Archive pour avril, 2016

HOMÉLIE DU QUATRIÈME DIMANCHE DE PÂQUES – 17/04/2016

15 avril, 2016

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE DU QUATRIÈME DIMANCHE DE PÂQUES – 17/04/2016

Les lectures du jour http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2016-04-17&language=FR

« Jésus, Berger de toute humanité… »

Cet évangile nous rejoint dans ce que nous vivons. On entend souvent dire que les gens d’aujourd’hui manquent de repères. C’est vrai pour les jeunes mais aussi pour les moins jeunes, pour les croyants et pour ceux qui ne le sont pas. Beaucoup sont désorientés par tous ces changements dans notre société, dans notre monde et même dans l’Eglise. Alors on s’interroge : où est la vérité ? A qui pouvons-nous donner notre confiance ? Certains disent qu’ils n’ont pas besoin de maître. C’est une erreur qui aboutit à une impasse. Nous avons tous besoin de guides. Personne n’est juge pour lui-même. L’Évangile de ce dimanche nous invite à nous tourner vers « Jésus Berger de toute humanité ». Les paroles que nous venons d’écouter sont une réponse à des questions pleines d’incrédulité des juifs. Il nous dit que ses brebis écoutent sa voix. Il annonce son rôle de sauveur. La réponse qu’il attend de nous c’est que nous soyons à son écoute. Il nous met en garde contre les faux pasteurs, les bergers à gages. Ces derniers ne pensent qu’à leurs intérêts personnels, leur argent. Ils ne se soucient pas du bien du troupeau. Jésus nous dit qu’il « connaît » ses brebis et que celles-ci le connaissent. Il nous connaît avec ce qu’il y a de meilleur en nous et ce qu’il y a de pire. Il connaît nos progrès et nos faiblesses et même ce que nous cherchons à cacher. Mais nous le savons bien : connaître quelqu’un ce n’est pas seulement avoir des renseignements sur lui ; c’est surtout être en communion avec lui. Jésus nous connaît tous en prenant notre humanité : il s’est fait homme pour nous libérer. C’est pourquoi Dieu lui a donné le bâton de berger et l’a fait guide de son troupeau. Et si notre monde a perdu ses repères, c’est précisément parce qu’il ne connaît pas le Christ. Nous-mêmes, nous sommes conscients de nos lourdeurs, nos limites et nos faiblesses. Mais cet Evangile nous annonce une bonne nouvelle. Il nous dit que même les brebis les plus médiocres sont en bonnes mains. En Jésus, elles ont rencontré le gardien fidèle qui guidera et les protégera. Le Père les lui a données et personne ne pourra les arracher de sa main. En tant que berger, le Christ n’utilise pas de bâton ni de chien de garde ni aucune autre contrainte. C’est sa voix qu’il fait entendre dans l’intimité de notre cœur. C’est son regard plein d’amour qui touche chacun de nous au plus profond de lui-même. Si nous décidons de le suivre, c’est pour répondre à un amour qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Il est venu pour tous car il ne veut pas que seul se perde. Cela signifie qu’il ne pense pas seulement aux croyants fidèles. La première lecture nous montre une communauté qui risquait de se renfermer sur elle-même. Avec Paul et Barnabé, l’Évangile sera annoncé aux païens. Ils ont compris que le Christ est la « Lumière des nations » et le « Sauveur de tous les peuples ». Cette mission connaîtra un succès extraordinaire. Beaucoup de disciples de Jésus subiront la persécution ; mais ils témoigneront de leur foi jusqu’au martyre. Aujourd’hui, encore plus qu’aux premiers siècles, des chrétiens sont assassinés à cause de leur foi en Jésus. Mais rien ne peut ébranler leur espérance. Personne ne peut les arracher de la main du Berger. La seconde lecture est extraite du livre de l’Apocalypse : elle nous montre précisément la victoire obtenue par les martyrs. Son but est de nous rappeler que même dans les pires catastrophes, le mal n’aura pas le dernier mot. Jésus nous est présenté comme l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Et ce qui est merveilleux ce qu’il veut nous associer tous à sa victoire. Saint Jean nous parle d’une foule de toutes races et de toutes nations. Après les persécutions, les souffrances, la faim et les pleurs, ils connaissent la joie d’être avec Dieu. En ce dimanche, nous nous unissons à la prière de l’Eglise universelle. La bonne nouvelle de l’Évangile est pour toutes les nations. Elle doit être annoncée à temps et à contretemps. Cette journée des vocations nous rappelle que le Christ veut nous associer tous à sa mission de « Berger de toute humanité ». Nous pensons aux prêtres, religieux et religieuses, aux catéchistes, aux animateurs des divers groupes mais aussi à tous les baptisés. Nous ne sommes pas chrétiens pour nous-mêmes, pour « sauver notre âme » mais pour travailler avec le Christ qui veut sauver le monde. Personne ne doit rester sur la touche. Le Seigneur attend de nous que nous donnions le meilleur de nous-mêmes la nous sommes. En célébrant cette eucharistie, nous nous tournons vers celui qui a échangé sa vie contre notre salut. Nous lui rendons grâce pour cette espérance et cette joie qui est en nous. Qu’il nous donne d’un être les porteurs et les messagers tout au long de notre vie.

Jour 6 Les animaux avec l’homme et la femme

13 avril, 2016

Jour 6 Les animaux avec l'homme et la femme dans images sacrée 06%20JOR%20MOSAIQUE%20DE%20PAVEMENT%20ANIMAUX%20PLANTES
http://www.artbible.net/1T/Gen0126_Animals_Manwoman/pages/06%20JOR%20MOSAIQUE%20DE%20PAVEMENT%20ANIMAUX%20PLANTES.htm

COMMENT METTRE LA SCIENCE ET LA FOI EN HARMONIE ?

13 avril, 2016

http://saintsymphorien.net/Comment-mettre-la-science-et-la

COMMENT METTRE LA SCIENCE ET LA FOI EN HARMONIE ?

RÉPONSE DE BENOÎT XVI, LE 6 AVRIL 2006

Les mathématiques, langage de Dieu ?

Le grand Galilée a dit que Dieu a écrit le livre de la nature sous forme de langage mathématique. Il était convaincu que Dieu nous a donné deux livres : celui des Saintes Ecritures et celui de la nature. Et le langage de la nature — telle était sa conviction — c’est celui des mathématiques, qui sont donc un langage de Dieu, du Créateur. Réfléchissons à présent sur ce que sont les mathématiques : en soi, il s’agit d’un système abstrait, d’une invention de l’esprit humain, qui en tant que tel, dans sa pureté, n’existe pas. Il est toujours réalisé de manière approximative, mais — en tant que tel — c’est un système intellectuel, une grande invention géniale de l’esprit humain. La chose surprenante est que cette invention de notre esprit humain est vraiment la clef pour comprendre la nature, que la nature est réellement structurée de façon mathématique et que nos mathématiques, inventées par notre esprit, sont réellement l’instrument pour pouvoir travailler avec la nature, pour la mettre à notre service, pour l’instrumentaliser à travers la technique. * * Comment une invention de l’esprit humain peut-il à ce point coïncider avec la structure de l’univers ? Cela me semble une chose presque incroyable qu’une invention de l’esprit humain et la structure de l’univers coïncident : les mathématiques, que nous avons inventées, nous donnent réellement accès à la nature de l’univers et nous le rendent utilisable. La structure intellectuelle du sujet humain et la structure objective de la réalité coïncident donc : la raison subjective et la raison objective dans la nature sont identiques. Je pense que cette coïncidence entre ce que nous avons pensé et la façon dont se réalise et se comporte la nature est une énigme et un grand défi, car nous voyons que, à la fin, c’est « une » raison qui les relie toutes les deux : notre raison ne pourrait pas découvrir cette autre, s’il n’existait pas une raison identique à la source de toutes les deux. Dans ce sens, il me semble précisément que les mathématiques — dans lesquelles, en tant que telles, Dieu ne peut apparaître —, nous montrent la structure intelligente de l’univers Certes, les théories du chaos existent également, mais elles sont limitées car si le chaos prenait le dessus, toute la technique deviendrait impossible. Ce n’est que parce que notre mathématique est fiable que la technique est fiable. Notre science, qui permet finalement de travailler avec les énergies de la nature, suppose une structure fiable, intelligente, de la matière. Et ainsi, nous voyons qu’il y a une rationalité subjective et une rationalité objective de la matière, qui coïncident. Naturellement, personne ne peut prouver — comme on le prouve par l’expérience, dans les lois techniques — que les deux soient réellement le fruit d’une unique intelligence, mais il me semble que cette unité de l’intelligence, derrière les deux intelligences, apparaît réellement dans notre monde. Et plus nous pouvons instrumentaliser le monde avec notre intelligence, plus apparaît le dessein de la Création.

