Archive pour le 27 avril, 2016

desert fathers – the stylites

27 avril, 2016

desert fathers -  the stylites dans images sacrée 2
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SAINT SYMÉON : QUARANTE ANS SUR UNE COLONNE

27 avril, 2016

https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/saint_symeon_quarante_ans_sur_une_colonne.asp

SAINT SYMÉON : QUARANTE ANS SUR UNE COLONNE

Christian Marquant Directeur du Centre international d’histoire religieuse (CIHR)

Les ascètes chrétiens orientaux ouvrirent une bien curieuse voie dans l’exercice de la vie solitaire au Ve siècle, saint Syméon fut ainsi l’initiateur du stylitisme, qui consistait à s’isoler au sommet d’une tour ou d’une colonne. Après sa mort, une efflorescence de constructions jaillit dans le village de Qalat Seeman. Et les pierres aujourd’hui parlent encore du saint homme. Le sanctuaire de Qalat Seeman fut érigé à la fin du Ve siècle en l’honneur de l’un des plus prestigieux ascètes de Syrie, le stylite Syméon. Seule l’histoire de sa vie et de son apostolat pourrait faire comprendre les raisons qui poussèrent des milliers d’hommes à venir en pèlerinage sur le lieu de sa vie. « Syméon le fameux, le grand prodige de la terre habitée » est bien connu grâce à son biographe l’évêque syrien Théodoret de Cyr, l’une des sources les plus fiables de nos connaissances de l’ancien Proche-Orient chrétien. Cependant, bien que connue par ce témoignage de qualité, la vie de Syméon reste si exceptionnelle que même son contemporain hésitait à croire que l’on pourrait donner quelques créances à son récit. « Quant à moi, dit-il, qui ai pour ainsi dire tous les hommes pour témoins, je redoute de faire le récit de sa vie de peur qu’aux gens à venir il ne paraisse une fable totalement dénuée de vérité. Car il y a des choses qui dépassent la nature humaine ». Si cela était exact au Ve siècle, combien cela est encore plus vrai pour un Occidental de la fin du XXe siècle. Et pourtant, ce que dit Théodoret, il affirme le tenir de la bouche même du saint ou de ce qu’il a vu. « Syméon naquit en 389 à Sis, aux confins de la Cilicie et de la Syrie. Ses parents étaient chrétiens et le firent baptiser au berceau. Un jour que la neige avait tenu le troupeau renfermé à l’étable, Syméon accompagna ses parents à l’église et entendit les paroles de l’Évangile qui déclare bienheureux ceux qui pleurent et sont dans le deuil mais traite de malheureux ceux qui rient et nomme digne d’envie ceux qui possèdent une âme pure. Il demanda à une personne qui était là ce qu’il fallait faire pour gagner chacun de ces biens : elle lui suggéra la vie solitaire. « Ayant reçu les germes de la parole divine et les ayant enfouis soigneusement dans les profonds sillons de son âme il courut au sanctuaire des martyrs du voisinage. Là, prosterné, il supplia Celui qui veut sauver tous les hommes de le mener vers le chemin de la piété. S’étant levé il se rendit dans une retraite d’ascète du voisinage. Après avoir passé deux ans en leur compagnie et s’être épris d’une vertu plus parfaite, il se rendit au bourg de Teleda pour entrer au monastère dirigé par l’admirable Héliodore. Syméon passa là dix ans à combatte contre le péché. Il avait quatre-vingts compagnons de lutte et les surpassait tous. « Après avoir passé quelque temps chez ces moines il se rendit au bourg de Telanissos (aujourd’hui Deir Seeman) où il demeura enfermé trois ans. Après cela, il vint occuper ce fameux sommet où il s’enferma dans un espace entouré d’une clôture circulaire. « Les visiteurs venaient donc en nombre incalculable. Tous essayaient de le toucher et de récolter quelques bénédictions. Au début, il trouva ces excès d’honneur déplacés, puis la chose lui causant même une fatigue insupportable il imagina de se tenir debout sur une colonne. Il la fit d’abord tailler de 6 coudées, ensuite de 12 après cela de 22 et enfin de 36… » (ce qui représente une hauteur d’environ 12 mètres). C’est ainsi que débuta sa carrière de « stylite » qui dura 42 ans. Il vécut ainsi jusqu’à sa mort, survenue vraisemblablement le 24 juillet 459.

