Archive pour février, 2016

SYMBOLISME DE LA CENDRE

10 février, 2016

http://www.dictionnairedessymboles.fr/article-symbolisme-de-la-cendre-102008147.html

SYMBOLISME DE LA CENDRE

Publié le 21 mars 2012 par Miss Dico

Résumé La cendre symbolise l’humilité, la mortification, la pénitence, l’annihilation, la régénérescence, la fertilité de la terre, le principe yang.

La cendre est le résidu d’un corps organique après sa calcination. Les cendres sont poussières inertes, sans vie car celle-ci s’en est allée avec l’extinction du feu. Elles se dispersent au vent et se répandent sur la terre ou se dissolvent dans l’eau. La cendre nous renvoie à notre peu d’importance, notre misérable et éphémère condition humaine. Elle nous invite à observer l’humilité devant l’Univers. La cendre est ce qui reste de ce qui a été vivant. L’absence de vie ne signifie pas obligatoirement la mort qui, elle, peut être considérée comme une autre forme de vie. La cendre représente le néant, ou plus exactement le ni-vivant-ni-mort, un état amorphe tel qu’il était avant la Création de l’univers selon différents mythes. Mais la cendre est aussi devenue, au XXe siècle, un symbole de destruction totale : une ville réduite en cendres par les bombardements, la Shoah et ses fours crématoires, les bombes nucléaires, toutes évoquent l’annihilation, la désolation et la mort à grande échelle, l’extermination, l’horreur. Le feu qui couve sous la cendre est un feu caché, le feu de vie invisible à nos yeux et qui est sacré. Dans ce cas, la cendre est encore chaude et maintient la vie, elle la protège. La cendre partage ici le symbolisme de la grotte et de la caverne, ainsi que de la matrice. Mais si l’on jette de l’eau sur cette cendre, le liquide éteint la braise et détruit le feu vital ; il ne laissera que de la matière inerte et froide. C’est pourquoi la tradition chinoise fait un distinguo entre cendre sèche et cendre humide. « Selon Lieu-Tseu, la vision de cendres humides était un présage de mort » [1]. Toutefois, dans de nombreuses cultures, la cendre humide garde tout son pouvoir de régénérescence. Les ascètes indiens couvrent leur corps de cendre humide. Cette cendre est la nourriture du dieu du Feu. La cendre est associée au principe yang, au soleil, à l’or, au feu, ainsi qu’à la sécheresse. Dans certains rituels, la cendre est utilisée pour obtenir la pluie [2]. L’eau est son élément opposé, mais aussi son complémentaire. Le feu symbolise l’Esprit, principe masculin ; l’eau symbolise l’Âme, principe féminin. Urne funéraire antiquePar le feu, le corps du défunt se réduit en cendres que l’on conserve dans une urne funéraire. C’est tout ce qui reste du mort après sa purification. Dans certaines culture, on mêle les cendres funéraires à de la nourriture, ou à une boisson pour absorber les vertus du mort [3]. Au Tibet, les lamas mélangent la cendre des saints à de l’argile pour en faire des statuettes de Bouddha. Autrefois, et encore de nos jours dans certaines régions du monde, avant de semer, les paysans versaient de la cendre dans leurs champs pour fertiliser le sol ; ils en mélangeaient aux grains des silos pour les prémunir de la putréfaction. On se servait de la cendre pour rendre le linge plus blanc. Elle est douce, fine, très légèrement abrasive,  absorbe et dissout les graisses, raisons pour lesquelles elle entrait autrefois dans la composition des lessives et du savon. La cendre nettoie, purifie. Elle sert aussi à rendre brillant certains métaux (cuivre, laiton, argent).

Religions Dans la Genèse, Abraham s’exprime ainsi : Je suis bien hardi de parler à mon Seigneur, moi qui ne suis que poussière et cendre (Gen. 18, 27), c’est-à-dire pas grand-chose. Poussière et cendre représentent ici l’humilité dont on doit faire preuve en s’adressant à Dieu. On trouve dans la Bible d’autres sens symboliques à la cendre, ceux de la mortification et de la pénitence. La coutume des peuples sémites (Hébreux, Arabes) de se répandre de la cendre sur la tête en signe de repentir est décrite dans le deuxième livre de Samuel – 13, 19 : Ammon fils de David viola sa sœur Tamar et la chassa de sa maison. Déshonorée, Tamar répandit de la cendre sur sa tête et déchira sa tunique de princesse. Le premier jour du carême chrétien, le mercredi des Cendres, le prêtre trace une croix sur le front des fidèles. Le rituel du mercredi des Cendres (jour de Mercure, Hermès) arrive après le jour de Mars, dieu de la guerre (le mardi) et révèle un symbolisme alchimique. Il symbolise la dissolution du corps [4]. Le carême, période de pénitence, culmine avec Pâques, jour de la Résurrection.

Alchimie En alchimie, la cendre, comme le sel, est une manifestation de l’albedo (l’œuvre au blanc), la « terre blanche foliée » issue de la combustion des impuretés. « Une fois le désir libéré de la compulsion, l’amertume peut devenir sagesse ». La cendre est la substance du « corps incorruptible » ou « diadème du cœur », la « simplicité paradoxale de la connaissance de soi » [5].

Le Phénix Renaître de ses cendres, tel le phénix, sous-entend que l’étincelle de vie est toujours présente dans la cendre. Elle est donc indestructible et permet la régénération. Le feu caché sous la cendre, incorruptible  est symboliquement similaire à cet os du talon du Christ nommé luz par les alchimistes [6].

 

 

FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR XXe JOURNÉE DE LA VIE CONSACRÉE – HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

10 février, 2016

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2016/documents/papa-francesco_20160202_omelia-vita-consacrata.html

FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR XXe JOURNÉE DE LA VIE CONSACRÉE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane

