Archive pour avril, 2016

Ange Gardien

25 avril, 2016

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LE MAÎTRE DU TEMPS – PAPE FRANÇOIS

25 avril, 2016

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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Mardi 26 novembre 2013

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 49 du 5 décembre 2013)

LE MAÎTRE DU TEMPS

Il ne faut pas avoir l’illusion d’être les maîtres de notre temps. On peut être maître du moment que l’on vit, mais le temps appartient à Dieu et il nous donne l’espérance pour le vivre. Aujourd’hui, il est très difficile de déterminer à qui appartient réellement le temps mais, a averti le Pape François dans l’homélie de la messe du mardi 26 novembre, nous ne devons pas nous laisser tromper. Et il a expliqué pourquoi et comment, en offrant une réflexion sur ce que proposent les lectures de cette dernière période de l’année liturgique, au cours de laquelle « l’Église nous fait réfléchir sur la fin ». Saint Paul, a souligné le Pape, « revient de nombreuses fois sur cela et le dit très clairement ; “la face de ce monde disparaîtra”. Mais cela est autre chose. Les lectures parlent souvent de destruction, de fin, de catastrophe ». La voie vers la fin est une voie que doit parcourir chacun de nous, chaque homme, toute l’humanité. Mais tandis que nous la parcourons, « le Seigneur nous conseille deux choses. Deux choses qui sont différentes selon la façon dont nous vivons. Parce que vivre dans le moment est différent et vivre dans le temps est différent ». Le moment, a ajouté l’Évêque de Rome, est celui que nous avons entre les mains à l’instant où nous vivons. Mais il ne faut pas le confondre avec le temps, car le moment passe. « Peut-être pouvons-nous nous sentir maîtres du moment ». Mais, a-t-il ajouté, « l’erreur est de nous croire les maîtres du temps. Le temps ne nous appartient pas. Il appartient à Dieu ». C’est pourquoi le Seigneur nous conseille : « Ne vous laissez-pas tromper. De nombreuses personnes en effet viendront en mon nom en disant : c’est moi, et le temps est-il proche ? Ne les écoutez pas (Daniel 2, 31-45). Ne vous laissez pas tromper par la confusion ». Mais comment est-il possible de surmonter ces tromperies ? Le chrétien, a expliqué le Saint-Père, pour vivre le moment sans se laisser tromper, doit s’orienter avec la prière et le discernement. Voilà à quoi sert le discernement, a-t-il expliqué : « à connaître les véritables signes, à connaître la voie que nous devons emprunter en ce moment ». La prière, a poursuivi le Pape, est nécessaire pour bien vivre ce moment. En revanche, en ce qui concerne le temps, « dont seul le Seigneur est le maître », nous ne pouvons rien faire, a répété le Pape. En effet, il n’existe aucune vertu chrétienne qui puisse servir à exercer un pouvoir sur le temps. L’unique vertu possible pour regarder le temps « doit être offerte par le Seigneur : c’est l’espérance ». Prière et discernement pour le moment ; espérance pour le temps: ainsi, le chrétien avance sur ce chemin du moment, avec la prière et le discernement. Mais il laisse le temps à l’espérance. Et l’invocation finale du Pape a été : « Que le Seigneur nous donne la grâce de marcher avec sagesse. Cela aussi est un don : la sagesse qui sur le moment nous porte à prier et à discerner et dans le temps, qui est messager de Dieu, nous fait vivre avec espérance ».

LE SABRE ET LE GOUPILLON : LA GUERRE JUSTE

25 avril, 2016

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LE SABRE ET LE GOUPILLON : LA GUERRE JUSTE

Plan :  Préliminaires Une approche philosophique de la guerre : Hegel et Kant La notion de  » guerre sainte  » existe-t-elle dans l’Ancien Testament ? La théorie de la guerre juste et la position de Gaudium et Spes Le sabre et l’absolution : la casuistique de la guerre       A – Les conditions du combat       B – Qu’est-il permis de faire à la guerre ?       C – Les occasions de péché et vertu chrétienne  

Préliminaires : 1.  Parler de guerre, et de guerre juste, a de quoi surprendre. Ne faudrait-il pas mieux parler de paix dans un contexte international où les pays occidentaux – du moins – parlent de défense nationale en termes de dissuasion ? Les circonstances et l’actualité, riches en conflits, nous poussent à parler de la  » guerre juste « ….. D’autant que le Catéchisme de l’Eglise Catholique au numéro 2309 nous en rappelle les éléments traditionnels à propos de la légitime défense par la force militaire.  2.  Il y a, pour le théologien, une fausse symétrie entre la guerre et la paix. La paix est un concept théologique, ce que n’est pas la guerre. La paix véritable n’est pas l’absence de guerre, une sorte d’entre-deux fragile entre deux massacres. Elle est un don de Dieu, ce qui n’empêche pas les hommes à y collaborer, alors que la guerre est un mal et un produit de l’activité humaine. La paix relève de l’eschatologie, elle est toujours pour demain. Elle est une fin, sa fin propre, alors que personne aujourd’hui n’envisage dans la guerre autre chose qu’un moyen de parvenir à une paix dont la justice et la stabilité laissent plus ou moins à désirer. Entre guerre et paix, il y a une différence de nature, d’origine et de finalité.  3.  La paix est un attribut de Dieu. Paul dit du Christ qu’il est notre paix (Eph 2,14). Mais Dieu nous offre le salut, pas un plan de paix terrestre perpétuel et universel. Dans l’Ancien Testament, cette paix-là est rare, trop souvent associée à la déportation ou à l’occupation. Jésus-Christ ne l’a pas apportée. Il est venu porter le glaive sur la terre (Mat. 10,14). Lors de son Incarnation, la paix est celle du vainqueur, de l’occupant romain. Paix du centurion, elle permet l’évangélisation, mais elle est aussi celle du persécuteur.  4.  La Parole de Dieu n’est pas de l’irénisme. La paix terrestre comme valeur suprême est quelque peu tardive : il faut attendre la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle avec les Quakers et l’abbé de Saint Pierre. La guerre est un phénomène normal jusqu’à l’instauration du Royaume de Dieu. Avant d’opposer des peuples, elle se livre entre Dieu et les puissances maléfiques. Elle a pour champ de bataille l’humanité tout entière, tout comme le cœur de chacun. C’est le combat spirituel qu’évoque Saint Paul lorsqu’il compare les vertus du chrétien à l’armement du soldat romain : pour vaincre, il faut le glaive de l’Esprit (Eph.6,10). C’est des désirs mauvais dans le cœur de l’homme que proviennent les guerres qui dévastent la terre. L’enjeu suprême est la vraie paix qui est la vie éternelle dans le Royaume de Dieu. La défaite est la perdition. Don de Dieu, la paix est concorde des facultés de l’homme, équilibre et contrôle des passions.  5.  Après les deux guerres mondiales, l’effondrement de l’empire soviétique, les conflits dans le Golfe Persique sans parler de l’Irak, la confusion la plus grande règne dans les esprits et il paraît urgent que l’Eglise reprenne une réflexion sur la guerre. Nos contemporains veulent des soldats qui ne soient pas des soldats, tout en ayant l’air de l’être quand cela tourne mal, mais sans leur permettre de le redevenir vraiment. Les critiques ne manquent pas contre l’idée qu’il puisse y avoir une guerre dans de justes conditions, mais on réclame à cor et à cri un tribunal international. On charge l’ONU d’une tâche redoutable pour laquelle elle n’a pas été conçue. L’idée que le juge exécute aussi la sentence répugne aux bonnes consciences, mais on déplore que la même organisation ne parte pas en guerre. Enfin, suprême aberration, on accepte la guerre, par médias interposés, pourvu quelle ne fasse pas de morts (chez soi, s’entend). On ne veut pas voir que la vérité du combat, c’est le corps à corps du fantassin, que la finalité du soldat, c’est de vaincre ou de ne pas être défait, la paix étant du ressort de l’autorité politique.  6.  L’Eglise a bien du mal à conduire une réflexion sur la guerre. Après deux conflits mondiaux, l’irruption de l’arme nucléaire acheva de perturber les catégories traditionnelles. Non sans mal, l’Eglise a dû tenir compte de l’arme nucléaire. Au milieu de bien des controverses, elle a fini par tolérer à titre temporaire la dissuasion sans cesser d’insister sur la nécessité pressente du désarmement. 

