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LA FORCE D’AIMER, DE MARTIN LUTHER KING
6 avril, 2016http://www.leconflit.com/article-la-force-d-aimer-de-martin-luther-king-113797298.html
LA FORCE D’AIMER, DE MARTIN LUTHER KING
décembre 2012
Martin Luther KING Jr (1929-1968), pasteur baptiste afro-américain, militant non-violent pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, rédige maints sermons tout au long de son combat. Parmi ses ouvrages, La force d’aimer, publié en 1963 (Strenght to Love), se situe vers le début de son activité politique, après Stride toward freedom : the montgoemry story (1958) et The Measure of a Man (1959), avant Wy We Can’t Wait de 1964 (traduit en 1969 en français sous le titre Révolution non-violente). Il se compose de seize sermons prononcés durant ou après le boycottage des autobus à Montgomery en Alabama. Trois sermons : « L’amour en acte », « Aimer vos ennemis » et Rêves détruits » sont écrits dans les prisons de Géorgie. « Pèlerinage vers la non-violence » chapitre qui clôt de livre, est une refonte et une mise à jour d’un sujet traité dans The christian Century et dans Stride Toward Freedom. Tous ces sermons, qui pour l’auteur s’adressent surtout à l’oreille de l’auditeur, sont rassemblés dans ce livre à la demande de l’éditeur et peuvent être lus séparément.
Ces sermons remontent aux sources de l’inspiration du combat du pasteur pour l’égalité des droits dans son pays et dans le monde, mais aussi de son combat contre la course aux armements, la guerre du VietNam et la pauvreté. Ces dix-sept chapitres, qui suivent une courte préface, très inspirés par la lecture de l’Evangile, constituent autant d’exhortations à l’action contre toute résignation envers les injustices : – Un esprit ferme et un coeur tendre ; – Non-conformiste transformé ; – Etre un bon prochain ; – L’amour en acte ; – Aimer vos ennemis ; – Minuit…quelqu’un frappe à la porte ; – L’homme insensé ; – La mort du mal sur le rivage de la mer ; – Trois dimensions d’une vie achevée ; – Rêves détruits ; – Qu’est-ce que l’homme? – Comment un chrétien voit le communisme ; – Ce que peut notre Dieu ; – Antidotes de la peur ; – Réponse à une question embarrassante ; – Lettre de Paul aux chrétiens d’Amérique ; – Pélerinage à la non-violence, postface.
Le premier sermon reproduit dans La force d’aimer commence ainsi : « Un philosophe français (lequel?, l’auteur ne le dit pas et nous ne le retrouvons pas…) déclare : nul homme n’est fort s’il ne porte dans son caractère des antithèses fortement marquées. » Largement autoprésentation de sa pensée, cette « citation » indique que les tensions et opposition se trouvent non seulement autour de lui, mais aussi en lui. Dans la suite du texte il décrit trois voies par rapport à l’injustice, qu’elle frappe son entourage ou lui-même, la passivité, (préférer l’oppression au combat), la violence (qui ne donne que des victoires passagères) et la résistance non-violente. S’inspirant des Ecritures (surtout l’Evangile selon St Mathieu), il présente cette troisième voie comme celle qui ouvre à l’espérance. « Lorsque les jours deviennent ténébreux, écrit-il, et les nuits lugubres, nous pouvons être heureux que notre Dieu combine en sa matière une synthèse créatrice d’amour et de justice, qui nous conduira par les vallées sombres de la vie jusqu’aux sentiers lumineux de l’espérance et de l’accomplissement. En dépit de la tendance prédominante au conformisme, les chrétiens ont pour mission d’être non conformistes. Malgré l’appel des Evangiles à vivre différemment, « nous avons cultivé un esprit de masse et nous avons évolué de cet extrême qu’est l’individualisme farouche vers cet extrême plus grand encore qu’est le collectivisme farouche ». Il se réfère à Thomas JEFFERSON