Mardi 2 février 2016

Devant notre regard, se déroule un fait simple, humble et grand : Jésus est conduit par Marie et Joseph au temple de Jérusalem. C’est un enfant comme tant d’autres, comme tous, mais il est unique : c’est le Fils unique venu pour tous. Cet enfant nous a apporté la miséricorde et la tendresse de Dieu : Jésus est le visage de la miséricorde du Père. C’est l’icône que l’Évangile nous offre au terme de l’année de la vie consacrée, une année vécue avec tant d’enthousiasme. Celle-ci, comme un fleuve, se jette à présent dans la mer de la miséricorde, dans cet immense mystère d’amour dont nous faisons l’expérience avec le jubilé extraordinaire. La fête d’aujourd’hui, en particulier en Orient, est appelée fête de la rencontre. En effet, dans l’Évangile qui a été proclamé, nous voyons diverses rencontres (cf. Lc 2, 22-40). Dans le temple, Jésus vient à notre rencontre et nous allons à sa rencontre à Lui. Nous contemplons la rencontre avec le vieux Siméon, qui représente l’attente fidèle d’Israël et l’exultation du cœur pour l’accomplissement des antiques promesses. Nous admirons également la rencontre avec Anne, la prophétesse âgée qui en voyant l’Enfant exulte de joie et de louange à Dieu. Siméon et Anne sont l’attente et la prophétie, Jésus est la nouveauté et l’accomplissement : Il se présente à nous comme la surprise de Dieu éternelle ; dans cet enfant né pour tous se rencontrent le passé, fait de mémoire et de promesses, et l’avenir, plein d’espérance. Nous pouvons voir en cela le début de la vie consacrée. Les personnes consacrées, hommes et femmes, sont tout d’abord appelées à être des hommes et des femmes de la rencontre. En effet, la vocation ne démarre pas d’un projet que nous avons étudié « à un bureau », mais d’une grâce du Seigneur qui nous rejoint, à travers une rencontre qui change la vie. Celui qui rencontre vraiment Jésus ne peut pas rester semblable à celui qu’il était avant. Il est la nouveauté qui rend toutes les choses nouvelles. Celui qui vit cette rencontre devient témoin et rend possible la rencontre pour les autres; et il devient également le promoteur de la culture de la rencontre, évitant l’autoréférentialité qui nous renferme sur nous- mêmes. Le passage de la lettre aux Hébreux, que nous venons d’écouter, nous rappelle que Jésus lui-même, pour venir à notre rencontre, n’a pas hésité à partager notre condition humaine : « Puisque les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y participa pareillement » (v. 14). Jésus ne nous a pas sauvés « de l’extérieur », il n’est pas resté en dehors de notre drame, mais il a voulu partager notre vie. Les personnes consacrées sont appelées à être un signe concret et prophétique de cette proximité de Dieu, de ce partage de la condition de fragilité, de péché et de blessures de l’homme de notre temps. Toutes les formes de vie consacrées, chacune selon ses caractéristiques, sont appelées à être en état permanent de mission, en partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de ceux qui souffrent » (Gaudium et spes, n. 1). L’Évangile nous dit aussi que « le père et la mère de Jésus étaient dans l’étonnement de ce qui se disait de lui » (v. 33). Joseph et Marie conservent l’étonnement de cette rencontre pleine de lumière et d’espérance pour tous les peuples. Et nous aussi, comme chrétiens et comme personnes consacrées, nous sommes les gardiens de leur étonnement. Un étonnement qui demande à être toujours renouvelé; faites attention aux habitudes dans la vie spirituelle ; attention à cristalliser nos charismes en une doctrine abstraite: les charismes des fondateurs — comme je l’ai dit d’autres fois — ne sont pas à sceller dans des bouteilles, ne sont pas des pièces de musée. Nos fondateurs ont été animés par l’Esprit et n’ont pas eu peur de se salir le mains dans la vie quotidienne, avec les problèmes des personnes, en parcourant avec courage les périphéries géographiques et existentielles. Ils ne se sont pas arrêtés devant les obstacles et les incompréhensions des autres, car ils ont conservé dans leur cœur l’étonnement de la rencontre avec le Christ. Ils n’ont pas apprivoisé la grâce de l’Évangile ; ils ont toujours eu dans leur cœur une saine inquiétude pour le Seigneur, un désir poignant de l’apporter aux autres, comme l’ont fait Marie et Joseph au temple. Nous aussi, nous sommes appelés aujourd’hui à accomplir des choix prophétiques et courageux. Pour finir, la fête d’aujourd’hui nous apprend à vivre la gratitude pour la rencontre avec Jésus et pour le don de la vocation à la vie consacrée. Remercier, rendre grâces : Eucharistie. Comme cela est beau quand nous rencontrons le visage heureux de personnes consacrées, peut-être déjà âgées comme Siméon ou Anne, contentes et pleines de gratitude pour leur vocation. Il s’agit d’un mot qui peut synthétiser tout ce que nous avons vécu au cours de cette année de la vie consacrée : gratitude pour le don de l’Esprit Saint, qui anime toujours l’Église à travers les divers charismes. L’Évangile se conclut par cette expression : « L’enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui » (v. 40). Puisse le Seigneur Jésus, par l’intercession maternelle de Marie, grandir en nous, et accroître en chacun le désir de la rencontre, la préservation de l’étonnement et la joie de la gratitude. D’autres personnes seront alors attirées par sa lumière, et pourront rencontrer la miséricorde du Père. À l’issue de la célébration, le Pape a improvisé les paroles suivantes sur le parvis de la basilique : Chers frères et sœurs consacrés, merci beaucoup ! Vous avez participé à l’Eucharistie, et malgré la fraîcheur du temps, votre cœur brûle ! Merci de terminer ainsi, tous ensemble, cette année de la vie consacrée. Et allez de l’avant ! Chacun de nous a une place, a un travail dans l’Église. S’il vous plaît, n’oubliez pas la première vocation, le premier appel. Gardez-en la mémoire ! C’est avec cet amour avec lequel vous avez été appelés que le Seigneur continue aujourd’hui à vous appeler. Ne rabaissez pas, ne rabaissez pas cette beauté, cet étonnement du premier appel. Et ensuite continuez à travailler. Cela est beau ! Continuez. Il y a toujours quelque chose à faire. La chose principale est de prier. La « moelle » de la vie consacrée est la prière : prier ! Et vieillir ainsi, mais vieillir comme le bon vin ! Je vous dis une chose. J’aime beaucoup rencontrer ces religieuses ou ces religieux âgés, mais avec des yeux brillants, car le feu de la vie spirituelle brûle en eux. Il ne s’est pas éteint, ce feu ne s’est pas éteint ! Allez de l’avant aujourd’hui, chaque jour, et continuez à travailler et à envisager le lendemain avec espérance, en demandant toujours au Seigneur qu’il nous envoie de nouvelles vocations, ainsi notre œuvre de consécration pourra aller de l’avant et bien semer. Que ceux qui viennent après nous puissent recevoir l’héritage que nous leur laisserons.

À présent, adressons une prière à la Vierge. Je vous salue Marie… [Bénédiction].

Bonne soirée et priez pour moi !

Joel 2:13 “Rend your hearts and not your garments

9 février, 2016

Joel 2:13 “Rend your hearts and not your garments dans images sacrée rend_heart_copperscroll

http://www.thepropheticscroll.org/home/50-editions/general/358-edition-222.html

MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES 2013 – PAPE BENOÎT XVI

9 février, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2013/documents/hf_ben-xvi_hom_20130213_ceneri.html

MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES

(les lectures sont les mêmes qui sont lus demain)

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane

MERCREDI DES CENDRES, 13 FÉVRIER 2013

Vénérés frères,

Chers frères et sœurs !