I. Une approche philosophique de la guerre : Hegel et Kant La préoccupation des philosophes doit dépasser la question de savoir ce qu’est la guerre, ils doivent également rechercher quelle est son essence, et donc s’interroger sur son caractère nécessaire. La guerre peut-elle être une bonne chose, peut-elle jouer un rôle dans la régulation de la vie internationale ? La réponse de Hegel part d’une réflexion sur l’histoire humaine. L’histoire est pour ce philosophe, le principal objet de réflexion. La philosophie de Hegel essaie de comprendre ce qui est arrivé dans l’histoire, saisissant le concept de sa nécessité éternelle. C’est sur cette nécessité que s’appuie Hegel pour attribuer à la guerre la vertu d’être un élément essentiel à la santé des peuples. Cette thèse bien connue et peut-être trop souvent citée est la suivante :  Dans l’état de guerre, la vanité des choses et des biens temporels qui, d’ordinaire, donne lieu à des propos édifiants, est prise au sérieux. C’est pourquoi la guerre est le moment où l’idéalité de ce qui est particulier obtient son droit et devient réalité. Elle a alors cette signification plus haute que, par elle,  » se conserve la santé éthique des peuples dans son indifférence vis-à-vis des déterminités et vis-à-vis du processus par lequel elles s’installent comme habitudes et deviennent fixes, tout comme le mouvement des vents préserve les eaux des lacs du danger de la putréfaction où les plongerait un calme durable, comme le ferait pour les peuples une paix durable et a fortiori une paix perpétuelle  » .  Cette conception souligne la reconnaissance spontanée de la vertu de courage suscitée par la guerre et de ses effets civiques. En présentant le courage du guerrier comme un exemple de cette sorte de qualité humaine  » sublime  » que tout les hommes admirent spontanément, Kant conclut :  » On pourra donc discuter tant qu’on voudra pour savoir qui de l’homme d’Etat ou du chef de guerre mérite la préférence de notre respect – le jugement esthétique tranche en faveur du second « . Ce dernier ajoute :   »Lorsqu’elle est conduite avec ordre et dans le respect sacré des droits civils, la guerre elle-même est en quelque manière sublime, et elle rend du même coup la manière de penser du peuple qui la conduit ainsi d’autant plus sublime qu’il s’est exposé à de plus nombreux dangers auxquels il a su faire face courageusement ; en revanche une longue paix fait régner le simple esprit mercantile et avec lui l’égoïsme bas, la lâcheté, la veulerie ; d’ordinaire elle avilie la manière de penser des peuples « .  Ces philosophes insistent sur le fait que des guerres extérieures tendent à renforcer la cohérence interne d’un Etat. Positivement donc, la guerre suscite le courage, et fait même apparaître une  » classe  » particulière qui le caractérise, l’armée permanente qui, avec les autres corps constitués, achève l’articulation organique et rationnelle de la société. En systématisant la pensée de Rousseau, Kant souligne que les êtres humains, dans leur nature même, sont  » radicalement mauvais « . La guerre est donc vue comme la condition normale et naturelle de l’humanité, et la paix comme l’exception. Le mal lui-même peut, d’une certaine manière, conduire au bien. Le moyen de vaincre le mal est la raison. C’est elle qui perçoit le bien, et le propose à l’assentiment de l’homme. Elle demeure essentiellement capable de surmonter la perversité de la nature humaine. Mais dix ans plus tard, dans son Projet de paix perpétuelle, Kant trace les grandes lignes des articles fondamentaux d’une loi internationale sur laquelle une paix perpétuelle pourrait et devrait reposer. Kant raisonne sur trois niveaux différents :  a)  au niveau de la raison pure, une constitution républicaine est une idée nécessaire, qui en soi n’est pas l’objet d’une connaissance humaine (empirique). Kant l’appelle une  » fin de la Nature « , que nous pouvons ni connaître, ni affirmer, mais que nous devons supposer, car elle gouverne le comportement humain.   b)  A un second niveau, chercher à établir une telle constitution est non seulement une possibilité, mais aussi une obligation morale, qui produira,   c)  A un troisième niveau, ses effets empiriquement vérifiables :  » Peu à peu les puissants useront moins de la violence, et il y aura plus de docilité à l’égard des lois. Il y aura dans la société plus de bienfaisance, moins de chicanes dans les procès, plus de sûreté de la parole donnée…. «   On peut souligner que Kant résonne selon les lignes directrices d’une approche de type moderne, fondée sur la perversion de la nature humaine, qui ne voit dans la paix que l’absence de guerre et donc attend que la paix survienne par un mécanisme d’autodestruction de la guerre. II. La notion de  » guerre sainte  » existe-t-elle dans l’Ancien Testament ? A chaque fois qu’un groupe fondamentaliste islamique proclame de nouveau la  » guerre sainte  »  » ou que la barbe ondulante d’un ayatollah apparaît sur les écrans, nos médias ont l’habitude d’évoquer des associations avec l’Ancien Testament, comme avec la phrase  » œil pour œil, dent pour dent « . Qu’en est-il de la  » guerre sainte  » dans l’ancien peuple d’Israël ? Ce terme n’existe pas dans les écrits bibliques. L’expression la plus proche serait la tournure  » sanctifier la guerre  » dont on trouve l’emploi dans un texte prophétique ironique du livre de Joël. On y invite les peuples à céder tranquillement à leur penchant et à menacer de guerre l’Israël de Dieu. Dieu, dit-on, les soumettra à son jugement :   » Sanctifiez donc la guerre ! Mobilisez donc vos soldats ! Que tous les contingents d’armée se réunissent et partent en campagne ! Forgez même des épées avec le soc de vos charrues et des piques avec vos serpes de vigneron.  » (Joël 4,9ss)  La tournure  » sanctifier la guerre  » n’est donc pas utilisée ici par Israël. Israël ne doit pas partir en guerre du tout. Il est sauvé par Dieu d’une autre manière. Les peuples de la terre qui aiment la guerre la sanctifient. On peut dire pour être concis : ce qui distingue Israël des autres peuples de l’Antiquité, c’est qu’il a quitté ce monde qui sacralise tout, même la violence, au cours d’une longue histoire qui s’est déroulée non sans difficulté. Toujours l’Ancien Testament démasque la violence, elle apparaît même comme le péché central de l’homme. Elle est la cause du déluge, elle figure dans les éléments de la prédiction prophétique, dans les causes de l’origine de la décadence de la monarchie juive. Dieu révèle à son peuple le lien de la violence avec le péché. III. La théorie de la guerre juste Jésus vécut dans les territoires placés sous le protectorat de Rome qui réprimait durement les révoltes, et, à aucun moment, il ne la prêcha contre l’occupant. Méditant l’exemple de leur Maître, se rappelant qu’il avait ordonné à Pierre de remettre son épée au fourreau (Jean 18,11) et croyant son retour imminent, les premiers disciples n’envisagèrent pas de recourir aux armes pour se défendre de leurs persécuteurs et adoptèrent une position non violente. Les évangélistes nous présentent à plusieurs reprises des militaires, et chaque fois sous un jour sympathique. Jésus loue la foi du Centurion. Le Centurion de garde au Calvaire et sa troupe reconnaissent qu’il est le Fils de Dieu (Mat 27,54). Enfin, le premier non-juif à recevoir le baptême est aussi un Centurion, Corneille (Actes 10). Les Légions sont les garantes de la cohésion et de la paix intérieure et extérieure de l’empire et Origène (186-253) sait bien que la force est nécessaire au maintien de cette paix. Aussi écrit-il que la défense de l’empire est une cause juste à laquelle les chrétiens se doivent de contribuer par leurs prières. Cette solution était viable tant qu’il y avait des païens pour manier les armes, mais que faire lorsque l’Empereur et l’empire deviennent officiellement chrétiens ? Saint Augustin, témoin de cette période troublée où les barbares ravagent l’empire, fonde sur la charité sa réponse au problème posé. Responsable de son frère, le chrétien doit l’assister dans le danger et le défendre les armes à la main. Il affirme qu’il est permis aux chrétiens d’être soldats et de faire la guerre, ajoutant dans une lettre à Marcellin que :   » Si la doctrine de l’Evangile condamnait absolument la guerre, saint Jean n’aurait point d’autre conseil à donner aux soldats qui le consultaient sur ce qu’ils avaient à faire pour se sauver que de jeter leurs armes et de renoncer à leur profession. «   Cette leçon de saint Augustin constitue le fondement de l’attitude de l’Eglise. Saint Thomas d’Aquin (1224-1274) la reprend et la systématise dans la Somme Théologique (IIa-IIae, question 40). C’est cette tradition que reprend Francisco de Vitoria (1483-1546) dans son célèbre traité De jure Belli. Il examine quatre questions principales :  - Les chrétiens peuvent-ils faire la guerre ? – Qui est investi de l’autorité nécessaire pour faire ou pour déclarer la guerre ? – En quel cas une guerre peut-elle être juste ? – Qu’est-il permis de faire dans une guerre juste ?  Reprenant l’argumentation de saint Augustin, Vitoria rappelle  » qu’il est permis de repousser la force par la force  » (V 13) et que le chrétien peut combattre dans une guerre défensive. Il étend cette permission à la guerre offensive lorsqu’il convient de punir les ennemis qui ont commis ou essayé de commettre une injustice :  » car l’impunité les rendrait plus audacieux pour une seconde invasion, si la crainte du châtiment ne les en détournait  » (V 15). Vitoria note également  » qu’il ne peut y avoir de sécurité dans l’Etat si les ennemis ne sont pas empêchés de commettre des injustices par crainte de la guerre  » (V 16). Sans que l’aspect dissuasif de la sanction soit explicitement développé, il souligne que  » non seulement le monde ne pourrait vivre heureux mais qu’il serait réduit à la pire des conditions, si tous les tyrans, les voleurs et les ravisseurs pouvaient impunément commettre des injustices et oppriment les gens de bien et les innocents sans que ceux-ci puissent de leur côté sévir contre les coupables  » (V 17). Avant d’aborder la seconde question principale, qui concerne celui qui est investi de l’autorité nécessaire pour faire ou pour déclarer la guerre, Vitoria rappelle que la guerre défensive  » peut être faite par n’importe qui « . En fait, il s’agit ici de ce que nous appelons la légitime défense qui cesse pour l’individu en  » même temps que sa nécessité « . Mais en dehors de ce cas où le citoyen défend sa vie, sa famille et ses biens, seul l’Etat possède l’autorité suffisante pour déclarer et entreprendre la guerre. On peut déplorer qu’en pareille circonstance l’Etat soit juge et partie, mais la légitimité de sa décision est tout aussi incontestable que celle de la légitime défense. Pour Vitoria,  » la seule et unique cause juste de déclarer la guerre, c’est la violation d’un droit  » (V 13). Il tempère cette affirmation en ajoutant que  » toute violation d’un droit, quelle qu’en soit l’importance, ne suffit pas pour justifier une déclaration de guerre…. La grandeur du délit doit être la mesure du châtiment  » (IV 14). Il pose ici le principe de la proportionnalité, mais à une époque où les combats ne constituaient pas la partie la plus meurtrière de la guerre, il n’en fait pas grand usage. Ce principe connaîtra plus tard de très importants développements. Mais la justesse de la cause n’autorise pas tous les coups. Vitoria cherche à délimiter le champ de la violence. Il détaille soigneusement la classe des innocents qu’il n’est jamais permis de tuer  » en soi et intentionnellement « , puisque l’innocent n’a pas violé le droit dont la violation est à l’origine de la guerre. Il admet cependant, et avec regret, qu’on puisse accidentellement et en connaissance de cause tuer des innocents :  » la raison en est qu’autrement il ne serait pas possible de faire la guerre même aux coupables, ni de faire triompher la juste cause ? De même, si une ville assiégée se défend justement, il lui est permis de se servir de machines de guerre et de lancer des traits contre les assaillants et dans le camp des ennemis, même si parmi eux se trouvent des enfants et des gens paisibles  » (V 37). Mais ni les femmes, ni les enfants ne doivent être mis à mort. Il en est de même de toute population civile et paisible, des clercs et des religieux, sauf si on les trouve les armes à la main. A l’égard des coupables la position de Vitoria est claire. Au cours du combat, qui est, il faut le rappeler, le moyen de neutraliser l’ennemi, il admet  » qu’on peut indifféremment tuer tous ceux qui combattent tant qu’il y a quelque danger à craindre de leur part  » (V 45). Mais le danger passé et la victoire acquise, il recommande de  » prendre en considération l’injure faite par les ennemis, les dommages qu’ils ont causés et leurs autres actes délictueux et de s’inspirer de cette considération pour déterminer la peine et le châtiment, en écartant tout sentiment inhumain ou cruel  » (V 47) et pour donner plus de poids à sa recommandation, il invoque Cicéron en le citant :  » Il ne faut sévir contre les coupables que dans la mesure où l’équité et l’humanité le permettent  » (De officiis). Vitoria termine son ouvrage en énonçant trois règles :  1)   c’est contraint et forcé qu’il faut être aculé à la nécessité de la guerre ; 2)   quand pour une juste cause la guerre a éclaté, il faut la faire non pour ruiner la nation contre laquelle on combat, mais pour obtenir ce qui est dû et défendre la patrie et l’Etat, afin que de cette guerre sortent la paix et la sécurité ; 3)   il faut user de la victoire avec une modération et une modestie chrétienne (V 60). 