lorsque celui-ci écrit : « J’ai juré sur l’autel de Dieu hostilité éternelle à toute forme de tyrannie sur l’esprit de l’homme ». Contre les conformistes et les modeleurs de la mentalité conformiste, il appelle au renouvellement, à la transformation de l’esprit. Etre un bon prochain, pour Martin Luther KING, c’est non avoir une bonté fondée sur une confiance passive, en un credo particulier, mais sur une action salvatrice de vie. Il se livre à une très courte exégèse sur le notion de prochain, s’appuyant entre autres sur la parabole du bon Samaritain, cet homme capable d’un altruisme universel, capable d’une altruisme dangereux (sauver sa vis pour sauver celle de son frère, capable d’un altruisme excessif (faire plus que son devoir). « La grandeur d’âme de Jésus est rarement exprimée dans le Nouveau Testament avec plus de clarté et de solennité que dans ces paroles tombées de la crois : « Père, pardonnez-leur, cars ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est le sommet de l’amour. » Mais il fait comprendre ces paroles en fonction d’un contexte situé auparavant, dans la mise au crucifix, entre deux condamnés à mort. Il s’agit là d’une « merveilleuse expression de l’habileté de Jésus à joindre parole et action, et c’est aussi une expression de la conscience qu’a Jésus de l’aveuglement intellectuel et spirituel de l’homme. Aimer vos ennemis est un des commandements les plus difficile à suivre. Comme aimer nos ennemis? « En premier lieu, nous devons développer et entretenir notre aptitude au pardon. Celui qui est incapable de pardonner est incapable d’aimer. Il est impossible de seulement commencer à aimer ses ennemis sans avoir accepté d’abord la nécessité, sans cesse renouvelée, de pardonner à ceux qui nous infligent le mal et l’injustice. (…) Pardonner, ne signifie pas ignorer ce qui a été fait ou coller une étiquette fausse sur un acte mauvais. Cela signifie plutôt que cet acte mauvais cesse d’être un obstacle aux relations. Le pardon est un catalyseur, qui crée l’ambiance nécessaire à un nouveau départ et à un recommencement. (…) En deuxième lieu, nous devons reconnaître que l’acte mauvais de notre prochain-ennemi, ce qui nous a blessé, n’exprime jamais adéquatement, ce qu’il est lui-même. » Ce qui ouvre la voie, disons-le ici, à la réconciliation, mais aussi au centrage de l’action sur le mal et non sur celui par qui vient le mal. Revenons à l’auteur : « A nos adversaires les plus farouches, nous disons : « A votre capacité d’infliger la souffrance, nous opposerons notre capacité d’endurer la souffrance. A votre force physique nous répondrons par la force de nos âmes. Faites-nous ce que vous voulez, et nous continuerons à vous aimer. Nous ne pouvons, en tout bonne conscience, obéir à vos lois injustes, car la non-ccopération avec le mal est autant que la coopération avec le bien une obligation morale. Jetez-nous en prison, et nous vous aimerons encore. Envoyez à minuit dans nos communautés vos cagoulards perpétrer la violence et nous laisser à demi morts, et nous vous aimerons encore. Mais soyez assurés que nous vous conduisons à l’épuisement par notre capacité de souffrir. Un jour nous gagnerons la liberté, mais pas pour nous seuls. Nous lancerons à vos coeurs et à vos consciences un tel appel que nous aurons gagnés en chemin et que notre victoire sera un double victoire ». Minuit… quelqu’un frappe à la porte est un des sermons les plus dramatiques prononcés par le pasteur baptiste. Il y passe en revue tout ce qui ne va pas dans la société du temps : crise morale, sociale, psychologique, familiale, politique, internationale, dans une ambiance nocturne effrayante. Dans cette nuit, les Eglises, les Eglises noires en premier, faillissent : les hommes frappent à leur porte, mais