Archive pour mars, 2016

L’ESPÉRANCE DE LA VIE NOUVELLE EN JÉSUS-CHRIST – D’UNE HOMÉLIE DE SAINT EPHREM,

17 mars, 2016

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010424_sant-efrem_fr.html

L’ESPÉRANCE DE LA VIE NOUVELLE EN JÉSUS-CHRIST  – D’UNE HOMÉLIE DE SAINT EPHREM,

D’une homélie de saint Ephrem, diacre (Sermo 3, De fine et admonitione 2. 4-5: Oeuvres, Editions Lamy 3, 216-222)

« Chasse les ténèbres nocturnes de notre esprit, Seigneur, par la lumière diurne de ta connaissance, pour que notre esprit ainsi éclairé te serve par son renouvellement dans la pureté. Lorsque le soleil entreprend sa course, les mortels commencent leur travail; fais de nos esprits, Seigneur, une belle demeure pour ce jour qui ne connaît pas de déclin. Accorde-nous de voir en nous-mêmes la vie apportée par la résurrection, et que rien ne détourne nos esprits de tes beautés. Imprime en nous, Seigneur, la trace de ce jour, qui ne dépend pas du mouvement et de la course du soleil, en nous donnant de te chercher assidûment. Par tes sacrements puissions-nous t’embrasser chaque jour en te recevant dans notre corps. Rends-nous capables d’expérimenter en nous-mêmes la résurrection que nous espérons. Nous avons caché ce trésor dans notre corps avec la grâce du baptême; que ce trésor s’enrichisse encore à la table de tes sacrements. Donne-nous la joie de ta grâce. Nous recevons ton mémorial dan ton banquet spirituel; puissions-nous le posséder effectivement lors du renouvellement futur. Puissions-nous comprendre à quelle beauté nous sommes appelés, en découvrant cette beauté spirituelle que ta volonté immortelle fait éclore au sein de la mortalité elle-même. Ton crucifiement, ô notre Sauveur, a mis fin à ta vie corporelle; accorde-nous de crucifier notre esprit pour préfigurer la vie de l’Esprit. Que ta résurrection, ô Jésus, confère sa grandeur à notre homme spirituel; que la contemplation de tes sacrements soit le miroir dans lequel nous le connaîtrons. Ton plan divin, ô notre Sauveur, préfigure le monde de l’Esprit; accorde-nous de le parcourir comme il convient à l’homme spirituel.  Ne prive pas notre âme, Seigneur, de ta manifestation spirituelle et n’éloigne pas de nos membres la chaleur de ton amour. La mortalité qui se cache dans notre corps répand en nous la corruption; que l’épanchement de ton amour spirituel purifie notre cœur des effets de cette condition mortelle. Accorde-nous, Seigneur, de nous hâter vers notre cité et de la contempler pour en prendre possession, comme Moïse du haut de la montagne. »

Prière

Chaque année, Seigneur, tu nous fais revivre le mystère pascal où l’homme, rétabli dans sa dignité, trouve l’espérance de la résurrection; donne-nous de toujours accueillir avec amour ce que nous célébrons dans la foi. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen

« Préparé par le Département de Théologie Spirituelle de L’Université Pontificale de la Sainte-Croix »

                             

L’ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM

17 mars, 2016

http://www.garriguesetsentiers.org/article-l-entree-de-jesus-a-jerusalem-71773159.html

L’ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM

Publié le 15 avril 2011 par G&S

(Matthieu 21,1-11 ; Marc 11,1-11 ; Luc 19,28-38 ; Jean 12,12-16)

Chers amis Internautes, nous voici à quelques jours de la fête catholique dite des Rameaux, qui se situe liturgiquement une semaine exactement avant Pâques. Pour tenter de vous faire mesurer pleinement sa portée symbolique à la lumière du Premier Testament, je m’en tiendrai à l’évangéliste le plus « juif », Matthieu, dont on découvrira une fois de plus qu’il s’attache assidument à relire les événements du Nouveau Testament à la lumière du Premier. Cette démarche lui est coutumière, comme aux autres évangélistes, mais il est le seul à la pratiquer et à l’expliciter autant. Le parallèle avec la fête juive de Souccot, appelée aussi Fête des Tentes, ou des cabanes, que j’ai évoqué il y a maintenant cinq ans (déjà !) dans l’article Les tentes des Rameaux est généralement expliqué par le fait que Matthieu 21,8 dit que les gens coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin (Marc 11,8 parle de jonchées de verdure qu’ils coupaient dans les champs ; Jean 12,13 de rameaux des palmiers ; Luc ne parle que de manteaux). Le texte qui définit cette fête se trouve dans le livre de la Bible nommé Vayiqra (le Lévitique des bibles en français) 23,39-43 : Le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté les produits du pays, vous célébrerez la fête du Seigneur pendant sept jours. Le premier jour repos et le huitième jour repos. Le premier jour vous prendrez le fruit de l’arbre de la beauté, des rameaux de palmier, des branches d’arbres touffus et des saules du torrent, et vous vous réjouirez face au Seigneur votre Dieu pendant sept jours. Vous fêterez ainsi une fête pour le Seigneur sept jours par an : règle éternelle pour vos générations. Au septième mois vous la fêterez. Vous habiterez sept jours dans des tentes. Tous les autochtones d’Israël habiteront dans des tentes, afin que vos générations connaissent que j’ai fait habiter sous des tentes les fils d’Israël quand je les ai fait sortir du pays d’Égypte, moi le Seigneur votre Dieu. Mon projet est de vous parler de deux points importants…   L’ânesse, l’ânon et la citerne Entrée Jésus Jérusalem avec anonL’épisode commence quand Jésus approche de Jérusalem et dit à deux de ses disciples : « Rendez-vous au village qui est en face de vous ; et aussitôt vous trouverez,à l’attache, une ânesse avec son ânon près d’elle ; détachez-la et amenez-les-moi. » (Matthieu 21,5) Matthieu 21,5 (contrairement aux autres évangiles) assume dans son récit l’incohérence apparente d’écrire que Jésus entre dans Jérusalem assis à la fois sur une ânesse et sur un ânon, en citant explicitement mais partiellement et approximativement Zacharie 9,9-12 : Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne et sur un ânon, le petit des ânesses. Malheureusement, il n’y a pratiquement aucune bible qui suit Zacharie dans l’incohérence apparente de ce texte, où il est pourtant bien écrit ’al-chamor ve’al-’aiyr?, sur un âne et sur un ânon ! Ni la B.J., i.e. la Bible de Jérusalem (un âne, un ânon alors qu’elle met le « et » dans sa traduction de l’évangile de Matthieu !) ni la TOB (un âne, un ânon tout jeune), ni Segond (sur un âne, sur un âne), ni la Bible du Rabbinat (sur un âne, le petit de l’ânesse), ni même Chouraqui (un âne ou un ânon)) Il n’y a que le chanoine Crampon, il y a un siècle, qui a osé : monté sur un âne, et sur un poulain, petit d’une ânesse ! De toute façon, le lecteur attentif comprend que Matthieu a voulu rapporter l’entrée de Jésus à Jérusalem à l’arrivée duRoi de Sion annoncée par le prophète Zacharie. Mais il ne faut jamais s’arrêter dès qu’on trouve quelque chose d’intéressant dans un texte ; il faut toujours lire la suite. Celle de la prophétie de Zacharie vaut la peine : Quant à toi (fille de Sion), à cause de l’alliance conclue dans le sang, je renverrai tes captifs de la citerne où il n’y a pas d’eau. Revenez vers la place forte, captifs de l’espoir. Cette prophétie parle d’une citerne où il n’y a pas d’eau et à ce propos la B.J. met en note : une citerne sert de geôle, c’est le symbole de Babylone… Peut-être ! Mais c’est aussi – et surtout – la même expression, avec le même mot hébreu (bor), qu’en Genèse 37,24, dans l’histoire de Joseph et de ses frères qui veulent le faire périr : ils le jetèrent dans la citerne ; cette citerne était vide, sans eau (trad. Rabbinat). Cette phrase de Zacharie nous mène donc à Juda, le 4e fils de Jacob, celui qui a suggéré à ses frères de vendre Joseph plutôt que de le laisser mourir dans la citerne et donc, en quelque sorte, de le « renvoyer de la citerne où il n’y a pas d’eau ». Et, comme par hasard, en cherchant s’il n’y a pas d’autres ânesse et ânon dans la Bible, de préférence attachés (car aucun détail n’est inutile dans la Bible !) on retrouve le même Juda, 4e fils de Jacob, en Genèse 49. À la fin de ce livre, juste avant sa mort, Jacob livre son testament à ses fils et les bénit, dans un long discours qui commence et se termine ainsi : Jacob appela ses fils et dit : « Réunissez-vous, que je vous annonce ce qui vous arrivera à la fin des temps. Rassemblez-vous, écoutez, fils de Jacob, écoutez Israël, votre père » […] Voilà ce que leur dit leur père, quand il les a bénis. Il les bénit, chacun selon sa bénédiction (Genèse 49,1-2.28). Les paroles de Jacob sont une bénédiction de Patriarche, donc une parole créatrice, une parole qui annonce et qui crée ce qui arrivera. Or, en bénissant Juda Jacob lui dit (Genèse 49,8-12) : « Juda, toi, tes frères te loueront, ta main est sur la nuque de tes ennemis et les fils de ton père s’inclineront devant toi. Tu es un jeune lion, ô Juda […] Le sceptre ne s’éloignera pas de Juda, ni le bâton de chef d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne Shiloh à qui les peuples obéiront. Il attache à la vigne son âne, au cep le petit de son ânesse, etc. » On note : – que Juda est annoncé comme étant la souche de la lignée royale au sein du peuple hébreu. D’ailleurs, dans les généalogies de leurs évangiles, Matthieu et Luc feront descendre Jésus de Juda, en ligne directe.

