Archive pour mars, 2016

HYMNE DE PÂQUES

26 mars, 2016

http://abbaye-veniere.fr/0-paques.php

HYMNE DE PÂQUES

Ecoutez-moi, arbres touffus,Cerisier de Venière en fleurs
Frémissant du secret de mille oiseaux
O Prairies endormies, écoutez,
Le chant de mon Dieu est si beau !

La lumière a roulé la pierre,
Et toute mort a mordu la poussière,
Qui donc a lancé ce beau défi ?
C’est Toi, ô mon Enseveli !

Ils ont enlevé mon Seigneur,
Rien sinon Lui n’apaisera mon coeur,
Celui que la mort nous a ravi,
L’Amour me le rend aujourd’hui.

Ne fallait-il pas ce grand cri,
Tout son amour répandu sur nos peurs
Pour que ce matin se lève enfin,
A la rencontre du bonheur.

Sur les pas du Ressuscité,
Jaillissent les fontaines de la vie.
Je refleuris, la terre est heureuse,
En promesse de tous ses fruits.

Le rire du merle moqueurPâques
Nous donne le ton de la Joie de Dieu,
Qui saura retrouver la fraîcheur
Des mélodies aux notes bleues ?

Seigneur Jésus, notre espérance,
Visage d’au-delà de la mort, plein de douceur,
Tu connais, Tu portes nos souffrances
Et les emplit de Ta présence.

Qu’ils chantent, tous les baptisés,
Ta blanche escorte, ô notre Bon Pasteur,
Qu’ils témoignent du Ressuscité,
Qu’ils nous annoncent le bonheur :

« Tu as brisé ma surdité,
Dans ta lumière, mes yeux se sont ouverts,
Tu as embaumé, j’ai respiré,
Et sur tes lèvres j’ai dit : « Père ».

Hymne chantée par la communauté en procession le jour de Pâques.
Photos : cerisiers en fleurs de l’Abbaye.

CHRIST FREES ALL SOULS FROM THE HELL

25 mars, 2016

CHRIST FREES ALL SOULS FROM THE HELL dans images sacrée Christ1
http://www.bogomilism.eu/Christ-descent.html

VEILLÉE PASCALE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI (2010)

25 mars, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20100403_veglia-pasquale.html

VEILLÉE PASCALE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

(Il devrait être l’année c)