Un orateur aux étonnants succès L’Égypte avait vu naître à la fin du IVe siècle le monachisme avec saint Antoine, le père des moines. Ce mouvement s’était rapidement développé dans tout l’Orient, mais avait acquis en Syrie des formes et des aspects particuliers dont les stylites confirment le caractère. Les moines syriens, loin de fuir le monde qui les entourait, voulaient pour la plupart d’entre eux rester en contact avec celui-ci et devenir pour leurs frères, comme un levain dans la pâte. Leur vie devait donc concilier l’isolement et la discipline la plus sévère avec la participation la plus directe à toutes les manifestations de la vie temporelle, en contact journalier avec le peuple. Le stylitisme créé par Syméon correspond bien à cet objectif. Pour Syméon, le fait d’être exposé constamment aux regards de la foule était ressenti comme la part la plus notable de sa pénitence. Cependant, celle-ci était liée d’une manière directe à la vocation qu’il avait choisie. Cette vocation s’exprime d’abord par la prédication. «… En plus de sa modestie, il est des plus accessibles, doux, gracieux, répondant à chacun de ceux qui lui adressent la parole, que ce soit un artisan, un mendiant ou un paysan. D’ailleurs, il a reçu du Maître le don de l’enseignement. Deux fois par jour, en donnant ses exhortations, il verse dans les oreilles de ses auditeurs, le flot d’une parole abondante et charmante et leur offre la science de l’esprit divin : il leur recommande de lever la tête vers le ciel, et de prendre leur vol, de se détacher de la terre et de se représenter le Royaume qu’on espère… ». Ce rôle de prédicateur, Syméon l’avait volontairement choisi en installant son enclos, puis sa colonne, non pas en quelque lieu désert pris au hasard, mais en un endroit surplombant directement l’un des plus grands axes de communication de la Syrie du Nord : la route par où d’Apamée on se rend en Asie Mineure, et quotidiennement empruntée par des centaines de paysans, de voyageurs et de pèlerins. Théodoret dit que son apostolat fut particulièrement fécond auprès des Sarrasins, transcription d’un mot grec qui signifie « ceux qui vivaient sous la tente » et qui évoque les nomades arabes qui vivaient nombreux en bordure du désert syrien et qui étaient encore païens au milieu du Ve siècle. «… Ils arrivent par bande de deux cents ou trois cents à la fois, parfois même par mille, ils renient à grands cris leurs erreurs ancestrales, brisant devant ce grand luminaire les idoles qu’adoraient leurs pères, ils participent au mystère divin, acceptent des lois de cette bouche sacrée, disent adieu aux coutumes de leurs pères… » Quotidiennement, ces païens demandent à Syméon de formuler une prière, de trancher un conflit, de guérir un chef malade. Syméon, loin de vivre hors du temps, s’intéresse également à la vie de l’Église et aux grandes querelles du moment : «… Il lutte contre l’impiété des Grecs, pourfend les hérétiques. Un jour il écrit à l’empereur à ce sujet, un autre jour, il exhorte les fonctionnaires à prendre à cœur les intérêts de Dieu, d’autres fois, c’est même aux pasteurs des églises qu’il recommande de prendre plus de soin de leurs troupeaux… »

