il est même mentionné immédiatement après Simon-Pierre:  signe évident de la grande importance dont il jouissait au sein des premières communautés chrétiennes. En effet, c’est sous son nom que furent ensuite écrits les Actes et l’Evangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l’étude des origines chrétiennes. Rappelons enfin que, selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d’abord la Syrie et la Perse (c’est ce que réfère déjà Origène, rapporté par Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. 3, 1), se rendit ensuite jusqu’en Inde occidentale (cf. Actes de Thomas 1-2 et 17sqq), d’où il atteignit également l’Inde méridionale. Nous terminons notre réflexion dans cette perspective missionnaire, en formant le voeu que l’exemple de Thomas corrobore toujours davantage notre foi en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu.

HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES

1 avril, 2016

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HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES

03/04/2016

Les lectures du jour http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2016-04-03&language=FR

Jésus Christ, visage de la miséricorde du Père

« Dimanche de la Miséricorde… » Parlons-en ! Nous vivons dans une société qui est sans pitié pour ceux qui, à un moment donné, ont fait preuve de faiblesse. Malgré les efforts qu’ils font pour s’en sortir, on continue à les enfoncer. On leur rappelle leur passé, on le leur laisse aucune chance. Ils continuent à être considérés comme irrécupérables. Chacun de nous peut penser à toutes les paroles et aux écrits qui peuvent causer bien plus de dégâts que des coups. C’est toute une vie qui finit par être brisée. Or voilà que l’Evangile de ce 2ème dimanche de Pâques nous parle de miséricorde. Rappelons-nous : Jésus venait d’être trahi par ses plus proches amis. Tous sauf Jean l’ont abandonné. Ils l’ont laissé seul face à la violence et à la mort. Ils avaient trop peur d’être arrêtés et condamnés en même temps que lui. C’est aussi pour cette raison qu’après la mort de leur Maître, ils se sont cachés et enfermés en un lieu secret. Pour eux, c’était une question de vie ou de mort. C’est alors que Jésus les rejoint là où ils en sont. Et ses premières paroles sont un message de paix. Il aurait pu leur rappeler leur abandon, leur manque de foi, leur infidélité. Pierre avait même renié Jésus. Trois fois de suite, il avait dit qu’il ne connaissait pas cet homme. Mais Jésus ressuscité n’a pas cherché le punir ni à lui faire des reproches. Il n’a pas exigé des excuses. Bien au contraire, sa grande préoccupation a été de pacifier leur cœur. Il porte sur eux un regard miséricordieux. Tout l’Evangile nous le montre relevant celui qui est tombé. Il veut le libérer de ce mal dans lequel il s’est enfoncé. Lui-même a dit, un jour, qu’il était venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Dans un deuxième temps, Jésus montre ses plaies à ses disciples, celles de ses mains, de ses pieds et de son côté. Il ne les montre pas comme un reproche mais comme une preuve d’amour. Jésus a été « blessé d’amour ». C’est en contemplant ses blessures que nous comprenons à quel point Dieu nous aime. « Là où le péché a abondé, l’amour a surabondé » (Saint Paul aux Romains). Nous n’aurons jamais fini de rendre grâce pour cet amour inépuisable qui est en Dieu. Voilà un message de la plus haute importance pour nous aujourd’hui. Nous reprochons à l’autre les blessures qu’il nous a faites. Parfois, cette rancune dure des mois et des années. On se dit que rien ne pourra effacer ce mal dont nous avons été victimes. Mais Jésus ressuscité nous apprend un amour bien plus fort que toutes les traces infligées. Avec lui, ces traces deviennent le signe d’un amour qui se laisse toucher. Elles nous montrent à quel point Jésus nous a aimés : « Le Seigneur nous a aimés comme on n’a jamais aimé… Son amour était si fort qu’il en mourut sur une croix. » En continuant la lecture de cet Evangile, nous découvrons que Jésus fait une chose encore plus incroyable : il envoie ses disciples en mission. Il aurait pu dire : « Non, je ne peux pas compter sur eux… ils ne sont pas fiables. » Or voilà que, malgré leur trahison, il leur redit toute sa confiance. Il leur donne son Esprit Saint. Et surtout, il les institue comme ministres de son pardon. Il aurait pu commencer par régler ses comptes. Il aurait pu également vérifier s’ils avaient bien compris la leçon. Rien de tout cela, bien au contraire : il s’adresse à des pécheurs pour leur confier ses richesses. Il les envoie pour donner son pardon. La miséricorde ne connaît pas la méfiance ni la prudence. Elle espère contre toute espérance. C’est grâce à cette rencontre avec Jésus que les apôtres ont pu annoncer la bonne nouvelle. Les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. La première lecture nous montre le témoignage d’une communauté de chrétiens qui a bénéficié de cette miséricorde de Jésus. Le livre de l’Apocalypse (2ème lecture) nous dit que cela n’a pas été facile. Les premiers chrétiens ont été persécutés à cause de leur foi. C’est aussi ce qui se passe tous les jours dans de nombreux pays. Mais le Seigneur est toujours là : il nous rejoint dans nos épreuves et nos doutes. Le mal, la haine et la violence qui accablent de nombreux chrétien n’aura pas le dernier mot. Et si nous venons à tomber, le Seigneur est toujours là pour nous relever et nous remettre en route. Nous avons tous besoin de réapprendre à vivre de cet amour miséricordieux qui est en Jésus. Et surtout, nous sommes envoyés pour en être les témoins et les messagers dans ce monde qui en a bien besoin. Beaucoup ne connaissent pas la miséricorde. Les coupables sont enfoncés dans la honte et l’échec. Nous, chrétiens, nous sommes invités à nous ajuster à Jésus qui veut à tout prix sauver tous les hommes, même ceux qui ont commis le pire. Comme il l’a fait pour les disciples, il nous envoie. Mais le principal travail, c’est lui qui le fait. Il est à l’œuvre ; nous, nous ne sommes que les manœuvres. Pour conclure, voici une parole du pape François : « Dieu ne se lasse jamais de pardonner… le problème, c’est que nous, nous nous lassons, nous ne voulons pas, nous nous lassons de demander pardon. Dieu ne se lasse jamais de pardonner… Le nom de Dieu est Miséricorde ». « O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. » Qu’il soit avec nous pour annoncer au monde qu’un pardon est toujours possible.

Sources : Revues signes, Feu Nouveau, Homélie de Mgr Brouvet, Pape François, journaux locaux

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 03/04/2016)

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