LA POSITION DE GAUDIUM ET SPES Aboutissement de plus de mille ans de réflexion chrétienne sur la guerre, l’œuvre de Vitoria constitue un moment marquant tant pour le politique que pour le moraliste chrétien. Mais le cadre dans lequel il réfléchit et la société pour laquelle il écrit ont changé. Son discours s’adresse au prince et à ses conseillers, à une époque où la guerre est beaucoup moins meurtrière que la peste ou la famine. Avec l’accroissement de la puissance de destruction des armements utilisés, le principe de proportionnalité a pris une part croissante dans la réflexion et, en particulier, dans celle des pères conciliaires. Ceux-ci notent que  » on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifique, le droit à la légitime défense  » (GS 79,4) ; les soldats doivent se considérer :  » comme les serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples ; s’ils s’acquittent correctement de cette tâche, ils concourent vraiment au maintien de la paix  » (GS 79,5). Mais conscients des possibilités de destruction des armes nucléaires mises au point depuis l’explosion de Hiroshima, les pères conciliaires déclarent aussitôt :  » tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation  » (GS 80,4). Ils exhortent également les hommes à mettre à profit le temps que Dieu leur concède pour régler leurs différends autrement que par la guerre (GS 81,4). Au début des années 1980, la crise des euromissiles conduit le pape Jean Paul II, ainsi que de nombreuses conférences épiscopales, à s’exprimer sur la question des armes nucléaires. La Conférence Episcopale de la République d’Allemagne publia un document aussi ample que fouillé :  » La justice construit la paix « , signalant le décalage qui existait entre la doctrine classique et la réalité :  » On ne peut constater qu’avec regret qu’elle (la doctrine de la guerre juste) n’a plus été actualisée ni approfondie. Son décalage par rapport aux réalités politiques et militaires s’est accru. Cette évolution de la doctrine de la guerre juste a pu être trop facilement utilisée pour justifier des idéologies et des intérêts qui étaient très éloignés des conceptions de l’Eglise : aujourd’hui, on défend dans de nombreuses régions du monde les conceptions les plus diverses de la  » guerre juste « , sans que des restrictions essentielles de la théologie chrétienne n’y jouent un quelconque rôle « . Quoiqu’il en soit, Jean-Paul II et les épiscopats exhortent inlassablement à la paix. Nous nous souvenons du cri de Paul VI à l’ONU :  » Plus jamais la guerre !  » En se laïcisant, l’héritage de la scolastique se retrouve dans le droit des gens, et la notion de  » guerre juste  » se déplace. L’idée selon laquelle la guerre permet de punir les coupables perd progressivement ses fondements au profit de la légitimation de celui qui mène la guerre. IV. Le sabre et l’absolution : la casuistique de la guerre Traiter de la casuistique de la guerre peut indisposer certains d’entre vous, même de bonne volonté. La casuistique a fort mauvaise presse et on ne la connaît en général que par les sarcasmes de Pascal dans les Provinciales. Vous vous attendez à écouter un jésuite retors prêt à légitimer les actions les moins évangéliques. Rassurez-vous, je ne suis pas Jésuite. De toute manière, la Compagnie de Jésus n’eut pas le monopole de la casuistique qui connut une activité d’un extrême développement aux XVIème et XVIIème siècles. Elle a pour fin de résoudre des cas de conscience, ce qui lui vaut d’être immédiatement pratique. Elle vise à traduire dans l’activité parfois quotidienne les commandements de l’évangile en déterminant ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Elle tend donc à aider et non à alourdir, à conseiller et non à donner carte blanche. Par nature, elle est arborescente, non seulement parce que les casuistes ne sont pas unanimes, mais aussi En règle générale, il est licite dans une guerre juste de s’appuyer sur des infidèles contre des chrétiens qui ont commis une injustice grave. Une fois pourvue d’alliés, le chef de guerre peut-il emmener dans son armées des clercs ? Il ne manqua pas de clercs pour encourager les soldats, tels le franciscain Jean de Capistran lors du premier siège de Vienne par les Turcs en 1529 et le carme Dominique de Jésus-Marie qui fut à l’origine de la victoire de la Montagne Blanche aux portes de Prague en 1620. Il y en eu même pour combattre, tel le capucin Ange de Joyeuse pendant les guerres de religion en France au XVIème siècle. La question a été traitée par saint Thomas d’Aquin qui estime la conduite de la guerre tout à fait incompatible avec les fonctions exercées par les évêques et les clercs. Elle les détourne de la contemplation, de la louange de Dieu et de la prière pour le peuple. Il ne leur convient pas  » de tuer ou répandre le sang, mais plutôt d’être prêts à verser leur propre sang pour le Christ afin d’imiter par leur vie ce qu’ils accomplissent par leur ministère « . Toutefois, les clercs peuvent inciter un prince à entrer en guerre pour la défense de l’Eglise, voire nommer un chef pour conduire les opérations à leur place. Ils ne sont pas exclus des armées. Avec l’accord de leurs supérieurs, ils peuvent exhorter, confesser, absoudre les soldats.  » Ils peuvent en général exciter au combat et à la victoire en disant : agis avec force ou ne succombe pas, ou combats durement. Mais qu’ils ne disent pas en particulier : tue, massacre « . Pourtant, selon Becan, ils peuvent combattre eux-mêmes sans avoir besoin de dispense pontificale : lorsqu’ils doivent défendre leur vie, leur patrie et obtenir une victoire d’une grande importance. Quelques auteurs ajoutent encore, pour défendre la vie de l’innocent. Caramuel dans sa  » Teologia intentionalis « , se demande si des ecclésiastiques peuvent être tués à la guerre. Il distingue les prédicateurs qui peuvent parfois êtres tenus pour ennemis, des confesseurs. Mais il loue l’usage des Espagnols et des Français qui libèrent sans rançon les clercs capturés.