elles restent sourdes. Puis tout se retourne, il y a l’espoir malgré tout. Il est minuit dans l’ordre social, puis sonne des déclarations comme celle de la Cour Suprême des Etats-Unis qui déclare anticonstitutionnelle la ségrégation dans les autobus à Montgomery en Alabama. Dans le sermon « L’homme insensé », il veut partager avec ceux qui l’écoutent « une petite histoire dramatique, dont les implications sont remarquablement pertinentes et les conclusions profondément significatives. « C’est l’histoire d’un homme qui, selon les normes modernes, serait considéré comme ayant réussi d’une manière éminente. Mais Jésus l’a traité d’insensé ». Il s’agit d’un homme riche, l’homme riche en question étant insensé « parce qu’il permettait aux fins pour lesquelles il vivait de se confondre avec les moyens par lesquels il vivait. La structure économique de sa vie absorbait sa destinée ». Ce qui est finalement, pensons-nous, un attaque frontale contre l’homo economicus tant célébré dans la société capitaliste libérale. « Notre espoir d’une vie créatrice repose sur notre aptitude à rétablir les fins spirituelles de nos vies dans le caractère personnel et dans la justice sociale. Sans ce réveil spirituel et moral, nous détruisons nous-mêmes par le mauvais usage de nos propres instruments. Notre génération ne peut éluder la question de notre Seigneur : Que sert à l’homme de gagner l’univers des choses extérieures – avion, lumière, automobile et télévision en couleurs – s’il perd la réalité intérieure : sa propre âme? » Dans La mort du mal sur le rivage de la mer, l’auteur discute de l’existence et de l’origine du mal. Reprenant l’histoire des Egyptiens et du peuple hébreu qui traverse la Mer Rouge (Hebreux 12, 11), et la rapporochant d’autres textes plus récents (Hamlet, The Present Crisis, de LOWELL) ou de In Memoriam, de TENNYSON, ou encore de GANDHI…) suivant en cela une méthode que l’on retrouve beaucoup dans ses sermons, il entend montrer l’ampleur de la présence du mal, mais aussi la présence de Dieu, de Dieu consolateur : « car Dieu a deux lumière : l’une pour nous guider dans la clarté du jour, lorsque nos espoirs sont réalisés et les circonstances favorables ; l’autre pour nous conduire dans l’obscurité de la nuit, lorsque nous sommes contrariés et que les géants endormis de la tristesse et du désespoir se réveillent dans nos âmes. » C’est la foi qui soutient dans la lutte pour échapper à la captivité « de toute Egypte du mal ». Dans Trois dimensions d’une vie achevée, il expose les réflexions que lui inspirent le Livre de l’Apocalypse (de l’apôtre Jean). « Je crains, termine-ti-il, que beaucoup d’entre nous tâtonnent encore dans des projets qui sont volumineux en quantité mais réduits en qualité, des projets qui s’étalent au plan horizontal du temps au lieu de s’élever au plan vertical de l’éternité. (…). Quelle est donc note conclusion? Aimez-vous vous-mêmes, si cela veut dire un intérêt propre raisonnable et sain ; vous avez reçu commandement de le faire ; c’est la longue de la vie. Aimez votre prochain comme vous-mêmes ; vous avez aussi reçu commandement de la faire ; c’est la largeur de la vie. Mais n’oubliez jamais qu’il y a un premier commandement, plus important encore : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit » ; c’est la hauteur de la vie. Ce n’est que par un développement actif de chacune de ces trois dimensions que vous pouvez vous attendre à vivre une vie vraiment achevée.