- qu’en plus de l’âne (que Matthieu appelle ânesse !) et de l’ânon attachés qu’on recherchait, la bénédiction pour Juda mentionne la venue d’un certain Shiloh. Qui est donc ce Shiloh, à côté duquel passent toutes les bibles chrétiennes (et d’autres) ?   Le Shiloh Ce Shiloh de Genèse 49,10 donne lieu aux interprétations les plus diverses. La B.J. le traduit par tribut ; la TOB par celui (!), Segond et Crampon par le Schilo (ce qui ne nous avance pas vraiment !). Amis lecteurs, vous pouvez ici interrompre un instant votre lecture pour lire ou relire l’article Jésus porteur de Paix ou d’épée ? où je traite des racines du mot shiloh, dans lequel la bible du Rabbinat voit le Pacifique (racine shalam, faire la paix), mais où on peut certainement voir aussi l’Envoyé (racine shalach, envoyer et particulièrement, comme dit le dictionnaire Sander et Trenel, envoyer en mission) : c’est donc Jésus pour les chrétiens. Pour sa part, Jérôme, le Père de l’Église qui a écrit la Vulgate, version latine de la Bible, a traduit par : donec veniat qui mittendus est : jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé, ce qui m’a confirmé dans mon intuition ! Malheureusement, la Néo-Vulgate de 1979 traduit par : donec veniat ille cuius est : jusqu’à ce que vienne celui qui est à lui, ce qui n’a plus rien à voir avec le Shilo ! La lecture qu’on peut faire de l’épisode de l’entrée de Jésus à Jérusalem est donc que Jésus accomplit la prophétie de Zacharie – en tant que Roi – et la prophétie sur Juda (et sa lignée) – en tant que Messie – à son arrivée à Jérusalem, et alors se demander s’il n’y a pas un lien entre le Shiloh, l’Envoyé et la piscine de Siloé (hébreu Shiloach) à Jérusalem, où, à la fin des fêtes de Souccot, se déroule la procession de Simrat Torah ! Car c’est ce jour et ce rite-là qui sont évoqués en Jean 7,37 : Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et il boira, celui qui croit en moi ! » selon le mot de l’Écriture : de son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui. Et, immédiatement après la discussion qui s’ensuit, Jésus envoie (c’est le cas de le dire) l’aveugle-né se laver à la piscine de Shiloach, dont Jean précise que son nom signifie Envoyé (9,7)… o O o Terminons cette brève étude en survolant quelques mots utilisés dans le texte évangélique. Les manteaux : Les gens étendirent leurs manteaux sur le chemin (Matthieu 21,8) C’est l’attitude d’accueil d’un roi de Juda : Aussitôt, tous prirent leurs manteaux et les étendirent sous lui, à même les degrés; ils sonnèrent du cor et crièrent : « Jéhu est roi ! » (2Rois 9,13 ; Jéhu a détrôné Ozochias, roi de Juda, vers 841…). Noter qu’il n’y a aucun jeu de mots avec Jésus (car Jéhu est Yéhou en hébreu) ! Hosanna : les foules criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom de Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Hosanna, hoshiy’ah na’, signifie : sauve ou donne le salut, de grâce ! Cf. L’article Alleluia ! Hosanna ! Amen ! Les qualificatifs donnés à Jésus : – fils de David, qui est une appellation royale – qui vient au nom du Seigneur, et l’envoyé, qui sont des appellations messianiques ! Tout cela rappelle Psaume 118,25-26 : ’ana’ adonaï hoshiy’ah na’, de grâce, Seigneur ! donne le salut, de grâce !, suivi de : baroukh haba’ beshem adonaï, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur… Le Psaume 118 est le dernier Psaume du Hallel ; son sous-titre est Liturgie pour la fête des Tentes… On peut donc raisonnablement penser : – que Jésus est entré à Jérusalem pour la fête de Souccot, à l’automne… – que donc Jésus est resté six mois à Jérusalem avant d’y mourir sur une croix – et que donc que le retournement des foules contre Jésus, au printemps, dont on dit qu’il s’est fait en quatre jours (entre les Rameaux et le Jeudi-saint), a en fait pris six mois… La foule (si foule il y avait !) des « juifs » qui avaient salué Jésus comme Roi à l’automne et la foule (si foule il y avait !) des « juifs » au moment du procès de Jésus (si c’était la même, ce qui est plus qu’improbable !) n’était donc pas aussi versatile qu’on nous l’a appris et rabâché depuis notre catéchisme et jusqu’à maintenant dans bien des églises… Portes levez vos frontons, élevez-vous portails antiques, qu’il entre le roi de gloire !  (Psaume 24,7)

René Guyon

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St. Joseph

16 mars, 2016

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LE BIENHEUREUX PAUL VI NOUS PARLE DE SAINT JOSEPH.

16 mars, 2016

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LE BIENHEUREUX PAUL VI NOUS PARLE DE SAINT JOSEPH.

Le Bienheureux Paul VI nous parle de saint Joseph. Paul VI est un grand pape, dont le combat et le courage n’ont pas fini de nous étonner, ainsi que sa défense prophétique de la famille. Le cardinal Caffara rappelle dans une interview décapante l’importance d’Humanae Vitae, encyclique qui fut en don de Dieu. La  béatification de Paul VI par le pape François est aussi l’occasion de se souvenir que le discours qui valut à un certain Bergoglio d’être très écouté à la préparation du conclave commençait par une citation de Paul VI et parlait….de la joie d’évangéliser.