* * La grande option du christianisme : l’option pour la rationalité et pour la priorité de la raison À la fin, pour arriver à la question définitive, je dirais : Dieu existe, ou il n’existe pas. Il n’existe que deux options. – Ou l’on reconnaît la priorité de la raison, de la Raison créatrice qui est à l’origine de tout et le principe de tout — la priorité de la raison est également la priorité de la liberté — – ou l’on soutient la priorité de l’irrationnel, selon laquelle tout ce qui fonctionne sur notre terre ou dans notre vie ne serait qu’occasionnel, marginal, un produit irrationnel — la raison serait un produit de l’irrationalité. On ne peut pas en ultime analyse « prouver » l’un ou l’autre projet, mais la grande option du christianisme est l’option pour la rationalité et pour la priorité de la raison. Cela me semble une excellente option, qui nous montre que derrière tout se trouve une grande intelligence, à laquelle nous pouvons nous fier.

* * L’option chrétienne : la Raison créatrice est amour. = La plus humaine et la plus rationnelle des options Mais le véritable problème contre la foi aujourd’hui me semble être le mal dans le monde : on se demande comment il peut être compatible avec cette rationalité du Créateur. Et ici, nous avons véritablement besoin du Dieu qui s’est fait chair et qui nous montre qu’Il n’est pas une raison mathématique, mais que cette raison originelle est également Amour. Si nous regardons les grandes options, l’option chrétienne est également aujourd’hui la plus rationnelle et la plus humaine. C’est pourquoi nous pouvons élaborer avec confiance une philosophie, une vision du monde qui soit fondée sur cette priorité de la raison, sur cette confiance que la Raison créatrice est amour, et que cet amour est Dieu.

PAPE FRANÇOIS – 13. L’EVANGILE DE LA MISÉRICORDE

13 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/audiences/2016/documents/papa-francesco_20160406_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 13. L’EVANGILE DE LA MISÉRICORDE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 6 avril 2016

Chers frères et sœurs bonjour !

Après avoir réfléchi à la miséricorde de Dieu dans l’Ancien Testament, nous commençons aujourd’hui à méditer sur la façon dont Jésus lui- même l’a menée à son plein accomplissement. Une miséricorde qu’Il a toujours exprimée, mise en pratique et communiquée, à chaque moment de sa vie terrestre. En rencontrant les foules, en annonçant l’Évangile, en guérissant les malades, en s’approchant des derniers, en pardonnant les pécheurs, Jésus rend visible un amour ouvert à tous : personne n’est exclu ! Il est ouvert à tous sans limites. Un amour pur, gratuit, absolu. Un amour qui atteint son sommet dans le Sacrifice de la croix. Oui, l’Évangile est vraiment l’« Évangile de la miséricorde », car Jésus est la Miséricorde ! Les quatre Évangiles attestent du fait que Jésus, avant d’entreprendre son ministère, voulut recevoir le baptême de Jean-Baptiste (Mt 3, 13-17 ; Mc 1, 9-11; Lc 3, 21-22 ; Jn 1, 29-34). Cet événement donne une orientation décisive à toute la mission du Christ. En effet, Il ne s’est pas présenté au monde dans la splendeur du temple: il pouvait le faire. Il ne s’est pas fait annoncer en fanfare: il pouvait le faire. Et il n’est pas non plus venu dans les habits d’un juge : il pouvait le faire. Au contraire, après trente ans de vie cachée à Nazareth, Jésus s’est rendu au fleuve du Jourdain, avec de nombreuses personnes de son peuple et s’est mis dans la queue avec les pécheurs. Il n’a pas eu honte : il était là avec tout le monde, avec les pécheurs, pour se faire baptiser. Ainsi, depuis le début de son ministère, Il s’est manifesté comme le Messie qui prend en charge la condition humaine, mû par la solidarité et la compassion. Comme il l’affirme lui-même dans la synagogue de Nazareth en se présentant par la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Tout ce que Jésus a accompli après le baptême a été la réalisation du programme initial : apporter à tous l’amour de Dieu qui sauve. Jésus n’a pas apporté la haine, il n’a pas apporté l’inimitié: il nous a apporté l’amour ! Un grand amour, un cœur ouvert pour tous, pour nous tous ! Un amour qui sauve ! Il s’est fait le prochain des derniers, en leur communiquant la miséricorde de Dieu qui est pardon, joie et vie nouvelle. Jésus, le Fils envoyé par le Père, est réellement le début du temps de la miséricorde pour toute l’humanité ! Ceux qui étaient présents sur la rive du Jourdain ne comprirent pas tout de suite la portée du geste de Jésus. Jean-Baptiste lui-même s’étonna de sa décision (cf. Mt 3, 14). Mais le Père céleste, non ! Il fit entendre sa voix d’en haut : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Mc 1, 11). De cette façon, le Père confirme la voie que le Fils a entreprise en tant que Messie, tandis que descend sur lui comme une colombe l’Esprit Saint. Aussi, le cœur de Jésus bat, pour ainsi dire, à l’unisson avec le cœur du Père et de l’Esprit, montrant à tous les hommes que le salut est le fruit de la miséricorde de Dieu. Nous pouvons contempler encore plus clairement le grand mystère de cet amour en tournant notre regard vers Jésus crucifié. Alors qu’il s’apprête à mourir innocent pour nous pécheurs, Il supplie le Père : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). C’est sur la croix que Jésus présente à la miséricorde du Père le péché du monde : le péché de tous, mes péchés, tes péchés, vos péchés. Et là, sur la croix, Il les présente au Père. Et avec le péché du monde, tous nos péchés sont effacés. Rien ni personne ne demeure exclu de cette prière sacrificielle de Jésus. Cela signifie que nous ne devons pas avoir peur de nous reconnaître et de nous confesser pécheurs. Combien de fois nous disons : « Mais celui-ci est un pécheur, il a fait ceci et cela… », et nous jugeons les autres. Et toi ? Chacun de nous devrait se demander : « Oui, celui-là est un pécheur. Et moi ? ». Nous sommes tous pécheurs, mais nous sommes tous pardonnés : nous avons tous la possibilité de recevoir ce pardon qui est la miséricorde de Dieu. Nous ne devons pas craindre, donc, de nous reconnaître pécheurs, de nous confesser pécheurs, car chaque péché a été porté par le Fils sur la Croix. Et quand nous le confessons, repentis, en nous confiant à Lui, nous sommes certains d’être pardonnés. Le sacrement de la réconciliation rend actuel pour chacun la force du pardon qui jaillit de la Croix et renouvelle dans notre vie la grâce de la miséricorde que Jésus a acquise pour nous ! Nous ne devons pas craindre nos pauvretés: chacun de nous a les siennes. La puissance d’amour du Crucifié ne connaît pas d’obstacles et ne s’épuise jamais. Et cette miséricorde efface nos pauvretés. Très chers frères et sœurs, en cette année jubilaire, demandons à Dieu la grâce de faire l’expérience de la puissance de l’Évangile : Évangile de la miséricorde qui transforme, qui fait entrer dans le cœur de Dieu, qui nous rend capables de pardonner et de regarder le monde avec plus de bonté. Si nous accueillons l’Évangile du Crucifié ressuscité, toute notre vie sera façonnée par la force de son amour qui renouvelle.

Book of Hours, MS G.4 fol. 113r – Images from Medieval and Renaissance Manuscripts – The Morgan Library & Museum

12 avril, 2016

Book of Hours, MS G.4 fol. 113r - Images from Medieval and Renaissance Manuscripts - The Morgan Library & Museum dans images sacrée 4c4f28216b0ccc1144609289aef92ed9

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JÉSUS RESSUCITÉ NOUS MONTRE LA DIVINE MISÉRICORDE – SAINT JEAN 20,19-31

12 avril, 2016

https://viechretienne.catholique.org/meditation/18699-jesus-ressucite-nous-montre-la-divine

JÉSUS RESSUCITÉ NOUS MONTRE LA DIVINE MISÉRICORDE – SAINT JEAN 20,19-31

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

Prière d’introduction Seigneur Jésus, tu viens à moi aujourd’hui comme tu t’es rendu présent à tes apôtres le soir de ta résurrection. Tu es devant moi, mais invisible à mes yeux de chair. Je te perçois par la foi. Cette foi est un don que tu me fais, un don issu de ta compassion. Ta nouvelle vie me donne l’espérance, une sécurité définitive que rien ne peut emporter. Je t’aime. Jamais plus ni la mort ni la crainte ne nous sépareront.

Demande Seigneur, montre-moi ta pitié en me donnant à croire plus fermement.

Points de réflexion

1. La paix ! La première Fête de la Divine Miséricorde pour toute l’Eglise a été instituée par Jean-Paul II le 30 avril 2000 à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine. Elle est depuis célébrée tous les ans, conformément aux demandes du Seigneur : « Je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. » (Petit Journal, § 699). Dans cet évangile, la peur règne parmi les apôtres. Ils « avaient verrouillé les portes…car ils avaient peur ». Puis, le Seigneur leur apparaît et tout est différent. Sa présence et ses paroles leur apportent la paix. Aujourd’hui encore, la paix de Jésus est le premier signe de son « inconcevable Miséricorde » envers nos cœurs inquiets.