Quand combattre ?A la suite de Saint Thomas d’Aquin, on discute à propos des dimanches et des fêtes. La réponse est positive, pourvu qu’il y ait nécessité. C’est la défense du bien public qui est le critère décisif. D’un auteur à l’autre, les références sont identiques, Maccabées (2,41) :  » Quiconque viendra nous faire la guerre un jour de sabbat, nous combattrons contre lui « . Si le fait de se défendre ne pose pas de problème, il n’en va pas de même de l’offensive ou du début d’un siège. La bataille de la Montagne Blanche eut par exemple lieu un dimanche, ce que Caramuel justifia en notant qu’il y avait péril et nécessité, citant même le psaume 149 :  » Ils chantent les éloges du Seigneur, maniant l’épée à deux tranchants.  » Combattre un tel jour est admis si cela s’avère nécessaire ou opportun pour la victoire, qu’un retard d’une journée rendrait plus difficile à obtenir. De toute manière, les occasions de péchés ne sont pas nécessairement les plus nombreuses au combat. On s’y trouve plus éloigné des péchés que de la dévotion. Si on est victime d’une agression, il est parfaitement légitime de se défendre et la guerre commence dès que possible. En revanche, tous les auteurs en conviennent, on ne peut passer à l’offensive sans avoir au préalable demandé satisfaction à l’adversaire. Le déclenchement des hostilités peut-il être arrêté par un revirement de l’auteur de l’injustice dont le châtiment prend la forme de la guerre ? Cette question que n’aborde pas Saint Thomas d’Aquin est traitée par Suarez. Avant le début de la guerre, le prince est tenu de faire savoir pourquoi sa cause est juste et de demander officiellement une satisfaction convenable. Les hostilités seront ouvertes si elle est refusée. Il semble que ce passage de Suarez éclaire l’attitude française au moment de la déclaration de guerre à l’Espagne en 1635 : demande de libération de l’archevêque de Trèves et d’évacuation de son territoire, puis, faute d’avoir obtenu cette satisfaction, envoi du héraut du roi qui vient déclarer sur la Grand Place de Bruxelles que son maître est décidé à obtenir réparation. Si, à l’inverse du roi d’Espagne, le fauteur de trouble accorde la satisfaction requise, le prince qui s’apprêtait à la guerre doit l’accepter et arrêter ses préparatifs. Une guerre qui serait commencée quand même serait injuste et contraire à la charité. Une fois les hostilités et les destructions commencées, doit-on accepter la satisfaction que proposerait un adversaire déjà éprouvé par les pertes subies ? Becan pense que oui : si la satisfaction est convenable, l’injustice cesse et il n’y a plus de raison de continuer la guerre. B. – Qu’est-il permis de faire à la guerre ? La guerre commencée, il faut la gagner. Cependant, ce qui est intrinsèquement injuste n’est pas permis. Le casuistes se préoccupent tout d’abord du combat proprement dit. Est-il permis de ruser ? Saint Thomas d’Aquin a consacré un article à cette question en s’appuyant sur Saint Augustin :  » Lorsqu’une guerre juste est entreprise, que l’on combatte ouvertement ou avec ruse, cela n’importe en rien à la justice « . On ne doit pas dire des choses fausses et il faut tenir ses promesses. Pourtant, une certaine forme de dissuasion est acceptable, elle consiste à ne pas se découvrir pour que l’autre se trompe sur nos plans. Ce n’est pas à proprement parler une tromperie, mais une erreur d’interprétation commise par l’adversaire. L’usage de la ruse est un élément classique de la casuistique militaire. On en trouve une illustration dans le Dictionnaire des cas de conscience de Pontas :  » Armand, colonel d’un régiment de cavalerie, homme fort entendu dans le métier de la guerre, évite d’attaquer les ennemis à découvert, et en tue chaque campagne un nombre considérable, par des embûches qu’il leur dresse et par des surprises. Le peut-il faire sans péché, la guerre étant juste ?  » La réponse est oui. Josué n’a-t-il pas utilisé la ruse contre les habitants d’Aï ? Holopherne n’a-t-il pas été dupé par Judith ? Sont rejetés le mensonge et la déloyauté. Tous les casuistes insistent sur l’interdiction de massacrer les  » innocents « , à la fois ceux qui sont inoffensifs et ceux qui ne sont pas coupables. Tant que la preuve n’a pas été apportée de leur culpabilité, ils sont présumés innocents. Tous les soldats adverses ne sont pas coupables, Vitoria le signale :  » … Dans la plupart des cas, même si la guerre est injuste pour un parti, les soldats qui sont à la bataille et attaquent ou défendent les cités sont innocents.  » La plupart des casuistes insistent alors sur ce fait capital : les sujets ne sont pas tenus d’examiner les causes de la guerre. Il ne leur appartient pas de les juger. La distinction est nette entre les combattants et les autres. Doivent être épargnés les femmes et les enfants, les moines, les convers et les prêtres, les ambassadeurs et les envoyés, les étrangers et les marchands. Cependant, comme le note Suarez les moyens nécessaires à la victoire entraînent souvent des victimes innocentes lorsqu’ils sont impossibles à distinguer. Ce n’est pas la mort des innocents qui est recherchée, elle ne survient que par accident. Nécessité fait loi, le bien public passe d’abord. Pour les dommages infligés aux biens de l’adversaire tout n’est pas permis. Pour nous, la résistance jusqu’au bout est le comble de l’héroïsme. Mais il en allait tout autrement au XVIIème siècle. Il était alors admis qu’une place ne pouvait se rendre que lorsque l’ennemi avait atteint et ruiné sa dernière ligne de défense. Pouvait-on alors la mettre à sac ? Oui, toutefois les chefs devaient empêcher le soldat de se livrer à un butin ou à des plaisirs illicites. A partir de saint Thomas, la question du butin fait l’objet de nombreuses considérations. Il est possible, après la victoire, d’infliger à l’ennemi des dommages correspondant à une juste vengeance, à la satisfaction adaptée au préjudice subi. C’est la finalité même de la guerre. La mesure est la juste compensation.. La satisfaction implique-t-elle la saisie des biens des innocents ? Oui, au cas où elle serait incomplète autrement, une fois confisqués les biens des coupables. Les casuistes justifient leur point de vue en disant que la république inique est indivisible, si bien que chaque partie peut être punie pour la faute du tout même si elle n’y a aucune part. Une seule catégorie de biens échappe aux destructions et à la capture, ceux du clergé. Le but recherché, au-delà de la satisfaction reste la paix, et il convient de prendre quelques précautions pour la garantir, par exemple prendre des places fortes, en détruire ou en construire. Citons pour finir les conclusions modérées du traité de Vitoria :  Si en vertu d’une juste cause la guerre a éclaté il convient de la faire, non pour réduire la nation contre laquelle on combat, mais seulement en fonction des droits que l’on possède et pour la défense de la patrie, de façon à retirer de cette guerre la paix et la sécurité (…) La victoire obtenue et la guerre finie, il convient d’user modérément et chrétiennement de la victoire…  C. – Occasions de péché et vertus chrétiennes Dans la littérature casuistique apparaissent nettement des péchés propres aux militaires. Les péchés militaires seraient incompréhensibles si on ignorait qu’à l’époque des princes chargeaient des colonels et des capitaines de lever et d’équiper eux-mêmes des régiments et des compagnies. La construction d’une armée était en grande partie confiée à des entrepreneurs privés. Il n’y avait pas de condamnation morale du mercenaire. Becan effectue des distinctions entre les péchés des chefs, ceux des officiers et ceux des soldats du rang. Le péché principal des chefs est l’esprit de lucre qui les pousse à s’enrichir aux dépens des soldats et plus encore du prince. Ils ne nourrissent pas convenablement leurs hommes ou bien leur fournissent à moindre coût des vivres avariés en gardant pour eux la différence. Certains vont jusqu’à s’approvisionner en poudre de qualité douteuse. De plus, ils réclament à leur employeur princier plus qu’il ne faut pour les vivres et l’équipement. Les officiers ne sont pas nécessairement plus recommandables. Ils sont susceptibles d’empocher les soldes de soldats fictifs, de renvoyer les vétérans mieux payés pour engager des hommes moins expérimentés et donc moins chers et de permettre à leurs troupes de vivre au dépens des paysans. Quant aux soldats, ils raisonnent bien logiquement en fonction de la solde qui leur est promise. Aussi sont-ils prêts à se faire engager par n’importe quel prince, la justice de la cause important peu. Ils sont portés à la désertion. Escobar dresse le triste tableau de soldats extorquant toutes sortes de denrées aux habitants, jurant et blasphémant, jouant, violant et se plaisant dans la compagnie des prostituées. Les occasions de péché ne manquent pas et on comprend dès lors que certains auteurs aient pu déclarer qu’elles étaient moindre au combat proprement dit. La vie chrétienne est-elle impossible pour le soldat ? Saint François de Sales précise que la dévotion leur est accessible comme aux autres hommes vivants dans le siècle. Peu à peu un modèle du soldat chrétien est élaboré. La sainteté n’impliquait pas nécessairement de renoncer à l’épée. Du soldat du Christ tel que l’envisageait Bernard de Clairvaux au temps des Croisades, on était passé au soldat chrétien. Le célèbre jésuite Pierre Canisius rédigea à l’usage des futurs soldats un Kriegsleutspiegel ou  » miroir des gens de guerre « . Il leur désignait comme modèle à imiter Saint Maurice et ses compagnons de la Légion Thébaine martyrisés à cause de leur foi. L’homme de guerre est celui du combat spirituel. Il lui faut se garder de la présomption et de la vanité en écoutant les conseils des anciens. Il ne louera que ce qui en vaut la peine. Il saura choisir les bonnes compagnies. Il mangera, boira, parlera et se taira comme il convient. Il ne s’adonnera pas aux vanités de la danse, des chants et des cartes. Insoucieux de l’inutile, il pourra faire son devoir et supporter les infortunes. Cet idéal du soldat permit le développement d’un modèle spécifique de l’officier chrétien dont l’histoire reste à faire, mais qui n’en fut pas moins important dans l’armée française des XIXème et XXème siècles (Henry de Bournazel, Foch, Castelnau, les maréchaux Leclerc, de Lattre de Tassigny…) La réflexion des casuistes a un intérêt qui dépasse l’exhumation archéologique d’auteurs oubliés. En dépit d’une réputation fâcheuse, elle cherche à prendre en compte la réalité des opérations militaires du temps, en résolvant des cas pratiques. Il ne saurait être question de prétendre faire des solutions d’hier la règle des engagements d’aujourd’hui. Leurs conclusions semblent parfois sauvages et choquantes, mais si déjà certains des belligérants actuels s’avisaient de les respecter, n’y aurait-il pas un progrès sensible ? Aujourd’hui, les interventions extérieures, les actions de guerre ou de prévention des crises nécessitent une casuistique attentive aux situations concrètes et aux questions parfois brutales qu’elles peuvent susciter. D’autres professions que les militaires s’interrogent également sur la  » déontologie  » qui est ou devrait être la leur et souvent, c’est là aussi le besoin d’une casuistique qui se fait sentir. ________________________________________________________________