Basilique Saint-Pierre

Samedi Saint, 3 avril 2010

Images de la célébration

Chers frères et sœurs,

Une ancienne légende juive, tirée du livre apocryphe : « La vie d’Adam et Ève », raconte que, pendant sa dernière maladie, Adam aurait envoyé son fils Set avec Ève dans la région du Paradis pour prendre l’huile de la miséricorde, afin d’être oint de celle-ci et ainsi être guéri. Après toutes les prières et les larmes des deux à la recherche de l’arbre de la vie, l’Archange Michel apparaît pour leur dire qu’ils n’obtiendraient pas l’huile de l’arbre de la miséricorde et qu’Adam devrait mourir. Plus tard, des lecteurs chrétiens ont ajouté à cette communication de l’Archange une parole de consolation. L’Archange aurait dit qu’après 5.500 ans, serait venu l’aimable Roi Christ, le Fils de Dieu, et qu’il aurait oint avec l’huile de sa miséricorde tous ceux qui auraient cru en Lui. « L’huile de la miséricorde, d’éternité en éternité, sera donnée à tous ceux qui devront renaître de l’eau et de l’Esprit Saint. Alors le fils de Dieu, riche d’amour, le Christ, descendra dans les profondeurs de la terre et conduira ton père au Paradis, auprès de l’arbre de la miséricorde ». Dans cette légende, devient visible toute l’affliction de l’homme face à son destin de maladie, de souffrance et de mort, qui nous a été imposé. La résistance que l’homme oppose à la mort apparaît évidente : quelque part – ont pensé à maintes reprises les hommes – il doit bien y avoir l’herbe médicinale contre la mort. Tôt ou tard, il devrait être possible de trouver le remède non seulement contre telle ou telle maladie, mais contre la véritable fatalité – contre la mort. En somme, le remède de l’immortalité devrait exister. Aujourd’hui aussi les hommes sont à la recherche de cette substance curative. La science médicale actuelle s’efforce, non d’exclure à proprement parler la mort, mais d’en éliminer toutefois le plus grand nombre possible de causes, de la reculer toujours plus ; de procurer une vie toujours meilleure et plus longue. Mais réfléchissons encore un instant : qu’en serait-il vraiment, si l’on parvenait, peut-être pas à exclure totalement la mort, mais à la reculer indéfiniment, à parvenir à un âge de plusieurs centaines d’années ? Serait-ce une bonne chose ? L’humanité vieillirait dans une proportion extraordinaire, il n’y aurait plus de place pour la jeunesse. La capacité d’innovation s’éteindrait et une vie interminable serait, non pas un paradis, mais plutôt une condamnation. La véritable herbe médicinale contre la mort devrait être différente. Elle ne devrait pas apporter simplement un prolongement indéfini de la vie actuelle. Elle devrait transformer notre vie de l’intérieur. Elle devrait créer en nous une vie nouvelle, réellement capable d’éternité : elle devrait nous transformer au point de ne pas finir avec la mort, mais de commencer seulement avec elle en plénitude. La nouveauté et l’inouï du message chrétien, de l’Évangile de Jésus-Christ, était et est encore maintenant ce qui nous est dit : oui, cette herbe médicinale contre la mort, ce vrai remède de l’immortalité existe. Il a été trouvé. Il est accessible. Dans le Baptême, ce remède nous est donné. Une vie nouvelle commence en nous, une vie nouvelle qui mûrit dans la foi et n’est pas effacée par la mort de la vie ancienne, mais qui, seulement alors, est portée pleinement à la lumière. À cela certains, peut-être beaucoup, répondront : le message, je le perçois certes, mais la foi me manque. De même, qui veut croire, demandera : mais en est-il vraiment ainsi ? Comment devons-nous nous l’imaginer ? Comment se réalise cette transformation de la vie ancienne, si bien que se forme en elle la vie nouvelle qui ne connaît pas la mort. Encore une fois, un écrit juif ancien peut nous aider à avoir une idée de ce processus mystérieux qui débute en nous au Baptême. On y raconte que l’ancêtre Énoch est enlevé jusqu’au trône de Dieu. Mais il eut peur devant les glorieuses puissances angéliques et, dans sa faiblesse humaine, il ne put contempler le Visage de Dieu. « Alors Dieu dit à Michel – ainsi continue le livre d’Énoch – : « Prends Énoch et ôte-lui ses vêtements terrestres. Oint-le d’huile douce et revêt-le des habits de gloire ! » Et Michel m’ôta mes vêtements, il m’oint d’huile douce, et cette huile était plus qu’une lumière radieuse… Sa splendeur était semblable aux rayons du soleil. Lorsque je me vis, j’étais comme un des êtres glorieux » (Ph. Rech, Inbild des Kosmos, II 524). C’est précisément cela – le fait d’être revêtu du nouvel habit de Dieu – qui se produit au Baptême ; c’est ce que nous dit la foi chrétienne. Certes, ce changement de vêtements est un parcours qui dure toute la vie. Ce qui se produit au Baptême est le début d’un processus qui embrasse toute notre vie – nous rend capable d’éternité, de sorte que, dans l’habit de lumière de Jésus Christ, nous pouvons apparaître devant Dieu et vivre avec Lui pour toujours. Dans le rite du Baptême, il y a deux éléments dans lesquels cet événement s’exprime et devient visible également comme une exigence pour notre vie ultérieure. Il y a tout d’abord le rite des renoncements et des promesses. Dans l’Église primitive, celui qui devait recevoir le Baptême se tournait vers l’occident, symbole des ténèbres, du coucher du soleil, de la mort et donc de la domination du péché. Celui qui devait recevoir le Baptême se tournait dans cette direction et prononçait un triple « non » : au diable, à ses pompes et au péché. Par cet étrange parole « pompes », c’est-à-dire le faste du diable, était indiquée la splendeur de l’ancien culte des dieux et de l’ancien théâtre, où l’on éprouvait du plaisir à voir des personnes vivantes déchiquetées par des bêtes féroces. Ce triple refus était ainsi le refus d’un type de culture qui enchaînait l’homme à l’adoration du pouvoir, au monde de la cupidité, au mensonge, à la cruauté. C’était un acte de libération de l’imposition d’une forme de vie, qui se présentait comme un plaisir et qui, toutefois, poussait à la destruction de ce qui, dans l’homme, sont ses meilleures qualités. Ce renoncement – avec un déroulement moins dramatique – constitue aujourd’hui encore une partie essentielle du baptême. En lui, nous ôtons les « vêtements anciens» avec lesquels on ne peut se tenir devant Dieu. Ou mieux : nous commençons à les quitter. Ce renoncement est, en effet, une promesse dans laquelle nous tenons la main du Christ, afin qu’il nous guide et nous revête. Quels que soient les « vêtements » que nous enlevons, quelle que soit la promesse que nous prononçons, on rend évident quand nous lisons au cinquième chapitre de la Lettre aux Galates, ce que Paul appelle les « œuvres de la chair » – terme qui signifie justement les vêtements anciens que nous devons quitter. Paul les désigne de cette manière : « débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre » (Ga 5, 19ss). Ce sont ces vêtements que nous enlevons ; ce sont les vêtements de la mort. Puis celui qui allait être baptisé dans l’Église primitive se tournait vers l’orient – symbole de la lumière, symbole du nouveau soleil de l’histoire, nouveau soleil qui se lève, symbole du Christ. Celui qui va être baptisé détermine la nouvelle direction de sa vie : la foi dans le Dieu trinitaire auquel il se remet. Ainsi Dieu lui-même nous revêt de l’habit de lumière, de l’habit de la vie. Paul appelle ces nouveaux « vêtements » « fruit de l’Esprit » et il les décrit avec les mots suivants : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (Ga 5, 22). Dans l’Église primitive, celui qui allait être baptisé était ensuite réellement dépouillé de ses vêtements. Il descendait dans les fonts baptismaux et il était immergé trois fois – symbole de la mort qui exprime toute la radicalité de ce dépouillement et de ce changement de vêtement. Cette vie, qui, de toutes façons est vouée à la mort, celui qui va recevoir le baptême la remet à la mort, avec le Christ, et, par Lui, il se laisse entraîner et élever à la vie nouvelle qui le transforme pour l’éternité. Puis, remontant des eaux baptismales, les néophytes étaient revêtus du vêtement blanc, du vêtement de lumière de Dieu, et ils recevaient le cierge allumé en signe de la nouvelle vie dans la lumière que Dieu lui-même avait allumée en eux. Ils le savaient : ils avaient obtenu le remède de l’immortalité qui, à présent, au moment de recevoir la sainte communion, prenait pleinement forme. En elle, nous recevons le Corps du Seigneur ressuscité et nous sommes, nous aussi, attirés dans ce Corps, si bien que nous sommes déjà protégés en Celui qui a vaincu la mort et qui nous porte à travers la mort. Au cours des siècles, les symboles sont devenus moins nombreux, mais l’évènement essentiel du Baptême est toutefois resté le même. Il n’est pas seulement un bain, encore moins un accueil un peu complexe dans une nouvelle association. Il est mort et résurrection, une renaissance à la vie nouvelle. Oui, l’herbe médicinale contre la mort existe. Le Christ est l’arbre de la vie, rendu à nouveau accessible. Si nous nous conformons à Lui, alors nous sommes dans la vie. C’est pourquoi nous chanterons, en cette nuit de la Résurrection, de tout notre cœur l’alléluia, le cantique de la joie qui n’a pas besoin de paroles. C’est pourquoi Paul peut dire aux Philippiens : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie » (Ph 4, 4). La joie ne peut se commander. On peut seulement la donner. Le Seigneur ressuscité nous donne la joie : la vraie vie. Désormais, nous sommes pour toujours gardés dans l’amour de Celui à qui il a été donné tout pouvoir au ciel et sur la terre (cf. Mt 28, 18). Sûrs d’être exaucés, demandons donc, par la prière sur les offrandes que l’Église élève en cette nuit : Avec ces offrandes, Seigneur, reçois les prières de ton peuple ; fais que le sacrifice inauguré dans le Mystère pascal nous procure la guérison éternelle. Amen.