2. Il répandit sur eux son souffle. Afin de permettre à la paix de Dieu de s’enraciner fermement dans les cœurs de ses apôtres, Jésus dit sa salutation – la « paix soit avec toi » – deux fois, la deuxième fois après leur avoir montrés ses blessures. Se rendant compte qu’ils ne sont pas capables de croire, Jésus souffle sur eux et leur donne l’Esprit Saint, l’esprit de paix. Le don de l’Esprit est le deuxième signe de la miséricorde de Jésus.

3. Saint Thomas. Thomas était absent quand Jésus est apparu aux autres apôtres. Il ne les a pas crus quand ils lui ont raconté l’apparition du Seigneur. Comment pouvait-il à croire, puisqu’il n’avait pas reçu l’Esprit Saint ? Jésus montre son amour personnel pour Thomas en lui donnant ce dont il a besoin pour croire. Ceci lui a permis de faire cette belle profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus vient à ma rencontre et il satisfait mes besoins personnellement. L’amour personnel de Jésus est le troisième signe de sa miséricorde. Dialogue avec le Christ Jésus miséricordieux, je te remercie du don de ta paix et d’avoir insufflé ton Esprit sur moi. Je veux vivre toujours guidé par l’Esprit Saint. Tu me donnes tout ce qu’il me faut pour croire, tu raffermis ma foi, tu es mon Seigneur et mon Dieu. Je te rends grâce pour ton infinie miséricorde envers moi. Résolution « Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde  » (Jésus à Sœur Faustine). Je tâcherai de discerner l’invitation de Dieu à maintenir mon cœur serein et paisible au milieu de mes soucis et mes inquiétudes. Je m’efforcerai à collaborer avec l’action de l’Esprit Saint pour atteindre cette paix. Pour y parvenir, je prendrai la ferme résolution de m’approcher du sacrement de la réconciliation de manière régulière désormais (une fois par mois ou une fois tous les quinze jours).

 

LE HALLEL ÉGYPTIEN (psaumes 113 à 118)

12 avril, 2016

http://www.abouvet.org/ELOI/ps_2006_1.html

LE HALLEL ÉGYPTIEN

Conférences bibliques 2005-2006

On appelle Hallel, un mot formé à partir de la racine de la louange ‘’hallal’’, un ensemble de six psaumes de louange, les psaumes 113 à 118. Comme la grande merveille pour laquelle la louange d’Israël s’élève vers Dieu est la libération de l’esclavage et la sortie d’Égypte, sortie qui est d’ailleurs évoquée dans le psaume 114, le Hallel est souvent appelé Hallel égyptien. Le Hallel est récité notamment aux trois fêtes de pèlerinage, fête de Pâque, fête des Semaines, fête des Tentes, ainsi qu’à la fête de Hanoukka qui commémore la nouvelle dédicace du Temple en 167 après sa profanation par les Grecs. A Pâque, le Hallel est récité à la synagogue le matin de la fête mais aussi au cours de la célébration de la fête en famille la veille au soir. On dit avant le repas les psaumes 113 et 114 et cette récitation est précédée d’une déclaration solennelle enjoignant à chaque participant de s’identifier à ceux qui sont sortis d’Égypte. « Dans tous les siècles chacun de nous a le devoir de se considérer comme s’il était lui-même sorti d’Égypte, comme il est dit (en Exode 13,8) : Tu donneras alors cette explication à ton fils : C’est en vue de cela que le Seigneur a agi en ma faveur quand je suis sorti d’Égypte. Ce ne sont pas seulement nos ancêtres que le Saint, béni soit-il, a délivrés mais nous aussi il nous a délivrés avec eux, comme il est dit (Deutéronome 6,23) : Et nous il nous fit sortir de là pour nous amener ici, pour nous donner le pays qu’il avait promis à nos pères. » Les citations de l’Écriture montrent que nous sommes sortis d’Égypte pour servir le Seigneur. Nous ne faisons pas mémoire d’un évènement historique qui a eu lieu dans un passé lointain mais nous participons à une délivrance qui nous concerne à titre personnel. Nous sommes conviés à toutes les époques à rechercher notre libération des servitudes d’Égypte. Après cette déclaration s’élève la louange du ‘’C’est pourquoi’’. « C’est pourquoi nous avons le devoir de remercier, de chanter, de louer, de glorifier, d’exalter, de célébrer, de bénir, de magnifier et d’honorer Celui qui a fait pour nos ancêtres et pour nous tous ces miracles. Il nous a fait sortir de l’esclavage vers la liberté, de la détresse vers la joie, du deuil vers la fête, des ténèbres vers la lumière, de l’esclavage vers la rédemption. Chantons en son honneur un cantique nouveau. Hallelou-Yah ! » La sortie d’Égypte est évoquée par cinq images de sortie, de transformation ou de passage vers la liberté, la joie, la fête, la lumière, la rédemption. Pour les miracles que Dieu a faits dans le passé (pour nos ancêtres) et pour ceux qu’il fait pour nous aujourd’hui (ce paragraphe reprend l’actualisation du texte précédent), dans l’attente de la Rédemption finale, nous pouvons le louer sans retenue et le ‘’C’est pourquoi’’ déploie neuf verbes de louange (toute la gamme des verbes de louange du psautier) avant de terminer par le Hallelou-Yah qui introduit naturellement le psaume 113 dont il est le premier mot. Nous, chrétiens, pouvons adhérer pleinement à cette introduction à la récitation du Hallel en ajoutant aux passages nommés dans le ‘’C’est pourquoi’’ un autre passage, celui de la mort à la vie par la résurrection du Christ. A la fin du repas on termine le Hallel par la récitation des psaumes 115 à 118. Matthieu et Marc nous disent qu’à la fin du repas où fut instituée l’Eucharistie, Jésus a chanté des psaumes avec ses disciples : après le chant des psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers (Mat. 26,30). Il s’agit des psaumes qui ouvrent et ferment le repas pascal et prennent ainsi plus de prix encore à nos yeux .

LE PSAUME 113 Lecture du psaume pas à pas

1  Alléluia (Louez Yah) ! Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! 2  Que le nom du Seigneur soit béni dès maintenant et pour toujours 3  Du levant du soleil à son couchant loué soit le nom du Seigneur

Le psaume commence et se termine par Alléluia, mot qui est la transcription en français de l’hébreu Hallelou-Yah : Hallellou est un impératif pluriel du verbe hallal qui veut dire louer et Yah est une forme abrégée de YHWH, Hallelou-Yah signifie donc ‘’Louez Yah, louez le Seigneur !’’. Quand le célébrant prononce Alléluia dans notre liturgie il invite donc les fidèles à louer le Seigneur et ceux-ci répondent en s’invitant mutuellement à la louange. De même dans le psaume l’exclamation est à la fois un appel de celui qui préside la réunion des fidèles et une réponse de cette assemblée. Après l’exclamation initiale, le psaume commence par les deux composantes du début d’une louange d’invitation ou louange factitive (l’invitatoire en langage technique), l’impératif pluriel Louez et la mention de ceux qui sont appelés à louer serviteurs du Seigneur ; l’appel louez est ensuite repris (ce qui donne plus de vigueur à l’appel) et suivi cette fois du complément qui dit à qui s’adresse la louange, le Nom du Seigneur. Quand Dieu est apparu à Moïse dans le buisson ardent, il lui a révélé son nom personnel de quatre lettres, YHWH, et, comme vous savez, la tradition a choisi de ne pas prononcer ces quatre lettres (ou tétragramme) par respect, et de dire Seigneur ou Mon Seigneur chaque fois que ce Nom figure dans l’Ecriture. Louer le nom que Dieu a bien voulu donner à son peuple, c’est louer Dieu lui-même. Le verset 2 est une réponse de l’assemblée à l’invitation qui lui a été adressée : Que le nom du Seigneur soit béni dès maintenant et pour toujours. Quand l’homme bénit Dieu ou, comme ici, demande que Dieu soit béni, le verbe a le sens de louer comme on le constate, par exemple, au psaume 34, 2 : Je bénirai le Seigneur en tout temps, toujours sa louange à la bouche ; les deux stiques ont le même sens et l’un dit bénir quand l’autre dit louer (voir aussi le psaume 145,2). L’assemblée répond donc : que le Nom soit béni, loué, maintenant, par nous, par notre génération, et que cette louange se poursuive dans la suite des temps, c’est-à-dire qu’elle soit reprise par les générations à venir. L’assemblée poursuit sa réponse au v.3 et proclame : Du levant du soleil à son couchant loué soit le nom du Seigneur. Le verset précédent exprimait le vœu que la louange se poursuive de siècle en siècle, celui-ci fait le souhait que la louange du Seigneur s’étende à tout l’univers dont les limites sont désignées par l’orient où le soleil se lève et l’occident, lieu de son coucher. Le v.3 forme le vœu que le vrai Dieu soit reconnu et loué par tous les hommes pour que s’accomplisse la prophétie de Zacharie (14, 9) Alors le Seigneur se montrera le roi de toute le terre. En ce jour-là le Seigneur sera unique et son nom unique. La louange est le thème qui unifie la première strophe : en plus de l’Alléluia initial, le verbe ‘’louer’’ figure deux fois dans le v.1 et une fois dans le v.3 et un synonyme ‘’bénir’’ exprime la même action dans le v.2. L’assemblée est invitée à faire monter sa louange vers le Seigneur et répond en souhaitant que cette louange se prolonge sans fin dans le temps et s’étende jusqu’aux extrémités de la terre.