On se dispute la sainte dépouille Toujours exposé aux regards, Syméon apparaissait aux yeux des foules comme un modèle surhumain de force d’âme et de constance. Tout le jour, il se tenait debout sans abri, exposé à toutes les rigueurs d’un climat souvent redoutable. Dans les grandes solennités, de l’aurore jusqu’au coucher du soleil, il demeurait les mains levées au ciel, sans se laisser vaincre par la chaleur ou la fatigue. « Pour ma part, affirmait Théodoret, je ne crois pas que ce soit sans une particulière disposition de Dieu que s’est produit cette station. C’est précisément pourquoi j’invite les critiques à réfréner leur langue et à ne pas la laisser s’emporter au hasard, mais, à considérer que souvent le Christ a imaginé de telles choses pour le bien des gens trop nonchalants. Il a commandé, par exemple à Isaïe de marcher nu, à Jérémie de se mettre un pagne autour des reins, à Osée de prendre pour femme une prostituée, et d’annoncer ainsi la prophétie aux incrédules. » La gloire de Syméon éclata le jour de ses funérailles. L’évêque d’Antioche Martyrius accourut, accompagné de six évêques et du maître de la milice d’Antioche suivi de six cents soldats pour empêcher qu’on enlevât le corps. La dépouille fut descendue de la colonne et mise dans un cercueil de plomb. C’est à ce moment que se répandit dans le peuple la nouvelle de la mort du stylite. Aussitôt, arrivèrent sur les chameaux les Sarrasins en armes, décidés à s’emparer du corps saint. Mais Ardaburius, le maître de la milice était là avec une force suffisante. Une foule énorme faisait retentir l’air de ses gémissements. On déposa le cercueil sur un char et le cortège se mit en marche, suivi de la foule portant les cierges, de l’encens et chantant des psalmodies. En chemin, le passage de la sainte dépouille provoquait de nombreux miracles. Toute la population d’Antioche se porta à sa rencontre en habits blancs, avec des cierges et des torches. Déposée d’abord dans l’église de Kassianos, elle fut portée un mois après dans la cathédrale. L’empereur byzantin Léon réclama bientôt pour Constantinople ces précieuses reliques, mais les habitants d’Antioche le supplièrent de ne pas les priver de ce trésor : « Notre ville n’a plus de murailles lui dirent-ils, nous l’avons cherché pour nous en tenir lieu et pour nous protéger de ses prières. » L’empereur renonça à son projet pour ne pas indisposer les habitants d’Antioche dont la ville venait d’être détruite par un tremblement de terre. Ce qui semble évident aujourd’hui aux archéologues qui ont travaillé sur le site, c’est que malgré l’ampleur des pèlerinages, aucune construction ne fut réalisée autour de la colonne pendant un quart de siècle tandis qu’il existait déjà deux centres officiels de culte, l’un à Antioche et l’autre à Constantinople. D’un seul coup, vraisemblablement à partir de 476, jaillirent de terre autour de la colonne du stylite, d’immenses constructions : le martyrium cruciforme de saint Syméon qui couvre à lui seul une surface de près de 5 000 mètres carrés, entouré d’un monastère, d’une église et d’un grand tombeau conventuel. Plus au sud, à l’entrée du sanctuaire, c’est un baptistère avec ses annexes qui jaillit du sol. L’ensemble de la construction se réalisa pendant une période très courte.

