Archive pour le 29 mars, 2016
BENOÎT XVI – L’OCTAVE DE PÂQUES
29 mars, 2016http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070411.html
BENOÎT XVI – L’OCTAVE DE PÂQUES
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 11 avril 2007
Chers frères et sœurs!
Nous nous retrouvons aujourd’hui, après les célébrations solennelles de la Pâque, pour la rencontre habituelle du mercredi, et mon désir est tout d’abord de renouveler à chacun de vous mes vœux les plus fervents. Je vous remercie de votre présence si nombreuse et je rends grâce au Seigneur pour le beau soleil qu’il nous donne aujourd’hui. Au cours de la Veillée pascale, l’annonce suivante a retenti: « Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia! ». A présent, c’est lui-même qui nous parle: « Je ne mourrai pas – proclame-t-il – je resterai en vie ». Il dit aux pécheurs: « Recevez la rémission des péchés. En effet, c’est moi qui suis votre rémission ». Enfin, il répète à tous: « Je suis la Pâque du salut, l’Agneau immolé pour vous, moi votre rachat, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. Moi, je vous montrerai le Père ». Ainsi s’exprime un écrivain du II siècle, Méliton de Sardes, en interprétant avec réalisme les paroles et la pensée du Ressuscité (Méliton de Sardes, Sur la Pâque, 102-103). Au cours de ces journées, la liturgie rappelle plusieurs rencontres que Jésus eut après sa résurrection: avec Marie-Madeleine et les autres femmes qui étaient allées au sépulcre de bon matin, le jour suivant le samedi; avec les Apôtres réunis incrédules au Cénacle; avec Thomas et les autres disciples. Ces diverses apparitions constituent également pour nous une invitation à approfondir le message fondamental de la Pâque. Elles nous incitent à reparcourir l’itinéraire spirituel de ceux qui ont rencontré le Christ et qui l’ont reconnu lors des premiers jours après les événements pascals. L’évangéliste Jean rapporte que Pierre et lui-même, ayant entendu la nouvelle annoncée par Marie-Madeleine, étaient accourus, presque en compétition, vers le sépulcre (cf. Jn 20, 3sq). Les Pères de l’Eglise ont vu dans leur hâte à se presser vers la tombe vide une exhortation à l’unique compétition légitime entre les croyants: la compétition dans la recherche du Christ. Et que dire de Marie-Madeleine? En pleurs, elle reste à côté de la tombe vide avec l’unique désir de savoir où l’on a emporté son Maître. Elle le retrouve et le reconnaît lorsqu’Il l’appelle par son nom (cf. Jn 20, 11-18). Nous aussi, si nous cherchons le Seigneur avec une âme simple et sincère, nous le rencontrerons, ce sera même Lui qui viendra à notre rencontre; il se fera reconnaître, il nous appellera par notre nom, c’est-à-dire qu’il nous fera entrer dans l’intimité de son amour. Aujourd’hui, Mercredi de l’Octave de Pâques, la liturgie nous fait méditer sur une aure rencontre singulière du Ressuscité, celle avec les deux disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35). Alors qu’ils rentraient chez eux, inconsolables, le Seigneur se mit en marche avec eux sans qu’ils le reconnaissent. Ses paroles, commentant les Ecritures qui le concernaient, rendirent ardents le cœur des deux disciples qui, parvenus à destination, lui demandèrent de rester avec eux. A la fin, lorsqu’Il « prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna » (v. 30), leurs yeux s’ouvrirent. Mais à cet instant même, Jésus disparut de leur vue. Ils le reconnurent donc lorsqu’il disparut. Commentant cet épisode évangélique, saint Augustin observe: « Jésus partage le pain, ils le reconnaissent. Alors, ne disons plus que nous ne