(…) ». Dans Qu’est-ce que l’homme? il pose la question : « Toute la structure politique, sociale et économique de la société est largement déterminé par sa réponse à cette question vitale. En effet, le conflit dont nous sommes témoins entre le totalitarisme et la démocratie est fondamentalement centré sur ceci : l’homme est-il une personne ou un pion? Ets-ti une dent des rouages de l’Etat ou un être libre et créateur capable de responsabilité? Cette question est aussi vieille que l’homme et aussi récente que le journal de ce monde. Bien qu’il y ait accord très large sur la question, il y a désaccord aigu sur la réponse. » Sa « réponse », en tant que bon pasteur, il la trouve dans une vision chrétienne, une certaine vision chrétien, puisqu’il affirme que l’homme est fondamentalement bon, mais que par sa trop grande inclination au mal, l’homme « a terriblement défiguré l’image de Dieu ». Après une « réponse » morale, il aborde dans le sermon placé juste après « Comment un chrétien voit le communisme », la question issue au coeur même de son combat puisque les accusations de « communisme » n’ont cessé de fuser, avec l’attention particulière de grands médias et des services secrets américains (nous sommes alors en pleine guerre froide). Question importante puisqu’elle touche des milliards d’êtres humains, parce que le communisme est le seul rival sérieux du christianisme et parce « qu’il est incorrect et certainement non scientifique de condamner un système avant de savoir ce que ce système enseigne et pourquoi il se trompe. » Il veut affirmer fortement en tête de ce sermon, que « le communisme et le christianisme sont fondamentalement incompatibles. » Pourquoi ? Parce que « le communisme se fonde sur une vision matérialiste et humaniste de la vie et de l’histoire ». Ceci dit « la théorie, mais sûrement pas la pratique du communisme, nous incite à nous vouloir davantage concernés par la justice sociale. et finalement « nous devons honnêtement reconnaître que la vérité ne se trouve ni dans le capitalisme traditionnel ni dans le marxisme. » « En dernier lieu, nous sommes mis au défi d’engager nos vies pour la cause du Christ, exactement comme les communistes engagent les leurs pour le communisme ». La postface, Pèlerinage à la non-violence, retrace brièvement les étapes de son cheminement aussi bien intellectuel que spirituel : « pendant ma dernière année au séminaire de théologie, j’entrepris la lecture excitante de diverses théories théologiques. J’avais été éduqué dans une tradition fondamentaliste assez stricte ; il m’arriva donc d’être choqué, lorsque mon voyage intellectuel me faisait traverser des pays doctrinaux nouveaux pour moi et parfois complexes. Mais le pèlerinage fut toujours stimulant ; il me donna une estime nouvelle pour le jugement objectif et l’analyse critique, il me réveilla de mon sommeil dogmatique. Le libéralisme me procura une satisfaction intellectuelle que je n’avais jamais trouvée dans le fondamentalisme. Je m’entichais tellement de l’optique libérale que je faillis tomber dans le piège et accepter sans esprit critique tout ce qu’englobait le libéralisme. J’étais absolu convaincu de la bonté naturelle de l’homme et du pouvoir de la raison humaine. » Tout en gardant l’ardeur dans la recherche de la vérité, l’insistance sur un esprit d’ouverture et d’analyse de la vérité et le refus de renoncer aux meilleures clartés de la raison, il remet en question la doctrine libérale de l’homme par la lecture notamment des oeuvre de Reinhold NIEBUHR qui le fait rendre compte « de la complexité des implications sociales de l’homme et de la réalité évidente du mal collectif ». Un des aspects un peu oublié lorsqu’on parle de Martin Luther KING est évoqué, alors qu’il reste insatisfait du libéralisme sur la question de la nature humaine : « Entre-temps, j’avais acquis une connaissance meilleure de la philosophie existentielles », avec les oeuvres de KIERKEGAARD et de NIETSZCHE, mais aussi de JASPERS, HEIDEGGER et de SARTRE, puis de celles de Paul TILLICH, alors très en vogue à l’époque. « Mes