 

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE PÂQUES

25 mars, 2016

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE DU DIMANCHE DE PÂQUES

27/03/2016

Les lectures du jour http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2016-03-27&language=FR

Au matin de Pâques Il faisait sombre dans le cœur de Marie Madeleine et dans le cœur des apôtres. Pendant trois ans, ils avaient suivi Jésus et avaient mis en lui toute leur foi, toute leur confiance et tout leur amour. Ils pensaient qu’avec lui, une ère nouvelle était née, une ère de liberté, de justice et de bonheur. Mais voilà que depuis deux jours tout est fini. Jésus est mort sur la croix le vendredi soir et c’est la fin d’une belle aventure. Il fait souvent bien sombre aussi dans notre cœur. Dans notre vie, il y a parfois des échecs, des épreuves, des souffrances. Pour certains c’est le chômage, pour d’autres l’accident, la longue maladie, le découragement. Quand tout va mal, on se dit que ça ne sert à rien de continuer et on a envie de tout abandonner. Mais voilà qu’en ce jour de Pâques, quelque chose de nouveau est en train de se passer. Jésus n’est plus dans son tombeau. Le linceul est toujours là, soigneusement plié. Il n’y a pas de trace d’un désordre qui aurait pu être provoqué par des violeurs de sépulture. Alors Jean croit en ce signe avant même d’avoir vu. Puis ce sont les onze apôtres qui voient Jésus leur apparaître, puis les disciples d’Emmaüs, Marie-Madeleine et d’autres encore…Alors c’est la fête, c’est l’espérance qui renaît ; c’est la joie qui éclate. Non, la mort de Jésus n’est pas une fin mais un passage. La grande aventure va reprendre de plus belle et rien ne pourra l’arrêter. Tout le livre des Actes des Apôtres est là pour en témoigner. Pour nous, aujourd’hui, c’est une bonne nouvelle. Cet événement de Pâques nous dit que nous ne devons jamais nous avouer vaincus. Les échecs, les contrariétés, les difficultés ne doivent pas nous bloquer. Ils sont pour nous l’occasion de repartir d’une autre manière. Oui, un nouveau départ est toujours possible. Les apôtres ont connu cela. Pierre qui avait renié Jésus par trois fois aurait pu se dire : « Maintenant, c’est fini, je ne suis plus bon à rien ; personne ne voudra me faire confiance… » Or voilà que Jésus lui-même va venir à lui et il va lui redonner toute sa confiance. Il lui confiera la responsabilité de son Eglise. C’est ainsi que Pierre va devenir un homme nouveau (renouvelé). Pour s’en rendre compte, il suffit de lire son discours dans la première lecture. De même, les autres apôtres qui avaient abandonné Jésus au moment où il avait le plus besoin d’eux pensaient bien que tout était fini. Eux aussi, Jésus va les rejoindre, non pour leur faire des reproches mais pour leur donner sa paix. Eux aussi vont devenir des hommes nouveaux et ressuscités. Par la suite, ils partiront proclamer la Bonne nouvelle. Ils ne reculeront ni devant les persécutions, ni devant la mort pour remplir la mission que Jésus leur a confiée. Croire en Jésus ressuscité, c’est croire en des rebondissements possibles, c’est croire en ce nouveau départ de Pâques. Cela veut dire que nous sommes invités à regarder notre vie, nos échecs, nos souffrances à la lumière de événement de Pâques. Le Christ ressuscité veut nous entraîner tous dans sa victoire. Désormais, rien ne peut nous séparer de son amour. Pour lui, il n’y a jamais de situation désespérée. Vivre en ressuscité, c’est faire confiance en Dieu ; c’est être assuré que le monde ne va pas vers la mort mais qu’il est appelé à la vie. C’est être persuadé qu’à tout instant, je peux, devant Dieu, me relever ; Nous sommes tous aimés de Dieu, tels que nous sommes, malgré nos torpeurs, nos désabusements, malgré nos péchés et nos reniements. Vivre en ressuscité c’est aller dire aux autres qu’ils peuvent aussi se relever et marcher vers la lumière. Ils sont tous enfants de Dieu au même titre que chacun de nous. Les uns et les autres sont dignes de Dieu. Lui-même les veut près de lui pour toujours. En ce dimanche, de nombreux baptêmes sont célébrés dans la plupart des églises du monde entier. Des enfants, des jeunes, des adultes entrent dans la grande famille des chrétiens. Pour eux aussi c’est un nouveau départ. Toutes ces personnes qui sont baptisées en ce jour s’engagent sur la même route que nous ; sur cette route, ce n’est pas toujours facile ; comme nous, ils connaîtront le doute, le découragement. Les multiples activités font qu’on ne prend pas toujours le temps de s’arrêter, de prendre du temps pour retrouver le Seigneur. Mais aujourd’hui, nous sommes interpellés : tous les enfants qui vont être baptisés ont besoin de notre témoignage ; ils ont besoin de sentir que Jésus ressuscité c’est quelqu’un d’important pour nous, qu’il est vraiment la lumière de notre vie. Si nous voulons que nos communautés chrétiennes soient vivantes, il faut qu’elles soient vraiment missionnaires. Un chrétien qui n’aurait pas le souci de témoigner de sa foi ne serait plus un disciple de Jésus Christ. La foi ne se développe que si elle est transmise à d’autres. Pour rassembler son peuple dispersé et lui redonner l’espérance, Dieu a besoin de nous. Il ne nous appelle pas seuls mais avec les autres car il compte sur nous pour le faire savoir. Le Christ compte sur notre témoignage à la place qui est la nôtre. Il désire que nous soyons porteurs de cette bonne nouvelle auprès de tous ceux qui nous entourent.