4  Il est élevé au-dessus de toutes les nations, le Seigneur, au-dessus des cieux est sa gloire. 5  Qui est comme le Seigneur, notre Dieu, lui qui monte pour siéger, 6  lui qui s’abaisse pour voir, dans les cieux et dans la terre ?

Dans cette seconde strophe nous passons du plan horizontal à la dimension verticale, nous étions avec ceux qui louent, nous nous élevons vers Celui qui est loué. Le Seigneur est élevé, est plus haut que toutes les nations, dit le v.4, il les domine selon la traduction liturgique, il est aussi au-dessus des cieux, plus haut que les cieux. Il semble que le poète suggère que la louange continue dans les cieux car le participe ‘’ram’’ du verbe ‘’roum’’ traduit ici par il est élevé a, par ailleurs, une connotation de louange (comme en français le verbe exalter évoque la hauteur, l’altitude, et a, en même temps, le sens de louer). Le mot gloire (Kabod) à la fin du verset désigne la présence divine comme en Exode 40,34 et suggère aussi, comme le mot ram, la louange (rendons gloire…) ; derrière la transcendance de Dieu que proclame ce verset, on entend aussi, en contrepoint, que dans les cieux se poursuit la louange qui montait de la terre. Les versets 5 et 6 forment une seule phrase comme le montre le parallélisme évident entre 5b lui qui s’élève pour siéger et 6a lui qui s’abaisse pour voir. Le début de la phrase ne pose pas de difficulté : Qui est comme le Seigneur notre Dieu, lui qui … lui qui…mais que faire des derniers mots du v.6 dans la terre et dans les cieux ? La plupart des traducteurs les traitent comme un complément du verbe voir, mais cela donne un sens banal : Dieu voit dans la terre et dans les cieux. Ce choix bute en outre sur la proposition ‘’dans’’ du texte hébreu car la construction ‘’voir dans la terre’’ est inappropriée et les traducteurs sont obligés de modifier la préposition en ‘’vers’’ (texte liturgique) ou ‘’sur’’ (Dhorme dans la Pléiade) ou encore de la supprimer (TOB). Il vaut mieux respecter le parallélisme parfait entre 5b et 6a (pourquoi l’un seulement de ces deux stiques aurait-il un complément ?) et rattacher 6b à 5a : Qui est comme le S’ notre Dieu …dans la terre ou dans les cieux ? Y a-t-il un Dieu comparable au nôtre où que ce soit ? Et au cœur de l’inclusion ainsi formée par 5a et 6b se trouve la raison de la grandeur unique de notre Dieu : lui qui s’élève pour siéger, lui qui s’abaisse pour voir. Notre Dieu est celui qui à la fois siège ou trône au plus haut et celui qui accepte de s’abaisser pour voir. On note que la préposition ‘’dans’’ qui posait problème dans la solution précédente, convient parfaitement, au contraire, si elle s’inscrit dans la question : Qui peut se comparer à notre Dieu dans la terre ou dans les cieux ? Quand le psaume nous dit que Dieu s’abaisse pour « voir », il ne faut pas penser que ce voir signifie le regard neutre d’un observateur détaché, indifférent, mais il faut l’entendre comme en Exode 2,25 : quand Dieu entendit la plainte des fils d’Israël opprimés en Egypte, Dieu vit les fils d’Israël et Dieu connut… Le verset est interrompu mais nous comprenons que Dieu a fait plus que regarder, il a ressenti les peines d’Israël et a décidé d’intervenir : il va apparaître à Moïse au buisson ardent et, dès ses premiers mots, le verbe ‘’voir’’ revient (Ex. 3, 7) : J’ai vu, vraiment vu, la misère de mon peuple et il précise : Je connais ses souffrances puis il renvoie Moïse en Egypte pour faire sortir son peuple de l’esclavage. On comprend la force de ce « voir » de Dieu.

7  De la poussière il met debout le pauvre, du tas d’ordures il élève l’indigent, 8  pour le faire siéger avec les princes, avec les princes de son peuple. 9  Il fait siéger la femme stérile dans la maison, mère de fils, heureuse.

Alléluia (Louez Yah) !

Pour Dieu, voir incite à l’action et la troisième strophe du psaume donne des exemples des interventions divines. Le v.7 est construit selon deux propositions strictement parallèles; les deux mots traduits par pauvre et indigent (dal et ‘ébyon) ont le même sens et vont souvent de pair comme en Ps 72,13 et 82,4 ; ces malheureux sont sortis de la poussière ou des ordures, encore deux termes très proches, ils sont mis debout ou relevés, de nouveau des synonymes. Arrêtons-nous un instant sur la forme des versets. Vous savez que la poésie hébraïque joue très souvent sur le parallélisme des stiques : nous avons ici, au v.7, un bon exemple de parallélisme synonymique où les deux membres du verset se répondent terme à terme. Un peu plus haut nous avons rencontré en 5b et 6a un cas de parallélisme antithétique où les deux stiques s’opposaient : Lui qui s’élève pour siéger, lui qui s’abaisse pour voir. Quand les deux stiques disent la même chose, ils nous permettent de nous imprégner du sens, d’entrer dans la méditation et la prière. Quand ils forment contraste les oppositions nous incitent à creuser la signification : en quoi siéger sur un trône s’oppose-t-il à voir ? Revenons au fond : l’image du pauvre assis dans la poussière n’est pas seulement une métaphore mais, souvent, comme nous le montrent les médias ou le spectacle de la rue, l’expression de la réalité ; il en va de même pour le tas d’ordures où l’exclus cherche sa nourriture et un abri. La phrase se poursuit en v.8 : le Seigneur relève le malheureux pour le faire siéger avec les princes, avec les princes de son peuple. Le mot hébreu traduit par princes peut aussi être rendu par puissants ou grands, peu importe : la miséricorde divine non seulement redresse le malheureux mais le sort de son exclusion, le fait entrer parmi les princes de son peuple. En français comme en hébreu le pronom son est ambigu : s’il renvoie au miséreux, le psalmiste nous dit que celui-ci est réintégré dans sa communauté ; cette précision est importante car le miséreux dans les psaumes de supplication, souffre de la pauvreté, de la maladie mais aussi de la haine, de l’exclusion et du mépris; pensons notamment à la victime du psaume 22, méprisée par tous avant d’être relevée et d’entonner la louange au milieu de ses frères. Si le pronom son renvoie au Seigneur, ces mots désignant alors le peuple du Seigneur diraient que le pauvre va s’asseoir au milieu des justes, des élus. Le poète qui a écrit le psaume 113 a choisi d’employer les mêmes verbes pour parler de Dieu dans la strophe centrale et pour décrire son action en faveur des malheureux dans la strophe finale. La version proposée ci-dessus reprend, elle aussi, les mêmes verbes, quitte à sacrifier quelque peu l’élégance de la traduction, car ces répétitions ont un sens. Le poète exprime en effet le sort de l’indigent en disant que le Seigneur l’élève, le fait monter, en employant le même verbe ‘’roum’’ qu’il appliquait, au début du verset 4, au Seigneur lui-même qui est élevé. Il use aussi du même verbe pour dire que le Seigneur siège dans les hauteurs en 5b et qu’il fait siéger le pauvre parmi les princes de son peuple en 8. Cette reprise des mêmes verbes appliqués à Dieu d’abord et ensuite au pauvre qu’il redresse et relève, puis fait asseoir ou trôner sont, je pense, une manière discrète de suggérer que le Seigneur rapproche de lui, fait, si on peut dire, participer à sa condition le misérable qu’il remet debout. Le v.9 présente un autre exemple des interventions du Seigneur. Il s’agit cette fois de la femme stérile, celle qui ne peut pas avoir d’enfant, et qui est donc, selon les mœurs de ce temps, méprisée et repoussée par son mari, et doit finir sa vie dans la solitude et la pauvreté. Le Seigneur fait siéger la femme stérile dans la maison ; par la grâce du Seigneur la délaissée siège ou trône au foyer, car elle est devenue mère de fils, heureuse. Le verbe siéger, appliqué ici à la femme stérile comme il l’était à Dieu en 5b, laisse entendre que cette femme est, comme le pauvre, appelée à être proche du lieu où siège le Seigneur.