études proprement dites avaient pour objet la théologie et la philosophie systématiques, mais je m’intéressai de plus en plus à la morale sociale. » Déjà profondément concerné par le problème de l’injustice raciale, la lecture de Chrétienté et la crise sociale de Wlater RAUSCHENBUSCH précipite cet intérêt qui l’amène à prendre connaissance des écrits de GANDHI. Bien entendu reprendre connaissance avec La désobéissance civile de David Henri THOREAU, auteur très lu à l’école aux Etats-Unis, le conforte dans cette direction En fin de parcours intellectuel (étant donné qu’il est assassiné à l’âge de 38 ans), « je ne suis pas un doctrinaire du pacifisme, mais j’ai essayé d’embrasser un pacifisme réaliste qui voit dans dans la position pacifiste le moindre mal pour les circonstances actuelles. je ne prétends pas être libéré du dilemme moral auquel est affronté le non-pacifiste chrétien, mais je suis convaincu que l’Eglise ne peut rester silencieuse alors que le genre humain est sous la menace d’un anéantissement nucléaire. Si l’Eglise est fidèle à sa mission, elle doit réclamer la fin de la course aux armements. » Très diffusé, traduit en de nombreuses langues, le livre de Martin luther KING est l’objet de nombreuses lectures. Des auteurs estiment toujours valable son discours, même à presque cinquante ans de distance. Frédérick de CONINCK estime par exemple qu’il est possible d’actualiser son message qui reste un appel très fort aux chrétiens. « Nous avons eu ou nous avons, écrit-il, autour de nous, plusieurs exemples de luttes non-violentes qui ont permis de faire avancer les choses. Un exemple majeur fut la chute du mur de Berlin en 1989. La transformation des pays de l’Est a obéi à une série de facteurs, mais, entre autres, vers la fin, à une action non-violente de protestation. Les Eglises y jouèrent d’ailleurs, un rôle tout à fait actif. D’une manière générale dans les relations internationales, il y a une conviction assez générale qui veut que la négociation soit plus efficace que les conflits armés? Cela dit c’est une conviction qui fait son chemin lentement.(…). Dans ls affaires intérieures, il y a aussi la conviction encore plus partagée que la démocratie vaut mieux que les pouvoirs militaires. Or la démocratie est une vaste organisation de confrontations, de combats non-violentes. (…) ». Bernice KING, fille de Martin Luther, fait le parallèle entre 1968 et 2008, entre la guerre du VietNam et la guerre en Irak : « Trois maux, disait (mon) père, rongent l’Amérique : la pauvreté, le racisme et le militarisme. je fais le même constat… Ce n’est pas par les « terroristes » que sont terrorisés la plupart des Américains. C’est par leur santé et la perspective de mourir isolés et sans soins médicaux, faute d’en avoir les moyens! ». Le chemin emprunté par Martin Luther King, dont La force d’aimer constitue une grande indication, « est toujours ouvert et nous invite. Sa leçon permanente ne concerne pas les seuls Noirs ni les seuls Américains mais nous concerne tous : elle est double : – il n’est pas possible qu’une partie de l’humanité soit durablement humiliée, discriminée et soumise par les autres, il est toujours nécessaire que les opprimés se mettent debouts et luttent pour leur vie et leur dignité ; – L’injustice ne peut être vaincue pr l’injustice, la violence par la violence. Dans la perspective évangélique, Dieu ne veut pas d’un monde domine par les riches et les puissants : il choisit les pauvres, comme l’exprime la version des béatitudes dans l’Evangile de Luc (Lc, 6, 20). Mais Jésus a pris un chemin de non-violence pour changer le monde en changeant les coeurs. Il appelle toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté à se faire les alliés des pauvres (Evangile selon Saint Mathieu).