Paul Vi et Saint Joseph Parlant du couple de Marie et Joseph :  » Au seuil du Nouveau testament comme au seuil de l’Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d’Adam et Ève fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, le couple de Joseph et Marie est le sommet d’où la sainteté se répand sur la terre. » Paul VI, allocution aux Equipes Notre Dame du 4 mai 1970.  » Comme on entre facilement en confiance avec un saint qui ne sait pas vous intimider ! Qui ne met aucune distance entre lui et nous ! et qui même, pour ainsi dire, se met à nos pieds ! Saint joseph est le type évangélique que Jésus annoncera comme programme pour la Rédemption de l’humanité. Saint Joseph est le modèle des humbles, la preuve que, pour être un bon et vrai disciple du Christ, il suffit de vertus communes, humaines, simples, mais authentiques. » Paul VI, homélie du 19 mars 1965  » C’est pourquoi l’Evangile des Béatitudes commence avec cet introducteur, appelé Joseph. » Paul VI, homélie du 19 mars 1968 Et enfin, l’homélie du 19 mars 1969 : c’est cela la logique de l’Évangile, ce qui est petit devient grand. Saint Joseph exemple et modèle de notre vie chrétienne La fête de ce jour nous invite à la méditation sur saint Joseph, père légal et putatif de Jésus Notre-Seigneur. En raison de sa fonction près du Verbe Incarné pendant son enfance et sa jeunesse, il fut aussi déclaré protecteur de l’Eglise, qui continue dans le temps et reflète dans l’histoire l’image et la mission du Christ.   Pour cette méditation, de prime abord la matière semble faire défaut: que savons-nous de saint Joseph, outre son nom et quelques rares épisodes de la période de l’enfance du Seigneur? L’Evangile ne rapporte de lui aucune parole. Son langage, c’est le silence; c’est l’écoute de voix angéliques qui lui parlent pendant le sommeil; c’est l’obéissance prompte et généreuse qui lui est demandée; c’est le travail manuel sous ses formes les plus modestes et les plus rudes, celles qui valurent à Jésus le qualificatif de « fils du charpentier » (Mt 13, 55). Et rien d’autre: on dirait que sa vie n’est qu’une vie obscure, celle d’un simple artisan, dépourvu de tout signe de grandeur personnelle.   Cependant cette humble figure, si proche de Jésus et de Marie, si bien insérée dans leur vie, si profondément rattachée à la généalogie messianique qu’elle représente le rejeton terminal de la descendance promise à la maison de David (Mt 1, 20), cette figure, si on l’observe avec attention, se révèle riche d’aspects et de significations. L’Eglise dans son culte et les fidèles dans leur dévotion traduisent ces aspects multiples sous forme de litanies. Et un célèbre et moderne sanctuaire érigé en l’honneur du Saint par l’initiative d’un simple religieux laïc, Frère André, de la Congrégation de Sainte-Croix de Montréal, au Canada, met ces titres en évidence dans une série de chapelles situées derrière le maître-autel, toutes dédiées à saint Joseph sous les vocables de protecteur de l’enfance, protecteur des époux, protecteur de la famille, protecteur des travailleurs, protecteur des vierges, protecteur des réfugiés, protecteur des mourants.   Si vous observez avec attention cette vie si modeste, vous la découvrirez plus grande, plus heureuse, plus audacieuse que ne le paraît à notre vue hâtive le profil ténu de sa figure biblique. L’Evangile définit saint Joseph comme « juste » (Mt 1, 19). On ne saurait louer de plus solides vertus ni des mérites plus élevés en un homme d’humble condition, qui n’a évidemment pas à accomplir d’actions éclatantes. Un homme pauvre, honnête, laborieux, timide peut-être, mais qui a une insondable vie intérieure, d’où lui viennent des ordres et des encouragements uniques, et, pareillement, comme il sied aux âmes simples et limpides, la logique et la force de grandes décision, par exemple, celle de mettre sans délai à la disposition des desseins divins sa liberté, sa légitime vocation humaine, son bonheur conjugal. De la famille il a accepté la condition, la responsabilité et le poids, mais en renonçant à l’amour naturel conjugal qui la constitue et l’alimente, en échange d’un amour virginal incomparable. Il a ainsi offert en sacrifice toute son existence aux exigences impondérables de la surprenante venue du Messie, auquel il imposera le nom à jamais béni de Jésus (Mt 1, 21); il Le reconnaîtra comme le fruit de l’Esprit-Saint et, quant aux effets juridiques et domestiques seulement, comme son fils. S. Joseph est donc un homme engagé. Engagé — et combien! —: envers Marie, l’élue entre toutes les femmes de la terre et de l’histoire, son épouse non au sens physique, mais une épouse toujours virginale; envers Jésus, son enfant non au sens naturel, mais en vertu de sa descendance légale. A lui le poids, les responsabilités, les risques, les soucis de la petite et singulière Sainte Famille. A lui le service, à lui le travail, à lui le sacrifice, dans la pénombre du tableau évangélique, où il nous plaît de le contempler et, maintenant que nous savons tout, de le proclamer heureux, bienheureux.   C’est cela, l’Evangile, dans lequel les valeurs de l’existence humaine assument une tout autre mesure que celle avec laquelle nous avons coutume de les apprécier: Ici, ce qui est petit devient grand (souvenons-nous des effusions de Jésus, au chapitre XI de saint Matthieu: « Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux simples »); ici, ce qui est misérable devient digne de la condition sociale du Fils de Dieu fait fils de l’homme; ici, ce qui est le résultat élémentaire d’un travail artisanal rudimentaire et pénible sert à initier à l’œuvre humaine l’Auteur du cosmos et du monde (cf. Jn 1, 3; 5, 17) et à fournir d’humble pain la table de celui qui se définira lui-même « le pain de vie » (Jn 6, 48); ici ce que l’on a perdu par amour du Christ est retrouvé (cf. Mt 10, 39), et celui qui sacrifie pour Lui sa vie en ce monde la conserve pour la vie éternelle (cf. Jn 12, 25). Saint Joseph est le type évangélique que Jésus, après avoir quitté l’atelier de Nazareth pour entreprendre sa mission de prophète et de maître, annoncera comme programme pour la rédemption de l’humanité. Saint Joseph est le modèle des humbles que le christianisme élève à de grands destins. Saint Joseph est la preuve que pour être bon et vrai disciple du Christ, il n’est pas nécessaire d’accomplir de grandes choses; qu’il suffit de vertus communes, humaines, simples, mais authentiques.   Et ici la méditation porte son regard de l’humble Saint au tableau de notre humaine condition personnelle, comme il advient d’habitude dans l’exercice de l’oraison mentale. Elle établit un rapprochement, une comparaison entre lui et nous: une comparaison dont nous n’avons assurément pas à nous glorifier, mais où nous pouvons puiser quelque bonne réflexion. Nous serons portés à imiter saint Joseph suivant les possibilités de nos conditions respectives; nous serons entraînés à le suivre dans l’esprit et la pratique concrète des vertus que nous trouvons en lui si vigoureusement affirmées, de la pauvreté, spécialement, dont on parle tant aujourd’hui. Et nous ne nous laisserons pas troubler par les difficultés qu’elle présente, dans un monde tourné vers la conquête de la richesse économique, comme si elle était la contradiction du progrès, comme si elle était paradoxale et irréelle dans notre société de consommation et de bien-être. Mais, avec saint Joseph pauvre et laborieux, occupé comme nous à gagner quelque chose pour vivre, nous penserons que les biens économiques aussi sont dignes de notre intérêt de chrétiens, à condition de n’être pas considérés comme fin en soi, mais comme moyens de sustenter la vie orientée vers les biens supérieurs; à condition de n’être pas l’objet d’un égoïsme avare, mais le stimulant et la source d’une charité prévoyante; à condition encore de n’être pas destinés à nous exonérer d’un travail personnel et à favoriser une facile et molle jouissance des prétendus plaisirs de la vie, mais d’être au contraire honnêtement et largement dispensés au profit de tous. La pauvreté laborieuse et digne de ce saint évangélique nous est encore aujourd’hui un guide excellent pour retrouver dans notre monde moderne la trace des pas du Christ. Elle est en même temps une maîtresse éloquente de bien-être décent qui, au sein d’une économie compliquée et vertigineuse, nous garde dans ce droit sentier, aussi loin de la poursuite ambitieuse de richesses tentatrices que de l’abus idéologique de la pauvreté comme force de haine sociale et de subversion systématique.   Saint Joseph est donc pour nous un exemple que nous chercherons à imiter; et, en tant que protecteur, nous l’invoquerons. C’est ce que l’Eglise, ces derniers temps, a coutume de faire, pour une réflexion théologique spontanée sur la coopération de l’action divine et de l’action humaine dans la grande économie de la Rédemption. Car, bien que l’action divine se suffise, l’action humaine, pour impuissante qu’elle soit en elle-même (cf. Jn 15, 5), n’est jamais dispensée d’une humble mais conditionnelle et ennoblissante collaboration. Comme protecteur encore, l’Eglise l’invoque dans un profond et très actuel désir de faire reverdir son existence séculaire par des vertus véritablement évangéliques, telles qu’elles ont resplendi en saint Joseph. Enfin l’Eglise le veut comme protecteur, dans la confiance inébranlable que celui à qui le Christ voulut confier sa fragile enfance humaine voudra continuer du ciel sa mission tutélaire de guide et de défenseur du Corps mystique du même Christ, toujours faible, toujours menacé, toujours dramatiquement en danger. Et puis nous invoquerons saint Joseph pour le monde, sûrs que dans ce cœur maintenant comblé d’une sagesse et d’une puissance incommensurables réside encore et pour toujours une particulière et précieuse sympathie pour l’humanité entière. Ainsi soit-il.

Paul VI, source site du Vatican

CÉLÉBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

16 mars, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20100328_palm-sunday.html

CÉLÉBRATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Place Saint-Pierre

XXVe Journée Mondiale de la Jeunesse

Dimanche 28 mars 2010

Chers frères et sœurs,

chers jeunes!