1 Hegel, Principe de la philosophie du droit, Trad. R. Derathé, Paris, Vrin, 1975. §324. 2 Kant, Critique de la faculté de juger, Analytique du sublime,  » Bibliothèque la Pléiade « , Paris, Gallimard, 1985, §28 3 Vous trouverez ce thème dans le livre de Kant : La religion dans les limites de la simple raison. 4 Documentation Catholique, n° 1853 du 5 juin 1983, pp. 568 et ss.  

 

John the Apostle on Patmos by Jacopo Vignali.

22 avril, 2016

John the Apostle on Patmos by Jacopo Vignali. dans images sacrée 800px-Jacopo_vignali%2C_san_giovanni_evangelista_a_patmos
https://en.wikipedia.org/wiki/Patmos

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – Jésus parle d’un « commandement nouveau ».

22 avril, 2016

https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20100502_torino.html

VISITE PASTORALE À TURIN

CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – Jésus parle d’un « commandement nouveau ».

Place San Carlo

Dimanche 2 mai 2010

Chers frères et sœurs!

Je suis heureux de me trouver avec vous en ce jour de fête et de célébrer pour vous cette Eucharistie solennelle. Je salue chacune des personnes présentes, en particulier le pasteur de votre archidiocèse, le cardinal Severino Poletto, que je remercie des paroles chaleureuses qu’il m’a adressées au nom de tous. Je salue également les archevêques et les évêques présents, les prêtres, les religieux et les religieuses, les représentants des associations et des mouvements ecclésiaux. J’adresse une pensée respectueuse au maire, M. Sergio Chiamparino, reconnaissant pour son hommage courtois, au représentant du gouvernement et aux autorités civiles et militaires, avec des remerciements particuliers à tous ceux qui ont généreusement offert leur collaboration pour la réalisation de ma visite pastorale. J’étends ma pensée à tous ceux qui n’ont pas pu être présents, en particulier aux malades, aux personnes seules et à tous ceux qui se trouvent en difficulté. Je confie au Seigneur la ville de Turin et tous ses habitants au cours de cette célébration eucharistique qui, comme tous les dimanches, nous invite à participer de manière communautaire au double banquet de la Parole de vérité et du Pain de la vie éternelle. Nous sommes dans le temps pascal, qui est le temps de la glorification de Jésus. L’Evangile que nous avons écouté il y a peu nous rappelle que cette glorification s’est réalisée à travers la passion. Dans le mystère pascal, passion et glorification sont étroitement liées entre elles et forment une unité indivisible. Jésus affirme:  « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (Jn 13, 31) et il le fait lorsque Judas sort du Cénacle pour accomplir le plan de sa trahison, qui conduira à la mort du Maître:  c’est précisément à ce moment-là que commence la glorification de Jésus. L’évangéliste Jean le fait comprendre clairement:  en effet, il ne dit pas que Jésus a été glorifié seulement après sa passion, au moyen de la résurrection, mais il montre que sa glorification a commencé précisément avec la passion. Dans celle-ci, Jésus manifeste sa gloire, qui est gloire de l’amour, qui se donne totalement. Il a aimé le Père, accomplissant sa volonté jusqu’au bout, en une donation parfaite; il a aimé l’humanité, donnant sa vie pour nous. Ainsi, dans sa passion, il est déjà glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Mais la passion – comme expression très réelle et profonde de son amour – n’est qu’un début. C’est pourquoi Jésus affirme que sa glorification sera également future (cf. v. 32). Ensuite le Seigneur, au moment où il annonce son départ de ce monde (cf. v. 33), comme un testament laissé à ses disciples pour poursuivre de manière nouvelle sa présence parmi eux, leur donne un commandement:  « Je vous donne un commandement nouveau:  c’est de vous aimer les uns les autres » (v. 34). Si nous nous aimons les uns les autres, Jésus continue à être présent parmi nous, à être glorifié dans le monde. Jésus parle d’un « commandement nouveau ». Mais quelle est sa nouveauté? Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu avait donné le commandement de l’amour; à présent, cependant, ce commandement est devenu nouveau dans la mesure où Jésus y apporte un ajout très important:  « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». Ce qui est nouveau est précisément cet « aimer comme Jésus a aimé ». Tout notre amour est précédé par son amour et se réfère à cet amour, s’insère dans cet amour, se réalise précisément pour cet amour. L’Ancien Testament ne présentait aucun modèle d’amour, mais formulait seulement le précepte d’aimer. Jésus, en revanche, s’est donné lui-même à nous comme modèle et comme source d’amour. Il s’agit d’un amour sans limites, universel, en mesure de transformer également toutes les circonstances négatives et tous les obstacles qui se dressent pour progresser dans l’amour. Et nous voyons dans les saints de cette ville la réalisation de cet amour, toujours à partir de la source de l’amour de Jésus. Au cours des siècles passés, l’Eglise qui est à Turin a connu une riche tradition de sainteté et de généreux service à nos frères – comme l’ont rappelé le cardinal-archevêque et le maire – grâce à l’œuvre de prêtres, de religieux et de religieuses de vie active et contemplative et de fidèles laïcs zélés. Les paroles de Jésus acquièrent alors un écho particulier pour cette Eglise de Turin, une Eglise généreuse et active, à commencer par ses prêtres. En nous donnant le commandement nouveau, Jésus nous demande de vivre son amour même, de son amour même, qui est le signe vraiment crédible, éloquent et efficace pour annoncer au monde la venue du Royaume de Dieu. Bien évidemment, avec nos seules forces nous sommes faibles et limités. Il y a toujours en nous une résistance à l’amour et dans notre existence, il y a tant de difficultés qui provoquent des divisions, du ressentiment et des rancœurs. Mais le Seigneur nous a promis d’être présent dans notre vie, en nous rendant aptes à cet amour généreux et total, qui sait vaincre tous les obstacles, même ceux qui sont dans nos propres cœurs. Si nous sommes unis au Christ, nous pouvons vraiment aimer de cette manière. Aimer les autres comme Jésus nous a aimés n’est possible qu’avec cette force qui nous est communiquée dans la relation avec Lui, en particulier dans l’Eucharistie, où devient présent de manière réelle son sacrifice d’amour qui engendre l’amour:  c’est la véritable nouveauté dans le monde et la force d’une glorification permanente de Dieu, qui se glorifie dans la continuité de l’amour de Jésus dans notre amour. Je voudrais alors adresser une parole d’encouragement en particulier aux prêtres et aux diacres de cette Eglise, qui se consacrent avec générosité au travail pastoral, ainsi qu’aux religieux et aux religieuses. Etre des ouvriers dans la vigne du Seigneur peut être parfois fatigant, les engagements se multiplient, les demandes sont nombreuses, les problèmes ne manquent pas:  sachez puiser quotidiennement à la relation d’amour avec Dieu dans la prière la force pour apporter l’annonce prophétique du salut; re-centrez votre existence sur l’essentiel de l’Evangile; cultivez une dimension réelle de communion et de fraternité à l’intérieur du presbyterium, de vos communautés, dans les relations avec le Peuple de Dieu; témoignez dans le ministère de la puissance de l’amour qui vient d’en-Haut, qui vient du Seigneur présent parmi nous. La première lecture que nous avons écoutée, nous présente précisément une manière particulière de glorification de Jésus:  l’apostolat et ses fruits. Paul et Barnabé, au terme de leur premier voyage apostolique, reviennent dans les villes déjà visitées et encouragent à nouveau les disciples, les exhortant à rester solides dans la foi, car, comme ils le disent:  « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu » (Ac 14, 22). Chers frères et sœurs, la vie chrétienne n’est pas facile; je sais qu’à Turin également les difficultés, les problèmes, les préoccupations ne manquent pas:  je pense, en particulier, à ceux qui vivent concrètement leur existence dans des situations précaires, à cause du manque de travail, de l’incertitude pour l’avenir, de la souffrance physique et morale; je pense aux familles, aux jeunes, aux personnes âgées qui vivent souvent dans la solitude, aux laissés-pourcompte, aux immigrés. Oui, la vie conduit à affronter de nombreuses difficultés, de nombreux problèmes, mais c’est précisément la certitude qui nous vient de la foi, la certitude que nous ne sommes pas seuls, que Dieu aime chacun sans distinction et est proche de chacun avec son amour, qui permet d’affronter, de vivre et de surmonter la fatigue des problèmes quotidiens. C’est l’amour universel du Christ ressuscité qui a poussé les apôtres à sortir d’eux-mêmes, à diffuser la parole de Dieu, à se prodiguer sans réserve pour les autres, avec courage, avec joie et sérénité. Le Ressuscité possède une force d’amour qui dépasse toute limite, il ne s’arrête devant aucun obstacle. Et la communauté chrétienne, en particulier dans les domaines les plus engagés sur le plan pastoral, doit être un instrument concret de cet amour de Dieu. J’exhorte les familles à vivre la dimension chrétienne de l’amour dans les simples actions quotidiennes, dans les relations familiales en surmontant les divisions et les incompréhensions, en cultivant la foi qui rend la communion encore plus solide. Dans le monde riche et varié de l’université et de la culture, que ne manque pas également le témoignage de l’amour dont nous parle l’Evangile d’aujourd’hui, dans la capacité de l’écoute attentive et du dialogue humble dans la recherche de la Vérité, certains que c’est la vérité elle-même qui vient à notre rencontre et qui nous saisit. Je désire également encourager l’effort, souvent difficile, de ceux qui sont appelés à administrer le bien public:  la collaboration pour rechercher le bien commun et rendre la ville toujours plus humaine et vivable est un signe que la pensée chrétienne sur l’homme n’est jamais contre sa liberté, mais en faveur d’une plus grande plénitude qui ne trouve sa réalisation que dans une « civilisation de l’amour ». A tous, en particulier aux jeunes, je veux dire de ne jamais perdre l’espérance, celle qui vient du Christ ressuscité, de la victoire de Dieu sur le péché, sur la haine et sur la mort. La deuxième lecture d’aujourd’hui nous montre précisément l’issue finale de la Résurrection de Jésus:  c’est la Jérusalem nouvelle, la ville sainte, qui descend du ciel, de Dieu, prête comme une épouse parée pour son époux (cf. Ap 21, 2). Celui qui a été crucifié, qui a partagé notre souffrance, comme nous le rappelle également de manière éloquente le Saint-Suaire, est celui qui est ressuscité et il veut nous réunir tous dans son amour. Il s’agit d’une espérance merveilleuse, « forte » solide, car, comme le dit l’Apocalypse:  « (Dieu) essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n’existera plus; et il n’y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse; car la première création aura disparu » (21, 4). Le Saint-Suaire ne transmet-il pas le même message? Dans celui-ci nous voyons, comme reflétées, nos souffrances dans les souffrances du Christ:  « Passio Christi. Passio hominis ». C’est précisément pour cette raison qu’il est un signe d’espérance:  le Christ a affronté la croix pour mettre un frein au mal; pour nous faire entrevoir, dans sa Pâque, l’anticipation de ce moment où, pour nous aussi, chaque larme sera essuyée et il n’y aura plus ni mort, ni pleurs, ni cris, ni tristesse. Le passage de l’Apocalypse termine par l’affirmation:  « Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara:  « Voici que je fais toutes choses nouvelles »" (21, 5). La première chose absolument nouvelle réalisée par Dieu a été la résurrection de Jésus, sa glorification céleste. Elle est le début de toute une série de « choses nouvelles », auxquelles nous participons nous aussi. Les « choses nouvelles » sont un monde plein de joie, où il n’y a plus de souffrances ni d’abus, où il n’y a plus de rancœur et de haine, mais seulement l’amour qui vient de Dieu et qui transforme tout. Chère Eglise qui est à Turin, je suis venu parmi vous pour vous confirmer dans la foi. Je désire vous exhorter, avec force et avec affection, à rester solides dans cette foi que vous avez reçue et qui donne un sens à la vie, qui donne la force d’aimer; à ne jamais perdre la lumière de l’espérance dans le Christ ressuscité, qui est capable de transformer la réalité et de rendre toutes choses nouvelles; à vivre l’amour de Dieu dans votre ville, dans les quartiers, dans les communautés, dans les familles, de manière simple et concrète:  « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ».

Amen.