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 27/03/2016)

Way of Calavary

24 mars, 2016

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CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE – MÉDITATIONS ET PRIÈRES DU CARDINAL JOSEPH RATZINGER

24 mars, 2016

http://www.vatican.va/news_services/liturgy/2005/via_crucis/fr/station_01.html

CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE

(Je ne mets la première Station  je mets le lien à l’autre, cliquez sur les images

http://www.vatican.va/news_services/liturgy/2005/documents/ns_lit_doc_20050325_via-crucis_fr.html

VENDREDI SAINT 2005

MÉDITATIONS ET PRIÈRES DU CARDINAL JOSEPH RATZINGER

PREMIÈRE STATION

Jésus est condamné à mort 

/V. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. /R. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. De l’Évangile selon saint Matthieu 27, 22-23.26

Pilate reprit : «Que ferais-je donc de Jésus, celui qu’on appelle le Messie?» Ils répondirent tous : «Qu’on le crucifie!» Il poursuivit : «Quel mal a-t-il donc fait?» Ils criaient encore plus fort : «Qu’on le crucifie!». Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu’il soit crucifié.

MÉDITATION Le Juge du monde, qui reviendra un jour pour nous juger, est là, anéanti, déshonoré et sans défense face au juge de la terre. Pilate n’est pas totalement mauvais. Il sait que ce condamné est innocent; il cherche le moyen de le libérer. Mais Pilate est indécis. Et en définitive, sur le droit, il fait prévaloir sa position, il se fait prévaloir lui-même. Et les hommes qui vocifèrent et demandent la mort de Jésus ne sont pas non plus totalement mauvais. Beaucoup parmi eux, le jour de la Pentecôte, seront «remués jusqu’au fond d’eux-mêmes» (Ac 2, 37), quand Pierre leur dira : «Jésus de Nazareth – cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission – … vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens…» (Ac 2, 22s). Mais en cet instant, ils subissent l’influence de la foule. Ils vocifèrent parce que les autres vocifèrent, et ils vocifèrent comme les autres. Et ainsi, la justice est piétinée par lâcheté, par faiblesse, par peur du diktat de la mentalité dominante. La voix ténue de la conscience est étouffée par les vociférations de la foule. L’indécision, le respect humain confèrent leur force au mal.

PRIÈRE Seigneur, tu as été condamné à mort car la peur du regard des autres a étouffé la voix de la conscience. Tout au long de l’histoire, il en a toujours été ainsi, des innocents ont été maltraités, condamnés et tués. Combien de fois n’avons-nous pas, nous aussi, préféré le succès à la vérité, notre réputation à la justice ! Donne force, dans notre vie, à la voix ténue de la conscience, à ta voix. Regarde-moi comme tu as regardé Pierre après le reniement. Fais en sorte que ton regard pénètre nos âmes et indique à notre vie la direction. A ceux qui ont vociféré contre toi le Vendredi saint, tu as donné l’émotion du coeur et la conversion au jour de la Pentecôte. Et ainsi, tu nous as donné à tous l’espérance. Donne-nous aussi, toujours de nouveau, la grâce de la conversion.

Tous: Pater noster, qui es in cælis: sanctificetur nomen tuum; adveniat regnum tuum; fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra. Panem nostrum cotidianum da nobis hodie; et dimitte nobis debita nostra, sicut et nos dimittimus debitoribus nostris; et ne nos inducas in tentationem; sed libera nos a malo.

Stabat mater dolorosa iuxta crucem lacrimosa, dum pendebat Filius.

Debout, la Mère douloureuse près de la Croix était en larmes  devant son Fils suspendu.

 

 