L’Evangile de la bénédiction des rameaux, que nous écoutons ici réunis sur la place Saint-Pierre, commence par la phrase:  « Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem » (Lc 19, 28). Tout au début de la liturgie de ce jour, l’Eglise anticipe sa réponse à l’Evangile, en disant:  « Nous suivons le Seigneur ». Avec cela, le thème du Dimanche des Rameaux est clairement exprimé. Il s’agit de la « sequela ». Etre chrétiens signifie considérer le chemin de Jésus Christ comme le juste chemin pour être des hommes – comme le chemin qui conduit à l’objectif, à une humanité pleinement réalisée et authentique. Je voudrais répéter de manière particulière à tous les jeunes, garçons et filles, en cette XXV Journée mondiale de la jeunesse, qu’être chrétiens est un chemin, ou mieux:  un pèlerinage, un cheminement avec Jésus Christ. Un cheminement dans la direction qu’Il nous a indiquée et qu’il nous indique. Mais de quelle direction s’agit-il? Comment la trouver? La phrase de notre Evangile offre deux indications à cet égard. En premier lieu, elle dit qu’il s’agit d’une montée. Cela a tout d’abord une signification très concrète. Jéricho, où s’est déroulée la dernière partie du pèlerinage de Jésus, se trouve à 250 mètres sous le niveau de la mer, alors que Jérusalem – le but du chemin – se trouve à 740-780 mètres au-dessus du niveau de la mer:  une montée de presque mille mètres. Mais ce chemin extérieur est surtout une image du mouvement intérieur de l’existence, qui s’accomplit à la suite du Christ:  c’est une montée à la véritable hauteur permettant d’être des hommes. L’homme peut choisir un chemin facile et éloigner toute difficulté. Il peut aussi descendre vers le bas, la vulgarité. Il peut sombrer dans le marécage du mensonge et de la malhonnêteté. Jésus marche devant nous, et il se dirige vers le haut. Il nous conduit vers ce qui est grand, pur, il nous conduit vers l’air sain des hauteurs:  vers la vie selon la vérité; vers le courage qui ne se laisse pas intimider par la rumeur des opinions dominantes; vers la patience qui supporte et soutient l’autre. Il conduit vers la disponibilité pour les personnes qui souffrent, pour les laissés-pour-compte; vers la fidélité qui est du côté de l’autre, lorsque la situation devient difficile. Il conduit vers la disponibilité à apporter de l’aide; vers la bonté qui ne se laisse pas désarmer, même par l’ingratitude. Il nous conduit vers l’amour – il nous conduit vers Dieu. « Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem ». Si nous lisons cette parole de l’Evangile dans le contexte du chemin de Jésus dans son ensemble – un chemin qu’il poursuit précisément jusqu’à la fin des temps – nous pouvons découvrir dans l’indication de l’objectif « Jérusalem » différents niveaux. Il faut naturellement tout d’abord comprendre simplement le lieu « Jérusalem »:  c’est la ville où se trouve le Temple de Dieu, dont l’unicité devait rappeler l’unicité de Dieu lui-même. Ce lieu annonce donc tout d’abord deux choses:  d’une part, il dit que Dieu est un seul dans tout le monde, il dépasse immensément tous nos lieux et temps; il est ce Dieu auquel appartient toute la création. C’est le Dieu dont tous les hommes, au plus profond d’eux-mêmes, sont à la recherche et dont, d’une certaine façon, tous ont également connaissance. Mais ce Dieu s’est donné un nom. Il s’est fait connaître à nous, il a commencé une histoire avec les hommes; il a choisi un homme – Abraham – comme point de départ de cette histoire. Le Dieu infini est dans le même temps le Dieu proche. Lui, qui ne peut être enfermé dans aucun édifice, veut toutefois habiter parmi nous, être totalement avec nous. Si Jésus monte avec Israël en pèlerinage vers Jérusalem, Il y va pour célébrer la Pâque avec Israël:  le mémorial de la libération d’Israël – un mémorial qui, dans le même temps, est toujours espérance de la libération définitive, que Dieu donnera. Et Jésus va vers cette fête avec la conscience d’être Lui-même l’Agneau en qui s’accomplira ce que le Livre de l’Exode dit à cet égard:  un agneau sans défaut, mâle, qui, au coucher du soleil, devant les yeux des fils d’Israël, est immolé « comme rite perpétuel » (cf. Ex 12, 5-6. 14). Enfin, Jésus sait que sa vie ira au-delà:  la croix ne constituera pas sa fin. Il sait que son chemin déchirera le voile entre ce monde et le monde de Dieu; qu’Il montera jusqu’au trône de Dieu et réconciliera Dieu et l’homme dans son corps. Il sait que son corps ressuscité sera le nouveau sacrifice et le nouveau Temple; qu’autour de Lui, de la multitude des anges et des saints, se formera la nouvelle Jérusalem qui est dans le ciel et toutefois aussi déjà sur la terre, car dans sa passion Il a ouvert la frontière entre le ciel et la terre. Son chemin conduit au-delà de la cime du mont du Temple, jusqu’à la hauteur de Dieu lui-même:  telle est la grande montée à laquelle il nous invite tous. Il reste toujours auprès de nous sur la terre et il est toujours déjà parvenu auprès de Dieu, Il nous guide sur la terre et au-delà de la terre. Ainsi, dans l’amplitude de la montée de Jésus deviennent visibles les dimensions de notre « sequela » – l’objectif auquel il veut nous conduire:  jusqu’aux hauteurs de Dieu, à la communion avec Dieu; à l’être-avec-Dieu. Tel est le véritable objectif, et la communion avec Lui est le chemin. La communion avec Lui est une manière d’être en marche, une montée permanente vers la véritable hauteur de notre appel. Marcher avec Jésus est dans le même temps toujours un cheminement dans le « nous » de ceux qui veulent Le suivre. Il nous introduit dans cette communauté. Etant donné que le chemin jusqu’à la vraie vie, jusqu’à être des hommes conformes au modèle du Fils de Dieu Jésus Christ dépasse nos propres forces, ce cheminement comporte toujours également le fait que nous soyons portés. Nous nous trouvons, pour ainsi dire, dans une cordée avec Jésus Christ – avec Lui dans la montée vers les hauteurs de Dieu. Il nous tire et nous soutient. Se laisser intégrer dans cette cordée, accepter de ne pas pouvoir y arriver seuls, fait partie de cette « sequela » du Christ. Cet acte d’humilité, entrer dans le « nous » de l’Eglise; s’accrocher à la cordée, la responsabilité de la communion – ne pas arracher la corde en étant butés et pédants, fait partie de celle-ci. Croire humblement avec l’Eglise, ainsi qu’être accrochés à la cordée de la montée vers Dieu, est une condition essentielle de la « sequela ». Ne pas se comporter en patrons de la Parole de Dieu, ne pas courir derrière une idée erronée de l’émancipation, fait également partie du fait de se trouver dans l’ensemble de la cordée. L’humilité de l’ »être-avec » est essentielle à la montée. Que dans les sacrements nous nous laissions toujours prendre à nouveau par la main par le Seigneur, que nous nous laissions purifier et fortifier par Lui, que nous acceptions la discipline de la montée, même si nous sommes fatigués, fait également partie de celle-ci. Enfin, il nous faut encore dire:  la Croix fait partie de la montée vers la hauteur de Jésus Christ, de la montée jusqu’à la hauteur de Dieu. De même que dans les événements de ce monde on ne peut pas atteindre de grands résultats sans renonciation et un dur exercice, de même que la joie d’une grande découverte dans le domaine des connaissances ou d’une véritable capacité d’action est liée à la discipline, ou plutôt à la fatigue de l’apprentissage; le chemin vers la vie, vers la réalisation de la propre humanité, est lié à la communion avec Celui qui est monté à la hauteur de Dieu à travers la Croix. En dernière analyse, la Croix est l’expression de ce que signifie l’amour:  seul