HOMÉLIE DU 5ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – A L’IMAGE DE TON AMOUR

22 avril, 2016

http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2016-04-24&language=FR

HOMÉLIE DU 5ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – A L’IMAGE DE TON AMOUR

Les lectures du jour http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2016-04-24&language=FR

L’Évangile que nous venons d’entendre nous rapporte une partie de « l’entretien suprême » de Jésus avec ses disciples. C’était au soir du Jeudi Saint. Jésus vient de laver les pieds de ses disciples. Judas est sorti pour le trahir. Dans le récit de ce dimanche, deux choses nous frappent : la première c’est la glorification ; l’heure de la mort est, pour Jésus, l’heure où il va être glorifié par le Père. La deuxième c’est le commandement qu’il leur laisse. C’est un commandement qui résume toute sa vie : « comme je vous ai aimés, vous aussi, et vous les uns les autres. » Le mot important c’est « comme ». Jésus, le Maître et Seigneur, s’est mis au rang de l’esclave pour laver les pieds de ses disciples. En agissant ainsi, il leur a donné l’exemple à suivre. Cet exemple doit aussi inspirer notre comportement. Il ne s’agit pas d’imiter exactement ce que Jésus a fait mais de nous mettre au service de nos frères. Dieu a fait le premier pas vers nous ; en donnant sa vie sur la croix, le Christ nous manifeste un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Nous devenons capables d’aimer nos frères parce que Dieu nous aime. Il dépose en nous sa propre capacité d’aimer. Être baptisé, vivre en baptisés c’est devenir capables d’aimer de plus en plus comme Dieu. Bien sûr, nous savons bien qu’il y a le péché qui nous éloigne de cet amour. Mais par le sacrement du pardon et de l’eucharistie, nous repartons avec cette force d’aimer avec Jésus et comme lui. Certains peuvent se demander pourquoi cet évangile nous est proposé en ce temps de Pâques. En fait, saint Jean l’a écrit bien après la résurrection du Christ. Depuis le jour de Pâques, tout est accompli ; le Christ est glorifié. Et Dieu est glorifié en lui. Le monde nouveau est advenu. C’est un monde où le péché est vaincu. Une vie nouvelle est en train de naître. Il n’y aura plus de pleurs ni de cris ni de larmes. Cet Évangile vient nous rappeler notre mission. Il ne s’agit plus aujourd’hui de « laver les pieds » mais de faire taire les pleurs et les cris de ceux qui souffrent. C’est à nos gestes d’amour, de partage et de solidarité que nous serons reconnus comme disciple du Christ. Nous sommes envoyés pour annoncer au monde la bonté du Seigneur, sa tendresse et sa miséricorde. Il compte sur nous pour en être les messagers dans notre vie de tous les jours. Le livre des Actes des Apôtres (1ère lecture) nous montre Paul et Barnabé qui ont travaillé avec ardeur à cette annonce de la bonne nouvelle. Ils se sont efforcés de rester en relation avec ceux qui se sont convertis au Christ. Il s’agit maintenant d’organiser leur vie communautaire. Grâce à leur témoignage, la bonne nouvelle de l’Évangile se répand de plus en plus. Mais le plus important, c’est l’action de Dieu dans ces communautés. La mission s’est d’abord son œuvre. Mais tous s’est fait « avec eux ». La seconde lecture est tirée de l’apocalypse de Saint Jean. Pour la comprendre, il faut se rappeler qu’elle est écrite pour des chrétiens persécutés. C’est un message très fort et très solennel qui annonce un ciel nouveau et une terre nouvelle. C’est la victoire de l’amour sur toutes les puissances du mal. Le privilège d’être avec Dieu et pour tous. Ils seront son peuple… Dieu sera leur Dieu ». Voilà cette bonne nouvelle que nous entendons en ce dimanche. C’est une immense scène d’amour qui ne demande qu’à enserrer toute une communauté et même le monde entier. Nous ne pourrons en témoigner que si nous puisons à la source de cet amour. Aimer, c’est prolonger Dieu, c’est vivre à sa manière sans exclure personne. Ce qui fait la valeur d’une vie c’est un amour de plus en plus à la ressemblance de celui de Jésus pour nous. Chaque dimanche, le Christ nous rassemble pour nous nourrir de sa parole et de son eucharistie. Il vient nous donner force et courage pour aimer comme lui et avec lui. C’est cela qui fait la valeur d’une vie. Que tous ceux qui regardent nos communautés chrétiennes puissent dire : « voyez comme ils s’aiment ». Oui, sois avec nous, Seigneur ; remplis notre vie de ton amour. « Toi qui est lumière, toi qui est l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour. »

Sources : revues Feu nouveau et Signes – missel des dimanches et fêtes des trois années – célébrons le dimanche 2016, Assemblée de la parole dimanches et fêtes année C – dossiers personnels

Moïse s’échappe à Madian & l’appel de Dieu

21 avril, 2016

Moïse s'échappe à Madian & l'appel de Dieu dans images sacrée 15%20BOTICELLI%20FROM%20THE%20LIFE%20OF%20MOSES%20OFF%20SHOES

http://www.artbible.net/1T/Exo0211_Escape_call/pages/15%20BOTICELLI%20FROM%20THE%20LIFE%20OF%20MOSES%20OFF%20SHOES.htm

LES QUATRE LIMITES DU PAYS

21 avril, 2016

http://www.centre-biblique.ch/echanges/1999/1999-4-a.htm

LES QUATRE LIMITES DU PAYS

Canaan est en vue quand Moïse meurt sur le Mont Nebo. De ce sommet, l’éternel lui a fait voir le pays dans lequel il ne peut pas entrer. Tout le livre du Deutéronome est consacré à cette vision dans le but de stimuler chacun, et particulièrement Josué auquel est confiée la mission de faire entrer Israël en Canaan. « Fortifie-toi et sois ferme », telle est l’injonction que Moïse répète à son successeur (Deut. 31. 7, 23). Cette exhortation est assortie d’une promesse répétée elle aussi : « L’éternel est celui qui marche devant toi ; lui, sera avec toi ; il ne te laissera pas et ne t’abandonnera pas… et moi (dit l’éternel), je serai avec toi » (Deut. 31. 8, 23). A l’ouverture du livre de Josué, Dieu lui-même s’adresse à son serviteur avec les mêmes promesses et les mêmes injonctions (Jos. 1. 5, 7, 9). Le pays qu’Israël doit conquérir est vaste et ses habitants puissants. Il faut encourager le conducteur et le peuple entier et l’avertir des dangers auxquels ils vont devoir faire face. Le pays leur est donné, encore doivent-ils en prendre possession et respecter ses limites. Dieu sait que le risque d’outrepasser ces limites est faible, alors que celui de ne pas les atteindre est évident. C’est pourquoi il dit à Josué : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Jos. 1. 3). Les limites données ensuite à Josué (v. 4) étaient connues depuis longtemps. Dieu avait défini pour Abraham le pays par les peuples qui l’habitaient alors et en mentionnant deux frontières : le fleuve (ou torrent) d’égypte (pas le Nil, mais un cours d’eau au sud de Gaza) et le fleuve Euphrate (Gen. 15. 