HOMÉLIE DU VENDREDI SAINT

24 mars, 2016

http://dimancheprochain.org/3855-homelie-du-vendredi-saint/#more-3855

HOMÉLIE DU VENDREDI SAINT

Abbé Jean Compazieu 

Textes bibliques : LIRE

http://www.aelf.org/office-messe?date_my=29/03/2013

Ce Vendredi Saint nous révèle un Dieu qui nous aime sans mesure. Il n’a pas refusé son Fils unique. Il l’a livré pour sauver tous les hommes. Bien sûr, il n’a pas voulu  qu’il meure ainsi. Il a simplement voulu qu’il nous aime comme lui, le Père, nous aime. Le Christ nous a aimés jusqu’à mourir sur une croix. Dans sa Passion c’est l’amour du Père qui est à l’œuvre. C’est la réussite du projet de Dieu annoncé dans la première lecture : « Mon serviteur réussira. » A première vue, cette réussite n’est pas très évidente. En effet, nous voyons une foule qui rejette Jésus. Puis il y a la croix, la mort atroce réservée aux esclaves. Mais le serviteur broyé deviendra le Sauveur de tous ses frères. C’est par la croix que Jésus est devenu cause du Salut éternel. Saint Jean nous présente la Passion comme une marche triomphale du Fils de Dieu vers son Père. Il nous faut la lire comme un récit de glorification. En lisant ce récit de la Passion, nous découvrons que Jésus a parfaitement conscience de ce qui va lui arriver. C’est lui qui donne librement sa vie : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne. » (Jn 10. 18) C’est lui qui interpelle Judas et non l’inverse.  En ce Vendredi Saint, nous nous tournons vers la croix du Christ et nous faisons silence. Nous ne demandons pas au Seigneur de comprendre ce trop grand mystère mais d’y communier. En cette année de la foi c’est une démarche absolument essentielle. Au cours de cette célébration, une grande prière universelle nous sera proposée pour le monde entier. C’est en effet pour tous les hommes de tous les temps que Jésus a donné sa vie. En ce jour, notre pensée et notre prière vont vers tant d’hommes et de femmes qui portent une croix douloureuse. Pour beaucoup cette croix s’appelle solitude, longue maladie, précarité… Nous n’oublions pas les victimes de la haine et de la violence des hommes, en particulier ceux qui sont retenus loin de chez eux contre leur volonté.  Nous pensons aussi aux chrétiens persécutés en Corée du Nord, en Chine et dans de nombreux autres pays. Beaucoup sont persécutés à cause de leur foi. Mais à travers ces petits, ces exclus, ces personnes qui souffrent, le Seigneur est là. Il se reconnaît dans celui qui a faim, celui qui est malade et seul, celui qui est persécuté. Il nous rejoint dans notre vie et notre mort pour que nous soyons avec lui dans sa résurrection. En ce Vendredi Saint, nous contemplons la gloire de Celui qui nous a aimés jusqu’au bout. Et avec toute l’Eglise, nous chantons et nous proclamons : « Victoire, tu règneras ; O Croix, tu nous sauveras. »

Sources : Revues signes, Feu Nouveau, Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Missel communautaire (André Rebré)

 

The washing of the feet Ghislaine Howard (b.1953 )

23 mars, 2016

The washing of the feet  Ghislaine Howard (b.1953 ) dans images sacrée pic35_the_washing_of_the_feet

http://www.methodist.org.uk/static/artcollection/image35.htm

LE LAVEMENT DES PIEDS

23 mars, 2016

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2009/clb_090410.html

LE LAVEMENT DES PIEDS

Question – Quelle est la signification du lavement des pieds chez les juifs, du temps de Jésus? Qui le pratiquait ? Quel sens Jésus donne-t-il à ce geste? (Philippe)