Le plan du texte Nous distinguons maintenant le plan de ce petit poème. Il comprend trois parties de trois versets chacune et l’ensemble est encadré par deux Alléluia. La première (1 à 3) traite de la louange adressée à Dieu : invitation à la louange, vœu que cette louange s’étende à la totalité du temps et de l’espace. La deuxième (4 à 6) parle de Dieu à qui s’adresse la louange ; il faut lire à la suite 5a et 6b qui forment une inclusion où s’insère l’affirmation centrale du psaume Lui qui s’élève pour siéger (sur son trône) et s’abaisse pour voir. La troisième (7 à 9) donne deux exemples du ‘’voir’’ divin : il relève le pauvre, il donne des enfants à la femme stérile.

Les échos du psaume dans la tradition juive Un midrash met, de manière surprenante, le premier verset de notre psaume dans la bouche de Pharaon lui-même. Avant de le raconter, une précision de vocabulaire : en hébreu le mot ‘’ébed’’ (qui figure au pluriel dans le premier verset du psaume 113) signifie à la fois esclave ou serviteur comme le mot ‘’abodah’’ de la même racine veut dire, selon le contexte, servitude, esclavage, ou service, notamment le service divin c’est à dire le culte. Le midrash raconte que la nuit où tous les premiers-nés d’Egypte furent frappés de mort, le puissant Pharaon perdit toute sa superbe et, affolé, se leva (Ex. 12,30), alla dans le quartier où habitaient les Hébreux, chercha dans l’obscurité la maison de Moïse et il appela Moïse et Aaron pendant la nuit (Ex. 12,31) ; il frappait à leur porte et les suppliait de partir (12,32) ; ils lui répondirent : Si tu veux que nous partions, reconnais que nous ne sommes plus tes esclaves, que nous sommes des hommes libres. Pharaon, qui avait enfin compris la puissance du Dieu d’Israël, commença alors à crier en disant : Vous étiez mes esclaves mais maintenant vous n’êtes plus à mon service, vous êtes au service du Seigneur et, puisque vous êtes ses abadim (pluriel de ébed) vous devez le louer et il les exhortait « Louez, esclaves du Seigneur, louez le Nom du Seigneur ! » Ce midrash donne une saveur particulière au verset qui ouvre les six psaumes qui forment le hallel égyptien, une louange en six psaumes que les fils d’Israël font monter vers Dieu qui les a fait sortir d’Egypte. La nuit de la Pâque est le moment où Israël sort de la servitude grâce à l’intervention du Seigneur, devient le peuple de Dieu et peut commencer à louer son Dieu en l’invoquant par le Nom de quatre lettres, YHWH, que Lui-même a révélé à Moïse depuis le buisson ardent avant de l’envoyer en Egypte. Le verset 2 exprime le vœu que le Nom qui est loué pour la première fois dans l’histoire de l’humanité à la sortie de la mer (Exode chapitre 15) soit loué de génération en génération, ce qui est la vocation d’Israël. Le verset 3 met en relation la vocation d’Israël et l’ensemble des nations : Israël aspire au jour où la terre entière louera le Seigneur selon les prophéties de Malachie 1,11 et de Sophonie 3,9-10. Les versets qui sont au centre du poème mettent l’accent sur le caractère incomparable de ce Dieu qui est à la fois le Très Haut, l’Ineffable et dans le même temps celui qui s’abaisse et voit la misère de l’homme, la connaît intimement ; nous avons déjà cité les passages de l’Exode qui donnent au mot ‘’voir’’ toute sa force. L’interrogation « Qui est comme le Seigneur notre Dieu ? » est une manière de dire qu’Il est unique et fait écho à la prière fondamentale d’Israël : Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu le Seigneur est l’Unique. L’affirmation que Dieu est à la fois le Très-Haut, le Saint et, en même temps, si on peut dire, le Très Bas, celui qui se penche vers nous, nous écoute et nous voit est au cœur de la foi juive ; un bon commentaire de cette affirmation du centre du psaume, est donné par Isaïe dans une annonce de salut en 57,15 : Car ainsi parle celui qui est haut et élevé, qui demeure dans l’éternité et saint est son nom : Haut et saint je demeure tout en étant avec le broyé et celui de souffle abaissé pour le faire revivre… La tradition juive ne propose pas de personnage historique à qui puisse s’appliquer les versets 7 et 8 de notre psaume mais réfère ces mots au peuple tout entier : ce pauvre que Dieu relève du fumier, c’est Israël réduit à la misère et à la servitude pendant l’exil à Babylone que le Seigneur fait revenir dans sa terre puis soutient dans ses épreuves au cours des siècles. Le dernier verset peut lui aussi être appliqué collectivement à Israël : ce verset est mis en relation avec deux passages d’Isaïe (49,21-24 et 54,1-3) où Jérusalem est d’abord qualifiée de stérile puis voit miraculeusement ses enfants revenir en foule dans ses murs.

Une homélie rabbinique sur le verset 113, 9 La lecture de ce verset du psaume 113 donne l’occasion de rappeler des étapes de l’histoire du salut antérieures à la sortie d’Egypte et de remonter jusqu’aux patriarches. Voici un texte du 5e siècle extrait de la Pesiqta de Rav Kahana, un recueil d’homélies commentant des lectures faites au cours de la liturgie du shabbat à la synagogue. L’homélie porte sur le dernier verset du psaume 113 et tout le commentaire est construit selon un même schéma : rappel du premier stique de 113,9 qui parle de manière générale d’une femme sans enfant puis citation d’un verset de l’Ecriture qui mentionne la stérilité d’un personnage féminin, citation du second stique de 113,9 affirmant que la stérile est devenue mère et citation d’un verset de l’Ecriture montrant que la femme sans descendance mentionnée précédemment a été comblée par une ou plusieurs naissances. Voici donc l’homélie de rabbi Kahana. Il établit la femme stérile sans maison (c. à d. sans enfants), mère de fils, heureuse (113,9). Il y a sept femmes stériles : Sara, Rébecca, Rachel, Léa, la femme de Manoah, Anne et Sion. Première interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : il s’agit de notre mère Sara ‘’Et Sara était stérile’’ (Genèse 11,30), mère de fils heureuse : ‘’Sara a allaité des fils’’ (Gen. 25,21). Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : c’est Rébecca ‘’Et Isaac supplia le Seigneur en faveur de sa femme car elle était stérile’’ (Gen. 25,21), mère de fils, heureuse : ‘’Et le Seigneur exauça sa supplication et Rébecca sa femme conçut’’ (id.). Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : c’est Léa ‘’Et le Seigneur vit que Léa était haïe et il ouvrit son sein’’ (Gen. 29,31), de là nous apprenons que Léa était d’abord stérile, mère de fils heureuse : ‘’car je lui ai enfanté six fils’’ (Gen. 30,20). Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : c’est Rachel ‘’Rachel était stérile’’ (Gen. 29,31), mère de fils heureuse : ‘’les fils de Rachel, Joseph et Benjamin’’ (Gen. 35,24). Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : c’est la femme de Manoah ‘’Un ange du Seigneur apparut à la femme et lui dit : Vois, tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfant’’ (Juges 13,3), mère de fils heureuse : ‘’mais tu concevras et enfanteras un fils’’ (id.). Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : c’est Anne ‘’Pennina avait des enfants mais Anne n’avait pas d’enfant’’ (I Samuel 1,2), mère de fils heureuse : ‘’Anne conçut et enfanta trois fils et deux filles’’ (I Sam. 2,21). Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison : c’est Sion ‘’Pousse des acclamations, stérile, toi qui n’as pas enfanté’’ (Isaïe 54,1), mère de fils heureuse ‘’Et tu diras alors dans ton cœur : Qui me les a enfantés, tous ceux-là, à moi qui étais privée d’enfant et solitaire ?’’ (Isaïe 49,21). Quelques mots d’abord sur les femmes mentionnées dans cette homélie. La première matriarche citée est Sara ; longtemps stérile, elle donna le jour à Isaac à l’âge de 90 ans alors que son époux, Abraham, était âgé de 100 ans. Rebecca, épouse d’Isaac, demeura longtemps stérile puis devint mère des jumeaux Esaü et Jacob. Léa devint par ruse la première épouse de Jacob ; sa stérilité n’est pas explicitement mentionnée dans l’Ecriture mais déduite de l’expression ‘’ Il [le Seigneur] ouvrit son sein’’ : ce sein était donc fermé ; elle devint ensuite mère de six fils et d’une fille. Rachel, sœur cadette de Léa et préférée de Jacob, fut longtemps stérile et eut enfin deux fils, Joseph et Benjamin. La femme désignée dans le texte comme épouse de Manoah est plus connue comme mère de Samson qui devint juge en Israël et dont la force était proverbiale. L’histoire d’Anne nous est contée au début du livre de Samuel. Elle était aimée de son époux mais ne pouvait lui donner d’enfant ; en pèlerinage au sanctuaire de Silo, elle implora le Seigneur de lui donner un fils et fut exaucée, elle enfanta Samuel et le voua au service divin. Quand elle conduisit son fils au temple de Silo, auprès du prêtre Eli, elle chanta un cantique (I Sam. 2, 1-10) qui comporte des points communs avec le psaume 113, en particulier ces mots (2,8) : de la poussière, il met debout le pauvre, du tas d’ordures il élève l’indigent, pour les faire siéger avec les princes, leur attribuer la place d’honneur. La fin de l’homélie concerne Sion, petite colline où se trouvait le palais de David, au sud-est de Jérusalem, dont le nom sert parfois pour désigner toute la ville. Une prophétie d’Isaïe parle à Jérusalem en lui disant Toi, la stérile qui n’enfante plus. Mais si l’Ecriture parle ainsi c’est paradoxalement une annonce de bonheur. En effet un passage de la Pesiqta cite un peu plus loin un maître qui dit « En tout passage (de l’Ecriture) où il est dit elle n’a pas, qu’elle ait ». Autrement dit, quand l’Ecriture parle d’un manque, cela annonce que ce manque sera comblé. Dire de Jérusalem, comme des femmes nommées dans le midrash, qu’elle est stérile, c’est annoncer qu’elle va être comblée. Et, en effet, la même prophétie se poursuit en disant :les voici en foule les fils de la désolée… Élargis l’espace de ta tente… car à droite et à gauche tu vas déborder, ta descendance héritera des nations … Il faut donc entendre la fin du psaume comme l’annonce que Sion aujourd’hui en exil, déracinée, sera demain restaurée, siégera auprès de son époux qui l’aime, recevra l’hommage de tous les peuples : le Seigneur lui donnera le bonheur, la joie et la paix.

