Archive pour le 8 avril, 2016
ACTES DES APÔTRES 5, 27B-32. 40B-41 – COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT
8 avril, 2016COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 10 AVRIL 2016
PREMIERE LECTURE – ACTES DES APÔTRES 5, 27B-32. 40B-41
En ces jours-là, les Apôtres comparaissaient devant le Conseil suprême ; 27 le grand prêtre les interrogea : 28 « Nous vous avions formellement interdit d’enseigner au nom de celui-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Vous voulez donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ! » 29 En réponse, Pierre et les Apôtres déclarèrent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. 30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. 31 C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés. 32 Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. »
40 Après avoir fait fouetter les Apôtres, ils leur interdirent de parler au nom de Jésus, puis ils les relâchèrent. 41 Quant à eux, quittant le Conseil Suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.
Les Apôtres viennent d’être flagellés à cause de leur prise de parole sur Jésus. On les relâche et, voilà qu’en sortant du tribunal, Saint Luc nous dit : « Ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus ». Comme s’ils avaient été décorés… décorés du titre de « prophètes ». Peut-être ont-ils alors repensé à la parole de Jésus : « Heureux êtes-vous lorsque les hommes vous haïssent, lorsqu’ils vous rejettent, et qu’ils insultent et proscrivent votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous ce jour-là et bondissez de joie, car voici, votre récompense est grande dans le ciel ; c’est en effet de la même manière que leurs pères traitaient les prophètes. » (Lc 6, 22-23). Ils se rappellent aussi cette phrase que Jésus leur avait dite : « Ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi. » (Jn 15, 20). Ici, que s’est-il passé ? Ce n’est pas la première fois que les Apôtres Pierre et Jean comparaissent devant le Sanhédrin, c’est-à-dire le tribunal de Jérusalem, le même qui a condamné Jésus quelques semaines plus tôt ; déjà, une fois, après la guérison du boiteux de la Belle Porte, un miracle qui avait fait beaucoup de bruit dans la ville, ils avaient été arrêtés, emprisonnés une nuit, puis interrogés et interdits de parole ; mais on les avait finalement relâchés. Dès leur remise en liberté, ils avaient recommencé à prêcher et à faire des miracles. Ils ont donc été arrêtés une deuxième fois, mis en prison… mais ils ont été délivrés miraculeusement pendant la nuit par un Ange du Seigneur. Evidemment, cette délivrance miraculeuse n’a fait que galvaniser leurs énergies ! Et ils ont recommencé à prêcher de plus belle. Et c’est là que nous en sommes avec la lecture de ce dimanche. Ils sont donc de nouveau arrêtés et traduits devant le tribunal. Le grand prêtre les interroge, ce qui nous vaut la très belle réponse de Pierre : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » Et Pierre adresse au tribunal un petit résumé de ses discours précédents ; il leur dit à peu près ceci : il y a deux logiques, la logique de Dieu et celle des hommes ; la logique des hommes (sous-entendu la vôtre, vous tribunal juif), consiste à dire : un malfaiteur, on le supprime, et après sa mort, on ne va quand même pas lui faire de la publicité ! Jésus, aux yeux des autorités religieuses, était un imposteur, on l’a supprimé, c’est logique ! C’est même un devoir de l’empêcher d’endoctriner un peuple trop enclin à se fier à n’importe quel prétendu Messie. Condamné, exécuté, suspendu à la Croix, c’est un maudit : même de Dieu il est maudit. C’était écrit dans la Loi. Seulement voilà, la logique de Dieu, c’est autre chose : oui, vous l’avez exécuté, pendu au gibet de la croix… Mais, contre toute attente, non seulement il n’est pas maudit par Dieu, mais au contraire, il est élevé par Dieu, il devient le Chef, le Sauveur : « C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés. » Cette dernière phrase est une énormité pour des oreilles juives : si la conversion et le pardon des péchés sont apportés à Israël, cela signifie que les promesses sont accomplies. Cette assurance des Apôtres, que rien ne semble faire taire, ne peut qu’exaspérer les juges ; et plusieurs d’entre eux ne voient plus qu’une solution : les supprimer comme on a supprimé Jésus ; c’est là qu’intervient un homme extraordinaire, Gamaliel, dont le raisonnement devrait être un modèle pour nous, quand nous nous trouvons face à des initiatives qui ne nous plaisent pas. Malheureusement, la lecture liturgique de ce dimanche ne retient pas l’épisode de Gamaliel : on passe directement des paroles de Pierre à la décision du tribunal ; les apôtres ne sont pas condamnés à mort comme certains le voudraient, on se contente de les fouetter et on les relâche. Mais prenons le temps de lire les versets qui manquent ; Pierre vient donc de dire : « Nous sommes témoins de tout cela avec l’Esprit Saint que Dieu donne à ceux qui lui obéissent » (sous-entendu, vous, en ce moment, vous n’obéissez pas à Dieu). Luc raconte : « Exaspérés par ces paroles, ils projetaient de les faire mourir. Mais un homme se leva dans le Sanhédrin ; c’était un Pharisien du nom de Gamaliel, un docteur de la Loi estimé de tout le peuple » ; (entre parenthèses, c’est lui qui fut le professeur de Saül de Tarse, le futur Saint Paul ; cf Ac 22, 3) ; il ordonne de faire sortir un moment Pierre et Jean, et il s’adresse aux autres juges ; en substance, son raisonnement est le suivant : de deux choses l’une, ou bien leur entreprise vient de Dieu… ou bien non, ce sont des imposteurs ; et voici la fin de son discours : « Si c’est des hommes que vient leur entreprise, elle disparaîtra d’elle-même… si c’est de Dieu, vous ne pourrez pas les faire disparaître. N’allez pas risquer de vous trouver en guerre avec Dieu ! » (Ac 5, 38-39). Si Gamaliel prenait la parole aujourd’hui, sans doute reconnaîtrait-il que l’Eglise est bien une entreprise de Dieu : depuis deux mille ans, elle a résisté à tout, même à nos faiblesses et à nos insuffisances ! ———————— Complément Gamaliel est un bel exemple de Pharisien et nous donne l’occasion de rendre justice à la majorité d’entre eux qui étaient des hommes de foi et de bonne volonté. A travers cet épisode, nous approchons la réalité historique des débats au sein du Judaïsme à propos de la jeune communauté chrétienne.