Sept siècles de pèlerinages chrétiens Cette réalisation n’est pas due à l’initiative des moines de Télanissos, l’importance des sommes requises pour une telle construction dépassant leurs moyens. Elle ne pouvait non plus revenir au clergé d’Antioche qui, possédant les reliques du saint, n’avait aucun intérêt à créer un autre centre de pèlerinage. C’est vers Constantinople qu’il faut se tourner. L’empereur Zénon, très influencé par le stylite Daniel, l’un des anciens disciples de Syméon, avait pensé, par le biais de cette construction, s’attirer les faveurs des populations syriennes. L’érection d’un grand martyrium en l’honneur d’un saint syrien, si populaire dans les provinces orientales et si célèbre dans tout l’empire, peut avoir été conçue comme un moyen d’apaiser les discordes, en Syrie tout particulièrement. L’édifice consiste en un vaste sanctuaire cruciforme bâti autour d’un octogone entourant la colonne de Syméon. L’octogone est formé de huit grands arcs dont quatre basiliques à trois nefs donnant vers les quatre points cardinaux. La basilique orientale plus longue que les autres contient le sanctuaire formé de trois absides saillantes à l’extérieur. La basilique méridionale, servant d’entrée principale, est précédée d’un porche monumental où se répète le décor de l’octogone. Certains archéologues pensent aujourd’hui que cet octogone était autrefois couvert d’une charpente, mais après le tremblement de terre de 528 – qui détruisit complètement Antioche et ébranla vraisemblablement le sanctuaire de saint Syméon – cette couverture ne fut pas restaurée, l’octogone gardant dès lors ce caractère de cour qu’il prit dès le VIe siècle. La forme architecturale, l’idée d’ensemble, vint vraisemblablement d’Antioche. L’octogone et le sanctuaire cruciforme sont d’ailleurs composés d’éléments architecturaux que l’on retrouve dans cette région, même si par ailleurs, l’apparition d’autres éléments décoratifs (riches moulures des archivoltes, colonnes détachées) laisse apparaître que le projet était bien d’origine impériale. C’est à Telanissos d’abord que se regroupaient les pèlerins. Agglomération paysanne à l’origine, le village ne possédait jusqu’au Ve siècle aucune construction monumentale. Déjà très fréquenté durant la vie de saint Syméon, il ne s’organisa pour la réception en masse des pèlerins qu’après sa mort en 459. Les premières auberges qui s’élevèrent sur le bord de la route, encore très modestes et de style rustique, sont de cette période. Les nouveaux quartiers datent de l’ouverture, après 476, du grand chantier. L’afflux de milliers d’ouvriers et l’intense circulation des matériaux de construction et de ravitaillement acheminés par Telanissos vers la colline ont dû transformer le village pendant des années en un grand centre d’hébergement, de commerce et de transport. Sa prospérité et son extension rapide à partir de cette époque sont attestées par le nombre et la qualité des constructions. La fin des gros travaux sur la colline n’arrêta pas son développement. Fut alors bâti le plus ancien couvent conservé dans le village, celui du nord-ouest auquel s’ajouteront au cours du VIe siècle, de nombreux autres bâtiments : couvent, église et hôtelleries. Devenue alors la ville du pèlerinage, elle prit à ce moment son nom actuel de Deir Seeman. Ce sont ces vestiges encore très bien conservés que l’on découvre aujourd’hui. De Telanissos, les pèlerins empruntaient la voie processionnelle qu’aujourd’hui les visiteurs se contentent de descendre… Les portes monumentales qui jalonnent cette voie ne correspondent pas à des enceintes successives précédant un sanctuaire fortifié, mais à des stations ayant chacune leur caractère. L’arc triomphal, à la sortie de Deir Seeman, annonce l’ascension de la montagne, les trois arcs doubles du propylée donnent accès au sanctuaire, une double arcade monumentale permet la traversée des hôtelleries et l’accès au baptistère, enfin un porche à trois arcs marque l’entrée du martyrium. À l’intérieur de l’église, les huit arcs de l’octogone terminent autour de la colonne du saint cette voie triomphale. L’histoire reste muette sur ce qu’il advint du sanctuaire après la conquête musulmane, sans doute fut-il pillé et abandonné. Le pèlerinage, lui, survécut un temps, et les historiens s’accordent à penser que le village de Telanissos continua à accueillir moines et pèlerins au moins jusqu’au XIe siècle. Au Xe siècle, lors de la reconquête byzantine du nord de la Syrie, le sanctuaire fut momentanément restauré et surtout transformé en forteresse. C’est de cette époque que date le mur d’enceinte qui l’entoure encore aujourd’hui et lui a donné son nom moderne : Qalat Seeman – le château de Syméon. Cependant en 1017, après trente-huit ans d’occupation le site fut définitivement abandonné par les Byzantins après qu’il eut été attaqué et pillé par une armée égyptienne. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque des croisades, le site était totalement abandonné et que pour de longs siècles, il disparut, à quelques exceptions près, de la mémoire chrétienne. Ainsi au XVIIe siècle la colonne, réduite aujourd’hui à un simple tambour jeté sur le sol, était aux dires de Frantz Ferdinand Von Troilo encore debout. Au XIXe siècle, lorsque pour la première fois il fut reconnu par un visiteur occidental, le marquis de Voguë, il servait de résidence à un prince kurde. Le sanctuaire ruiné n’était plus que l’ombre de sa grandeur passée, abandonné dans une zone semi-désertique. Néanmoins il était parvenu jusqu’à nous comme témoin de la gloire de Syméon.