Réponse – Pour comprendre le petit rituel social du lavement des pieds, il faut le remettre dans son contexte moyen-oriental de l’époque de Jésus. La majeure partie de la population se déplace à pieds, chaussée de simples sandalettes de cuir, les pieds nus et sur des routes et chemins poussiéreux. Certains pouvaient se déplacer tout au plus sur un âne, mais ce dernier servait le plus souvent à porter les marchandises. Les chevaux étaient réservés aux soldats et les chars, aux plus riches. On peut encore voir aujourd’hui, comment se déplacent les bédouins du désert. Ils parcourent des centaines de kilomètres à pieds, tandis que leurs chameaux, lourdement chargés, transportent les marchandises.      Lorsqu’il parvenait à destination, le voyageur attendait de son hôte le petit rituel du lavement et rafraîchissement des pieds. Après de longues heures de marche, cette attention permettait de se détendre et de se débarrasser de la poussière du chemin qui collait à la peau. Cela me rappelle ce que font les randonneurs après de longues heures de marche en montagne. L’arrêt se fait généralement au bord d’un petit torrent. On en profite alors pour enlever les chaussures de montagnes et pour se tremper les pieds dans une eau bien fraîche. Il n’y a rien de plus agréable pour évacuer un peu la fatigue. Le rituel juif du lavement des pieds procède de la même logique, mais il appartient en plus aux lois de l’hospitalité. Cet aspect est souligné par Jésus qui s’adresse à Simon, le pharisien qui l’a invité (Lc 7,44-46). Il lui fait le reproche de ne l’avoir pas accueilli selon les règles, tandis que la femme qui pleure sur ses pieds, le fait à sa manière : « Tu vois cette femme? Je suis entré chez toi et tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds; mais elle m’a lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux.  Tu ne m’as pas reçu en m’embrassant; mais elle n’a pas cessé de m’embrasser les pieds depuis que je suis entré. Tu n’as pas répandu d’huile sur ma tête ; mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. » La vie en société – dans le Judaïsme de l’époque de Jésus, comme dans toute société humaine organisée – obéit à des règles de bonne conduite et parmi elles, on trouve la possibilité donnée au visiteur de se rafraîchir et de se laver les pieds. Un autre exemple tiré de la Genèse (43,24) : « L’homme fit entrer tous les frères chez Joseph. On leur apporta de l’eau pour se laver les pieds et on donna du fourrage à leurs ânes. » (Voir aussi : Gn 18,4 ; 19,2 ; 24,32)      Pour être en mesure d’apprécier toute la signification qu’il prendra dans le geste de Jésus, il faut savoir que, dans la société juive plus aisée, ce geste est posé par le serviteur ou l’esclave dont c’est la charge. C’est une tâche considérée comme humiliante et elle est considérée – dans l’ordre de valeur hiérarchique des serviteurs de maison – comme la plus basse. C’est ce qui explique la réaction violente de Pierre qui voit son rabbi bien-aimé qui prend la position du dernier des serviteurs ou de l’esclave, devant ses propres disciples : Quoi! Tu veux me laver les pieds, toi le Seigneur et le maître!… Non! C’est inacceptable! C’est pas ta place, ni ton rôle! (d’après Jn 13,6) Pierre ne comprend pas. Il est profondément choqué quand il voit Jésus bousculer ainsi l’ordre et les usages d’une société, que lui, Pierre, a toujours respectés et tenus pour respectables. C’est vrai que Jésus ne déteste pas de bousculer un peu ses propres amis. Il est temps d’en venir à l’épisode du lavement des pieds      Vous trouvez l’épisode du lavement des pieds dans le récit qu’en fait Jean, l’évangéliste, au chapitre 13,1-20. Il est le seul à en parler et le situe au moment du dernier repas que Jésus prend avec ses disciples, la veille de sa passion. La tradition chrétienne le célèbre le soir du Jeudi-Saint, en même temps que l’institution de l’Eucharistie. L’évangéliste évoque sobrement l’événement. Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême… Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. (Jn 13,1-5)      Avant d’y réfléchir plus théologiquement, rappelons-nous à qui, dans la société juive, est dévolu ce service,  et prenons le temps d’imaginer la tête des disciples devant le geste de Jésus! Voilà que le maître vénéré, le Messie imaginé comme un chef de guerre victorieux de tous les ennemis d’Israël, prend le rôle du serviteur. Visiblement il ne se contente pas de faire de la figuration liturgique. Preuve en est la réaction de Pierre qui ne supporte pas l’idée de voir son maître s’abaisser ainsi devant lui: Toi, Seigneur, me laver les pieds! Une telle interpellation résume à elle seule le caractère scandaleux du geste de Jésus. De toutes ses forces, le disciple cherche à l’en dissuader. Ne devrait-il pas plutôt garder son rang? Une telle position est trop humiliante pour un homme tel que lui. Les repères habituels sont brouillés. Pour Pierre et de ses compagnons, la place du Messie Fils de Dieu est du côté des puissants, de ces personnes qui se font servir et non le contraire.      Jésus comprend la difficulté de son disciple. Un tel renversement de rôle est vraiment impensable à l’époque, tant il bouscule profondément l’ordre hiérarchique du monde. Alors il l’invite à la patience. Ce que je fais, tu ne peux le comprendre à présent, mais par la suite tu comprendras. Mais Pierre redouble d’indignation et refuse un tel abaissement: Me laver les pieds à moi! Jamais! La réponse de Jésus tombe alors comme le couperet: Si je ne te lave pas, tu ne peux avoir part avec moi! Le refus d’entrer dans la perspective de Jésus sépare le disciple de son maître et du bonheur de vivre en sa présence. Pierre comprend le risque de manquer quelque chose d’essentiel. Sans plus réfléchir, il se déclare prêt à se laisser laver les pieds, les mains et même la tête… Il tient de toutes ses forces à rester l’ami de Jésus, mais, de manière évidente, il ne comprend toujours pas le sens que Jésus donne à son geste. Entrons maintenant dans la signification donnée par Jésus à son geste      On le voit d’emblée : Jésus opère un changement complet de valeurs. Il n’a d’ailleurs jamais caché sa pensée. Il en a parlé plusieurs fois tout au long du chemin qu’ils ont parcouru ensemble, mais le message n’est pas encore passé. Il faut perdre sa vie, pour la gagner, disait-il, se faire le serviteur des autres, pour être grand, choisir la dernière place pour atteindre la première, devenir petit comme un enfant… Les disciples ont tous entendu ces paroles, visiblement sans trop y prêter attention. Mais lorsqu’ils voient leur Maître et Seigneur avec son linge et sa cruche pleine d’eau, ils ne comprennent plus. Cela n’est pourtant que la mise en pratique d’un des aspects les plus significatifs de son enseignement. On voit bien que, pour être comprise, la Parole doit être vécue par la personne qui la dit. Seul un témoignage vivant est crédible.      