Une lecture chrétienne du psaume La naissance de Jean le Baptiste, fils de parents avancés en âge, racontée au début de l’Evangile de Luc s’inscrit dans la suite des naissances miraculeuses que nous venons de rappeler et on pourrait poursuivre l’homélie du maître juif en ces termes : ‘’Autre interprétation. Il établit la femme stérile sans maison, c’est d’Élisabeth qu’il s’agit : Elisabeth était stérile et ils étaient tous deux avancés en âge (Luc 1,7), mère de fils heureuse : quand vint le temps où elle devait accoucher, elle mit au monde un fils (Luc 1,57).’’ Quand Marie conçoit, l’intervention divine prend place dans la continuité de ces fécondités miraculeuses mais elle introduit aussi une nouveauté radicale qui surpasse infiniment toute attente : une vierge conçoit et va devenir la mère de Dieu. On remarque la parenté entre ce psaume et le Magnificat de Marie : elle aussi loue le nom du Seigneur « Saint est son Nom », elle aussi chante le Dieu qui élève les humbles, ‘’elle est surtout, par excellence, cette femme heureuse à qui Dieu donne une postérité inespérée, parce que virginale, et que toutes les générations diront bienheureuse « (n1) Le Dieu qui accepte de s’abaisser pour voir et connaître la condition des hommes se révèle dans l’incarnation de Jésus, fils de Dieu et fils de l’homme. L’hymne de la lettre aux Philippiens 2, 6-11 est la traduction chrétienne du thème central du psaume 113. Et pour Jésus qui a prononcé ce psaume à la veille de sa passion, les mots de la poussière il relève le pauvre pour le faire asseoir avec les princes devaient avoir le sens d’une promesse prophétique : lui, le Pauvre, allait sortir de la poussière de la mort, se lever puis s’asseoir à la droite de Dieu. Le psaume dit que Dieu met debout le pauvre et élève l’indigent mais, s’il arrive parfois que Dieu intervienne directement, c’est généralement par des mains humaines, par nos mains, qu’il agit. ‘’Qui pourrait dire sincèrement que « Dieu relève le faible », si, dans ses comportements concrets, il n’essayait pas de participer à la promotion des plus défavorisés de nos sociétés ? … A côté des grands engagements … il y a mille formes d’action, d’aide, de compassion que chacun peut vivre à sa manière. « (n2)

_____________________ n1 Noël Quesson : 50 psaumes pour tous les jours, tome 1 p. 257. n2 Noël Quesson, ouvrage cité, p. 259.

Basilica di Sant’Apollinare Nuovo a Ravenna: « Processione dei santi martiri ».

11 avril, 2016

 Basilica di Sant'Apollinare Nuovo a Ravenna:
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Meister_von_San_Apollinare_Nuovo_in_Ravenna_001.jpg

JEAN- PAUL II – 11 AVRIL – SAINT STANISLAS, ÉVÊQUE DE CRACOVIE

11 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/apost_letters/1979/documents/hf_jp-ii_apl_08051979_rutilans-agmen.html

JEAN- PAUL II – 11 AVRIL – SAINT STANISLAS, ÉVÊQUE DE CRACOVIE

LETTRE APOSTOLIQUE RUTILANS AGMEN  DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II POUR LE IXe CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINT STANISLAS