Aujourd’hui, Mercredi des Cendres, nous commençons un nouveau chemin de Carême, un chemin qui se déroule pendant quarante jours et qui nous conduit à la joie de la Pâque du Seigneur, à la victoire de la Vie sur la mort. Suivant l’antique tradition romaine des stations de Carême, nous nous sommes réunis aujourd’hui pour la Célébration de l’Eucharistie. Cette tradition prévoit que la première statio ait lieu dans la Basilique Sainte Sabine sur la colline de l’Aventin. Les circonstances ont suggéré de se rassembler dans la Basilique vaticane. Ce soir, nous sommes nombreux autour de la Tombe de l’apôtre Pierre, pour demander aussi son intercession pour la marche de l’Église en ce moment particulier, renouvelant notre foi dans le Pasteur Suprême, le Christ Seigneur. Pour moi, c’est une occasion propice pour vous remercier tous, spécialement les fidèles du Diocèse de Rome, tandis que je m’apprête à conclure mon ministère pétrinien, et pour demander un souvenir particulier dans la prière. Les lectures qui ont été proclamées nous offrent des aspects qu’avec la grâce de Dieu nous sommes appelés à faire devenir des attitudes et des comportements concrets au cours de ce Carême. L’Église nous propose à nouveau, surtout, le rappel fort que le prophète Joël adresse au peuple d’Israël : « Parole du Seigneur : revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne les larmes et le deuil ! » (2,12). L’expression « de tout votre cœur » est soulignée. Elle signifie : du centre de nos pensées et sentiments, de la racine de nos décisions, de nos choix, de nos actions, dans un geste de liberté totale et radicale. Mais ce retour à Dieu est-il possible ? Oui, parce qu’il y a une force qui ne réside pas dans notre cœur, mais qui se dégage du cœur même de Dieu. C’est la force de sa miséricorde. Le prophète dit encore : « Revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (v.13). Le retour au Seigneur est possible comme « grâce », parce qu’il est œuvre de Dieu et fruit de la foi que nous mettons dans sa miséricorde. Ce retour à Dieu devient réalité concrète dans notre vie seulement lorsque la grâce du Seigneur pénètre dans l’intime et le secoue, nous donnant la force de « déchirer notre cœur ». C’est encore le prophète qui fait résonner de la part de Dieu ces paroles : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements » (v. 13). En effet, de nos jours aussi, beaucoup sont prêts à « déchirer leurs vêtements » devant les scandales et les injustices – naturellement commis par les autres –, mais peu semblent disponibles à agir sur leur propre « cœur », sur leur propre conscience et sur leurs intentions, laissant au Seigneur de transformer, renouveler et convertir. Ce « revenez à moi de tout votre cœur », ensuite, est un rappel qui implique non seulement chacun mais la communauté. Toujours dans la première lecture, nous avons écouté : « Sonnez de la trompette dans Jérusalem : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! » (v. 15.16). La dimension communautaire est un élément essentiel dans la foi et dans la vie chrétienne. Le Christ est venu « afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (cf. Jn 11,52). Le « Nous » de l’Église est la communauté dans laquelle Jésus nous réunit tous ensemble (cf. Jn 12,32) : la foi est nécessairement ecclésiale. Et il est important de le rappeler et de le vivre en ce temps du Carême : que chacun soit conscient qu’il n’affronte pas seul le chemin de pénitence, mais avec beaucoup de frères et de sœurs, dans l’Église. Le prophète, enfin, s’arrête sur la prière des prêtres, qui, les larmes aux yeux, se tournent vers Dieu en disant : « N’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et à la moquerie des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ?” » (v. 17). Cette prière nous fait réfléchir sur l’importance du témoignage de foi et de vie chrétienne de chacun de nous et de nos communautés pour manifester le visage de l’Église et comment ce visage est, parfois, défiguré. Je pense en particulier aux coups portés contre l’unité de l’Église, aux divisions dans le corps ecclésial. Vivre le Carême dans une plus intense et évidente communion ecclésiale, dépassant les individualismes et les rivalités, est un signe humble et précieux pour ceux qui sont loin de la foi ou indifférents. « C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut ! » (2 Co 6,2). Les paroles de l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe résonnent aussi pour nous avec une urgence qui n’admet ni absence ni inertie. Le terme “maintenant” répété plusieurs fois dit que ce moment ne peut être manqué, il nous est offert comme une occasion unique et qui ne se répète pas. Et le regard de l’Apôtre se concentre sur le partage par lequel le Christ a voulu caractériser son existence, assumant tout l’humain jusqu’à se charger du péché même des hommes. La phrase de saint Paul est très forte : Dieu « l’a fait péché pour nous ». Jésus, l’Innocent, le Saint, « Celui qui n’avait pas connu le péché » (2 Co 5,21), se charge du poids du péché en en partageant avec l’humanité l’issue de la mort, et de la mort de la croix. La réconciliation qui nous est offerte a eu un prix très élevé, celui de la croix élevée sur le Golgotha, où le Fils de Dieu fait homme a été suspendu. Dans cette immersion de Dieu dans la souffrance humaine et dans l’abime du mal se trouve la racine de notre justification. Le « revenir à Dieu de tout votre cœur », sur notre chemin de Carême, passe par la Croix, le fait de suivre le Christ sur la route qui conduit au Calvaire, au don total de soi. C’est un chemin sur lequel on apprend chaque jour à sortir toujours plus de notre égoïsme et de nos fermetures, pour faire place à Dieu qui ouvre et transforme le cœur. Et saint Paul rappelle comment l’annonce de la Croix résonne jusqu’à nous grâce à la prédication de la Parole dont l’Apôtre lui-même est ambassadeur ; un rappel pour nous afin que ce chemin de Carême soit caractérisé par une écoute plus attentive et assidue de la Parole de Dieu, lumière qui éclaire nos pas. Dans la page de l’évangile de Matthieu, qui appartient à ce qu’on appelle le Discours sur la montagne, Jésus fait référence à trois pratiques fondamentales prévues par la Loi mosaïque : l’aumône, la prière et le jeûne ; ce sont aussi des indications traditionnelles du chemin de Carême pour répondre à l’invitation à « revenir à Dieu de tout son cœur ». Mais Jésus souligne comment c’est la qualité et la vérité du rapport à Dieu qui qualifie l’authenticité de chaque geste religieux. Par là il dénonce l’hypocrisie religieuse, le comportement qui veut paraître, les attitudes qui cherchent les applaudissements et l’approbation. Le vrai disciple ne sert pas lui-même ou le “public”, mais son Seigneur, dans la simplicité et la générosité : « Ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra » (Mt 6, 4.6.18). Alors, notre témoignage sera toujours d’autant plus incisif que nous rechercherons moins notre gloire et serons conscients que la récompense du juste est Dieu Lui-même, le fait d’être unis à Lui, ici-bas, sur le chemin de la foi, et, au terme de la vie, dans la paix et dans la lumière de la rencontre face à face avec Lui pour toujours (cf. 1 Co 13,12). Chers frères et sœurs, commençons confiants et pleins de joie l’itinéraire du Carême. Que résonne en nous avec force l’invitation à la conversion, à « revenir à Dieu de tout notre cœur », en accueillant sa grâce qui fait de nous des hommes nouveaux, avec cette nouveauté surprenante qui est participation à la vie-même de Jésus. Qu’aucun de nous, donc, ne soit sourd à cet appel, qui nous est aussi adressé dans le rite austère, à la fois si simple et si suggestif, de l’imposition des cendres, que nous allons accomplir. Que durant ce temps la Vierge Marie, Mère de l’Église et modèle de chaque disciple authentique du Seigneur, nous accompagne. Amen !