connaissons pas le Christ ! Si nous croyons, nous le connaissons! Mieux encore, si nous croyons, nous l’avons! Ils avaient le Christ à leur table, nous l’avons dans notre âme! ». Et il conclut: « Avoir le Christ dans son cœur représente beaucoup plus que l’avoir dans sa propre demeure: en effet, notre cœur est plus proche de nous-mêmes que notre maison » (Discours 232, VII, 7). Cherchons vraiment à porter Jésus dans notre cœur. Dans le prologue des Actes des Apôtres, saint Luc affirme que le Seigneur ressuscité « c’est à eux [les apôtres] qu’il s’était montré vivant après sa Passion: il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu » (1, 3). Il faut bien comprendre: lorsque l’auteur saint dit « qu’il s’était montré vivant » cela ne veut pas dire que Jésus était revenu à la vie d’avant, comme Lazare. La Pâque que nous célébrons, observe saint Bernard, signifie « passage » et non « retour », car Jésus n’est pas revenu dans la situation précédente, mais « il a franchi une frontière vers une condition plus glorieuse », nouvelle et définitive. C’est pourquoi, il ajoute, « à présent, le Christ est vraiment passé à une vie nouvelle » (cf. Discours sur la Pâque). Le Seigneur avait dit à Marie-Madeleine: « Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père » (Jn 20, 17). C’est une expression, qui nous surprend, surtout si on la compare avec ce qui se passe, en revanche, avec Thomas l’incrédule. Là, au Cénacle, ce fut le Ressuscité lui-même qui présenta ses mains et son côté à l’Apôtre pour qu’il les touche et en tire la certitude que c’était vraiment Lui (cf. Jn 20, 27). En réalité, les deux épisodes ne sont pas en opposition; au contraire, l’un aide à comprendre l’autre. Marie-Madeleine voudrait à nouveau avoir son Maître comme avant, considérant la croix comme un souvenir dramatique à oublier. Mais désormais il n’y a plus de place pour une relation avec le Ressuscité qui soit purement humaine. Pour le rencontrer il ne faut pas revenir en arrière, mais se mettre d’une nouvelle façon en relation avec Lui: il faut aller de l’avant! C’est ce que souligne saint Bernard: Jésus « nous invite tous à cette vie nouvelle, à ce passage… Nous ne verrons pas le Christ en nous tournant en arrière » (Discours sur la Pâque). C’est ce qui s’est passé pour Thomas. Jésus lui montre ses blessures non pour oublier la croix, mais pour la rendre inoubliable également à l’avenir. En effet, c’est vers l’avenir que le regard est désormais tourné. Le devoir du disciple est de témoigner de la mort et de la résurrection de son Maître et de sa vie nouvelle. C’est pourquoi Jésus invite son ami incrédule à « le toucher »: il veut en faire un témoin direct de sa résurrection. Chers frères et sœurs, nous aussi, comme Marie Madeleine, Thomas et les autres apôtres, nous sommes appelés à être des témoins de la mort et de la résurrection du Christ. Nous ne pouvons pas garder la grande nouvelle pour nous. Nous devons l’apporter au monde entier: « Nous avons vu le Seigneur! » (Jn 20, 25). Que la Vierge Marie nous aide à goûter pleinement la joie pascale, pour que, soutenus par la force de l’Esprit Saint, nous devenions capables de la diffuser à notre tour partout où nous vivons et nous œuvrons. Encore une fois, Bonne Pâques à vous tous!
MÉDITATIONS POUR LE TEMPS PASCAL – P. MICHEL HUBAUT, FRANCISCAIN
29 mars, 2016http://www.croire.com/Definitions/Fetes-religieuses/Paques/Meditations-pour-le-temps-pascal
MÉDITATIONS POUR LE TEMPS PASCAL – P. MICHEL HUBAUT, FRANCISCAIN
Pour approfondir le sens de la Résurrection dans nos vies, voici quelques textes de croyants contemporains.