18-21). Quand le peuple est encore au Sinaï, Dieu indique à Moïse les quatre limites qui borderaient le pays promis (Ex. 23. 31). Moins précises que celles données à Josué, elles incluent la péninsule du Sinaï. La mention de la mer Rouge est donc abandonnée lorsque l’éternel s’adresse à Josué. Considérons la signification de ces frontières pour nous aujourd’hui. La promesse de Josué 1. 5 est citée en Hébreux 13. 5 ; elle s’applique donc à nous, chrétiens. Ce n’est pas forcer l’écriture que de voir un enseignement moral dans les limites de Canaan précisées en Jos. 1. 4. Josué les a reçues pour qu’il cherche premièrement à les atteindre. Il en est ainsi pour nous, quoique le danger de passer outre soit évident. « Qui renverse une clôture, un serpent le mord » (Ecc. 10. 8). Si Dieu impose des limites au domaine qu’il nous donne, il y a des raisons pour qu’on s’y tienne, et aussi pour qu’on les atteigne. Quelles sont ces limites ? Le désert : c’est le monde dans son aridité, un lieu où l’âme du croyant ne peut pas trouver de satisfaction. Prenons garde à ne pas nous y complaire, quoique nous y demeurions. Moralement, nous sommes des étrangers dans le désert, même si notre devoir est d’y honorer notre Maître. Dépasser cette limite, c’est s’intégrer à ce système que le Seigneur condamne et dont Satan est le chef. Par contre, rester en deçà, c’est se réfugier dans une tour d’ivoire en se désintéressant des problèmes de l’entourage. Dans les deux cas, notre témoignage n’est pas crédible. Le Liban : c’est la gloire du monde, la recherche des honneurs éphémères. Une telle démarche chez le croyant nuit à sa prospérité spirituelle. Le Seigneur Jésus nous en avertit avec l’exemple des chefs du peuple juif qui n’osaient pas le confesser, car, dit-il, « ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (Jean 12. 43). Cependant, les cercles fermés de la haute société ont aussi besoin de l’évangile. Des croyants s’y trouvent, et Dieu ne leur demande pas obligatoirement de s’en retirer. Le critère pour savoir si nous nous trouvons là où le Seigneur nous veut, c’est la possibilité d’y témoigner. Le fleuve Euphrate : c’est le monde sous le pouvoir de Satan, là où se manifestent la corruption, la violence et tout le domaine occulte, un interdit pour le chrétien racheté ; c’est le monde en opposition totale avec Dieu. Prenons garde à l’avertissement souvent répété dans la parole de Dieu, si la curiosité nous entraîne dans ce territoire défendu (voir Deut. 18. 10-12) : on ne s’y engage pas impunément. Le Seigneur Jésus a fermé la bouche à Satan en lui citant les écritures. C’est aussi par elles que nous pouvons faire front aux insinuations de l’Ennemi. Le nom de Jésus peut toujours être invoqué pour mettre Satan en déroute et l’obliger à délivrer sa proie. Et rappelons-nous qu’aucun de ses agents humains n’est exclu d’emblée de l’offre du salut. La grande mer : c’est l’agitation continuelle des peuples, c’est la politique du monde qui a fait tant de ravages, même en temps de paix. Le rôle du croyant n’est pas de s’activer dans ce domaine si trouble. Son service est dans la prière et l’intercession (1 Tim. 2. 1, 2). La grâce de Dieu permet parfois que de grands politiciens soient amenés à la foi. Ils ont affaire avec le Seigneur, même là où il est difficile de témoigner. Dieu leur montrera quelle est la limite qu’on ne peut pas dépasser sans compromettre le message de l’évangile. A quelque niveau qu’on se trouve, la limite à atteindre, mais à ne pas franchir, est difficile à établir. Un critère absolu ne peut pas être fixé ; chaque situation demande réflexion pour faire le bon choix et prendre la bonne décision. Le Seigneur donne la sagesse nécessaire à celui qui se confie en lui. Les Israélites n’ont jamais atteint les limites assignées. Qu’en est-il des chrétiens ? Des témoins courageux de l’évangile se sont aventurés dans des zones dangereuses, et Dieu les a gardés. Si le Seigneur nous demande comme à ésaïe : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » quelqu’un est-il prêt à répondre : « Me voici, envoie-moi » (Es. 6. 8) ? En contemplant la gloire du Seigneur, ésaïe réalise sa totale indignité. Dieu lui fait comprendre que plus rien ne subsiste de son iniquité. N’en est-il pas ainsi du croyant ? Il n’est pas nécessaire de se rendre aux antipodes pour trouver un champ missionnaire : il est dans le voisinage de chacun. Ayons une vision étendue du domaine où Dieu désire que nous soyons ses témoins. Demandons-lui un esprit de bon sens et un sain discernement pour que notre témoignage soit efficace pour le bien de ceux que nous côtoyons. Le croyant est appelé « le sel de la terre » et « la lumière du monde ». Le sel conservé dans un bocal n’a aucune efficacité, pas plus que la lampe mise sous le « boisseau ». La séparation du mal à laquelle le croyant est appelé ne signifie pas isolement total. Il est vrai qu’il est tentant de s’isoler pour se mettre à l’abri. Dieu nous fera alors comprendre que le mal caché dans nos cœurs souille davantage que celui que nous côtoyons dans le monde. Nous trouvons dans la nature des animaux dont l’instinct les pousse à un certain comportement pour s’abriter : Le hérisson se met en boule pour n’offrir aucune chance au prédateur, Beaucoup de chenilles prennent la couleur de leur support pour échapper au danger, Le putois répand une odeur infecte qui fait fuir ses ennemis. Ce sont des exemples à ne pas imiter comme chacun peut facilement le comprendre. Par contre, la Parole cite d’autres animaux, sages entre les sages, dont nous devons imiter la conduite (Prov. 30. 24-28). Ajoutons quelques exemples : L’araignée fait la morte quand on la touche. Sommes-nous vraiment « morts avec Christ aux éléments du monde » (Col. 2. 20) ? Beaucoup d’animaux à fourrure épaississent leur toison à l’approche de l’hiver. Il y a une pièce du vêtement moral à revêtir quand l’adversité survient, c’est le survêtement de l’amour (Col. 3. 14). Le chameau gonfle d’eau la partie graisseuse de son organisme pour pouvoir traverser le désert. Puisons assez de réserve dans la Parole avant d’affronter une situation périlleuse. La sagesse est nécessaire pour savoir comment nous conduire dans ce monde. Dieu a fixé des limites pour que nous restions fidèles dans le témoignage qu’il nous confie. Elles doivent être atteintes, c’est pourquoi Dieu nous donne des promesses comme à Josué. Les avertissements de la Parole, eux, sont là pour nous aider à ne pas les dépasser. Dieu nous montrera le chemin à suivre dans la mesure où nous demeurerons dans la proximité de Jésus et la dépendance de son Esprit.