À nos vénérables frères Stefan, Cardinal Wyszynski, Archevêque de Gniezno et Varsovie ; Franciszek Macharski, Archevêque de Cracovie, aux autres évêques et à toute l’Église qui est en Pologne 1. La foule couleur de pourpre de ceux qui ont souffert et sont morts courageusement pour la foi et les vertus chrétiennes a toujours été une source de noble vigueur pour l’Église dès les premiers temps. Saint Augustin dit en effet, à juste titre : « La terre a été comme ensemencée par le sang des martyrs, et c’est cette semence qui a donné la moisson de l’Église. Les morts ont plus confessé le Christ que les vivants. Aujourd’hui ils le confessent, aujourd’hui ils le prêchent. La langue se tait, les faits parlent. » (Serm. 286, 4 ; PL 38, 1298.) Ces mots semblent particulièrement bien s’appliquer à l’Église qui est en Pologne, puisqu’elle-même a grandi à partir du sang des martyrs, au premier rang desquels est saint Stanislas, dont la vie et la mort glorieuse demeurent toujours si éloquentes. En cette année où l’Église qui est dans ce pays célèbre le IXe centenaire du martyre de saint Stanislas, évêque de Cracovie, l’Évêque de Rome, Successeur de saint Pierre, ne peut manquer de faire entendre sa voix. Ce jubilé est très important et il se rattache d’une façon très étroite à l’histoire de l’Église et de la nation polonaise, laquelle est étroitement liée à cette Église depuis plus de mille ans. Cette voix, nous le répétons, ne peut pas manquer de se faire entendre, d’autant moins que, par un mystérieux dessein de la Providence, c’est celui qui, il y a encore peu de temps, était évêque de Cracovie et successeur de saint Stanislas qui a été appelé à être, sur la chaire de saint Pierre, le Pasteur suprême de l’Église. Il est donc merveilleux que ce soit à nous qu’il soit donné d’écrire pour le IXe centenaire de la mort de saint Stanislas cette lettre dont la rédaction avait été demandée par nous à notre grand prédécesseur Paul VI et ensuite à son successeur immédiat, Jean-Paul Ier, qui n’a exercé son ministère pontifical que pendant trente-trois jours. Aujourd’hui donc, non seulement nous nous acquittons de ce que nous avions demandé à nos prédécesseurs sur le siège de Pierre en qualité d’archevêque de Cracovie, mais aussi nous répondons à un désir et à un vœu particuliers de notre cœur. Qui aurait pu penser qu’au moment où approchait la célébration du jubilé de saint Stanislas nous quitterions son siège épiscopal de Cracovie pour occuper celui de Rome, par suite du vote des cardinaux réunis en Conclave ? Qui aurait pu penser que nous célébrerions ce jubilé, non pas en tant que « père de famille » dirigeant les célébrations, mais en tant qu’hôte revenant dans le pays de ses pères comme le premier Pape polonais et le premier Pape qui soit venu en Pologne dans l’histoire de l’Église ? 2. Dans le calendrier liturgique de l’Église en Pologne, la fête de saint Stanislas tombe depuis des siècles le 8 mai. Mais, à Cracovie, la solennité extérieure est transférée au dimanche qui suit le 8 mai. Ce jour-là, une procession va de la cathédrale, construite sur la colline du « Wavel », à l’église Saint-Michel de Skalka où, selon la tradition, l’évêque Stanislas de Szczepanow est tombé martyr pendant la célébration eucharistique, par la main de Boleslas le Hardi. Il a été décidé que, cette année, les principales fêtes en l’honneur de saint Stanislas, qui revêtent le caractère de jubilé, seraient reportées du dimanche après le 8 mai à la semaine qui va du dimanche de la Pentecôte au dimanche de la Sainte Trinité. Il y a en effet une grande force dans ce jour de la Pentecôte où l’Église commémore sa naissance au Cénacle de Jérusalem. C’est de là que sont partis les apôtres qui y étaient auparavant réunis en prière avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 14), remplis de cette vigueur qui avait été mise dans leur cœur comme un don particulier du Saint-Esprit. C’est de là qu’ils sont partis à travers le monde pour obéir à l’ordre du Christ : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. » (Mt 28, 19-20.) Les apôtres sont donc partis du Cénacle de la Pentecôte. C’est de là aussi que sont partis leurs successeurs au cours des âges. C’est de là aussi qu’en son temps est parti saint Stanislas de Szczepanow, en portant lui aussi dans son cœur le don de force pour témoigner de la vérité de l’Évangile jusqu’à l’effusion du sang. Sa génération, dont neuf siècles nous séparent, fut la génération de nos pères qui, comme saint Stanislas, leur évêque sur le siège de Cracovie, sont les os de nos os, le sang de notre sang. Il exerça son ministère pastoral pendant peu de temps, de 1072 à 1079, c’est-à-dire pendant sept ans, mais ses fruits demeurent encore. En lui se réalisent vraiment ces paroles que le Christ avait dites à ses apôtres : « Je vous ai choisis pour que vous alliez, que vous produisiez du fruit et que votre fruit demeure. » (Jn 15, 16.) 3. Les fêtes en l’honneur de saint Stanislas, qui nous ramènent d’une certaine manière au « Cénacle de la Pentecôte » neuf siècles après sa mort, revêtent une très haute signification. C’est en effet du Cénacle que sont partis tous ceux qui, selon la parole du Christ, ont été dans le monde entier « enseigner toutes les nations, en les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (cf. Mt 28, 19). C’est en l’an 966 que la Pologne a été baptisée au nom de la Très Sainte Trinité. C’est pourquoi a été célébré, il y a peu de temps, le millénaire de cet événement qui marque le début de l’histoire de l’Église en Pologne et de la Pologne elle-même. Elle est merveilleuse la force du baptême, ce sacrement par lequel nous sommes ensevelis avec le Christ (cf. Col 2, 12) pour participer à sa résurrection, à cette vie que le Fils de Dieu fait homme a voulu être la vie de nos âmes. Cette vie naît au baptême qui, conféré au nom de la Très Sainte Trinité, donne aux enfants des hommes « le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12) dans l’Esprit-Saint. Le millénaire de ce baptême, qui a été célébré en Pologne en l’année 1966, consacrée à la gloire de la Très Sainte Trinité, inclut aussi ce jubilé de saint Stanislas. Les saints qui, par leur vie et leur mort, sont « une éternelle offrande » à la gloire de Dieu (cf. prière eucharistique III) doivent en effet être considérés comme de très riches fruits de ce sacrement par lequel tout homme est particulièrement consacré à Dieu (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, 44). Comme c’est en la fête de la Très Sainte Trinité qu’en cette année du Seigneur 1979 nous célébrerons la mémoire du martyre de saint Stanislas, nous célébrerons aussi la mémoire du baptême, donné au nom de la Très Sainte Trinité, dont il fut le premier fruit de sainteté et un fruit mûr. Dans ce saint de chez elle, toute la nation voit avec reconnaissance un fruit de cette vie nouvelle dont il est devenu participant après le baptême de la Pologne. C’est pourquoi nous inscrivons le IXe centenaire du martyre de saint Stanislas avec une vénération particulière dans le millénaire du baptême reçu par nos ancêtres au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit. Pour donner plus d’importance à cette fête nous avons décidé, à la demande des évêques polonais, de l’élever au degré de mémoire obligatoire dans le calendrier liturgique de l’Église universelle. 4. Le culte rendu à saint Stanislas depuis neuf siècles a de profondes racines en Pologne. Le développement de cette vénération a été grandement favorisé par la canonisation par laquelle le Pape Innocent IV, notre prédécesseur, a inscrit au nombre des saints cet homme illustre le 8 septembre 1253, à Assise, près du tombeau de saint François. Son culte a donc de profondes racines. Celles-ci imprègnent toute l’histoire de l’Église en Pologne, on les voit dans la vie même de la nation, elles sont liées à son sort. Le culte de saint Stanislas est attesté non seulement par les célébrations de chaque année mais aussi par les nombreux diocèses, églises, paroisses de ce pays ou d’ailleurs, qui lui sont consacrés. Là où les fils de la Pologne s’établissaient, ils y apportaient le culte de leur grand patron. Pendant de nombreux siècles, saint Stanislas fut le principal patron de la Pologne, mais notre prédécesseur Jean XXIII a concédé qu’il en serait le patron en même temps que la Très Sainte Vierge Marie, Reine de Pologne, et saint Wojciech Adalbert. C’est ainsi que, cette année, le IXe centenaire du martyre de saint Stanislas sera célébré non seulement à Cracovie, mais aussi à Gniezno et à Jasna Gora. Pendant près de mille ans, à côté de saint Stanislas, évêque de Cracovie, il y avait saint Wojciech Adalbert, dont le corps martyrisé fut enseveli à Gniezno par le roi Boleslas le Grand, dit Chobry. L’un et l’autre saint, Stanislas et Wojciech Adalbert, protègent la patrie avec la Vierge Marie, Reine de Pologne et Mère de l’Église. Les lieux évoquant la vie et la mort de saint Stanislas sont saintement vénérés, en premier lieu la cathédrale de Cracovie, située sur la colline de Wavel, où se trouve son tombeau, ainsi que l’église de Skalka et son pays natal : Szczepanow, qui se trouve maintenant sur le territoire du diocèse de Tarnow. On vénère ses reliques, et en particulier sa tête, qui porte encore les traces manifestes des blessures mortelles qui lui ont été infligées il y a neuf siècles. Tous les ans, les habitants de la ville royale et des pèlerins venant de toute la Pologne se rendent en pèlerinage aux reliques de son chef qui sont portées solennellement à travers les rues de Cracovie. Les siècles derniers, à cette procession participaient les rois de Pologne, successeurs de Boleslas le Hardi qui, ainsi qu’on le rapporte, tua saint Stanislas en 1079 et, réconcilié avec Dieu, mourut en dehors de sa patrie. Cela n’a-t-il pas un sens particulier ? Cela ne montre-t-il pas que, pendant des siècles, saint Stanislas a été source de réconciliation, et qu’en lui les Polonais, qu’ils soient ou non revêtus d’autorité, se réconciliaient avec Dieu ? Ne conduit-il pas à cette particulière union des cœurs par laquelle, en vertu de son martyre, tous deviennent et redeviennent continuellement frères ? Telle est la force de la mort, cette force qui, en vertu du mystère du baptême est au cœur de la résurrection, de la vérité et de l’amour du Christ : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » (Jn 15, 13.) 5. Saint Stanislas, patron des Polonais ! Avec quelle émotion le Pape prononce ces paroles, lui qui, pendant tant d’années de sa vie et de son ministère épiscopal, a été proche de ce saint patron et de toute sa tradition, lui qui s’intéressait si vivement à toutes les études qui ont constamment été faites en ce siècle et au siècle dernier, sur les événements et les circonstances qui, il y a neuf siècles, ont conduit à commettre ce forfait ! Ces études montrent que ce fait historique et cet homme illustre lui-même continuent à être comme la source des réalités, des expériences, des vérités, qui sont toujours présentes et qui ont toujours leur importance pour la vie de l’homme, de la nation, de l’Église. C’est pourquoi, forts de cette « vitalité » particulière de saint Stanislas, patron des Polonais, en ce IXe centenaire du témoignage qu’il a donné par sa vie et sa mort, il nous faut nous unir à Dieu dans la Trinité, par la Mère du Christ et de l’Église. Montrons ce qu’apporte et ce que représente constamment ce grand héritage que l’histoire du salut en Pologne rattache à l’année 1079. C’est un héritage de foi, d’espérance, de charité qui reconnaît pleinement sa place propre à la vie de l’homme et de la société. C’est un héritage de fermeté et de force pour proclamer la vérité qui manifeste la grandeur de l’âme humaine. C’est un héritage de sollicitude pour le salut, pour le bien spirituel et temporel de notre prochain, c’est-à-dire des citoyens de cette nation et de tous ceux que nous devons servir avec une ferme persévérance. C’est aussi un héritage de liberté, manifestée dans le service et le don de soi en esprit d’amour. C’est enfin une admirable tradition d’unité et, comme les faits le montrent, saint Stanislas, avec sa mort, son culte et surtout sa canonisation, a beaucoup fait pour cette unité dans l’histoire de la Pologne. L’Église qui est en Pologne rappelle chaque année cet héritage. Chaque année elle se tourne vers la très haute tradition de saint Stanislas, qui constitue un patrimoine singulier pour l’âme polonaise. Et cette année du Seigneur 1979, l’Église qui est en Pologne veut, dans des circonstances particulières, rappeler cet héritage. Elle souhaite l’approfondir et en tirer des conséquences pour la vie quotidienne. Elle désire y trouver une aide dans sa lutte contre le relâchement, les vices, les péchés qui font particulièrement obstacle au bien de la Pologne et des Polonais. Elle veut avec une nouvelle assurance affermir la foi et l’espérance dans l’avenir de sa mission et de son service pour le salut de tous et de chacun. Nous, Jean-Paul II, qui sommes originaire de la terre polonaise, nous nous associons profondément à ces vœux et à ces ardentes aspirations qui nous sont présentés depuis notre patrie. Et, en ayant devant les yeux la grande importance de ce jubilé, à vous, vénérables frères, aux autres évêques polonais, aux prêtres, aux religieux et aux fidèles, nous donnons avec beaucoup d’affection notre bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 8 mai 1979, première année de notre pontificat.

