Archive pour le 3 mars, 2016
AIMER QU’EST-CE QUE C’EST ?
3 mars, 2016http://www.1000questions.net/fr/50q/50q01-fr.htm
AIMER QU’EST-CE QUE C’EST ?
C’est génial ! Comment vivre sans être aimé ? Et sans aimer ? Mais gare au toc. Le reflet n’est pas la lumière, le miroir n’est pas le visage. La femme de ma vie n’est pas la femme d’un instant. Se contenter de peu en amour, ce n’est pas connaître l’amour. Parmi beaucoup de façons d’aimer, il y a l’amitié, l’amour des parents pour leurs enfants, l’amour de dévouement. L’amour exclusif d’une femme et d’un homme qui s’unissent par le mariage. L’amour qui nous saisit pour le bien ultime. Pour trouver la vérité de l’amour entre un homme et une femme, première question : qu’est-ce qui en lui, en elle, exerce sur moi cette attraction ? • Est-ce l’utilité ou les services qu’il peut me rendre ? • Est-ce le plaisir (quel qu’il soit) que j’éprouve auprès de lui ou que nous pouvons partager ensemble ? • Est-ce les sentiments que j’éprouve à son égard ? Une relation ainsi fondée, on le sent bien, serait imparfaite : l’autre tend à y être réduit à un objet. Il est un moyen pour moi. Paradoxalement, c’est en fait vers moi que je suis tourné… Aimer vraiment, c’est aimer l’autre pour lui-même. Un amour profond, c’est d’abord être attiré par l’autre de telle manière que je désire son bonheur. Je ne l’aime pas seulement pour ce qu’il peut m’apporter, mais je l’aime en premier lieu parce que c’est lui (ou elle). A plus forte raison, dans une telle relation, les deux personnes seront susceptibles d’éprouver des sentiments, du plaisir ou de se rendre mutuellement service. Mais ce qui fonde la relation, c’est la personne elle-même, au-delà de ses qualités ou défauts apparents. Aimer, cela implique donc de ma part un choix libre : c’est décider d’aimer l’autre, de me tourner librement et résolument vers lui. On ne peut véritablement aimer sans un certain don de notre liberté à l’autre. Cette décision suppose d’être réciproque, car c’est la condition de la relation. Ainsi chercher le bonheur de celui ou celle qui m’aime, c’est contribuer à mon propre bonheur. Tel est l’amour, don mutuel et libre. Bien sûr, cela n’est pas toujours facile pour autant. Nous sommes tous soumis aux changements d’humeur, à la routine de la vie quotidienne, aux épreuves qui peuvent subvenir, à notre égoïsme aussi. L’amour est fragile… Est-ce que je l’aimerai encore dans vingt ans ? Suis-je capable de supporter tel ou tel de ses défauts ? L’amour est-il possible pour la vie ? Dans l’épreuve, la maladie ? En réalité, si notre relation s’enracine dans une décision libre et réciproque, elle peut grandir. Car l’amour, cela n’est pas donné une fois pour toutes. Méfions-nous du “coup de foudre” qui, même s’il est exaltant, n’est en définitive qu’une émotion très forte qui ne manifeste pas forcément un amour profond. Si l’amour est une relation personnelle, alors il se construit et s’approfondit avec le temps et dans une confiance de plus en plus grande l’un pour l’autre. Cela s’entretient, se renouvelle au jour le jour à travers des gestes et des attitudes qui manifestent à l’autre la place privilégiée qu’il occupe dans notre vie. Et les événements, les épreuves ou les joies partagées peuvent ainsi contribuer à une intimité de plus en plus grande, dans la mesure où, par-delà les difficultés, nous nous tournons l’un vers l’autre. L’amour n’est donc pas simple fusion de deux personnes, mais don mutuel de deux êtres libres avec tout ce qu’ils sont : corps, cœur et esprit, ainsi que ce bien très précieux qu’est notre vie. La logique de l’amour, c’est d’aspirer à un don définitif. Seule une décision réciproque et pour la vie permet à l’amour humain d’atteindre un certain absolu et est susceptible de combler notre cœur. Pour le chrétien, la source et le modèle de tout amour, c’est Dieu. Il est l’amour au-delà de tout amour, réussi ou malheureux. Il nous aime avant que nous n’aimions et il nous aime encore quand nous ne sommes plus aimés. N’est-il pas ce bien ultime que nous cherchons ?