celui qui se perd, se trouve. Résumons:  la « sequela » du Christ demande, comme premier pas, de nous réveiller de la nostalgie pour être authentiquement des hommes, et ainsi de nous réveiller pour Dieu. Elle demande également que l’on entre dans la cordée de ceux qui montent, dans la communion de l’Eglise. Dans le « nous » de l’Eglise nous entrons en communion avec le « Toi » de Jésus Christ et nous rejoignons ainsi le chemin vers Dieu. En outre, il est demandé que l’on écoute la Parole de Jésus Christ et qu’on la vive:  dans la foi, l’espérance et l’amour. Ainsi, nous sommes en chemin vers la Jérusalem définitive et, dès à présent, d’une certaine manière, nous nous trouvons là, dans la communion de tous les saints de Dieu. Notre pèlerinage à la suite du Christ ne va pas vers une ville terrestre, mais vers la nouvelle Cité de Dieu, qui grandit au milieu de ce monde. Le pèlerinage vers la Jérusalem terrestre, toutefois, peut être précisément également pour nous, chrétiens, un élément utile pour ce voyage plus grand. J’ai moi-même attribué trois significations à mon pèlerinage en Terre Sainte de l’an dernier. Tout d’abord, j’avais pensé qu’à cette occasion, il peut nous arriver ce que Jean dit au début de sa Première Lettre:  ce que nous avons entendu, nous pouvons, d’une certaine façon, le voir et le toucher de nos propres mains (cf. 1 Jn 1, 1). La foi en Jésus Christ n’est pas une invention légendaire. Elle se base sur une histoire qui a véritablement eu lieu. Cette histoire, nous pouvons, pour ainsi dire, la contempler et la toucher. Il est émouvant de se trouver à Nazareth sur le lieu où l’Ange apparut à Marie et lui confia le devoir de devenir la Mère du Rédempteur. Il est émouvant de se trouver à Bethléem sur le lieu où le Verbe, s’étant fait chair, est venu habiter parmi nous; poser le pied sur le terrain saint où Dieu a voulu se faire homme et enfant. Il est émouvant de monter l’escalier vers le Calvaire jusqu’au lieu où Jésus est mort pour nous sur la Croix. Et de demeurer enfin devant le sépulcre vide; prier là où sa sainte dépouille a reposé et où, le troisième jour, eut lieu la résurrection. Suivre les chemins extérieurs de Jésus doit nous aider à marcher de façon plus joyeuse et avec une nouvelle certitude sur le chemin intérieur qu’Il nous a indiqué et qui est Lui-même. Lorsque nous nous rendons en Terre Sainte comme pèlerin, nous y allons toutefois également – et cela est le deuxième aspect – comme messagers de la paix, avec la prière pour la paix; avec l’invitation à tous de faire en ce lieu, qui porte dans son nom le mot « paix », tout le possible afin qu’il devienne véritablement un lieu de paix. Ainsi, ce pèlerinage est dans le même temps – c’est un troisième aspect – un encouragement pour les chrétiens à demeurer dans le pays de leurs origines et à s’y consacrer profondément pour la paix. Revenons une fois de plus à la liturgie du Dimanche des Rameaux. Dans la prière avec laquelle sont bénis les rameaux d’oliviers, nous prions afin que dans la communion avec le Christ, nous puissions apporter le fruit de bonnes œuvres. A partir d’une interprétation erronée de saint Paul, s’est développée de façon répétée, au cours de l’histoire et aujourd’hui encore, l’opinion selon laquelle les bonnes œuvres ne feraient pas partie de l’identité des chrétiens et que, dans tous les cas, elles seraient insignifiantes pour le salut de l’homme. Mais si Paul dit que les œuvres ne peuvent justifier l’homme, il ne s’oppose pas en cela à l’importance d’agir de façon droite et, si il parle de la fin de la Loi, il ne déclare pas dépassés et sans importance les Dix Commandements. Il n’est pas nécessaire à présent de réfléchir sur toute l’ampleur de la question qui intéressait l’Apôtre. Il est important de souligner qu’à travers le terme de « Loi », il n’entend pas les Dix Commandements, mais le style de vie complexe à travers lequel Israël devait se protéger contre les tentations du paganisme. Toutefois, le Christ a apporté Dieu aux païens. Cette forme de distinction ne leur est pas imposée. On leur donne uniquement le Christ comme Loi. Mais cela signifie l’amour pour Dieu et pour le prochain, et tout ce qui en fait partie. Les Commandements, qu’il faut lire de façon nouvelle et plus profonde à partir du Christ, appartiennent à cet amour, ces Commandements qui ne sont autres que les règles fondamentales du véritable amour:  d’abord, et comme principe fondamental l’adoration de Dieu, le primat de Dieu, qu’expriment les trois premiers Commandements. Ils nous disent:  sans Dieu, rien n’aboutit. C’est à partir de la personne de Jésus Christ que nous apprenons qui est ce Dieu et comment il est. Puis suivent la sainteté de la famille (quatrième Commandement), la sainteté de la vie (cinquième Commandement), l’ordre du mariage (sixième Commandement), l’ordre social (septième Commandement) et enfin la nature inviolable de la vérité (huitième Commandement). Tout cela est aujourd’hui de la plus grande actualité, et va précisément également dans le sens de saint Paul – si nous lisons entièrement ses Lettres. « Porter du fruit avec les bonnes œuvres »:  au début de la Semaine sainte, nous prions le Seigneur de nous donner à tous toujours plus de ce fruit. A la fin de l’Evangile pour la bénédiction des Rameaux, nous entendons l’acclamation par laquelle les pèlerins saluent Jésus aux portes de Jérusalem. C’est la parole du psaume 118 (117) que les prêtres proclamaient à l’origine de la Ville Sainte aux pèlerins, mais qui, entre temps, était devenue l’expression de l’espérance messianique:  « Béni soit au nom de Yahvé celui qui vient » (Ps 118 [117], 26; Lc 19, 38). Les pèlerins voient dans Jésus l’Attendu, celui qui vient au nom du Seigneur, et selon l’Evangile de saint Luc, ils ajoutent même un mot:  « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ». Et ils poursuivent par une acclamation qui rappelle le message des Anges à Noël, mais ils le modifient d’une manière qui fait réfléchir. Les Anges avaient parlé de la gloire de Dieu au plus haut des cieux et de la paix sur terre pour les hommes de bonne volonté. A l’entrée de la Ville sainte, les pèlerins disent:  « Paix dans le Ciel et gloire au plus haut des cieux! ». Ils ne savent que trop bien que sur terre, il n’y a pas de paix. Et ils savent que le lieu de la paix est le ciel – ils savent que cela fait partie de l’essence du ciel d’être un lieu de paix. Ainsi, cette acclamation est l’expression d’une peine profonde, et également une prière d’espérance:  que Celui qui vient au nom du Seigneur apporte sur terre ce qui est aux cieux. Que sa royauté devienne la royauté de Dieu, présence du ciel sur la terre. L’Eglise, avant la consécration eucharistique, chante la parole du Psaume avec laquelle Jésus est salué avant son entrée dans la Ville Sainte:  elle salue Jésus comme le Roi qui, venant de Dieu, au nom de Dieu, fait son entrée parmi nous. Aujourd’hui aussi, ce salut joyeux est toujours une prière et une espérance. Prions le Seigneur afin qu’il nous apporte le ciel:  la gloire de Dieu et la paix des hommes. Nous comprenons ce salut dans l’esprit de la demande de Notre Père:  « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel! ». Nous savons que le ciel est le ciel, le lieu de la gloire et de la paix, car c’est là que règne entièrement la volonté de Dieu. Et nous savons que la terre n’est pas le ciel tant que ne se réalise pas en elle la volonté de Dieu. Nous saluons, donc Jésus qui vient du ciel et nous le prions de nous aider à connaître et à faire la volonté de Dieu. Que la royauté de Dieu entre dans le monde et qu’il soit ainsi empli de la splendeur de la paix. Amen.