IOANNES PAULUS PP II.

DIETRICH BONHOEFFER, UN PASTEUR VISIONNAIRE – 11 AVRIL

11 avril, 2016

http://www.croire.com/Definitions/Vie-chretienne/Dietrich-Bonhoeffer/Dietrich-Bonhoeffer-un-pasteur-visionnaire

DIETRICH BONHOEFFER, UN PASTEUR VISIONNAIRE – 11 AVRIL

Ce pasteur luthérien, théologien allemand, fut l’un des premiers à dénoncer le sort fait aux juifs dans l’Allemagne nazie.

Parce que sa théologie rassemble protestants, catholiques et orthodoxes en la personne du Christ, Dietrich Bonhoeffer est une des figures spirituelles les plus éclairantes pour ce début de XXIe siècle.

Nous sommes en 1937, au séminaire de Finkenwalde, en Allemagne du nord. Assis sur les marches d’un escalier en bois, le pasteur Bonhoeffer, 31 ans, captive son auditoire. Tous les jours, les jeunes séminaristes mesurent la chance qu’ils ont d’avoir un tel formateur?! Mais ce soir, l’heure est grave. Dans la matinée, le Journal Officiel allemand a décrété l’Église confessante – leur Église – illégale?! Ils ont à prendre une terrible décision?: entrer dans la clandestinité ou capituler. Peut-être Dietrich, ce soir-là, pense-t-il à sa grand-mère, Julie Bonhoeffer, qui, en 1933, avait franchi une barrière de S.A. interdisant l’accès à des magasins juifs. Julie lui a appris que tout homme digne de ce nom doit savoir se décider pour ce qu’il croit juste et agir en conséquence. Le jeune homme saura très tôt écouter ce qui l’anime intérieurement. À 17 ans, il décide qu’il sera théologien, en dépit de l’opinion de son père. À ses frères qui estiment que l’Église est dépassée, Dietrich réplique?: «Alors je réformerai l’Église!»

Une certaine idée de l’Église À 18 ans à peine, il assiste à la messe des Rameaux dans la basilique Saint-Pierre, à Rome. C’est un véritable coup de cœur?: «?Voilà ce qui donne une impression fabuleuse de l’universalité de l’Église?: on voit des Blancs, des Noirs, des Jaunes, tous rassemblés dans l’Église.?» La dimension œcuménique de sa vocation s’amorce. Dans sa thèse de doctorat, «?La communion des saints. Réflexion dogmatique sur la sociologie de l’Église?», Bonhoeffer tente de répondre à une question essentielle, récurrente dans son œuvre?: «?Comment être croyant dans la vie actuelle???» Il va de soi pour le jeune Bonhoeffer que l’Église est le lieu du Christ présent dans le monde, et que c’est au cœur de cette communauté que se réalise la rencontre entre l’homme et Dieu. Le futur pasteur de 21 ans étonne ses aînés par l’audace de sa pensée?: réfléchir à partir du Christ sur ce que devrait être l’Église est tout à fait novateur. En 1931, il part à New York où il découvre la détresse des populations noires, et s’engage dans le mouvement œcuménique. À son retour, il est nommé pasteur et enseigne, comme prévu, la christologie et l’ecclésiologie à l’université de Berlin. Mais le jeune homme a changé. Il pressent le danger que représente Hitler et dénonce dès avril 1933 la politique menée contre les juifs allemands. La validation de cette politique par l’Église protestante d’Allemagne est pour lui un point de non-retour. Il lui est impossible de rester lié à cette Église qui rejette les pasteurs d’origine juive et qui devient l’Église du Reich. Il contribue alors à la naissance de l’Église «?confessante?» (fondée sur la Bible et la confession adoptée en 1934). Le théologien évolue vers une foi plus personnelle en se référant à Jésus disant?: Viens et suis-moi.?» Il fait cette expérience exigeante de «?suivance?» en renonçant à partir en Inde rencontrer Gandhi, pour prendre la direction du séminaire de Finkenwalde. Ses deux livres, Le Prix de la grâce et De la vie communautaire, révèlent combien cette expérience pastorale lui fut décisive. Il y plaide en faveur d’une Église «?responsable?» qui doit inviter le chrétien à trouver par lui-même la solution à ses problèmes.

Vivre en chrétien responsable Dans Le Prix de la grâce, Dietrich critique la banalisation de la théorie fondamentale de Luther selon laquelle?l’homme est sauvé par la seule grâce de Dieu, et non par ses œuvres. Pour Bonhoeffer, profondément ancré dans l’héritage luthérien, c’est un «?mépris de la grâce?» intolérable. Il rappelle que la grâce qui sauve l’homme a coûté la vie au Christ. Le théologien oppose ainsi la «?grâce à bon marché, pire ennemi de notre Église, à la grâce qui coûte?» (1), qui résulte de l’obéissance au Christ. Pour lui, selon Arnaud Corbic, «?l’Église de la grâce coûteuse?reste bien le lieu où la réalité de Dieu rencontre le monde?». Bonhoeffer sait de quoi il parle?! Depuis 1936, l’étau se resserre?: le théologien ne peut plus enseigner en université et, en 1938, il est interdit de séjour à Berlin. En 1940, Bonhoeffer n’a plus le droit de prendre la parole en public. Il s’engage alors dans le combat politique et entre dans le réseau qui fomente un attentat contre Hitler. Il est arrêté en 1943. Au cours de sa captivité, le théologien mûrit encore sa réflexion. Il ose s’interroger sur les fondements mêmes de son engagement dans la résistance, lui, le pacifiste, avec ceux qui projettent de supprimer Hitler. Au prix d’un long dépouillement, il a cessé d’être «?pieux?» pour devenir un homme de la réalité, solidaire de «?ses frères en servitude?». Ce qui rend la pensée théologique de Bonhoeffer si prégnante, c’est qu’elle est portée par un homme qui est en totale adéquation avec ce qu’il vit. Les lettres écrites en captivité destinées à son ami et condisciple Eberhard Bethge, publiées sous le titre symbolique Résistance et soumission, témoignent des profondes interrogations du théologien confronté à un «?monde sans Dieu?». Le pasteur y découvre que des hommes, résistants comme lui, se passent de Dieu tout en restant «?humains?» jusqu’au bout.

Théologien de la réalité Au lieu de chercher à justifier la foi, Bonhoeffer s’interroge?dans la lettre du 30 avril 1944?: «?La question est de savoir ce qu’est le christianisme et qui est le Christ, pour nous aujourd’hui. […] Le temps où l’on pouvait tout dire aux hommes par des paroles théologiques ou pieuses est passé. […] Nous allons au-devant d’une époque totalement non religieuse?» (2). Cette réflexion est prophétique pour notre temps de sécularisation avancée. Comment ne pas se sentir proche de ce théologien visionnaire dans un monde où règne le relativisme?? Avant de mourir, il a le temps de nous laisser quelques balises, comme la lettre du 16 juillet 1944, où il explique qu’à la suite du siècle des Lumières, le monde s’est libéré de ses tuteurs, mais que cette «?libération?» aboutit à la?responsabilité individuelle?: «?En devenant majeurs, nous sommes amenés à reconnaître réellement notre situation devant Dieu. Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. […] On peut dire que l’évolution du monde vers l’âge adulte, faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le regard de l’homme pour le diriger vers le Dieu de la Bible qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance.?» (3) Bonhoeffer est devenu «?un homme de la réalité?», mais n’a jamais remis en cause le christianisme auquel il adhère de tout son être. Le christianisme est au cœur de ce monde parce qu’il est au cœur de l’homme?: «?Les chrétiens vont devoir désormais penser et agir sans tutelle?pour constater ce qu’ils croient eux-mêmes?» sans «?se retrancher?derrière la foi de l’Église?» (4). C’est ce que fit Dietrich Bonhoeffer en son temps troublé. Il vécut l’expérience douloureuse d’être peu à peu dépouillé de toutes ses «?qualités sociales?» jusqu’à finir nu, pendu par les nazis au camp de Flossenbürg, le 9 avril 1945.

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