 

HOMÉLIE DU CARDINAL ANDRÉ VINGT-TROIS – MERCREDI DES CENDRES 2013

9 février, 2016

http://www.notredamedeparis.fr/spip.php?article1779

HOMÉLIE DU CARDINAL ANDRÉ VINGT-TROIS – MERCREDI DES CENDRES

(Homélie, les lectures sont les mêmes qui sont lus demain)

PRONONCÉE LORS DE LA MESSE DU MERCREDI DES CENDRES 2013

Jl 2, 12-18 ; Ps 50, 3-6.12-14.17 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ; Mt 6, 1.16-18

Frères et Sœurs,

Nous sommes invités à vivre ce Carême de l’année 2013 sous le signe de l’Année de la foi que le Saint Père a promulguée pour toute l’Église et à laquelle nous participons de différentes façons dans nos communautés. C’est dire que notre cheminement, à partir de ce jour d’ouverture du Carême jusqu’à Pâques, sera éclairé par cette Année de la foi et sera vécu comme un chemin d’approfondissement, d’épanouissement et de fécondité de notre foi. Si nous sommes invités par l’évangile de saint Matthieu à concentrer nos efforts de conversion sur la prière, le partage et le jeûne, nous n’oublions pas que ces démarches, comme l’évangile nous le rappelle, ne sont pas d’abord destinées à manifester notre sainteté aux yeux des hommes, mais à traduire notre disponibilité intérieure et personnelle devant Dieu qui connaît le secret des cœurs. Augmenter notre temps de prière, en tout cas le vivre de manière plus régulière. Augmenter notre capacité de partager, non seulement notre superflu mais aussi notre nécessaire avec ceux qui sont dans le besoin. Éprouver dans notre chair par le jeûne et la privation que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ces trois démarches de la prière, du partage et du jeûne visent à mettre notre cœur en disponibilité pour accueillir l’appel de Dieu et y répondre, et surtout à éprouver dans notre désir, dans l’utilisation des moyens dont nous disposons, dans l’orientation de notre vie, que Dieu est le seul nécessaire et que c’est Lui qui est le fondement de toute chose. Dans cette démarche de foi, la reconnaissance du Dieu Père de Miséricorde, comme nous l’indiquait le prophète Joël, nous fait prendre conscience que l’amour de Dieu, toujours disponible, déborde de toutes manières nos imperfections, nos limites et nos fautes. Celui vers lequel notre foi se tourne, celui que nous essayons de mieux connaître par l’engagement de la foi est en même temps celui qui constitue notre espérance : Dieu riche en miséricorde. C’est pourquoi saint Paul nous invite et nous exhorte à nous laisser réconcilier avec Lui, non pas d’abord parce que nous serions capables de rénover complétement notre manière de vivre, mais parce que Dieu veut nous réconcilier avec Lui, parce qu’il a pris l’initiative d’envoyer son fils en ce monde pour prendre sur lui-même le péché du monde, et ainsi nous délivrer du péché. Au nom du Christ, au nom de celui qui a pris sur lui le péché des hommes, nous sommes invités à nous laisser réconcilier avec Dieu, c’est-à-dire à laisser Dieu exercer sa miséricorde sur notre vie et à le laisser construire en nous une nouvelle manière de vivre. C’est dans la mesure où notre foi en cette puissance miséricordieuse de Dieu qui agit, et notre espérance qui nous tourne vers Lui pour accueillir son pardon, que notre charité peut se trouver renouvelée, développée, et s’exprimer d’une façon plus concrète et plus ample à travers tous les moments de notre existence. Cet appel à la conversion, cet appel à accueillir la miséricorde, cet appel à vivre une vie nouvelle, c’est maintenant qu’il nous est adressé. C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Évidemment nous ne sommes pas dupes de cette formulation. Depuis la mort et la résurrection de Jésus tout moment de notre vie est un moment favorable, et tous les jours de notre vie sont des jours du salut. Mais en ce jour où nous nous mettons en marche d’une façon plus délibérée vers un renouvellement de notre vie baptismale, cette exaltation du moment favorable et du jour du salut prennent une dimension particulière : c’est aujourd’hui, frères et sœurs, que nous sommes invités à entrer résolument dans le chemin de la foi, de l’espérance et de la charité. C’est pourquoi tout à l’heure, en vous imposant les cendres, je vous dirai la formule tirée de l’Évangile : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle » (Mc 1, 15), parce que la foi en la Bonne nouvelle du salut, la foi au Christ venu prendre sur lui notre péché, la foi en ce temps favorable et ce jour du salut sont indissociables de notre conversion de vie. C’est parce que nous croyons en Dieu que nous sommes appelés à une vie nouvelle, et nous menons une vie nouvelle pour que notre foi se développe et porte davantage de fruit. La conversion est indissociable de la foi, sinon elle n’est qu’un effort moral pour perfectionner notre existence, elle succombe aux défauts que saint Matthieu soulignait dans son évangile : changer dans nos pratiques pour montrer aux hommes que nous sommes des justes. La conversion selon le Christ consiste au contraire à exprimer notre foi indéfectible en la miséricorde de Dieu, notre espérance inépuisable en l’actualité de sa miséricorde, par le changement qu’il produit en nos cœurs, et de nos cœurs à nos manières de vivre. Ce temps favorable, ce jour du salut, ce temps de la conversion pour croire à la Bonne nouvelle, oui c’est vraiment un temps de joie et c’est un temps d’exultation parce que chaque pas franchi dans la direction de la foi, de l’espérance et de la charité nous engage davantage dans le mystère de Dieu et nous fait éprouver davantage encore l’amour dont il aime chacun d’entre nous. « Sonnez de la trompette dans Jérusalem, prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple » (Jl 2, 15-16), voilà ce que le prophète demandait à Israël, voilà ce que Dieu nous demande aujourd’hui : vivre ce temps de grâce, ce jour du salut, dans la joie de l’espérance. Amen.

† André cardinal VINGT-TROIS Archevêque de Paris

Miraculous catch of 153 fish fresco in the Spoleto Cathedral, Italy

5 février, 2016

Miraculous catch of 153 fish fresco in the Spoleto Cathedral, Italy dans images sacrée 1024px-Spoleto074

https://en.wikipedia.org/wiki/Miraculous_catch_of_fish#/media/File:Spoleto074.jpg

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – ISAÏE 6, 1…

5 février, 2016

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 7 FÉVRIER 2016

PREMIERE LECTURE – ISAÏE 6, 1…8

1 L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. 2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. 3 Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint ! le SEIGNEUR de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » 4 Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. 5 Je dis alors : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; et mes yeux ont vu le Roi, le SEIGNEUR de l’univers ! » 6 L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. 7 Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » 8 J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