L’explication vient tout à la fin: Comprenez-vous ce que j’ai fait pour vous? Vous m’appelez Maître et Seigneur et vous dites bien car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres… ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi! Si Jean place cette scène en lieu et place du récit de l’institution eucharistique, ce n’est certainement pas sans intention. Elle symbolise à ses yeux l’attitude de Jésus qui aima les siens jusqu’à l’extrême, et résume, dans le geste accompli, toute sa vie, jusqu’au don total de lui-même dans sa passion et sa mort. Le « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi ! » rejoint le « Faites ceci en mémoire de moi! » qui conclut les paroles propres à chaque récit de la Cène du Seigneur. Il n’est pas impossible que l’auteur du quatrième Évangile ait déjà vu, dans certaines dérives des célébrations eucharistiques de l’époque, un aspect qu’il fallait impérativement rappeler. Le récit, qu’il fait de cet événement, place le débat sur un plan beaucoup plus concret. On ne peut célébrer le repas du Seigneur sans se mettre au service les uns des autres. Reproduire, dans une telle célébration, les rapports de domination qui existent habituellement entre les hommes, revient à trahir l’enseignement du Maître. Dieu aux pieds de l’être humain      L’image mérite toute notre attention. Dans le tableau que le récit retrace, où se trouve Dieu, le Maître et le Seigneur, tel que le nomme la communauté chrétienne?  Il se tient courbé, aux pieds des disciples, revêtu de la tenue du serviteur, dans un geste presque désespéré pour se faire connaître en vérité. Le premier refus de Pierre met en évidence le caractère scandaleux de la scène et le nécessaire travail intérieur pour parvenir à en comprendre la signification. En Jésus, Dieu le Père céleste, le Créateur du ciel et de la terre, vient s’agenouiller devant l’être humain et se met à son service. Avouez-le! Le renversement de perspective est total! Dans l’imaginaire qui est le nôtre, Dieu est assis quelque part dans un Ciel inaccessible, sur un trône d’or et entouré de toute la cour céleste, souvent indifférent à tout ce qui nous arrive. Si vous n’en êtes pas convaincus, allez regarder les peintures murales des grandes églises. Pour parler de Lui, les peintres ont puisé leur inspiration davantage du côté des cours royales de l’époque que de l’évangile du lavement des pieds. Un Dieu qui s’abaisse à ce point, quitte son trône et change de rôle, voilà qui bouscule les idées reçues et devient même dangereux dans un monde où l’ordre hiérarchique doit être scrupuleusement respecté. La grandeur s’y mesure à l’or des palais, à la somptuosité de tentures et des robes et à l’éclat des couronnes royales. Dieu aux pieds de l’humain?  Vous n’y pensez pas! C’est choquant ! Le roi des rois de la terre sans sa couronne, voilà qui est tout simplement impensable!  Et pourtant, c’est la vision que l’évangéliste nous donne à méditer, n’en déplaise à tous ceux que cela dérange et qui voudraient que Dieu reste à sa place. Essayons de retrouver la signification que le récit a pris dans l’esprit des premiers chrétiens. A l’époque où s’écrivent les évangiles, les communautés sont bousculées par divers courants de pensée et mouvements d’opinion. Le caractère scandaleux de l’abaissement de Dieu, tel qu’il apparaît dans le message évangélique, frappe tous les esprits; l’image du Messie, serviteur souffrant provoque de la répulsion. Ce n’est pas sans raison si pendant quatre siècles, on ne trouve aucune figuration du Christ en croix dans l’iconographie chrétienne! Un tel supplice est à ce point odieux qu’il ne peut être représenté. Paul en est conscient. Dans la lettre qu’il écrit, au printemps 56, à l’église de Corinthe, il décide de ne parler avec eux que le langage de la croix. En 1 Co 1, 22-24, il dit ceci : Les Juifs demandent des miracles et les Grecs recherchent la sagesse; mais nous, nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. On ne peut être plus clair.      La folie de Dieu révélé en Jésus, c’est son abaissement qui commence par la paille de son premier berceau, se poursuivra par toute une vie au service de ceux et celles qui entendront son appel. Elle prendra son ultime signification dans l’horreur de sa condamnation à mort et du supplice de la croix. Le chemin qu’il prend pour entrer en contact avec l’humain est celui de la kénose (Ph 2, 1-11) ou du dépouillement total de lui-même qui lui permet d’être, en contrepartie, ouverture totale à celui ou celle qui accepte de prendre son chemin. La faiblesse de Dieu est étroitement liée à la vulnérabilité de l’amour. Parce qu’il est, dans la totalité de son être, Amour, Dieu ne s’approche de l’être humain que dans l’extrême fragilité d’un amour offert gratuitement, avec la patience infinie de celui qui attend le moment favorable où il pourra le déclarer. Comme tout amour, celui de Dieu pour l’être humain est désarmé, livré sans défense à la réponse qu’il recevra, acceptation ou refus. Dieu est faible parce qu’il ne sait qu’aimer; même s’il est cloué sur une croix, il pardonne, considère que ses ennemis ne savent pas vraiment ce qu’ils font… Alors, si vous le recherchez, ne tournez pas votre regard vers les hauteurs du ciel ou la majesté des cathédrales. Vous ne l’y trouverez pas nécessairement. Il n’aime que les endroits habités par des cœurs capables d’aimer en retour. Regardez plutôt en bas, au plus profond de vous-mêmes. Il se tient là, à vos pieds, quêtant un regard, portant le fardeau que vous ne parvenez pas à déplacer, attentif à chacun de vos gestes, encore et toujours prêt à se donner à vous…      L’image est forte et prend l’exact contre-pied des rêves de grandeurs qui ont trop souvent habité l’Église au cours de son histoire. Pour Dieu et la gloire du roi ou de la cité, on a bâti des cathédrales fort belles et imposantes. Mais certaines d’entre elles regorgent d’or venu des Amériques et taché du sang des populations asservies et souvent massacrées pour assouvir la soif du pouvoir et de la domination. Comment demander aux Indiens du Mexique ou du Pérou de croire au Dieu serviteur, si l’Église se compromet avec le pouvoir qui les oppresse depuis des siècles? Comment un missionnaire venu d’Europe peut-il porter en Afrique le message d’un Dieu d’Amour, lorsqu’il vient de pays qui ont bâti leur fortune sur le commerce d’esclaves et, plus tard, sur la colonisation? Une parole d’amour portée à la pointe des fusils n’a plus aucun sens. Elle n’est plus qu’un alibi ou tout au plus une tentative de justification pour se donner bonne conscience. La relation qui s’est établie entre le christianisme et de nombreux peuples est restée, quelque part, profondément blessée par la violence des origines. Si Jésus s’installe ainsi aux pieds des plus petits et des plus pauvres, comment parler de lui autrement qu’en se mettant, à sa suite, aux pieds des plus pauvres et des miséreux que nous croisons dans tous les pays du monde?  Son chemin passe par le refus du pouvoir ou de la séduction des foules. Le signe qu’il donne nous fait comprendre sa vie et nous engage à ne jamais chercher Dieu ailleurs qu’aux pieds de chaque être humain. Cette image est toujours aussi scandaleuse et difficile à croire et à mettre en œuvre. Mais c’est bien là qu’il nous attend. Il en va de la vérité de tous nos gestes religieux. Seigneur, tu sais qu’il est choquant de te voir ainsi prendre la tenue de serviteur avec nous! Comme Pierre, j’aurais tendance à te dire de garder ton rang, de remonter sur ton trône ou de rentrer dans ton tabernacle d’or… Que ton amour accepte un tel abaissement à quelque chose d’inconcevable. Toi si proche, si disponible, entièrement donné à celui où celle qui te fera bon accueil. Un tel amour me dépasse. Je sais que jamais je ne parviendrai à en comprendre la profondeur, parce que je suis incapable d’une telle gratuité, d’un tel oubli de moi. Tout ce que je fais est travesti par mon désir de mainmise ou de pouvoir sur les gens. Apprends-moi, Seigneur, à me mettre au service de mes frères et sœurs, sans les mettre à mon service, à me donner, sans chercher à prendre, à aimer envers et contre tout, quel qu’en soit le prix. Si je n’y parviens pas du premier coup, sois patient avec moi. À ton école, je sais que j’apprendrai un jour à aimer comme toi tu nous as aimés.