Vincent ROUSSEL résume les aspects souvent repris après lui dans maintes luttes non-violentes : – La résistance non-violente n’est pas destinées aux peureux ; c’est une véritable résistance ; – La non-violence ne cherche pas à vaincre ni à humilier l’adversaire, mais à conquérir sa compréhension et son amitié ; – C’est une méthode qui s’attaque aux forces du mal, et non aux personnes qui se trouvent être les instruments du mal ; – La résistance non-violente implique la volonté de savoir accepter la souffrance sans esprit de représailles, de savoir recevoir les coups sans les rendre. Le non-violent ne cherchera pas à éviter la prison ; – La non-violence refuse non seulement la violence extérieure, physique, mais aussi la violence intérieure ; – La résistance non-violente se fonde sur la conviction que la loi qui régit l’univers est une loi de justice
Martin Luther KING, La force d’aimer, Casterman, 1964, 235 pages. Avant-propos de Jean BRULS.
Vincent ROUSSEL, Martin Luther King, combats pour la liberté, Alternatives non-violentes, Les luttes non-violentes au XXe siècle (tome 1), n°119-120, Eté-Automne 2001 ; Jean Marie FAUX, Documents d’analyse du Centre Avec, Le rêve de Martin Luther KING, Février 2008 ; Frédéric de CONINCK, Martin Luther KING, 40 ans après, Comment actualiser son message?, 1990.
PAPE FRANÇOIS – 12. LA MISÉRICORDE ANNULE LE PÉCHÉ
6 avril, 2016PAPE FRANÇOIS – 12. LA MISÉRICORDE ANNULE LE PÉCHÉ
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 30 mars 2016
Chers frères et sœurs, bonjour!
Nous terminons aujourd’hui les catéchèses sur la miséricorde dans l’Ancien Testament, et nous le faisons en méditant sur le psaume 51, appelé Miserere. Il s’agit d’une prière pénitentielle dans laquelle la demande de pardon est précédée par la confession de la faute et dans laquelle la personne qui prie, se laissant purifier par l’amour du Seigneur, devient une nouvelle créature, capable d’obéissance, de fermeté d’esprit, et de louange sincère. Le «titre» que la tradition juive antique a attribué à ce psaume fait référence au roi David et à son péché avec Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite. Nous connaissons bien l’histoire. Le roi David, appelé par Dieu à paître le peuple et à le guider sur les chemins de l’obéissance à la Loi divine, trahit sa mission et, après avoir commis l’adultère avec Bethsabée, fait tuer son mari. Terrible péché! Le prophète Nathan lui révèle sa faute et l’aide à la reconnaître. C’est le moment de la réconciliation avec Dieu, dans la confession de son péché. Et ici, David a été humble, il a été grand! Celui qui prie avec ce psaume est invité à avoir les mêmes sentiments de repentir et de confiance en Dieu qu’a eus David lorsqu’il s’est ravisé et, bien qu’étant roi, il s’est humilié sans craindre de confesser sa faute et de montrer sa misère au Seigneur, convaincu toutefois de la certitude de sa miséricorde. Et ce qu’il avait fait n’était pas un petit péché, un petit mensonge: il avait commis l’adultère et un assassinat! Le psaume commence par ces paroles de supplication: «Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté; en ta grande tendresse efface mon péché. Lave-moi tout entier de mon mal et de ma faute purifie-moi» (vv 1-2). L’invocation est adressée au Dieu de miséricorde afin que, mû par un amour grand comme celui d’un père ou d’une mère, il ait pitié, c’est-à-dire qu’il accorde sa grâce, montre sa faveur avec bienveillance et compréhension. C’est un appel vibrant à Dieu, le seul qui puisse libérer du péché. Des images très plastiques sont utilisées: efface, lave-moi, rends-moi pur. Le vrai besoin de l’homme se manifeste, dans cette prière: l’unique chose dont nous avons vraiment besoin dans notre vie est celle d’être pardonnés, libérés du mal et de ses conséquences de mort. Hélas, la vie