La semaine dernière, nous lisions le récit de la vocation de Jérémie, aujourd’hui, celle d’Isaïe ; deux très grands prophètes à nos yeux. Et pourtant, l’un comme l’autre avouent leur petitesse : Jérémie se sent incapable de parler, mais puisque Dieu a pris l’initiative de le choisir, c’est Dieu aussi qui l’inspirera et lui donnera la force nécessaire. Isaïe, lui, est saisi par un sentiment d’indignité ; mais là encore, puisque c’est Dieu qui l’a choisi, c’est Dieu aussi qui le purifiera. Jérémie était prêtre et nous ne savons pas où il a reçu l’appel de Dieu ; curieusement, c’est Isaïe qui n’était pas prêtre, qui situe sa vocation au Temple de Jérusalem : « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ». Quand Isaïe nous dit « je vis », cela veut dire qu’il s’agit non pas d’un récit, mais d’une vision ; ne cherchons donc pas dans son évocation un déroulement logique d’événements. Les livres prophétiques sont émaillés de visions fantastiques : à nous de décoder ce langage extrêmement suggestif, même s’il surprend notre mentalité contemporaine. Isaïe nous dit qu’en ce qui le concerne, cela s’est passé « l’année de la mort du roi Ozias » : c’est une indication précieuse. Il est rare que nous puissions évoquer des dates avec autant de précision ; cette fois, nous le pouvons car on sait que le roi Ozias a régné à Jérusalem de 781 à 740 av J.C. Depuis la mort du roi Salomon (en 933, c’est-à-dire depuis près de deux cents ans), le royaume de David et de Salomon est divisé : il y a deux royaumes, deux rois, deux capitales : au Sud, Ozias est roi de Jérusalem, au Nord, Menahem est roi de Samarie. On sait également que Ozias était lépreux et qu’il est mort de cette maladie à Jérusalem en 740. C’est donc cette année-là qu’Isaïe a reçu sa vocation de prophète : ensuite, il a prêché pendant environ quarante ans (là on est moins précis) et il est resté dans la mémoire collective d’Israël comme un très grand prophète et en particulier le prophète de la sainteté de Dieu.1 « Saint, Saint, Saint le SEIGNEUR, Dieu de l’univers. Toute la terre est remplie de sa gloire » : vous avez reconnu le Sanctus de nos messes. Il date donc au moins du prophète Isaïe. (Peut-être cette acclamation faisait-elle déjà partie de la liturgie au Temple de Jérusalem, mais on n’en a pas la preuve ; on a seulement retrouvé des expressions équivalentes plus anciennes en Egypte). Dire que Dieu est « Saint », au sens biblique, c’est dire qu’il est Tout Autre que l’homme. Dieu n’est pas à l’image de l’homme ; bien au contraire, la Bible affirme l’inverse : c’est l’homme qui est « à l’image de Dieu » ; ce n’est pas la même chose ! Cela veut dire que nous devrions rester très modestes et très prudents chaque fois que nous parlons de Dieu ! Parce que Dieu est le Tout Autre, il nous est radicalement, irrémédiablement impossible de l’imaginer tel qu’il est, nos mots humains ne peuvent jamais rendre compte de lui. 2 La première partie de la vision d’Isaïe dit bien cette prise de conscience fondamentale ; et ce qu’il nous décrit ressemble étrangement à d’autres évocations des grandes manifestations de Dieu dans la Bible : Dieu est assis sur un trône très élevé, une fumée se répand et remplit tout l’espace, une voix tonne… elle tonne si fort que les lieux tremblent… Isaïe ne peut pas s’empêcher de penser à ce qui s’était passé pour Moïse sur la montagne du Sinaï, au moment où Dieu avait fait alliance avec son peuple et donné les tables de la Loi ; c’est le livre de l’Exode qui raconte : « Le mont Sinaï n’était que fumée, parce que le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; sa fumée monta, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne trembla violemment. La voix du cor s’amplifia : Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre. » (Ex 19, 18-19). L’homme Isaïe mesure alors sa petitesse et il ressent comme une sorte de crainte : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; et mes yeux ont vu le Roi, le SEIGNEUR de l’univers ! » Cette « crainte », comme découverte de notre petitesse, du fossé infranchissable qui nous sépare de Dieu si Dieu lui-même ne le comble pas, est une première étape indispensable dans notre relation à Dieu. Mais Dieu n’en reste pas là. D’ordinaire, dans la Bible, il y a toujours cette parole de la part de Dieu : « ne crains pas »… Ici, la parole n’est pas dite mais elle est remplacée par un geste très suggestif : un des séraphins, un de ceux qui, justement, proclament la sainteté de Dieu, va accomplir le geste qui purifie l’homme, qui comble le fossé, qui permet à l’homme d’entrer en relation avec Dieu : « L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche… » Manière de dire que c’est Dieu qui prend l’initiative de se faire proche de l’homme ; ce fossé qui nous sépare de Dieu, c’est Dieu lui-même qui le comble. Quand Isaïe parlera de Dieu, plus tard, il lui arrivera souvent de l’appeler « Le Saint d’Israël » : cette expression dit bien que Dieu est le Saint, le Tout-Autre, mais aussi qu’il s’est fait proche de son peuple, puisque celui-ci peut aller jusqu’à revendiquer une relation d’appartenance (Dieu est « Le Saint d’Israël »). La merveille, c’est que ce qui est vrai pour le peuple d’Israël l’est désormais pour notre Eglise et pour chacun d’entre nous.

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Notes 1 – Le livre qui porte le nom d’Isaïe comporte soixante-six chapitres : ce n’est pas l’œuvre d’un seul homme, mais un ensemble de trois recueils. Les chapitres 1 à 39 sont l’œuvre du prophète qui nous relate ici sa vocation ; les chapitres 40 à 55 sont l’œuvre d’un prophète qui prêchait pendant l’Exil à Babylone (au sixième siècle avant notre ère) ; les chapitres 56 à 66 rapportent la prédication d’un troisième prophète, contemporain de la période du retour de l’Exil. 2 – La sainteté n’est pas une notion morale, ni même un attribut de Dieu, elle est sa nature même ; car l’adjectif « divin » n’existe pas en hébreu, il est remplacé par le mot « Saint » qui signifie Tout-Autre (sous-entendu Tout-Autre que l’homme), celui que nous ne pouvons jamais atteindre par nous-mêmes, celui qui nous dépasse infiniment, à tel point que nous n’avons aucune prise sur lui. Ce que le prophète Osée traduisait : « Je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis Saint. » (Os 11, 9). Pour cette raison, dans la Bible, aucun humain n’est jamais considéré comme saint, tout au plus peut-on être « sanctifié » par Dieu et, de ce fait, refléter son image, ce qui est de tout temps notre vocation ultime. Et, bien évidemment, nous ne pouvons pas imaginer quelqu’un qui est Tout-Autre que nous-mêmes. D’où la réaction d’effroi du prophète Isaïe : « Je ne suis qu’un homme aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, le SEIGNEUR de l’univers ».

HOMÉLIE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – dimanche 7 février 2016

5 février, 2016

http://www.homelies.fr/homelie,,4471.html

HOMÉLIE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE -  dimanche 7 février 2016                      