Christian Marquant Septembre 1988

PAPE FRANÇOIS – 14. JE VEUX LA MISÉRICORDE ET NON LE SACRIFICE ( MT 9,13 )

27 avril, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2016/documents/papa-francesco_20160413_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – 14. JE VEUX LA MISÉRICORDE ET NON LE SACRIFICE ( MT 9,13 )

(Je mets la dernière catéchèse avec la traduction en français )

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 avril 2016

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons écouté l’Évangile de l’appel de Matthieu. Matthieu était un « publicain », c’est-à-dire un percepteur d’impôts pour le compte de l’empire romain, et était considéré pour cela comme un pécheur public. Mais Jésus l’appelle à le suivre et à devenir son disciple. Matthieu accepte et il l’invite à dîner chez lui avec ses disciples. C’est alors que naît une discussion entre les pharisiens et les disciples de Jésus pour le fait que ces derniers partagent leur repas avec les publicains et les pécheurs. « Mais tu ne peux pas aller chez ces gens ! », disaient les pharisiens. Jésus, en effet, ne les éloigne pas, il fréquente même leurs maisons et s’assied à côté d’eux ; cela signifie qu’eux aussi peuvent devenir ses disciples. Et il est tout aussi vrai qu’être chrétiens ne nous rend pas sans péchés. Comme le publicain Matthieu, chacun d’entre nous s’en remet à la grâce du Seigneur en dépit de ses péchés. Nous sommes tous pécheurs, nous avons tous des péchés. En appelant Matthieu, Jésus montre aux pécheurs qu’il ne regarde pas leur passé, leur condition sociale, les conventions extérieures, mais ouvre plutôt les portes à un avenir nouveau. Un jour, j’ai entendu un beau dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé et il n’y a pas de pécheur sans avenir ». C’est ce que fait Jésus. Il n’y a pas de saint sans passé, ni de pécheur sans avenir. Il suffit de répondre à l’invitation avec le cœur humble et sincère. L’Église n’est pas une communauté de parfaits, mais de disciples en chemin, qui suivent le Seigneur car ils se reconnaissent pécheurs et ayant besoin de son pardon. La vie chrétienne est par conséquent une école d’humilité qui nous ouvre à la grâce.

Un tel comportement n’est pas compris par celui qui a la présomption de se croire « juste » et de penser être meilleur que les autres. Vanité et orgueil ne permettent pas que l’on reconnaisse avoir besoin de salut, plus encore, ils empêchent de voir le visage miséricordieux de Dieu et d’agir avec miséricorde. Ils sont un mur. La vanité et l’orgueil sont un mur qui empêchent la relation avec Dieu. Pourtant, la mission de Jésus est précisément celle-là : aller à la recherche de chacun d’entre nous, pour panser nos blessures et nous appeler à le suivre avec amour. Il le dit clairement : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades » (v. 12). Jésus se présente comme un bon médecin ! Il annonce le Royaume de Dieu, et les signes de sa venue sont évidents : Il guérit les maladies, libère de la peur, de la mort et du démon. Face à Jésus, aucun pécheur ne doit être exclu — aucun pécheur ne doit être exclu ! — car le pouvoir purificateur de Dieu ne connaît pas de maladies qui ne puissent être guéries ; et cela doit nous donner confiance et ouvrir notre cœur au Seigneur afin qu’il vienne et nous guérisse. En appelant les pécheurs à sa table, il les purifie en les rétablissant dans cette vocation qu’ils croyaient perdue et que les pharisiens ont oubliée : celle d’invités au banquet de Dieu. D’après la prophétie d’Isaïe : « Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés [...] Et on dira, en ce jour-là : Voyez, c’est notre Dieu, en lui nous espérions pour qu’il nous sauve ; c’est Yahvé, nous espérions en lui. Exultons, réjouissons-nous du salut qu’il nous a donné » (25, 6-9).