 

The Third Station – Jesus falls the first time

15 mars, 2016

The Third Station - Jesus falls the first time dans images sacrée 3
http://www.birstallstpatrick.org.uk/stations.htm

FAIRE PÉNITENCE ?

15 mars, 2016

http://jerusalem.cef.fr/fraternites/vivre-la-liturgie/temps-liturgique/careme/faire-penitence

FAIRE PÉNITENCE ?

Ce texte de Dom André Louf est extrait du «Sources Vives» n°108 : Jeûne & Pénitence   Dans le langage français usuel, le mot «pénitence», surtout s’il se trouve associé à l’expression qui fait le titre de cette contribution, évoque presque exclusivement la pénitence «corporelle», même dans la bouche de chrétiens pratiquants et militants. Comparé à l’extension du même mot dans le vocabulaire de la Bible, où celui-ci est la plupart du temps synonyme de «conversion», il s’agit là évidemment d’un regrettable rétrécissement de signification.   Pénitences ou pénitence ? L’approche du Carême, traditionnellement consacré à une recrudescence des «doses» de pénitence corporelle, ne simplifie d’ailleurs pas le problème, même si celles qui sont encore officiellement prescrites par l’Église ont été notablement allégées, pour ne pas dire qu’elles sont devenues évanescentes et que, dans la pratique, elles n’ont guère laissé de traces. Avec de bonnes raisons d’ailleurs. Et d’abord : connaissait-on seulement les bonnes raisons qu’il aurait fallu avoir pour accueillir un temps de pénitence où la mortification corporelle jouait un rôle aussi important — dans l’imaginaire au moins de beaucoup de croyants — et auquel on se résignait, non sans quelque fatalité, en «faisant le gros dos», si ce n’était en savourant d’avance la rupture de jeûne qui s’ensuivrait au matin de Pâques ? On était invité à faire preuve de générosité en s’infligeant quelques menues restrictions, peut-être en réparation pour ses péchés, ou à défaut — quelle preuve d’inconscience! — pour ceux des autres. Ou on s’empressait d’accumuler quelques mérites dont les fruits nous seraient restitués, intérêts compris, en temps opportun, à l’heure de la rétribution générale du Dernier Jour. Que certaines bonnes âmes se soient laissé tenter de la sorte et se soient livrées à des pénitences non sans éprouver quelque secrète satisfaction, ne pouvait pas ne pas susciter chez d’autres, moins sensibles à de tels penchants, le soupçon immanquablement dévastateur de masochisme. Quel «Dieu pervers» servions-nous donc, qui était à ce point intéressé à voir souffrir ses enfants, jusqu’à, dans leur zèle, s’infliger ces souffrances à eux-mêmes ?  D’autres motifs de pénitence étaient, bien sûr, de meilleure qualité, et d’ailleurs déjà attestés par la Tradition. Ce que l’on soustrait à ses propres besoins, souvent plus superflus que strictement nécessaires, peut être consacré aux besoins des vrais nécessiteux. L’on jeûne donc, afin de pouvoir donner aux pauvres. Ou bien, même si les pauvres sont loin et que notre jeûne ne pourrait aucunement remédier d’une façon significative à leur détresse, on se modère dans le manger et le boire pour marquer sa solidarité, en l’inscrivant concrètement dans sa propre chair. L’on pourrait aussi jeûner et se restreindre de bien d’autres façons pour protester contre les dérives d’une société de consommation et de ses innombrables et astucieux sortilèges : l’on jeûne alors pour devenir un vivant «signe de contradiction», dans l’espoir que certains du moins sauront en déchiffrer la portée. Apprivoiser le corps Dans tous ces cas, l’identification spontanée, faite par le sens commun, de la pénitence avec quelque restriction corporelle, est loin d’être privée d’une portée particulière même si la «conversion» touche aussi et principalement le cœur. Mais, sans craindre le paradoxe, on pourrait dire que la pénitence corporelle est importante précisément parce qu’elle affecte le corps. Et l’on pourrait ajouter : et parce qu’elle en devient d’autant plus incisive.  Non pas parce qu’il importerait de domestiquer ou de «mater» un corps trop porté à se rebeller contre l’esprit, ni pour l’exercer par un entraînement de type plus ou moins spartiate dans les petites choses, afin de pouvoir se montrer fort dans les grandes. De pareilles motivations nous feraient sortir de la grâce de l’évangile, et nous amèneraient sur des voies parallèles, apparemment semblables, mais qui, en fait, se terminent en impasses et en voies sans issues. Lorsque, dans la Première Lettre aux Corinthiens, saint Paul veut mettre en lumière la gravité particulière du péché de fornication par rapport aux autres péchés, il tire son argument du fait que la fornication affecte le corps, alors que les autres péchés lui demeurent extérieurs : or, «ne savez-vous pas, explique-t-il, que votre corps est un temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? Vous avez été bel et bien achetés ! Glorifiez donc Dieu dans votre corps» (1 Co 6,18-20). C’est à cause de son importance particulière que le corps peut devenir instrument de péché, mais aussi être mis au service de la gloire de Dieu. Le poids qu’il peut prendre dans le péché, il le garde aussi lorsqu’il s’agit de revenir à Dieu par la pénitence. Celle-ci doit apprivoiser le corps pour le destiner au seul service de Dieu. Jeûner et veiller Pour s’arrêter un instant au jeûne, il est certain que la perspective de jeûner déclenche immanquablement tout un scénario qui n’affecte pas seulement les organes extérieurs qui seront plus ou moins affligés par lui, mais bouleverse aussi certaines régions profondes de l’âme. Et d’abord sous la forme de résistances plus ou moins tenaces, qui se reflètent dans l’opinion commune de nos contemporains à son sujet. Celles-ci sont à identifier et à analyser avec un œil critique. Est-il tellement certain, comme on l’entend affirmer fréquemment, que les générations actuelles ne peuvent supporter un jeûne qui ne se réduit d’ordinaire plus qu’à un modeste retard imposé au rassasiement de la faim, alors que l’état général des santés s’est considérablement amélioré dans nos pays ? Ou, pour convaincre des chrétiens, devrait-on en appeler à l’exemple de nos frères musulmans qui se dispensent allègrement de tels subterfuges pour échapper aux exigences d’un Ramadan autrement plus rigoureux ? Que cachent nos réticences et nos peurs ? Le jeûne s’attaque-rait peut-être à un certain désordre de nos besoins et de nos désirs, qui n’est pas sans lien avec le désordre du désir de Dieu en nous, qu’il arrive à occulter ou à travestir ? Et le fait de différer le repas pendant quelques heures — car le jeûne est essentiellement cela, et non pas le fait de moins manger tout en mangeant tout de suite — ne permettrait-il pas d’exprimer, par la faim corporelle et par le refus d’assouvir sur le champ un besoin sensible, qu’une faim beaucoup plus profonde nous tourmente aux racines de notre être, qui mérite d’être réveillée et prise en compte, pour être ensuite étalée et présentée en offrande d’attente devant le Seigneur ? La même question peut être posée au sujet des veilles de la nuit, ou de ce que nous essayons d’en sauvegarder par petits bouts le soir ou le matin. Sans nier que nos systèmes nerveux requièrent aujourd’hui peut-être davantage de sommeil, dont la mesure peut varier considérablement selon les âges et les personnes, ne pourrait-on pas retrouver le sens pédagogique, et comme thérapeutique, que contient cette présence consciente à soi, au monde et à Dieu, alors que l’univers est plongé dans l’inconscience du sommeil ? Ou pressentir comment la veille nous permet de nous exercer très concrètement au sacrement de l’attente de l’aube, qui est figure de celle du retour du Christ venant nous inonder de la lumière de sa Parousie ? Y a-t-il image plus éloquente du désir qui traverse et nourrit toute expérience spirituelle que cette vigie, à la fois dépouillée et parfaitement assurée, en attente des premières lueurs de l’aurore qui font progressivement pâlir les fenêtres des chevets de nos églises normalement tournés vers l’Orient ? Vigie dépouillée, car rien ne permet au veilleur d’en hâter le rythme, et cependant pleinement assurée, car rien ni personne ne pourrait empêcher que le matin ne finisse par éclater irrésistiblement. Et n’est-ce pas au nom du monde entier que, à chaque nuit et à chaque aurore qui progresse insensiblement mais sûrement, les moines, depuis des générations, ont attendu les Avènements successifs du Seigneur, suspensa exspectatione, «avec une attente en suspens», si on accepte cette traduction un peu libre, ou plus littéralement, «avec une attente qui est elle-même toute suspendue», comme la décrivit un cistercien du XIIe siècle, et qui «suspend» le veilleur tout entier à l’objet de son attente mystérieusement pressenti dans son cœur. Car, pour reprendre l’exégèse de saint Bernard, il y a trois Avènements du Christ. Le premier eut lieu dans la chair, au moment de l’Incarnation ; le troisième se produira à la fin des temps, lorsque le Seigneur reviendra dans la gloire ; le deuxième, qu’il appelle l’Avènement intermédiaire, a lieu continuellement dans l’Église d’aujourd’hui, au plus intime des cœurs des croyants. N’est-ce pas de cet Avènement-là que les «veilleurs dans la nuit» que sont les moines, ont reçu la charge particulière, et qu’ils ont la grâce de porter et d’inscrire dans leur chair ? Jusqu’à l’intérieur du cœur Comme tous les autres signes extérieurs de pénitence, le jeûne et la veille affectent en nous des racines qui n’ont pas encore été entièrement investies par la grâce. Ils ne font d’ailleurs que prolonger ceux de nos ancêtres dans la foi, que Jésus lui-même a voulu honorer durant son existence sur terre. Dans l’Ancien Testament, jeûner, se couvrir de cendres, marcher pieds nus, étaient des signes de repentir et de deuil : l’homme s’abaissait ainsi devant Dieu, dans l’espoir de toucher les entrailles de sa miséricorde. Prolongés jusqu’au cœur de la Nouvelle Alliance, et plus particulièrement pendant le Carême, lorsque nous avons les yeux fixés sur Pâques, ils n’ont d’autre signification que de rejoindre Jésus sur son chemin pascal qui fut, lui aussi, un chemin d’humilité et d’abaissement : «Il s’est humilié, nous rappelle saint Paul, en se faisant obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix» (Ph 2,8). Abaissement déjà d’un Dieu qui se fit homme, mais abaissement suprême de cet homme parmi les hommes, relégué parmi les malfaiteurs et traité comme un des leurs.  Les signes extérieurs de cet abaissement pascal ne sauraient suffire à eux seuls. Ils doivent aussi affecter notre cœur à l’intérieur. Un peu plus de jeûne, davantage de solitude et de silence, des moments plus fréquents pour la prière et l’intercession, tous ces gestes extérieurs de l’humilité ne vaudraient rien s’ils n’étaient pas une pédagogie au service de l’humilité du cœur, s’ils ne nous rendaient pas plus pauvres et plus petits devant Dieu. Heureusement, la grâce ne nous le permet pas autrement. S’engager dans un Carême peut, au premier abord, ne pas manquer d’attrait ou même sembler flatteur, mais y durer et y persévérer dans une plus grande séparation avec l’extérieur et dans le recueillement, parfois dans la sécheresse et l’ennui, peut vite apparaître vertigineux, dépassant du tout au tout nos pauvres forces. Ce n’est plus notre corps seul qui souffre alors, c’est notre cœur aussi qui est déchiré.  «Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements», nous dit le prophète Joël dans la liturgie du Mercredi des Cendres (Jl 2,13). Laisser déchirer notre cœur avec ses bonnes intentions et ses bons propos, avec sa générosité si bien intentionnée, mais de si courte échéance, c’est bien le but de toute pénitence corporelle. Notre cœur doit finir par y être brisé et humilié, pour devenir réceptif à la grâce : «D’un coeur brisé et humilié, mon Dieu, tu n’auras pas de mépris» (Ps 51,17). En se rappelant encore la suite du passage cité de Joël : «Déchirez vos cœurs.., et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour».  C’est dans ce creuset de l’humilité, d’une humilité non pas glorieusement conquise mais péniblement et petitement subie, que nous rejoignons Jésus, ou plutôt que Jésus nous rejoint, au seul endroit où il peut nous rejoindre, lui qui est venu non pour les justes, mais pour les pécheurs. Car c’est bien cette faiblesse-là, la nôtre, et ces péchés-là, les nôtres, qu’il est venu prendre sur lui pour nous les enlever. N’a-t-il pas été «crucifié dans la faiblesse», comme le rappelle saint Paul, pour être rendu «vivant par la puissance de Dieu» (2 Co 13,4) ?  Tel est le chemin de Pâques qui s’ouvre devant nous. Il ne monte pas, il descend. S’il est parfois raide et escarpé, c’est pour faciliter d’autant plus la descente. Il ne nous apprend ni à nous faire mal ni à nous dépasser nous-mêmes — nous y manquerions la rencontre avec Jésus — mais à nous vider de nous-mêmes, comme Jésus, et à accepter de rejoindre notre point d’extrême pauvreté, cette pauvreté que Jésus est venu étreindre, et où il voudrait que apprenions à mettre toute notre confiance, jusqu’à la folie, dans sa miséricorde. Le Carême nous revêt de l’humilité de Jésus. Avec lui, nous nous abaissons sous la puissante main de son Père, jusqu’au jour où, avec Jésus, il nous élèvera dans sa gloire. Car, comme le disait Isaac le Syrien, «l’humilité est le vêtement de Dieu».

 

JEAN-PAUL Ier – (une ancienne prière, mon titre, en français il n’y a pas de titre )

15 mars, 2016

http://w2.vatican.va/content/john-paul-i/fr/audiences/documents/hf_jp-i_aud_27091978.html

JEAN-PAUL Ier – (une ancienne prière, mon titre , en français il n’y a pas de titre )

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 septembre 1978

« Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, par-dessus toute chose. Vous, Bien infini, notre bonheur éternel et, par amour pour Vous, j’aime mon prochain comme moi-même et je pardonne les offenses reçues, ô Seigneur, que je vous aime toujours plus ! ».