Famille de Saint Joseph                             

Les lectures de ce 5ème dimanche du Temps ordinaire, qui nous invitent à articuler un extrait du prophète Isaïe (6, 1-2), un passage de la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens (15, 1-11) et le récit de la pêche miraculeuse, pourraient s’intituler : « les trois temps de la vocation ». Dans chacune de ces lectures, il est question d’un « héros » biblique : le prophète Isaïe, Paul et Pierre – trois hommes au tempérament fort, bien trempé. La mise en parallèle de leur itinéraire respectif de rencontre avec le Dieu vivant, va nous permettre de dégager quelques principes de la pédagogie divine, qui s’appliquent à chacun de nous. Tous les trois ont à découvrir, à l’occasion d’une initiative déconcertante de ce Dieu qu’ils croyaient connaître, qu’il est avant tout le Kadosch, le Saint, littéralement : le Tout-Autre. Aussi ce qu’il touche va nécessairement devenir à son tour « tout autre ». L’Altérité radicale, qui s’impose dans sa différence, est comme un feu dévorant, qui révèle à ceux à qui elle se manifeste, leur véritable personnalité. A leur tour ils seront envoyés proclamer qu’il faut se convertir, c’est-à-dire devenir « tout-autre ». 1- Saisi par l’Esprit, Isaïe est introduit en présence du Dieu d’Israël et assiste à la liturgie céleste : « Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu de l’univers. Toute la terre est remplie de sa gloire »». Ecrasé par la Beauté transcendante du Très-Haut, il perçoit en cet instant toute la distance qui le sépare de « Celui-qui-est » : « Malheur à moi, je suis perdu ! Car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au sein d’un peuple aux lèvres impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ». Cette prise de conscience de la distance qui nous sépare de Dieu est sans aucun doute la première étape, incontournable, qui prélude à la rencontre transformante. 2- Comme il nous l’explique lui-même, Saul a acquis son savoir sur Dieu auprès d’un Maître en Israël : « Je suis Juif. C’est aux pieds de Gamaliel que j’ai été formé à l’exacte observance de la Loi de nos pères, et j’étais rempli du zèle de Dieu » (Ac 22,3). Zèle à vrai dire peu éclairé, puisqu’il exige que soit éradiquée la secte chrétienne qui s’oppose à la doctrine traditionnelle : « J’ai persécuté à mort cette Voie, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes » (Ac 22, 5). Confronté sur le chemin de Damas à la vraie lumière – celle du Verbe – il prend conscience de son aveuglement et humblement se laisse enseigner par ceux-là mêmes qu’il persécutait. Faisant mémoire de cette rencontre avec le Ressuscité qui a transformé sa vie, Saint Paul précise : « En tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. Car je suis le moindre des apôtres ; je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu ». 3- Pierre – ou plutôt Simon – est un pécheur du bord du lac de Galilée ; un maître-pécheur semble-t-il à en juger à l’autorité dont il jouit auprès de ses collègues – ce qui ne l’empêche pas de rentrer certains jours bredouille. On imagine sans peine la surprise de Simon lorsque ce matin là, après avoir enseigné les foules, Jésus l’invite à « avancer en eau profonde » et à « jeter les filets ». Il lui faut à lui aussi une bonne dose d’humilité pour répondre devant ses compagnons : « sur ta parole je vais lâcher les filets ». Nous connaissons la suite : à la vue de la « grande multitude de poissons » qu’ils ramenèrent dans leurs filets, Simon-Pierre tombe aux pieds de Jésus, en confessant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » L’évangéliste précise : « La frayeur en effet l’avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient prise ». Isaïe, Paul, Simon – et plus largement : tout homme, ne découvre vraiment son néant, sa misère, son péché qu’en présence de Dieu, lorsque celui-ci lui révèle sa sainteté – à chacun d’une manière adaptée à son propre cheminement.

Mais le Seigneur ne nous abandonne pas à notre désarroi : au cœur de cette rencontre bouleversante, qui tourne forcément à notre défaveur, il vient lui-même à notre secours : « L’un des séraphins vola vers moi, explique Isaïe, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné » ». Pierre lui-aussi s’entend dire : « Sois sans crainte » ; et Paul, écrivant à Timothée, laisse à son tour éclater sa reconnaissance, tout en dévoilant la pédagogie divine à l’œuvre dans ces interventions : « Le Christ Jésus m’a pardonné pour que je sois le premier, en qui toute sa générosité se manifesterait » (1 Tm 1, 16). Se manifestant dans son Altérité irréductible, le Seigneur nous révèle notre vérité de créature aliénée par le péché, mais aussi infiniment aimée par un « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,6) ; un Dieu qui croit en l’homme, espère en lui et l’aime d’un amour éternel ; un Dieu qui lui garde sa bienveillance malgré ses transgressions et ses péchés, et n’hésite pas, après lui avoir fait miséricorde, de l’envoyer annoncer sa proximité bienveillante : « Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » » Fort de son expérience, Isaïe peut maintenant répondre : « Me voici, envoie-moi ». La découverte de la sainteté de Dieu et de sa gloire universelle ne peut se limiter à une contemplation ou à des discours : elle devient vocation ; on ne peut voir Dieu sans le rayonner. A Pierre qu’il vient de rassurer, le Seigneur Jésus précise : « Désormais ce sont des hommes que tu prendras » – sous-entendu : que tu arracheras aux grandes eaux de la mort, la mer étant traditionnellement l’habitacle de Satan et des forces opposées à Dieu. C’est parce que Simon est devenu tout-autre – au point de recevoir le nouveau nom de Pierre – qu’il pourra être le témoin de cette autre vie à laquelle il vient d’être initiée, vie de disciple du Christ, de fils de Dieu et non plus d’esclave du péché. Paul non plus ne sera plus jamais le même ; et c’est précisément parce qu’il est devenu tout-autre par son contact avec le Tout-Autre, qu’il s’entendra annoncer par la voix d’Ananie : « Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu » (Ac 22, 14-15). Terrassés par Dieu, c’est en hommes nouveaux qu’ils se relèvent. Simon devenu Pierre, Saul transformé en Paul, peuvent maintenant se mettre au service du Seigneur, en ne s’appuyant plus sur ce qu’ils croyaient savoir de lui, mais sur ce qu’il leur a fait connaître. Par toute leur vie et par leur mort, ils vont désormais « rendre grâce à son Nom pour son amour et sa vérité », en attendant de le « chanter éternellement en présence des Anges » (Ps 137). Serions-nous désavantagés par rapport à ces hommes privilégiés qui ont pu se tenir en présence de Dieu et s’exposer à son action transformante ? Ce serait oublier un peu vite que dans quelques instants nous allons communier au Corps et au Sang du Christ Jésus lui-même, réellement présent sous les espèces eucharistiques. L’Eucharistie est bien plus embrasée que « le charbon brûlant que le Chérubin avait pris avec des pinces sur l’autel » ; non seulement elle est capable de purifier nos lèvres et tout notre être du péché, mais elle nous unit substantiellement au Christ ressuscité, nous transforme en lui, bref : nous fait devenir tout-autre à son image et même à sa ressemblance, pour peu que nous soyons ouverts, disponibles au don qu’il nous fait de tout lui-même. C’est pourquoi après une célébration eucharistique, nous ne pouvons pas rentrer chez nous comme si nous rentrions d’un rassemblement religieux quelconque : par notre communion eucharistique, nous sommes réellement devenus des « christs », et nous participons à sa mission. Comme Isaïe, Simon-Pierre et Paul, nous sommes devenus participants de l’Eglise Epouse par qui et en qui le Christ Epoux veut continuer son œuvre. A nous maintenant de jeter les filets de la Parole au cœur de ce monde, pour tirer sur l’autre rivage, celui de la vraie vie, les hommes encore prisonnier des ténèbres du mensonge et du péché qui conduisent à la mort.