Chaque fête de Pâques est l’occasion de se rappeler que la résurrection n’est pas ce qui doit arriver après notre mort, mais une réalité nouvelle qui commence aujourd’hui. Chacun de nous façonne, jour après jour, son visage d’éternité. Comme pour le papillon qui sort de sa chrysalide, il faut du temps pour que l’homme ressuscite, émerge de sa gangue de terre et devienne un fils de Dieu, un enfant de lumière. Maurice Zundel se demandait souvent combien d’hommes et de femmes émergent consciemment de leur « moi » biologique préfabriqué pour devenir réellement des hommes vivants, des personnes libres et responsables de leur destin. Sans doute, toutes leurs potentialités spirituelles arriveront-elles, un jour, à maturité, mais probablement pas sur terre ! Il est inutile de chercher à imaginer ce que nous devenons après notre mort, si, en accueillant le Christ pascal, nous ne commençons pas dès maintenant à devenir des vivants. Rappelons-nous que dans la tradition chrétienne il y a deux naissances. La première, biologique, que nous n’avons pas choisie, qui nous est donnée. Et une « seconde naissance », celle dont parle le Christ, quand il nous dit qu’il nous faut « renaître d’en-haut » par l’accueil et la croissance de son Esprit. La résurrection est une victoire quotidienne sur les forces de mort. L’au-delà est une réalité déjà présente, intérieure à nous-mêmes. Cette vie nouvelle du Christ ressuscité doit devenir « l’au-dedans » de notre vie quotidienne. Se convertir, c’est sans cesse passer du dehors, de l’écorce superficielle des choses au « dedans », rencontrer l’intimité de Dieu au plus intime de nous-mêmes, lui qui est la vie de notre vie. Rencontrer le Christ de Pâques, c’est déjà re-naître, c’est s’affranchir de toutes nos servitudes. L’homme qui accueille, jour après jour son amour vivant et créateur, devient lui aussi un vivant et un créateur. Notre avenir se joue dans notre réponse à cet amour victorieux qui s’offre gratuitement à nous. C’est ce don de nous-mêmes qui nous construit, nous structure comme homme, nous ressuscite comme fils de Dieu. La résurrection, l’au-delà, c’est Dieu intime à nous-mêmes qui nous intériorise et nous libère du moi préfabriqué. Devenir un homme, une personne, sortir de son moi infantile, biologique, égocentrique et mortel, c’est rencontrer le Dieu vivant. Naître, c’est centrer toutes ses énergies pour aimer comme lui, faire de toute son existence un don de soi-même. La Résurrection de l’homme s’enracine dans ce dynamisme de l’amour qui « humanise » notre moi biologique, nous fait « passer » du moi possessif, fermé sur lui-même, au moi oblatif. Celui qui naît à l’amour, par l’amour, devient immortel puisque l’amour est l’être même de Dieu. Cet amour est notre devenir. C’est lui qui personnalise et divinise l’homme qui, comme saint François, n’est plus terrorisé par la mort biologique, car elle n’est plus qu’un « passage » de notre liberté d’aimer à un autre niveau, d’une ampleur nouvelle. Dieu nous a créés pour devenir des créateurs. Nous devons nous libérer de la pesanteur des déterminismes pour devenir le sanctuaire de la lumière et de l’amour. Telle est le mystère de la transfiguration chrétienne, qui est un mystère d’intériorisation, de personnalisation, de divinisation. Il s’agit de devenir véritablement un « homme » dont l’espace intérieur est devenu assez grand pour accueillir la vie même de Dieu. Et accueillir Dieu, c’est devenir un vivant qui possède en lui tout l’univers. L’immortalité n’est pas ce qui arrive après la mort, elle advient, aujourd’hui et maintenant, chaque fois que l’homme se dépasse pour aimer. C’est chaque jour que nous « immortalisons » notre vie. C’est chaque jour que nous ressuscitons un peu plus. Voilà la nouvelle naissance à laquelle le Christ nous invite quand on atteint sa maturité spirituelle. Maturité qui entraînera aussi notre corps, car les énergies de l’amour vont aussi transfigurer notre corps, comme celui du Christ, libéré des contraintes de notre univers, sans être pour autant désincarné. Notre mort n’est pas un anéantissement, mais un mûrissement, un accomplissement, un passage -une Pâque- vers notre véritable identité.