HOMÉLIE DU 3ÈME DIMANCHE DE PÂQUES. -10/04/2016
8 avril, 2016http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/
HOMÉLIE DU 3ÈME DIMANCHE DE PÂQUES. -10/04/2016
Les lectures du jour http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2016-04-10&language=FR
Tu es là, au cœur de nos vies…
Dimanche dernier, l’Évangile nous a parlé du passage à la foi de l’apôtre Thomas. Il est passé d’une foi qui demande des preuves à une foi qui dit : « Mon seigneur et mon Dieu ». Aujourd’hui, c’est de Pierre qu’il est question : au départ sa foi était très volontariste ; aujourd’hui elle devient une réponse à la confiance que Jésus lui témoigne. Tout commence par une décision d’aller à la pêche, une pêche qui s’est avérée infructueuse. C’est dans cette situation d’échec que Jésus rejoint ses disciples. Il leur fait recommencer leur pêche ; et là, le résultat dépasse toutes leurs espérances. L’Évangile nous parle de 153 poissons. Ce chiffre correspond au nombre d’espèces de poissons connues à cette époque. Il vient symboliser l’autorité et la mission universelle des apôtres. Pierre sera confirmé dans sa mission de pêcheurs d’hommes. Mais il devra comprendre que le principal travail c’est Jésus qui le fait. Et c’est toujours vrai pour nous aujourd’hui : il est à l’œuvre ; nous, nous ne sommes que les manœuvres. Pierre était un homme très fougueux. Il devra accepter qu’un autre que lui-même dirige sa vie. C’est Jésus qui a l’initiative. Il ne demande qu’une chose à Pierre, c’est de l’aimer plus que tous les autres disciples et être prêt à souffrir pour le suivre. Lui-même, qui avait renié son Maître trois fois de suite, se trouvait dans une situation très inconfortable. Mais Jésus va lui offrir d’en sortir ; Pierre va pouvoir lui dire trois fois de suite son amour ; Jésus fera de lui le berger de son troupeau. La miséricorde du Christ n’a pas changé. Elle nous est offerte à tous. Quand tout va mal, il est là sur le rivage. Bien souvent, nous ne le reconnaissons pas. Pour le reconnaître, il faut avoir fait le passage de la foi pascale, comme Thomas et comme Pierre. Si nous sommes trop encombrés par nos soucis et par tout ce qui nous retient loin de lui, nous serons incapables de le reconnaître. Mais la miséricorde du Christ ne connaît pas de limites. Il est toujours là où nous en sommes pour raviver notre espérance. Comme Pierre nous somme invités à plonger et à lui faire confiance sur parole. Avec lui, nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cette foi qui nous anime. C’est à tous les hommes du monde entier que le Christ ressuscité veut manifester sa miséricorde. Lui-même nous a dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. S’il a donné sa vie sur la croix, c’est pour nous et pour la multitude. La première lecture nous montre les apôtres dans cette mission que le Christ leur a confiée. Aujourd’hui, nous les voyons devant le même tribunal qui a condamné Jésus. De lourdes de menaces pèsent sur eux. Mais ils n’hésitent pas à affirmer leur foi en Jésus ressuscité. Ils choisissent d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Ils témoignent de la victoire du Christ sur la mort. Dieu l’a élevé au rang de chef et de sauveur de son peuple. C’est ainsi que l’Esprit Saint a fait de ces hommes peureux des missionnaires courageux. Dans la 2ème lecture, nous avons entendu un passage de l’apocalypse de Saint Jean. Ce livre a été écrit pour des chrétiens persécutés. Il nous invite à rendre gloire à l’Agneau immolé, vainqueur de la mort et du péché. Il y a, bien sûr, des catastrophes et des violences de toutes sortes. Aujourd’hui, encore plus qu’autrefois, les chrétiens sont persécutés ou tournés en dérision. Mais la puissance de l’amour est une force contagieuse que rien ni personne ne peut arrêter. En définitive c’est l’amour et non le mal qui aura le dernier mot. Le grand message de ces trois lectures bibliques c’est que le Christ ressuscité est toujours là, même si nous ne le voyons pas. Il nous rejoint au cœur de nos vies, de nos doutes et de nos épreuves. Quand tout va mal, il est là. Il vient nous pardonner et nous faire renaître à la confiance. Avec lui, nous pouvons repartir pour une vie renouvelée. La nourriture qu’il nous propose pour refaire nos forces, ce n’est plus du poisson grillé, mais son Corps et son Sang. Comme Pierre, nous sommes confirmés dans l’amour ; nous sommes envoyés pour en être les témoins et les messagers. Avec tous les chrétiens du monde entier, nous recevons cette mission : « Allez-vous en sur les places et sur le parvis ! Allez-vous en sur les places y chercher mes amis… » Sources : revues Signes et Feu nouveau – missel dimanche trois années (nouvelle traduction liturgique) sous la direction de Michel Wackenheim – célébrerons dimanche (Assemblées de la Parole, dimanche et fêtes année C, éditions du Signe).