« Seigneur, tu adaptes ta manifestation à chacune de nos histoires ; donne-nous de découvrir nous aussi ton irréductible altérité au cœur de notre quotidien, qui nous permet d’accéder à la vie nouvelle dans l’Esprit. Alors nous pourrons, avec Marie, Isaïe, Pierre, Paul et tous les saints, te répondre « me voici, envoie-moi », et nous mettre vraiment à ton service, « pour la plus grande gloire de Dieu et le salut du monde ». » Père Joseph-Marie Retour haut de page

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Psaume : Ps 137 (138) De tout mon coeur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne. Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force. Tous les rois de la terre te rendent grâce quand ils entendent les paroles de ta bouche. Ils chantent les chemins du Seigneur : « (…) lire plus

2ème lecture : 1 Co 15 Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu, et vous y restez attachés, vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, et il est app (…) lire plus

Évangile : Lc 5 Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’éloigner un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre (…) lire plus

Ment

Saint Paul Preaching in Athens by Giovanni Paolo Panini, 1734

4 février, 2016

 Saint Paul Preaching in Athens by Giovanni Paolo Panini, 1734 dans images sacrée 4c019dbc9e34a5ac85ea60deb09850a4

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CONDUITS PAR DIEU DANS LE CHEMIN DE SA VOLONTÉ Le peuple d’Israël conduit par la nuée…

4 février, 2016

http://www.bible-notes.org/article-1734-conduits-par-dieu-dans-le-chemin-de-sa-volonte.html

CONDUITS PAR DIEU DANS LE CHEMIN DE SA VOLONTÉ

Le peuple d’Israël conduit par la nuée
Des exemples de serviteurs conduits par le Seigneur
« Si le Seigneur le veut »

Après avoir chanté : « Oui, le souverain bien-être, le vrai bonheur ici-bas, c’est d’avoir Jésus pour Maître, de le suivre pas à pas », nous proposons de lire plusieurs passages de l’Ecriture mentionnant la nuée qui conduisait le peuple d’Israël dans le désert, et ensuite quelques versets du Nouveau Testament montrant l’importance de rechercher la volonté du Seigneur et la direction du Saint Esprit.

Le peuple d’Israël conduit par la nuée
Exode 13 : 20-22
L’Eternel allait devant son peuple, le jour dans une « colonne de nuée, et la nuit dans une « colonne de feu ». N’avons-nous pas besoin de la direction du Saint Esprit tout au long de notre vie – de sa direction dans notre vie individuelle, et dans la vie collective ? Le peuple ne se déplaçait pas « au hasard » ; il suivait la nuée, qui, elle, était bien visible : on ne pouvait pas se tromper !

Exode 40 : 34-38
« La nuée couvrit la tente d’assignation » (v. 34) ; c’était le lieu de la présence de Dieu. « Et quand la nuée se levait de dessus le tabernacle, les fils d’Israël partaient » (v. 36). Et si elle ne se levait pas, ils ne partaient pas (v. 37). De même pour nous, si le Saint Esprit nous montre le chemin, nous pouvons avancer ; s’Il ne nous le montre pas, il nous faut attendre. Manquer de patience et ne pas attendre la direction de l’Esprit est la cause de beaucoup de misères – que ce soit pour une personne ou pour l’assemblée. C’est un échec certain que de vouloir faire sa propre volonté. Beaucoup se sont ainsi trompés et sont allés à la catastrophe en confondant leur volonté personnelle avec celle de l’Esprit.
En plus de cette ressource du Saint Esprit pour discerner la volonté de Dieu, il y a le Seigneur : Il se présente comme le bon Berger : « Quand il a fait sortir toutes ses brebis, il marche devant elles ; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix » (Jean 10 : 4).

Nombres 9 : 15- 23
A nouveau les choses sont répétées : « Selon que la nuée se levait de dessus la tente, après cela les fils d’Israël partaient » (v. 17). Quand Dieu insiste sur un point de doctrine, c’est pour répondre à notre besoin d’assimiler ce qu’Il nous dit. Est-ce que je demande au Seigneur sa direction chaque jour dans les « détails » de ma vie ? Ou seulement pour les choses qui sont importantes à mes yeux ? N’est-ce pas le désir de Dieu que nous fassions sa volonté et non la nôtre ? Il faut avoir affaire au Saint Esprit à chaque pas du chemin. C’est cela la dépendance. On ne fait pas ce qu’on a envie, on consulte Dieu et on cherche à Lui obéir. Si nous agissions ainsi dans nos vies individuelles et en assemblée, tout serait clair !
Nous voyons dans ce chapitre que toutes les tribus suivaient la nuée. Aucune ne restait sur place en refusant de partir ! Non, toutes suivaient la nuée, de jour et de nuit. On peut penser que parfois c’était difficile de partir ; par exemple, quand ils campaient près d’une oasis, c’était plutôt déplaisant de retourner dans le désert. Et pour nous aussi, ce n’est pas facile de repartir dans ce monde ou au travail, après de bons moments passés autour du Seigneur, ou dans les différentes occasions où Il nous accorde des oasis. Mais nous devons être prêts aussi à marcher à nouveau si le Seigneur nous montre le chemin. Maintenant que je lui appartiens, Il désire que je lui obéisse. Le serviteur doit faire la volonté de son maître !
Parfois la nuée restait immobile durant un mois ou plus : il fallait attendre. Ce qui nous est très difficile ! Saül a été impatient, il n’a pas su attendre ; il a fait sa propre volonté et il a perdu la royauté ! Le Seigneur veut notre bien, Il a un chemin à suivre pour chacun. Quand on voit combien il y a de naufrages spirituels ou d’ordre moral, on sent combien le sujet que nous abordons est important. Tirons leçon de ce qui est arrivé au peuple durant les étapes de son voyage au désert (1 Cor.10 : 1-13).

Nombres 10 : 11-27 ; 29-36
On peut remarquer que six tribus se mettaient d’abord en marche, puis c’était au tour de l’arche et ensuite, les six autres tribus suivaient ; l’arche se trouvait donc au milieu du peuple. Nous comprenons qu’ici Moïse a manqué – ce qui nous arrive aussi souvent ! Il demande à son beau-frère de leur servir d’yeux (v. 29, 31).
« Tu nous serviras d’yeux » : nous aimons nous appuyer sur des frères ou des sœurs, mais Dieu désire que nous nous appuyions sur Lui. Moïse doute, pourtant Dieu leur avait donné la nuée ! Dieu avait-Il manqué de soins à leur égard ? Les soins du Seigneur nous ont-ils manqué ? Non, et pourtant nous cherchons souvent des appuis humains, des solutions…
Dieu ne donne pas Sa gloire à un autre. L’arche, figure de Christ, va passer devant et les douze tribus suivront. Il faut que nous comprenions que le Seigneur seul doit nous diriger.