Témoignage A douze ans, l’adolescence a été pour moi comme un raz de marée. Bouleversée intérieurement par des tensions nouvelles très fortes — désir sexuel, recherche de moi-même dans le regard des autres, besoin de paraître adulte, etc. — j’ai été aussi confrontée en camp de jeunes à une conception de l’amour (relations garçons-filles, pornographie…) que je ne connaissais pas dans ma famille, très sobre sur le sujet. Ce cocktail m’a complètement destructurée. J’ai commencé à appeler BIEN ce qui auparavant me semblait MAL. Inversion des valeurs qui m’a permis, en vrac, de vivre des expériences sexuelles diverses et variées, d’abandonner mes projets d’études, de trahir la confiance de mes parents, de faire l’expérience de la drogue et de l’alcool, etc. Je vivais alors selon deux principes : — plus je vivrai d’expériences, plus ma vie sera intéressante, — tout, tout de suite. J’ai été stoppée dans ma course étourdissante par une aventure qui a très mal tourné, quand, partie pour m’amuser, je me suis trouvée en face d’une bande de gars qui eux ne rigolaient pas et qui voulaient régler son compte à une petite minette inconséquente. Première traversée du désert, fracture, dégoût de moi et des autres.
La phase suivante, à partir de 16 ans, a consisté en une recherche de l’amour de plus en plus profonde, mais aussi biaisée. Etre aimée, tout faire pour cela. Aimer aussi, mais en me faisant piéger très vite par le mélange des sentiments (amitié/attirance), et toujours le “tout tout de suite” et “rien demain”. Au total, un champ de ruines, souvenir d’amitiés désagrégées, de grand amour tournant en eau de boudin, de beaux principes qui ne tiennent pas la route… Deuxième rupture intérieure, deuxième traversée du désert. Un désert sans Dieu, car je ne me sentais concernée en rien par la question de Dieu, la spiritualité, ou une quelconque inquiétude métaphysique. Un dossier classé avant d’avoir été ouvert. Pourtant, j’avais au fond de moi, depuis toujours, un grand désir d’aimer et de vivre un grand amour, définitif et radical. Mais qu’est-ce que j’en faisais ? Et comment faire ?
Christine
SAINT PAUL – IL N’Y A PLUS NI ESCLAVE NI HOMME LIBRE.
3 mars, 2016http://www.traces-cl.fr/?id=500&id_n=225
SAINT PAUL – IL N’Y A PLUS NI ESCLAVE NI HOMME LIBRE.
par José Miguel Garcia
20/05/2014 -
Saint Paul demande à Philémon de traiter son serviteur Onésime comme un frère. Ses courriers étaient des lettres adressées à des amis. Dans ces lignes, il y avait une semence destinée à révolutionner l’histoire. Il y a quelques années, alors que je donnais un cours à l’université sur Les origines du christianisme, un étudiant avait mis en évidence des incohérences et contradictions présumées du christianisme, dans le but de montrer la fausseté de la proposition de vie de l’Église. Entre autres, il pointait du doigt le problème de l’esclavage. On pourrait résumer ainsi sa question, assez hautaine: «Comment est-ce possible que le christianisme prêche l’égalité entre les hommes et que, en même temps, il justifie l’esclavage? Car saint Paul, dans ses lettres, rappelle les esclaves à l’obéissance et à la fidélité envers leurs maîtres». En effet, en plusieurs passages de ses lettres (aux Colossiens, à Timothée), l’Apôtre conseille aux esclaves de bien se comporter avec leurs maîtres: «Vous, les esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas comme au Christ, avec crainte et profond respect, dans la simplicité de votre cœur. Ne le faites pas seulement d’une obéissance toute extérieure qui cherche à plaire aux hommes, mais comme des esclaves du Christ qui accomplissent la volonté de Dieu de tout leur cœur, et qui font leur travail d’esclaves volontiers, pour le Seigneur et non pour des hommes» (Éph 6,5-7). QUELLE SOLUTION? Cependant, c’est justement en regardant ces lettres, qu’on peut voir avec clarté une des dynamiques les plus marquantes de la présence chrétienne dans le monde. Il s’agit d’écrits “privés”, envoyés à des amis ou des communautés d’amis. Un rien, face à la toute-puissance de l’apparat culturel et juridique de l’Empire. Pourtant, il y avait dans ces lettres quelque chose qui, dans les siècles, était destiné à changer l’histoire, même sur ce point décisif. Pour saisir la pensée de saint Paul, il est nécessaire de comprendre le contexte de l’institution sociale de l’esclavage dans le monde ancien. Les historiens estiment qu’environ la moitié de la population de l’époque était constituée d’esclaves, la plupart d’entre eux venant de butins de guerres. L’économie était régie en grande partie par les travaux réalisés par les esclaves. Dans ce contexte, il est difficile d’imaginer que le christianisme naissant eût pu ressentir l’urgence de s’attaquer à l’institution de l’esclavage. Il s’agissait d’un problème énorme, dont la solution impliquait un changement radical de la société. Il suffit de penser à la révolte des esclaves, guidée par Spartacus, contre laquelle Rome déchaîna toute sa fureur, jusqu’à la faire disparaître complètement. LA SUPPLICATION. Néanmoins, le christianisme naissant introduisait dans le monde une nouveauté qui, avec le temps, allait changer la société. La nouveauté