Roland Bugnon

MESSE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II

23 mars, 2016

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/homilies/1979/documents/hf_jp-ii_hom_19790412_cena-domini.html

MESSE DE LA CÈNE DU SEIGNEUR – HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II

Basilique Saint-Jean-de-Latran 12 avril 1979

1. L’Heure de Jésus est venue. L’heure où il passe de ce monde à son Père. Commence le Triduum Sacré. Le mystère pascal revêt comme chaque année son aspect liturgique et débute par cette messe, la seule qui dans l’année, porte le nom de « Coena Domini ». Après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, « il les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). La dernière Cène est précisément le témoignage de cet amour avec lequel le Christ, l’Agneau de Dieu, nous a aimés jusqu’à la fin. Ce soir-là, les fils d’Israël consommaient l’agneau, selon l’antique usage imposé par Moïse la veille de sa libération de l’esclavage d’Egypte. Jésus fit la même chose avec ses disciples, fidèle à la tradition qui était seulement « l’ombre des biens à venir » (He 10, 1), une préfiguration de la Nouvelle Alliance, de la Loi nouvelle. 2. Que signifie : « Il les aima jusqu’à la fin » ? Cela signifie : jusqu’à cet accomplissement qui adviendra le lendemain, le Vendredi saint. Ce jour-là, allait manifester combien Dieu a aimé le monde et comment il a poussé cet amour jusqu’à l’extrême limite du don, c’est-à-dire jusqu’à donner son Fils unique » (Jn 3, 16). Ce jour-là, Jésus a démontré qu’il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). L’amour, du Père s’est révélé dans la donation de son Fils. La donation dans la mort ! Le Jeudi saint, le jour de la dernière Cène, est en quelque sorte, le prologue de cette donation : il en est l’ultime préparation. Et d’une certaine manière ce qui s’accomplit ce jour-là, va déjà au-delà de ce don. C’est vraiment le Jeudi saint, durant la dernière Cène, que se manifeste ce que veut dire : aimer jusqu’à la fin. Nous pensons, avec raison, qu’ »aimer jusqu’à la fin » veut dire jusqu’à la mort, jusqu’au dernier souffle. Mais la dernière Cène nous montre que, pour Jésus, « jusqu’à la fin », signifie « au-delà du dernier souffle. Au delà de la mort »? 3. Telle est en effet la signification de l’Eucharistie. La mort n’est pas sa fin, mais son commencement. L’Eucharistie part de la mort comme nous le dit saint Paul : « Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (l Co 11, 26) L’Eucharistie est fruit de cette mort. Elle la rappelle constamment. Elle la renouvelle sans cesse. Elle la signifie toujours. Elle la proclame. La mort qui est devenue le commencement de la nouvelle Venue : de la Résurrection à la Parousie, « Jusqu’à ce qu’il vienne ». La mort, qui est le « substrat » d’une vie nouvelle. Aimer jusqu’à la fin signifie donc pour le Christ : aimer moyennant la mort et au-delà de la barrière de la mort : aimer jusqu’aux extrêmes de l’Eucharistie ! 4. C’est exactement ainsi que Jésus a aimé, ce soir-là, ce dernier soir. Il a aimé « les siens » — ceux qui étaient alors avec lui, et tous ceux qui devaient hériter leur ministère. — Les paroles qu’il a prononcées sur le pain ; — Les paroles qu’il a prononcées sur la coupe pleine de vin ; — Les paroles que nous répétons aujourd’hui avec particulière émotion et que nous répétons toujours quand nous célébrons l’Eucharistie, constituent vraiment la révélation de cet amour par lequel il s’est une fois pour toutes, pour tous les temps et jusqu’à la fin des siècles, distribué lui-même. Avant même de se donner sur la Croix, comme « Agneau qui ôte les péchés du monde », il s’est distribué lui-même comme aliment et comme breuvage : pain et vin, afin « que nous ayons la vie, et l’ayons en abondance » (Jn 10, 10). C’est ainsi qu »‘il nous a aimés jusqu’à la fin ». C’est pourquoi il n’a pas hésité à s’agenouiller devant ses apôtres pour leur laver les pieds. Quand Pierre voulut s’y opposer, Il le convainquit de laisser faire. C’était là, en effet, une exigence particulière de la grandeur du moment. Ce lavement des pieds, cette purification, étaient nécessaires pour la Communion à laquelle ils allaient participer dès ce moment. Désormais, en se distribuant lui-même dans la communion eucharistique n’allait-il pas continuellement s’abaisser au niveau de cœurs humains si nombreux ? N’allait-il pas les servir toujours de cette manière « Eucharistie » veut dire « remerciement ». « Eucharistie » signifie également servir, se tendre vers l’homme, servir les cœurs humains. « Je vous ai donné l’exemple, pour que vous agissiez comme j’ai agi envers vous » (Jn 13, 15). Nous ne saurions être dispensateurs de l’Eucharistie, sinon en servant. 6. Voici, c’est la dernière Cène. Le Christ se prépare à partir en passant par la mort, et en passant par la mort, il s’apprête à demeurer. Ainsi sa mort est devenue le fruit mûr de l’amour : il nous a aimés « jusqu’à la fin ».

Le contexte de la dernière Cène ne suffirait-il pas à lui seul pour donner à Jésus le droit de nous dire à tous : « Ceci est mon commandement: que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12)?

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