Si les pharisiens voient chez les invités uniquement des pécheurs et refusent de s’asseoir à côté d’eux, Jésus leur rappelle au contraire qu’eux aussi sont les convives de Dieu. De cette façon, s’asseoir à table avec Jésus signifie être transformés et sauvés par Lui. Dans la communauté chrétienne, la table de Jésus est double : il y a la table de la Parole et il y a la table de l’Eucharistie (cf. Dei Verbum, n. 21). Tels sont les médicaments avec lesquels le Médecin divin nous soigne et nous nourrit. Avec le premier — la Parole — Il se révèle et nous invite à un dialogue entre amis. Jésus n’avait pas peur de dialoguer avec les pécheurs, les publicains, les prostituées… Non, il n’avait pas peur: il aimait tout le monde! Sa Parole pénètre en nous et, comme un bistouri, œuvre en profondeur pour nous libérer du mal qui se niche dans notre vie. Parfois, cette Parole est douloureuse, car elle a des répercussions sur les hypocrisies, elle démasque les fausses excuses, met à nu les vérité dissimulées ; mais dans le même temps, elle illumine et purifie, procure force et espérance, c’est un reconstituant précieux sur notre chemin de foi. L’Eucharistie, pour sa part, nous nourrit de la vie de Jésus et, comme un très puissant remède, de manière mystérieuse, elle renouvelle continuellement la grâce de notre baptême. En nous approchant de l’Eucharistie, nous nous nourrissons du Corps et du Sang de Jésus, pourtant, en venant en nous, c’est Jésus qui nous unit à son Corps !

En concluant ce dialogue avec les pharisiens, Jésus leur rappelle une parole du prophète Osée (6, 6) : « Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice » (Mt 9, 13). En s’adressant au peuple d’Israël, le prophète lui adresse des reproches, car les prières qu’il élevait étaient des paroles vides et incohérentes. Malgré l’alliance de Dieu et la miséricorde, le peuple vivait souvent selon une religiosité « de façade », sans vivre en profondeur le commandement du Seigneur. Voilà pourquoi le prophète insiste : « C’est la miséricorde que je veux », c’est-à-dire la loyauté d’un cœur qui reconnaît ses propres péchés, qui se repent et recommence à être fidèle à l’alliance avec Dieu. « Et non le sacrifice » : sans un cœur repenti toute action religieuse est inefficace ! Jésus applique cette phrase prophétique également aux relations humaines: ces pharisiens étaient très religieux dans la forme, mais ils n’étaient pas disposés à partager leur table avec les publicains et les pécheurs ; ils ne reconnaissaient pas la possibilité d’un repentir et donc d’une guérison ; ils ne mettaient pas la miséricorde à la première place : bien qu’étant de fidèles gardiens de la Loi, ils démontraient qu’ils ne connaissaient pas le cœur de Dieu ! C’est comme si on t’offrait un paquet contenant un cadeau et que toi, au lieu de prendre le cadeau, tu ne t’intéresses qu’au papier dans lequel il est emballé : seulement les apparences, la forme, et pas le noyau de la grâce, du don qui est fait ! Chers frères et sœurs, nous sommes tous invités à la table du Seigneur. Faisons nôtre l’invitation à nous asseoir à côté de Lui avec ses disciples. Apprenons à regarder avec miséricorde et à reconnaître dans chacun d’eux notre hôte. Nous sommes tous des disciples qui avons besoin de faire l’expérience et de vivre de la parole consolatrice de Jésus. Nous avons tous besoin de nous nourrir de la miséricorde de Dieu, car c’est de cette source que jaillit notre salut. Merci !