était la personne du Christ, qui révèle la dignité de tout homme, et réalise ainsi l’égalité. C’est pour cela que, dans ses lettres, saint Paul non seulement conseille aux esclaves l’obéissance à leurs maîtres par amour du Christ, mais, en même temps, il invite ces maîtres à bien traiter leurs esclaves, au nom du Christ: «Et vous, les maîtres, agissez de même avec vos esclaves, laissez de côté les menaces. Car vous savez bien que, pour eux comme pour vous, le Maître est dans le ciel, et qu’il ne fait pas de différence selon les personnes» (Éph 6,9). Mais le texte paulinien le plus significatif au sujet de l’esclavage, est certainement la lettre à Philémon. Quand il l’écrit, saint Paul est en prison. Onésime, l’esclave fugitif de la maison de Philémon, venait de Colosses (comme on peut lire en Col 4,9). La raison de la fuite d’Onésime n’est pas indiquée dans le texte, mais on peut comprendre qu’en quelque sorte, il avait causé du tort à son maître. Et il est probable que le dégât provoqué fut assez grave, si bien qu’Onésime va demander l’aide d’un ami de son maître, en allant le chercher jusqu’en prison. Il était certainement au courant de la grande influence de saint Paul sur son maître. Après la salutation et l’action de grâce, le contenu de ce courrier est une intercession pour Onésime. Dans sa lettre, Paul affirme clairement la conversion au christianisme d’Onésime, qui est même devenu son collaborateur dans la prédication de l’Évangile (v. 13; Col 4,9). Sachant que tout esclave fugitif devait être rendu à son maître, Paul le renvoie de nouveau à Philémon, le suppliant de l’accueillir non seulement en tant qu’esclave, mais en tant que frère. Dans cette lettre, nous ne trouvons pas une réflexion au sujet de l’esclavage; cependant, la manière d’aborder le problème concret de la fuite d’Onésime nous montre avec clarté que la foi introduit une nouvelle conception de la réalité, et donc une nouvelle façon de la vivre. Saint Paul ne fait aucune allusion à l’abolition de l’esclavage, mais sa manière de traiter Onésime, ainsi que le rappel fait à son maître Philémon de l’accueillir comme un frère, introduit un nouvel ordre, un lien social différent de celui que l’on vivait à l’époque. En abordant ainsi le problème d’Onésime, Paul dépasse les grandes barrières de la société de son temps. C’est le Christ, qui élimine ces barrières: «Vous tous que le Baptême a uni au Christ, vous avez revêtu le Christ; il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus» (Gal 3,27-28). Dans ce texte, Paul exprime avec clarté le fait que la foi engendre une nouvelle relation entre les hommes: «J’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ […] S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé: il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur» (v. 10.15-16). Cette nouveauté dans les relations les plus proches, c’est le début d’un changement social. Comme nous le rappelle don Giussani, «le monde ne peut être changé que par un fragment de monde déjà changé. Toute autre tentative de changement du monde qui nous entoure, s’il ne part pas de ce qui est le plus proche, est velléitaire; et la proximité la plus proche est celle de se retrouver les uns avec les autres, émus par le même accent de l’annonce chrétienne, c’est-à-dire de la même vocation». Le grand souci de Paul est aussi que tous les chrétiens regardent et affirment le Christ, au-dessus de toute chose. C’est pour cela, qu’il arrive à dire: «Chacun doit rester dans la situation où il a été appelé. Toi qui étais esclave quand tu as été appelé, ne t’en inquiète pas; même si tu as la possibilité de devenir libre, tire plutôt profit de ta situation. En effet, l’esclave qui a été appelé par le Seigneur est un affranchi du Seigneur; de même, l’homme libre qui a été appelé est un esclave du Christ. Vous avez été achetés à un grand prix, ne devenez pas esclaves des hommes. Frères, chacun doit rester devant Dieu dans la situation où il a été appelé» (1Cor 7,20-24). JUSQU’A LA LOI. Dans notre vie, le point décisif est de suivre Jésus, dans la situation vécue par chacun. Tous sont un dans le Christ, qui est le Seigneur de tous. Dans la communauté chrétienne, ce n’est pas le statut social ou ce que l’on possède qui définit la personne, mais bien l’appartenance au Christ. C’est pour cela que des esclaves seront ordonnés prêtres, et pourront exercer des activités de gouvernement. Nous savons que Pie 1er (IIe siècle) et Calliste 1er (IIIe siècle) étaient des esclaves, et qu’ils furent élus Évêques de Rome. Dans les siècles suivants, on voit bien que cette conception va changer aussi ce qui est autour, jusqu’à la société. Jusqu’à combattre l’esclavage, même légalement. Elles apparaissaient comme bien peu de chose, ces lettres de saint Paul. Mais le vrai changement de l’homme, la possibilité de construire une société plus juste, prend son origine dans le Christ, puisque ce n’est qu’en Lui que l’humanité se révèle et s’accomplit. En dehors de cette relation, n’importe quelle tentative de solution des problèmes humains n’est que mensonge, et introduit une violence encore plus grande. Sa Présence, par contre, change l’histoire.