nous confronte souvent à ces situations; et dans celles-ci avant tout, nous devons avoir confiance dans la miséricorde. Dieu est plus grand que notre péché. N’oublions pas cela: Dieu est plus grand que notre péché! «Père, je ne peux pas le dire, j’en ai commis tellement et de gros!». Dieu est plus grand que tous les péchés que nous pouvons faire. Dieu est plus grand que notre péché. Nous le disons ensemble? Tous ensemble: «Dieu est plus grand que notre péché!». Encore une fois: «Dieu est plus grand que notre péché!». Une autre fois: «Dieu est plus grand que notre péché!». Et son amour est un océan dans lequel nous pouvons nous immerger sans peur d’être submergés: pardonner signifie pour Dieu nous donner la certitude qu’Il ne nous abandonne jamais. Peu importe ce que nous avons à nous reprocher, Il est encore et toujours plus grand que tout (cf. 1 Jn 3, 20), car Dieu est plus grand que notre péché. En ce sens, celui qui prie avec ce psaume recherche le pardon, confesse sa faute, mais en la reconnaissant, il célèbre la justice et la sainteté de Dieu. Et ensuite, il demande encore la grâce et la miséricorde. Le psalmiste a confiance en la bonté de Dieu, il sait que le pardon divin est éminemment efficace, car il crée ce qu’il dit. Il ne cache pas le péché, mais le détruit et l’efface; mais il l’efface précisément à la racine, pas comme on le fait à la teinturerie lorsque nous apportons un vêtement et qu’ils enlèvent la tache. Non! Dieu efface notre péché à la racine, tout! C’est pourquoi le pénitent redevient pur, toute tache est éliminée et il est alors plus blanc que la neige encore vierge. Nous tous sommes pécheurs. N’est-ce pas vrai? Si l’un d’entre vous ne se sent pas pécheur, qu’il lève la main… Personne! Nous le sommes tous. Nous pécheurs, avec le pardon, devenons des créatures nouvelles, remplies par l’esprit et pleines de joie. A présent, une nouvelle réalité commence pour nous: un nouveau cœur, un nouvel esprit, une nouvelle vie. Nous, pécheurs pardonnés, qui avons accueilli la grâce divine, nous pouvons même enseigner aux autres à ne plus pécher. «Mais Père, je suis faible, je tombe, je tombe». «Mais si tu tombes, lève-toi! Lève-toi!». Quand un enfant tombe, que fait-il? Il tend la main à sa maman, à son papa, pour qu’il l’aide à se relever. Faisons la même chose! Si tu tombes par faiblesse dans le péché, tend la main: le Seigneur la prend et t’aidera à te relever. Telle est la dignité du pardon de Dieu! La dignité que nous confère le pardon de Dieu est celle de nous relever, de nous mettre toujours debout, car Il a créé l’homme et la femme afin qu’ils soient debout. Le psalmiste dit: «Dieu, crée pour moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme. [...] Aux pécheurs j’enseignerai tes voies, à toi se rendront les égarés» (vv. 10-13). Chers frères et sœurs, le pardon de Dieu est celui dont nous avons tous besoin, il est le signe le plus grand de sa miséricorde. Un don que tout pécheur pardonné est appelé à partager avec chaque frère et sœur qu’il rencontre. Tous ceux que le Seigneur a placés à nos côtés, notre famille, les amis, les collègues, les paroissiens… Tous ont, comme nous, besoin de la miséricorde de Dieu. Il est beau d’être pardonné, mais toi aussi, si tu veux être pardonné, pardonne à ton tour. Pardonne! Que le Seigneur nous concède, par l’intercession de Marie, Mère de miséricorde, d’être les témoins de son pardon, qui purifie le cœur et transforme la vie. Merci. Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les groupes venus de Suisse, du Luxembourg, de Belgique, du Canada et de France. Dans la lumière de la résurrection rendons grâce au Seigneur de sa miséricorde envers nous. Il nous pardonne nos péchés et fait de nous des créatures nouvelles. Je vous invite à être témoins de cette bonne nouvelle tout autour de vous.