C’est une prière très connue, entrelacée de phrases bibliques. C’est ma maman qui me l’a apprise. Encore maintenant, je la récite plusieurs fois par jour, et je vais tenter de vous l’expliquer, mot par mot, comme le ferait un catéchiste de paroisse. Nous en sommes à la troisième « lampe de sanctification » du Pape Jean XXIII : la charité. J’aime. A la Faculté de philosophie, le professeur me disait : Tu connais le campanile de St-Marc ? Oui ? Cela signifie qu’il a, de quelque manière, pénétré dans ton esprit : physiquement il est resté où il était, mais dans ton for intérieur il a imprimé comme son image intellectuelle. Toi, d’autre part, tu aimes le Campanile de Saint-Marc ? Cela signifie que, de l’intérieur, cette image te pousse, t’incline, pour ainsi dire te porte, te fait aller avec l’esprit vers le campanile qui est à l’extérieur. En somme, aimer signifie voyager, courir avec le cœur vers l’objet aimé. « L’Imitation de Jésus-Christ nous dit : qui aime « currit, volat, laetatur », court, vole, jubile (I.III, c. V, n. 4). Aimer Dieu, c’est donc voyager vers Dieu, avec le cœur. Un voyage merveilleux. Enfant, je m’extasiais devant les voyages décrits par Jules Verne (Vingt mille lieux sous les mers ; De la terre à la lune ; Le tour du monde en quatre-vingts jours, etc). Mais les voyages de l’amour envers Dieu sont infiniment plus intéressants. On les lit dans la vie des Saints. Par exemple, Saint Vincent de Paul, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, est un géant de la charité : il a aimé Dieu mieux encore qu’un père et une mère. Il a été lui-même un père pour les prisonniers, les malades, les orphelins et les pauvres. Saint Pierre Claver, se consacrant tout à Dieu, signait comme suit : Pierre, esclave des nègres pour toujours. Le Voyage comporte également des sacrifices, mais ceci ne doit pas nous arrêter. Jésus est en croix : tu veux l’embrasser ? tu ne peux faire moins que de te pencher sur la croix et te laisser piquer par quelqu’épine de la couronne qui se trouve sur la tête du Seigneur (cf. St François de Sales, Œuvres, Annecy T. XXI, p. 153). Tu ne peux pas faire piètre figure comme le bon Saint Pierre qui savait bien crier « Vive Jésus » sur le Mont Thabor, là où régnait la joie, mais qui ne s’est même pas laissé voir aux côtés de Jésus, sur le Mont-Calvaire, où il y avait le risque et la douleur (cf. Fr. de Sales, Œuvres, T. XV, p. 140). L’amour pour Dieu est également un voyage mystérieux c’est-à-dire que je ne me mets pas en route, si Dieu ne prend pas d’abord l’initiative. « Nul ne peut venir à moi — a dit Jésus — si le Père ne l’attire (Jn 6, 44). Saint Augustin se demandait : mais alors, la liberté humaine ? c’est que Dieu, qui a voulu et édifié cette liberté, sait, Lui, comment la respecter, tout en amenant les cœurs au point qu’il a envisagé : parum est voluntate, etiam voluptate traheris ; Dieu ne t’attire pas seulement de la manière que tu voudrais, mais même de manière que tu savoures d’être attiré (Augustinus, In Jo. Evang. Tr., 26, 4). De tout mon cœur je souligne ici le terme « tout ». Dans la politique le totalitarisme est déplorable. Mais dans la religion, par contre, notre totalitarisme à l’égard de Dieu va très bien. Il est écrit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur , de toute ton âme, de toutes tes forces. Ces préceptes qu’aujourd’hui je te donne, tiens les fermes dans ton cœur ; tu les répéteras à tes fils ; tu en parleras quand tu seras assis chez toi, quand tu iras par les chemins, quand tu te coucheras et quand tu te tèveras. Tu les attacheras comme un signe sur ta main et ils serviront de fronteau entre tes yeux ; tu les inscriras sur le seuil de ta maison et sur les portes » (Deut 6, 5-9). Ce « tout » répété et soumis à la pratique avec tant d’insistance est vraiment l’étendard du christianisme maximum. Et c’est juste : Dieu est trop grand, il mérite trop de nous pour que nous puissions lui jeter, comme à un pauvre Lazzare quelques miettes de notre temps et de notre cœur. Dieu est un bien infini et il sera notre félicité éternelle : l’argent, les plaisirs, les succès de ce monde, comparés à Lui, sont à peine, des fragments de bien, de fugages moments de bonheur. Il ne serait pas sage de donner beaucoup de nous à ces choses et peu de nous à Jésus. Par-dessus toute chose. On en vient maintenant à une confrontation directe entre Dieu et l’homme, entre Dieu et le monde. Il ne serait pas juste de dire : « Ou Dieu ou l’homme ». On doit aimer et Dieu, et l’homme, ce dernier, toutefois, jamais plus que Dieu ou contre Dieu ou autant que Dieu. En d’autres mots : si l’amour de Dieu doit prévaloir, il n’est pas cependant, exclusif. La Bible déclare au sujet de Jacob qu’il est un saint (Dn 3) et qu’il est aimé de Dieu (Ma 1, 2; Rm 9, 13), elle le montre engagé dans sept années de labeur pour conquérir Rachel, pour en faire son épouse ; « et elles lui semblèrent seulement quelques journées, ces années, si grand était son amour pour elle » (Gn 29, 20). François de Sales nous offre quelque commentaire à cet égard : « Jacob, écrit-il, aimait Rachel de toutes ses forces, et de toutes ses forces, il aimait Dieu ; mais, pour autant, il n’aimait pas Rachel comme il aimait Dieu, ni Dieu comme il aimait Rachel. Il aimait Dieu comme son Dieu, pardessus toute chose et plus que lui-même ; il aimait Rachel comme son épouse, par-dessus toutes les autres femmes et comme lui-même. Il aimait Dieu d’un amour absolument et souverainement suprême et Rachel d’un amour marital suprême ; de ces amours, il n’en est pas un qui soit contraire à l’autre parce que celui pour Rachel ne viole pas la suprématie de l’amour pour Dieu » (Œuvr T. V, p. 175). Et par amour pour Vous, j’aime mon prochain. Nous sommes en présence ici de deux amours qui sont des « frères jumeaux » et inséparables. Certaines personnes, il est facile de les aimer ; pour d’autres, c’est difficile ; elles nous sont peu sympathiques, elles nous ont offensés, ou fait du mal ; ce n’est que si j’aime Dieu vraiment, sérieusement, que je parviendrai à les aimer en tant que fils de Dieu, et parce que Celui-ci me le demande. Jésus a également établi la manière d’aimer le prochain : pas seulement avec sentiment, mais avec les faits. Voici comment, a-t-il dit : Je vous demanderai : J’avais faim dans la personne de mes frères les plus humbles, m’avez-vous donné à manger ? M’avez-vous rendu visite, quand j’étais malade ? (cf. Mt 25, 34 et sv.). Le catéchisme traduit ces paroles de la Bible et d’autres dans la double liste des sept œuvres de miséricorde et des sept œuvres spirituelles. La liste n’est pas complète, et elle a besoin d’être remise à jour. Par exemple, pour les affamés, il n’est plus seulement question aujourd’hui de tel ou tel individu ; il s’agit de peuples entiers. Nous nous souvenons tous des nobles déclarations du Pape Paul VI : « Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui, de manière dramatique, les peuples de l’opulence. L’Eglise tressaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun à répondre avec amour à son propre frère (Populorum Progressio, n. 3). A ce point-là, à la charité vient s’ajouter la justice, car — disait encore Paul VI — « la propriété privée ne constitue pas un droit inconditionnel et absolu pour quiconque. Personne n’est autorisé à réserver à son usage exclusif ce qui dépasse ses besoins, alors que d’autres manquent du nécessaire » (Populorum Progressio, n. 22). Par conséquent, « toute course exténuante aux armements, devient un intolérable scandale » (Populorum Progressio, n. 53). A la lumière de ces vigoureuses expressions, on voit combien nous sommes, individus et peuples, encore bien loin d’aimer autrui « comme nous mêmes », ce qui est le commandement de Jésus. Un autre commandement : « Je pardonne les offenses que j’ai reçues ». Il semble presque que le Seigneur donne la préséance au pardon sur le culte : « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si tu te souviens d’un grief que ton frère a contre toi, laisse-là ton offrande devant l’autel, et vas d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et présente ton offrande » (Mt 5, 23). Les dernières paroles de la prière sont : Seigneur, que je vous aime de plus en plus. Il s’agit ici également de l’obéissance à un commandement de Dieu qui, dans notre cœur, a mis la soif du progrès. Des palafittes, des cavernes et des premières cabanes, nous sommes passés aux maisons, aux palais, aux gratte-ciel ; des voyages à pied, à dos de mulet, ou de chameaux, aux carosses, aux trains, aux avions. Et l’on désire progresser encore, avoir des moyens toujours plus rapides, rejoindre des objectifs toujours plus éloignés. Mais — nous l’avons vu — aimer Dieu, cela aussi est un voyage : Dieu veut qu’il soit toujours plus intense, plus parfait. Il a dit à tous les siens : « Vous êtes la lumière du monde, le sel de la terre » (Mt 5, 8) ; « soyez parfaits comme est parfait votre Père céleste » (Mt 5, 48). Cela signifie aimer Dieu, non pas un peu, mais beaucoup, ne pas s’arrêter là où on est arrivé mais, avec Son aide, progresser dans l’amour.

Avec la bénédiction apostolique.

J’ai soif !