F. Gfeller

LA VIERGE MARIE DANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE : ENTRE FOI ET LITTÉRATURE

21 avril, 2016

http://www.fabula.org/actualites/la-vierge-marie-dans-la-litterature-francaise-entre-foi-et-litterature_53902.php

LA VIERGE MARIE DANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE : ENTRE FOI ET LITTÉRATURE  

Colloque organisé par le laboratoire HCTI (Intertextualités et imaginaires bibliques)

 Université de Bretagne-Sud, Lorient 31 mai-1er juin 2013.  

La Vierge Marie est la figure féminine la plus représentée dans les arts plastiques. Ses représentations font l’objet d’études nombreuses par les historiens de l’art. En littérature, le Moyen Âge concentre les chefs d’oeuvre. La critique a reconnu la qualité artistique de cette littérature édifiante. Pour les autres siècles, oeuvres et références mariales sont plus clairsemées[1]. La jeune fille de Nazareth, dès l’origine du christianisme, a été l’objet d’un culte qui s’est enrichi progressivement de divers dogmes (quia fecit mihi magna qui potens est). Ce culte a culminé au XIIe siècle. La Vierge est célébrée dans toute la chrétienté avec ferveur. Apparaissent alors en langue vernaculaire des textes qui lui sont consacrés. Traductions de sources latines, les miracles de Notre-Dame se répandent dans toute l’Europe : Adgar, Gautier de Coinci, Raymond Lulle, Berceo, etc. La poésie lyrique la chante aussi à plusieurs voix. Le théâtre  prendra le relais de la narration. Romans bretons et chansons de geste ne l’ignorent pas, non plus. Âge d’or de la littérature mariale, le Moyen Âge n’en a pas pour autant l’exclusivité. La Vierge Marie sera présente, quoique de façon plus discrète, dans tous les siècles ultérieurs. Des poètes, des prosateurs, célèbres ou méconnus, s’adressent à elle avec dévotion. Citons Marot, Catherine d’Amboise, Jean Bertaut, Jacques du Perron,   Corneille, Brébeuf, Lefranc de Pompignan, Chateaubriand, Verlaine, Huysmans, Léon Bloy, Claudel, Péguy, Max Jacob, Marie Noël, Henri Ghéon, Bernanos, Francis Jammes (chanté par Georges Brassens), de nombreux poètes contemporains. L’objet de ce colloque sera d’examiner le traitement littéraire de cette figure de l’Evangile et de la foi chrétienne à travers des exemples significatifs et parfois inattendus. Il sera bon de n’oublier aucun siècle afin de situer dans une perspective diachronique la place et l’image de la Vierge. On se demandera pourquoi cette relative éclipse de la littérature mariale du XVIe au XIXe siècle. On tentera d’expliquer sa résurgence à la fin du XIXe et au XXe siècle.  Les études peuvent porter sur un texte (et ses enluminures), une oeuvre, un auteur, une période entière (le romantisme, le XVIIIe siècle), un genre (les miracles, les mystères, la ballade), des origines à nos jours. Quelques axes de recherche peuvent se dessiner à partir des questions suivantes : Quel rapport peut-on établir entre prière et poésie ? Le contenu dévotionnel est-il compatible avec la littérature ? Pour quelle raison un auteur se réfère-t-il à la Vierge Marie ? Quelle place tient-elle dans son itinéraire spirituel, psychologique, idéologique, littéraire ? Sous quelle forme s’établit cette référence à la  Vierge ? Les écrivains spirituels ont-ils leur place dans l’histoire littéraire (pensons à l’oeuvre poétique de Thérèse de Lisieux) ? Sous quel aspect est présentée la Vierge dans l’oeuvre ? Figure maternelle et consolatrice, tutélaire, refuge des pécheurs, Théotokos, avocate auprès de son Fils, visage souriant et féminin de Dieu, image idéalisée de la femme, symbole d’identité ? La référence à Marie propose-t-elle une alternative sacrée et édifiante à la littérature profane ? Y a-t-il un lien entre l’oeuvre et le contexte théologique et historique (par exemple le dogme de l’Immaculée Conception) ? Celle en qui « le Verbe s’est fait chair » est-elle la mère du verbe poétique, la mère d’une poésie spiritualiste encore à venir (Brémond) ? La médiatrice entre la langue de Dieu et la langue des hommes ? L’improbable mère de l’humanité postmoderne ?  

Heureux ceux qui pleurent

20 avril, 2016

Heureux ceux qui pleurent dans images sacrée blessed-mourn

https://jeremyaffeldt.wordpress.com/2012/12/05/blessed-are-those-who-mourn/

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