Deutéronome 32 :10-12
« L’Eternel seul l’a conduit » (v. 12). Ce verset est très beau. A la fin de notre vie, dira-t-on : Le Seigneur seul l’a conduit. Un jour, Dieu nous dira-t-Il lui-même : « Tu as fait ta propre volonté », ou bien : « Tu as fait la mienne » ? Il y a des aveugles, conducteurs d’aveugles, mais dans notre vie, nous devons nous attendre aux soins du Seigneur.
Les versets 10 et 11 nous touchent car ils montrent les soins du Seigneur. Nous pouvons parfois nous sentir « seuls » dans le désert de ce monde, mais, comme l’aigle étend ses ailes, prend ses petits et les porte, Dieu prend soin de nous.
Dans le Psaume 32, nous lisons : « Je t’instruirai, et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi. Ne soyez pas comme le cheval, comme le mulet, qui n’ont pas d’intelligence, dont l’ornement est la bride et le mors, pour les refréner quand ils ne veulent pas s’approcher de toi… mais l’homme qui se confie en l’Eternel, la bonté l’environnera » (v. 8-10). Le cheval est fougueux, il faut parfois le calmer pour l’obliger à se diriger vers le lieu où l’on veut qu’il aille ; le mulet, lui, ne veut pas avancer et il faut le tirer, le pousser. Nous pouvons, nous aussi, soit avancer trop vite, et alors nous avons besoin d’être modéré, soit refuser de faire ce que le Seigneur nous demande – il faut alors nous tirer en avant ! C’est le côté de la « répréhension » que ces versets nous présentent. Ils sont très encourageants pour les jeunes. Comment savoir si je suis vraiment conduit par le Saint Esprit – qu’il s’agisse de décisions à prendre dans ma vie, ou d’une action dans l’assemblée ?
Le Seigneur est toujours prêt à nous instruire, à nous conseiller, « ayant son œil sur nous ». Il est notre grand Conseiller, l’Ami le plus fiable et Il veut nous faire connaître Sa volonté. Il faut prier, être dépendants. Il se peut qu’Il nous fasse attendre, mais Il a certainement une réponse qu’Il nous communiquera à son heure. « L’homme qui se confie en l’Eternel, la bonté l’environnera » : le Seigneur n’est jamais redevable à qui que ce soit, Il entoure de bonté celui qui se confie en Lui. Un jour notre cœur sera rempli de joie, en voyant comment le Seigneur a tout dirigé en notre faveur !

L’exemple du peuple conduit par la nuée est très intéressant. Les fils d’Israël étaient – hélas, seulement au début – d’un seul cœur pour la suivre. Quand elle se levait, ils se levaient ; quand elle demeurait immobile, ils le restaient aussi. Suivons le Seigneur, et sachons attendre quand Il nous le demande.

Des exemples de serviteurs conduits par le Seigneur

Actes 16 : 6-12
Voilà un exemple surprenant. Nous aurions pu penser que pour de tels serviteurs, dévoués, souvent à genoux, et cherchant à vivre pour le Seigneur, tout allait se passer de façon aisée ! Non, le Seigneur sait que nous pouvons nous habituer à ce que tout soit facile et que nous pourrions ne plus Lui demander sa direction. Paul et ses compagnons pensaient qu’ils devaient évangéliser la région d’Éphèse, à l’ouest de l’Asie, mais ils en sont empêchés « par le Saint Esprit » (v. 6) ; puis ils essaient de se rendre en Bithynie, « mais l’Esprit de Jésus ne leur permit pas » (v. 7). Ils sont alors appelés par l’Esprit à aller en Macédoine, de l’autre côté de la mer Égée. La volonté divine sera révélée là, de façon inattendue, par cet homme macédonien. Seule cette volonté du Seigneur est décisive et, lorsque des portes se ferment, le serviteur qui veut obéir à son Maître doit se garder d’insister, mais attendre que la direction à suivre lui soit clairement montrée.

1 Thessaloniciens 2 :18
L’apôtre Paul désirait ardemment revoir les Thessaloniciens dont il avait été séparé « de visage mais non de cœur » (v. 17), ayant dû fuir précipitamment de chez eux (Act. 17 : 10). Ils étaient ses enfants spirituels et il pensait au jour où ils seraient sa joie et sa gloire à la venue du Seigneur. Paul leur dit que Satan l’a empêché de retourner vers eux (v. 18). Cependant, « le méchant fait une œuvre trompeuse » (Prov. 11 : 18). Malgré tous les efforts de l’Ennemi pour maintenir l’apôtre séparé physiquement des croyants de Thessalonique, Dieu a fait tourner son chemin en bien. Il a conduit l’apôtre à Athènes (v. 15), puis à Corinthe, où Il avait un « grand peuple » (18 : 1, 10).
Le Seigneur veut nous conduire mais Satan est toujours en activité, cherchant à entraver la marche de ses serviteurs, là où Dieu les envoie travailler. Nous sommes du côté du vainqueur, mais nous avons besoin que le Seigneur nous garde. Il veut nous apprendre la dépendance ; or nous avons de la difficulté à attendre. Mais Il nous conduit dans un sûr chemin, le meilleur ; alors pourquoi en chercher un autre ?

« Si le Seigneur le veut »
L’apôtre Jacques montre le caractère éphémère et transitoire de notre vie : « elle n’est qu’une vapeur qui paraît pour un peu de temps et puis disparaît » (4 : 14). Puis il nous exhorte à marcher dans la dépendance du Seigneur et à subordonner nos projets aux deux réserves suivantes : « Si le Seigneur le veut, et si nous vivons » (v. 15).
Nous sommes appelés à vivre « pour la volonté de Dieu » (1 Pier. 4 : 2), et exhortés par sa Parole à « discerner » cette volonté « bonne, agréable et parfaite » ; cela implique de ne pas nous conformer au monde, et d’être renouvelés dans notre intelligence spirituelle (Rom. 12 : 1-2). En nous nourrissant de la Parole de Dieu, en ayant nos pensées occupées de Christ et des choses célestes, en Le contemplant dans sa gloire (2 Cor. 3 : 18), nos cœurs seront remplis de Lui et nous jouirons de sa communion.
Ne soyez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur », dit Paul aux Ephésiens (5 : 17). Comprendre la volonté du Seigneur exige un état spirituel qui nous fait souvent défaut, mais, si nous désirons sincèrement faire ce que Dieu nous demande, Il nous enseignera et nous guidera. Pour chacun de nos projets, sachons examiner devant Lui la valeur des motifs qui nous font agir. Gardons-nous de prendre nos décisions et de chercher ensuite seulement l’approbation et la caution du Seigneur.
Ces différents versets sont un encouragement à faire entrer le Seigneur dans toutes nos circonstances. C’est une attitude de cœur. On aimerait bien voir une nuée se lever ; ce serait facile de la suivre, semble-t-il ! Mais le Seigneur ne nous parle plus ainsi. Il se sert de son Esprit. Nous pouvons faire des « projets », mais ce qui est fondamental c’est l’attitude du cœur, c’est de savoir les remettre au Seigneur, et attendre pour savoir si c’est sa volonté ; c’est aussi être prêt à accepter « de cœur » ce que le Seigneur voudra. Nous sommes si vite contrariés lorsque ce que nous avions prévu ne se réalise pas ! Que nous puissions dire : le Seigneur l’a voulu ainsi, c’était bien à mes yeux mais c’est Lui qui l’a choisi ainsi. Et après le Seigneur peut nous faire la grâce de savoir « pourquoi » et nous dire : Tu vois, c’était mieux de la sorte.
Que tous nos projets soient dominés par cette disposition de cœur : « si le Seigneur le veut ».
D’après des notes prises lors d’une méditation – 22-06-14
Partout avec Jésus ! Lui seul est mon appui.
Sans le quitter jamais, que je reste avec lui !
Que, pour suivre ses pas, nul effort ne me coûte :
Partout avec Jésus qui m’a frayé la route.

Partout avec Jésus ! Conduit par mon Sauveur,
Que ce soit la fournaise ou la sombre douleur ;
Dans les jours de repos, de travail, ou de peine,
Partout avec Jésus, où son amour me mène !

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