14 mars, 2016

J'ai soif ! dans images sacrée croce8

http://leggiamolabibbia.blogspot.it/2015/04/tutto-e-compiuto-padre-nelle-tue-mani.html

BENOÎT XVI – PSAUME 3

14 mars, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110907.html

BENOÎT XVI – PSAUME 3

AUDIENCE GÉNÉRALE -

Place Saint-Pierre

Mercredi 7 septembre 2011

Chers frères et sœurs,

Nous reprenons aujourd’hui les audiences place Saint-Pierre et, à l’«école de la prière» que nous vivons ensemble en ces catéchèses du mercredi, je voudrais commencer à méditer sur certains psaumes qui, comme je le disais au mois de juin dernier, forment le «livre de prière» par excellence. Le premier Psaume sur lequel je m’arrête est un Psaume de lamentation et de supplication empreint d’une profonde confiance, dans lequel la certitude de la présence de Dieu fonde la prière qui jaillit d’une situation de difficulté extrême dans laquelle se trouve l’orant. Il s’agit du psaume 3, rapporté par la tradition juive à David au moment où il fuit son fils Absalom (cf. v. 1): il s’agit de l’un des épisodes les plus dramatiques et douloureux de la vie du roi, lorsque son fils usurpe son trône royal et le contraint à quitter Jérusalem pour sauver sa vie (cf. 2 S 15sq). La situation de danger et d’angoisse ressentie par David est donc l’arrière-plan de cette prière et aide à la comprendre, en se présentant comme la situation typique dans laquelle un tel Psaume peut être récité. Dans le cri du Psalmiste, chaque homme peut reconnaître ces sentiments de douleur, d’amertume et dans le même temps de confiance en Dieu qui, selon le récit biblique, avaient accompagné la fuite de David de sa ville. Le Psaume commence par une invocation au Seigneur: «Seigneur, qu’ils sont nombreux mes oppresseurs, nombreux ceux qui se lèvent contre moi, nombreux ceux qui disent de mon âme: “Point de salut pour elle en son Dieu!”» (vv. 2-3). La description que fait l’orant de sa situation est donc marquée par des tons fortement dramatiques. Par trois fois, on répète l’idée de multitude — «nombreux» — qui, dans le texte original, est exprimée à travers la même racine hébraïque, de façon à souligner encore plus l’immensité du danger, de façon répétitive, presque martelante. Cette insistance sur le nombre et la multitude des ennemis sert à exprimer la perception, de la part du Psalmiste, de la disproportion absolue qui existe entre lui et ses persécuteurs, une disproportion qui justifie et fonde l’urgence de sa demande d’aide: les oppresseurs sont nombreux, ils prennent le dessus, tandis que l’orant est seul et sans défense, à la merci de ses agresseurs. Et pourtant, le premier mot que le Psalmiste prononce est: «Seigneur»; son cri commence par l’invocation à Dieu. Une multitude s’approche et s’insurge contre lui, engendrant une peur qu’amplifie la menace, la faisant apparaître encore plus grande et terrifiante; mais l’orant ne se laisse pas vaincre par cette vision de mort, il maintient fermement sa relation avec le Dieu de la vie et s’adresse tout d’abord à Lui pour rechercher de l’aide. Mais les ennemis tentent également de briser ce lien avec Dieu et de briser la foi de leur victime. Ils insinuent que le Seigneur ne peut intervenir, et affirment que pas même Dieu ne peut le sauver. L’agression n’est donc pas seulement physique, mais touche la dimension spirituelle: «Le Seigneur ne peut le sauver» — disent-ils, — le noyau central de l’âme du Psalmiste doit être frappé. C’est l’extrême tentation à laquelle le croyant est soumis, c’est la tentation de perdre la foi, la confiance dans la proximité de Dieu. Le juste surmonte la dernière épreuve, reste ferme dans la foi et dans la certitude de la vérité et dans la pleine confiance en Dieu, et précisément ainsi, trouve la vie et la vérité. Il me semble qu’ici, le Psaume nous touche très personnellement: dans de nombreux problèmes, nous sommes tentés de penser que sans doute, même Dieu ne me sauve pas, ne me connaît pas, n’en a peut-être pas la possibilité; la tentation contre la foi est l’ultime agression de l’ennemi, et c’est à cela que nous devons résister, ainsi nous trouvons Dieu et nous trouvons la vie. L’orant de notre Psaume est donc appelé à répondre par la foi aux attaques des impies: les ennemis — comme je l’ai dit — nient que Dieu puisse l’aider, et lui, en revanche, l’invoque, l’appelle par son nom, «Seigneur», et ensuite s’adresse à Lui en un tutoiement emphatique, qui exprime un rapport stable, solide, et qui contient en soi la certitude de la réponse divine: «Mais toi, Seigneur, mon bouclier, ma gloire tu tiens haute ma tête. A pleine voix je crie vers le Seigneur; il me répond de sa montagne sainte» (vv. 4-5). La vision des ennemis disparaît à présent, ils n’ont pas vaincu car celui qui croit en Dieu est sûr que Dieu est son ami: il reste seulement le «Tu» de Dieu; aux «nombreux» s’oppose à présent une seule personne, mais beaucoup plus grande et puissante que beaucoup d’adversaires. Le Seigneur est aide, défense, salut; comme un bouclier, il protège celui qui se confie à Lui, et il lui fait relever la tête, dans le geste de triomphe et de victoire. L’homme n’est plus seul, ses ennemis ne sont pas imbattables comme ils semblaient, car le Seigneur écoute le cri de l’opprimé et répond du lieu de sa présence, de sa montagne sainte. L’homme crie, dans l’angoisse, dans le danger, dans la douleur; l’homme demande de l’aide, et Dieu répond. Ce mélange du cri humain et de la réponse divine est la dialectique de la prière et la clef de lecture de toute l’histoire du salut. Le cri exprime le besoin d’aide et fait appel à la fidélité de l’autre; crier signifie poser un geste de foi dans la proximité et dans la disponibilité à l’écoute de Dieu. La prière exprime la certitude d’une présence divine déjà éprouvée et à laquelle on croit, qui dans la réponse salvifique de Dieu se manifeste en plénitude. Cela est important: que dans notre prière soit importante, présente, la certitude de la présence de Dieu. Ainsi, le Psalmiste, qui se sent assiégé par la mort, confesse sa foi dans le Dieu de la vie qui, comme un bouclier, l’enveloppe d’une protection invulnérable; celui qui pensait être désormais perdu peut relever la tête, car le Seigneur le sauve; l’orant, menacé et raillé, est dans la gloire, car Dieu est sa gloire. La réponse divine qui accueille la prière donne au Psalmiste une sécurité totale; la peur aussi est finie, et le cri s’apaise dans la paix, dans une profonde tranquillité intérieure: «Et moi, je me couche et je dors; je m’éveille: le Seigneur est mon soutien. Je ne crains pas ce peuple nombreux qui me cerne et s’avance contre moi» (vv. 6-7). L’orant, bien qu’au milieu du danger et de la bataille, peut s’endormir tranquille, dans une attitude sans équivoque d’abandon confiant. Autour de lui, ses adversaires montent leurs campements, l’assiègent, ils sont nombreux, ils se dressent contre lui, se moquent de lui et tentent de le faire tomber, mais lui en revanche se couche et dort tranquille et serein, certain de la présence de Dieu. Et à son réveil, il trouve encore Dieu à côté de lui, comme un gardien qui ne dort pas (cf. Ps 121, 3-4), qui le soutient, le tient par la main, ne l’abandonne jamais. La peur de la mort est vaincue par la présence de Celui qui ne meurt pas. Et précisément la nuit, peuplée de craintes ataviques, la nuit douloureuse de la solitude et de l’attente angoissée, se transforme à présent: ce qui évoque la mort devient présence de l’Eternel. A l’aspect visible de l’assaut ennemi, massif, imposant, s’oppose l’invisible présence de Dieu, avec toute son invincible puissance. Et c’est à Lui que de nouveau le Psalmiste, après ses expressions de confiance, adresse sa prière: «Lève-toi, Seigneur! Sauve-moi, mon Dieu!» (v. 8a). Les agresseurs «se levaient» (cf. v. 2) contre leur victime. En revanche, celui qui «se lèvera», c’est le Seigneur, et il les abattra. Dieu le sauvera, en répondant à son cri. C’est pourquoi le Psaume se conclut avec la vision de la libération du danger qui tue et de la tentation qui peut faire périr. Après la demande adressée au Seigneur de se lever pour le sauver, l’orant décrit la victoire divine: les ennemis qui, avec leur injuste et cruelle oppression, sont le symbole de tout ce qui s’oppose à Dieu et à son plan de salut, sont vaincus. Frappés à la bouche, ils ne pourront plus agresser avec leur violence destructrice et ils ne pourront plus insinuer le mal du doute dans la présence et dans l’action de Dieu: leur parole insensée et blasphème sera définitivement démentie et réduite au silence par l’intervention salvifique du Seigneur (cf. v. 8bc). Ainsi, le Psalmiste peut conclure sa prière avec une phrase aux connotations liturgiques qui célèbre, dans la gratitude et dans la louange, le Dieu de la vie: «Du Seigneur, le salut! Sur ton peuple, ta bénédiction!» (v. 9). Chers frères et sœurs, le Psaume 3 nous a présenté une supplique pleine de confiance et de réconfort. En priant ce Psaume, nous pouvons faire nôtres les sentiments du Psalmiste, figure du juste persécuté qui trouve en Jésus son accomplissement. Dans la douleur, dans le danger, dans l’amertume de l’incompréhension et de l’offense, les paroles du Psaume ouvrent notre cœur à la certitude réconfortante de la foi. Dieu est toujours proche — même dans les difficultés, dans les problèmes, dans les ténèbres de la vie — il écoute, il répond et il sauve à sa façon. Mais il faut savoir reconnaître sa présence et accepter ses voies, comme David dans sa fugue humiliante de son fils Absalom, comme le juste persécuté dans le Livre de la Sagesse et, en dernier et jusqu’au bout, comme le Seigneur Jésus sur le Golgotha. Et lorsque, aux yeux des impies, Dieu semble ne pas intervenir et que le Fils meurt, c’est précisément alors que se manifeste, pour tous les croyants, la vraie gloire et la réalisation définitive du salut. Que le Seigneur nous donne foi, qu’il vienne en aide à notre faiblesse et qu’il nous rende capable de croire et de prier à chaque angoisse, dans les nuits douloureuses du doute et dans les longs jours de douleur, en nous abandonnant avec confiance à Lui, qui est notre «bouclier» et notre «gloire». Merci.

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